Spiritualité Missionaire salésienne

P. Luc Van Looy, SDB
Spiritualité Missionaire Salesienne III

Rome- Salésiens, Dicastère des Mission, Mars 1988 (p.67-86)


Introduction

Pour comprendre l’activité missionnaire des salésiens, nous voulons jeter un regard sur la pensée même de Don Bosco. Comment Don Bosco a pu insérer le projet missionnaire dans son travail et quel but il voulait atteindre à travers son activité missionnaire dans la congrégation salésienne ? Don Bosco « avait mis un sur pied un plan pour ses premiers missionnaires, l’ouverture d’écoles secondaires, et des internat au abord de la Pampas et de la Patagonie, tout cela avait pour but de rapprocher ses fils des populations appelées à l’époques « sauvages » afin de les éduquer de manière chrétienne et de préparer quelques uns parmi eux sur le chemin de la prêtrise, et à traves ces derniers conduire les adultes plus réticents à la foi et à la civilisation » (A. Favale, in ‘Il Projetto Missionario di Don Bosco, LAS, 1975)

De nos jours, dans certaines parties du monde, les garçons éduqués par les salésiens font ceci : chaque année des milliers d’hommes et de femmes sont évangélisés par des jeune qui, ayant reçu la foi dans les maisons salésiennes désirent la donner à leurs frères et sœurs, même à ceux qui résident dans les endroits où m’évangélisation n’est pas autorisée par les autorités civiles.

Dans certaines parties du monde le message de l’Evangile est rendu présent à travers les missionnaires venant des pays dits chrétiens. Nous voyons comment Don Bosco voulu que les populations évangélisées s’occupent de l’évangélisation de leur frères et sœurs. De la même façon qu’il voulu que les jeunes du Valdocco soient apôtres les uns des autres; en cela nous voyons que l’éducation à la foi est complète seulement quand la personne évangélisée devient un disciple actif.

Dans les endroits où les salésiens commençaient leurs actions pour la première fois, il arrivait le plus souvent que les populations demandent que les salésiens s’occupent de préférence des adultes et les leaders du peuple. Cela était très souvent dû au fait que dans ces cultures la façon de penser des peuples n’était pas encore prête à accepter le fait que des adultes s’occupent des jeunes et des enfants. L’expérience à prouva que cette façon de procéder avec les enfants et les jeunes était très (souvent) effective. En effet les salésiens qui avaient littéralement vécu la recommandation de Don Bosco de « s’occuper des malades des jeunes et des vieillards et des pauvre » accomplirent de grandes choses aux services des autres pour le royaume.

1. La Croissance de l’Idée (l’idéal) Missionnaire en Don Bosco.

Don Bosco était profondément impliqué dans tout ce qui concerne l’Eglise et sa croissance. Il prit une part active dans les préoccupations de l’Eglise et du Saint Père. Tout désir du Pape était pour lui un ordre. Il discuta sur d’importants sujets avec le Pape et enseigna à ses garçons et disciples à être attentif aux besoins de l’Eglise.

Le 03 Mai 1822, l’« Œuvre pour la Propagation de la Foi » fut fondée à Lyon (France) et cela apporta un nouvel enthousiasme aux missions. L’Eglise du Piedmont avait toujours été une Eglise missionnaire, et à cause de cela, le nouveau dynamisme par l’Institut nouvellement fondé causa un renouveau de l’idéal missionnaire dans le Nord de l’Italie. Au cours de l’année 1841 seulement, près de 68 missionnaires, tous de l’Eglise de Sardo-Piémontaise partirent pour les missions. Le Saint Père insista auprès de toutes les congrégations religieuses de trouver les voies et moyens pour être impliquées dans les activités missionnaires. Le Pape Pie IX demanda particulièrement à Don Bosco considérer une dimension missionnaire pour sa congrégation nouvellement fondée. Des missionnaires, des évêques, des hommes d’Etats venus des terres de mission aussi bien que des fondateurs de congrégations missionnaires cherchaient partout des missionnaires (Don Bosco fut contacté par Comboni, Lavigerie, Alamano, et tant d’autres). A cause de la popularité du travail que faisait Don Bosco à Turin, plusieurs « chercheurs de missionnaires » s’approchent de lui. L’opinion public sur le travail apostolique de Don Bosco allait croissant à tel point que non seulement son travail parmi les garçons au Valdocco était apprécié, mais aussi sa capacité à trouver des collaborateurs et des bienfaiteurs.

Don Bosco pour sa part avait toujours été minutieux pour les missions ; lorsqu’il n’était encore qu’un garçon il avait désiré aller en mission ; et ceci fut probablement l’une des raisons pourquoi il avait demandé à entrer dans l’Ordre des Franciscains. Il abandonna ce grand désir et rêve pour les missions au moment où Don Cafasso lui fit savoir qu’il avait intérêt à oublier ce rêve parce que Dieu avait besoin de lui pour autre choses.

Don Bosco avait la volonté inébranlable de mettre toute les institutions qu’il fonda au service de l’Eglise. Il ne fonda ni sa congrégation ni aucunes de ses maisons pour une raison autre que la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes, et tout cela dans un contexte ecclésial. Tout cela nous le verrons dans la façon qu’il organisa sa mission en Patagonie et dans la manière dont il répondit aux besoins des peuples qu’il voulait évangéliser.

Un signe de son engagement missionnaire peut être vu dans ses rêves missionnaires. Le chemin spirituel de Don Bosco a été marqué par des rêves, et sa façon de planifier était toujours clairement influencée par ces interventions que Don Bosco lui-même raconte dans plusieurs rêves ayant trait aux missions futures et aux terres de mission. A travers ces rêves il finit par avoir une connaissance juste des situations et des besoins des pays que lui-même n’avait jamais visités. Dans ses cinq (05) grands rêves missionnaires, il raconte comment il visita des pays éparpillés sur les 5 continents et comment il y avait un besoin pressant de missionnaires pour sauver la multitude de jeunes et des peuples qui attendaient encore la lumière de l’Evangile. Plusieurs fois Don Bosco s’exprima sur l’urgence de sauver beaucoup de peuple. « Si seulement j’avais un grand nombre de prêtres et de coadjuteurs », dit-il à Giacomo Belli en 1848,  « je les enverrais en Patagonie et sur la Terre de Feu ». Le souci de Don Bosco pour le salut, pour la conversion des protestants et de façon spéciale ceux de l’Angleterre, aussi bien que son travail à travers les « lectures catholiques » (Letture Catholiche, depuis 1853), sont d’autres signes de son intérêt dans l’activité missionnaire de l’Eglise.

Tout son environnement, toute sa formation aussi bien que l’inspiration du très haut, donnèrent un esprit missionnaire à Don Bosco, voilà pourquoi toute son activité d’éducateur et de fondateur avait un caractère missionnaire. Son style pastoral était missionnaire, tout ceci était ainsi même dans les lieux où le travail missionnaire compris comme première proclamation de l’Evangile n’était pas nécessaire. Toutes ces personnes qui, à cause des circonstances sociales ne participaient plus aux activités de l’Eglise, Don Bosco les pris pour objectif particulier. Il voulu être le « curé des jeunes sans paroisse » (MBIII, 197)

Don Bosco eu l’intension d’unir l’évangélisation avec la promotion humaine, d’unir le feu de l’Evangile avec les valeurs séculières ; de cette façon, il créa des maisons dans des situations qui à première vue n’étaient pas religieuses. Il ouvrit des institutions qui ne montrèrent pas à première vue un aspect religieux mais qui montraient plutôt l’aspect des soins pour les nombreux besoins des peuples et des garçons. Don Bosco comprit qu’il n’était pas seulement envoyé aux turinois de son temps ou à un environnement religieux dans lequel il vivait. Son intérêt était plus large, il sentit qu’il était aussi envoyé dans un champ d’action qui embrasse le futur de la Foi en particulier et de toute l’Eglise en général. N’oublions pas en passant le fait que Don Bosco se sentait appelé et envoyé aux pauvres parmi les pauvres. Pour lui, la plus grande des pauvretés était de ne pas avoir reçu la lumière de l’Evangile ; cela était pour lui une pauvreté plus grande que le manque de pain.

2. Les Premiers Objectifs

Don Bosco proposa deux objectifs principaux aux missionnaires qu’il envoya en Argentine.

Assistance aux Immigrants Italiens.

(1) Durant la période entre 1857 et 1875, l’Argentine reçu 210000 immigrants Italiens, la ville Buenos Aires recevant à elle toute seule plus de 50000. Ces Italiens étaient très bien organisés, mais abandonnés à eux-mêmes du point de vue religieux et culturel. Au Piedmont seulement, prêt de 710000 personnes émigrèrent entre 1876 et 1900. Le fait d’être isolé, vivant dans un nouveau contexte culturel, créa le besoin d’une assistance particulière. L’Eglise en Italie avait un souci pour les migrants, et différentes initiatives furent mises sur pied pour s’occuper de leur bien-être spirituel. Il y avait cependant un grand besoin de bon prêtres et de bon éducateurs parmi eux, car en effet, les ressortissants italiens dans la Boca (Buenos Aires) causaient beaucoup de soucis aux autorités tant civiles qu’écclésiales en Argentine à cette période là.

(2) Evangélisation des Populations Indigènes (Aborigènes)

Beaucoup de personnes en Argentine n’avaient encore ni reçu la foi catholique ni l’éducation (instruction). Don Bosco les appelait les « Selvaggi » (sauvages), un mot communément utilisé à son époque pour désigner les personnes non-instruites, non-cultivées, tout cela était dû aux histoires qui faisaient allusion aux blancs tués par les sauvages. Les deux éléments : Education et Evangélisation poussèrent Don Bosco à faire tout son possible pour ces peuples dans le besoin ; comment les atteindre, et leur faire connaitre l’Evangile sinon à travers des programmes de civilisation.

Le fait d’entrer en contact de cette manière avec un contexte social différent de celui de la ville donna à Don Bosco l’idée de créer des paroisses, les premières paroisses dans l’histoire de la congrégation salésienne, et de mettre sur pied des internats pour l’étude des humanités et la formation professionnelle, de plus il mit sur pied divers services pour assister les populations dans tous leurs besoins en organisant diverses activités caritatives.

Nous ne tromperions pas si nous disions que le plan missionnaire de Don Bosco n’était en rien différent de son travail en Italie, que sa maturité comme missionnaire de sa maturité comme fondateur, et que la finalité de ses activités dans les terres de mission n’étaient pas différent de celles qu’il avait en Italie ; mais seulement, les circonstances pratiques le pousseront à incarner son travail dans une manière différente, comme par exemple en créant des paroisses. Il pourrait être dit que Don Bosco était aussi bien un bon missionnaire à la maison qu’à l’étranger et que l’activité missionnaire de ses fils n’était rien d’autre que le couronnement du travail déjà entrepris à la maison, et c’était aussi un privilège et une manifestation concrète du travail qu’il avait déjà l’habitude de faire. C’était un privilège dans le sens que les personnes dont il avait la charge dans ces terres lointaines étaient plus nécessiteuses que celles en Italie, et de cette façon là étaient l’expression la plus éloquente de son charisme et de sa compassion.

3. Le Concept Missionnaire de Don Bosco

Don Bosco voulu que sa congrégation soit essentiellement missionnaire et les constitutions Salésiennes le disent clairement. « Nous regardons le travail missionnaire comme un aspect essentiel de la congrégation » (C30). La mission donnée par le Christ à ses disciples (Mt 28; 18-20) est à proprement parler la base de la pensée de Don Bosco comme Apôtre ; essentiel est aussi sa compréhension comme unité de foi, de rassemblement du peuple Chrétien en un seul corps, unité dans l’obéissance au Pape, et une unité de besoin du salut pour tant de personnes encore hors de l’Eglise où le salut ne peut être trouvé. Parce que fils de son temps, Don Bosco disait : « hors de l’Eglise personne ne peut avoir la religion de Jésus Christ... et celui qui n’est pas avec Jésus est contre lui » (In : Maniera Facile la Storia Sacra, 1852).

Le but de l’activité missionnaire de Don Bosco peut être décrit sous divers aspects, nous voulons maintenant regarder de ceux là. Ces finalités (buts) sont les suivants :

La Gloire de Dieu. Telle était sa recherche ultime dans toutes ses activités. Tout cela est très clair quand nous examinons ses lettres missionnaires. A Cagliero Don Bosco écrivit : « Le missionnaire doit être prêt à tout, même à donner sa propre vie, afin d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ » (Ep. III, 17). Dans son homélie à l’occasion du lancement de l’expédition missionnaire de 1875, la première fois que les missionnaires salésiens partaient pour les terres étrangères, Don Bosco disait : « l’Evangile est le même qu’il soit proclamé dans un endroit ou dans un autre ; de cette façon nous travaillons tous à la Gloire d’un même Dieu et sauveur Jésus Christ, unis dans un même esprit, même si nous somme corporellement éloignés » (MB XI, 386-387).

La Recherche des Ames. En définitive tous les efforts de Don de Bosco se terminaient à ce point - son seul désir et objectif. Depuis le jour de son premier rêve à l’âge de 9 ans, dans ses rapports avec les garçons de son âge aux Becchi, au séminaire de Chieri, ou dans les premiers moments de l’Oratorio ambulant, sa première et unique pensée allait seulement vers ceux qui avaient besoins du salut. Une foi encore cela est très visible dans presque tous ses rêves. Même avant de mourir Don Bosco disait à Mgr Cagliero : « Travaille avec toutes tes forces pour le salut des âmes » (MB XVIII, 447). Dans les conseils à ses premiers missionnaires il commençait ainsi : « cherchez les âmes et non l’argent, les honneurs ou les louanges » (n.1). Et à Luigi Calcagna en 1885, Don Bosco disait : « Travaille, sauve beaucoup d’âmes et aide moi à sauver la tienne!’’(MB XI, 385).

« Va chez les sauvages, parmi eux la lumière de l’Evangile n’a pas encore pénétrée » (MB X, 385). Don Bosco voyait son travail comme l’accomplissement de son grand désir, comme la graine d’un grand arbre, comme la graine de moutarde qui va grandir, s’étendre et faire beaucoup de bien. « Qui sait » continue Don Bosco « si ce lancement (de l’expédition missionnaire) n’aurait pas réveillé en beaucoup de personnes, le désir de se dédier à Dieu dans les missions » (MB X, 386).

L’animation des Garçons à l’Oratorio. En envoyant des missionnaires, Don Bosco voulait que tout l’oratorio devienne missionnaire. L’événement de la première expédition fut vécu dans un climat de grande joie et nous le voyons, la période de 1875 est regardée comme un temps de fécondité extraordinaire pour le travail de Don Bosco et de son oratorio. Il va sans dire qu’à partir de cette période là, les expéditions des salésiens et des filles de Marie Auxiliatrice ne furent jamais interrompues. Une chose à préciser est qu’au temps de Don Bosco, 20% des salésiens étaient en terre de mission.

Une Récompense au Paradis. Dans sa recommandation finale, Don Bosco disait : « en temps de fatigue et de souffrance, n’oubliez pas que nous avons une grande récompense préparée pour nous au Paradis » (n. 20). De la même manière qu’il avait les yeux toujours tournés vers le paradis, Don Bosco voulut que ses fils se préparent et préparent les autres pour ce grand moment où nous rencontrerons Notre Père du Ciel. La pensée de Don Bosco à propos du paradis était toujours pour lui-même et pour les autres un encouragement à ne pas baisser les bras, à garder son courage dans les difficultés et dans la souffrance. Son travail d’évangélisation ainsi que son attitude ascétique avaient comme fin ultime le paradis.

L’Evangélisation et la Civilisation. Aujourd’hui, nous parlerions « d’évangéliser en éduquant et d’éduquer en évangélisant ». Don Bosco avait voulu porter le Système Préventif aux extrémités de la terre. Cela devait se faire en donnant aux jeunes la possibilité d’acquérir des aptitudes et de gagner leur pain de manière honnête en les formant dans les filières professionnelles, en agriculture, en sciences humaines et en doctrine chrétienne ; tout cela devenait une manière d’évangéliser les jeunes. Don Bosco voulu apporter en même temps, la religion et la civilisation, la Foi en même temps que l’éducation. Tout ceci explique la multiplicité d’activités dans les missions : il pouvait construire des écoles, ouvrir des centres professionnels, construire des routes, ouvrir des imprimeries, travailler au développement social des personnes et en même temps avoir un observatoire météorologique. Son travail pouvait par moment être hautement scientifique et parfois devenir très pratique et même terre à terre. Don Bosco pouvait passer du domaine de la religion à celui de l’éducation, puis au travail physique avec une liberté et une aisance remarquable.

Il n’y avait rien de nouveau dans ses finalités missionnaires que nous ne pourrions retrouver au Valdocco. Voici donc où le travail de Don Bosco en Italie montre son caractère missionnaire et ici ressort aussi que son travail missionnaire était une continuation logique de son inspiration initiale. Les missions étaient les lieux d’avant-garde des situations limites où le charisme de Don Bosco était exprimé. Tout en offrant le message de l’Evangile, Don Bosco offrit l’esprit, la mission, la méthodologie éducative et l’option préférentielle de la congrégation pour les peuples qui attendent encore le message de l’Evangile. En d’autres termes, le travail missionnaire de Don Bosco mobilisait « tous les moyens éducatifs et pastoraux de son charisme »(C 30).

4. La Stratégie Missionnaire de Don Bosco

En continuant le travail qui lui avait été confié dans son rêve de 9 ans, un rêve qu’il répéta incessamment durant toute sa vie, il porta une attention spéciale pour les jeunes, les vocations et la promotion humaine des peuples, et nous dirions de façon plus précise pour les missions. Cependant nous gagnerions à donner des précisions sur la stratégie missionnaire de Don Bosco, comme une façon toute particulière de présenter l’Evangile à un peuple et à une culture.

4.1 Les garçons deviennent évangélisateurs de leur propre peuple

Comment il le fit au Valdoco, Don Bosco voulu que ses garçons partagent la responsabilité dans l’évangélisation et dans l’ambiance communautaire. Il désignait des leaders, faisait des activités de groupe, encourageaient la créativité de cette façon ; Don Bosco rendait tout le monde protagoniste du bien être de la maison. Don Bosco était particulièrement sensible aux talents spéciaux reçu par chacun, et il était capable d’utiliser le potentiel de chacun pour assurer le bien être de tous.

Don Bosco ne voulu jamais que ses missionnaires se mettent dans des situations qu’ils ne peuvent pas gérer. Don Bosco avait peur à l’idée que les « sauvages » n’acceptent pas les missionnaires, qu’ils les considèrent comme des étrangers, et qu’ils s’attaquent à eux. Les futures missionnaires étaient prévenus contre de grands risques, en effet Don Bosco craignait qu’il ne se fassent tuer même bien avant qu’ils n’aient commencé le travail d’évangélisation. Il disait : « mourir martyr est un honneur parce que l’homme va directement au paradis ; mais de cette façon là on n’avance pas avec la conversion de milliers d’âmes. Au contraire, les âmes pourraient être sauvées si l’on était un peu plus prudent. » (MB XI, 280). Voilà pourquoi Don Bosco était convaincu que les jeunes formés sur le chemin de la vie chrétienne seraient des instruments les plus adéquats pour amener les adultes à la pratique religieuse et donner une vision plus humaine et chrétienne à la société. (A.Favale, 1975, P.34)

Voici en effet l’essence de la stratégie de Don Bosco : si tu veux que les peuples se convertissent et suivent le chemin indiqué par l’Evangile, commence par les jeunes et les enfants, et automatiquement ils viendront avec leurs parents et leurs familles à l’Eglise. Les jeunes formaient la base de la communauté chrétienne même après que celle-ci aie été construites. « Rassemble les enfants » disait Don Bosco, « spécialement les plus abandonnés, et tu permettras aux missionnaires d’atteindre leurs parents sauvages (à travers leurs enfants), ainsi, avec la grâce de Dieu, les Indiens deviendront leur propre évangélisateurs » (MB XII, 935). Au Pape Léon XIII, Don Bosco écrivit en 1880 qu’il voulait travailler « à travers les jeunes pour ouvrir la voie pour la diffusion de l’Evangile parmi les Indiens-Pampas et de Patagonie, en ouvrant pour eux des foyers ». (Lettre au Pape Léon XIII, Ep. III 569).

4.2 Vocations

« En ouvrant maisons et foyers nous pouvons assurer la moralité (les valeurs morales) et la religion parmi les Aborigènes, nous pouvons donner une éducation tant scientifique que chrétienne aux enfants issus de tout le rang sociaux, et nous pourrons cultiver des vocations ecclésiales que nous découvrirons parmi les élèves. De cette manière nous espérons former des missionnaires pour la Pampas et pour les peuples de la Patagonie. Ce qui signifiait que les « sauvages » deviendront des évangélisateurs de leur propre peuple sans que ne puissent se répéter les massacres des temps anciens.  (Lettre Circulaire de Don Bosco, 1876, cf. C. Chiala, Da Torino Alla Républica Argentina, Torino, 1876, p.251).

Le fait que Don Bosco donna la priorité à l’évangélisation des garçons eux même le conduisit directement vers le souci pour les vocations. Son amour pour l’Eglise lui donna aussi cette attention pour les vocations, comme nous le savons très bien, les vocations sont fondamentales dans la construction de l’Eglise. Un conseil spécial fut donné dans ce sens pour les vocations lorsque Don Bosco envoya ses premiers missionnaires.  « Afin de cultiver des vocations ecclésiales. Inculquez constamment : a) L’amour de la chasteté, b) L’horreur du vise opposé, c) La fuite de mauvaises compagnies, d) La communion fréquente. « Soyez toujours charitables, gentils et attentionnés » (n.18). Les premières pensées pour les vocations n’étaient pas en premier lieu pour la Congrégation Salésienne mais pour l’Eglise en général. Le souci majeur de Don Bosco était que le charisme et le système préventif se rependent dans tous les territoires que les missionnaires exploraient.

Dans la planification de ses interventions, Bon Bosco gardait toujours un œil vigilant sur les vocations. Quand il écrivait à ses missionnaires, il parlait toujours de l’importance des vocations, et pour les Salésiens et pour les filles de Marie Auxiliatrice.  « Parmi les choses à garder en tête, c’est que vous devez chercher une place pour un noviciat et un foyer pour étudiants. Faites tout ce que vous pouvez afin d’avoir des Indiens que vous pouvez préparer pour des vocations ecclésiales » (Lettre à Cagliero, le 14 Nov 1976 ; Ep.III, 112). Dans cet effort de promotion des vocations pour l’Eglise et pour la congrégation, Don Bosco attira l’attention du Cardinal sur deux points : 1- Se faire aimer et non craindre, 2- N’épargner aucun effort en ce qui concerne le personnel et l’argent. (Lette à Cagliero le 2 Février 1885 ; Ep. IV, 313).

Don Bosco voulait que les indiens deviennent évangélisateurs des leurs, voilà pourquoi il insistait pour leur formation dès le moment que ceux-ci restaient avec les Salésiens. A travers les convertis locaux qui deviendraient prêtres et religieux, il voulait palier à la dépendance vis-à-vis de l’Europe (palier à la méfiance vis-à-vis des Européens). Don Bosco insistait inlassablement sur la recherche des vocations, mais insistait aussi sur la prudence en toute chose. Son évaluation de la réalité dans ces pays lui fit insister sur la prudence vis-à-vis de ses orientations. Don Barberis écrivit dans ses notes personnelles ce que Don Bosco affirma un jour : « vous devez ouvrir plusieurs maisons. Cependant les prêtres et séminaristes envoyés d’ici seront nommés directeurs bien avant que l’on puisse penser que ceux qui grandissent maintenant dans ces places puissent être jugés dignes pour un tel service. Ceux qui ont passés une longue période avec nous pourront transmettre notre esprit aux autres, et avant qu’un américain ne puisse avoir une grande autorité parmi les confrères, l’Esprit Salésien sera devenu quelque chose de naturel et solidement enraciné dans le Nouveau Monde » (Quaderni di Don Barberis, 12 août 1876 ; Archives Centrales-SDB, 110, Cronache).

L’insistance envers des confrères de former les locaux à l’Esprit Salésien est une chose que nous devons examiner en profondeur. Dans ses lettres à tous les premiers missionnaires, que ce soit à Cagliero, Fagnano, Costamagna, Lasagna, les Sœurs (Salésiennes) et autres, Don Bosco revenait toujours à cet important élément des vocations. A l’occasion de son rêve missionnaire de Janvier 1885, il s’exprimait ainsi : « La pensée principale qui me resta en tête après ce rêve était que je devais communiquer à Monseigneur Cagliero et à mes chers missionnaires un conseil de la plus grande importance pour le fonctionnement de nos missions. Que tous les efforts des Salésiens et des Filles de Marie Auxiliatrice doivent être canalisés vers la promotion des vocations tant ecclésiales que religieuses » (ASS I, 510).

En guise de conclusion de ce sujet sur les vocations nous pourrons dire que le fait d’avoir ouvert des paroisses en Argentine contribua en beaucoup dans la recherche des vocations. Travailler dans les paroisses était nouveau pour la congrégation de Don Bosco. Cette nouvelle activité stimulée par la besoin de la mission, mis les missionnaires en contact avec les populations, et les ouvrit aux grand besoins de prêtres et de religieux sur dans le champ pastoral.

4.3 Fidélité à L’Esprit Salésien

Don Bosco avait une confiance indéfectible en la providence, et il voyait le travail qu’il avait commencé à Turin comme quelque chose de voulue et guidée par Notre Dame. Donc il voyait dans son travail missionnaire une suite parfaite du travail commencé au Valdocco. Il voulu que les Salésiens aillent dans les missions comme ses fils, qu’ils aient confiance en la providence comme lui même Don Bosco. « Ayons confiance au Seigneur » disait Don Bosco. « Dans cette entreprise nous faisons comme d’habitude : nous devons mettre notre confiance en Dieu, de même que nous mettons notre espoir en lui. Mais en même temps nous devons pouvoir donner une explication à ce que nous faisons. Ne négligeons aucun moyens, n’épargnons aucun effort, n’hésitions pas à utiliser de saintes ruses, ne nous soucions pas des dépenses afin que notre travail missionnaire aille de l’avant. Tout ce que la prudence humaine nous suggère, voilà ce que nous devons mettre en pratique » (MB XI, 210). Don Bosco voulait que ses missionnaires restent fidèles à la manière qu’il avait commencé au Valdocco ; voilà pourquoi il recommanda un contact rapproché avec le centre de la congrégation, préservant ainsi l’Esprit Salésien.

Dans la préface des Constitutions des Salésiens de Don Bosco nous avons ces mots du Père Michel Rua, le premier successeur, qui nous rappelle les événements au moment du départ de la première expédition missionnaire, la façon dont le charisme de la congrégation salésienne était transmis. Quand Don Bosco envoya ses premiers fils en Amérique, il se prit en photo remettant les Constitutions au Père Jean Cagliero, le chef de l’expédition, comme pour dire : j’aurais aimé partir avec vous, comme je ne le peux pas, ces constitutions prendront ma place. Gardez-les comme un précieux trésor ! » (Constitutions citées par Don Rua, 1er Dec 1909).

5. Préparation des Missionnaires

Don Bosco n’envoya ses missionnaires en mission qu’après avoir passé un bon bout de temps avec eux. Il le fit pour leur donner l’opportunité de bien apprendre son esprit et s’assurer qu’ils avaient en tête la ferme conviction d’être envoyés transmettre cet esprit au hommes des pays lointains. Qu’ils allaient l’implanter pour le bien de l’Eglise et l’établissement de la congrégation fondée par Don Bosco. Le choix des candidats pour la mission était fait avec beaucoup de prudence. Personne ne devait aller en mission contre sa propre volonté ; le premier critère de sélection était la liberté. Tous ceux qui voulaient aller en mission devaient adresser une lettre à Don Bosco. Cette demande était ensuite examinée par le Conseil Supérieur de la Congrégation qui, sélectionnait parmi les différents candidats ceux qui donnaient des garanties de bons résultats au vue de leurs conditions physique, intellectuelle et leurs qualités morales. Ceux qui étaient choisi devaient dédier du temps pour l’étude de la langue, ainsi que les us et coutumes des peuples auxquels ils seraient envoyés » (Lettre de Don Bosco aux Salésiens, Turin, 5 Février 1875, in Ep. II, 451).

Dans l’optique de resserrer les liens avec les missionnaires et bien les préparer pour leur nouvelle tâche, Don Bosco les rassemblait à Varazze pour quelques temps. « Pendant plusieurs mois, et surtout immédiatement avant leur départ, il rassembla les premiers missionnaires à l’école de Varazze afin que ces derniers se dédient à plein temps à l’étude et à la pratique de la langue espagnole. Comme professeur de langue, il n’y eu autre personne que le Consul Argentin de l’époque, Mr Gazzalo. Ce cours comprenait aussi des commentaires et explications de la culture, de l’histoire et la géographie etc... Et autant que possible, de la région de la Patagonie » (ASS I, 253). Don Bosco voulait que ses missionnaires soient préparés. Un point important dans cette préparation était aussi le fait que Don bosco voulu que les missionnaires soient déjà habillés comme les prêtres en service en Argentine. Au moment de l’imposition de la croix missionnaire, les missionnaires présentèrent une image remarquable : « les prêtres étaient habillés en style espagnol, tenant en main leur parapluie (sombrero) ; les coadjuteurs quand à eux avaient une veste noire et étaient coiffés du chapeau local ».

Le fait d’avoir cette première étape d’inculturation faite en lien direct avec Don Bosco lui-même, montre l’importance donnée aux deux éléments. Même s’ils devaient s’en aller vers des terres lointaines, et ne pas être en contact avec son Don Bosco ni l’écouter, bien qu’ils travailleraient dans des situations, des manières de s’exprimer différentes, ils feraient attention à leur fidélité au charisme de leur fondateur.

Concernant la formation des missionnaires, il est important de mentionner ici la création de petits séminaires spéciaux pour futur missionnaires. Don Bosco ouvrit deux de ces séminaires, un à Gène et l’autre à Turin et il pensait en ouvrir un autre à Marseille parce qu’il serait tout proche de Lyon, l’endroit où Propaganda Fidei avait ses bureaux. Don Bosco étudiait même l’éventualité d’ouvrir un petit séminaire en Espagne, où il fonda une maison en 1881. Don Bosco voyait l’Espagne comme particulièrement adapté à cela parce que la langue était la même utilisée par le Gouvernement Argentin, dans les écoles aussi bien que par les sauvages qui devaient y étudier (Lettre à Léon XIII, Ep.III, 574).

6. Recommandations aux missionnaires de la première expédition.

Les recommandations données par Don Bosco à ses premiers missionnaires auraient besoin d’une étude détaillée. Nous ne voulons pas aller dans ce sens ici ; nous ferons cependant quelques remarques indiquées. Une chose intéressante en ce qui concerne le contenu des recommandations est le fait que la plupart font référence au comportement des missionnaires eux même, plutôt qu’aux thèmes pastoraux ou indications de stratégies pastorales. Il n’y avait que les numéros 1, 5, 16, 17, 18 et 19 qui parlaient de la manière de faire l’apostolat. Dans la première recommandation, Don Bosco demandait de rechercher les âmes et non l’argent, ni les honneurs, ni le prestige ; au no16 il invitait les missionnaires à promouvoir la dévotion à Marie Secours des chrétiens et au très Saint Sacrement ; au no17 il exhortait les missionnaires à recommander aux garçons la confession et la communion fréquentes ; le no18 parle du soin pour les vocations et le no19 demandait aux missionnaires d’écouter les deux parties adverses en matière de litige.

Toutes les autres 14 recommandations parlaient des attitudes personnelles des missionnaires avec les autres et entre eux, mais aussi de leur pratique de la vie dévote. Ici nous découvrons le souci de Don Bosco pour le comportement de ses fils et pour les bonnes relations avec les peuples avec lesquels ils auront à travailler dans la nouvelle mission. Ces recommandations sont particulièrement importantes si l’on se rappelle la fréquence avec laquelle Don Bosco avait l’habitude d’y faire allusion dans ses correspondances avec les missionnaires. Il donnait une très grande importance au fait de s’intégrer dans un nouveau milieu, de traiter correctement avec les autorités locales et les autres institutions religieuses. Est-ce que cela reflète l’expérience personnelle de Don Bosco en Italie ? Don Bosco voulait donner son testament à ses missionnaires ; ses conseils étaient plus de l’ordre de l’ascèse, mais ils mettaient en évidence l’aspect sacramentaire et marial de la pédagogie pastorale de Don Bosco et des salésiens. Sans toutefois oublier la formation culturelle ( école ) et la promotion des vocations, en particulier des Aborigènes ( Jesus Borrego, I Ricordi ai Missionari, in Don Bosco Scritti Pedagogici e Spirituali, LAS Roma, p.120).

7. Le Système Préventif.

Dans ses correspondances avec les missionnaires, Don Bosco manifestait un grand souci en matière de la fidélité sur la manière d’action ou d’agir qu’il voulu que ses missionnaires adoptent. Dans des commentaires réguliers de ses lettres, il donnait une attention spéciale pour les jeunes pauvres, pour l’entretien des vocations ecclésiales et religieuses et pour la conservation de l’esprit salésien dans les maisons en Amérique.

Don Bosco était tout d’abord un éducateur, un maître en éducation aussi bien au Valdocco que dans les maisons qu’il avait ouvertes ; l’éducation était le domaine de Don Bosco. Il voulait que ses missionnaires soient aussi des éducateurs, spécialement qu’ils mettent en pratique la méthode éducative que lui-même avait produite pour sa congrégation. Il savait très bien que cette méthode serait très utile sur le terrain. Les caractéristiques qui rendaient ce système adapté au contexte missionnaire sont les suivants : (1) Le grand humanisme chrétien sur lequel sa relation éducative avec des personnes se base ; selon la spiritualité de St François de Sales. Et (2) Sa bonne capacité d’adaptation. Don Bosco commençait toujours à partir de la réalité de la personne, et en dialogue avec elle et son environnement rendait la dignité à la personne. Son objectif n’était pas tout juste d’évangéliser dans le sens de « baptiser » les latinos Américains, mais plutôt de faire de ces derniers d’honnêtes citoyens et de bons chrétiens. Ces deux valeurs étaient recherchées en même temps, dans un mouvement que nous qualifierons d’éducation-évangélisation. Il voulait former des chrétiens matures et responsables ; des personnes utiles à la société. Ici la grande image de ce qu’il voulait accomplir dans « l’oratorio » explique aussi son objectif dans la mission. A travers un type d’institution ouverte et flexible, il voulait atteindre non seulement les garçons, mais aussi leurs frères, leurs sœurs, leurs amis et camarades, leurs parents et tout le contexte social où ils vivaient. Aujourd’hui nous ferions allusion à cette méthode d’évangélisation d’« Evangélisation de la culture ». Don Bosco disait que « l’unique raison de fonder sa congrégation était d’enseigner le catéchisme » (MBIX, 61), mais ceci doit être compris dans le sens d’une promotion intégrale.

Don Bosco insistait sur la façon d’agir envers les jeunes. Il était conscient que les missionnaires étaient éloignés de la source du système préventif et que cela risquait de créer un obstacle pour eux dans l’application du système. Il voulait par tous les moyens que les missionnaires s’adonnent pleinement à l’application du système éducatif qu’il avait voulu introduire dans l’Eglise en fondant sa congrégation. Des conclusions qu’il tira de son rêve missionnaire de 1883, ressort ceci : « avec la bonté de Saint François de Sales, les salésiens doivent mener les peuples d’Amérique à Jésus. Ce sera une tâche difficile l’évangélisation des « sauvages », mais leurs enfants se laisseront facilement conquérir à travers l’application du Système Préventif » (ASS I, 432).

Dans son souci d’assurer une bonne application du Système Préventif, Don Bosco insistait sur l’importance de la figure du directeur. Il voulait des directeurs capables de former des garçons locaux de telle sorte que ces derniers prennent la charge d’être eux même des éducateurs selon le Système Préventif. Lorsque Don Bosco apprit que tout ne marchait pas bien à Buenos Aires, et qu’une discipline rigide avait plus ou moins pris la place de la bonté et de l’esprit de famille, spécialement dans la relation entre les supérieurs et les garçons, il écrivit ceci à Don Costamagna : « le Système Préventif doit être réellement le nôtre, ne permet jamais de punition pénale, pas de mots humiliants, ne réprimande jamais quelqu’un en public. Dans vos classes qu’il n’y ait que des mots de bonté, d’amour et de patience qui soient écoutés. Pas de mots agressifs, ne frappe jamais quelqu’un que ce soit fortement ou légèrement. Utilisez des punitions négatives, et toujours de telle manière que ceux qui sont interpellés deviennent nos amis bien plus qu’avant, et ne laissez jamais quelqu’un dans un état d’humiliation. Ne permettez jamais le murmure contre les décisions des supérieurs, mais tolérez tout ce qui n’est pas à notre gout personnel. Que chaque salésien se fasse l’ami de tous ; qu’il ne cherche jamais à se venger, qu’il pardonne facilement, et qu’il ne revienne jamais sur des choses pardonnées… sinon les ressentiments gagneront tous et tout le monde. Voila ce qui devra être le contenu des prochaines retraites spirituelles que toi et les autres aller prêcher… les lettres que l’un de vous veut écrire au supérieur, ou des lettres reçues des supérieurs ne doivent jamais êtres lues par d’autres, sauf si l’intéressé le désirait. Dans les aspects les plus difficiles je propose amicalement que le provincial et les directeurs donnent des conférences appropriées. J’insiste que Père Vespignani soit clair dans ces choses et qu’il les explique bien aux novices ou aux candidats avec la prudence nécessaire » (MB XVII, 627-630)

Conclusion

Don Bosco était très conscient de l’importance de la première expédition missionnaire qu’il envoya en Argentine Cela était non seulement important pour les missionnaires et la mission elle-même, mais aussi pour l’Eglise de son temps et peut-être d’une manière spéciale, pour le travail qu’il avait commencé en Europe. Il voulut que son initiative missionnaire ait un impact décisif sur ses garçons et sur les peuples qu’il avait engagés de différentes manières autour de son travail/œuvre.

La préparation minutieuse des cérémonies de départ, l’ambiance joyeuse créée autour de ces départs et son intérêt personnel nous montre que Don Bosco voulu que ce projet (missionnaire) forme une partie intégrante de son travail. Son souci à ce que les garçons soient évangélisés de telle sorte qu’ils deviennent des évangélisateurs de leur propre peuple et l’importance donnée à l’engagement des vocations locales est très significatif dans son approche missionnaire.

Finalement, le souci de la continuité de son système et le caractère unique de sa vocation dans l’Eglise comme charisme donné à tous nous montre comment il valorisait ces éléments comme quelque chose qui lui était donnée par sa propre vocation.

Don Bosco était un éducateur et un évangélisateur qui voulut que les divers éléments présents dans son activité soient Uns et Complémentaires. Voilà pourquoi nous pouvons conclure en disant qu’il voulut que ses missionnaires soient des évangélisateurs qui éduquent et en même temps des éducateurs qui évangélisent.