Si pour prendre le large avec confiance il fallait connaître quelques directions à prendre (vérité,
sens, solidarité, politique), pour avancer en eaux profondes il faut avoir fixé quelques priorités. Jean
Paul II indique les suivantes :
a) Repartir du Christ. « Il ne s’agit pas, précise le Pape, d’inventer un “nouveau programme”. Le
programme existe déjà : c’est celui de toujours, tiré de l’Evangile et de la Tradition vivante. Il est
centré, en dernière analyse, sur le Christ lui-même, qu’il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en
lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l’histoire jusqu’à son achèvement dans le Jérusalem
céleste. C’est un programme qui ne change pas avec la variation des temps et des cultures, même
s’il tient compte du temps et de la culture pour un dialogue vrai et une communication efficace. Ce
programme de toujours est notre programme pour le troisième millénaire ».
b) Assumer la sainteté comme idéal et but quotidien. Ce fut l’atout majeur de l’Evangile pour les
nombreuses figures de saints : saints pasteurs, saints charismatiques, saints éducateurs, saints et
saintes de la charité. C’est peut-être une des vérités les plus importantes, que nous oublions de nos
jours, même si des figures comme Padre Pio, Mère Thérèse de Calcutta et Jean XXIII nous la
proposent une nouvelle fois de façon efficace.
c) Apprendre la prière, la pratiquer, la développer, y découvrir sa nouveauté des lèvres de Jésus.
De là dépendent à leur tour de nombreux thèmes et aspirations, comme par exemple la soif de
spiritualité, qui semble être un « signe » de notre temps ; les « écoles de prière », la vie consacrée
elle-même.
d) Vivre la liturgie, en particulier dans la célébration eucharistique communautaire du dimanche,
avec le plus grand engagement. « La plus grande attention doit donc être portée à la liturgie, “le
sommet vers lequel tend l’action de l’Eglise et en même temps la source d’où découle toute sa
force”. Au vingtième siècle, spécialement à partir du Concile, la communauté chrétienne a
beaucoup grandi dans sa façon de célébrer les sacrements, surtout l’Eucharistie. Il faut persévérer
dans cette direction en donnant une importance particulière à l’Eucharistie dominicale et au
dimanche lui-même, entendu comme un jour particulier de la foi, jour du Seigneur ressuscité et du
don de l’Esprit, vraie Pâque hebdomadaire. Depuis deux mille ans, le temps chrétien est scandé par
la mémoire de ce “premier jour après le sabbat”, où le Christ ressuscité fit aux apôtres le don de la
paix et de l’Esprit . »
e) Accueillir la vérité de la résurrection du Christ comme le donné originel sur lequel s’appuie
la foi chrétienne. C’est l’« événement qui se place au centre du mystère du temps et qui préfigure le
dernier jour, lorsque le Christ reviendra dans la gloire. Nous ne savons pas quels événements nous
réservera le millénaire qui commence, mais nous avons la certitude qu’il demeurera solidement
dans les mains du Christ, le “Roi des rois et Seigneur des seigneurs” , et justement en célébrant sa
Pâque, non seulement une fois dans l’année, mais chaque dimanche, l’Eglise continuera à “montrer
à chaque génération ce qui constitue l’axe porteur de l’histoire, auquel se rattachent le mystère des
origines et celui de la destinée finale du monde” ».
f) La capacité, l’esprit et le sacrement de la Réconciliation.
Mais pour avancer en eaux profondes, nous avons tout autant besoin de quelques convictions qu’il
nous est intéressant de souligner, à nous comme pasteurs qui suivons une spiritualité pastorale :
a) Avant tout le primat de la grâce. « Nous engager avec davantage de confiance dans une
pastorale qui donne toute sa place à la prière, personnelle et communautaire, signifie respecter un
principe essentiel de la vision chrétienne de la vie : le primat de la grâce. Il y a une tentation qui
depuis toujours tend un piège à tout chemin spirituel et à l’action pastorale elle-même : celle de
penser que les résultats dépendent de notre capacité de faire et de programmer. Certes, Dieu nous
demande une réelle collaboration à sa grâce, et il nous invite donc à investir toutes nos ressources
d’intelligence et d’action dans notre service de la cause du Royaume. Mais prenons garde d’oublier
que “sans le Christ nous ne pouvons rien faire” (cf. Jn 15, 5).»
b) La force de la sainteté. « Une fois le Jubilé terminé, la route ordinaire reprend, mais présenter la