NOUS SOMMES UNE FAMILLE !
Chaque maison,
une école de Vie et d’Amour
ÉTRENNE 2017
PRÉSENTATION. – 1. LE THÈME DE L’ÉTRENNE. – 2. UNE INVITATION À FAIRE UNE LECTURE SEREINE ET OUVERTE DE L’EXHORTATION AMORIS LÆTITIA, LE CŒUR PRÊT AU DIALOGUE ET À LA RENCONTRE. – 3. CHAQUE FOYER, UNE ÉCOLE DE VIE ET D’AMOUR. NOTRE CONTRIBUTION ÉDUCATIVE ET PASTORALE. - 3.1 La famille, option du Dieu incarné. - 3.2 Don Bosco, en famille mais sans un père. - 3.3 Proches pour aider à construire et restaurer. - 3.4 À l’école de Vie et d’Amour qu’est la Famille. – 3.5. Décisive Mission Pastorale Salésienne : ACCOMPAGNER ET GÉNÉRER DES PROCESSUS.
PRÉSENTATION
Le 1er janvier 2006, mon prédécesseur, le P. Pascual Chávez Villanueva, alors Recteur Majeur, faisait connaître l'Étrenne 2006 intitulée « Et Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce » (Lc 2,52).1 C’était une invitation du Recteur Majeur à renouveler notre engagement en faveur de la famille, en accueillant l'invitation du Pape Jean-Paul II pour la défense de la vie par le biais de la famille, à l'occasion également du 150ème anniversaire de la mort de Maman Marguerite, mère de Don Bosco et véritable mère des garçons de l'Oratoire du Valdocco.
Dix ans après, je m’adresse à toute notre Famille Salésienne avec cette Étrenne qui veut concentrer son attention sur les familles des différents contextes où nous œuvrons, et dont le thème est suggéré – comment pourrait-il en être autrement ? – par la priorité que l'Église souhaite donner à une attention pastorale toujours plus grande et plus adaptée envers les familles.
Le Pape François a voulu consacrer deux Synodes à la réflexion sur « La Famille », en continuité avec certains éléments pastoraux qu'il avait déjà indiqués dans l'Exhortation Apostolique « Evangelii Gaudium » [La Joie de l’Évangile], en 2013. Le premier a été le Synode Extraordinaire de 2014, et le second a été le Synode Ordinaire de 2015. Leur a succédé l'Exhortation Apostolique « Amoris Lætitia » [La Joie de l'Amour], signée le 19 Mars 2016.
Je pense que ce temps de l'Église que nous sommes en train de vivre nous demande, en tant que Famille Salésienne de Don Bosco, de donner la priorité, dans l’ensemble du monde salésien, à la pastorale éducative en faveur des familles.
Comme chaque année, l'Étrenne s'adresse à tous et à chacun des membres et des Groupes de la Famille Salésienne, afin que nous prenions une conscience plus vive de notre tâche et de notre devoir envers les familles, et que nous agissions concrètement dans le service et l'accompagnement qu’on attend de nous.
1. LE THÈME DE L’ÉTRENNE
En disant : « Nous sommes une Famille ! Chaque maison, une école de Vie et d'Amour », nous disons d’emblée que tous et chacun d'entre nous avons l'expérience d'être nés dans une famille, avec la beauté et les limites de toute famille, de notre propre famille. Mais en définitive, nous sommes nés dans une famille, et nous sommes marqués par le fait de former une famille, cet espace où l'idéal est que chaque foyer puisse être une école de vie et d'amour, car nous croyons que la famille est la réalité humaine concrète où l'on devrait apprendre l'art de la Vie et de l'Amour.
La famille, toutes les familles du monde – dans leur diversité même – sont constituées par des personnes qui s’aiment, se parlent et communiquent entre elles ; des personnes qui partagent entre elles et se sacrifient les unes pour les autres. La famille est constituée de personnes qui se défendent les unes les autres et défendent la vie de leurs proches.
Nous avons grandi comme des personnes vivant habituellement en famille, respirant la chaleur du foyer, y recevant de nos parents, ou de l'un d'eux, notre nom et la dignité que cela implique. Dans la famille, nous avons connu les premiers émois et goûté l'intimité de « nous sentir à la maison». En famille, nous avons appris à dire merci, à demander pardon et à demander la permission. Certes, nous savons bien que tous les enfants qui viennent au monde ne peuvent pas toujours en faire l’expérience ; mais même dans la diversité des contextes et des cultures, l'on peut admettre, me semble-t-il, que la plupart d'entre nous avons vécu cette réalité dans la famille.
On pourra se demander : Qu'a donc à voir notre fait d'être Famille Salésienne avec ce que l'on vient de dire ? Précisément, il y a qu'avant tout, nous sommes les premiers destinataires de ce message en tant que Famille Salésienne de Don Bosco, une famille qui a un fort sentiment du lien qui nous unit comme famille religieuse. Une famille où, dans la diversité de nos trente-et-un groupes (Congrégations, Instituts de Vie Consacrée, Associations de Vie Apostolique, Associations de Fidèles, etc.), les différentes Constitutions, Statuts et Règlements, présentent l'esprit de famille et le climat de famille comme élément constitutif de notre être, de notre identité, ainsi que la référence explicite à l'action pastorale en famille et avec les familles.
Cela explique notre responsabilité en tant que Famille Salésienne, une responsabilité qui se concrétise en ce que nous ne pouvons pas regarder dans une direction différente de celle où l'Église universelle est fortement impliquée, aujourd'hui sous la direction du Pape François, et qui nous demande de faire une « lecture salésienne » – en tant qu’éducateurs d'enfants, d'adolescents et de jeunes – de la réalité des familles d'aujourd'hui et de proposer notre modeste contribution.
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2. UNE INVITATION À FAIRE UNE LECTURE SEREINE ET OUVERTE DE L’EXHORTATION AMORIS LÆTITIA, LE CŒUR PRÊT AU DIALOGUE ET À LA RENCONTRE
Dès maintenant, je vous invite tous à une lecture sereine et ouverte, le cœur prêt au dialogue et à la rencontre, de ce que dit l’Exhortation Apostolique Amoris Laetitia (AL) pour qu'elle nous aide à découvrir ce que le document nous offre et nous demande. Avec un regard de croyant et un regard d'Église, on se rend compte que l'Exhortation Apostolique constitue un service rendu à l'humanité, et un véritable trésor spirituel et pastoral. Et nous nous y impliquons, conscients d'être « Famille salésienne ».
L'Exhortation du Pape François s’appuie sur le Magistère des derniers Papes Jean-Paul II et Benoît XVI, et des deux Assemblées Synodales de 2014 et 2015, dont les relations finales sont abondamment citées. Elle résume donc la réflexion de l’Église depuis de nombreuses années mais elle introduit en même temps un changement de tonalité, de langage et de perspective, passant d’un plan canonique à un plan plus pastoral. Le Pape lui-même dit que « nous devons être humbles et réalistes, pour reconnaître que, parfois (…) nous avons présenté un idéal théologique du mariage trop abstrait, presque artificiellement construit, loin de la situation concrète et des possibilités effectives des familles réelles. Cette idéalisation excessive, surtout quand nous n’avons pas éveillé la confiance en la Grâce, n’a pas rendu le mariage plus désirable et attractif, bien au contraire ! ».2
INTRODUCTION (AL n° 1-7)
L'Exhortation traite de la joie de l'Amour vécu dans la famille ainsi que de la joie de l'Église devant cette réalité. Elle rassemble, comme déjà dit, les contributions de deux Synodes3 et montre clairement aussi comment la famille est une réalité aux multiples facettes, une réalité vaste et complexe où convergent les aspects religieux, politiques, culturels, économiques et juridiques. Dans ce contexte général, nous sommes tous appelés à prendre soin avec amour de la vie des familles, car elles ne sont pas un problème mais une opportunité. Et nous pouvons dire que, en dépit de la situation de crise que traverse la famille aujourd'hui, les nouvelles générations considèrent encore la famille comme leur espace le plus sûr et qui les accueille sans conditions.
CHAPITRE I. LA FAMILLE À LA LUMIÈRE DELA PAROLE DE DIEU (AL n° 8-30)
La famille apparaît fréquemment dans l'Écriture Sainte, des premières pages au Livre de l'Apocalypse ; et ce qui se dit d’elle parle de générations, d'histoires d'amour, de crises familiales, de violence familiale. « L’idylle exprimée dans le Psaume 1284 ne nie pas une réalité amère marquant toutes les Saintes Écritures. C’est la présence de la douleur, du mal, de la violence qui brise la vie de la famille et son intime communion de vie et d’amour.»5
Au cœur du psaume cité, on présente un couple formé d'un homme et d'une femme avec toute leur histoire d'amour. «Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » (Gn 1,27) Ce couple qui aime et engendre la vie est capable de manifester le Dieu Créateur et Sauveur. Cet amour fécond est signe de la réalité intime de Dieu parce que Dieu, dans son mystère le plus intime, n'est pas solitude mais famille.
L’expérience de la souffrance et du sang dans la famille
La souffrance, le mal et la violence dans la famille sont une réalité présente en elle depuis ses origines, comme le raconte la Sainte Écriture. Dans la première famille, il y a la violence fratricide entre les frères Caïn et Abel ; et des conflits majeurs sont également présents dans la famille d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, de David, de Salomon, de Tobit, de Job ... Dans sa maladie, Job se défoule en parlant ainsi de sa famille :
« Mes frères, Dieu les a éloignés de moi … Mes proches ont disparu, mes intimes m’ont oublié. Les hôtes de ma maison et mes servantes me considèrent comme un inconnu… Mon haleine répugne à ma femme, mon souffle à mes propres enfants… Tous mes confidents m’ont en horreur…» (Job 19,13-19).6
Dans les Évangiles aussi nous trouvons beaucoup de drames familiaux et des situations douloureuses où Jésus fut présent : la maladie de la belle-mère de Pierre, la mort de Lazare, la mort de la fille de Jaïre, le drame de la veuve de Naïm, le manque de vin aux noces de Cana en Galilée... Tout cela aide à comprendre que la famille présentée dans la Bible n'est pas une idée abstraite : elle vit des crises, elle supporte souffrances, tribulations, fragilités, douleurs, cris... On peut dire la même chose des lumières et des ombres qui éclairent ou obscurcissent la réalité de la famille, ainsi que du travail comme moyen de subsistance et facteur de bonheur ou de douleur et d'angoisse.
CHAPITRE II. LA RÉALITÉ ET LES DÉFIS DES FAMILLES (AL n° 31-57)
Dans ce chapitre, le Pape François présente un vaste panorama des problèmes et des défis qui affectent actuellement les familles, mais sans prétendre à une analyse exhaustive de la réalité sociale si complexe qu'est devenue aujourd'hui la famille. Dans un contexte de grands changements culturels, structurels et de style de vie qui affectent profondément la famille, le Pape détermine les situations suivantes :
L'individualisme, les tensions internes, le stress, la diminution du nombre de mariages, la cohabitation sans implications juridiques ;
La solitude, le narcissisme, la sexualité vécue comme un commerce, la commercialisation du corps, les séparations, le divorce, la baisse démographique, la mentalité antinataliste ;
Les nouvelles configurations des familles, le progrès des biotechnologies, la révolution sexuelle, la stérilisation (féminine et masculine), l’avortement, la diminution de la pratique religieuse ;
La pauvreté, le manque de logements décents, le manque de politiques familiales adéquates, la précarité de l’emploi ;
La violence domestique, le terrorisme, la toxicomanie, l’insécurité économique, l’affaiblissement des relations familiales, des liens familiaux, les ressentiments, la haine, le dysfonctionnement des familles ;
La polygamie, la mutilation génitale, la violence verbale, physique et sexuelle, les abus sexuels, la discrimination, le féminisme, le machisme, la carence affective des enfants, l’idéologie du genre…
Mais même là où existent ces situations difficiles, il est nécessaire de réaffirmer que le bien de la famille est fondamental pour le bien du monde et de l'Église. Et pour cela, la famille doit être au cœur de l'attention missionnaire de l'Église, tout en reconnaissant que sa pratique pastorale n'a pas toujours été celle qu'elle aurait dû être. « … nous avons souvent été sur la défensive, dit le Pape, et nous dépensons les énergies pastorales en multipliant les attaques contre le monde décadent, avec peu de capacité dynamique pour montrer des chemins de bonheur. »7
CHAPITRE III. LE REGARD POSÉ SUR JÉSUS :
LA VOCATION DE LA FAMILLE (AL n° 58-88)
Le regard que Jésus a posé sur les femmes et les hommes de son temps a été un regard d'amour et de tendresse, accompagnant leurs pas de sa vérité, de sa patience et de sa miséricorde en leur annonçant les exigences du Royaume de Dieu; et il nous rejoint aujourd'hui dans notre engagement à vivre et transmettre l'Évangile.
Et « Face aux familles et au milieu d’elles, doit toujours et encore résonner la première annonce qui constitue ce qui "est plus beau, plus grand, plus attirant et en même temps plus nécessaire"... Car "il n'y a rien de plus solide, de plus profond, de plus sûr, de plus consistant et de plus sage que cette annonce". »8
Notre enseignement sur le mariage et la famille doit nécessairement s'inspirer et s'expliciter, dit le Pape, à la lumière de la première annonce, de l'annonce de la tendresse et de l'amour qui viennent de l’Évangile ; ce n'est pas la simple défense d'une doctrine froide et sans vie.
Dans l'Évangile, Jésus reprend et réalise pleinement le projet de vie du Père par rapport au mariage : il reprend le don du mariage, propose l'indissolubilité et restaure le plan originel de Dieu pour la famille et le mariage (cf. Mt 19,3-8).
Et le mariage chrétien, comme sacrement, est vu dans l’Église comme l’expression de l’alliance du Fils de Dieu avec la nature humaine. Cependant, on n'ignore pas que face à des situations difficiles que rencontrent des familles blessées, il est toujours nécessaire de prendre en compte le critère de discernement. Le degré de responsabilité n'est pas identique dans tous les cas ; il faut éviter des jugements qui ne tiennent pas compte de la complexité de chaque situation ; et il est important de prêter attention à la façon dont les gens vivent et souffrent à cause de leur état.
Un point important de ce chapitre est la famille comme canal de transmission de la vie. Le mariage est considéré comme une communauté de vie où l'amour conjugal entre l'homme et la femme est ordonné à la fécondité. Les époux, à qui Dieu n’a pas accordé d'avoir des enfants (AL 80), peuvent avoir une vie significative (humaine et chrétienne), en s'efforçant de ne pas rester enfermés sur eux-mêmes. Pour toutes ces raisons, la famille est le sanctuaire de la vie, l’espace humain où la vie est engendrée, objet de tous les soins et protégée à tous les stades (AL 83).
Et cette dimension essentielle s'accompagne du défi de l'éducation des enfants. Les parents sont responsables de la promotion et de l'éducation intégrale de leurs enfants ; c'est un devoir très important et un droit fondamental des parents. Les États et leurs Gouvernements ont l'obligation de fournir un service éducatif de manière subsidiaire, mais les parents ont le droit de choisir librement le type d'éducation accessible et de qualité qu'ils veulent donner à leurs enfants, selon leurs convictions ; l'école ne peut pas se substituer aux parents, mais doit leur être complémentaire.
Malheureusement, aujourd'hui, un fossé se creuse entre les familles et les sociétés. L'alliance entre la société et la famille est en crise. Et dans cette situation, l'Église est plus que jamais appelée à collaborer par son action pastorale spécialisée en aidant les parents dans leur mission éducative. Et en particulier la famille chrétienne, comme Église domestique qui doit vivre selon les enseignements de l'Évangile, est appelée à mûrir l'expérience de communion ecclésiale entre les personnes : communion, pardon, tendresse, amour fraternel, prière ...
CHAPITRE IV. L’AMOUR DANS LE MARIAGE (AL n° 89-164)
Dans ce chapitre, le Pape présente une vision théologique de l’amour dans le mariage et dans la famille, en commentant certaines expressions de l’hymne à l’amour de la première Lettre de saint Paul aux Corinthiens, soulignant quelques attitudes essentielles :
« L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. » (1Co 13,4-7)
La patience ne consiste pas seulement à tout endurer ; elle ne signifie pas de laisser les autres nous maltraiter, ni de tolérer les agressions physiques, ni de permettre d'être traité comme un objet. La patience est un trait qui caractérise aussi le Dieu de l'Alliance. Il se montre patient par sa Miséricorde ; et donc pour nous, la patience se doit d'être l'expérience de la compassion et de la maîtrise personnelle pour ne pas réagir violemment devant la faiblesse des autres ni s'avouer vaincu par le mal, ni se décourager dans la pratique du bien.
Il est également question, dans ce chapitre, de l'attitude de service comme une relation dynamique et créative face aux besoins des autres, une sorte d'amour chaleureux qui cherche le bien des autres, un amour généreux qui fait le bien parce que l'amour n'est pas seulement un sentiment mais la capacité de faire le bien.
C'est se réjouir du bonheur de l’autre car dans l'amour on ne peut pas se sentir mal à l’aise devant le bien de l'autre. Le véritable amour apprécie le succès d'autrui, ne le ressent pas comme une menace, valorise sincèrement chaque être humain et reconnaît son droit au bonheur. L'envie, en revanche, éprouve surtout de la tristesse face au bien d'autrui et de l’indifférence pour le bonheur des autres.
Dans cette liste des attitudes de la vie selon l’Évangile, on fait aussi référence à l'orgueil qui ne va en aucun cas de pair avec l'amour, vu que l'orgueil est le désir de la gloire et fait se considérer supérieur aux autres. L'amour, en revanche, ne se gonfle pas devant les autres, mais est attentif, constructif, compréhensif, soucieux, protecteur et prévenant pour les plus faibles ; les arrogants, dit souvent le Pape, sont insupportables.
Pour une véritable rencontre avec l'autre, la bonté est nécessaire qui jette un regard bienveillant. L'amour est aimable et génère, de ce fait, de nouveaux liens qu'il cultive, crée de nouveaux réseaux d'intégration, construit un tissu social solide. La personne qui aime est capable de dire un mot d'encouragement et de réconfort qui redonne de la force, conseille et stimule.
Jésus était ainsi, Il encourageait les gens ... Il disait : « Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés » (Mt 9,2) ; « Femme, grande est ta foi ! » (Mt 15,28) ; « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » (Mc 5,41) ; « Va en paix » (Lc 7,50) ; « Confiance ! C'est moi ; n'ayez plus peur ! » (Mt 14,27). Jésus disait aux gens des paroles d'encouragement et d'espérance ... Et dans nos familles, nous pouvons apprendre beaucoup du langage et surtout des attitudes aimables de Jésus.
Le détachement est une autre caractéristique de l'amour. Pour aimer les autres, il est certes nécessaire de s'aimer soi-même, mais l'amour ne cherche pas ses propres intérêts pour autant : « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres. » (Ph 2,4)
La pratique du pardon signifie, à son tour, ne pas prendre le mal en compte ; il s'agit d’adopter une attitude positive qui s’efforce de comprendre la faiblesse des autres et de chercher des excuses à cette faiblesse ; c’est ce qu’a fait Jésus : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font.» (Luc 23,34) Donc, pour pouvoir pardonner, on doit passer par une expérience libératrice ; on a besoin de se sentir enveloppés de l'amour inconditionnel de Dieu ... qui aime sans limites.
L'amour se réjouit avec les autres, il se réjouit de la vérité, il se réjouit du bonheur de l’autre, en reconnaissant sa dignité, ses bonnes œuvres. L'amour se donne, se risque ... puisque « Dieu aime celui qui donne joyeusement.» (2Co 9,7) et « il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir. » (Ac 20,35)
L'amour excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout ...; il est là où l'on montre avec force son profond dynamisme, capable de faire face à tout. L'amour ne nuit pas à l'image de l'autre, n'engendre pas de mauvais sentiments. L'amour accueille qui l'incommode, partage la vie de qui n'est pas parfait, excuse et sait se taire face aux limites de l'être aimé.
Quant aux époux, ils doivent apprendre à dire du bien l'un de l'autre, montrer davantage les qualités de l'autre et ne pas souligner ses faiblesses, dit le Pape. Cela nécessite de veiller à la langue parce que parfois la langue est « remplie d’un venin mortel » (cf. Jc 3,6-8).
L'amour est confiant, il ne cherche pas à contrôler l'autre, ni à le suivre pas à pas pour empêcher « qu'il échappe à mon emprise » ; il laisse l'autre libre, il renonce à tout contrôler, à posséder et à dominer l'autre. L'amour offre des espaces d'autonomie, d'ouverture et d'expérience de la liberté, car là où il n'y a pas d'amour, il n'y a pas de liberté.
L’amour espère tout. C’est pourquoi il est important de croire que l’autre peut changer, devenir meilleur ; il est important d’espérer toujours qu’il pourra mûrir et de croire en ses potentialités.
L'amour sanctifié par le sacrement du mariage, ou « Charité Conjugale » est dynamique et en croissance constante sous l'impulsion de la Grâce (puisque c'est Dieu qui sanctifie) ; et si cet amour ne grandit pas, il commence à être en danger.
Il a été dit que grandir dans la Charité Conjugale est possible par la Grâce divine, mais aussi à l'aide de l'effort humain, du silence intérieur, de l'écoute du cœur, du détachement, du dialogue, de la prière, de l'éducation de ses émotions propres (vaincre le manque de contrôle de soi et ses obsessions), de l'habitude de donner une importance réelle à l'autre, sans sous-estimer ses demandes et ses désirs.
Pour couronner ce chapitre, le Pape François parle également du célibat et de la virginité pour le Royaume. Il dit que l'amour s'exprime aussi de diverses manières et dans divers modes de vie, selon les différentes vocations ; entre autres, le célibat et la virginité pour le Royaume sont une forme d'amour, un don de Dieu (cf. 1Co 7,7). Et il n'y a pas de supériorité ou d'infériorité entre les différentes vocations : mariage et célibat sont deux vocations complémentaires.
CHAPITRE V. L’AMOUR QUI DEVIENT FÉCOND (AL n° 165-198)
L'amour est toujours ouvert pour accueillir une nouvelle vie, il donne toujours la vie ; et la famille est le lieu où s'engendre la vie, où elle est accueillie et où elle grandit. Chaque nouvelle vie arrive comme un don de Dieu, comme un signe de l'amour gratuit de Dieu. Le Pape déclare que « chaque femme participe au mystère de la création qui se renouvelle dans la procréation humaine» ;9 et c'est la raison pour laquelle la maternité est un partenariat avec Dieu dans le miracle de chaque nouvelle vie ; et chaque femme participe au mystère de la création qui se renouvelle pour engendrer une nouvelle vie humaine. On lit dans la Sainte Écriture :
« C'est toi qui as créé mes reins, qui m'as tissé dans le sein de ma mère. » (Ps 138[139] ,13) ; « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré. » (Jr 1,5).
Et le Pape, avec un vrai cœur de Père et de Pasteur, va jusqu’à dire : « À toute femme enceinte, je voudrais demander affectueusement : protège ta joie, que rien ne t’enlève la joie intérieure de la maternité. Cet enfant mérite ta joie. Ne permets pas que les peurs, les préoccupations, les commentaires d’autrui ou les problèmes éteignent cette joie d’être un instrument de Dieu pour apporter une nouvelle vie au monde. »10
Chaque enfant a le droit à l'amour d'une mère et d'un père ; les deux sont nécessaires pour sa maturité totale et harmonieuse. Et respecter la dignité d'un enfant signifie affirmer son besoin et son droit naturel d'avoir un papa et une maman, collaborateurs de l'amour de Dieu. Ensemble, papa et maman enseignent la valeur de la réciprocité, de la rencontre d'êtres différents, où chacun collabore, avec son identité propre, paternelle et maternelle, masculine et féminine, au développement harmonieux de l'enfant.
Nous observons aujourd'hui, dit le Pape, que de nombreux enfants et jeunes ressentent l'absence de leurs parents : il y a des lacunes en termes de présence maternelle et de crise de paternité. Et en particulier, devant ces situations difficiles, telle la soi-disant crise de la paternité, « les mères sont l’antidote le plus fort à la diffusion de l’individualisme égoïste […]. Ce sont elles qui témoignent de la beauté de la vie ».11 Une société sans mamans serait, sans aucun doute, une société inhumaine, parce que les mères savent toujours témoigner, même dans les pires moments, de la tendresse, du dévouement, de la force morale.
Pour finir, il est question de la famille élargie. La maternité n'est pas seulement une réalité exclusivement biologique, mais elle se manifeste encore de diverses manières, comme l'adoption, par exemple. L'adoption est un acte d'amour, de sorte que la fécondité de l'amour s'étend et s'élargit.
CHAPITRE VI. QUELQUES PERSPECTIVES PASTORALES
(AL n° 199-258)
Il n'est pas question ici de présenter des normes, mais d'être attentif aux aspirations les plus profondes de la personne humaine et de proposer des valeurs. Il faut une évangélisation qui dénonce les défis et les conditions culturelles, sociales, politiques et économiques d'aujourd'hui. Il faut une pastorale de dialogue et de collaboration avec les structures sociales afin d’encourager et de soutenir les laïcs dans leur milieu culturel et sociopolitique. La contribution de l'Église à la réalité de la famille passe par la pastorale familiale et une formation accrue des prêtres, des religieux et des laïcs en mission d'Église.
Dans cet itinéraire pastoral, il est nécessaire d'aider les jeunes à découvrir la valeur et la richesse du mariage à travers le processus de préparation des futurs époux ; il faut les aider dans la croissance authentique de leur amour interpersonnel. Les futurs époux ont besoin d'être accompagnés dans le processus de préparation au mariage assumé comme une vocation, comme un processus de maturation dans l'amour.
Il faut également assurer une préparation de qualité de la célébration du mariage et l'accompagnement des premières années de vie conjugale. De même, la paternité et la maternité, qui doivent être des décisions responsables, supposent la formation de la conscience des époux.
CHAPITRE VII. RENFORCER L’ÉDUCATION DES ENFANTS
(AL n° 259-290)
Les parents influencent toujours, pour le meilleur ou pour le pire, le développement moral de leurs enfants ; et cette mission éducative de la famille est importante et complexe. La famille ne peut pas renoncer à être un lieu privilégié de soutien, d'accompagnement et d'orientation de ses enfants. Abandonner n'est jamais une solution. Éduquer, au contraire, c'est générer des processus de maturation de la liberté ; c'est favoriser une croissance intégrale et cultiver une authentique et véritable autonomie. L'éducation des enfants comporte la tâche de promouvoir [en eux] une liberté responsable qui leur permette de faire des choix à la croisée des chemins de la vie avec sagesse, assurance et intelligence.
Il appartient aussi aux parents de favoriser la formation éthique de leurs enfants car cette formation éthique et morale des enfants ne peut être déléguée ou cédée à des tiers. Elle devrait toujours être réalisée avec des méthodes positives et dans un dialogue qui tienne compte de la sensibilité des enfants. Cette formation éthique et morale suppose aussi être censée montrer à la personne ce qui lui convient toujours le mieux : la recherche du bien. Il faut encourager les bonnes habitudes et cultiver une liberté responsable qui garantira une autonomie mûrie.
Une autre dimension à ne pas négliger est l'éducation sexuelle qui doit arriver au moment opportun : une éducation sexuelle qui inclue le respect et l'appréciation des différences et qui aide les jeunes à accepter leur propre corps dans son unicité. Être homme et femme n'est pas une simple question biologique ou génétique, mais indique que la différence sexuelle comporte de multiples éléments ... La différence sexuelle (masculine ou féminine) est une œuvre de Dieu.
Enfin, il ne faut pas oublier que les parents ont également la responsabilité de la transmission de la foi à leurs enfants ; la famille doit rester le lieu où l’on enseigne les raisons et la beauté de la foi. La transmission de cette foi suppose que les parents vivent une expérience réelle de la confiance en Dieu, qu'ils recherchent Dieu et le besoin qu'ils ont de Lui, car les enfants sont sensibles aux signes, aux gestes, aux récits. Il est essentiel qu’ils voient concrètement l'expérience de foi et de prière de leurs parents.
CHAPITRE VIII. ACCOMPAGNER, DISCERNER ET INTÉGRER LA FRAGILITÉ (AL n° 291-312)
L'Église doit accompagner les familles avec un langage de confiance et d'espérance. Mais il y a aussi des familles blessées, et c'est pour cela que, souvent, le travail de l'Église ressemble à celui d'un hôpital de campagne. Il faut appliquer la loi de la gradualité dans l'action pastorale ; le manque de conscience matrimoniale, de valeur de l'engagement est trop grand actuellement... Pour promouvoir le mariage chrétien, il faut donc une pastorale de la miséricorde, de l'encouragement, du dialogue, du discernement...
Le Pape François fait observer que beaucoup de jeunes et d'adultes, cédant à une mentalité générale, préfèrent aujourd'hui une simple cohabitation... C’est une situation douloureuse que nous devons affronter de manière constructive, avec un accompagnement patient et délicat, comme l'a fait Jésus avec la femme samaritaine.
Et dans cette partie de l'Exhortation Apostolique, le Pape aborde cette importante et délicate question du discernement des situations qui nécessite une lecture attentive et approfondie.
Au Synode, les Pères Synodaux se sont référés à différentes situations de fragilité et d'imperfection dans lesquelles vivent de nombreuses familles ; la route que doit suivre l'Église n’est pas celle de la condamnation des personnes. Il est nécessaire de prendre en considération la complexité des situations. Personne ne doit être condamné ... Nous sommes appelés à employer la pédagogie divine, évitant toute occasion de scandale.
Aux prêtres et agents pastoraux, il revient généralement d'accompagner, de favoriser le discernement, en comprenant que le degré de responsabilité n'est pas le même pour tous ; et la logique de la mission devrait être celle de la miséricorde pastorale. Il est nécessaire d'accompagner avec miséricorde et patience les différentes étapes de la croissance des personnes.
CHAPITRE IX. SPIRITUALITÉ MATRIMONIALE ET FAMILIALE
(AL n° 313-325)
L'amour présente des nuances différentes, selon l’état de vie auquel chacun est appelé. La spiritualité matrimoniale est une spiritualité du lien alimenté par l'amour divin ; et la communion familiale est vécue comme un moyen de sanctification dans la vie quotidienne : « Celui qui demeure dans l'amour [pour les autres] demeure en Dieu. » (1Jn 4,16)
Lorsque la famille se concentre sur le Christ, Celui-ci unifie et illumine toute la vie familiale avec ses problèmes et ses souffrances ; l'on évite ainsi toute rupture et la prière en famille est un moyen privilégié pour exprimer et renforcer la foi pascale.
Spiritualité de l'amour exclusif. Dans le mariage, les conjoints vivent le sentiment d'appartenir pleinement à une seule personne, assumant le défi et le désir de vieillir ensemble et, par conséquent, en renouvelant chaque jour devant Dieu cette décision de fidélité au fil des jours, quoi qu'il arrive. Dans cette alliance, chaque conjoint devient pour l'autre signe et instrument de la proximité du Seigneur : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.» (Mt 28,20)
Spiritualité de la disponibilité et du réconfort. Les époux chrétiens sont des collaborateurs de la Grâce et des témoins de la foi l'un pour l'autre. Dieu appelle les époux à engendrer toute la vie de la famille et à prendre soin d'elle, de la personne aimée qui mérite toute l'attention. Jésus est ici un modèle: quand il s'approchait de quelqu'un pour lui parler, il le regardait avec amour (cf. Mc 10,21); il suscitait chez l'autre la joie de se sentir aimé.
Nous sommes conscients qu'aucune famille n'est une réalité parfaite ; et donc il lui est nécessaire de mûrir progressivement dans la capacité d'aimer. Chaque famille doit constamment vivre avec un stimulus positif :
« Cheminons, familles, continuons à marcher ! Ce qui nous est promis est toujours plus. Ne désespérons pas à cause de nos limites, mais ne renonçons pas non plus à chercher la plénitude d'amour et de communion qui nous a été promise. » (AL 325)
3. CHAQUE FOYER, UNE ÉCOLE DE VIE ET D’AMOUR. NOTRE CONTRIBUTION ÉDUCATIVE ET PASTORALE
3.1. La famille, option du Dieu incarné12
« Dieu a choisi une mère pour naître homme et une famille pour grandir et mûrir comme tel. C'est une donnée de foi qu'un chrétien ne peut ignorer quand il réfléchit sur la famille. » C’est ainsi que commence l’article en question, et c'est certainement le signe distinctif de la confession de foi chrétienne de l'incarnation de Dieu, telle qu'elle est exprimée dans le Catéchisme de l'Église Catholique. Sans aucun doute, si la raison de notre salut a été l'amour que Dieu a pour nous, l'Incarnation a été la manière de sa réalisation. Mais il y a bien davantage dans ce fait qui attire fortement notre attention. La décision de Dieu de prendre en son Fils la condition humaine passe à travers deux faits très significatifs : naître d'une femme, en devenant fils de la Vierge Marie ; et naître dans une famille, pour signifier qu'il a trouvé une famille dans laquelle naître et grandir comme un être humain.
Quelque chose que nous connaissons bien et à quoi nous sommes très sensibles est le fait que Dieu est devenu fils en annonçant à ses parents sa propre naissance et en les convainquant de donner leur assentiment, leur oui.
Dans le cas de Marie, elle est comblée de grâce avant de devenir mère. Le fils est déjà pensé par Dieu avant d'être désiré par sa mère. Et Marie ne demande même pas un signe pour croire. Dieu lui propose un plan pour lequel elle ne se sent pas qualifiée. La Vierge concevra un enfant qui n'est pas le fruit d'une vie matrimoniale préalable (Lc 1,35).
Dans le cas de Joseph, Dieu lui découvre son plan – différent de celui qui a été établi pour Marie – non pas dans un dialogue (Lc 1,28) mais dans un rêve (Mt 1,18.24). Joseph « rêve » ce que Dieu attend de lui, après le grand bouleversement produit par l'irruption de Dieu dans son mariage avec Marie : ce qui est conçu en elle est l'œuvre de l'Esprit (Mt 1,18.20). Et c'est Dieu qui lui a « usurpé » la paternité à son insu et sans sa permission ; il lui demande maintenant d'accepter cet état de choses.
Tous les deux, aussi bien Marie que Joseph, chacun d'une manière différente puisque leurs responsabilités et leurs rôles dans la famille étaient différents, ont dû payer un prix pour être la famille de Dieu, à la fois durant l'enfance et l'adolescence de Jésus, et dans son ministère public, sur une voie non exempte de nombreuses difficultés. C'était une réalité qui touchait davantage la famille de Nazareth, cependant, par rapport aux familles d'hier et d'aujourd'hui, c’est-à-dire les familles de tous les temps.
La volonté salvifique de Dieu, c'est-à-dire Dieu qui désire nous sauver, l'a « obligé » à devenir comme nous. Il a appris à être humain comme nous, apprenant à grandir dans une famille, « Berceau de la vie et de l'amour, dans lequel l'homme "naît" et "grandit" ».13 Nous pouvons dire avec certitude que ce fut une famille qui a « humanisé le Fils de Dieu », et cette réalité indiscutable confère à la famille une valeur sacrée exceptionnelle.
3.2. Don Bosco, en famille mais sans un père
« Je n'avais pas encore deux ans que le Bon Dieu nous frappa d'un terrible malheur. Notre bien-aimé père, encore robuste et à la fleur de l'âge, très soucieux de l'éducation chrétienne de ses enfants, revint un jour du travail, trempé de sueur. Il descendit imprudemment au sous-sol, dans la cave glacée. La transpiration s’arrêta net et, le soir, une fièvre violente se déclara suivie d’une grave congestion. Tout soin fut inutile et, en peu de jours, il arriva au terme de sa vie. Muni de tous les secours de la religion et recommandant à ma mère la confiance en Dieu, il rendit le dernier soupir. Il avait seulement trente-quatre ans. C’était le 12 mai 1817.14
« Pour moi, je ne sais trop ce que je devins en cette triste circonstance. Un fait reste présent à ma mémoire, le premier souvenir de ma vie. Alors que tout le monde sortait de la chambre du défunt, moi, je voulais absolument y rester. "Viens, Jean, viens avec moi, me répétait ma mère éplorée. – Si papa ne vient pas, répondis-je, je ne veux pas m’en aller. – Pauvre enfant, reprit ma mère, viens avec moi, tu n’as plus de père."»15
C’est de cette manière que Don Bosco lui-même nous raconte, cinquante-six ans plus tard, ce moment de sa vie. Si sobre que soit Don Bosco quand il parle de lui-même et en particulier pour exprimer ses sentiments, il se dévoile dans ces lignes : il nous dit ses larmes, l’incapacité du tout petit enfant qu'il était de comprendre ce qui se passait en voyant que son père ne bougeait pas ni ne lui répondait ; et d’évoquer aussi les pleurs de sa mère, déjà veuve, dont la vie a changé complètement ce jour-là.
Plutôt que de chercher à savoir si, chez Don Bosco, ce souvenir était clair ou peu vraisemblable, il semble plus probable, selon un auteur,16 qu’il s’agisse d’un souvenir de ce que les adultes lui ont raconté de son enfance. Don Bosco nous parle de la nouvelle situation dans laquelle s'est retrouvée sa famille, comme tant de familles dites « normales ». Il nous dit qu'il a dû apprendre à grandir et à mûrir sans la figure d'un père et avec la figure d'une mère qui a fait preuve de talents exceptionnels sans conteste. Nous savons tout cela d’après ce que raconte Don Bosco avec une grande simplicité : la grande stature humaine et chrétienne de cette paysanne, veuve et mère, en charge d'une famille de cinq personnes ; une femme qui a refusé la proposition, très avantageuse pour elle, d'un second mariage ; les trois enfants qui auraient été confiés à un bon tuteur qui aurait bien pris soin d'eux. « Le tuteur, répondit la brave femme, est un ami ; moi, je suis la mère de mes enfants ; je ne les abandonnerai jamais, même au prix de tout l’or du monde. »17 Et Don Bosco raconte que sa mère se soucia « d'instruire ses fils dans la religion », les incitant à l'obéissance et leur fournissant « des occupations en rapport avec leur âge ».
Cela nous dit combien la famille de « Giovannino », le jeune Jean Bosco, resté orphelin, a pu compter sur l'amour profond d'une mère qui leur a consacré sa vie à plein temps, une mère qui fut pour eux la première et la plus importante catéchiste : elle leur a enseigné à être responsables, travailleurs et honnêtes, charitables envers ceux qui étaient plus pauvres qu'eux. Elle a été une mère qui a fait tout son possible pour que son enfant puisse suivre sa vocation, son appel au sacerdoce, en dépit de nombreuses difficultés et épreuves.
Après m'être centré sur Don Bosco, il me semble opportun de citer une autre grande et sainte femme de notre Famille Salésienne, qui a été également très « marquée » par la réalité de sa famille, différente par certains aspects de celle de Don Bosco. Même dans un contexte de pauvreté de simples paysans, l'enfance et la famille de Marie Dominique Mazzarello ont été bien différentes. Elle n'a pas grandi sans père et fut la première d'une nombreuse fratrie. Elle n'a pas eu non plus à quitter son Mornèse natal de toute son enfance et sa jeunesse. Et elle a bénéficié sans aucun doute du même climat de piété. Finalement, nous nous trouvons devant un autre modèle de famille qui a marqué de façon décisive la personnalité de Marie Mazzarello.
3.3. Proches pour aider à construire et restaurer
J’ai évoqué précédemment la famille de Jésus de Nazareth (Le Seigneur) ainsi que la famille de Don Bosco et celle de Mère Mazzarello pour faire remarquer la grande importance de la famille dans leurs vies. Et je ne doute pas que la plupart d'entre nous, à la lecture de ces pages, ne remontent de quelque manière à leur expérience familiale propre.
Une réalité chaque fois plus complexe
C’est un fait que la famille, pour plus contradictoire et controversée que puisse être sa réalité actuelle, reste la structure originaire de la culture humaine.18 Elle remonte aux débuts mêmes de l'humanité et elle est présente dans toutes les cultures connues, avec tous les types de configurations et modèles, bien sûr. En règle générale, la plupart des enfants et des jeunes grandissent encore dans une famille, et c'est en elle qu'ils reçoivent l'empreinte qui sera déterminante dans leurs vies. Cependant, on ne peut pas ignorer, et encore moins nier, que la famille, comme structure originaire qui faisait référence auparavant, connaît actuellement une profonde transformation et une crise profonde. Les causes et l'explication de ces changements sont des plus diverses et des plus complexes.
Nous avons déjà vu la liste abondante des situations et des défis dont le Pape François dresse la liste entre les numéros 31 et 57 de l'Exhortation Apostolique Amoris Lætitia. D'autres auteurs en soulignent un peu plus, qui vont tous dans une direction tout à fait similaire :19 les situations de misère indignes d'un être humain, qui rendent impossible une vie familiale rangée ; les mouvements migratoires qui fragmentent et divisent tant de familles ; les longues absences de la famille de l'un des parents pour des raisons professionnelles. Souvent, ce sont les conditions économiques qui rendent difficiles la vie et la cohésion familiales. Ce sont parfois les facteurs économiques qui déterminent les valeurs des familles elles-mêmes, le projet familial, les conditions du bien-être que l'on met en priorité comme condition préalable à la parentalité : des mécanismes sociaux, en définitive, d'une telle force qu'ils nous influencent tous d'une manière ou d'une autre.
À cela vient s'ajouter la crise anthropologique de modèles de libération que l'on ne peut ignorer. Ces soi-disant modèles agissent comme la promotion d'une « culture » étrangère à la famille, qui préconise une sous-estimation sociale de celle-ci et la « normalisation » – et parfois l'exaltation – de l'infidélité conjugale ; le renoncement à la parentalité comme une libération personnelle ; l'assimilation de l'idée de l'enfant comme un concurrent, voire un obstacle, pour un meilleur confort économique. L’on a affaire à un climat de plus en plus répandu qui promeut la non-importance sociale de la famille.
Enfin il faudrait faire référence à la carte complexe dite des « types de famille ». Aujourd'hui, on peut parler de nouvelles unités familiales, de familles recomposées,20 comme un phénomène émergent en raison de l'augmentation des enfants « naturels », de l'augmentation des divorces, du changement de couple pour la cohabitation ..., tous phénomènes qui font émerger non seulement d'autres formes de famille (monoparentales, recomposées, homoparentales), mais aussi des modes de cohabitation selon plusieurs formes : mariage, union libre, pacte civil de solidarité (PACS), etc. Pour avoir une idée plus précise de la complexité de cette situation en certaines parties du monde, disons qu’une famille recomposée est, par définition, celle qui comprend l'un des géniteurs, l'enfant ou les enfants d'une première union et le partenaire de ce géniteur. Certes, cela pourrait être une définition minimale puisque les possibilités de ce modèle laissent supposer qu'existent des types de noyaux familiaux très différents et nombreux. La sociologue Irène Théry est parvenue à individualiser (déjà en 1993) vingt-cinq types différents de familles recomposées.21
Sans doute, cela nous fait-il penser à cette réalité que l'institution familiale est une institution de plus en plus complexe, sans oublier que la diversité culturelle dans les cinq continents ajoute de nombreux autres éléments à cette complexité dont on vient de parler. Face à cette réalité, nous nous demandons si nous pouvons faire quelque chose pour les familles en tant qu’éducateurs, éducatrices, pasteurs et évangélisateurs.
L’empathie comme première réponse humaine
C'est précisément dans ces contextes que l'on pourrait attendre de nous de l'empathie face à la douleur et à la fragilité. Et ce doit être une empathie qui ait beaucoup à voir avec une caractéristique qui nous est propre : l'esprit de famille.
Par « empathie », on entend la capacité cognitive qui permet de comprendre l'univers émotionnel des autres. Elle permet de percevoir les sentiments des autres et conduit à une meilleure compréhension de leurs actions et de leur manière de décider à propos de certaines questions. L'empathie permet de se mettre, en quelque sorte, dans la situation que vivent les autres. Elle nous permet, en tant qu'éducateurs et évangélisateurs des jeunes garçons et filles, de comprendre leur milieu familial, parfois complexe, et servir de pont et de médiation dans des situations délicates et importantes.
C'est dans ces contextes difficiles que l'on peut attendre de nous de l'empathie pour des familles composées de bribes et de morceaux, des familles qui vivent de profondes blessures, des familles où les égoïsmes provoquent des fractures. Des familles qui vivent des situations douloureuses, en somme, en particulier pour l'âme des enfants, qui sont parfois «otages des discordes », comme dit le Pape François.22 On peut attendre de nous de l'empathie dans des situations existentielles où nous devons aider à construire des relations et panser des blessures ; des situations existentielles où nous devons aider à faire disparaître les craintes passées en ne perdant pas de vue, comme dans le texte biblique, « le roseau froissé ».23
De l'empathie quand les familles – comme cela a pu arriver aussi dans les nôtres – doivent apprendre à « être famille », même avec les erreurs commises qui appellent à l'humilité, à la compréhension, au pardon et à la miséricorde, puisque dans la famille, tous ont droit au pardon et tous ont le droit de pardonner pour construire la famille et se reconstruire.
De l'empathie quand il s'agit d'aider à accepter ses propres limites et celles des autres, vu que cela donne à chaque membre de la famille l'opportunité de s'enrichir de l'amour qu'on lui donne et d'enrichir les autres du don de sa propre personne, car la gratuité est le point de départ pour construire la famille. De l’empathie, en définitive, pour aider à construire et rétablir des situations de l’existence.
Attitude propre à notre esprit de famille
Dans les différents contextes de notre Famille Salésienne mondiale aussi se produisent des situations les plus variées et complexes. Et nos garçons et filles, ainsi que leurs familles, doivent pouvoir attendre de nous cette capacité de compréhension, d'empathie, de proximité face à leurs sentiments, parce que c'est notre manière d'être que d'avoir un esprit de famille beau et fort, et cela doit le rester.
Cet esprit de famille était une conviction fondamentale chez Don Bosco, et il s'y est appuyé en pensant à son œuvre, en la rêvant, en la concevant et en la poursuivant,24 une œuvre où règne l'amour, dans un climat toujours empreint de franchise et de familiarité. Cet esprit de famille doit aussi se caractériser par un «style de fraternité sincère, d'affabilité, d'accueil ouvert, de contact humain, simple et cordial envers tous »,25 se distinguant toujours par une relation humaine sereine et accueillante.
Nos jeunes et leurs familles devraient être en mesure de faire l'expérience que les maisons salésiennes de notre Famille, dans le monde entier, sont des présences qui se soucient de la vie, de leurs vies; des présences où ils peuvent trouver des portes toujours ouvertes et un climat humanisant qui les accueille et les accompagne dans les circonstances de leur vie, si souvent difficiles. Ils devraient pouvoir expérimenter que, comme le ferait Don Bosco, ils seront bien reçus et jamais jugés ni condamnés. En effet, même quand on doit dire que quelque chose est impossible ou ne peut pas être accordé, ce sera dit en respectant totalement la dignité des personnes et avec un sens de l'équité et de la justice. Ce faisant, nous ne serons pas pris en défaut en ce qui est notre caractéristique majeure comme Famille de Don Bosco dans le monde.
3.4. À l’école de Vie et d’Amour qu’est la Famille
C'est l'une des clés fondamentales de l'Exhortation Apostolique Amoris Lætitia et c’est une question d'une importance capitale dans notre contribution, en tant que Famille Salésienne, à l'appel que l'Église lance en faveur des familles : la prise de conscience des familles dans la diversité de leur configuration, et la variété des contextes culturels, de leur grande mission comme écoles de Vie et d'Amour.
Personnes individuelles, Groupes et Institutions, nous nous tiendrons à leurs côtés, faisant même route ensemble, mais jamais en remplaçant ce qui est irremplaçable dans les familles : leur appel existentiel à être « communautés d'amour et de vie ».26
Une contribution aux familles pourra être de les aider à prendre conscience qu'elles sont le vrai « patrimoine de l'Humanité »27 et la première et commune école d'humanité où se développe et se cultive la vocation de l'amour, puisque dans les familles, à moins qu'elles ne soient profondément endommagées, on ne pense pas qu'à l'intérêt de chacun pour son propre compte mais aussi au bien des autres. Chaque membre de la famille est reconnu comme un bien en soi et l’on fait preuve habituellement d’une attention préférentielle pour ses membres les plus faibles : les enfants, les malades, les handicapés et les personnes âgées.
Une autre belle réalité de la famille est d'être une école de vie et d'amour parce que la famille est maison et foyer. Cette expression « maison-foyer » s'avère une réalité chargée d’affection et de chaleur humaine chaleureuse dans certaines de nos cultures, car c'est une réalité qui recouvre une valeur beaucoup plus large que l'espace physique de la maison. « Le foyer est un nid, le berceau de la vie. C'est le lieu privilégié de la vie qu'on reçoit de façon responsable, qu'on éduque avec un généreux dévouement, qu'on célèbre dans la fête et dans la joie, qu'on alimente avec le pain du travail et des larmes, qu'on soigne quand elle est blessée et qu'on pleure quand on ne l'a plus. »28 De fait, lorsque manque la famille, il est très difficile de la remplacer ; et les Services sociaux des États ne viennent que pour compenser ou atténuer, autant que possible, le grand vide existant. En réalité, « pour l'enfant, la famille est une "ressource" infinie de premier ordre, et continue ensuite de le rester pour l'adulte. »29
On accompagne les familles dans leur vécu concret lorsque l'on aide les parents – parfois le père ou la mère restés seuls pour faire vivre la famille – à découvrir la valeur fondamentale du soutien affectif qu'ils donnent à leurs enfants. Cela suppose de faire tout ce qui est humainement possible pour que les enfants se sentent profondément aimés, car cela les aidera à grandir dans l'équilibre et l'harmonie, puisque l'amour est comme le feu qui maintient le foyer allumé. « On aime un enfant parce qu’il est un enfant : non pas parce qu’il est beau, ou parce qu’il est comme-ci ou comme ça ; non, parce que c’est un enfant ! Non pas parce qu’il pense comme moi, ou qu’il incarne mes désirs. Un enfant est un enfant », dit le Pape François30. Cela signifie donc qu'il faut accepter les enfants tels qu'ils sont et leur consacrer du temps et de l'attention. Cela ne suffira donc pas pour un père ou une mère de penser qu'ils leur consacrent peu de temps mais de qualité. Il faudra que la quantité de temps corresponde aux besoins des enfants ; et ceux qui ne sauraient pas s'intéresser aux détails et aux petites choses de la vie de leurs enfants, courent le risque, presque sans s'en rendre compte, de s'éloigner d'eux lentement.
Dans les familles les plus stables, la vie des parents est caractérisée par le don de soi, ce don de soi de l'un à l'autre dans l'amour et ce don mutuel des deux à leurs enfants. Dans l'Exhortation, on proclame avec force que « tout enfant qui vient à la vie a le droit de recevoir l'amour d'une mère et d'un père, tous deux nécessaires pour sa maturation intégrale et harmonieuse. »31 Et « Il ne s’agit pas seulement de l’amour d’un père et d’une mère séparément, mais aussi de l’amour entre eux, perçu comme source de sa propre existence, comme un nid protecteur et comme fondement de la famille.»32
Nous savons qu’il n'est pas toujours possible de compter sur la présence des deux. Il y a des millions de familles dans le monde dans lesquelles les enfants vivent seulement avec leur père ou leur mère ; mais ce n'est pas pour cela que l'on doit renoncer à proposer la grande valeur de témoignage de la présence des deux, père et mère, pour les enfants. Dans le même temps, quelle que soit la composition de la famille, il ne faut pas oublier que le dévouement et le don de soi des parents forgent les valeurs qu'acquièrent les enfants, valeurs qui les préparent plus et mieux à affronter les difficultés qu'ils rencontreront dans la vie.
La famille est aussi une école qui prépare à la vie quand on y enseigne et apprend le dialogue, la communication et la compréhension. Lorsque ces valeurs sont vécues dans la famille, les enfants apprennent à écouter, à parler, à partager et à s'intéresser aux choses du foyer, de la maison et aux personnes. Et nous savons bien que pour vivre ensemble, comprendre, excuser et pardonner vont de pair. Lorsque l'on favorise ce climat, la famille devient un espace de vie qui soigne la réciprocité et cherche le bien des autres en respectant chacun dans ce qu'il est en train de vivre. On doit apprendre à vivre des situations qui semblent s’opposer mais qui préparent à la vie, en encourageant harmonieusement :
* le dialogue et la responsabilité,
* l’autonomie et la solidarité,
* l’attention à chacun et la recherche du bien de tous,
* la saine compétitivité pour avoir sa propre place dans la famille, et la capacité de pardonner,
*la disponibilité pour la communication et, en même temps, l’écoute et le silence respectueux.
C’est dans la famille que l’on doit apprendre aussi à connaître et faire l’expérience des limites. Rien de ce qui concerne un membre de la famille ne peut laisser les autres indifférents, et surtout quand il s’agit des enfants. C’est ainsi que les parents, ou le père ou la mère – s’il n’y en a qu’un comme chef de famille –, doivent les porter tous dans leur pensée et dans leur cœur, où qu’ils aillent et quoi qu'ils vivent. Cela exigera des parents de bien observer leurs enfants avec l'œil vigilant du cœur qui les rendra capables de poser des limites à la liberté de leurs enfants pour leur bien. « Il faut toujours rester vigilant. L’abandon n’est jamais sain. (…) Mais l’obsession n’éduque pas ».33 Voilà pourquoi, nous dit le Pape, « Ce qui importe surtout, c’est de créer chez l’enfant, par beaucoup d’amour, des processus de maturation de sa liberté, de formation, de croissance intégrale, de culture d’une authentique autonomie. »34
Les valeurs les plus précieuses et essentielles (l'amour, la foi, la liberté, la justice, le respect, le labeur, l'honnêteté ...) plongent leurs racines dans la vie familiale, et cet apprentissage à partir de la vie et de l'affection est décisif et essentiel pour les enfants.
Par conséquent, le travail éducatif à la racine des éléments essentiels doit être le souci permanent des parents et des éducateurs. D'où les efforts pour éduquer à35 la liberté, à la responsabilité, à la croissance éthique et morale, à l'affectivité, à la volonté, à l'empathie, à la proximité et au respect des autres et de la nature, ainsi qu'à l'amour et à la sexualité responsable. Tout cela est la grande tâche à accomplir dans la formation des personnes ; la famille y joue un rôle fondamental et doit pouvoir compter sur le soutien d'autres institutions, et en particulier de notre vision des choses et de notre conviction, avec l'aide de l'Église.
Face à la réalité de nombreuses sociétés fortement marquées par le désir d'une vie aisée et facile, comme étant la chose la plus importante, une vie marquée par le confort et le bien-être comme but premier et ultime, croyant que l'argent peut tout faire, il est extrêmement important d'éduquer en famille à la sobriété et à la modération, à la consommation du nécessaire et non du superflu, à la valeur de la vie simple.
Les parents qui étouffent leurs enfants sous l'abondance de choses superflues risquent de négliger ce dont ils ont le plus besoin : leurs conseils et leurs critères, leur affection et leur amour. Le Pape Benoît XVI dit à ce propos : « La souffrance aussi fait partie de la vérité de notre vie. Par conséquent, en cherchant à tenir les plus jeunes à l'écart de toute difficulté et expérience de la douleur, nous risquons de faire grandir, malgré nos bonnes intentions, des personnes fragiles et peu généreuses : la capacité d'aimer correspond, de fait, à la capacité de souffrir et de souffrir ensemble.»36
Il est malheureusement vrai que beaucoup plus nombreuses sont les familles qui vivent dans une « pauvreté obligée » et ne peuvent même pas aspirer aux choses de première nécessité. Nous savons que le partage des biens n'est pas équitable. Il convient cependant d'indiquer que notre aide aux familles passe par l'orientation que nous leur proposons sur la façon d'éduquer leurs enfants à cet égard, sans donner cependant pour acquis que cette sensibilisation ne puisse être encore plus nécessaire pour de nombreux parents.
L'engagement est essentiel dans la vie des gens, et il le sera dans la vie des enfants. La famille prépare à la vie quand elle enseigne qu'être des personnes engagées signifie aussi maîtriser sa liberté et respecter la parole donnée ; découvrir qu'exercer sa liberté, c'est beaucoup plus que de choisir entre ce qui me plaît ou non. Cela signifie apprendre combien sont importants la responsabilité et le labeur, et qu'il est très important d’apprendre en famille que l'on peut être libre en s'engageant dans ce que l'on fait.
De notre point de vue, par rapport à la vie et aux valeurs qui nous animent, le grand cadeau que les parents peuvent faire à leurs enfants est le processus de transmission de la foi, et une foi engagée et active. « La famille doit continuer d’être le lieu où l’on enseigne à percevoir les raisons et la beauté de la foi, à prier et à servir le prochain. »37 Nous savons bien que « La foi est un don de Dieu… et elle n’est pas le résultat d’une action humaine ; cependant les parents sont des instruments de Dieu pour sa maturation et son développement.»38 Certes, comme dit encore le Pape dans le même paragraphe, cette « transmission de la foi suppose que les parents vivent l’expérience réelle d’avoir confiance en Dieu, de le chercher, d’avoir besoin de Lui, car c’est uniquement ainsi qu’un âge à l'autre vantera ses œuvres, fera connaître ses prouesses (cf. Ps 145, 4) ».39
Tout cela nous parle d’un « art des parents d’accompagner et de gouverner » des parents – ou de celui de la mère ou du père – qui élèvent leur famille avec beaucoup de courage. Par l’expression « art des parents d’accompagner et de gouverner », on entend, dans ce contexte, le fait que l'éducation de chacun des fils et des filles représente une tâche unique s’apparentant le plus à la réalisation d'une œuvre d'art qui, même si elle ne sera jamais tout à fait finie, aura été réalisée dans la mesure où chaque enfant sera rendu capable de vivre sa vie par lui-même, en toute sécurité.
3. 5. Décisive Mission Pastorale Salésienne :
ACCOMPAGNER ET GÉNÉRER DES PROCESSUS
Tout ce qui a été dit jusqu’ici, avec d’abondantes indications et suggestions, permet de proposer à notre Famille Salésienne quelques orientations pastorales et pédagogiques devant ce beau et très actuel défi :
Comment accompagner les parents, les époux et tous les chefs de famille… ?
Comment accompagner les enfants, spécialement ceux qui se trouvent dans les maisons salésiennes, tant de garçons et filles dans le monde ?
Comment accompagner, avec notre pastorale des jeunes, notre pastorale familiale et paroissiale, les jeunes qui réfléchissent à un projet de vie dans le mariage pour fonder une famille ?
Et cela réclame de notre pastorale certaines initiatives, actions et décisions :
Faisons résolument le pari de considérer comme une priorité éducative et pastorale l'attention aux familles. Certes, plus d'une fois, cela a été dit en de multiples assemblées et Chapitres Provinciaux ou Généraux. Il est temps de se rendre compte, dans chaque présence salésienne du monde, qu'on ne peut pratiquement pas entreprendre une tâche éducative et pastorale avec les enfants et les jeunes sans envisager la manière d’être réellement en connexion et en communication avec leurs familles, et comment impliquer ces familles. « Pour que les familles puissent être toujours davantage des sujets actifs de la pastorale familiale, il faut "un effort d’évangélisation et de catéchisme" envers la famille, qui l’oriente dans ce sens.»40 Nous devons nous convaincre qu'il ne suffit pas d'avoir la claire priorité de la jeunesse comme destinataire de notre mission. Aujourd'hui plus que jamais, cette tâche éducative et évangélisatrice est inséparable de la famille.
2. Faisons des pas décisifs et fermes en faisant résolument de l’accompagnement une option prioritaire au moyen d’initiatives concrètes et pratiques, selon les contextes :
Un accompagnement des parents et des époux qui l’acceptent.
Un accompagnement réel des enfants et des jeunes, garçons et filles, de nos présences salésiennes dans le monde, spécialement face à des situations familiales et personnelles difficiles.
Un accompagnement vocationnel de tous les jeunes, y compris ceux qui désirent mûrir un projet personnel de vie dans le mariage.
Un accompagnement qui doit se traduire en proposition de vie spirituelle et de foi donnant du sens à la vie, dans les réalités familiales les plus variées que nous rencontrons.
3. Aidons les familles à éduquer et à grandir dans l'affection et le cœur, avec tout ce que cela implique dans notre système éducatif (Préventif). Nous savons combien est lent le chemin de la croissance et de la maturation humaines. La première naissance est suivie par cette autre initiation à la vie qu'est la transmission des valeurs. Voilà pourquoi, « les enfants ont besoin de l'espace protégé et de la sécurité affective qu'ils trouvent dans l'amour de leurs parents ; inversement, les enfants renforcent et enrichissent les liens d'amour entre les parents»41, et notre tâche d’éducateurs et d’évangélisateurs doit donner priorité à cette dimension. C’est en ce sens que nous devons établir des ponts permanents avec les parents pour voir, avec eux, comment avancer en étant attentifs à tous, tant dans les familles que dans nos présences, et toujours pour le bien de leurs enfants, leur accueil, leur écoute, le dialogue qui évite d’imposer l’autorité sans explication ; en étant attentifs à se faire proches des personnes, à respecter leurs étapes propres, attentifs à la communication personnelle, à l’affection sans barrières ni distances…
Dans la lettre que nous avons déjà citée, le Pape Benoît XVI indique, par rapport à ce qu’il a qualifié d’« urgence éducative », la nécessité d’éduquer sur la base de l’amour : « Elle [l’éducation authentique] a besoin avant tout de cette proximité et de cette confiance qui naissent de l’amour ; je pense à l'expérience première et fondamentale de l'amour que font, ou du moins devraient faire, les enfants avec leurs parents. Mais tout éducateur véritable sait que pour éduquer, il doit donner quelque chose de lui-même et qu'ainsi seulement il peut aider ses élèves à surmonter leurs égoïsmes et à devenir, à leur tour, capables d'un amour authentique. »42 On aime rappeler avec plaisir ici que Don Bosco nous demande que les jeunes non seulement soient aimés mais qu'ils se sentent aimés ; et nous devons être en mesure de transmettre cela aux parents de façon très convaincante.
4. Accompagnons et aidons les parents dans leur tâche éducative, en les impliquant autant que possible car bien souvent, malgré leur grand désir d’assumer leurs responsabilités comme premiers éducateurs, ils ne savent pas bien comment faire. « On renforcera la collaboration avec la famille qui est la première éducatrice de ses enfants. Il faudra donc offrir dans nos œuvres un climat éducatif riche de valeurs familiales », dit le CG 24 des SDB.43 Nous devrons être créatifs ; certaines initiatives ont eu leur succès à leur époque et ne sont plus valables aujourd’hui. Il n’est pas toujours facile de motiver les parents, mais cette difficulté doit nous inciter avec plus de force à penser, avec eux, ce dont ils peuvent avoir besoin. « À cet effet, un dialogue plus profond avec les papas et les mamans serait souhaitable qui permettrait de sonder de quelle manière pourrait s’intégrer ici le potentiel de la famille.»44
5. Prenons très au sérieux l’aide à apporter aux parents dans l’éducation à l’amour et dans l’éducation sexuelle de leurs garçons et de leurs filles. Le Pape François signale dans son Exhortation Apostolique ce que demandait déjà le Concile Vatican II dans la Déclaration « Gravissimum Educationis » : « Nous devrions nous demander si nos institutions éducatives ont pris en compte ce défi. »45 Beaucoup d’indicateurs semblent mettre en évidence que, dans les présences salésiennes, nous avons régressé dans cette responsabilité. Il paraîtrait que la difficulté contextuelle nous a beaucoup limités. Pourtant comme éducateurs et éducatrices, nous sentons comment il faut éduquer dans l’amour nos destinataires. Nous croyons que susciter dans nos maisons un climat éducatif riche en communication et affection est une grande leçon sur l’amour. On voit bien que l'on a besoin à la fois d'une éducation affective et sexuelle appropriée et d’une catéchèse attentive qui aide les jeunes à comprendre la réalité et les dimensions de l'amour.46
6. Offrons dans le style salésien notre médiation et notre aide aux parents et aux familles face à leurs difficultés et situations de crise personnelles. Et bien que le résultat de notre intervention puisse être de leur recommander l'aide d'autres professionnels dans leurs difficultés conjugales, nous autres, en tant qu'éducateurs, éducatrices et pasteurs, nous sommes un pont très important pour le bien de leurs enfants. On comprend facilement qu’ils peuvent commettre des erreurs concernant leur mariage et leur famille. Notre service consistera, dans toute la mesure du possible, à aider à renouer avec l’autre, encore et toujours, à chercher des chemins nouveaux de communication, à proposer le pardon mutuel pour y arriver, à permettre de nouveaux commencements. Il s’agit, en définitive, d’aider à grandir et à mûrir grâce à la relation avec l’autre.
7. Soyons maison ouverte pour tous47 dans des Églises domestiques au sein de l’unique Église. Dans de nombreuses régions du monde, les Églises domestiques ont été le soutien et la sauvegarde de la foi face aux persécutions, au manque de liberté religieuse, etc. Souvent, les parents, et les enfants avec eux, sont loin de toute expérience religieuse ou ignorent complètement de quoi il s'agit. En ce sens, nos présences salésiennes dans le monde, avec leurs groupes et associations, nos communautés religieuses, les différents groupes d'apostolat, les groupes de prière, les groupes bibliques ou de catéchèse pour adultes, le volontariat, etc. peuvent être l'espace et l'ambiance spirituelle adaptée pour accueillir et intégrer des groupes de parents et des familles.
8. Accompagnons les jeunes dans leur projet de vie dans le mariage. Le mariage chrétien, célébré et vécu comme un sacrement, serait-il un «modèle déréférencé» ? Ce fut le Pape Benoît XVI qui, à la VIIème Rencontre Mondiale des Familles à Milan en 2012, a lancé aux jeunes le défi du mariage en leur disant que « même si cela exige des efforts, il est possible de vivre un amour fidèle, "pour toujours", ouvert à la vie, et de le vivre joyeusement.» (Rappelé à l’audience du mercredi 6 juin 2012). Il est sans aucun doute primordial d'aider les jeunes à découvrir la richesse et la valeur du mariage. Les jeunes « doivent pouvoir percevoir l’attrait d’une union plénière qui élève et perfectionne la dimension sociale de l’existence, donne à la sexualité son sens entier, et qui en même temps promeut le bien des enfants et leur offre le meilleur environnement possible pour leur maturation ainsi que pour leur éducation. »48 Avec un regard de foi, on peut dire que l'idéal chrétien part de la conviction qu'il est bon pour les personnes de s'engager dans une décision libre et de viser ensemble un objectif élevé et ambitieux, qui soit très différent de la simple idéalisation du mariage.
C'est pourquoi nous devons aider les jeunes à découvrir qu'il est bon de désirer ardemment ce que le mariage et la famille offrent quand les choses marchent bien.
Les aider à considérer calmement que, dans l'amour, ce projet de vie est possible pour eux, si telle est leur vocation et si tel est l'appel que Dieu leur adresse.
Nous pourrons marcher à leurs côtés pour qu'ils puissent voir avec réalisme le danger d'une idéalisation qui les décevrait s'ils n'obtenaient pas la satisfaction de tous les désirs qu'ils auront rêvés.
Nous devrons les aider à découvrir que dans le mariage chrétien, il y a quelque chose de très beau, à savoir que l’amour se situe dans l’horizon de Dieu. Cela signifie que le sacrement est le signe efficace de l’Amour de Dieu en eux.
9. Aidons les parents et les familles à comprendre, surtout dans les moments difficiles, que spirituellement, chaque mariage et chaque famille se trouvent sous la loi du processus et de la gradualité49 comme de la croissance qui se renouvelle continuellement et s’approfondit dans le Mystère du Christ. Il y a de nombreux éléments riches à partager avec les parents et les enfants, telle la valeur d’exercer une fois ou l’autre la tolérance et la patience ; le temps qu’ils doivent se consacrer mutuellement ; les démonstrations d’affection, de tendresse et de profond respect ; la reconnaissance réciproque et l’amour ; la valeur de la prière en famille et la célébration de la foi également. En pensant au mariage, « il est très beau de rencontrer des couples de personnes âgées qui, malgré leur avancée dans l'âge, sont amoureux d'une façon réfléchie. C'est le signe d'un vie humaine sauvée, humainement et spirituellement mûre.»50
10. Faisons partie de ce long chemin de réflexion et de discernement qu'effectue l'Église, avec une plus grande attention à la réalité de la famille et la priorité de la miséricorde comme valeur essentielle de l'Évangile. Cela doit transparaître dans notre pratique éducative et pastorale. Nous devons être profondément convaincus du critère de la gradualité dans l'action pastorale avec les familles, et devons l'intégrer dans notre vision des choses, dans notre programmation et notre tâche éducative et pastorale.
11. Tout cela doit être en lien avec de nombreuses autres initiatives et critères que je vous invite à penser localement dans vos différents contextes et à la lumière de ce qui a déjà été suggéré. Voici quelques exemples qui peuvent sans doute aider :
Ne pas avoir peur de proposer des valeurs humaines, morales et spirituelles à nos jeunes et à leurs familles. On peut dire qu’en général, les familles en ont besoin et l’apprécient.
Dans la mesure du possible, nous devons contribuer à soigner et à encourager dans les familles ce sentiment de la joie d’aimer.
Soignons dans nos maisons, très particulièrement à l’égard de nos destinataires et de leurs familles, l’hospitalité et l’accueil comme expression de notre disponibilité.
Encourageons dans nos présences le fait que des couples puissent être les premiers animateurs, guides et accompagnateurs, éducateurs et apôtres d’autres couples qui peuvent en sentir le besoin.
Quelle formidable opportunité n’avons-nous pas de pouvoir accompagner les familles qui œuvrent à éradiquer toute discrimination contre les filles et les femmes !
Profitons des expériences de « bonnes pratiques » de nombreuses maisons en relation avec les familles, partageons-les et faisons-les connaître.
Examinons très sérieusement quelle est notre attitude d’empathie à l’égard des pères et mères de famille qui vivent très souvent des situations de souffrance et d’angoisse.
Développons encore davantage la force pastorale de nos Communautés Éducatives et Pastorales parce que nous avons la chance que notre action éducative et évangélisatrice soit avant tout communautaire.
Assurons-nous que nos maisons salésiennes du monde entier présentent un visage et un modèle d’Église qui permette aux parents et aux familles de découvrir ou redécouvrir la foi endormie ou abandonnée.
Et retournons résolument, encore et toujours, à l’ambiance du Valdocco.
Je conclus mon appel à notre Famille Salésienne en faveur de l’attention à porter aux familles et à leurs garçons et filles, là où nous nous trouvons, en citant un beau texte de l’Exhortation Apostolique, avec la prière finale à la Famille de Nazareth.
« Notre enseignement sur le mariage et la famille ne peut cesser de s’inspirer et de se transfigurer à la lumière de ce message d’amour et de tendresse, pour ne pas devenir pure défense d’une doctrine froide et sans vie. Car le mystère de la famille chrétienne ne peut pas non plus se comprendre pleinement si ce n’est à la lumière de l’amour infini du Père manifesté dans le Christ qui s’est donné jusqu’au bout et qui est vivant parmi nous. C’est pourquoi je voudrais contempler le Christ vivant présent dans tant d’histoires d’amour, et invoquer le feu de l’Esprit sur toutes les familles du monde. »51
Prière à la Sainte Famille
Jésus, Marie et Joseph,
en vous, nous
contemplons la splendeur de l’amour vrai ;
en toute
confiance nous nous adressons à vous.
Sainte Famille de Nazareth,
fais aussi de nos familles
un lieu de
communion et un cénacle de prière,
d’authentiques écoles
de l’Évangile
et de petites Églises domestiques.
Sainte Famille de Nazareth,
que plus jamais il n’y ait dans les familles
des scènes de
violence, d’isolement et de division ;
que celui qui a été
blessé ou scandalisé
soit, bientôt, consolé et guéri.
Sainte Famille de Nazareth,
fais prendre
conscience à tous
du caractère sacré et inviolable de la
famille,
de sa beauté dans le projet de Dieu.
Jésus, Marie et Joseph,
écoutez, exaucez
notre prière
Amen !
1 Pascual CHÁVEZ, Lettre du Recteur Majeur « Et Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce » (Lc 2,52) in ACG nº 392, 3-46
2 Amoris Lætitia, 36
3 Le premier Synode sur la Famille, du 15 au 19 octobre 2014 (au Vatican) – Thème : « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ». Le deuxième Synode, du 4 au 25 octobre 2015 (au Vatican) – Thème : « La vocation et la mission de la famille dans l’Église et dans le monde contemporain ». À ces Synodes ont participé des évêques, des prêtres, des religieux, des religieuses et des personnes mariées.
4 Dans le Psaume 128, on peut lire : « Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies ! Tu te nourriras du travail de tes mains : Heureux es-tu ! À toi, le bonheur ! Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d'olivier. Voilà comment sera béni l'homme qui craint le Seigneur. De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie, et tu verras les fils de tes fils. Paix sur Israël ! » (Ps 128/127, 1-6)
5 Amoris Lætitia, 19
6 Les expressions en caractères gras sont une option personnelle du rédacteur pour souligner les liens familiaux.
7 AL 38
8 AL 58
9 JEAN PAUL II, Catéchèse (12 mars 1980), 3 : Enseignements III, 1 (1980), 543, cité in Amoris Lætitia, 168
10 AL 171
11 AL 174
12 C’est le titre d’une intervention du Prof. Juan José Bartolomé aux Journées de Spiritualité de la Famille Salésienne sur la Famille, en janvier 2006. Ce texte n’a pas été publié. Ce que j’écris dans ce paragraphe s’en inspire en grande partie.
13 Christifideles Laici, 40
14 Les études critiques disent qu’il est mort exactement le 11 mai 1817.
15 Memorie dell’Oratorio : pour l’édition en langue française, cf. André BARUCQ, Don Bosco, Souvenirs Autobiographiques, Cuneo, 8 décembre 1977, p. 28
16 « Don Bosco livre encore son plus lointain souvenir sur la mort de son père ; c’est peu vraisemblable parce que l’événement se produit alors que le petit Jean n’a que deux ans. Il est probable qu’il se soit souvenu de ce que les adultes du cercle familial lui ont raconté les années suivantes. » Cité in Giacomo DACQUINO, Psicologia di Don Bosco, SEI, Torino, 1988, 19
17 Cf. André BARUCQ, op. cit. p. 30
18 Walter KASPER, L’avenir de la Famille dans la perspective chrétienne, in George AUGUSTIN (éd). Le mariage et la famille, Sal Terrae, Cantabria, 2014, 146
19 Cf. Walter KASPER, op.cit. 146-147
Cf. Reinhard MARX, N’abandonne pas tes parents, in Georges AUGUSTIN, op. cit. 164-174
Cf. Christoph SCHÖNBORN, Cinq rappels… in Georges AUGUSTIN, op. cit. 216-218
Cf. Pascual CHÁVEZ, « Et Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce (Lc 2,52) » in ACG nº 392, Rome, 2006, 8-13
Cf. David LE BRETON-Daniel MARCELLI, Dizionario dell'adolescenza e della giovinenzza [Dictionnaire de l’adolescence et de la jeunesse], LAS, Rome, 289-292
20 Cf. David LE BRETON-Daniel MARCELLI, op. cit. 290-291
21 Cf. Ibid. 291
22 Cf. AL 245
23 Mt 12,20 ; cf. Is 42,3
24Cf. CG 20, Chapitre Général Spécial Salésien, 649
25Ibid, 427 ; cf. CG24, 91-93 ; cf. Pascual Chávez. Lettre du Recteur Majeur, o.c. 41
26Concile Vatican II, Gaudium et Spes, 48
27Document de l’Assemblée Latino-américaine des Évêques à Aparecida (Brésil), nº 302 et 402
28Card. Jorge Mario Bergoglio, La familia a la luz del documento de Aparecida [La famille à la lumière du document d’Aparecida]. Article publié in Famiglia e Vita, XIII, nº 2-3/2008, 64-72, et cité in Papa Francisco y la Familia [Le Pape François et la Famille], LEV-Romana, 2015, Madrid, 51
29Walter Kasper, El futuro de la familia desde la perspectiva cristiana, [L’avenir de la famille dans la perspective chrétienne] in George Augustin (de), o.c. 169
30AL 170
31Cf. AL 172
32AL 172
33AL 260 et 261
34AL 261
35Cf. AL 262, 262, 263, 264, 268, 282,283
36Benoît XVI, A la Diócesis de Roma sobre la tarea urgente de la educación, (21 Enero 2008) [Au Diocèse de Rome sur l’urgence de l’éducation – 21 janvier 2008]
37AL 287
38 Ibid.
39Ibidem
40 AL 200 citant la Relation finale du Synode 2015, n°89
41Walter Kasper, El futuro de la familia desde la perspectiva cristiana, [L’avenir de la famille dans la perspective chrétienne] in George Augustin (de), o.c.,150
42Benoît XVI, A la Diócesis de Roma sobre la tarea urgente de la educación, (21 Enero 2008) [Au Diocèse de Rome sur l’urgence de l’éducation – 21 janvier 2008]
43CG24,177; Pascual Chávez, o.c. 41
44Walter Kasper, o.c. 175
45AL 280
46Cf. CG23, Chapitre Général de la Société de saint François de Sales, Éduquer les jeunes à la foi, Rome, 1990, 195- 202
47Cf. Walter Kasper, o.c. 159-160
48AL 205
49Walter Kasper, o.c.,156
50Ibidem
51AL 59. C’est le rédacteur qui souligne en caractères italiques.