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FLASH
Animation Pastorale Salésienne des Jeunes
Numéro 6. Juillet 2024
Là-où Dieu nous attends
Accompagner les premiers
rêves vocationnels
Père Miguel Ángel García Morcuende
Conseiller Général Pastorale des Jeunes
SECTEUR PASTORALE DES JEUNES
Salesiani di don Bosco SEDE CENTRALE SALESIANA

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Là-où Dieu nous attends
Accompagner les premiers rêves vocationnels
Père Miguel Ángel García Morcuende
Conseiller Général Pastorale des Jeunes
1 Un appel vocationnel sous
forme de rêve
[a] Aucun rêve n’est anodin. Les rêves sont
importants et ont toujours caractérisé un
aspect de la vie humaine. Dans l’Antiquité, on
croyait que les rêves permettaient de commu-
niquer avec le surnaturel. La science actuelle
affirme qu’ils manifestent les profondeurs de
la personnalité. Il n’y a pas beaucoup de dis-
tance entre les deux idées : Dieu est bel et
bien à l’œuvre dans les profondeurs de l’être
humain. Les Israélites croyaient que les rêves
révélaient des messages, des prophéties et des
visions divines ; ceux qui étaient capables de
les interpréter jouissaient d’un grand prestige.
De nos jours, on parle aussi de rêves éveil-
lés, ces rêves que nous chérissons sans for-
cément dormir et qui pourraient caractériser
notre avenir. Cependant, est-ce que nous nous
sommes posé la question de savoir ce que
signifie rêver ? N’est-il pas vrai que nous
avons tous rêvé les yeux ouverts, en agi-
tant ainsi notre cœur y notre futur ?
Don Bosco évoque le rêve des neuf ans dans
les Mémoires de l’Oratoire, l’un de ses écrits les
plus personnels. Le manuscrit de cette œuvre a
été rédigé dans la période 1873-1875 et ache-
vé dans les années 1877-1879. Il s’agit, entre
autres, d’une source d’inspiration pour com-
prendre ce premier appel surnaturel ressenti par
un jeune homme. Selon ses propres propos :
« Mais, quand je me rendis à Rome en
1858 pour traiter avec le pape de la Congré-
gation Salésienne, il se fit tout raconter
minutieusement, même ce qui pouvait
n’avoir que l’apparence de surnaturel. Je
racontai alors, pour la première fois, le
rêve que j’avais fait à l’âge de neuf ou dix
ans. Le pape m’ordonna de l’écrire dans
son sens littéral, en détail, et de le laisser
ainsi comme encouragement aux fils de la
Congrégation ».
Heureusement, s’approcher de l’expérience
de la naissance de la vocation de Don Bos-
co peut nous aider à mieux comprendre cet
appel qui « reste profondément resté gravé
dans la mémoire pour toute la vie ». Combien
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Père Miguel Ángel García Morcuende Là-où Dieu nous attends
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d’expériences, en forme de rêve ou de réali-
té, sont restées profondément gravées dans
notre biographie ?
Le récit de Don Bosco prend la forme d’un
enseignement pédagogique. En d’autres
termes, si nous photographions ce moment,
le rêve contient, en son noyau, suffisamment
de potentiel pour comprendre un peu mieux la
manière d’accompagner les jeunes dans leur
parcours vocationnel.
[b] La première chose qui saute aux yeux est
que le rêve est un « genre littéraire » qui nous
permet de transformer quelque chose d’ordi-
naire, qu’il soit survenu ou non, en quelque
chose de tout à fait extraordinaire, aux yeux
et aux oreilles de ceux qui l’entendent. Dans
le récit autobiographique de l’appel vocation-
nel de Don Bosco, on y rencontre des expres-
sions simples d’un garçon qui veut étudier, deve-
nir prêtre, qui veut être avec ses amis, les aider,
leur faire du bien et leur enseigner le catéchisme.
L’épisode lui indique : le champ de travail (les
animaux sauvages qui symbolisent des jeunes
abandonnés et en danger), la méthode édu-
cative (non pas avec des coups, mais avec
douceur et charité), les qualités de l’éduca-
teur (humble, fort et robuste), la Maîtresse et
son aide (la Vierge, sa mère) et les fruits (des
agneaux doux et joyeux).
Beaucoup de jeunes ignorent que Dieu a
un rêve pour chacun d’entre eux, un projet
fait sur mesure. Derrière le rêve de Dieu
se cache toujours une immense joie. Le
secret du bonheur tant désiré est précisé-
ment la rencontre et l’adéquation de deux
rêves : le nôtre et celui de Dieu.
D’où l’importance du rêve dans la vie du
jeune : dans le rêve réside son bonheur. C’est
pourquoi, il est important d’accompagner ces
premiers appels qui ouvrent la voie à un pro-
jet de vie et à sa réalisation. La conclusion est
claire : cesser de rêver conduit à un déficit
de vocation.
2 La vocation est un jeu de la
grâce y de liberté
Nous sommes et nous vivons avec des
décisions et des changements
[a] Il existe de nombreuses façon de vivre son
existence, mais seules certaines d’entre elles
font la grandeur d’une personne et lui pro-
curent la sensation de plénitude. Elles sont
liées aux choix/changements que nous fai-
sons et qui guident notre vie et nos actions.
Ce ne sont pas nos qualités qui nous défi-
nissent, mais nos choix.
Puisque « le temps est supérieur à l’espace »
(Evangelii gaudium, 222), nous devons initier et
accompagner des processus dans l’animation
vocationnelle, et non imposer des chemins. Et
ce sont des processus de personnes qui sont
toujours uniques et libres. Dans cette aventure
de découverte de sa propre vocation, on n’a
pas besoin d’émotions fortes, mais d’humbles
certitudes qui aident à prendre des décisions sen-
sées et cohérentes. La pertinence de ce fait est
renforcée par le fait qu’en décidant (souvent
de petites décisions), nous faisons des choix
et nous grandissons parce que nous orientons
notre vie, nous lui donnons un sens.
Le fruit de l’accompagnement n’est pas de
décider entre « oui » et « non ». En definitve,
les réponses personnelles doivent être orien-
tées vers un « oui » à quelque chose. Chercher
la volonté de Dieu dans ma vie avec authenti-
cité doit me conduire à assumer un oui, une
réponse positive à un projet de vie.
[b] « Sentir une vocation » pour quelque
chose et opter pour cette chose, c’est se perce-
voir comme invité par une réalité précieuse
qui donne un sens à sa vie. Sans aucun doute,
dans la vie, choisir, rêver, décider, sont des
choses qui impliquent d’assumer les consé-
quences de ce choix. Tout cela produit d’an-
xiété, d’inquiétude et même de peur, surtout
lorsque des questions fondamentales sont en
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jeu comme : Quelle université choisir ? Quel
monde du travail explorer ? Quel statut de
vie assumer ?
L’une des expressions les plus récurrentes
dans les textes bibliques, est, sans doute, « ne
crains pas » (environ 41 fois dans l’Ancien Tes-
tament et 27 fois dans le Nouveau Testament).
Principalement prononcée par Dieu ou l’un
de ses messagers, elle introduit, dans la plu-
part des cas, un appel à la vocation. C’est-à-
dire l’invitation à la réalisation d’un projet de
vie qui implique totalement la personne qui le
reçoit. Ce qui est intéressant, c’est que ce sen-
timent de perplexité envahit souvent le des-
tinataire du message.
La peur se transforme parfois en résis-
tance à assumer ses rêves par crainte de
l’échec, de ne pas être à la hauteur, du juge-
ment des autres, de trahir les attentes qu’ils
ont placées en nous. En d’autres termes, c’est
le vertige de concilier les désirs d’avenir et l’in-
certitude du présent.
Jérémie supplie : « Ah ! Seigneur mon Dieu !
Vois donc : je ne sais pas parler, je suis un
enfant ! » (Jr 1,6) ; Isaïe réagit de la même
manière : « Malheur à moi ! je suis perdu, car
je suis un homme aux lèvres impures, j’habite
au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et
mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’uni-
vers » (Is 6,5), et bien d’autres. Tous mesurent
l’énorme disproportion qui existe entre ce que
Dieu demande et la réalité dans laquelle se
trouve la personne, et cela la fait trembler.
Jésus nous invite à plusieurs reprises à ne
pas avoir peur, à ne pas nous laisser paralyser
par le vertige des décisions, parce qu’aux yeux
de Dieu, nous valons beaucoup et qu’en tant
que Père, il s’inquiète pour nous, il se soucie
de nous et il veille sur nous.
[c] Autrement dit, la grandeur du projet
de Dieu pour les jeunes fait se sentir inca-
pables et jamais préparés à l’affronter. « Je
n’avais que neuf ans - écrit Don Bosco- Qui
êtes-vous donc pour m’ordonner une chose
impossible ? ». Le saint turinois comprend peu
à peu ce rêve de 1825. Ce n’est qu’en 1846
que Don Cafasso lui conseilla d’accorder du
crédit à ses rêves comme faisant partie d’un
plan divin au bénéfice des âmes. Comme dans
ce cas, nous devons nous aussi accompagner
les jeunes pour qu’ils ne doutent pas de l’effi-
cacité de la promesse du Seigneur qui leur
permet de « viser haut ».
La force de la jeunesse réside en ceci : avoir
la capacité de rêver si grand qu’on peut résister
aux déceptions les plus fortes. C’est la force d’un
âge qui est fait pour rêver aux grandes choses
que chacun de nous est venu entreprendre
dans ce monde, en ignorant ce que diront les
autres, la peur de prendre des risques ou la
tentation de céder le pas aux autres.
Combien de fois, comme à la fin du récit du
rêve des neuf ans de Don Bosco, nous a-t-on
proposé différentes interprétations de ce que
nous rêvons ? Dans le cas de Don Bosco, sa
famille a lu son rêve différemment, du défai-
tisme de son frère Joseph, du scepticisme de la
grand-mère (qui sait s’il s’agissait d’un souhait
d’enfant, d’un petit débordement de généro-
sité) ou, enfin, de l’illusion (la mère, « Qui sait
si tu ne dois pas devenir prêtre ? »
Comme Maman Marguerite, le pape Fran-
çois affirme qu’« un jeune ne peut pas se
décourager, il doit rêver de grandes choses,
chercher de larges horizons, aspirer à plus,
vouloir conquérir le monde, être capable
d’accepter des propositions provocantes
et souhaiter apporter le meilleur de lui-
même pour construire quelque chose de
meilleur. » (Christus Vivit, 15).
Dans le rêve de Dieu, nous avons tous notre place
[a] Dieu nous appelle par notre nom parce
qu’il nous aime. Les disciples sont appelés cha-
cun par son nom, signe distinctif de leur sin-
gularité. Dans cet appel, ils font l’expérience
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d’une relation forte et intime avec Lui ; ils se
sentent aimés et c’est précisément à cause de
cet amour né d’une relation si particulière que
les disciples prennent la décision de suivre
Jésus. Ils le font avec radicalité, dans un enga-
gement personnel total, sans arrière-pensées,
transformant en leur vie. Cette réponse irré-
versible à l’appel de Jésus initie le projet de
Dieu, la mission à laquelle chacun est appe-
lé à participer.
En outre, chaque jeune est précieux non
seulement parce que Dieu l’aime, mais aussi
parce qu’Il l’a créé. En effet, il y a un projet pour
chacun. La vocation est comprise, dans une
lecture de la foi, comme le processus de choix
personnel qui conduit à une option. Dans le
cas de Saint Jean Bosco, le rêve des neuf ans
l’a poursuivi toute sa vie, l’a motivé, l’a forcé
à penser et à agir. Du point de vue de la foi,
ce processus est un acte de foi dans lequel
« choisir », c’est « être élu » par Dieu, associé
à d’autres et abrité dans la fidélité de celui
qui, par sa grâce, a anticipé notre réponse.
Tout choix de vie, quel qu’il soit et quel
que soit l’âge, est une réponse à une voca-
tion, à un don immérité, et non à une
corvée de plus. Elle obéit au bonheur. La
vocation est un choix (de Dieu) pour notre
bonheur, une réponse de notre part pour
nous sentir aimés. Et l’amour est oxygène,
il donne la vie, il engendre et régénère la
vie. Il multiplie par deux la vie : il est pos-
sible pour chacun de vivre une vie meilleure.
Oui, la vie de chacun a un sens merveilleux,
mais il faut aussi dire que la vie que Dieu a rêvée
pour nous ne correspond pas à une vie de pres-
tige ou d’une grande importance sociale. Seul
un rêveur comme Don Bosco pouvait inspirer
d’autres personnes à tout quitter pour consa-
crer leur vie, sans reconnaissance ni gloire, au
service des jeunes les plus pauvres.
[b] C’est pourquoi nous avons souvent
besoin de refaire le plein de force et de cou-
rage. Ceux-ci proviennent de la persévérance
dans les moments difficiles de la réalisa-
tion de nos rêves : la douleur est le burin
qui fait produire l’œuvre d’art du bois. Les
diamants se forment dans les entrailles de la
terre, soumis à des pressions et des tempé-
ratures inimaginables. Cela signifie que nous
ne devons rien rejeter de nos expériences, car
il y a une grâce en toute chose, même dans
ce que nous n’avons pas encore compris et,
par conséquent, dans ce que nous n’avons
pas encore exploité.
Les rêves de Dieu ne se réalisent pas auto-
matiquement comme de la « magie ». Le vrai
secret de la réalisation des rêves est le désir
passionné. Nous atteignons vraiment nos
objectifs, non pas en évitant les difficultés,
sinon en apprenant à les affronter sans rac-
courcis. La confiance, la patience, la modé-
ration, la lutte, la capacité de changement...
sont autant d’ingrédients pour pouvoir colla-
borer à la réalisation du grand rêve que Dieu
a pour chacun d’entre nous. En somme, ce
serait évidemment de l’aveuglement ne pas
comprendre que nul ne peut découvrir la voca-
tion de l’extérieur.
La dynamique de la rencontre avec le Sei-
gneur est précisément celle-ci : chercher,
suivre, demeurer. Ce sont aussi les attitudes
essentielles pour connaître et vivre l’amour.
L’amour se cherche avec désir, il est néces-
saire de le suivre sur des chemins parfois fati-
gants et pleins de contradictions, mais si on
le suit, on finit par le connaître et en lui on
demeure, on vit.
3 Servir le jeune là où il se laisse
rencontrer par Dieu
La Congrégation salésienne est une jeune
famille ecclésiale en plein essor vocation-
nel. Ce serait une grave erreur de taire ou
de dévaloriser la proposition vocationnelle.
Nous croyons que Dieu continue d’appeler ! La
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vocation est l’affaire de toute personne et de
tout chrétien. C’est un terme qui a une racine
unique et de vastes horizons. Elle donne une
orientation à la vie, elle permet de vivre l’al-
térité, elle n’a pas un sens restrictif. Elle ne
se réfère pas uniquement à ceux qui suivent
le Seigneur sur le chemin de la consécration.
Nous devons nous poser cette question : quelle
est ma contribution dans le monde ?
Notre charisme salésien renferme dans
ses entrailles la potentialité suffisante pour
générer une large proposition vocationnelle
aux nouvelles générations. C’est à la fois un
don et un défi. Évidemment, cela implique
de soigner la qualité de l’accompagnement et,
comme revers de la médaille, le discernement
vocationnel : l’accompagnement vocationnel
doit vraiment être une orientation pour que
la personne découvre et réalise l’authentici-
té de l’appel.
Dans l’animation vocationnelle et le ser-
vice d’accompagnement, personne n’est
exclu. Chaque baptisé a été appelé par le
Seigneur à donner sa vie de différentes
manières. Mais en ce qui concerne le choix
d’une vocation consacrée, cela requiert
beaucoup de discernement et de maturi-
té dans les motivations. Il s’agit d’un projet
de vie qui n’a pas pour but le seul bien-être
temporel, ni la satisfaction de faire quelque
chose d’utile, ni même le désir d’avoir la
conscience tranquille. On accompagne les
croyants totalement dédiés au service de
l’Évangile, qui reçoivent un appel du Sei-
gneur et s’ouvrent « à plein temps » à la mis-
sion de l’Église qu’ils ont reçue du Christ.
C’est pourquoi, les rêves vocationnels sont
porteurs d’une promesse et d’une mission,
mais ils nécessitent aussi un chemin d’inter-
prétation, de purification et de clarification.
Par où commencer ? Quels sont les critères
pour accompagner un jeune qui ressent un appel
vocationnel ? Quel est l’itinéraire du voyage ?
C’est la tâche des pilotes de repérer les coor-
données au-dessus desquelles ils volent et
vers lesquelles le navire doit être dirigé. Le
terrain de l’accompagnement vocationnel ini-
tial que nous survolons est déjà connu, mais
il doit être repensé dans le temps et l’espace
d’aujourd’hui.
Situons cette pédagogie vocationnelle dans
trois coordonnées qui pourraient être tracées,
comme un plan cartésien, pour interpréter
vers là où nous devrions cheminer. Disons
alors que l’accompagnement des appelés se
comprend comme un itinéraire qui pivote
autour d’un CONTEXTE (l’adhésion à la grâce),
d’un ACCOMPAGNATEUR (l’écoute de Dieu
qui appelle à travers la médiation) et d’une
ACTION (le discernement). Tout rêve vocation-
nel se tisse et se construit peu à peu autour
de ces trois éléments.
Une relation centrée sur un contexte : le
processus vocationnel lui-même
[a] Il est rare qu’une personne ait une vie spiri-
tuelle bien structurée au début de son chemi-
nement vocationnel. Normalement, le jeune
possède différentes motivations valables : le
service des autres, surtout des plus pauvres ;
l’engagement auprès des jeunes ; le goût de
la liturgie ; l’exemple à imiter d’un prêtre ou
d’une communauté ; quelques expériences
significatives qui mettent en mouvement
toutes les forces intérieures (une retraite spiri-
tuelle, une célébration joyeuse, une rencontre
de jeunes, etc.). Ce mélange de motivations
est normal au début... mais il doit s’accom-
pagner d’une expérience minimale de foi,
d’un attrait spirituel fondamental, d’une « incli-
nation du cœur » (Christus Vivit, 294) que l’on
peut pressentir même si on ne peut la définir
ou l’expliquer complètement.
Il faut donc se poser cette question cen-
trale : parmi ces motivations variées, y a-t-
il un signe de Dieu, une expérience, une
inquiétude spirituelle intérieure, un désir
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ou une intuition de Dieu ? Dans l’expres-
sion des motivations, la vie théologique
apparait-elle avec simplicité o bien est-
elle fictive ?
Selon los propos de Don Bosco : « chacun
peut choisir ce qui lui tient le plus à cœur,
ce qui correspond le mieux à ses forces phy-
siques et morales, en suivant les conseils de
personnes pieuses, cultivées et prudentes ».
Toutefois, « tous doivent partir du même point
et viser le même centre, qui est Dieu »1. (G.
Bosco, Lettera 17 giugno 1879, in Epistola-
rio III, p. 476).
Ce noyau déjà présent dans la personnalité
d’un jeune peut être cultivé, purifié et libéré,
mais il ne peut pas être « découvert » plus tard.
[b] L’accompagnement des premiers rêves
est une relation centrée sur « le processus his-
torique vocationnel » que le jeune parcourt
jusqu’à ce qu’il prenne une décision. Ce pro-
cessus ininterrompu lui apporte lucidité et
force de motivation, mais le plus important
est qu’il a peut-être une expérience de Dieu
qui lui a permis de percevoir d’une certaine
manière son appel (pas qu’il soit déjà clair ;
mais, avec ses difficultés et ses doutes, il a
pris la première décision de se laisser aider).
L’expérience vocationnelle commence par
le phénomène que nous pouvons appeler
« étonnement ». L’étonnement est processus
d’où surgit, au début, la perplexité, quelque
chose de singulier qui se produit dans la per-
sonne, quelque chose qui vient de l’extérieur,
qui n’est pas le résultat d’une initiative per-
sonnelle. C’est le cas d’Isaïe qui fait l’expé-
rience d’un profond sentiment de plénitude
(Is 6,1-5) : la frange de son manteau remplis-
sait le temple, la fumée envahissait tout, la
1 «Ognuno può scegliere quello che gli sta più a cuore, più
adattato alle sue forze fisiche e morali, prendendo consiglio
da persona pia, dotta e prudente.» Però, «devono tutte par-
tire da un punto e tendere al medesimo centro che è Dio»
(G. Bosco, Lettera 17 giugno 1879, in Epistolario III, p. 476).
gloire remplit la terre, l’homme en est sub-
mergé ! Il ne sait même pas comment l’inter-
préter. Le jeune se présente avec des expé-
riences ou des échos intérieurs (« lumières »
et « motions », dont parle la tradition chré-
tienne) qu’il faut déchiffrer pour reconnaître
la voix du Seigneur et la distinguer d’autres
voix dissonantes.
La présence impérieuse de Dieu n’est pas
coercitive, mais elle est de l’ordre de la fasci-
nation et de l’attraction : « Je vais à Dieu, non
pas contraint, mais attiré » par son amour (Jn
6, 44). Même à l’état embryonnaire, on doit
pouvoir discerner que c’est le Dieu de Jésus
- incarné et engagé - qui attire et non pas les
nombreuses « récompenses » que l’on peut
attendre en suivant le Seigneur sur ce chemin.
C’est pourquoi l’une des tâches importantes
de l’accompagnement aujourd’hui est de ser-
vir la personne là où elle permet à Dieu de
la rencontrer. C’est Dieu qui connaît chacun
de nous par son nom, qui agit en chacun de
nous d’une manière inédite et unique.
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Quelqu’un d’important prononce ou même
crie notre nom à haute voix. En tout cas, il est
indéniable que nous sommes tous appelés,
certes, mais pas tous de la même manière.
[c] Pour en prendre conscience, nous nous
voyons dans l’obligation de travailler la vie
intérieure dans laquelle Dieu habite. Ce n’est
pas une tâche facile. Dès lors, éduquer à l’inté-
riorité, au regard contemplatif sur la vie, ensei-
gner une lecture croyante de la réalité pour
découvrir la voix, le visage et la trace de Dieu
dans l’histoire et dans notre histoire, sont des
défis incontournables.
Ce premier « sentiment intérieur » est déjà le
signe d’un appel. Le Seigneur fait de grandes
choses avec des moyens simples. Ensuite, il
faudra distinguer s’il existe une dynamique
d’authenticité vocationnelle. D’une part, la
conscience de l’appel ; d’autre part, la pré-
sence de motivations vocationnelles. C’est cet
ensemble de forces psychiques qui poussent à
agir en cohérence avec l’appel et maintiennent
la décision : « qu’est-ce que je veux et pour-
quoi je le veux ». Les motivations valides et
authentiques, ajoutées à la conscience de l’ap-
pel, poussent le jeune à embrasser la voca-
tion de manière responsable, dynamique et
en constante amélioration.
La maturité vocationnelle se décide en
définitive par un acte de foi. Il est toute-
fois important de le rappeler. Ce n’est qu’à
partir de là que certains extrêmes opposés
se rejoignent : la certitude d’être appelé et la
conscience de sa propre insuffisance ; le senti-
ment de perdre sa vie et de la retrouver d’une
manière inimaginable ; la grandeur de ses aspi-
rations et le poids de ses propres limites et
misères ; la grâce de Dieu et la nature humaine ;
Dieu qui appelle et l’appelé qui répond.
Le réalisme de nos premiers rêves voca-
tionnels peut se manifester dans cette
incertitude, mais un rêve hors du com-
mun exige une foi hors du commun.
Une médiation respectueuse qui privilégie la
« rencontre personnelle »
[a] Une relation d’accompagnement privilégie
la « rencontre personnelle », un instrument
auquel nous devons prêter une attention par-
ticulière. Notre objectif n’est pas seulement
de connaître la personne spirituelle, mais aus-
si d’intégrer et d’unifier son histoire person-
nelle. Cet aspect n’est pas toujours explici-
tement pris en compte, mais il est pourtant
d’une importance capitale pour comprendre
le sens de l’accompagnement des vocations.
La première sensibilité ou attention à la per-
sonne est de l’écouter. Elle se donne à nous
dans ses paroles. Le signe de cette écoute est
le temps que je consacre au jeune. Ce n’est pas
une question de quantité, plutôt que « l’autre
sente que mon temps est le sien » (Christus Vivit,
292). Il doit sentir que je l’écoute incondition-
nellement, sans m’offenser, sans me scanda-
liser, sans m’irriter, sans me fatiguer.
C’est cette écoute que le Seigneur exerce
lorsqu’il marche avec les disciples d’Emmaüs
et qu’il les accompagne longuement sur une
route qui allait dans la mauvaise direction (cf. Lc
24,13-35). Lentement, on arrive à bon port : l’ac-
compagnement doit être personnalisé et progres-
sif, adapté à la situation et au rythme du jeune.
L’ennemi au début du chemin vocationnel
est d’ignorer la profondeur du cœur. Nous
sommes tous maîtres de la tromperie, des
« pièges du mauvais esprit » (Christus Vivit,
293) : compulsions, obsessions, réactions dis-
proportionnées, blessures et fêlures. Tous ces
éléments, s’ils ne sont pas traités dans le cadre
d’un dialogue personnel, deviennent peu à peu
des cratères qui nous empêchent d’aller de
l’avant parce qu’ils absorbent tous nos efforts.
Nous devons aider à saisir les oscillations
du « sismographe intérieur » du jeune dans le
domaine de la maturité humaine qui, comme
nous le savons, active ou entrave l’action de la
grâce. La préoccupation de la Vierge pour la
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formation humaine du petit Jean – « fais-toi
humble, fort et robuste » - est bien enracinée
dans l’accompagnement vocationnel dès les
premiers pas de son cheminement vocationnel.
On peut dire que, dans tous les rêves
vocationnels authentiques, il y a quelques
éléments de base telles que : la gratitude,
l’ouverture à la transcendance, le ques-
tionnement sur la vie, la disponibilité, la
confiance en soi et dans les autres, l’émer-
veillement face à la beauté, l’altruisme.
Ces éléments sont certainement la base de
toute approche vocationnelle. Et, avec eux,
les éléments qui favorisent la connaissance
et l’appréciation de l’appel personnel de Dieu,
des formes de vie chrétienne, ainsi que les
capacités de choisir l’une de ces formes, en
toute liberté.
Dans ce sens, une certaine stabilité person-
nelle sans dépendance doit être beaucoup
travaillée. L’identité est toujours un proces-
sus ambivalent qui implique de nombreuses
tensions, mais il est nécessaire de pouvoir
gérer sa relation avec la famille, avec l’argent
ou avec le pouvoir. Il s’impose un minimum
d’autonomie physique, émotionnelle, men-
tale et sociale, qui permet au jeune de prendre
des décisions concrètes, de faire des choix
conscients et libres. Nous devons accompa-
gner ces processus et aider le jeune à verba-
liser les tensions, les questions et les conflits
inévitables dans ce domaine.
[b] En ce sens, les relations structurent l’iti-
néraire vocationnel, non seulement comme
un chemin de maturation de sa propre identi-
té humaine, mais aussi de sa propre identité
de foi (le croyant, le disciple). Dans le proces-
sus de maturation vocationnelle de Don Bos-
co, certaines relations ont joué un rôle décisif :
–  sa vie intérieure ne peut se comprendre
sans la présence providentielle et centrale
de Maman Marguerite, sa mère, qui avec
simplicité et décision a su accompagner sa
croissance personnelle et religieuse ;
–  son expérience avec Don Calosso, « l’ami
fidèle de l’âme » (comme il le dit dans les
Mémoires de l’Oratorio), lui a offert la pos-
sibilité non seulement d’équilibrer la situa-
tion familiale tendue, mais lui a aussi permis
de rencontrer un prêtre digne, avec lequel
il a établi un rapport personnel qui l’a mar-
qué positivement ;
–  le rôle des amis dans la vie de l’adolescent
et du jeune Don Bosco a été assumé et inté-
gré dans le processus de formation ;
–  dans l’expérience de formation au Convitto
(résidence sacerdotale), Don Bosco découvre
des prêtres dévoués qui excellent dans la
science et dans la dévotion apostolique.
Parmi eux, se distingue Don Cafasso, son
premier directeur spirituel. Ce prêtre sage
a accompagné sa formation, l’a conseillé
dans les moments de discernement, a été
son confesseur et lui a offert une série d’ex-
périences pastorales qui ont enrichi sa vie ;
–  enfin, tout le tissu familial du Valdocco a
consisté à établir des relations à travers les-
quelles il a construit son être de prêtre et
son être d’éducateur.
[c] On peut donc dire que, pour Don Bos-
co, le séminaire n’était pas un monde fermé,
car les points de référence externes, comme
la situation de la jeunesse nécessiteuse dans
une société blessée, ont joué un rôle de plus
en plus actif dans la découverte de sa vocation.
Le contact avec les jeunes a été un moment
de lucidité et de grâce. Partant de cette expé-
rience, nous pouvons dire que les jeunes l’ont
aidé à discerner la consistance et la pertinence
de son propre projet vocationnel.
En conclusion, l’amour pour la mission
salésienne auprès des jeunes et la capa-
cité d’aimer et de se donner est un cri-
tère vocationnel visible : l’engagement
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gratuit pour les autres, en particulier les
plus pauvres et les plus abandonnés, le ser-
vice spontané au-delà de son propre bien-
être ou l’intérêt pour le monde juvénile.
La sensibilisation vocationnelle, aujourd’hui,
exige que les jeunes soient imprégnés d’« expé-
riences de rupture » qui les mettent en contact
avec l’exclusion et la vulnérabilité. Il ne s’agit
pas de propositions ponctuelles et sans lien.
Ce sont des occasions en or pour réorienter
la vie dans la perspective de la foi et en clé
de générosité évangélique. Le monde de la
pauvreté et de la douleur devient un « haut-
parleur » efficace qui sert de réveil vocationnel.
En effet, il est devenu un centre névralgique
pour la découverte de sa propre vocation : le
contact avec ces mondes favorise l’éveil de
cette sensibilité et la compréhension de la vie
en termes de gratitude et de service.
[d] Dans ce contexte, pour connaître, véri-
fier et accompagner l’idonéité d’un jeune
que nous accompagnons, il est nécessaire
de s’assurer de son degré de disponibilité
à apprendre. Cela demande une analyse réa-
liste de ses propres capacités et possibilités,
mais aussi une disposition franche au chan-
gement. L’une des questions les plus impor-
tantes est la suivante : la personne veut-elle
se cultiver ? Est-elle prête à s’engager dans
un processus qui implique de se remettre en
question ? La passivité, le manque de trans-
parence et une structure de personnalité net-
tement défensive ne sont pas les meilleures
attitudes. En revanche, la flexibilité, la créa-
tivité et l’ouverture à la nouveauté, la volon-
té de dialogue et la réflexion sur ce qui a été
vécu sont des signes positifs.
Il n’est pas déraisonnable de penser que
les narcissiques - ceux qui ont tendance à se
replier sur eux-mêmes, à se préoccuper exces-
sivement d’eux-mêmes et à utiliser les autres
à leurs propres fins - ne sont pas en mesure
d’apporter une réponse vocationnelle libre
et désintéressée. Il est extrêmement dange-
reux de suivre la logique de l’égocentrisme, ce
dispositif qui conduit la personne à se laisser
gouverner par le calcul des intérêts et vise à
rechercher le tout et seulement le plus grand
bénéfice pour soi. L’ego n’est pas seulement
le point de départ, mais souvent aussi le point
d’arrivée, l’étalon de mesure de toutes les
autres réalités.
Una action qui s’oriente vers le
« discernement vocationnel »
Le discernement peut être défini comme
l’exercice qui nous permet de donner un sens
aux événements disparates et fragmentés de
notre existence. Nous sommes constamment
confrontés à des situations, des événements,
des relations et nous percevons que quelque
chose manque ; nous ne comprenons pas exac-
tement, nous ne trouvons pas de réponses,
nous manquons de clarté. C’est précisément
tout ceci qui suscite et met en mouvement
le discernement.
Le point de départ est donc la prise
de conscience d’un manque de sens. Ce
manque peut être lu positivement comme
un désir. Nous nous engageons sur le che-
min du discernement parce que nous
souhaitons trouver une réponse que
nous n’avons pas. Celui qui prétend tout
savoir ou tout maîtriser ne laissera jamais
de place au désir et ne s’engagera jamais
sur la voie du discernement.
[a] Par ailleurs, cet argument s’inscrit dans
une réalité plus concrète : le discernement
demande du temps, de l’authenticité et de
la patience. Nous comprenons alors pour-
quoi il n’est pas à la mode. Les gens, même
les jeunes, préfèrent compter sur la sponta-
néité ; cependant la spontanéité n’est jamais
l’authenticité. Nous sommes authentiques
lorsque nous reconnaissons les vents qui souf-
flent sur notre bateau et que nous décidons
de les utiliser pour aller là où nous avons choi-
si d’aller. Si, au contraire, nous nous laissons
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Père Miguel Ángel García Morcuende Là-où Dieu nous attends
11
pousser par les vents, sans les reconnaître ni
les utiliser, nous nous retrouverons sur des
plages que nous n’avons pas choisies, voire
sur des rochers.
Il convient de rappeler que, comme nous
l’enseigne la parabole du blé et de l’ivraie (cf.
Mt 13,24-30), au début les deux plantes se res-
semblent ; il faut attendre pour voir ce qui ôte
la vie et ce qui la donne. Il en va de même pour
nous : nous devons regarder en nous-mêmes
et prendre progressivement conscience de
ce qui vient de Dieu et de l’« ivraie » qui ne
vient pas de Lui. Mais, à un certain niveau, il
y aura suffisamment de clarté pour pouvoir
décider et c’est là que nous avons la respon-
sabilité de le faire.
[b] Nous ne pouvons pas comprendre le
rêve de Dieu pour chacun d’entre nous sans
entrer en dialogue avec Lui. Souvent, pour
savoir qui nous sommes, nous préférons nous
réfugier dans des lieux inconnus et lointains.
Si Dieu est « intimior intimo meo » (Saint
Augustin), celui qui vit dans la superficialité
n’est pas humainement préparé à accueillir
le don gratuit de son appel. L’activisme,
l’abus de stimuli qui mortifient la capa-
cité de silence et de recueillement sont
quelques-unes des attitudes et des com-
portements d’aujourd’hui qui empêchent
ou retardent l’entrée dans cette profon-
deur, où Dieu se découvre comme le Toi
qui nous adresse un appel.
Dans chaque processus vocationnel, nous
avons l’obligation d’offrir des espaces où les
jeunes peuvent faire l’expérience du silence
et de la rencontre avec Jésus-Christ. Élie était,
dans sa vie pleine de zèle pour le Seigneur,
comme un vent puissant et un feu dévorant
(1 Rois 19,9-14). Sa parole était une épée tran-
chante. Il parcourut tout le pays où il vivait,
en protestant et en menaçant. Il avait obte-
nu beaucoup de choses. Il avait détruit les
autels des idoles, il avait ramené le peuple
juif à une véritable expérience religieuse, il
n’avait pas eu de retenue même devant les
puissants. Il cherche Dieu pour être reconnu
par lui. Et Dieu le désavoue. Il lui dit : tu es un
feu, un tremblement de terre, un vent puis-
sant. Souviens-toi : je ne suis pas là. Ce sont
tes exploits, pas les miens. Dieu ajoute à son
prophète : je suis dans une brise légère, que
tu ne remarques même pas.
Les rêves, les projets, les entreprises, les pro-
grammes et les aventures... sont des choses
belles, importantes et précieuses. Ils repré-
sentent une partie de nous-mêmes, mais ce
n’est que lorsque nous revenons, avec cou-
rage, à la vérité de nous-mêmes que nous fai-
sons l’expérience de la présence de Dieu.
[c] Ainsi, il serait donc naïf de penser que
toute prière est une prière chrétienne. La
prière est une manifestation de la vie théo-
logale, ce n’est pas simplement préparer une
atmosphère d’icônes, allumer des bougies,
jouer de la musique et se concentrer, ou autre
chose de ce genre. Tout cela est d’une certaine
manière indispensable, mais ce n’est pas la
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substance de la prière. La prière est une atti-
tude de dépossession, de laisser Dieu être le
centre de ma vie.
Comme nous l’avons dit, il est important
de dialoguer avec le Seigneur, d’apprendre à
connaître ses temps, de ne pas gaspiller les
inspirations pour le bien, ou peut-être de ne
pas laisser tomber son invitation à grandir.
Dans ce sens, il est très important de parve-
nir à une familiarité habituelle avec la Parole
vivante de l’Évangile. La faim de Dieu n’est pas
une question de culture biblique. Il s’agit de
voir sa propre vie du point de vue de Dieu. La
Parole de Dieu est toujours la source de toute
croissance vocationnelle.
La lecture vocationnelle de la Parole de Dieu
est fondamentale. Il s’agit d’initier nos jeunes
à une expérience quotidienne et continue de
prière personnelle et collective avec la Parole.
Il s’agira nécessairement d’une activité accom-
pagnée et guidée, surtout au début.
La rencontre avec la Parole complète l’évan-
gélisation du cœur. Il ne suffit donc pas de
purifier mon intérieur, mais il est nécessaire
de le « repeupler » avec la vie et les valeurs
de l’Évangile. À quoi me sert-il d’avoir lu des
livres sur l’Histoire de l’Art si je ne suis jamais
allé dans un musée, si je ne peux ni écouter ni
apprécier un morceau de musique ?
4 « Voici ton champ, c’est là que
tu devras travailler »
Le rêve des 9 ans invite Don Bosco à une voca-
tion vécue avec passion, sans ménager d’ef-
forts et sans calcul ; l’attachement et le dévoue-
ment de l’éducateur-pasteur à son peuple ne
se mesurent pas à l’aune de réponses rapides
(« pas avec des coups »), plutôt ils sont liés à
l’affection avec laquelle on s’attache aux
personnes (« mais avec douceur »).
Les jeunes sont des rêveurs enthousiastes.
En fait, ils sont les rêveurs par excellence. Et
il est de notre devoir d’éveiller en eux cette
capacité. Pour ce faire, rêver d’un avenir posi-
tif aujourd’hui exige une bonne dose d’espé-
rance lucide et efficace, ingrédients de plus en
plus difficiles à trouver dans notre environne-
ment. En d’autres termes, les rêves doivent
devenir des projets, car s’ils restent des rêves,
ils déçoivent.
Être appelé est la prémisse d’être envoyé,
et cela y conduit irrémédiablement. Parmi
d’autres cas, regardons l’histoire de Jonas, telle
qu’elle est racontée dans son petit livret de 4
chapitres. Une histoire passionnante et pleine
de surprises (la tempête, le poisson qui mange
Jonas, le ricin qui se dessécha). C’est un roman
didactique, un récit parabolique, mais aussi
une icône : nous sommes appelés à relire notre
propre vie à la lumière de cette parabole par-
ticulièrement provocante dans les premiers
moments du rêve vocationnel.
Jonas est un homme désorienté, désemparé
et plein de peurs. Dieu lui montre ses erreurs
de perspective, notamment en pensant à lui
sans les autres, sans élargir son regard à la
grande ville. Ce n’est que dans l’horizon de l’at-
tention à ceux qui sont loin que sa propre voca-
tion acquiert un sens et une valeur, ce n’est
que dans l’horizon de la vocation humaine
que sa propre vocation acquiert un sens et
une valeur.
Nos jeunes sont là, aux portes de la ville
de Ninive, pour y entrer avec passion et
solidarité, compagnons de la vocation de
tous les hommes, ou pour rester dans l’at-
tente d’on ne sait quoi.
L’attitude de « sortie » doit être comprise
comme une inquiétude que l’Esprit Saint pro-
voque en ceux qui ont été appelés à laisser der-
rière eux des sécurités. C’est l’appel à secouer
la poussière qui s’est collée à nos pieds et qui
ne fait pas partie de l’essence de la mission à
laquelle nous sommes appelés. Regardez la
beauté du ciel sans perdre de vue le sol.
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