Les Salesiens français au temps du silence (1901-1925) 7
tiques attachés à cette fonction. Mais les tribunaux ne furent pas dupes. On ne
le crut pas. Quand en juillet 1903 le Sénat se fut prononcé sur la disparition to-
tale des salésiens, Nice trouva la parade avec l’aide d’un parfait coopérateur, ami
de don Bosco et de don Rua, Vincent Levrot, qui, le 29 août 1903, déclarait à
la préfecture une nouvelle association créée selon la loi de 1901 et dénommée
«Association du Patronage Saint-Pierre». M. Levrot présidait cette société désor-
mais seule administratrice de l’oeuvre. On plaça sous son égide une «Maison de
famille des apprentis», qui était en fait le nouveau nom du Patronage, avec
Louis Cartier (du clergé séculier) comme aumônier.
L’oeuvre légalement fermée le 13 octobre 1903 à la suite du départ et de la
dispersion des salésiens, rouvrit légalement le 15. La section des étudiants lati-
nistes avait disparu. Seule subsistait la section des apprentis, ce qui justifiait
l’appellation de «Maison de famille des apprentis». En 1901, on comptait sept
ateliers au Patronage Saint Pierre de Nice: la typographie, l’imprimerie, la reliu-
re, la menuiserie, la serrurerie, la cordonnerie et l’atelier des tailleurs. On le voit,
l’industrie du livre avait la part belle avec ses trois ateliers. D’après mes informa-
tions, il y avait dans la maison en 1900, vingt apprentis tailleurs, vingt apprentis
serruriers qui étaient aussi forgerons, et vingt-quatre apprentis menuisiers. En
1903, le chiffre des apprentis chuta. Lors de la création de la Maison de famille,
le Patronage Saint-Pierre comptait peut-être une cinquantaine d’apprentis.
L’encadrement salésien, en principe inexistant, subsistait. En 1903/1904,
outre le P. Cartier, installé dans une maison accolée au Patronage, il comprenait
deux autres prêtres, Pierre Bonfante et Joseph Josserand, qui habitaient la mai-
son ou à proximité, et neuf coadjuteurs ou clercs, dont je m’impose de donner
la liste alphabétique pour personnaliser un peu le discours pédagogique. C’était:
Emile Cros, coadjuteur, profès temporaire, surveillant; Charles Ferraris, coadju-
teur, profès perpétuel, chef relieur; Victor Nicolaï, coadjuteur, profès perpétuel,
chef cordonnier; Barthélemy Piglione, coadjuteur, profès perpétuel, commis-
sionnaire; Théophile Richeris, clerc, probablement sans voeux, surveillant; Jose-
ph Rossi, clerc, profès temporaire, surveillant; Pierre Rossi, coadjuteur, profès
perpétuel, directeur des ateliers; Achille Tezzelle, coadjuteur, profès temporaire,
chef tailleur; Alphonse Villaudy, clerc, profès temporaire, surveillant. Cinq laïcs
complétaient le personnel religieux: un économe, un comptable, un libraire, un
surveillant et un professeur retraité.
Les années 1904-1907 furent fertiles en événements plus ou moins drama-
tiques pour le Patronage Saint-Pierre et soigneusement relatés dans le bulletin
de l’ oeuvre titré l’Adoption. Ce fut en 1904 l’inculpation du P. Cartier pour re-
constitution de congrégation non autorisée; en 1905, la vente des bâtiments et
du terrain du Patronage; en 1906 surtout, la vente de son mobilier, avec mise
aux enchères du matériel les 18, 19, 20 et 21 juillet. Lits, matelas, matériel
d’imprimerie, de bureau, de menuiserie, de réfectoire, ustensiles de cuisine ...
furent vendus. Au cours des enchères, l’Association acquérait ce qu’elle pouvait.
La Semaine religieuse de Nice en informa les catholiques du diocèse dans sa rela-
tion de l’événement