Je vous laisse sur cette terre, mais seulement pour un peu de temps. J’espère que la miséricorde infinie de Dieu nous
permettra de nous retrouver tous un jour dans la bienheu-reuse éternité. C’est là que je vous attends.
Je vous recommande de ne pas pleurer ma mort. C’est un tribut que nous devons tous payer ; mais après, nous rece-
vrons une ample récompense pour toute fatigue supportée pour l’amour de Jésus notre bon Maître. Au lieu de pleurer,
prenez la ferme et efficace résolution de demeurer iné-branlables dans votre vocation jusqu’à la mort. Veillez et faites
en sorte que ni l’amour du monde ni l’affection pour vos parents ni le désir d’une vie plus aisée ne vous amènent à la
grande folie de profaner les saints vœux et de trahir ainsi la profession religieuse par laquelle nous nous sommes
consacrés au Seigneur. Que personne ne reprenne ce qu’il a donné à Dieu.
Si vous m’avez aimé dans le passé, continuez à m’aimer dans l’avenir, par l’exacte observance de nos Constitutions.
Votre premier supérieur est mort. Mais votre vrai supé-rieur, Jésus Christ, ne mourra pas. Il sera toujours notre maître,
notre guide, notre modèle. Mais souvenez-vous aussi qu’un jour il sera notre juge et le rémunérateur de notre
fidélité à son service.
Votre supérieur est mort, mais un autre sera élu qui aura soin de vous et de votre salut éternel. Ecoutez-le, aimez-le,
obéissez-lui, priez pour lui, comme vous avez fait pour moi.
Adieu, ô mes chers fils, adieu ! Je vous attends au ciel. Là nous parlerons de Dieu, de Marie mère et soutien de
notre Congrégation ; là nous bénirons éternellement cet-te Congrégation dans laquelle l’obéissance aux règles aura
contribué puissamment et efficacement à nous sauver.
Béni soit le nom du Seigneur, maintenant et pour les siècles des siècles. C’est en toi, Seigneur, que j’ai espéré ; que
je ne sois jamais confondu.
RÉPONS BREF
Cf. Ph 3,20.21 ; Col 3,4
R/. Notre patrie, à nous, est dans les cieux, d’où nous attendons, comme sauveur, le Seigneur Jésus Christ. *
Il transformera notre corps de misère, pour le rendre semblable à son corps de gloire.
V/. Quand paraîtra le Christ, notre vie, alors, nous aussi, nous paraîtrons avec lui en pleine gloire.
R/. Il transformera notre corps de misère, pour le rendre semblable à son corps de gloire.
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Ou bien :
DEUXIÈME LECTURE
Des “Ecrits” du Vénérable Giuseppe Quadrio,
prêtre salésien
(Edition R. Bracchi, Don G. Quadrio, Risposte [réponses], Rome 1992, 236-238)
Pour le chrétien, la mort
est le début de la vraie vie
La foi éclaire la mort d’une douce lumière, car elle en présente aussi les aspects positifs et consolants. Pour un
chrétien, mourir, n’est pas finir, mais commencer ; c’est le début de la vraie vie, la porte qui introduit dans l’éternité.
C’est comme le moment où, derrière les barbelés du camp de concentration, retentit l’annonce si impatiemment atten-
due : “On rentre chez soi”. Mourir, c’est entrouvrir la porte de la maison et dire : “Papa, me voici, je suis arrivé !”. Oui,
c’est un saut dans l’obscurité ; mais avec l’assurance de tomber dans les bras du Père céleste.
Celui qui croit réellement à la vie éternelle ne peut pas ne pas répéter avec saint Paul : “Mourir est pour moi un gain…
J’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ, et c’est de beaucoup préférable”. “Tant que nous habitons dans ce
corps, nous sommes hors de notre demeure, loin du Seigneur… Nous préférons quitter la demeure de ce corps pour aller
demeurer auprès du Seigneur”. Au-delà de la tombe, les yeux que nous fermons voient encore. Les morts ne sont pas
des créatures anéanties, mais des créatures vivant à un degré supérieur.
La peur obsédante de la mort pourrait même être causée par le trouble provoqué par les péchés commis et par la
crainte du jugement divin. Dans ce cas, il faut opposer à cette terreur une très ferme espérance dans la miséricorde
infinie du Père céleste. Celui qui nous jugera et décidera de notre sort éternel n’est pas un ennemi ou un étranger ; mais
il est notre frère aîné, qui pour nous sauver a affronté les supplices du Calvaire et nous aime plus que nous nous aimons
nous-mêmes. Saint François de Sales disait qu’au jour du jugement il préférait être jugé par Dieu que par se mère. Il
suffit de se reconnaître pécheur et de s’abandonner avec confiance à l’incommensurable bonté de Dieu, pour s’assurer
le pardon et le salut. Il est si beau de ne pas se sentir “sur le même plan” que Lui, mais dans le besoin de sa
miséricorde ; de se sentir perdu et en même temps sauvé par Lui qui “est venu sauver ce qui était perdu”.
Enfin, la racine du trouble devant la mort pourrait être la pensée des douleurs et des angoisses qui souvent la rende
amère. Il est un remède infaillible non pour supprimer, mais
pour surmonter et adoucir cette pensée : et c’est celui d’offrir chaque jour son agonie et sa mort, avec toutes les
souffrances physiques et morales qui les accompagneront, au Père céleste en les unissant à la mort du Christ, en y
apportant le même amour et les mêmes intentions que ceux de Jésus en croix. Que de lumière et quel réconfort fait
jaillir cette célébration, anticipée avec amour, de sa propre mort, offerte au Père comme une petite hostie unie à la
grande Hostie qu’est Jésus immolé sur le Calvaire et dans chaque Messe ! Alors notre mort acquiert la signification et la