Strenna_2010_fr


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Commentaire de l’Etrenne 2010
« Vraiment il n’y a rien de plus beau que
de rencontrer et de communiquer le Christ à tous ».[1]
Très chers
Confrères,
Filles de Marie Auxiliatrice,
Membres de la Famille Salésienne toute entière,
Jeunes,
me voici au rendez-vous de chaque année pour la présentation du commentaire de l’Etrenne de
2010. En tant que véritable programme spirituel et pastoral, elle nous aidera à renforcer notre
identité salésienne, à fortifier notre communion d’esprit et de cœur, à nous insérer dans l’Eglise
comme “disciples et apôtres” pour la construction du Royaume et la transformation du monde.
Aujourd’hui plus que jamais le monde a besoin du Christ et de son Evangile ; pour cela : il faut des
personnes qui font du Royaume de Dieu la cause pour laquelle elles vivent, comme l’a fait Jésus ;
est nécessaire le témoignage des disciples, hommes et femmes nouveaux, nés non de la ‘chair’ mais
de l’Esprit ; existe le besoin d’apôtres engagés sérieusement pour la conservation de la création et
pour la justice, la solidarité et la fraternité entre les peuples.
1. Introduction : l’Etrenne et ce qui la motive
Après l’appel de l’an dernier, dans lequel j’ai invité la Famille Salésienne à vivre et à agir en tant
que “mouvement” de manière à être plus visible, plus significative et plus efficace dans son service
pour le salut des jeunes, en 2010 je voudrais que vous soyez animés par le même esprit et engagés
dans un projet partagé : annoncer l’Evangile aux jeunes et les conduire ainsi à la rencontre
personnelle avec le Seigneur Jésus.

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Derrière cette expression il s’agit de tout un programme que nous a offert le Saint-Père lui-même
lorsque, dans une lettre qu’il m’a envoyée à l’occasion du 26ème Chapitre Général des SDB, il
écrivait :
« Que l’évangélisation soit le front d’action principal et prioritaire de leur mission d’aujourd’hui.
Elle présente des engagements multiples, des défis urgents, des champs d’action vastes, mais sa
tâche fondamentale s’avère être de proposer à tous de vivre l’existence humaine comme Jésus l’a
vécue. Dans les situations où il y a plusieurs religions et dans celles où il y a de la laïcisation il faut
trouver des voies inédites pour faire connaître, spécialement aux jeunes, la personne de Jésus, afin
qu’ils en perçoivent l’attrait incessant ».[2]
C’est pourquoi, à l’occasion du centenaire de la mort de Don Michel Rua, très fidèle à Don Bosco
et à son charisme, je voudrais inviter tous les membres de la Famille Salésienne à devenir de plus en
plus des disciples passionnés et des apôtres enthousiastes de Jésus et à s’engager dans
l’évangélisation des jeunes. Parlons-leur du Christ, racontons notre rencontre avec Lui, faisons le
récit de son histoire, sans laquelle sa personne risque de glisser dans la mythologie ou dans
l’idéologie, présentons-leur le programme de bonheur qu’Il nous offre dans les Béatitudes, disons-
leur combien est belle la vie une fois qu’on L’a rencontré et combien c’est une joie d’être saisi par
Lui et de s’engager pour défendre la cause du Royaume de Dieu.
L’engagement d’évangélisation est le fruit de l’identité du disciple qui, après s’être mis à la suite
du Seigneur Jésus, devient un représentant de sa personne et son ardent missionnaire. Nous voulons
assumer le défi d’aider les jeunes “à regarder les autres non plus seulement avec leurs propres yeux
et avec leurs propres sentiments, mais selon la perspective de Jésus Christ”.[3] Il est vrai, nous
sommes, nous, salésiens et, comme tels, nous réalisons notre mission d’évangéliser en éduquant et
d’éduquer en évangélisant. Ce n’est pas un slogan ni une expression vide de sens. Elle exprime le
lien étroit qui existe entre l’évangélisation et l’éducation ; sans se confondre et dans le respect de
leur autonomie, elles sont au service de la construction de la personne humaine pour la porter
jusqu’à la plénitude du Christ. L’éducation est authentique quand elle est respectueuse de toutes les
dimensions de l’enfant, de l’adolescent, du jeune et qu’elle est clairement orientée vers la formation
intégrale de la personne, en ouvrant cette dernière à la transcendance. L’évangélisation, pour sa
part, a en elle-même une forte vertu éducative, justement parce qu’elle cherche la transformation de
l’esprit et du cœur, l’institution d’une nouvelle personne, fruit de ses efforts pour ressembler au
Christ.
L’Etrenne de 2010 saisit l’occasion de l’année de Saint Paul, à peine terminée, et du Synode sur la
Parole de Dieu, encore en attente de l’Exhortation Apostolique post-synodale du Pape, qui nous
aidera à annoncer et à témoigner la beauté de la rencontre avec le Christ, Parole de Dieu, qui vit au
milieu de nous. Pendant le Synode, auquel j’ai eu la grâce de participer, j’ai fait une intervention sur
le passage de Luc des disciples d’Emmaüs, considéré comme un modèle d’évangélisation des
jeunes, tant pour le contenu que pour la méthode ; il pourra être utile de le relire et de le méditer.
Voici donc le programme spirituel et pastoral pour l’année 2010 :
«Seigneur, nous voulons voir Jésus »
A l’imitation de Don Rua,
en disciples authentiques et en apôtres passionnés,
portons l’Evangile aux jeunes

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Déjà de nombreux groupes de la Famille Salésienne se trouvent en pleine harmonie avec cet
engagement. A titre d’exemple, je vous signale deux textes, l’un du Chapitre général des SDB,
l’autre du Chapitre général des FMA.
Le XXVIème Chapitre général des Salésiens est conscient de l’urgence d’évangéliser et de la place
centrale de la proposition de Jésus Christ : « Nous percevons l’évangélisation comme l’urgence
principale de notre mission, conscients que les jeunes ont le droit d’entendre l’annonce de la
personne de Jésus comme source de vie et promesse de bonheur dans le temps présent et dans
l’éternité ».[4] Notre « tâche fondamentale s’avère être de proposer à tous de vivre l’existence
humaine comme Jésus l’a vécue. […] Doivent être au centre de [l’] action apostolique l’annonce de
Jésus Christ et de son Evangile, ainsi que l’appel à la conversion, à l’accueil de la foi et à l’insertion
dans l’Eglise ; de là ensuite naissent les chemins de foi et de catéchèse, la vie liturgique, le
témoignage de la charité active ».[5]
Le XXIIème Chapitre général des Filles de Marie Auxiliatrice reconnaît d’autre part que c’est
l’Amour de Dieu qui nous pousse : « Le cénacle, le lieu où les apôtres se trouvent tous ensemble,
n’est pas une demeure stable, mais une base de lancement. L’Esprit les transforme d’hommes
peureux en ardents missionnaires qui, pleins de courage, portent sur les chemins du monde
l’annonce joyeuse de Jésus Ressuscité. L’amour pousse à l’exode et à sortir de soi vers les
nouveaux fronts d’action pour pratiquer le don de soi : “l’amour grandit par l’amour”[6]. Marie, qui
enseigne depuis le cénacle à ouvrir en grand les portes, a été la première à vivre l’expérience de
l’exode et à se mettre en route. La première évangélisée est devenue la première évangélisatrice. En
portant Jésus aux autres, elle offre son service, apporte la joie, aide à faire l’expérience de
l’amour ».[7]
2. Etre des disciples et des apôtres : notre vocation
Etre un disciple qui accueille de tout cœur la Parole de Dieu et un apôtre qui la transmet
joyeusement, telle est la vocation de tout chrétien. C’est précisément en cela que consiste la vie et la
mission de l’Eglise. Jésus lui-même commença en annonçant l’Evangile du Royaume de Dieu et en
appelant des disciples pour les envoyer prêcher. Non seulement les Douze, mais tous les baptisés
sont appelés à être des disciples, qui se familiarisent avec la Parole, s’identifient avec le Seigneur
jusqu’à avoir Ses sentiments, ont la manière de penser du Christ, vivent en intimité avec Lui,
jusqu’à devenir des apôtres convaincus et zélés, envoyés dans tous les milieux de vie pour porter un
témoignage de la foi, pour donner une raison de l’espérance, pour collaborer dans la transformation
de la culture et de la société, pour construire un monde où puissent régner la justice et la paix, pour
éveiller à partir de leur manière d’être les consciences à la solidarité entre les peuples et les groupes
sociaux et à la fraternité entre toutes les personnes.
Aucun chrétien ne peut se soustraire à cette vocation et à cette mission. Tous non seulement les
prêtres, les missionnaires ou les religieux – poussés par l’amour que le Seigneur a pour nous et en
vertu du Baptême, nous sommes appelés à être des évangélisateurs. Nous pouvons répondre à ce
mandat du Seigneur en famille, au travail, dans nos communautés, par les œuvres et les paroles,
c’est-à-dire par l’amour que nous mettons dans les actions et dans les paroles, en faisant attention à
ce qu’elles soient selon l’Evangile. Evangéliser signifie introduire un levain ayant une énergie qui
soit à même de changer la mentalité et le cœur des personnes et, à travers elles, les structures
sociales, de sorte qu’elles soient plus conformes au dessein de Dieu. Il ne s’agit pas d’une activité
qui reste dans le domaine intime ; évangéliser, c’est libérer la véritable révolution sociale, la plus
profonde, l’unique qui soit efficace. Cela explique pourquoi cette activité rencontre tant de
résistances et de contradictions, ouvertes ou occultes.

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Avant de penser aux moyens et aux manières d’évangéliser il est nécessaire d’être motivé, c’est-à-
dire d’être “passionné” de Dieu, d’avoir fait l’expérience de son amitié et de son intimité : « Je ne
vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l’ignorance de ce que fait son maître ; je
vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait
connaître » (Jn 15,15). Entre le moment de l’appel et celui de l’envoi prend place le temps pendant
lequel les disciples “restent” avec le Seigneur pour acquérir la connaissance de son style de vie,
pour apprendre à lire l’histoire de leur être personnel et celle de l’univers comme des histoires de
salut, pour expérimenter dans leur propre vie la vérité, la bonté et la beauté du message qui leur est
confié et qu’ils sont appelés à proclamer.
A ce sujet, dans le mot d’ouverture de l’Assemblée semestrielle de l’Union des Supérieurs
Généraux, tenue en préparation au Synode sur la “Parole de Dieu dans la vie et la mission de
l’Eglise”, je m’exprimais ainsi : « seul le ministre de l’Evangile – consacré ou laïc qui est capable
d’avoir dans son cœur l’Evangile, devenu objet de sa contemplation et thème de sa prière, réussira à
le maintenir sur ses lèvres comme un trésor dont il faut parler et il l’aura entre ses mains comme
quelque chose qu’il doit inéluctablement livrer ».[8]
Dans la belle tâche d’accueillir, d’incarner et de communiquer la Parole de Dieu, Marie est pour
nous mère et maîtresse, parce que comme le dit Saint Augustin – Elle conçut le Fils d’abord dans
son esprit et ensuite dans sa chair. En effet, dans l’Evangile selon saint Luc, Marie est présentée
comme celle qui, à l’annonce de l’Ange, répond avec une ouverture extraordinaire : « Je suis la
servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1,38). Marie est le modèle du disciple
qui, devant les événements qu’il voit et ne réussit pas à comprendre, conserve avec soin toutes ces
choses et les médite dans son cœur (cf. Lc 2,19). Au commencement du ministère de son Fils, aux
noces de Cana, elle invite les serviteurs à « faire ce qu’Il dira » (cf. Jn 2,5), et pendant le ministère
elle se trouve au milieu des disciples qui « écoutent la Parole de Dieu et l’observent » (Lc 11,27-
28). Lorsque le moment de la passion est arrivé, Marie est au pied de la croix, en partageant
jusqu’au bout l’abandon, le refus et la souffrance qu’endure son Fils et en recueillant soigneusement
son testament : « Femme, voici ton fils » (Jn 19,25-27). Et finalement, après la résurrection, elle
persévère en prière avec les disciples dans l’attente de l’Esprit Saint promis (cf. Ac 1,14). Voilà
notre modèle de disciple et d’apôtre de la Parole.
3. C’est pour les disciples un devoir d’être à l’écoute du « désir de voir Jésus »
C’est précisément parce que l’évangélisation n’est pas seulement un message à proclamer, mais
est aussi la révélation de Dieu en Jésus, qu’elle est authentique lorsqu’elle porte à la rencontre avec
la personne de Jésus et qu’elle est efficace lorsqu’elle communique le salut que Dieu a voulu nous
donner dans le Fils. L’évangélisation comporte donc une dynamique interne, qui part du sentiment
religieux exprimé dans le désir de l’homme de voir Dieu, ainsi exprimé par le psalmiste : “De toi
mon cœur a dit : « Cherche sa face ». C’est ta face, Seigneur, que je cherche” (Ps 27[26],8). Et l’un
des disciples se hasarda à demander à Jésus : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit »
(Jn 14,8). Cela nous dit qu’évangéliser est une rencontre de personnes et que la personne est
évangélisée précisément quand elle rencontre et accueille la personne de Jésus.
L’évangéliste Jean rappelle que quelques grecs, alors qu’ils montaient à Jérusalem pour la Pâque,
s’approchèrent de Philippe en lui demandant de “voir Jésus” (Jn 12,21). Se trouvant devant une
demande aussi inattendue, Philippe ne sut pas quoi faire et il en parla avec André ; ensemble ils
allèrent “le dire à Jésus”. Alors Il se rendit compte qu’était arrivée l’heure, tant de fois renvoyée,
d’être glorifié. Au moment où ceux qui étaient lointains ressentirent le désir de le voir, Jésus
reconnut qu’était arrivée l’heure d’annoncer qu’il serait livré à la mort, l’heure de la glorification,
l’heure décisive du salut de tous.

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Jésus acquit la conscience de son heure lorsqu’il sut qu’il y avait quelques grecs qui voulaient le
voir. Il vint à le savoir parce que deux disciples le lui communiquèrent. Sans s’en apercevoir,
Philippe et André aidèrent Jésus à faire connaître le moment crucial de sa vie. Sans ces deux apôtres
les grecs n’auraient pas pu manifester le désir de voir le Seigneur ; sans eux Jésus n’aurait pas su
qu’était arrivé le moment de sa glorification. Jésus eut besoin des disciples pour reconnaître, dans le
désir qu’avaient de le voir ceux qui étaient lointains, l’avènement de l’heure de sa gloire.
Jésus a besoin aujourd’hui également de disciples qui réussissent à sentir dans le cœur des gens,
dans leurs joies et dans leurs peurs, une envie, pas toujours exprimée, de parvenir jusqu’à Lui et de
le rencontrer. Ce qui de nouveau pousse Jésus à opérer le salut est de se savoir désiré. Le disciple
qui lui est proche est seul à pouvoir percevoir, parmi tous ceux qui le cherchent, la personne qui en
réalité désire le trouver. Le disciple suit Jésus pour faciliter la rencontre avec Lui de ceux qui
veulent Le voir. C’est ainsi que le disciple de Jésus devient son apôtre : Jésus a besoin de disciples,
compagnons de vie et de mission, pour reconnaître l’arrivée de son heure. C’est en conduisant
auprès de Lui ceux qui veulent le voir que le disciple de Jésus se convertit en son apôtre.
Discerner parmi les nombreuses aspirations de la jeunesse d’aujourd’hui le vrai désir de “voir
Jésus” est pour nous, membres de la Famille Salésienne, un motif qui, s’il n’est pas l’unique, est au
moins fondamental pour devenir de vrais disciples du Christ. Si nous ne le faisons pas, qui
présentera à Jésus les rêves et les besoins des jeunes ? Qui fera voir Jésus aux jeunes ? Les membres
de la Famille Salésienne sont appelés à être à l’écoute du désir ardent des jeunes de rencontrer Jésus
et, dans le même temps, à lire la situation des jeunes de manière à mettre en évidence le désir que
les jeunes ont de s’approcher de Jésus. C’est là notre façon de faire pour aider aujourd’hui Jésus à
sauver les jeunes. Et c’est ainsi que nous devenons ses vrais compagnons et ses apôtres.
Cela signifie que l’évangélisation des jeunes doit partir des situations concrètes dans lesquelles ils
se trouvent, avec une attention particulière à leur culture (fortement marquée par la valeur de la
subjectivité et celle de l’activité exercée en faisant référence à soi-même) qui les porte à se
regrouper entre gens du même âge et à s’éloigner du monde des adultes. A ce propos sont
éclairantes les paroles dites par le Saint-Père, Benoît XVI, au cours de l’audience du 5 août 2009, en
parlant du saint Curé d’Ars : « Si à l'époque régnait la "dictature du rationalisme", à l'époque
actuelle, on note dans de nombreux milieux, une sorte de "dictature du relativisme". Elles
apparaissent toutes deux comme des réponses inadaptées au juste besoin de l'homme d'utiliser
pleinement sa propre raison comme élément distinctif et constitutif de son identité. Le rationalisme
fut inadapté parce qu'il ne tint pas compte des limites humaines et prétendit élever la seule raison
comme mesure de toute chose, en la transformant en déesse ; le relativisme contemporain mortifie
la raison, parce que, de fait, il en vient à affirmer que l'être humain ne peut rien connaître avec
certitude au-delà du domaine scientifique positif. Mais aujourd'hui, comme alors, l'homme
"assoiffé de signification et d'accomplissement" va à la recherche constante de réponses
exhaustives aux questions de fond qu'il ne cesse de se poser ».[9] Voilà pourquoi les jeunes
surtout eux – ont un besoin, qui n’est pas toujours ressenti ou exprimé, de guides patients et
compréhensifs.
Pour ce qui concerne la référence à la religion en général, et la référence au christianisme en
particulier, les données sur les jeunes ne laissent pas de place à des doutes. Eloignement, abandon
prématuré et insignifiance marquent le rapport d’une nombreuse jeunesse avec des institutions, des
questions et des personnes religieuses. Aujourd’hui il est de plus en plus commun de rencontrer des
jeunes qui n’ont jamais eu contact avec le fait religieux, ou qui l’ont eu d’une manière insuffisante
pour comprendre ce qui concerne Dieu, ou qui se sont éloignés après une expérience initiale pleine
de promesses.

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Ecouter le cri, explicite ou implicite, des jeunes qui veulent voir Jésus comporte, dans la situation
actuelle, la nécessité de sortir de soi-même et de ses propres affaires pour aller vers les espaces et
les questions de vie au milieu desquels les jeunes se sentent comme chez eux, afin de leur révéler
que, parmi les désirs les plus authentiques de vie et de bonheur, il y a, cachées, la demande de sens
et la recherche de Dieu.
Mon cher prédécesseur, le P. Juan Edmundo Vecchi, avait parlé de cette situation d’une manière
très précise. “Le monde des jeunes est une terre de mission vu le nombre de personnes qui doivent
réécouter la première annonce, vu les formes de vie et les modèles culturels auxquels n’est pas
encore parvenue la lumière de l’Evangile, vu le langage verbal, mental et existentiel qui ne coïncide
pas avec celui de la tradition”.[10]
“Il faut prendre acte que Dieu intéresse les jeunes. Toute recherche le confirme. Avec un
pourcentage élevé, ils déclarent qu’ils ressentent d’une manière ou d’une autre le besoin de Dieu et
qu’ils sont convaincus de son existence. Ne s’ensuit pas cependant l’obligation du culte et d’une
morale cohérente, et l’on ne se lie pas non plus à la ‘vérité’ que proposent sur Dieu l’une ou l’autre
des Eglises.
L’image que les jeunes ont de Dieu est variée, à la façon presque d’un kaléidoscope. Mais il serait
précipité de la marquer avec le cachet « fausse ». Elle est plutôt incomplète et floue, de temps en
temps même beaucoup. Une fois que s’est imposée une certaine défiance vis-à-vis des institutions et
de l’image de Dieu présentée par ces dernières et que l’on a donné pour sûrs quelques principes de
vérification typiques de la pensée actuelle, il ne reste plus de critères pour évaluer objectivement la
validité des diverses représentations de Dieu.
Pour assumer une représentation quelconque, le choix subjectif prévaut donc. Ce n’est pas
totalement un mal : la foi est un acte libre de la volonté, poussée par la grâce et éclairée par la
raison. Mais certainement il en résulte des images boiteuses. En conséquence Dieu est situé au
niveau d’un objet, d’une image, d’un interlocuteur, d’une relation et d’une découverte, suivant la
manière de voir de chacun. Il en découle une conception considérablement vague de Dieu lui-même
[…]
Il y a des jeunes chez lesquels l’image d’un Dieu personnel est presque disparue. Et de même
également n’importe quelle interrogation sur Dieu. Des images et des interrogations demeurent dans
les replis de leur conscience, comme dans l’un de ses angles qui ne sont plus visités.
Dans ce contexte, plus comparable à une place publique qu’à une église, se pose la demande :
quand et comment parler de Dieu, vers quelle image de lui orienter des expériences et des
messages ? Il est clair que, de même que Dieu s’est révélé par l’intermédiaire de faits et de paroles,
également notre parler arrive au moyen de faits et de paroles, d’événements et d’éclairages”.[11]
4. D’abord disciples, puis apôtres
Pour faire voir Jésus aux jeunes, il est nécessaire de le connaître, de vivre avec lui, d’être des
siens. Dit avec d’autres mots, on ne peut être témoin et apôtre de Jésus, si d’abord on n’est pas son
disciple. Apôtre, en effet, ne le devient pas celui qui veut l’être, mais celui qui est appelé. Philippe,
André et les autres membres du premier groupe apostolique furent appelés par Jésus, les uns après
les autres, par leur nom, choisis au sein d’une multitude : « vinrent auprès de lui ceux qu’il voulait,
douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher » (cf. Mc 3,13-14). Et, pour venir
auprès de Jésus, ils durent s’éloigner des gens qui Le suivaient, et Le suivre. Celui qui a été invité à

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être avec Jésus et à prêcher en son nom n’appartient pas au groupe de ceux qui le cherchent ; il fait
partie de ceux qui L’ont déjà rencontré et ont déjà décidé de rester avec Lui.
Le premier mandat que reçoit l’apôtre, l’invitation initiale que lui a adressée celui qui l’a appelé,
c’est d’ “être” avec son Seigneur. Dans l’apostolat la vie en commun précède l’envoi ; la compagnie
vient avant la prédication ; la fidélité personnelle est antérieure à la mission. En effet, seront
envoyés par Jésus ceux qui ont vécu avec Lui, en partageant la route et le repos, le pain et les rêves,
les succès et les déceptions, la vie et les projets. Avant que l’Evangile occupe leur esprit et soit une
cause de leurs fatigues, il devra avoir été accueilli dans leur cœur et être une cause de leur joie.
Jésus ne confie pas son Evangile à celui qui ne lui a pas donné sa vie personnelle (cf. Ac 1,21-22).
Les premiers que Jésus a envoyés furent ses premiers compagnons.
Du fait qu’ils étaient avec Lui, les gens qui voulaient connaître Jésus s’approchaient des
disciples ; le désir de trouver Jésus amenait la foule à chercher ceux qui Le suivaient. Le disciple
qui vit avec Jésus est seul à pouvoir faciliter l’accès jusqu’à Lui pour celui qui le désire. D’où le
besoin urgent que ressentent les jeunes de rencontrer des disciples du Christ qui puissent les amener
à Lui, justement parce qu’ils sont sans cesse avec Lui. Il n’y a que des disciples authentiques qui
puissent être des apôtres crédibles.
Au cours de l’année passée, la personne de saint Paul nous a aidés à comprendre qu’avant l’
“Evangile de la grâce” annoncé à tous, vient l’expérience de la rencontre avec le Ressuscité : Paul a
réussi à prêcher l’Evangile de Dieu, et d’une manière tout à fait nouvelle, parce que lui avait été
révélé le ressuscité (cf. Ga 1,15-16) sur le chemin de Damas. C’est de cette expérience que naissent
le programme de vie de Paul “Pour moi vivre, c’est le Christ”, et son projet pastoral “Malheur à moi
si je n’annonce pas l’Evangile” (1 Co 9,16). Si “le Christ est tout pour nous” et si “nous ne faisons
rien passer avant l’amour du Christ”, notre vie devient alors un témoignage joyeux et une
proposition faite à tous de la rencontre avec Lui.
5. Pour faire « voir Jésus » aux jeunes
Trouver Jésus ne signifie pas, d’une manière immédiate, le rencontrer. Le fait d’avoir ‘trouvé’
Jésus, dans une expérience religieuse forte qui suscite une grande joie et un grand enthousiasme, ne
porte pas toujours à la foi, à une authentique rencontre avec le Seigneur, parce que, comme dans la
parabole du semeur (cf. Mc 4), le terrain dans lequel tombe le grain n’est pas préparé.
Dans la rencontre l’initiative appartient à Jésus. “Il se porte en avant et cherche la rencontre. Il
entre dans une maison, s’approche du puits, où une femme va puiser de l’eau, il s’arrête devant un
percepteur, tourne le regard vers celui qui est grimpé sur un arbre, rejoint celui qui parcourt une
route. De ses paroles, de ses gestes et de sa personne se dégage un attrait qui enveloppe son
interlocuteur. C’est à la fois de l’admiration, de l’amour, de la confiance et de l’attraction.
Pour beaucoup la première rencontre se transformera en désir de l’écouter encore, de lier amitié
avec lui, de le suivre. Ils s’assiéront autour de lui pour l’interroger, l’aideront dans sa mission, lui
demanderont de leur apprendre à prier, seront témoins de ses heures heureuses et de ses moments
douloureux. En d’autres cas, la rencontre finit par une invitation à un changement de vie”.[12] Tel
est le témoignage unanime des quatre évangiles.
L’expérience n’est pas différente lorsqu’on pense à la rencontre de Jésus avec les jeunes. Pour
chacun d’eux l’événement le plus fracassant arrive au moment où Jésus apparaît comme celui dans
lequel on peut puiser un sens pour la vie, auquel on peut s’adresser dans une recherche de la vérité,
par l’intermédiaire duquel on peut comprendre la relation avec Dieu et avec lequel on peut

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interpréter la condition humaine. Ce qui est le plus important est de passer de la période où l’on
admire à celle où l’on acquiert la connaissance, de la période où l’on acquiert la connaissance à
celles où l’on vit en intimité, où l’on s’enflamme d’amour, où l’on se met à la suite, où l’on imite.
C’est un fait que l’on ne peut pas “voir Jésus”, si Lui-même “ne se laisse pas voir”. Personne ne
vient à moi, a-t-il dit, si ce n’est celui qui m’a été donné par mon Père (cf. Jn 6,44). Il ne suffit donc
pas d’avoir le désir de le rencontrer pour arriver à la joie de le reconnaître ; et il ne suffit pas non
plus de trouver ses disciples pour rencontrer Jésus et de le reconnaître comme Seigneur.
Le récit d’Emmaüs, qui constitue un modèle exemplaire de la rencontre du croyant avec la Parole
incarnée elle-même (cf. Lc 24,13-15), identifie le but, auquel doit arriver le croyant, et trace la route
pour y arriver. L’épisode illustre le chemin de la foi et en décrit les étapes toujours actuelles. Le
récit de Luc nous offre un itinéraire précis d’évangélisation, dans lequel, aux deux questions ‘qui
est-ce qui évangélise ?’ et ‘comment évangélise-t-on ?’, est décrite la réponse : c’est Jésus qui
évangélise au moyen de sa parole et du don eucharistique de lui-même, en faisant route avec les
disciples.
5.1. But de l’évangélisation : rencontrer le Christ dans l’Eglise
Le récit s’ouvre en rapportant que deux disciples de Jésus se sont éloignés de Jérusalem. Désolés
pour tout ce qui est déjà arrivé depuis trois jours, ils abandonnent la communauté, dans laquelle
cependant il y a quelques-uns qui ont commencé à dire que le Seigneur a été vu vivant ; les deux
disciples ne peuvent pas croire aux racontars de quelques femmes (cf. Lc 24,22-23 ; Mc 16,11).
C’est seulement à la fin du voyage, quand ils verront Jésus répéter le geste de la fraction du pain,
qu’ils le reconnaîtront, pour le perdre aussitôt de vue et retourner en communauté. La conclusion,
inattendue, du voyage à Emmaüs fut de se retrouver avec la communauté à Jérusalem. Le
Ressuscité ne resta pas avec eux et eux ne purent rester seuls : ils firent retour dans la communauté,
où ils rencontreront de nouveau le Christ dans le témoignage des Apôtres : « C’est bien vrai ! le
Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon » (Lc 24,34). Voici un critère de vérification d’une
rencontre authentique avec le Christ : le don de la communauté, que l’on redécouvre comme sa
propre maison, habitée par le Seigneur, comme le foyer auquel appartiennent tous ceux qui ont vu le
Seigneur.
Redécouvrir la communauté et se retrouver dans l’Eglise, lieu pour vivre la foi commune, est la
conséquence logique de la rencontre personnelle avec le Ressuscité. En dehors de la communauté
l’annonce de l’Evangile semble une rumeur à laquelle il n’y a pas lieu de croire (cf. Lc 24,22-23).
Aujourd’hui, comme hier ou plus qu’hier, nous devons tenir compte des obstacles que rencontre
l’évangélisation. Le premier est la désinformation, parce que de Jésus non seulement on parle peu,
mais on cherche à le faire disparaître de la culture actuelle, de l’organisation sociale, de la
conscience personnelle. Sa présence est ressentie comme insignifiante dans la société et son absence
est vue comme un avantage. Le second obstacle est la vision subjectiviste de Jésus qui, privé de sa
réelle historicité, devient toujours un Christ à notre mesure, imaginé selon les désirs ou les besoins
de chacun. Le troisième obstacle est plus raffiné : dans un prétendu dialogue interreligieux on
voudrait réduire le Christ à l’un d’entre les autres maîtres spirituels ou fondateurs de religions, au
point de ne plus reconnaître en lui l’unique Sauveur de tous. Enfin, il y a le risque non imaginaire,
au contraire très commun parmi les chrétiens eux-mêmes, de considérer que le Christ est tellement
connu qu’il n’a plus rien de nouveau à nous dire ; devenu insignifiant, il ne vaut plus la peine qu’on
l’ait comme guide et Seigneur.
Le récit de Luc des disciples d’Emmaüs nous dit que si le Ressuscité n’avait pas fait communauté
avec eux, durant le voyage et à table, les deux disciples ne seraient pas arrivés à le découvrir vivant,

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et ils n’auraient pas recouvré l’envie de vivre ensemble. Remarquons-le bien : le fait que celui qui
revient en communauté l’a d’abord abandonnée est sans importance ; mais il est capital qu’il y
revienne le plus vite possible, aussitôt après avoir vu le Seigneur. Seul celui qui retrouve la vie en
commun, sait que le Ressuscité a été avec lui et trouve la joie de l’avoir senti à ses côtés (cf. Lc
24,35.32).
On doit craindre une évangélisation qui, au-delà des méthodes et des intentions, ne part pas d’une
vie en commun des évangélisateurs et qui ne naît pas de leur joie d’avoir rencontré le Christ dans la
communauté. S’il était ainsi, une telle évangélisation ne serait pas née de la rencontre avec le
Ressuscité, et ne porterait pas à faire une rencontre avec Lui. Ceux qui virent le Ressuscité et
mangèrent avec Lui ne purent pas le retenir avec eux, mais ils trouvèrent l’envie de raconter
l’expérience vécue, en revenant à leur communauté. Cela n’est pas fortuit, mais cela prouve une loi
de l’existence chrétienne : celui qui sait et proclame que Jésus est Ressuscité vit en commun son
expérience.
Même s’il est vrai que, Jésus, on peut le rencontrer en n’importe quel endroit, sa maison, le lieu
où il habite, c’est l’Eglise, la communauté des croyants, c’est-à-dire de ceux qui Le reconnaissent
publiquement comme leur Seigneur, la famille de ses disciples, de ceux qui partagent avec Lui la
vie et la mission.
Il n’y a pas de doute que nous devons nous donner du mal pour corriger l’image déformée qui
peut se trouver chez beaucoup de jeunes au sujet de l’Eglise. Quelques-uns “en parlent avec
affection presque comme si elle était leur propre famille, et même leur mère. Ils savent que c’est en
elle et d’elle qu’ils ont reçu la vie spirituelle. Même s’ils en connaissent les limites, les rides et
jusqu’aux scandales, toutefois cela apparaît secondaire en face de tout le bien qu’elle apporte à la
personne et à l’humanité en tant que demeure du Christ et point de rayonnement de sa lumière : les
énergies de bien qui se manifestent dans des œuvres et des personnes, l’expérience de Dieu sous la
poussée de l’Esprit qui apparaît dans la sainteté, la sagesse qui nous vient de la Parole de Dieu,
l’amour qui aide à l’unité et fait jaillir la solidarité au-delà des frontières entre les nations et les
continents, la perspective de la vie éternelle.
D’autres en discutent avec détachement, presque comme si elle était une réalité qui n’a rien à voir
avec eux et dont ils n’ont pas conscience de faire partie. Ils la jugent de l’extérieur. Quand ils disent
‘l’Eglise’, ils semblent faire allusion seulement à quelques-unes de ses institutions, à quelques
formulations de la foi ou à des règles de morale qui ne leur conviennent pas. C’est l’impression que
l’on retire à la lecture de certains journaux. […] Ils se trompent précisément dans ce qui constitue
l’Eglise : son rapport, ou plutôt son identification avec le Christ. Pour beaucoup, c’est une vérité
non connue ou pratiquement oubliée. Il ne manque pas quelqu’un pour l’interpréter comme une
prétention de l’Eglise pour monopoliser la personne du Christ, en contrôler les interprétations et
gérer le patrimoine d’image, de vérité, d’attrait que le Christ représente.
Pour le croyant, au contraire, c’est le point fondamental : l’Eglise est la continuation, la demeure,
la présence du Christ dans l’actualité du moment, le lieu où il dispense la grâce, la vérité et la vie
dans l’Esprit. […] C’est précisément comme cela. L’Eglise vit de la mémoire de Jésus, médite de
nouveau et étudie par tous les moyens sa parole en en extrayant de nouvelles significations,
réactualise sa présence dans les célébrations, cherche à projeter la lumière, qui se dégage de son
mystère, sur les événements du moment et sur les conceptions de vie actuelles, et elle assume et
continue la mission du Christ dans sa totalité : annonce du Royaume et transformation des
conditions de vie moins humaines. Surtout Jésus en est la tête qui attire chacune des personnes, les
unit en un corps visible et infuse des énergies dans les communautés”.[13]

1.10 Page 10

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Si telle est la vraie réalité de l’Eglise, nous avons le devoir de faire en sorte que les jeunes
l’aiment en tant que mère de leur foi, une mère qui les élève en tant que fils de Dieu, qui leur fait
trouver leur vocation et leur mission, qui les accompagne au long du parcours de la vie et qui les
attend pour les faire entrer dans la maison du Père. C’est ce que Don Bosco sut faire d’une manière
incomparable dans l’éducation et l’évangélisation de ses garçons à Valdocco. Voyons ce que nous
pouvons faire, nous aujourd’hui, vis-à-vis des jeunes qui veulent voir Jésus.
5.2. Méthode de l’évangélisation : cheminer ensemble
La raison pour laquelle probablement l’histoire des disciples d’Emmaüs s’avère aussi actuelle se
trouve dans sa contemporanéité avec notre situation spirituelle. Il nous est facile d’avoir le
sentiment d’être identifiés avec ces disciples qui reviennent à la maison, avant le coucher du soleil,
chargés de connaissances et de tristesse. Dans l’aventure des deux disciples d’Emmaüs nous
trouvons les étapes décisives à parcourir pour refaire, dans l’éducation à la foi des jeunes,
l’expérience pascale qui accompagne la naissance de la vie en communauté et du témoignage
apostolique.
Point de départ : aller trouver Jésus avec ses propres déceptions
Ce n’est pas ce qui s’était passé à Jérusalem “ces jours-ci”, mais l’intime frustration personnelle
qui fut le point de départ du voyage vers Emmaüs. Ils avaient vécu avec Jésus et la vie en commun
avait éveillé en eux les meilleurs espoirs : il semblait être “celui qui allait délivrer Israël” (Lc
24,19.21). Au contraire, sa mort en croix leur avait fait enterrer toutes leurs attentes et leur foi. Il
était plus que logique, de leur part, de ressentir l’échec, d’avoir le sentiment, dans leur déception,
qu’ils avaient été trompés. Aujourd’hui les jeunes ont peu de choses à partager avec ces disciples ;
mais rien ne leur est peut-être commun autant que la frustration de leurs rêves, la fatigue dans la vie
et le désenchantement éprouvé lors d’une expérience de disciple. Suivre Jésus, pensent-ils souvent,
ne mérite pas, ne vaut pas la peine : un absent n’a pas de valeur pour leur vie.
C’est le moment d’aller vers Emmaüs. Sur le chemin, avec leurs angoisses, il y a aussi l’occasion
d’une rencontre avec Jésus. On ne doit pas cependant aller tout seul. Les jeunes ont besoin d’une
Eglise qui, en représentant Jésus, soit à même de s’approcher de leurs problèmes et de leur détresse,
qui soit à même non seulement de partager avec eux le chemin et la fatigue, mais aussi de savoir
converser avec eux, en se plaçant à leur niveau, en prenant de l’intérêt pour ce qui les préoccupe, en
prenant en charge leurs embarras. Comment la Famille Salésienne pourra-t-elle représenter le
Seigneur ressuscité, si elle ne s’occupe pas d’eux, si elle ne s’interroge pas sur “leurs joies et leurs
espoirs”, sur “leurs tristesses et leurs angoisses”, en somme si elle ne se montre pas préoccupée
pour leurs affaires et leur vie ?
Pendant le chemin : passer de “savoir beaucoup de choses sur Jésus” à “le laisser parler”
Sur la route, il n’y avait que l’inconnu qui semblait n’avoir aucune idée de ce qui s’était passé à
Jérusalem (cf. Lc 24,17-24). Connaître tant de choses sur Jésus ne porta pas les disciples à le
reconnaître ; ils connaissaient le kérygme, mais ils n’étaient pas arrivés à la foi ; ils savaient tant sur
lui, mais ils n’étaient pas capables de le voir ; ils avaient tant de nouvelles sur un mort, au point de
ne pas réussir à le voir vivant. L’inconnu dut s’engager à fond pour leur faire comprendre ce qui
s’était passé en le remettant sous la lumière de Dieu. Jésus se mit à relire avec eux sa vie en la
présentant comme l’accomplissement des promesses. Pour pouvoir le reconnaître, ils durent le
laisser parler.

2 Pages 11-20

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2.1 Page 11

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Comme le Christ, la Famille Salésienne doit renoncer à alimenter chez les jeunes des espoirs
inconsistants, de fausses attentes ; elle doit au contraire enseigner à supporter ce qui se passe en eux
et autour d’eux, en les aidant à relire les événements à la lumière de Dieu, selon sa Parole. Si nous
ne les portons pas à la conviction que tout ce qui arrive fait partie d’un projet divin, est le fruit et la
preuve d’un amour colossal, comment les jeunes réussiront-ils à se sentir aimés de Dieu ? Pour
qu’ils y réussissent, nous devons devenir leurs compagnons dans la recherche du sens de la vie et
dans la recherche de Dieu. Voici un parcours, encore peu utilisé dans l’Eglise, très urgent pour les
jeunes : sans connaître les Ecritures, on ne connaît pas le Christ.[14]
Etape décisive : accueillir Jésus dans sa maison
Parvenus à Emmaüs, les disciples n’étaient pas encore arrivés à la connaissance personnelle de
Jésus, n’avaient pas identifié le Ressuscité dans l’accompagnateur inconnu. En réalité, Emmaüs ne
fut pas le but du voyage, mais une étape décisive. Invité à rester, encore inconnu, Jésus répète son
geste sans dire un mot. La pratique eucharistique est parmi les croyants un signe de sa présence
réelle. Les deux d’Emmaüs ne reconnurent pas le Seigneur quand ils faisaient route avec lui et
apprenaient de sa bouche à comprendre le sens des événements. Ce que Jésus n’a pas réussi à faire
avec l’accompagnement, avec la conversation, avec l’interprétation de la Parole de Dieu, s’est
accompli avec le geste eucharistique.
Les yeux pour contempler le Ressuscité s’ouvrent au moment où Il répète le geste qui L’identifie
le mieux (cf. Lc 24,30-31). Quand on fait la fraction du pain en communauté, Jésus sort de
l’anonymat. “Aucune communauté chrétienne ne peut se construire sans trouver sa racine et son
centre dans la célébration de l’Eucharistie”[15]. Une éducation à la foi qui oublierait ou différerait
la rencontre sacramentelle des jeunes avec le Christ, n’est pas la voie pour le trouver. L’Eucharistie
est et doit rester “la source et le sommet de toute l’évangélisation”[16] ; elle est “source et sommet
de toute la vie chrétienne”[17].
“Les jeunes, comme nous le faisons nous-mêmes, trouvent Jésus dans la communauté ecclésiale.
Dans la vie de cette dernière, il y a cependant des moments dans lesquels il se révèle et se
communique d’une manière unique : ce sont les moments des sacrements, en particulier la
Réconciliation et l’Eucharistie. Sans l’expérience qu’ils contiennent, la connaissance de Jésus se
révèle insuffisante et pauvre, jusqu’au point de ne pas permettre de le distinguer parmi les hommes
comme le Sauveur ressuscité.
En effet, il existe des gens qui, tout en partageant la vie sociale et les idéaux de l’Eglise, situent
seulement Jésus parmi les grands sages, parmi les génies religieux ; ils le considèrent peut-être
comme la réalisation la plus haute de l’humanité qui influe sur nous en raison de la profondeur de sa
doctrine et de son exemple de vie. Il manque cependant l’expérience qu’on doit avoir
personnellement du Ressuscité, de son pouvoir de donner la vie, de la communion en lui avec le
Père.
Avec raison on dit que les sacrements sont une mémoire vraie de Jésus : de ce qu’il a accompli et
opère encore aujourd’hui pour nous, de ce qu’il signifie pour notre vie ; ils raniment donc notre foi
en lui, c’est pourquoi nous l’apercevons mieux dans notre existence et dans les événements.
Ils sont aussi une révélation de ce qui semble caché dans les replis de notre existence, c’est
pourquoi nous en prenons conscience : dans la Réconciliation nous découvrons la bonté de Dieu à
l’origine et comme tissu de notre vie ; à sa lumière nous évaluons comment notre vie se déroule et
nous cherchons à la construire sur un mode nouveau. Ils sont une énergie, une grâce qui nous
transforment parce qu’ils communiquent la vie du Christ ressuscité et nous greffent sur elle ; ils

2.2 Page 12

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nous donnent une conscience non pas théorique, mais vécue, de sa portée, de ses dimensions et de
ses possibilités.
Ils sont une prophétie, le gage d’une promesse de communion et de bonheur qui nous a été faite et
sur laquelle nous nous appuyons. Dans la Réconciliation nos yeux s’ouvrent et nous voyons ce que
nous pouvons devenir selon le projet et le désir de Dieu ; nous est redonné l’Esprit qui nous purifie
et nous renouvelle. Quelqu’un a dit que c’est le sacrement de notre avenir de fils, plutôt que de
notre passé de pécheurs. Dans l’Eucharistie le Christ nous fait entrer dans son offrande au Père et
renforce le don de nous-mêmes aux hommes. Elle nous inspire le désir et nous donne l’espérance
que tous deux, l’amour envers le Père et l’amour envers les frères, deviennent une grâce pour tous
et pour tout : nous annonçons sa mort, nous proclamons sa résurrection, viens Seigneur Jésus”.[18]
5.3. Motivation de l’évangélisation
L’urgence d’évangéliser ne tient pas du prosélytisme, mais exprime la passion pour le salut des
autres, la joie de partager l’expérience de plénitude de vie en Jésus. Celui qui a rencontré le
Seigneur, ne peut pas rester silencieux : il doit Le proclamer. Se taire serait Le donner de nouveau
pour mort ; et Lui, il vit ! Le sentiment missionnaire incarne le commandement que Jésus adresse
aux disciples : « vous serez mes témoins […] jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8).
Don Bosco fit sien cet appel de Jésus dès le début de son œuvre, en portant l’Evangile aux jeunes
les plus pauvres. En parlant de la Congrégation il dit : “Cette Société dans son début était un simple
catéchisme”.[19] Et déjà au lendemain de l’approbation des Constitutions (1874), le 11 novembre
1875, il envoya la première expédition missionnaire en Amérique Latine. Comme Famille
Salésienne, nous sommes invités à nous mettre en plein accord avec ce qui a constitué l’inspiration
première de Don Bosco : la dimension de sa vie, mais aussi de son charisme sur le plan de
l’évangélisation et de la mission. Tout cela représente un point fondamental du testament spirituel
qu’il nous a laissé.
L’activité missionnaire est particulièrement vivante de nos jours, parce que le monde est redevenu
une “terre de mission”. D’autre part, de nos jours il y a une manière différente de concevoir
l’activité missionnaire, de réaliser la “missio ad gentes”. Elle est effectuée dans le respect des
différents milieux culturels, en dialogue avec les autres confessions chrétiennes et les différentes
religions, et elle nous engage dans la promotion de l’humanité et dans la progression de la
culture.[20] Cela ne nous dispense pas pour autant d’être missionnaires, au contraire cela nous
engage d’une manière encore plus forte.
5.4. Repenser la pastorale
Si nous voulons évangéliser aujourd’hui, en plus de donner priorité aux urgences de
l’évangélisation, nous devons rénover la pastorale. Voici donc quelques attentions à avoir à ce
sujet.
Place centrale de la personne de Jésus Christ
Le Seigneur Jésus n’apparaît pas seulement dans l’évangélisation au niveau du contenu de cette
dernière ; Il en est le thème principal. Jésus Christ, en effet, ne nous propose pas un message qui
serait séparable de sa personne, de sorte que ses paroles, ses actions, son histoire terrestre pourraient
être réduites à de simples instruments de communication. C’est Lui-même qui est le contenu de son
annonce, parce qu’Il est la Parole vivante et efficace, dans laquelle Dieu se communique aux
hommes. La source de toute l’œuvre d’évangélisation réside dans la rencontre personnelle avec le

2.3 Page 13

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Christ. Il ne s’agit pas, évidemment, d’une simple exhortation remplie de conseils, mais d’une claire
indication porteuse de vérité, qui a des conséquences très considérables. Parmi ces dernières, je
signale avant tout l’exigence de surmonter la rupture entre le contenu et la méthode de
l’évangélisation et, en second lieu, l’urgence de maintenir l’équilibre entre deux démarches : partir
des demandes des destinataires et leur présenter seulement et totalement le Christ. Cela nous
demande de vérifier si nos méthodes pastorales sont cohérentes avec la place centrale de la
proposition de Jésus Christ. Une méthode qui met exclusivement au centre l’auditeur de la Parole
rend vaine l’efficacité de la Parole elle-même.
Témoignage de la communauté évangélisée et de la communauté évangélisatrice
Le témoignage est un élément fondamental de l’action pastorale. La priorité du témoignage
découle d’une manière cohérente de la place centrale de la personne de Jésus Christ dans l’action
évangélisatrice. Cette action ne naît pas en premier lieu de besoins humains auxquels il faut
apporter une réponse, mais de la rencontre avec un mystère personnel de grâce auquel il faut rendre
témoignage ; c’est pourquoi elle n’est pas effectuée à partir d’un vide ou d’une insuffisance, mais à
partir d’une plénitude d’amour que l’on rayonne et que l’on partage. C’est justement pour cela
qu’au centre de l’action évangélisatrice il y a la présence, devenue témoignage, d’une communauté
qui interpelle les consciences au moyen de sa manière de vivre et qu’il n’y a pas simplement un
projet pastoral autour duquel seraient regroupées des forces plus ou moins homogènes. Et donc
prend un relief particulier la personne de l’évangélisateur, qui est avant tout un disciple croyant et
ensuite un apôtre crédible, ou plutôt un apôtre crédible justement parce qu’il est déjà un disciple
croyant.
Evangélisation et éducation
Dans la Famille Salésienne est ressentie l’exigence de repenser le rapport entre l’évangélisation et
l’éducation, en surmontant le phénomène d’inertie due à la répétition de formules trop vagues. A ce
sujet le XXVIème Chapitre général des Salésiens affirme ceci : « Dans la tradition salésienne nous
avons formulé ce rapport par diverses expressions : par exemple “d’honnêtes citoyens et de bons
chrétiens” ou bien “évangéliser en éduquant et éduquer en évangélisant”. Nous percevons
l’exigence de continuer la réflexion sur ce délicat rapport. En tout cas, nous sommes convaincus
que l’évangélisation propose à l’éducation un modèle d’humanité pleinement réussie et que
l’éducation, quand elle arrive à toucher le cœur des jeunes et développe le sens religieux de la vie,
favorise et accompagne le processus d’évangélisation ».[21] Le développement de ce travail trouve
un point de référence dans l’affirmation limpide du même texte capitulaire, selon laquelle il faut
« sauvegarder à la fois l’intégralité de l’annonce et la progression par étapes dans la
proposition »,[22] sans céder à la tentation de transformer la progression par étapes dans les
parcours pédagogiques en choix partiel et sélectif de la proposition ou d’apporter du retard à
l’annonce explicite de Jésus Christ, en rendant ainsi impossible la rencontre personnelle avec le
Seigneur.
Evangélisation dans les différents contextes
L’évangélisation demande aussi que l’on soit attentif aux différents contextes. L’urgence de porter
l’annonce du Seigneur Ressuscité nous entraîne à être confrontés à des situations qui résonnent en
nous comme un appel et une préoccupation : les peuples non encore évangélisés, la laïcisation qui
menace des terres de longue tradition chrétienne, le phénomène des migrations, les nouvelles et
dramatiques formes de pauvreté et de violence, l’expansion de mouvements et de sectes. Nous
sentons que nous sommes interpellés aussi par quelques événements, comme le dialogue
œcuménique, le dialogue interreligieux et le dialogue interculturel, comme la nouvelle sensibilité

2.4 Page 14

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pour la paix, pour la sauvegarde des droits de l’homme et pour celle de la création, comme les
nombreuses expressions de solidarité et de volontariat. Ces éléments, reconnus dans les
Exhortations apostoliques qui ont suivi les Synodes des divers continents, nous engagent à trouver
de nouvelles voies pour communiquer l’Evangile de Jésus Christ dans le respect et la mise en valeur
des cultures locales.
Attention portée à la famille
Il faut réserver une attention particulière à la famille qui est le protagoniste ordinaire de
l’éducation et le premier lieu de l’évangélisation. L’Eglise a pris conscience des graves difficultés
dans lesquelles se trouve la famille et elle ressent la nécessité d’offrir des aides extraordinaires pour
sa formation, son développement et l’exercice responsable de son devoir éducatif. C’est pour cela
aussi que, nous-mêmes, nous sommes appelés à faire en sorte que la pastorale des jeunes soit de
plus en plus ouverte à la pastorale des familles. Le Pape Benoît XVI disait ceci à nous, Salésiens,
durant le XXVIème Chapitre général : « Dans l'éducation des jeunes, il est extrêmement important
que la famille soit un sujet actif. Celle-ci est souvent en difficulté pour affronter les défis de
l'éducation ; bien des fois elle est incapable d'offrir son apport spécifique, ou bien elle est absente.
La prédilection et l'engagement en faveur des jeunes, qui sont une caractéristique du charisme de
Don Bosco, doivent se traduire en un même engagement pour l'implication et la formation des
familles. Votre pastorale des jeunes doit donc s'ouvrir résolument à la pastorale familiale. S'occuper
des familles n'est pas soustraire des forces au travail pour les jeunes, mais c’est au contraire le
rendre plus durable et plus efficace ».[23]
5.5. Processus à mettre en place pour le changement
Pour affronter les exigences de l’évangélisation et pour parvenir à repenser la pastorale des
jeunes, il est nécessaire de convertir les mentalités, de modifier des structures et de mettre en place
quelques processus de changement. Il faut passer :
- d’une mentalité qui privilégie les rôles de gestion directe à une mentalité qui privilégie la
présence d’évangélisation au milieu des jeunes ;
- d’une évangélisation faite d’événements sans continuité à un itinéraire systématique et
intégral ;
- d’une mentalité individualiste à un style communautaire qui implique les jeunes, les familles
et les laïcs dans l’annonce de Jésus Christ ;
- d’une attitude d’autosuffisance pastorale au partage des projets des églises locales ;
- de la considération de l’efficacité de notre présence sur la base de l’estime qu’en ont les
autres, à son évaluation sur la base de la fidélité à l’Evangile ;
- d’une attitude de supériorité culturelle à un accueil positif des cultures qui sont différentes de
la propre culture ;
- du fait de considérer la Famille salésienne seulement comme une occasion de rencontre, de
connaissance et d’échange d’expériences, à l’engagement d’en faire un véritable mouvement
apostolique en faveur des jeunes ;

2.5 Page 15

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Je suis convaincu que « pour répondre en disciples du Seigneur Jésus nous n’avons pas d’autre
alternative que la vie théologale, une vie intensément imprégnée de foi, d’espérance et de charité et
vécue en profondeur, ainsi que l’exigence radicale de la vie évangélique, une vie lumineuse tracée
par l’obéissance, la pauvreté et la chasteté. Voilà notre prophétie ! Jésus nous a instruits et nous a
communiqué son Esprit afin que nous puissions être le sel de la terre, la lumière du monde, un
levain dans la société, étant appelés à éclairer et à rayonner, à protéger et à donner de la saveur, à
faire grandir et à transformer.
Tout cela implique :
- d’assumer avec créativité et enthousiasme la nouvelle évangélisation, jusqu’à atteindre l’âme de la
culture, spécialement celle des jeunes, nos destinataires ;
- de remettre Dieu à la place centrale dans la vie personnelle et dans la vie communautaire, en
assurant une forte dose de vie spirituelle dans la communauté et en rendant lisible le témoignage
communautaire de la “sequela Christi” ;
- de faire le pari de constituer des communautés ayant un authentique esprit de famille, riches de
valeurs humaines et démontrant un dévouement complet pour le service des jeunes, spécialement de
ceux qui sont les plus pauvres, dans le besoin, marginaux, jusqu’à faire de chacune de ces
communautés une maison et une école de communion ;
- de redonner un sens à la présence salésienne au milieu des jeunes, en faisant des choix
charismatiques qui nous permettent de partager la vie avec les jeunes, en établissant une nouvelle
modalité de présence plus résolument évangélisatrice, en nous plaçant là où nous pouvons être plus
féconds au niveau de la pastorale, de la spiritualité et des vocations ».[24]
6. Comme Don Michel Rua, disciple et apôtre
Celui qui relit l’histoire de la Congrégation salésienne, au terme des années écoulées, cent
cinquante depuis sa fondation et cent depuis la mort de Don Rua, premier successeur de Don Bosco,
ne peut pas ne pas reconnaître que notre charisme est né de la mission même de l’Eglise, que ce qui
nous pousse est la passion pastorale que Don Bosco apprit à l’école de Cafasso, qu’en un mot nous
sommes envoyés par Jésus pour accomplir le même ministère que le sien et la même œuvre que la
sienne, mais avec le visage souriant de Don Bosco et avec la détermination de Don Rua.
6.1 « Le plus fidèle »
Il m’est donc impossible, au point où nous sommes arrivés, de ne pas m’arrêter à parler de don
Michel Rua, modèle pour nous de ce que signifie être, dans un style salésien, des disciples et des
apôtres. La célébration du centenaire de sa mort vient nous stimuler à être des disciples et des
apôtres de Jésus en suivant l’exemple de Don Bosco, dont il a été le premier successeur.
Il « a été le plus fidèle, et donc le plus humble et en même temps le plus valeureux des fils de Don
Bosco ». C’est avec ces mots que Paul VI, le 29 octobre 1972, jour de la béatification, grava pour
toujours le profil humain et spirituel de Don Rua. Le Pape encore, dans cette homélie[25]
prononcée à voix forte et claire sous la Coupole de Saint-Pierre, présenta les traits du nouveau
Bienheureux avec des mots qui définirent sa caractéristique fondamentale : la fidélité. « Successeur
de Don Bosco, c’est-à-dire continuateur : fils, disciple, imitateur… Il a fait de l’exemple du Saint
une école, de sa vie une histoire, de sa règle un esprit, de sa sainteté un type, un modèle ; il a fait de
la source, une eau courante, un fleuve ». Les paroles de Paul VI élevaient à un niveau supérieur

2.6 Page 16

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l’histoire terrestre de cette « silhouette mince et usée de prêtre » ; elles découvraient le diamant qui
avait brillé dans la trame douce et humble de ses jours.
Cette histoire avait commencé un jour lointain par un geste étrange. Agé de huit ans, orphelin de
père, portant un bandeau noir sur sa veste, Michel avait tendu vers Don Bosco sa main pour avoir
une petite médaille. Au lieu de la médaille, Don Bosco y avait placé sa main gauche, tandis qu’avec
la droite il faisait le geste de la couper en deux. Et il lui répétait : “Prends-la, petit Michel, prends-
la”. Et devant ces yeux émerveillés, il avait dit les mots qui seraient le secret de sa vie : “Nous
ferons toujours part à deux”. Commença ainsi ce formidable travail effectué ensemble par le maître
saint et le disciple qui faisait par moitié avec lui tout et toujours. Michel commençait à assimiler la
manière de penser et de se comporter de Don Bosco. “Observer Don Bosco, même dans ses actions
les plus insignifiantes, m’impressionnait davantage – dira-t-il plus tard que de lire et de méditer
n’importe quel livre de piété”.[26]
6.2 Fidélité féconde
Plus d’un Cardinal à Rome, à la mort de Don Bosco était persuadé que la Congrégation salésienne
se désagrégerait rapidement ; Don Rua avait 50 ans. Il valait mieux envoyer à Turin un
Commissaire pontifical pour préparer l’union des Salésiens avec une autre Congrégation de
tradition éprouvée. “En grande hâte – témoigna sous serment don Barberis Mgr Cagliero réunit le
Chapitre avec quelques-uns des plus anciens et une lettre fut rédigée au Saint-Père dans laquelle
tous les Supérieurs et tous les anciens déclarèrent que tous d’accord ils accepteraient comme
Supérieur don Rua, et non seulement ils se soumettraient, mais ils l’accepteraient avec une grande
joie. … Le 11 février, le Saint-Père confirmait et déclarait que don Rua serait en charge pendant
douze ans selon les Constitutions”.[27]
Le Pape Léon XIII avait connu Don Rua et il savait que les Salésiens sous sa direction
continueraient leur mission. Et il en fut ainsi. Les Salésiens et les œuvres salésiennes se
multiplièrent comme les pains et les poissons entre les mains de Jésus. Don Bosco avait fondé 64
œuvres ; Don Rua les porta à 341. Les Salésiens, à la mort de Don Bosco, étaient au nombre de
700 ; avec Don Rua, en 22 ans de direction générale, ils devinrent 4 000. Les missions salésiennes,
que Don Bosco avait tenacement commencées, s’étaient étendues pendant sa vie à la Patagonie et à
la Terre de Feu, à l’Uruguay et au Brésil ; Don Rua multiplia l’élan missionnaire, et les Salésiens
missionnaires atteignirent la Colombie, l’Equateur, le Mexique, la Chine, l’Inde, l’Egypte et le
Mozambique.
Pour que la fidélité à Don Bosco ne diminuât pas, Don Rua n’eut pas peur de voyager en long et
en large. Toute sa vie fut constellée de voyages. Il rejoignait ses Salésiens partout où ils étaient, il
leur parlait de Don Bosco, ravivait en eux son esprit, s’informait paternellement, mais
soigneusement, de la vie des confrères et des œuvres, et laissait par écrit des directives et des
avertissements pour que fleurît la fidélité à Don Bosco.
6.3 Fidélité dynamique
Dans la même homélie de béatification Paul VI affirma : « Méditons, un instant, sur l’aspect
caractéristique de Don Rua, l’aspect qui […] nous le fait comprendre […] La prodigieuse fécondité
de la famille Salésienne […] a eu en Don Bosco l’origine, en Don Rua la continuité. […] Ce
disciple [de Don Bosco…] a servi l’œuvre Salésienne dans sa capacité à s’étendre, […] il l’a
développée dans une conformité à la lettre, mais avec une nouveauté toujours géniale ».

2.7 Page 17

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Paul VI continue : « Que nous enseigne Don Rua ? […] A être des continuateurs […] L’imitation
chez le disciple n’est plus passivité, ni servilité […] [L’éducation est] un art qui guide l’expansion
logique, mais libre et originale des qualités virtuelles de l’élève […] Don Rua se qualifie comme le
premier continuateur de l’exemple et de l’œuvre de Don Bosco […] Nous nous rendons compte que
nous sommes en présence d’un athlète en activité apostolique, qui [opère] toujours suivant le
modèle de Don Bosco, mais avec des dimensions propres et croissantes […] Nous rendons gloire au
Seigneur, qui a voulu […] offrir à son labeur apostolique de nouveaux terrains de travail pastoral,
que le développement social, impétueux et désordonné, a ouvert devant la civilisation chrétienne ».
A lire, ne fût-ce même que rapidement la quantité impressionnante des lettres de don Rua, de ses
circulaires, les volumes qui résument son œuvre de Successeur de Don Bosco pendant 22 ans, on
découvre de façon imposante que ce qu’affirme le Pape est vrai : sa fidélité à Don Bosco n’est pas
statique, mais dynamique. Il perçoit vraiment le cours du temps et l’évolution des nécessités de la
jeunesse, et sans peur il développe l’œuvre salésienne sur de nouveaux terrains.
7. Suggestions pour la concrétisation de l’Etrenne
Après nous être arrêtés à parler de la personne de Don Rua, qui développa tant la Famille
Salésienne, voici maintenant quelques paragraphes utiles pour faire en sorte que les groupes de la
Famille Salésienne s’engagent ensemble à porter l’Evangile aux jeunes. C’est là une proposition
faite à chacun des groupes de la Famille salésienne, mais aussi aux Consultes locales et provinciales
de la Famille Salésienne elle-même.
7.1. Réfléchir dans les Consultes locales et provinciales de la Famille Salésienne sur la façon
d’assumer tout ce qui est indiqué dans la section 5.4, c’est-à-dire sur la façon de repenser la
pastorale de manière que s’avèrent opérationnels les choix concernant la place centrale de la
proposition de Jésus Christ, le témoignage personnel et le témoignage communautaire, l’apport
réciproque d’éducation et d’évangélisation, l’attention à la diversité des contextes, l’implication des
familles.
7.2. Déterminer dans les Consultes locales et provinciales, à partir de la “Charte de la mission de la
Famille Salésienne”, les modalités pour faire ensemble des expériences d’évangélisation des jeunes,
en développant la “lecture spirituelle et priante de l’Ecriture Sainte” également parmi eux et en les
rendant de plus en plus les évangélisateurs de leurs compagnons.
7.3. Susciter la collaboration opérée en Famille Salésienne, au niveau provincial et au niveau local,
pour réaliser les missions en faveur des jeunes, en considérant cette collaboration comme une forme
actuelle de l’annonce et de la catéchèse, sans omettre d’impliquer les jeunes eux-mêmes en tant
qu’évangélisateurs des jeunes.
7.4. Mettre en valeur les Exhortations apostoliques publiées en conclusion des Synodes
continentaux, pour déterminer les priorités et les formes spécifiques du propre contexte en vue de
l’évangélisation des jeunes. Dans le cas de l’Amérique Latine, adhérer à la “Mission continentale”
programmée par l’Assemblée des Evêques qui a eu lieu à Aparecida ; dans le cas de la Région
Afrique - Madagascar, suivre les indications du Synode des Evêques d’octobre 2009.
8. Conclusion
Comme d’habitude, je conclus la présentation de l’Etrenne par un récit, qui cette fois nous est
offert par le commentaire, réalisé par le P. Joseph Grünner, Provincial d’Allemagne, pour le tableau
“Don Bosco marionnettiste”, peint par Sieger Köder : ce prêtre du Diocèse de Rottenburg

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Stuttgart, où il a exercé comme curé, est un ami des Salésiens. Dès que j’ai vu ce tableau, je suis
resté fasciné par la représentation si puissante et si prégnante de notre cher fondateur et père.
Il s’agit d’une véritable image de “Don Bosco évangélisateur, signe de l’amour de Dieu pour les
jeunes”. Comme toutes les images, l’œuvre doit être étudiée et appréciée dans son ensemble, mais
aussi dans les détails. Je souhaite que sa contemplation nous stimule tous et chacun à être d’ardents
évangélisateurs des jeunes, convaincus de ce que dans l’Evangile nous leur offrons le cadeau le
plus précieux : le Christ, le seul qui soit capable de leur faire comprendre le sens de leur existence,
de les provoquer à faire des choix de vie qui engagent et à devenir eux-mêmes des apôtres des
jeunes.
Don Bosco évangélisateur, signe de l’amour de Dieu pour les jeunes
Méditation sur Don Bosco à partir du tableau de Sieger Köder
“Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux” (Lc 6,36)
On pourrait être surpris par la manière de présenter Don Bosco comme l’a fait dans sa peinture
Sieger Köder, à la fois prêtre et artiste. Il ne le représente pas comme on le voit dans une des
nombreuses photos qui existent, par exemple au milieu de ses enfants, ou même comme un “saint
typique”, mais cette peinture montre vraiment Don Bosco comme il était et continue d’être, nous
révèle le plus profond de son être. Ainsi le tableau devient également une très belle illustration de
ce que notre Père décrit, dans sa lettre envoyée de Rome en 1884, comme centre de son système
préventif.
Don Bosco : marionnettiste enthousiasmant
Sur le côté droit nous voyons Don Bosco, revêtu de la soutane et se tenant derrière un voile
sombre qui lui sert de coulisse. Aux yeux des spectateurs sa personne reste cachée, au contraire ils
peuvent observer les deux marionnettes qu’il tient dans le haut du tableau. Son visage nous fait voir
sa concentration en même temps que son enthousiasme : il sourit, et évidemment il s’implique
totalement dans son action. Il semble que lui plaise l’enthousiasme des spectateurs.
Don Bosco : éducateur riche d’idées
Il sait fasciner les garçons, les jeunes, les adultes, pour les conquérir par des jeux et des
amusements, avec des méthodes et des moyens très simples, en se servant de la parole ou de
l’imprimerie, en s’engageant pour eux grâce à sa créativité et à sa grande sensibilité. Il se sert de
tout pour les conquérir pour la mission qu’il considère comme celle que lui a confiée la
Providence. Il le fait en mettant au centre “le message”, dont il est seulement un médiateur et non
le protagoniste.
Don Bosco : catéchiste passionné
Les deux marionnettes dans les mains levées de Don Bosco – l’une représentant le père, l’autre le
fils entre les bras du père sont un symbole pour son projet de vie : faire comprendre et
expérimenter par les jeunes pauvres et laissés à l’abandon, ainsi que par les personnes des groupes
populaires, le mystère de l’immense amour de Dieu et de Son infinie miséricorde envers tous. Le
récit biblique du père miséricordieux, qui dans son cœur n’a jamais oublié son fils prodigue, mais
qui a sans cesse espéré et attendu son retour (cf. Lc 15,11-32), n’est pas seulement le sujet de la
représentation réalisée avec les marionnettes, mais est le thème dominant de toute la vie de Don

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Bosco. Le cadre montre le point culminant du récit biblique : le père miséricordieux, en vêtements
de fête, embrasse le fils prodigue, qui est à présent revenu, en lui redonnant la dignité et tous les
droits qu’il avait auparavant et en ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour sa vie.
Don Bosco : père miséricordieux
Don Bosco ne “joue” pas au père comme s’il était un acteur dans un spectacle, mais il le devient
et il l’est en réalité, en prenant pour modèle le père du récit biblique. Dans la partie inférieure du
tableau, dans le côté droit de la toile, Don Bosco est représenté dans une attitude de protection
pour un de ses garçons, et ce jeune regarde attentivement Don Bosco. Ce garçon est peint avec la
même couleur bleue que la marionnette qui représente le fils prodigue ; il symbolise peut-être le
frère aîné de la parabole, qui n’est pas encore prêt et disposé à accepter la miséricorde du père.
Peut-être, également, qu’il représente les garçons si nombreux auxquels Don Bosco a offert un
espace protégé, où ils pouvaient faire l’expérience de la sûreté, de la charité, de l’amour affectif et
effectif, en contraste avec tout ce dont ils devaient faire l’expérience dans les rues et en prison.
Don Bosco avec ses jeunes
Les destinataires de Don Bosco sont de jeunes enfants et de jeunes garçons, qui suivent
attentivement ce qu’il fait. Don Bosco est une seconde fois représenté sur le côté gauche du
tableau : il se tient au milieu d’eux et les serre dans ses bras affectueusement, comme fait le père
miséricordieux dans le spectacle. Les garçons sont pleinement pris par ce qui arrive sur la scène,
tandis qu’ils écoutent le message et qu’en même temps ils font l’expérience de ce qu’un tel message
produit comme effet : avec Don Bosco ils peuvent se sentir à leur aise, étant acceptés comme ils
sont. La charité de Don Bosco est sensible et devient une expérience convaincante. C’est cela
l’amour de qui est “père, frère et ami”.
Don Bosco : annonciateur dans le monde
Le peintre a situé l’événement à ciel ouvert, en dehors des murs de la ville que l’on voit dans le
fond de la scène. A son époque, Don Bosco se rendit à l’intérieur de la ville de Turin, en circulant
çà et là dans les rues et sur les places pour chercher et rencontrer des jeunes garçons et des jeunes
gens. Il entra dans leur monde, venait à leur rencontre en se mettant, d’un certain point de vue, à
leur niveau, comme on en voit la description dans la lettre de Rome. C’était là sa place préférée
pour accomplir sa mission de pasteur et d’évangélisateur : prendre les jeunes là où ils sont, mais
en ouvrant leurs sentiments vers “le haut” et en les dirigeant vers “le ciel”. Don Bosco est peint,
pour ainsi dire, avec les pieds sur terre, dans le monde des réalités d’ici-bas, et avec le regard et
les mains tournés vers le ciel ; et il n’oublia jamais ni la terre ni le ciel.
Don Bosco : témoin qui invite
Dans la liturgie de l’ordination sacerdotale l’Evêque invite l’ordinand : “Maintenant vis ce que
tu annonces !” C’est ce que fit Don Bosco pendant toute sa vie sacerdotale. Il était convaincu de
l’amour infini et inébranlable de Dieu envers les hommes, de l’amour de Dieu qui est plus prompt à
pardonner et à accorder un nouveau départ à celui qui est faible qu’à le punir. Don Bosco était un
témoin convaincant au moyen de tout son être et de toute son action, sur la cour de récréation et à
l’atelier, en classe comme à l’église : témoin de la miséricorde paternelle du “bon Dieu”, qui
jamais ne désespère de l’homme, mais le conduit de la séparation et de l’isolement au retour “dans
sa maison”.

2.10 Page 20

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Ce tableau de Köder nous fait voir un homme à admirer, mais de plus il constitue une invitation
que Don Bosco nous adresse : “Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux”.
A vous, confrères, membres de la Famille Salésienne et amis, tous très chers, je redis : nous, qui
sommes des disciples passionnés de Jésus et ses témoins et apôtres convaincus et joyeux, portons
les jeunes au Christ et portons l’Evangile aux jeunes.
Père Pascual Chávez Villanueva
Recteur majeur
[1] Cf. BENOÎT XVI, Sacramentum Caritatis, n. 84.
[2] BENOÎT XVI, Lettre à l’occasion du 26ème Chapitre Général au P. Pascual Chávez Villanueva,
Recteur majeur des Salésiens, 1er mars 2008, n. 4 ; cf. CG26 [Documents capitulaires] SDB, p.
101.
[3] Cf. BENOÎT XVI, Deus caritas est, n. 18.
[4] CG26 Documents capitulaires SDB, n. 24.
[5] Ibidem ; BENOÎT XVI, Lettre au P. Pascual Chávez Villanueva, Recteur majeur des Salésiens,
à l’occasion du 26ème Chapitre général, 1er mars 2008, n. 4. [Cf. CG26 Documents capitulaires
SDB, p. 101].
[6] BENOÎT XVI, Deus caritas est, n. 18.
[7] CG22 Documents capitulaires FMA, Plus grand que tout est l’amour, n. 33.
[8] P. CHÁVEZ, Non è giusto che noi trascuriamo la Parola di Dio [Il n’est pas juste que nous
négligions la Parole de Dieu], Mot d’ouverture lors de l’Assemblée de l’USG, Rome 21 novembre
2007.
[9] BENOÎT XVI, Audience générale du Mercredi 5 Août 2009 – [L’écriture en caractères gras,
absente à l’origine, vient ici mettre en évidence l’importance de ce qui est dit par le Pape).
[10] J. E. VECCHI, “L’areopago giovanile” [L’aréopage, le monde des jeunes], NOTES de
PASTORALE des JEUNES (NPG) 1997, n. 4 (mai), p. 3.
[11] J. E. VECCHI, “Parlare di Dio ai giovani” [Parler de Dieu aux jeunes], NPG 1997, n. 5 (juin),
pp. 3-4.
[12] J. E. VECCHI, “Educare alla fede : l’incontro con Cristo” [Eduquer à la foi : la rencontre avec
le Christ], NPG 1997, n. 3 (avril), p. 3.

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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[13] J. E. VECCHI, “Maestro, dove abiti ?” [Maître, où habites-tu ?], NPG 1997, n. 7 (octobre), p.
3.
[14] Cf. DV 25.
[15] PO 6.
[16] PO 5.
[17] LG 11.
[18] J. E. VECCHI, “Lo riconobbero nello spezzare il pane” [Ils le reconnurent à la fraction du
pain], NPG 1997, n. 8 (novembre), pp. 3-4.
[19] MB IX, p. 61.
[20] Cf. EN 19.
[21] CG26 Documents capitulaires SDB, n. 25.
[22] Ibidem.
[23] BENOÎT XVI, Discours de Sa Sainteté durant l’audience aux membres du Chapitre, 31 mars
2008; cf. CG26 Documents capitulaires SDB, p. 137.
[24] PASCUAL CHÁVEZ VILLANUEVA, Sotto il soffio dello Spirito. Identità carismatica e
passione apostolica. Corso di esercizi spirituali alle Capitolari FMA, LDC Turin 2009, p. 17.
[25] Cf. AAS an. et vol. LXIV, 1972 N. 11, pp. 713-718.
[26] A. AMADEI, Il Servo di Dio Michele Rua, vol. I, SEI Turin 1933, p. 30.
[27] Positio pp. 54-55.