LE MESSAGE DU RECTEUR MAJEUR
Père Ángel Fernández Artime
C'EST ÇA, L'AMOUR...
C'est le bien simple et silencieux qu’a fait Don Bosco.
C'est le bien que nous continuons à faire ensemble.
Chers Amis et Lecteurs du Bulletin Salésien, recevez, comme chaque mois, mes salutations cordiales, des salutations où je laisse parler mon cœur, un cœur qui veut continuer à regarder le monde salésien avec l’espérance et la certitude de Don Bosco lui-même qui pensait qu'ensemble nous pouvons faire beaucoup de bien et que ce bien, nous devons le faire connaître.
Avant d'écrire ces lignes, j'ai lu tout le contenu du numéro du Bulletin (italien) de ce mois-ci. Je le vois toujours à l'avance, afin de pouvoir écrire ce que je pense être en accord avec le thème.
J'ai beaucoup aimé le Bulletin de ce mois-ci, avec toute sa diversité, avec le témoignage précieux de la façon dont il est possible d'être tout à fait salésien à travers le dévouement quotidien à l'oratoire-centre de jeunes salésien, sur chaque cour de récréation, dans chaque lieu où les enfants et les adolescents – et les jeunes qui les animent – trouvent un espace sain, un espace éducatif, un espace qui éduque à la vie et au sens de la vie, un espace de foi aussi (si on le veut bien).
Je vois chez beaucoup de Salésiens la « passion » de Don Bosco pour le bonheur des jeunes. Une formule devenue célèbre cherche à condenser le Système Éducatif de Don Bosco en trois mots : raison, religion, amour. École, église, cour de récréation. Une maison salésienne est tout cela, une réalisation en pierre, certes. Mais l'Oratoire de Don Bosco est beaucoup plus que cela. C'est un arsenal de stimulants et de créativité : musique, théâtre, sport et promenades qui sont de véritables immersions dans la nature. Le tout assaisonné d'une affection réelle, paternelle, patiente et enthousiaste.
MÈRE COURAGE
Alors que je lis avec douleur et inquiétude les nouvelles du Soudan, où la situation de tout le monde – y compris la situation salésienne – est très difficile, je voudrais vous offrir aujourd'hui un autre beau témoignage, même si je n’en ai pas été le témoin oculaire ; aussi je raconte ce qui m'a été partagé.
La scène se déroule à Palabek (Ouganda) où, coïncidant avec l'arrivée des premiers réfugiés, il y a cinq ans, nous, Salésiens de Don Bosco, avons voulu être avec les premiers réfugiés. La tente servait d’hébergement et la chapelle pour la prière et la célébration de la première Eucharistie était l'ombre d'un arbre.
Chaque jour, des centaines et des centaines de réfugiés soudanais arrivaient à Palabek. D'abord à cause du conflit au Soudan du Sud. Des années plus tard, ils continuent à venir, maintenant à cause du conflit au Soudan du Nord.
Ce que je vais vous raconter m’a été dit par le Conseiller Général pour les Missions qui, quelques jours plus tôt, s'était rendu à Palabek pour continuer à accompagner cette présence dans un camp de réfugiés où des dizaines de milliers de personnes ont déjà été accueillies.
Il y a dix jours, est arrivée une femme avec onze enfants. Seule, sans aucune aide, elle avait traversé plusieurs régions pleines de dangers pour elle-même et pour les enfants. Elle avait parcouru à pied plus de 700 kilomètres, le mois dernier, et le groupe d'enfants grandissait. Et c'est de cela que je veux parler, parce que c'est ça, l'HUMANITÉ et c'est ça, l'AMOUR. Cette femme est arrivée à Palabek avec onze enfants qui lui ont été confiés, et les a tous présentés comme ses enfants. Mais en réalité, six étaient ses propres enfants. Trois autres étaient les enfants de son frère récemment décédé et de qui elle s'était chargé. Et les deux autres étaient de petits orphelins qu'elle avait trouvés dans la rue, seuls, sans personne et, bien sûr, sans papiers (qui peut penser à des documents et à des renseignements quand manquent les choses les plus essentielles à la vie ?). Ces cinq enfants étaient devenus les enfants adoptifs de cette femme.
En une autre occasion, une mère ayant donné sa vie pour défendre son enfant a été qualifiée de « mère courage ». Dans le cas présent, c’est à cette mère de onze enfants que je voudrais donner le titre de « Mère Courage », mais surtout de femme qui sait très bien – dans les « entrailles de son cœur » – ce que signifie aimer, jusqu'à souffrir, parce qu'elle vit et a vécu dans la pauvreté absolue avec ses onze enfants.
Bienvenue à Palabek, Maman courageuse ! Bienvenue dans cette présence salésienne. Sans doute, tout sera fait pour que ces enfants – tes enfants – ne manquent pas de nourriture, puis d'un endroit pour jouer, rire et sourire – dans l'oratoire salésien – et d'une place dans notre école.
C'est le bien simple et silencieux qu’a fait Don Bosco. C'est le bien que nous continuons à faire ensemble parce que, croyez-moi, sentir que nous ne sommes pas seuls, avoir la certitude que beaucoup d'entre vous voient avec plaisir et sympathie l'effort que nous faisons chaque jour en faveur des autres, nous donne aussi une grande force humaine, une force que, sans aucun doute, le Bon Dieu fait grandir.
Je vous souhaite un bon été. Il est certain que le nôtre, le mien aussi, sera plus serein et plus confortable que celui de cette maman de Palabek, mais je crois pouvoir dire qu'après avoir pensé à elle et à ses enfants, nous avons, d'une certaine manière, construit un pont.
Profitez bien de ce temps et soyez heureux.