ÉTRENNE 2018
THÈME
« Seigneur, donne-moi de cette eau » (Jn 4,15)
CULTIVONS L’ART D’ÉCOUTER ET D’ACCOMPAGNER
Mes chers frères et sœurs
de toute la Famille Salésienne dans le monde.
Comme il est de tradition, à la fin de l'année, je présente l'Étrenne à nos Sœurs, les Filles de Marie Auxiliatrice. Une Étrenne qui devient dès lors un don pour toute notre Famille Salésienne, où que nous soyons. Le but de cette Étrenne est de nous aider à avoir un même cœur et un même regard dans les multiples initiatives de toutes nos Œuvres et dans la Mission que nous accomplissons, tous et chacun, selon la vocation charismatique spécifique des Groupes de notre Famille Salésienne.
Le thème choisi pour cette année s'inscrit tout à fait dans le prolongement de celui de l'an dernier et dans la perspective du prochain grand événement ecclésial qu’est la XVème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, que le Pape François a convoquée pour le mois d’octobre 2018, sur le thème « Les Jeunes, la Foi et le Discernement Vocationnel ».
C’est un thème qui touche pleinement le cœur de notre charisme et auquel nous nous préparerons de la meilleure manière possible en nous sensibilisant, et en faisant participer de nombreux laïcs et jeunes à cet important événement de la vie de l'Église. Avec ce Synode, « l’Église a décidé de s’interroger sur la façon d’accompagner les jeunes à reconnaître et à accueillir l’appel à l’amour et à la vie en plénitude. Elle souhaite également demander aux jeunes eux-mêmes de l’aider à définir les modalités les plus efficaces aujourd’hui pour annoncer la Bonne Nouvelle. »1
L'Étrenne que je vous propose cette année veut précisément aider, dans toutes nos présences du monde en tant que Famille Salésienne, à atteindre l’objectif poursuivi par le Document Préparatoire du Synode.
Le thème choisi, que je considère simple et très direct, contient deux éléments d'une importance capitale pour notre monde d'aujourd'hui : l'écoute et l'accompagnement personnel. Pour éclairer ces deux aspects, je vous propose une très belle Icône évangélique qui donnera lieu à de multiples réflexions : Jésus et la Samaritaine. Il s’agit d’un épisode où, malgré la présence de différences ethniques et d’antagonismes religieux, on vérifie la rencontre au niveau le plus profond de la personne, jusqu’à parvenir à un changement de vie.
Je vous invite à l'accueillir avec la belle disposition intérieure de chaque année et à profiter de ce qui convient le mieux pour chaque contexte pastoral où vous agissez.
Je peux témoigner qu’au cours des centaines de réunions que j'ai eues durant ces quatre dernières années environ avec des jeunes des cinq continents, je suis parvenu à la certitude que les maisons ou œuvres gérées par les Groupes de notre Famille Salésienne sont pleines de milliers de jeunes, bons et ouverts à la vie, désireux de se former, d'apprendre, des jeunes en recherche, dont beaucoup, avec un cœur généreux, qui veulent servir les autres, faire quelque chose pour les autres, aider, se dévouer.
Ce sont des jeunes qui demandent notre aide pour continuer à grandir et à mûrir dans leur foi. Il y en a d’autres qui ne le demandent pas explicitement mais qui sentent un grand besoin d’une rencontre personnelle et d’être écoutés. Nombreux sont ceux qui seraient disposés à faire un cheminement personnel et communautaire de discernement et d’accompagnement.
Je me pose alors la question : qu’attendons-nous ? Pourquoi ne nous décidons-nous pas à être beaucoup plus disponibles pour accompagner tous nos jeunes en ce qui est le plus important pour leur vie ? Qu’est-ce qui nous en empêche ? Pourquoi « nous occuper » ou « passer notre temps » à autre chose alors que nous avons là une véritable priorité éducative et d’évangélisation ?
Nous ferons des pas beaucoup plus significatifs, mes chers frères et sœurs, le jour où nous serons vraiment convaincus que ce que nous sommes et qui nous sommes est plus important que ce que nous faisons. Et que notre présence, notre écoute et notre disponibilité au dialogue sont plus importantes que les choses et les activités que nous proposons aux adolescents, aux jeunes et à leurs familles. Voilà ce qui laisse des « traces de vie » pour toujours, chez les jeunes et dans les familles.
Tout cela est la base et constitue la motivation vraie et profonde du choix de l’Étrenne de cette année.
I.- UNE RENCONTRE QUI NE LAISSE PAS INDIFFÉRENT : « Écouter »
Je vous invite donc, dès maintenant, à faire une lecture réfléchie et méditée du passage que nous connaissons comme « la rencontre de Jésus avec la Samaritaine ». Cette icône nous aidera à comprendre comment le Seigneur se met en rapport avec cette femme et ce que produit dans la vie de celle-ci sa rencontre avec Lui.
« Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau.
Jésus lui dit : "Donne-moi à boire."
(En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.)
La Samaritaine lui dit : " Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? " » (Jn 4,7-9).
Jésus et cette Samaritaine anonyme viennent de deux peuples différents, historiquement opposés car chacun considérait l'autre comme s’étant radicalement détourné de l'ancienne foi d'Israël. On peut dire que leurs familles se considéraient socialement, religieusement et politiquement ennemies, non parce qu'elles étaient différentes mais précisément parce que tout en se ressemblant beaucoup, elles s’opposaient dans le même temps, chacune étant convaincue d’être l’authentique dépositaire et gardienne de la religion originelle de l'ancien Israël. En fait, les deux peuples se considéraient réciproquement comme des imposteurs.
Voilà les protagonistes.
Une femme samaritaine qui, en arrivant au puits, reconnaît sans l’ombre d’un doute la provenance de Jésus : c’est sûrement un juif, vu sa manière caractéristique de s’habiller. Pour la femme samaritaine, c’est un étranger assoiffé qui n'a pas de seau et ne peut atteindre l'eau de ce puits profond. D’autre part, la femme ne se trouve pas seulement devant un étranger, mais devant un « rival » en termes de religion.
Et, d’après l’ensemble du récit, cette femme est une personne à la réputation pour le moins douteuse, vivant dans une situation « irrégulière ». On peut en conclure que c'est une femme qui se sent moralement rejetée.
De plus, entre Jésus et la Samaritaine interfèrent de forts préjugés ethniques et religieux : eu égard aux habitudes de l’époque, Jésus a un comportement répréhensible et transgressif du fait qu’il demande de l'eau à cette femme.
Il est permis de supposer que la femme se sent en sécurité avec Jésus parce qu'il n'est pas de son village, qu’il ne sait donc rien des « échecs de sa vie » et fait finalement partie d'une communauté religieuse similaire quoiqu’hérétique. Jésus n'aurait pas eu l'occasion de contacter les dirigeants israélites-samaritains de sa communauté à elle, et elle n'aurait donc rien à craindre ni aucun souci à se faire.
De cette situation émane quelque chose de très intéressant pour nous : la rencontre se produit en un lieu profane et « en plein air », un puits au milieu de la campagne qui deviendra un lieu de rencontre avec Dieu.
Jésus, véritable protagoniste et maître de la rencontre, de l'écoute et du dialogue initial, « conçoit » la stratégie de cette rencontre, en commençant par l'écoute de l'autre personne et de la situation qu'il pressent. Cet exemple du Seigneur est absolument actuel pour nous.
Une écoute qui est ACCUEIL et RENCONTRE PERSONNELLE
L’ÉCOUTE est toujours un art. « Nous avons besoin de nous exercer à l’art de l’écoute, qui est plus que le fait d’entendre. Dans la communication avec l’autre, la première chose est la capacité du cœur qui rend possible la proximité, sans laquelle il n’existe pas une véritable rencontre spirituelle. »2 C'est pour cela que le don de la parole, en particulier dans les relations personnelles, doit avoir comme corrélat la « sagesse de l'écoute ».
Cette écoute, si importante dans notre mission en tant que Famille Salésienne, doit avoir comme point de départ la rencontre qui devient une opportunité de relation humaine et d’humanisation, vécue en toute liberté, « avec un regard respectueux et plein de compassion mais qui en même temps guérit, libère et encourage à mûrir dans la vie chrétienne. »3
Dans les relations avec les adolescents et les jeunes, avec nos élèves, avec les familles de nos différentes présences, l’écoute authentique devra tenir compte de certains points d’attention :
Favoriser l’ouverture à l’autre. Une ouverture de toute notre personne, puisque s’il est vrai que nous écoutons avec nos oreilles, nous pouvons aussi écouter – lorsque cette écoute est authentique – avec nos yeux, notre esprit, notre cœur, tout notre être.
Accorder toute l’attention à ce que la personne veut exprimer, et s’engager activement dans la compréhension de ce que l’on désire communiquer, puisque le fondement de notre écoute est le profond respect de l'autre.
Accompagner avec un véritable intérêt la personne, jeune ou adulte, dans ce qu’elle cherche et attend d’elle-même, avec une véritable empathie qui est l’opposé de la courtoisie froide et formelle. Au contraire, il s'agit de s'identifier et de marcher avec l'autre personne.
Laisser de côté son propre monde pour se rapprocher le plus possible de celui de l’autre personne, en étant capable d’accompagner sans interférer.
Écouter, dit en quelques mots, c’est l’art qui demande une attention empressée envers les personnes, leurs luttes et leurs fragilités, leurs joies, leurs souffrances et leurs attentes, car nous n’écoutons pas seulement des choses mais quelqu’un. C'est de cette attention empressée que sont remplis les passages évangéliques qui racontent les rencontres de Jésus avec son peuple.
L’écoute, quand elle concerne l'accompagnement spirituel personnel, transcende la dimension psychologique et acquiert une dimension spirituelle et religieuse, car elle nous conduit sur des chemins où l'on attend Quelqu'un.
Cette écoute exige aussi un certain silence intérieur qui a comme point de départ d’accepter les gens tels qu’ils sont et dans la situation où ils se trouvent.
Notre regard d’éducateurs, en particulier sur les adolescents et les jeunes, ainsi que sur leurs familles, nous assure qu'il y a beaucoup de positif dans chaque cœur ;4 et il est nécessaire de faire ressortir ces aspects positifs. C'est pourquoi l’écoute doit signifier pour nous plus qu'écouter avec patience ; c'est faire en sorte de comprendre dans toute sa profondeur ce que la personne nous dit et pourquoi elle nous le dit. C’est s'intéresser à ce qui compte vraiment pour l'autre, les adolescents, les jeunes et leurs familles.
L’écoute doit nous amener à bien comprendre ce dont les jeunes d'aujourd'hui ont besoin, et parfois leurs parents, ou les personnes que nous fréquentons dans un contexte pastoral. De fait, le plus souvent, les jeunes ou leurs parents, ou les deux à la fois, s’approchent de nous non pas tant parce qu'ils recherchent un accompagnement, mais plutôt par nécessité en cas de doutes, de problèmes, d’urgences, de difficultés, de conflits, de tensions, de décisions à prendre, de problèmes concrets à affronter.
Et nous savons bien, par notre formation même d’éducateurs et d’évangélisateurs, qu’il est plus fréquent de les voir venir vers nous si nous-mêmes faisons un geste d’approche, si nous manifestons quelque intérêt à leur égard, si nous allons à leur rencontre, si nous nous montrons disponibles.
De plus, ces mêmes jeunes, enfants d'une culture « scientiste » dominée par la technologie et son univers de possibilités, qui font partie d'une génération hyper connectée, sentent « le besoin de figures de référence proches, crédibles, cohérentes et honnêtes, ainsi que de lieux et d’occasions où ils puissent mettre à l’épreuve leur capacité de relation avec les autres (autant avec les adultes qu’avec les jeunes de leur âge) et affronter les dynamiques affectives. Ils cherchent des personnes capables d’exprimer une certaine harmonie et de leur offrir un soutien, un encouragement et une aide pour reconnaître leurs limites, sans faire peser de jugement. »5
Et parfois, des conversations informelles peuvent être la porte qui s’ouvre pour un cheminement plus profond, un chemin de croissance… C’est ce qui est arrivé lors de la rencontre de Jésus avec la femme qui allait tout simplement puiser de l’eau au puits.
Sans prétendre suggérer des techniques de l'écoute, je désire cependant souligner que, si l’on veut cultiver les attitudes les plus appropriées pour une écoute authentique, il nous faut être bien attentifs aux points suivants :
Ne pas être impatients de prendre la parole, mais laisser parler l'autre.
Veiller à ne pas interrompre la conversation à tout bout de champ.
Ne pas réagir impulsivement à un désaccord.
Prêter beaucoup d'attention à la personne que l'on écoute.
Se souvenir du besoin que nous avons tous d'être écoutés.
Il sera très important également durant ces moments d’écoute :
De donner à la personne l'opportunité de pouvoir exprimer tout ce qu'elle porte en elle et qui parfois lui pèse et l’oppresse.
De poser des questions pertinentes, en en évitant d'autres qui pourraient engendrer de la méfiance ou une attitude d’opposition.
D'accepter volontiers les temps de silence, en laissant le temps nécessaire sans le remplir continuellement de conseils et de questions superflues car, en réalité, ces temps de silence peuvent mettre tranquillement à l’aise et permettre de réfléchir sur ce que l’on est en train d'écouter.
De faire en sorte que puissent être « reconnus les sentiments » qui constituent une partie très importante de toute communication.
D'éviter de trop parler et de fournir des solutions immédiates. N’oublions pas que dans les choses importantes, il y a besoin de temps, de suivre un processus.
Je conclus cette section consacrée à l’écoute en me reportant à Don Bosco. Il ne fait aucun doute que le langage que nous utilisons aujourd'hui pour parler d'écoute (de discernement et d'accompagnement) présente des différences substantielles eu égard au contexte culturel de Don Bosco. Je trouve cependant très beau le témoignage suivant qui nous fait comprendre comment ses jeunes et d’autres personnes se sentaient accueillis et écoutés par lui :
« Malgré ses nombreuses et lourdes occupations, (Don Bosco) était toujours prêt à accueillir dans sa chambre, avec un cœur de père, les jeunes gens qui lui demandaient une audience particulière. Mieux encore, il voulait que les jeunes le traitent avec une grande familiarité, et il ne se plaignait jamais de leur indiscrétion qui aurait pu parfois l’importuner ... Il laissait à chacun pleine liberté pour poser des questions, exposer des situations pénibles, se défendre, présenter des excuses… Il les recevait avec le même respect qu’il manifestait aux personnages importants. Il les invitait à s'asseoir sur le divan, tandis que lui-même restait à sa table de travail ; et il les écoutait avec la plus grande attention, comme si tout ce qu'ils disaient était très important. »6
II. UNE RENCONTRE QUI POUSSE LA PERSONNE EN AVANT : « Discerner »
Continuant la lecture du texte de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine, qui nous conduit sur ce chemin de l'écoute, du discernement et de l'accompagnement, nous lisons ce qui suit :
« Jésus lui répondit : " Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive."
Elle lui dit : " Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ?" (…)
Jésus lui répondit : " Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif.”(…)
La femme lui dit : " Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif". » (Jn 4,10-11.13-15)
* Jésus, en bon connaisseur du cœur humain, emploie toutes les ressources de la parole, de la conversation et des gestes pour rencontrer les personnes.
Il questionne, dialogue, explique, raconte, prête attention au point de vue de son interlocuteur, suggère, affirme, provoque des réactions.
Jésus laisse entendre à la Samaritaine anonyme qu'Il comprend sa situation plus qu'elle ne pourrait l'imaginer, et qu'Il devine la douleur et la souffrance qu'elle a dû endurer, d'une façon ou d'une autre.
Il met la femme face à sa situation réelle et à ses réponses évasives, y compris sa vérité la plus intime, comme lorsqu’elle dit : « Je n’ai pas de mari. »
Et, en même temps, il lui fait sentir une empathie compatissante.
Jésus ne considère pas le dialogue terminé ni ne bat en retraite devant les premières réticences.
Le dialogue aide à résoudre les équivoques, à se découvrir dans l’authenticité ; les réponses énigmatiques et provocatrices rapprochent peu à peu la femme qui se sent surprise, se confie, et en arrive à désirer vraiment ce qui pourrait améliorer sa vie.
* Jésus, qui cherche le bien de l’autre, crée une relation personnelle au lieu de porter un jugement moral de désapprobation ou de reproche.
Au lieu d’accuser, il dialogue et propose.
Son langage, ses paroles s’adressent au cœur de ceux à qui il parle.
Dans le dialogue avec la femme de Samarie, il progresse calmement, sans la hâte de se présenter comme quelqu’un qui peut lui changer la vie, éveillant peu à peu en elle l’intérêt d’accéder à une source d’eau qui promet une vie spéciale, différente, meilleure.
* Jésus, comme expert en Humanité, se montre attentif et plein d’intérêt pour le monde intérieur de ses interlocuteurs : il lit dans leurs cœurs, les scrute et sait les interpréter.
La foi et la vocation à la joie de l’amour
Aujourd'hui encore, comme ce fut le cas avec la Samaritaine, le Seigneur fascine de très nombreux jeunes, et cette fascination se trouve en rapport étroit avec la foi et avec l'appel que Dieu lance à chacun de ses enfants, à vivre la vie comme vocation à la joie de l'amour.
La foi conduit les jeunes à se sentir conquis par la façon de voir, d'accueillir, d'entrer en relation et de vivre de Jésus ; et cela élargit les horizons de leur vie. Comme a l’habitude de dire le Pape François, la foi « n’est pas un refuge pour ceux qui sont sans courage ».7
Et pour nous qui puisons dans les eaux du torrent qui coule du charisme salésien suscité par l'Esprit Saint en Don Bosco, cette proposition de foi, comme point de départ de tout discernement ultérieur, se fonde sur la seule certitude que nous croyons réellement que Dieu nous aime et qu’« il aime les jeunes… Nous croyons que Jésus, le Seigneur, veut partager "sa vie" avec les jeunes… Nous croyons que l’Esprit est présent dans les jeunes et que par eux, il veut bâtir une communauté humaine et chrétienne plus authentique. »8
La lumière de la foi qui, peu à peu et selon des processus bien définis, mûrira dans la vie des jeunes qui « se laissent toucher par Dieu », leur permettra de prendre « progressivement conscience du projet d'amour passionné que Dieu a pour chacun » ;9 et ils découvriront ainsi que « la vocation à la joie de l’amour est l’appel fondamental que Dieu place dans le cœur de chaque jeune pour que son existence puisse porter du fruit ».10
Ce chemin requiert une attitude d'ouverture à la voix de l'Esprit, en dialogue avec la Parole de Dieu, dans l'espace le plus intime et le plus sacré que connaît la personne humaine : la conscience.
Nous devons bien avoir à l’esprit, dans une vision éducative et pastorale, que les jeunes, les époux dans leur vie conjugale, ou les familles elles-mêmes parviennent à parcourir ce chemin, poussés bien souvent par une soif de recherche qui prend son origine dans certaines situations vitales.
Des situations qui amènent la personne, le jeune, le couple ou un autre membre de la famille à faire l’expérience de la nécessité de donner un sens profond à sa vie, même dans une perspective de foi. Cela advient quelquefois parce que l’on traverse des situations où l’on se rend compte viscéralement que quelque chose ne marche pas bien.
Des moments où l’on ne se sent pas bien, où l’on ne vit pas en une harmonie intérieure et où l’on ne trouve pas beaucoup de sens à ce que l’on vit, soit dans le « nous » du mariage soit dans la famille. La situation peut se manifester dans la pratique en un « vide existentiel » qui engendre souvent désorientation personnelle, malaise et manque d’espérance.
Tenir compte, en plus, du fait que dans certaines sociétés, nous vivons – et nous sommes contraints de vivre – en soignant les apparences, comme si nous étions dans une vitrine où l'on « vendrait » l’idée qu’il n’y a pas de place pour les limites ou les défauts, et sans avoir le droit de vieillir ni de compter les années car « c'est de mauvais goût ». Plus que jamais, sans doute, se fait sentir le besoin d'une éducation et d'un parcours personnel et communautaire, d’une écoute et d’un dialogue qui aident à approfondir et à intérioriser sa vie.
Le don du discernement
Ce qui a été dit jusqu’ici, et plus encore, justifie l’intention de l’Église de réaffirmer, à travers le parcours de ce Synode, « son désir de rencontrer, d’accompagner, de se préoccuper de chaque jeune, sans en exclure aucun » et de ne pas « les abandonner aux solitudes et aux exclusions auxquelles le monde les expose. »11 Cela nous permet de souligner à quel point est important, en même temps que l'écoute, le don du discernement. Un discernement qui, dans la tradition de l'Église, a été appliqué en bon nombre de situations : soit en discernant les signes des temps, soit en discernant la manière de se comporter moralement, ou en réalisant un discernement spirituel quand il s'agit de vivre une vie pleinement chrétienne, ou encore quand il s'agit de sa propre vocation ou d'un choix de vie.
Dans tous les cas, le dialogue avec le Seigneur et l'écoute de la voix de l'Esprit sont toujours essentiels car, comme souligné précédemment, nous devons bien avoir conscience que « l’on ne peut pas ne pas tenir compte de ce que la personne de Jésus et la Bonne Nouvelle qu’il a proclamée continuent de fasciner de nombreux jeunes. »12
Dans quel but suggérer ou favoriser des parcours de discernement pour toutes les personnes qui se laissent librement interpeller ou toucher par Dieu ? Simplement parce que nous reconnaissons que l'Esprit Saint parle et agit en chaque personne, à travers les événements de son existence et de celle des autres. Il parle aussi à travers de multiples médiations, mais les faits vécus, les expériences, les événements peuvent être en eux-mêmes muets ou ambigus car ils sont toujours sujets à des interprétations très différentes et subjectives. Les éclairer avec la bonne méthode sera un des fruits du chemin de discernement.
Dans Evangelii Gaudium 51, le Pape François nous propose trois clefs pour tout discernement, y compris l'étude des signes des temps, comme l’indiquait déjà le Pape Paul VI.13 Ces trois clefs ou critères sont : reconnaître, interpréter et choisir.
- RECONNAÎTRE,14 à la lumière de ce qu’inspire l’Esprit :
Pour y voir plus clair dans les moments de hauts et de bas dans la vie, et dans les périodes de véritable lutte intérieure.
Pour faire émerger toute la richesse émotive d’une personne et mettre un nom sur ce que l’on ressent et expérimente en soi-même.
Pour saisir le « goût » que l’on éprouve en se sentant en accord ou en désaccord entre ce que l’on expérimente et ce qu’il y a de plus profond en soi-même.
Tout cela, éclairé par la Parole de Dieu que l’on doit méditer, en situant au centre la capacité d’écoute et l’affectivité même de la personne, sans craindre même le silence,
Assumant l’ensemble comme faisant partie du cheminement de maturation personnelle.
- INTERPRÉTER15
Comprendre ce à quoi appelle l’Esprit de Dieu à travers ce qu’il suscite en chacun de nous.
Interpréter et s’interpréter est une tâche très délicate, qui réclame de la patience, de la vigilance et aussi un certain apprentissage. Il faut être conscient qu’il existe des conditionnements sociaux et psychologiques.
Il faudra affronter la réalité et, en même temps, ne pas se contenter du minimum, ne pas tendre seulement à la facilité, être conscient de ses propres dons et de ses propres capacités.
Cette tâche d’interprétation ne pourra évidemment se réaliser chez un croyant, un chrétien qu’à certaines conditions :
Avoir un vrai dialogue avec le Seigneur (comme le dialogue qu’a eu la femme de Samarie avec Jésus).
Activer toutes les capacités de la personne, faisant en sorte que rien ne soit indifférent de ce qui arrive, de ce qui se vit (comme la résonance qu’a eue dans le cœur de cette femme son dialogue avec Jésus).
Se laisser aider par une personne expérimentée dans l’écoute de l’Esprit (comme dans ce passage d’Évangile où c’était Jésus lui-même qui menait la discussion).
- CHOISIR16
On parvient ainsi à des moments où la personne, le jeune, les époux, la famille – si le discernement se fait dans le contexte familial – doivent prendre des décisions en faisant un exercice d'authentique liberté et de responsabilité personnelle ou communautaire, selon les cas.
La Samaritaine a eu à choisir intérieurement entre ignorer Jésus et continuer sa vie comme si rien ne s’était passé dans cette rencontre, ou bien décider de se laisser surprendre par Lui et s’impliquer au point d’appeler ses concitoyens et leur dire son intense émotion du fait que cet homme avait atteint la profondeur de son monde intérieur.
Le choix que l’on fait dans le discernement et à la lumière de l’Esprit, procure bien souvent une grande liberté aux personnes, en même temps qu’il exige de leur part une vie cohérente.
On peut donc affirmer que permettre aux personnes, et tout particulièrement aux jeunes, de faire des choix de vie qui soient vraiment libres et responsables, constitue le point d’arrivée de tout processus sérieux de discernement sur le chemin de la foi et de la croissance personnelle (et de toute pastorale des vocations que l'on puisse imaginer).
Le discernement, nous dit le Pape François, « est l’instrument roi, qui permet de sauvegarder l’espace inviolable de la conscience,17 sans prétendre se substituer à elle »,18 suivant l’exemple de Jésus qui, dans le dialogue avec la femme Samaritaine, l’accompagne sur le chemin de la vérité et de l’intériorité de sa propre vie.
III.- UNE RENCONTRE QUI TRANSFORME LA VIE : « Accompagner »
« À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : " Que cherches-tu ? " ou bien : " Pourquoi parles-tu avec elle ? ".
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : " Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? ". Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui. (…) Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : " Il m’a dit tout ce que j’ai fait. "
Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : " Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde". » (Jn 4,27-29 ; 39-42).
La Samaritaine est entrée sur la scène de l’Évangile comme « une femme de Samarie » et en sort en « connaissant la source d’eau vive » au point d’éprouver le besoin de courir annoncer à ses compatriotes ce qui lui est arrivé ; par son témoignage, elle permet à de nombreuses personnes de s’approcher de Jésus.
Abandonnant sa cruche, la femme court au village pour parler de cet homme aux habitants. Et elle leur posera même une question importante : cet homme ne serait-il pas celui qu'Israël attend depuis si longtemps ?
En même temps, comme on peut le déduire du contexte, Jésus fait comprendre à ses disciples qu'il fait la volonté du Père, cette volonté qui est la Vie de sa vie, et une Vie qu'il désire transmettre aux autres.
Jésus offre à ceux qu'il rencontre – en l'occurrence ici la Samaritaine – non pas tant une extension de leurs connaissances et de leur savoir, qu'une proposition de grandir ou de changer de vie. Le « puits de Jacob » lui-même, symbole de la sagesse qui vient de la Loi, perd sa validité et se trouve remplacé par « l'eau vive ».
L'image de Dieu qui est transmise dans la rencontre avec Jésus n'est pas celle d’un dieu impassible, lointain, philosophiquement froid : Jésus, au contraire, révèle le Dieu qui donne la Vie, que l'on peut appeler Père et qui ne se laisse ni enfermer, ni contrôler ni posséder, parce qu'il est Esprit (culte en Esprit et en Vérité).
La fin de la rencontre va bien au-delà de ce qui serait un comportement normal, à savoir que la femme s’en retourne avec sa cruche remplie d'eau à sa vie habituelle ; au contraire, la cruche que la femme abandonne vide pour aller appeler les siens nous parle d’un gain et non d’une perte.
Comme Jésus qui accompagne
Il y a beaucoup de récits bibliques qui sont, avant tout, des histoires de Dieu accompagnant son peuple au fil du temps.
À la charnière des deux Testaments, Jean-Baptiste apparaît comme le premier accompagnateur spirituel des Évangiles ; avant Jésus lui-même, Jean a pu témoigner et préparer le chemin parce que Dieu lui avait parlé au cœur.
Et dans de nombreux passages du Nouveau Testament, Jésus lui-même se fait « prochain » et compagnon de route pour se communiquer et pour rencontrer les gens de son époque d'une manière personnelle.
La rencontre du Seigneur avec la Samaritaine révèle à l’évidence que l'Esprit de Dieu peut agir dans le cœur de chaque homme et de chaque femme, ce cœur humain qui, à cause de notre fragilité et de notre péché, se sent bien souvent confus et divisé en raison de l'attrait de sollicitations diverses et parfois opposées.19
Face à cette réalité humaine, l'accompagnement personnel apparaît comme un moyen précieux de la tradition spirituelle chrétienne pour aider les croyants à disposer d'outils et de ressources qui leur permettent de reconnaître la présence du Seigneur, ses interpellations et ses appels.
Comment peut-on définir l'accompagnement ? Par exemple, « comme une forme de dialogue permanent entre compagnons pour accueillir la Vie, en accompagnant la vie »,20 et qui a comme dernière finalité de favoriser la relation entre la personne et le Seigneur, en l’aidant à surmonter d’éventuels obstacles.
À l’instar de ce qu’a fait Jésus en chaque rencontre avec les personnes de son époque, il faut nécessairement en chaque expérience d’accompagnement :
Un regard d’une profonde affection comme celui de Jésus lors de l’appel des Douze (Jn 1,35-51).
Une parole autorisée comme celle prononcée par Jésus dans la synagogue de Capharnaüm (Lc 4,32).
La capacité de se faire « prochain », comme Jésus dans sa rencontre avec la femme Samaritaine (Jn 4, 3-34.39-42).
Choisir de marcher aux côtés des personnes, de se faire compagnon de route, comme Jésus avec les disciples d’Emmaüs (Lc 24,13-35).
Pour nous, accompagner les adolescents et les jeunes, leurs familles et les adultes en général, comportera de :
Connaître le chemin qu’ils entreprennent, où ils en sont et vers où ils se dirigent pour que l’on puisse parcourir ensemble ce chemin.
Être sûr que la rencontre advienne comme une opportunité de relation humaine et humanisante et non pas utilitariste. Nous savons bien l'importance de la rencontre dans notre pédagogie salésienne qui situe au centre la personne du jeune et toute autre personne, avec des relations personnelles basées sur la connaissance mutuelle, sur l'intérêt qui cherche le bien de l'autre, sur la compréhension, sur l'empathie, sur la confiance. Et nous savons aussi que Don Bosco a été sur ce point un maître exceptionnel, incomparable.
Demeurer dans une attitude d’écoute (apparaît de nouveau ici l’art de savoir écouter comme fondement de l’accompagnement !) qui permette de connaître et de comprendre la réalité de l’autre personne, le chemin qu’elle est en train de parcourir, sa situation présente de souffrance, de désespoir, de fatigue ou de recherche, ainsi que les rêves, les désirs et les idéaux qu’elle porte dans son cœur.
Se souvenir qu’il s’agit toujours d’une rencontre de médiation car le véritable Accompagnateur est l’Esprit Saint. Le mystique saint Jean de la Croix l’exprime avec force quand il écrit : « Ceux qui guident les âmes se souviendront qu'ils ne sont pas les principaux agents en cette affaire mais l’Esprit Saint qui ne manque jamais de veiller sur elles. »21 Et l'on ne sera jamais trop convaincu que le Compagnon de route de notre action éducative, pastorale et évangélisatrice est le Saint-Esprit.
Ne pas oublier que l’accompagnateur-compagnon de route doit être témoin et annonciateur de l’action de l’Esprit en la personne qui est accompagnée, mais discrètement, à ses côtés, n’occupant que la place qui lui revient, sans plus. En vérité, l’éducateur et l’évangélisateur se forment comme accompagnateurs spirituels dans l’expérience fondatrice de l’avoir d’abord rencontré, Lui. Cela est clair, explicite et radical, puisque « le véritable éducateur de la foi est celui qui, à un certain moment, doit s’effacer pour céder la place à Dieu »,22 permettant ainsi, comme fruit et résultat de son accompagnement, que se réalise un lien véritable ou une rencontre du jeune, de la personne accompagnée, avec Dieu.
Découvrir comment Dieu se manifeste dans ce que nous vivons jusqu’à nous surprendre d’être rencontrés par Lui.
Avoir conscience que l’initiative viendra toujours de Dieu tandis que la responsabilité et la liberté seront nôtres.
Don Bosco, éducateur et guide spirituel de ses jeunes23
Parler de Don Bosco comme éducateur signifie mettre en évidence et être conscient du rapport strict existant entre sa mission éducative et l’accompagnement spirituel des jeunes, et du sens que cela revêt pour leur formation.
Pour le dire en résumé et souligner seulement ce qui est essentiel, je mettrai en relief quelques éléments que je considère d’une grande valeur.
Don Bosco est un évangélisateur-éducateur qui se préoccupe, avec beaucoup d’intuition, de créer un milieu éducatif attrayant, riche de propositions éducatives et de rapports humains ; Don Bosco ne renonce jamais à faire, progressivement, des pas concrets dans la formation chrétienne de ses jeunes.
Don Bosco est pour nous le génial accompagnateur de ses jeunes gens, car il ne se limite pas au dialogue personnel ou à la célébration du sacrement de la réconciliation (appelé à cette époque seulement confession), mais il voit tout par rapport et en lien avec les autres éléments de l’action éducative et avec la vie quotidienne dans ses différents moments.
Dans le style de Don Bosco, l’accompagnant et l’accompagné ne se limitent pas à se rencontrer selon un agenda ponctuel, au jour et à l’heure fixés, mais ils partagent quotidiennement les lieux et les moments de récréation, les temps de travail, de prière, de détente joyeuse.
On est en droit de penser que pouvaient alors naître facilement la connaissance mutuelle, la confiance et même l’amitié ; cela favorisait la confidence et la disponibilité à se laisser guider.
En Don Bosco, la paternité spirituelle est la conséquence et le fruit mûr de la paternité éducative que ses garçons vivent avec lui au quotidien. Cette paternité, nous la trouvons magnifiquement décrite dans les expressions suivantes : « Pour chaque jeune, le Don Bosco confesseur et directeur spirituel est celui qui l’a accueilli avec affection, qui le soutient, l’instruit et l’éduque, le stimule à donner le meilleur de lui-même dans la communauté et dans le travail quotidien. À ses côtés, se trouvent des assistants, des formateurs et de jeunes amis avec qui l’on peut partager la même ligne éthique, les mêmes valeurs spirituelles, dans un dialogue stimulant et fécond. »24 En définitive, la tonalité affective et la création d’un climat de confiance et de sympathie sont pour Don Bosco des conditions fondamentales de sa méthode éducative.
Don Bosco est toujours et à tout moment l’éducateur qui ne se contente pas d’offrir à ses garçons nourriture, santé et instruction. Son engagement éducatif est toujours orienté vers l’éducation chrétienne de ses garçons. C’est pour cette raison que nous pouvons affirmer que « l’accompagnement spirituel en vue de la perfection chrétienne fait essentiellement et nécessairement partie de la pédagogie salésienne. »25
Il est très éclairant de savoir qu’en accompagnant ses jeunes, Don Bosco n’établissait avec aucun d’eux le même rapport et le même lien, mais il le faisait avec « des tonalités et des degrés différents ». Il n’agissait pas de la même manière avec les jeunes qu’il rencontrait à l’oratoire seulement le soir des dimanches et jours de fête et en confession, et avec ceux qui vivaient jour et nuit au Valdocco et, parmi ceux-ci, ceux qui manifestaient des signes sensibles et des dispositions pour la vocation.
Une caractéristique qui doit « être la nôtre à bien des égards », parce qu’elle a été celle de Don Bosco, est d’avancer toujours progressivement vers la création d’une communauté de vie où les rencontres cordiales, la présence continuelle, la proximité empathique des éducateurs (typique de l’assistance salésienne), suscitant confiance et amitié, sont la caractéristique habituelle d’une communauté d’adolescents, de jeunes et d’adultes.
L’objectif vers lequel on tendait toujours, dans la mesure du possible, était « la conquête du cœur ». C’est merveilleux, lorsqu’on pense à ce que cela peut signifier chez un vrai évangélisateur et éducateur !
Nous savons aussi que pour Don Bosco, la qualité du milieu éducatif, que l’on devait proposer et construire avec les jeunes au Valdocco, constituait l’accompagnement le plus efficace pour chacun, quel qu’ait été le contexte de la rencontre.
Dans son action éducative, Don Bosco cherche à comprendre les jeunes, à se rendre compte de leurs besoins et de leurs désirs de jeunes : ainsi, dans cette relation éducative, le jeune se sent-il compris, accueilli, soutenu et aimé.
La confiance des jeunes en leur ami, éducateur et père, leur faisait lui ouvrir leur cœur et accepter de parcourir avec lui des routes qui leur permettaient de découvrir des choses nouvelles et attrayantes.
Un exemple très important, et en même temps éclairant, est celui de la résistance initiale du jeune Michel Magon – aux dires de Don Bosco lui-même – que rien n’intéresse sauf chanter, crier, courir et sauter,26 jusqu’à ce qu’il parvienne à une « crise » qui le bouleverse, et à un changement profond grâce à la conversion du cœur27 qui lui permet de faire l’expérience d’une grande joie et d’un chemin spirituel inattendu.
Pour tout cela, nous affirmons que « Don Bosco est un modèle : il tend à identifier en lui-même l’éducateur, le confesseur et le directeur spirituel ; il insiste sur l’accueil affectueux, sur la bonté, sur la magnanimité et le souci des détails, sur l’intensité de l’affection manifestée, de manière que les jeunes s’ouvrent en toute confiance et collaborent à l’action formative dans une obéissance prompte et cordiale. » 28
Tout cela se réalise à travers une pédagogie de processus bien connue dans la tradition spirituelle. « La vie chrétienne se vit d’une manière progressive, selon différents degrés de profondeur et de plénitude, et elle demeure constamment ouverte à une croissance toujours plus grande.»29
- Selon des processus qui ne doivent être forcés ni du dedans ni du dehors.
- Jusqu’à prendre conscience du processus et à se l’approprier, vu que c’est l’Esprit qui le produit en chacun de nous.
IV. EN VUE DE QUELLE ACTION PASTORALE ?
Un discernement vocationnel comme le suggère le Pape François
Je crois que tout ce que nous avons dit jusqu'à présent offre des suggestions et des orientations pastorales avec lesquelles nous devons nous mesurer. Et le fait que le Document de préparation pour le Synode des Évêques lui-même invite à l'action pastorale me permet de suggérer quelques points d'attention. Le texte même que je viens de mentionner invite à « bien définir ce que comporte le fait de prendre au sérieux le défi de la pastorale et du discernement des vocations ».30 Prendre au sérieux ces défis avec un regard salésien pourrait se traduire dans les considérations suivantes :
1. Avoir conscience que ce temps-ci est le temps favorable et que nous devons continuer à marcher avec les garçons et les filles, avec les jeunes et leurs familles, avec les papas et les mamans qui ont besoin de ces chemins et qui acceptent de les parcourir en compagnie au lieu de les parcourir dans une solitude difficile où ils ne se sentiront jamais à l’aise.
Le P. Vecchi l’écrivait déjà, il y a plusieurs années, dans sa lettre « Voici le temps favorable ».31 Le Pape François l'a commenté, en d'autres temps, dans son Exhortation Apostolique et dans ce même Document Préparatoire au Synode. Beaucoup d'entre nous le savent aussi de par leur expérience éducative et pastorale, et je l'ai moi-même exprimé avec une forte conviction en donnant les raisons de cette Étrenne. Le Père Vecchi écrivait ceci : « Les conversations individuelles avec les jeunes ont révélé combien l'idée de suivre le Christ d'une manière radicale apparaît dans leur âme. Mais souvent cette idée ne les trouve pas préparés pour une réponse ; et, selon d'autres commentaires passés, elle les trouve incertains face aux possibilités réelles de trouver des espaces, à la mesure de leurs attentes, où exprimer une telle vocation pour toute leur vie. »32
2. Cultiver à tout moment une culture vocationnelle, même dans des contextes culturels qui peuvent nous sembler difficiles. Cette expression a été utilisée pour la première fois par le Pape Jean-Paul II dans son message pour la XXXème Journée Mondiale des Vocations (1993).
En tant qu'éducatrices, éducateurs et évangélisateurs, nous nous proposons d'aider les jeunes à affronter la vie, le présent et l'avenir, avec une profonde connaissance de soi et une attitude de disponibilité et de générosité dans l'écoute de la voix de Dieu en chacun, en les accompagnant sur leur chemin vers un projet de vie personnel et consistant.
Cela n’en concernera pas seulement certains, comme s'il s'agissait d'une élite, mais c'est une invitation et un appel de Dieu lui-même pour le cheminement de toute personne vers son plein développement.
Nous souhaitons que les jeunes puissent découvrir une façon de vivre et de rêver leur vie où mûrissent des valeurs telles que la gratuité et le don de soi, l'ouverture aux autres et l'ouverture à Dieu. Nous voulons aider ces jeunes, et chaque personne qui se trouve en chemin, à découvrir que la vie peut être comprise comme un don et une tâche à accomplir,33 et que cela les rendra heureux. Découvrir que, face aux tendances culturelles dominantes qui véhiculent des messages selon lesquels la seule chose importante est son propre « ego », une alternative significative consiste à comprendre la vie comme un don, selon un projet de vie que chacun ressentirait « fait sur mesure et selon ses possibilités propres », et où chacun se sentirait heureux, comme réponse au sens de sa vie dans la perspective de Dieu et des autres.
Nous voulons cela pour tous les jeunes, toujours avec un très grand respect pour leur personne, et en sollicitant leur liberté tout en marchant ensemble.
3. Favoriser la création d’un climat spirituel intense qui puisse être d'un grand secours pour une relation personnelle avec Jésus. Mes visites sur les cinq continents renforcent toujours plus ma conviction que dans le monde, la grande majorité de « nos » jeunes, ceux que nous rencontrons tous les jours, se montrent ouverts si nous leur présentons et leur témoignons le Dieu qui habite en nous, qui habite notre personne, et si nous leur témoignons que c’est en son nom que nous vivons pour eux.
Je crois sincèrement que si les « résultats » de notre action pastorale manquent parfois, cela peut être dû au fait que nous-mêmes n'avons pas le courage d'être plus résolus dans nos propositions. Peut-être par peur d'essuyer un refus, choisissons-nous de rester dans une « attitude timide » avec des propositions qui ne dérangent personne.
Je suis de plus en plus convaincu que nos jeunes, dans le monde entier, ont soif de spiritualité, soif de transcendance, soif de Dieu, même si parfois ils ne savent pas comment l'exprimer et comment nous demander une réponse. Avec Don Bosco, les jeunes apprenaient à ressentir et à vivre, presque spontanément, que Dieu les aimait et qu'il avait pour chacun d'eux un projet de bonheur et de vie remplie.
Le projet de Dieu pour chacun de ses fils et chacune de ses filles n'a pas changé. Il demeure toujours le même. Ce climat spirituel est donc plus nécessaire que jamais et on doit le cultiver à travers une relation personnelle avec Dieu et avec les frères, le nourrir dans la prière partagée avec les jeunes, dans la célébration de la foi à travers les sacrements.
On le nourrit avec l'écoute, dans le silence accueillant de la Parole, dans le dialogue et le partage de celle-ci. Et on le nourrit dans la dévotion mariale, avec un fort sentiment et une expérience d'amour envers notre Mère, Marie Auxiliatrice.
4. Offrir cette opportunité à tous les jeunes et à tous ceux et celles qui en font la demande, sans exclure personne, puisque l'Esprit Saint est à l'œuvre en chacun.
Nous croyons que la vocation de chaque personne est l’initiative de Dieu. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis » (Jn 1,16). Puisque la vocation de chaque personne est un appel et un don reçu, personne ne peut l'inspirer ou la faire naître sinon Dieu Lui-même. Nous devons cependant l'accompagner sur un chemin à travers lequel la foi devient aussi personnelle que possible ; un chemin où l'on grandit dans sa vie intérieure et dans la rencontre avec le Seigneur Jésus.
L'appel que Jésus adresse au jeune homme riche et la réponse de celui-ci nous font comprendre qu'il ne suffit pas d’être enthousiaste et honnête pour répondre affirmativement à l'appel de Dieu : pour répondre à cet appel, la dimension éthique et morale de la personne a besoin, en premier lieu, de la dimension spirituelle et de la foi.
Si l’on vit cette dimension, les jeunes pourront ressentir cet appel comme un projet de vie et un rêve de Dieu pour chacun d'entre eux ; et il sera possible d'accompagner toutes sortes de parcours vocationnels : pour la vie chrétienne ordinaire, pour la vie religieuse, pour le ministère presbytéral, pour la vie laïcale consacrée ...
5. Proposer une spiritualité qui favorise une vision unifiée de la vie. C'est un trait qui devrait être inné à notre spiritualité salésienne de « l'union avec Dieu » que nous avons reçue de Don Bosco comme patrimoine spirituel.
Nous parlons d'une spiritualité où s'unissent étroitement le Dieu qui se donne gratuitement, la rencontre personnelle avec le Christ et la liberté avec laquelle chaque personne répond dans la foi à l'Esprit qui agit en chacun.
Don Bosco, grand maître spirituel pour les jeunes, a vécu avec eux une spiritualité avant tout éducative, et qui les aidait à vivre tout naturellement un cheminement les conduisant à une maturité spirituelle pour laquelle « la présence de Dieu devient aussi "naturelle" que respirer, dormir ou penser. C'est un dynamisme qui ne vise pas seulement l'aspect "religieux" mais qui concerne toute la vie.»34
6. Témoigner de la joie dont on vit
Les jeunes qui rêvent de vivre leur vie chrétienne d'une manière authentique, et qui se demandent ce que Dieu attend d'eux, veulent voir notre enthousiasme et en faire aussi l'expérience personnelle.
« Votre joie, personne ne vous l’enlèvera », dit le Seigneur (Jn 16,22). C'est possible quand nous-mêmes, les jeunes, les adultes, les papas et les mamans qui sont en recherche, avons expérimenté la rencontre du Seigneur avec nous. Et cette expérience doit se traduire dans la joie de vivre, dans l'optimisme avec lequel nous abordons chaque journée, dans le courage serein avec lequel nous affrontons les problèmes et les moments difficiles. Il n'y a rien de plus éloigné du Dieu qui comble une vie qu'une existence marquée par la déception, sans enthousiasme, démotivée. C'est la raison pour laquelle j'ai montré à plusieurs reprises dans ces pages qu'en accompagnant les autres dans le discernement de la vie et de la vocation, nous devons être des points de référence significatifs et crédibles ; sinon, on finira par remplir une fonction qui ne laisse aucune trace durable, et qui en vaille la peine, dans la vie des gens.
7. Dans la logique du « Venez et vous verrez »35
Il est clair que les jeunes des cinq continents à qui je me suis référé, fascinés par le Christ, suivront les routes qui les attirent. Comme le déclare le P. Vecchi dans le texte déjà cité, les jeunes ne seront fascinés ni par nos œuvres, ni par nos organisations, ni par nos structures ni même par notre travail. Tout au plus pourront-ils dédier un peu de temps, quelques années peut-être, à l’animation et au service, mais s’ils n’arrivent pas à découvrir la profondeur et la fascination que suscite Jésus-Christ, tôt ou tard ils iront chercher autre chose qui les satisfera davantage. La même chose s'applique également aux religieux, aux religieuses et aux jeunes prêtres. Par conséquent, l'expérience de valeurs telles que la fraternité évangélique au nom de Jésus, l'esprit de famille que nous ressentons tellement « nôtre », le climat d'affection familiale, la prière et le témoignage partagé des petites ou grandes choses vécues, constitueront ce qui donne un sens aux recherches personnelles et au «oui» comme réponse à l'appel de Dieu. Il s'agit de ce « plus » qui attire, « ce « plus » qui est inclus dans la prophétie, dans la signification, dans la radicalité ; ou dans ce que l'on peut appeler « l'expérience vécue », d'où surgissent les intuitions et l'envie d'engager sa vie. »36
L'aspect qui manquerait dans la présentation de ce « venez et vous verrez » est celui d'être conscient, pour tout type de discernement vocationnel dans l'Église, que le témoignage silencieux et le silence vocationnel ne suffisent pas pour que la vocation suscitée par Dieu se concrétise. L'invitation personnelle et la proposition de cheminements appropriés pour chacun doivent faire partie du « venez et vous verrez ».
8. Avec un accompagnement de style salésien qui n’est pas seulement individuel ni intimiste mais aussi communautaire.
Dans notre style salésien, lorsque nous parlons d'accompagnement, nous ne faisons pas seulement référence au dialogue individuel, mais à une réalité beaucoup plus large et beaucoup plus riche, qui aide la personne, en particulier le jeune, à intérioriser les valeurs et les expériences vécues. Parmi celles-ci, le service des autres et la solidarité en faveur des plus désavantagés sont d'une grande importance.
Comme c'était déjà le cas avec Don Bosco, l'accompagnement part d'un contexte éducatif où l'intériorisation des propositions et la croissance personnelle et vocationnelle sont encouragées.
En plus des moments de dialogue personnel et systématique, des rencontres brèves et occasionnelles sont décisives dans ce cheminement, des rencontres simples et familières avec d'autres personnes, membres de la communauté chrétienne, du groupe de foi ou des communautés religieuses elles-mêmes.
V. EN COMPAGNIE DE LA SAMARITAINE
La Samaritaine est allée à la rencontre de ses concitoyens pour leur parler de Celui qui l'avait fascinée et aidée à se rencontrer elle-même dans sa plus profonde vérité. Aussi voudrais-je conclure ce commentaire en imaginant qu’elle nous prend nous aussi par la main et :
→ Elle nous conduirait au puits de Jacob, puits de la rencontre avec Jésus qui lui a fait comprendre que Lui ne se rend pas devant nos résistances et notre volonté de rester ancrés dans nos espaces de confort et de sécurité face à l’inconnu, mais qu’il reste proche de nous jusqu’à ce qu’il nous fasse découvrir notre soif la plus profonde.
→ Elle nous inviterait à ne laisser rien ni personne étouffer nos idéaux les plus profonds, l’idéal qui nous a comblés d’enthousiasme au début de notre cheminement vocationnel missionnaire, de la vie conjugale, de la consécration religieuse, du ministère presbytéral ou du laïcat consacré.
→ Elle nous proposerait sûrement de faire tout notre possible pour être toujours ouverts au « don » qui nous vient de Dieu et que nous ne découvrons jamais entièrement ni ne savourons complètement à cause de nos limites.
→ Elle nous convaincrait, à partir de ce qu’elle a vécu elle-même, de l'importance de nous accompagner mutuellement, de nous orienter et de nous soutenir dans la foi.
→ Et elle nous confierait comment elle-même a appris de Jésus à être plus humaine, et peut-être un peu plus « experte en humanité », ce qui constitue pour nous un défi permanent.
Comme Marie, qui a vécu la nouveauté de l'Annonciation, la rencontre avec un Dieu « personnel » qui a frappé si délicatement à la porte de sa liberté, fécondant ce qui n'aurait pas été humainement possible, nous sommes nous aussi invités à nous interroger sur notre foi, sur l'« abandon de nous-mêmes » à Dieu qui est éternelle nouveauté de vie, et à nous laisser conduire par l'Esprit.
Que le Seigneur nous aide à parcourir ce chemin et à aider les jeunes à le parcourir.
Que Marie, notre Mère, nous accorde la grâce d'être une médiation authentique de la Parole du Seigneur qui résonne – même si ce n’est pas toujours d'une manière immédiatement perceptible – dans le cœur de chaque jeune, dans les couples mariés, dans les familles, en tous ceux qui sont en recherche.
Invoquant la médiation de Notre Dame Auxiliatrice auprès de son Fils, la protection de Don Bosco et de tous les membres de notre Famille Salésienne qui sont déjà sur le chemin de la sainteté, je vous salue cordialement et vous souhaite les meilleures choses.
Ángel Fernández Artime, sdb
Recteur Majeur
1 SYNODE DES ÉVÊQUES, XVème ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE, Les Jeunes, la Foi et le Discernement Vocationnel. Document Préparatoire et Questionnaire, Rome 13 janvier 2017, Introduction. (Cité par la suite avec le sigle DP)
2 PAPE FRANÇOIS, Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium (EG), Rome, 24 novembre 2013, n. 171
3 EG 169
4 « En chaque jeune (...) il y a un point accessible au bien, et le premier devoir de l’éducateur est de rechercher ce point, cette corde sensible du cœur pour en tirer parti. » (Cf. MB V, 367 et 266, Cité in CG23 des SDB, Éduquer les jeunes à la Foi, 4 mars-5 mai 1990, n. 151)
5 DP I, 2
6 Memorie Biografiche, VI, 438-439
7 PAPE FRANÇOIS, Lumen Fidei 53
8 Cf. CG23, Éduquer les Jeunes à la Foi, 4 mars-5mai 1990, nº 95
9 DP II, 1
10 Ibidem
11 Ibidem, II, Introduction
12 Ibidem, I, 3, Les jeunes et les choix
13 PAUL VI, Lettre Encyclique Ecclesiam Suam (6 août 1964), 19 : AAS 56 (1964), 632, cité in PAPE FRANÇOIS, Evangelii Gaudium, 51
14 DP II, 2, Le don du discernement, Reconnaître
15 Ibidem, Le don du discernement, Interpréter
16 Ibidem, Le don du discernement, Choisir
17 Ibidem
18 AL 37
19 DP II, 4, L’accompagnement
20 Lola ARRIETA, Aquel que acompaña sale al encuentro y regala preguntas de vida para andar el camino (Apuntes provisionales). Simposio CCEE. Barcelone, 2017, 11
21SAINT JEAN DE LA CROIX, La Vive Flamme d’Amour, 3,46 cité in FABIO ATTARD-MIGUEL ANGELGARCÍA, L'accompagnamento spirituale, Elledici, Turin, 268
22 ROSSANO SALA, Pastorale Giovanile 1, Evangelizzazione e educazione dei giovani, LAS, Rome, p. 391
23 Je vous invite à vous reporter à l'abondante et riche littérature salésienne existante ; je signale en particulier : A.GIRAUDO, Direzione spirituale in San Giovanni Bosco, in F. ATTARD – M.A. GARCÍA (sous la direction de), L’accompagnamento spirituale, Elle Di Ci, Turin 2014, pp. 148-172; P. CHÁVEZ, Lettre du Recteur Majeur, “Venez et vous verrez”. La nécessité d’appeler (Étrenne 2011), o.c. pp. 9-16; J.E. VECCHI, Spiritualità Salesiana, Elle Di Ci, Turin, pp. 22-36, 117-124, 173-174; DICASTÈRE POUR LA PASTORALE SALÉSIENNE DES JEUNES, La Pastorale Salésienne des Jeunes. Cadre de Référence, Rome 2014, 3ème édition, pp. 24-25, 78-103, 114-117 ; E. ALBUQUERQUE (Coord.), Espiritualidad Salesiana. 40 palabras clave, CCS, Madrid, pp. 77-82
24 A. GIRAUDO, o.c., p. 149
25 Ibidem
26 G.BOSCO, Cenno biografico sul giovanetto Magone Michele allievo dell’Oratorio di San Francesco di Sales [Profil biographique du jeune Michel Magon, élève de l’Oratoire Saint François de Sales]. Deuxième édition. Imprimerie de l’Oratoire de Saint François de Sales. Turin 1866, p.15
27 Ibidem 16-24
28 A. GIRAUDO, o.c., p. 160
29 S. DE FIORES, Itinerario espiritual, in S. DE FIORES - T. GOFFI - A. GUERRA (COORD.), Nuevo Diccionario de Espiritualidad, Paulinas, Madrid, 2004, p. 755
30 DP III, L’action pastorale, introduction
31 J.E. VECCHI, Lettre du Recteur Majeur, Voici le temps favorable, ACG 373 (2000), pp. 3-49. Cf aussi P. CHÁVEZ VILLANUEVA, Lettre du Recteur Majeur, Venez et vous verrez (Jn 1,39). La nécessité d’appeler, o.c. pp. 3-47
32 J.E. VECCHI, o.c., p.10
33 Cf. P. CHÁVEZ VILLANUEVA, o.c., pp. 19-20
34 M.A. GARCÍA MORCUENDE, La educación es cosa de corazones [L’éducation est une affaire de cœurs], PPC, Madrid 2017, p. 109
35 Cf. Jn 1,39 et J.E. VECCHI, o.c. pp. 25-26
36 J.E. VECCHI, o.c., p.26