3. Lignes pour le futur |
“Un vaste mouvement pour le bien des jeunes”
Intervention du Recteur Majeur lors de la Journée de Spiritualité de la Famille Salésienne.
la semence est devenue un arbre et l’arbre une forêt
Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et semé dans son champ. C'est bien la plus petite de toutes les graines, mais, quand il a poussé, c'est la plus grande des plantes potagères, qui devient même un arbre, au point que les oiseaux du ciel viennent s'abriter dans ses branches. (Mat 13-31)
Chers frères et soeurs de la Famille Salésienne
Je vous salue de coeur avec Don Bosco, dont la diligence et la charité pastorale ont donné naissance à notre Famille spirituelle et apostolique. Nous sommes le fruit le plus beau et le plus fécond de sa totale consécration à Dieu et de son voeu passionné de voir les jeunes, spécialement les plus pauvres, nécessiteux et à risque, rejoindre la plénitude de vie dans le Christ.
Les Etrennes des trois dernières années, si riches en nombreuses propositions et en autant d’engagements, ont donné lieu à une quantité significative d’initiatives au sein des divers groupes de la Famille Salésienne. Le moment est venu de faire un pas en avant par fidélité à l’intuition et à la création originale de Don Bosco qui “a toujours pensé l’unité des forces apostoliques salésiennes : pour lui, aucun groupe n’a jamais existé en dehors de cette perspective unitaire, plus forte et plus riche de la distinction en trois groupes (SDB, FMA et Coopérateurs, puis tous les autres groupes apostoliques nés de l’inspiration salésienne), distinction exigée par le Droit canonique et malheureusement exagérée dans la suite de l’histoire”.1
Cette conviction a été réaffirmée en 1972 par le Recteur Majeur de l’époque, Don Luigi Rocceri ; “Dans l’esprit et le coeur de Don Bosco, la Famille Salésienne est UNE, d’une unité enracinée dans une communion d’esprit et de mission, vouée entièrement au service de la jeunesse et des populations. Elle réalise ainsi, à un niveau supérieur, une vraie communauté dans laquelle tous les membres sont intégrés selon leurs dons particuliers, leurs fonctions spécifiques et les diverses formes possible que revêt leur vie au sein de l’Eglise”.
Je suis donc ici pour vous proposer une Etrenne encore plus stimulante, urgente, exigeante et prometteuse que les précédentes. Elle a à voir avec notre identité et notre mission. D’elle dépend en effet une présence plus visible dans l’Eglise et dans la société et une action plus engagée dans l’affrontement des grands défis du monde d’aujourd’hui.
L’année 2009 devra nous aider à rendre toujours plus réelle la conviction de Don Bosco selon laquelle l’éducation des jeunes requiert un vaste réseau de personnes qui se consacrent à eux et une synergie d’intervenants déterminés à atteindre les résultats qu’attendent les jeunes de nous et pour que nous ayons une raison d’être aux yeux de la société. C’est pourquoi au nom de Don Bosco je vous demande :
Engageons nous à faire de la Famille Salésienne
“Un vaste mouvement de personnes pour la sauvegarde des jeunes”
Deux évènements convergents :
Deux évènements se sont produits, qui justifient le choix du thème de cette Etrenne pour l’année 2009 : le 150è anniversaire de la fondation de la Société salésienne et la préparation du bicentenaire de la naissance de Don Bosco (1815-2015). Avec la célébration du premier évènement, nous entamons la préparation du second. Nous le faisons en rappelant l’appel du Pape Jean Paul II lors du Jubilé de l’an 2000 : “chaque famille religieuse vivra bien le Jubilé en retournant avec la pureté du coeur à l’esprit du Fondateur !”
Pour nous par conséquent, cette célébration jubilaire signifie une fidélité renouvelée et créative à Don Bosco, à sa spiritualité, à sa mission. Il y aura une “Année sainte salésienne”, au cours de laquelle nous serons appelés à revivre en pleine lumière et à communiquer avec enthousiasme les expériences de vie, les modaités d’action, les inspiration spirituelles qui ont conduit Don Bosco et, première parmi tant d’autres, Mère Mazzarello, à la sainteté.
A ce propos, je ne puis pas ne pas rappeler quelle fut l’expérience de Don Bosco. Dans un premier temps, il s’est consacré corps et âme à la sauvegarde des jeunes qu’il voyait perdus dans la rue ; puis, il en a invité quelques uns à participer à sa tâche apostolique, ce qui a donné lieu à une sorte de première configuration de la “Famille Salésienne”. Mais après avoir constaté que tant d’entre eux l’abandonnaient et qu’il restait seul ou presque, il a réuni autour de lui un groupe de jeunes et les a formés pour constituer avec lui une famille religieuse : c’est ainsi que naquirent les Salésiens ; par la suite, d’autres groupes vinrent, différemment structurés, mais avec les mêmes objectifs apostoliques. Ce rapide récapitulatif du parcours “historique” met en lumière la Famille Salésienne et sa relation avec le noyau fondamental, les consacrés - SDB et FMA -, dont la passion du “Da mihi animas, cetera tolle” sont le coeur et le moteur, comme également ils le sont pour toute la Famille Salésienne. Cette phrase renferme l’esprit qui doit caractériser tous les membres et les groupes de la Famille Salésienne.
Que la consécration soit de loin ce qu’il y a de plus fondamental, tant est grande la responsabilité de l’animation, me paraît naturel. Cette conviction nous a été confirmée par le Saint Père Benoît XVI, dans son discours d’Audience aux Chapîtres, du 31 mars 2008 :
“Don Bosco veut que la continuité de son charisme dans l’Eglise soit assurée par le choix de la vie consacrée. De même aujourd’hui, le mouvement salésien ne peut croître en fidélité que si et seulement s’il subsiste à l’intérieur du mouvement un noyau fort et vital de personnes consacrées”.
1.La Famille Salésienne d’hier
Le 150è anniversaire de la fondation de la Société Salésienne est l’occasion par excellence de réfléchir à l’idée originale de Don Bosco et à la fondation concrète des groupes de l’origine, qu’il a suscités et entretenus : les Salésiens de Don Bosco, les Filles de Marie Auxiliatrices, l’Association des Coopérateurs Salésiens, l’Association des Dévots de Marie Auxiliatrice.
Sur ce plan, il me semble opportun, révélateur et en même temps émouvant de lire le “Procès verbal de l’acte de fondation de la Société de Saint François de Sales”.
“L’année du Seigneur mille huit cent cinquante neuf, le 10 décembre en cet Oratoire de Saint François de Sales, dans la chambre du prêtre Bosco Giovanni se sont réunis à 21 heures, lui même, le prêtre Alasonati Vittorio, les clercs Savio Angelo Diacre, Rua Michel, sous diacre, Cagliero Giovanni, Francesia Gio Battista, Provera Francesco, Ghivarello Carlo, Lazzero Giuseppe, Bonetti Gioanni, Anfossi Gioanni, Marcellino Luigi, Cerruti Francesco, Durando Celestino, Pettiva Secondo, Rovetto Antonio, Bongiovanni Cesare Giuseppe, le jeune Chiapale Luigi, tous avec l’intention et la volonté spirituelle de promouvoir et de garder l’esprit de la vraie charité recherché au travers de l’oeuvre des Oratoires en faveur de la jeunesse abandonnée et en danger et qui, en ces temps désastreux est séduite de mille manières au détriùent de la société et précipitée dans l’impiété et l’irréligion.
L’ensemble des membres rassemblés a souhaité se constituer en Société ou en Congrégation avec l’intention de s’aider mutuellement pour leur propre sanctification. Ils se sont assigné pour objectif de promouvoir la gloire de Dieu et le salut des âmes, spécialement de celles qui ont le plus besoin d’instruction et d’éducation. Ils ont approuvé d’un commun accord le projet proposé, et après une courte prière et l’invocation des lumières du Saint Esprit, ils ont procédé à l’élection des Membres qui devaient former la direction de la Société et d’autres Congrégations dont il plairait à Dieu de favoriser le développement”.
Je note que dans ce texte nous retrouvons les éléments fondamentaux qui caractérisent non seulement la Congrégation des Salésiens mais aussi la Famille Salésienne tout entière ; la communion en esprit et en charité au service de “l’oeuvre des Oratoires en faveur de la jeunesse abandonnée et en danger” ; le besoin de “se constituer en Société ou en Congrégation”; la recherche de leur “propre sanctification”, réalisée dans l’accomplissement de la mission : “la gloire de Dieu et le salut des âmes” ; avec un domaine spécifique, “l’instruction en vue de l”éducation”, en pensant déjà à la possibilité de “nouvelles Congrégations s’il plaît à Dieu d’en favoriser le développement”.
Hé bien, en m’inspirant de la parabole choisie par Jésus pour expliquer le Royaume des cieux et son dynamisme, je me hasarde à dire que le germe semé par Don Bosco a grandi pour devenir un arbre robuste au feuillage dense, vrai don de Dieu à l’Eglise et au monde. En fait, la Famille Salésienne a vécu un printemps authentique. D’autres groupes se sont joints aux groupes d’origine, sous l’impulsion du Saint Esprit, et ces groupes à vocations spécifiques, ont enrichi la communion et étendu la mission salésienne.
Aujourd’hui il est clair aux yeux de tous qu’à mesure que la Famille s’est agrandie, la tâche accomplie se multipliait, et ce dont nous rêvions : le champ d’action s’est étendu sans limites au bénéfice de tant de jeunes et d’adultes. De cela, nous sommes reconnaissants au Seigneur et prenons conscience de notre responsabilité prioritaire, précisément parce que, comme c’est le cas pour toute vocation, celle de la Famille Salésienne est d’être au service de la mission, qui dans notre cas est la sauvegarde de la jeunesse, en particulier la plus pauvre, celle qui est abandonnée et en danger.
1.1Le germe charismatique
L’esprit, la mentalité, l’expérience pastorale, la vision du monde et de l’Eglise entraînèrent Don Bosco vers certaines convictions dont découlèrent les initiatives correspondantes :
La mission universelle de l’Eglise, qu’elle se doit d’assumer de manière solidaire, et qui est de sauver l’homme et tous les hommes. Au sein d’une telle mission, ses enfants et ses disciples doivent se signaler par une préférence marquée pour les jeunes, les pauvres, les populations non évangélisées.
l’utilité, ainsi que l’urgence et la nécessité impérieuses de “s’unir spirituellement” et de s’associer sur le terrain pour des actions répondant aux critères ci dessous
La possibilité qui lui a été donnée par l’Esprit de vivre en divers états de vie, et par conséquent, de contribuer à travers l’union des “bonnes volontés” à la grande mission de l’Eglise, en s’y intégrant au nom des “priorités salésiennes’;
la fondation des premiers groupes : rassemblés spirituellement autour de l’expérience oratorienne, comme mission, comme style, comme méthode et comme esprit.
- avec un lien différent concernant la Congrégation salésienne (noyau original)
- avec des contenus associatifs divers
- à des degrés divers d’engagement public ou “chrétien” suivant l’appartenance
La fonction historique des SB, des FMA, des CC.SS
1.2 le germe sous la neige : la croissance silencieuse
Ces intuitions se sont développées suivant la compréhension que les successeurs de Don Bosco pouvaient en avoir dans le contexte d’une certaine vision et d’une certaine vie de l’Eglise. Un tel développement s’inscrit :
- dans la permanence et l’extension des groupes fondés par Don Bosco;
- dans une actualisation et une évaluation périodiques des éléments portant tant sur l’organisation que sur la spiritualité.
- Dans la nature des relations vitales que ces groupes entretiennent entre eux.
Entretemps, d’autres groupes apparurent dans plusieurs continents avec des caractérisques analogues parce que fondés par les Salésiens. C’est bien sûr parmi ces groupes que prit naissance le groupe des Volontaires de Don Bosco, traduction de l’esprit salésien dans la sécularité consacrée, ce qui était aussi une nouveauté dans l’Eglise.
Les dispositions nouvelles issues du Concile Vatican II (Eglise en communion, renouvellement des Institutions de vie consacrée, retour au charisme original, émergence du laïcat) ont conduit à découvrir et à mettre en évidence le caractère de “famille” charismatique chez l’ensemble des groupes constitués. Ces nouvelles dispositions ont également conduit à formuler des orientations réalisables dans un tel sens : la communication entre les groupes, les expressions de communion, le rôle d’animation des Salésiens, le Recteur Majeur pris comme référence significative, les éléments communs de spiritualité.
Cette mentalité nouvelle doit encore passer par la lettre à la vie de chaque groupe, afin que la Famille Salésienne soit vécue comme une dimension de leur vocation : “Sans vous, nous ne sommes plus nous !”
1.3L’arbre et la forêt : un développement florissant
Certains évènements ont accompagné et soutenu le développement de la Famille
L’appartenance des groupes qui se sont constitués après la mort de Don Bosco a été formellement revendiquée et publiquement reconnue. Aujourd’hui, dans leur globalité, 23 groupes sont officiellement reconnus.
La Société de Saint François de Sales (Salesiens de Don Bosco)
L’Institut des Filles de Marie Auxiliatrice
L’Association des Coopérateurs salésiens
L’Association de Marie Auxiliatrice
L’Association des anciens et anciennes Elèves de Don Bosco
L’Association des anciens et anciennes Elèves des Filles de Marie Auxiliatrice
L’Institut des Volontaires de Don Bosco
Les Filles du Sacré Coeur de Jésus et de Marie
Les Salésiennes Oblates du Sacré Coeur de Jésus
Les Apôtres de la Sainte Famille
Les Soeurs de la Charité de Miyazaki
Les Soeurs Missionnaires de Marie Auxiliatrice
Les Filles du Divin Sauveur
Les Servantes du Coeur immaculé de Marie
Les Soeurs de Jésus Adolescent
L’Association des Dames salésiennes
Volontaires avec Don Bosco
Les Soeurs catéchistes de Marie Immaculée Auxiliatrice
Les Filles de Marie Reine Immaculée
Témoins du Ressuscité en route pour le second millénaire – TR 2000
La Congrégation de Saint Michel Archange
La Congrégation des soeurs de la Résurrection
La Congrégation des Soeurs Annonciatrices du Seigneur
D’autres groupes sont nés, qui attendent que viennent à maturité les conditions pour être formellement reconnus comme membres de la Famille Salésienne ; entretemps le terrain se cultive où ces groupes peuvent en outre trouver le moyen de s’exprimer.
La Famille Salésienne a abondamment réfléchi sur sa propre identité, (cfr. ACG 358), sur les éléments qui fondent sa consistance et son unité, sur sa stratégie de communication (cfr Lettre de la Communion et Lettre de la Mission).
Chaque groupe a cherché à se renforcer, se donnant des statuts et une Règle de Vie, des lignes directrices pour la formation de ses membres, synthèses de sa propre spécificité spirituelle salésienne, chaque groupe s’engageant à améliorer son organisation et à trouver les voies favorisant sa croissance et son développement.
Un effort commun a été entrepris pour développer les possibilités et définir les modalités de communion entre tous ; en témoigne la référence d’abord à la Lettre de Communion, puis à la Lettre de la Mission, qu’il faut continuer à diffuser, à étudier, à appliquer.
2.troisième millénaire, “l’aujourd’hui et le demain”
2.1Sur la voie de la communion
L’Eglise est entrée dans une nouvelle phase de communion, marquée par les Synodes continentaux et de l’Eglise universelle, le dialogue économique, le mouvement interreligieux, la solidarité mondiale, l’engagement dans la réconciliation.
Les données d’une telle communion se définissent comme suit :
Une réflexion sur les principes fondateurs
une expansion accentuée
une compréhension plus précise des conditions (de cette expansion, ndt)
Une visibilité élargie
Une plus grande efficacité apostolique et missionnaire sur le terrain
Sa référence à la mission : “La communion engendre la communion et s’identifie essentiellement comme une communion missionnaire”.
Si notre Famille est aussi et avant tout apostolique, elle fonde nécessairement les racines de son “être” en tant que famille, dans le mystère de la Trinité, origine, modèle et destination de chaque famille. En contemplant le Dieu-Amour, le Dieu-Communion, le Dieu-Famille, nous comprenons ce que signifie pour nous la mission (“être signes porteurs de l’amour de Dieu”), la spiritualité de communion, l’essence de la famille.
Le Père nous demande d’élargir nos coeurs, par lesquels, membres et groupes de la Famille Salésienne, nous nous accueillons et nous reconnaissons comme frères et soeurs, hommes et femmes aimés de Lui : par Lui appelés personnellement à travailler dans son champ dans un même but. La petitesse du coeur humain peut dresser des barrières, établir des distances et des limites, chercher - comme chez les apôtres - la première place au détriment du Royaume. Parfois ce sont nos peurs ou notre réserve face à l’unité même que nous formons avec les autres, qui produisent des effets semblables. Un coeur comme celui du Père, signifie affection vraie et profonde pour les jeunes et pour ceux qui dépensent leur vie pour eux.. Cela se traduit par la cordialité, la valorisation de tous et de chacun, la reconnaissance de tout ce que chacun peut parvenir à donner.
L’Esprit Saint nous indique un second comportement pour construire la famille : l’accueil gratuit et joyeux de la diversité. Les manifestations de l’Esprit sont les langues multiples, les charismes divers, les différents membres d’un même corps. Ils sont des milliards d’hommes à être chacun individuellement conçu comme enfant de Dieu. L’Esprit ne se répète pas, Il ne produit pas en série.
Don Bosco fut un maître dans l’art de faire naïtre l’unité de la diversité des types et des tempéraments, des conditions et des capacités. En son temps, cette sensibilité était moins présente. Aujourd’hui, la diversité au contraire constitue un défi éducatif et pastoral à la cohabitation humaine, au témoignage ecclésial et à la Famille Salésienne.
Diversité veut dire abondance de rapports, diversité des forces, fertilité des champs et donc fécondité sans calcul. Quelle incomparable opportunité de dialogue, d’échange, d’expériences spirituelles et éducatives peuvent offrir les hommes et les femmes, les consacrés et les séculiers, les prêtres et les laïques dans leur condition singulière d’époux, d’épouses et d’enfants, de jeunes, d’adultes et d’anciens, d’ouvriers, professionnels ou étudiants, personnes issues de populations et de cultures diverses, en pleine force ou à l’épreuve de la maladie, saints et pécheurs !!
Certes, l’union des différences n’est pas un fait naturel ; mais c’est vraiment pour que nous ayons la force de dépasser l’instinct d’autoaffirmation, que Jésus a prié “pour qu'ils soient un” (Jean 17, 11)‘
Jésus, le Seigneur, le Fils qui s’est fait notre compagnon de voyage, qui réconcilie toutes choses, celles qui sont au ciel comme celles qui sont sur terre (cfr. Col 1,15), les remémorant en Dieu, nous indique un troisième comportement : la volonté de cheminer ensemble vers un objectif partagé, de nous réunir dans un espace qui n’est en rien éthéré, le Royaume, de former une communauté reconnaissable de disciples qui assument ensemble leur mission : “allez par toutes les nations enseigner l’Evangile à toutes les nations” (Marc 16, 15)
Voici les trois comportements indispensables pour croître en communion : l’élargissement du coeur, l’accueil dans la diversité, la volonté de cheminer ensemble vers un but commun.
2.2Communion dans et pour la Mission
“La communion engendre la communion et s’identifie essentiellement comme communion missionaire” (ChL 32). A présent, en ce troisième millénaire, notre objectif primordial est d’exprimer de manière plus évidente la communion dans la mission, en tenant compte des critères suivants :
Selon les constantes des origines et du développement de la Famille Salésienne
Une chose est restée constante, tel une hérédité précieuse : la passion d’éduquer, en particulier les jeunes les plus pauvres, que nous les aidions à devenir conscients de leur dignité de personne, conscients de l’importance et des promesses que représente leur vie aux yeux de Dieu et aux yeux du monde.
“Da mihi animas”! Tel est le mot d’ordre de Don Bosco, que nous faisons nôtre ! Nous regardons les jeunes, leur dimension spirituelle, et nous voulons nous occuper de ces jeunes pour réveiller en eux la vocation à être enfants de Dieu et pour les aider à accomplir cette vocation, dans la ligne du Système préventif, c’est à dire en se servant de la raison, de la religion et de la volonté d’aimer. Cela suppose un détachement de tout ce qui peut nous distraire de notre engagement envers Dieu et envers les jeunes. Tel est le sens du “cetera tolle”, seconde partie de notre mot d’ordre.
Conforme aux conditions du monde d’aujourd’hui :
Le monde unifié par la communication, caractérisé par la complexité, par le caractère transversal de nombreuses “causes”, par l’opportunité des réseaux, offre un scénario nouveau pour la mission chrétienne, promotionnelle, éducative, juvénile.
La Famille Salésienne cherchera rassemblée à donner de la densité à sa propre présence dans la société avec les incidences sur son action éducative : c’est la question des jeunes, la vie à préserver, la pauvreté à combattre sous ses aspects multiples, c’est la paix à promouvoir ; ce sont les droits humains déclarés à rendre réels. C’est Jésus Christ à faire connaître.
Comme fruit des dernières Etrennes :
Les Etrennes de ces trois dernières années mettent en évidence l’urgence de l’éducation, l’engagement envers la famille, la promotion de la vie, la préférence pour les pauvres, la solidarité à l’échelon mondial, la nouvelle Evangélisation.
Cette nouvelle phase que vit la Famille Salésienne sera caractérisée par une charité ardente et ouvrière, pleine de fantaisie et de générosité : celle qui a fait de Don Bosco une image de Jésus Bon Pasteur, reconnaissable par les jeunes et par les humbles de son époque. Nous, la Famille Salésienne, nous sommes appelés aujourd’hui, en ce 21è siècle, à modeler notre coeur, pauvre et aussi pécheur, sur celui de Jésus dans lequel Dieu s’est manifesté au monde comme Celui qui donne la vie, pour que l’homme soit heureux et qu’il ait la vie en abondance (cfr. Jean 10, 10).
2.3Quelques conditions pour poursuivre la route
Certaines conditions s’imposent d’emblée pour poursuivre sur la voie de la croissance et atteindre le but que nous nous sommes proposé, de la communion dans la mission.:
-Chercher à comprendre comment travailler en profondeur sur un thème commun possible et sur les données concrètes de la mission.
Ce qui suppose qu’il faut regarder , réfléchir, dialoguer, étudier, prier ensemble pour trouver la voie dans un esprit de communion. C’est le signe d’amour que les jeunes attendent et dont ils percevront forcément l’impact et les bienfaits.
-Remettre la spiritualité au centre comme moteur de la communion pour la mission, en phase avec l’actualité de l’Eglise et dans les conditions actuelles où se vit l’espérance religieuse. D’où l’urgence de la formation des membres et de l’implication de quelques autres.
La sainteté : c’est elle la source et l’énergie dont “tire son origine un vaste mouvement de personnes qui de manières diverses agissent pour la sauvegarde des jeunes”. (Cost. SDB 5) : la Famille Salésienne. On ne peut pas penser que c’est le résultat d’une organisation également parfaite ou de techniques sophistiquées de rassemblement. C’est l’Esprit qui l’a suscitée et elle vit de l’Esprit.
J’invite de manière pressante cette Famille à adopter une nouvelle mentalité, à se penser et à agir toujours comme Mouvement, avec un intense esprit de communion (concorde), avec une volonté convaincue de synergie (unité d’intention), avec la capacité éprouvée de travailler en réseau (unité de projets). Dans le réglement des Salésiens Coopérateurs, Don Bosco écrivait :: «En tout temps on a jugé l’union nécessaire entre les bonnes volontés pour s’aider mutuellement à faire le bien et à tenir le mal à distance. Les forces faibles, quand elles sont unies, deviennent fortes et si une cordelette se rompt prise isolément, il est assez difficile d’en rompre trois assemblées…Les forces faibles, unies, deviennent fortes : Vis unita fortior, funiculus triplex difficile rumpitur». Nous ne devons jamais oublier que nous avons été fondés par un Saint de la Charité sociale, Don Bosco (cfr. Deus Caritas Est n. 40), qui était conscient toutefois que le travail éducatif pastoral faisait appel à une charité coopératrice, pour laquelle l’Esprit Saint suscite des charismes.
-Assurer la capacité autonome des groupes quant à leur développement propre, la formation de leurs membres, leurs initiatives apostoliques.
-Comprendre et expérimenter des formes souples de collaboration: “penser en général, agir localement”.
-Approfondir l’expérience salésienne qui se développe dans la condition laïcale. .
Le fruit de cette Etrenne doit cependant se traduire par un effort collectif plus visible, également plus concret, dans la ligne de la mission.
Nombreuses sont les propositions à examiner, si l’on tient compte de l’évolution de la vie et de certaines priorités. En témoignent la Lettre de la Communion et la Lettre de la Mission de la Famille Salésienne. Tandis que la première précise avec soin notre ADN commun, c’est à dire ces éléments qui déterminent notre identité charismatique salésienne, la seconde représente une déclaration d’intention et d’orientation . L’objectif des deux est, en premier lieu, de créer une conscience, de former les mentalités, de faire surgir une “culture de la Famille Salésienne”. Toutes les deux doivent amener chaque membre des divers groupes à comprendre que sans les autres il n’est pas ce qu’il doit être et, que par conséquent, ils doivent produire des synergies variées, multipliées, et non toutes institutionnalisées. Mon voeu est qu’un fruit de cette Etrenne soit la Lettre de la spiritualité, dont j’ai parlé plusieurs fois. La spiritualité est la motivation de fond, le ressort le plus puissant de l’engagement de chacun des membres de la Famille Salésienne, ce qui peut garantir une efficacité plus grande et influer sur l’action éducative et évangélisatrice.
1 Les synergies de la mission |
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2 Les ressources |
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3 La proposition de vocation |
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4 Les Missions |
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5 Le Bulletin Salésien |
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6 Visibilité ecclésiale de la présence salésienne comme “Mouvement”. |
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7 Une culture de la Famille Salésienne |
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