L’assistance atteint le niveau de la paternité éducative, qui est plus que l’amitié. Elle est une
responsabilité affectueuse et revêtue d’autorité qui offre un accompagnement et un enseignement
vers la vie et exige la discipline et l’engagement. Qui dit paternité éducative dit amour et autorité.
Elle se manifeste surtout dans le “savoir parler au cœur” d’une manière personnelle, parce que, de
cette façon, on parvient à ce qui occupe l’esprit des enfants, on décèle la portée des événements de
leur vie, on leur fait comprendre la valeur des comportements et des sentiments, en touchant le
tréfonds de la conscience.
Ne pas parler beaucoup, mais d’une manière directe ; pas d’une façon agitée, mais claire. Il y a dans
la pédagogie de Don Bosco deux exemples de cette manière de parler : “le mot du soir”, cette
parole, adressée à tous, qui à la fin de la journée donnait le sens de ce que l’on avait vécu, et “le
petit mot à l’oreille”, cette parole personnelle qui était glissée à des moments informels de
récréation. Ce sont deux moments chargés d’émotivité, qui concernent toujours des événements
concrets et immédiats, et qui livrent une sagesse ordinaire, comme on en voit tous les jours, pour les
affronter ; en somme ils aident à vivre et enseignent l’art de vivre.
Amitié, assistance et paternité font naître le climat de famille, dans lequel les valeurs deviennent
compréhensibles et les exigences acceptables. De cette façon on trace la frontière entre
l’autoritarisme, qui risque de ne pas avoir d’influence tout en obtenant des résultats de pure forme,
et l’absence de propositions ; entre le fait d’être envahissant, qui ne laisse pas d’espace à qui
voudrait s’exprimer librement, et le manque d’initiatives éducatives, qui détourne de l’engagement
dans la transmission des valeurs ; entre la camaraderie et la responsabilité de l’adulte.
Les manifestations de la paternité de Don Bosco ont eu lieu dans un contexte où la famille
patriarcale constituait un modèle dont les diverses fonctions servaient de point de repère pour tous
les types d’autorité : ceux de la société civile, de l’entreprise, de l’éducation. Tout alors était
“familial” : l’éducation, l’entreprise, l’économie. C’était un axiome indiscuté que l’éducateur devait
présenter une “physionomie paternelle”.
Pour nous aussi la paternité a un sens encore irremplaçable : c’est un amour qui fait donner la vie et
devenir responsable de son développement, aimer du fond du cœur, parler opportunément, attendre
la maturation, accorder l’autonomie, accueillir avec joie le retour.
Prévention, proposition, relation s’entrecroisent dans les milieux “pour jeunes”. Les enfants ont
besoin d’exprimer leur vitalité, ce qu’intérieurement ils ressentent, acceptent et élaborent. Les
jeunes doivent s’exercer à prendre des responsabilités, à réaliser les valeurs qu’ils énoncent, à vivre
la solidarité, à mener leur propre barque.
Pour un éducateur salésien le “lieu éducatif” de la connaissance du jeune n’est pas principalement le
test psychologique, mais la cour de récréation, là où il s’exprime spontanément. La rencontre
éducative n’est pas principalement la rencontre en bonne et due forme, mais la rencontre spontanée.
Le chemin de croissance du jeune se situe certainement dans le respect des règles et dans la docilité
à l’éducateur, mais il se trouve beaucoup plus dans la capacité à prendre part avec joie aux
initiatives et à la vie qu’on développe dans le groupe de jeunes, dans l’association de jeunes qui
coopèrent, dans la communauté de jeunes, où les éducateurs ont la tâche non facile de motiver, de
pousser et d’encourager, d’ouvrir des espaces [lieux, milieux, moments], de favoriser la créativité.
Les œuvres, qui sont encore aujourd’hui sur le modèle de celles de Don Bosco, présentent les
caractéristiques qu’il donna à ses instituts. Elles cherchent à répondre aux nécessités des jeunes
avec un programme concret et si possible intégral : enseignement, logement, éducation au travail,
temps libre. Elles associent également les adultes, spécialement s’ils appartiennent aux milieux
populaires ou s’occupent d’aider les jeunes. Elles sont “ouvertes” et non exclusives. Elles travaillent
en réseau, en liaison avec les institutions, le secteur, la population et les autorités.
Aujourd’hui on sent l’urgence d’“espaces” pour les jeunes : petits, moyens ou grands. Que serve
l’exemple des discothèques et des groupes. Se tient aux aguets le mal de la solitude, qui est à
l’origine de beaucoup de déviances. L'analyse en matière d’éducation a frappé juste lorsque, sans
rigidité, elle a fait une distinction entre des lieux institutionnels, organisés pour des finalités
précises, et des lieux de vie, ouverts à l’expression spontanée, à la recherche de sens, aux projets, à