LE MESSAGE DU RECTEUR MAJEUR
Père Ángel Card. Fernández Artime
ET L'ÉTOILE S'ARRÊTA
SUR UN FAUTEUIL ROULANT
Rencontres, le jour de l'Épiphanie, avec des personnes merveilleuses
au cœur bon et à la foi lumineuse
Chers Amis du Bulletin Salésien,
Avec mes salutations affectueuses, je vous présente mes meilleurs vœux pour la nouvelle année 2024 que nous venons d'inaugurer. J'espère sincèrement que ce sera une année remplie de la présence de Dieu dans nos vies et riche en bénédictions.
J'ai l'habitude, chaque fois que c'est possible, d'écrire ce message en partageant quelque chose que j'ai vécu et qui m'a frappé de quelque manière. Voilà que, le jour de l'Épiphanie du Seigneur, je me trouvais dans ma ville natale, Luanco-Asturies, en Espagne. Dans ce magnifique coin de terre, j'ai respiré le bon air au contact de mes racines, de la mer et de la nature qui m'ont vu naître et grandir, ainsi qu'avec les autres villageois.
Le Curé de la localité avait bien voulu m'accorder le privilège de célébrer l’Eucharistie dans l’église paroissiale, pendant que lui-même se rendrait dans une autre de ses paroisses. C'est ainsi que nous avons pu célébrer cette solennité dans plusieurs communautés chrétiennes.
Ce matin-là, c'était un matin où le Seigneur m'avait préparé des rencontres inattendues au cours desquelles, en prenant conscience de la situation de certaines personnes, mon cœur s'est absolument convaincu de la façon dont le Seigneur console et réconforte même lorsque la douleur, la maladie ou la limitation des moyens se sont emparées de certaines vies.
Avant de célébrer l'Eucharistie, j'avais commencé ma journée, en rendant visite à une personne âgée, ancien médecin dans mon pays pendant de nombreuses années. C'était un grand médecin de famille et un croyant. Entre autres choses, il avait été étudiant salésien à Salamanque. Pendant de nombreuses années, il a été l'un des personnages dont mes parents me parlaient lorsqu'ils allaient chez le médecin.
Dans cette visite familiale que je lui ai faite, répondant à l'invitation de sa fille, j'ai rencontré un homme de foi qui m'a dit qu'en tant que médecin, il ne pouvait donner qu'une partie de ce qu'il avait reçu de Dieu et que maintenant, souffrant d’une lourde maladie, il demandait une seule chose au Bon Dieu : le préparer à la rencontre avec Lui. Sa conviction et sa paix étaient telles que je suis allé célébrer l'Eucharistie en ayant déjà reçu ma dose du « bon petit mot à l'oreille ».
Entre les mains de Dieu
Et à la messe, j'ai rencontré, comme en d'autres occasions, un jeune homme d'une trentaine d'années qui, à la suite d'un accident, se retrouve en fauteuil roulant depuis des années. Même en fauteuil roulant, il était allé avec sa mère en Inde pour entrer en contact avec les plus pauvres parmi les pauvres. Et mon jeune ami me frappe par la sérénité, le sourire et la joie qu’il porte dans son cœur et qui le font vivre ; la même joie avec laquelle il participe à l'Eucharistie quotidienne et avec laquelle il accueille le Seigneur. Et ce jeune homme aurait sûrement des raisons de se plaindre de sa « malchance », ou pire encore : il pourrait blâmer Dieu, comme nous avons tendance à le faire quand quelque chose prend le dessus sur nous. Mais non, il vit simplement sans s'apitoyer sur son sort, reconnaissant pour le don de la vie, même en fauteuil roulant ! Après les célébrations, quand je le vois, nous nous saluons toujours et ses paroles sont toujours des mots de remerciement. Or c'est plutôt moi qui devrais le remercier pour le grand témoignage de vie et de foi en Dieu, le Seigneur de la vie, qu'il nous donne à tous.
Tout cela pour dire à quel point mon jour de l’Épiphanie a été beau et évocateur lorsque, en sortant de l'église, un couple d'âge moyen m'a salué et m'a souhaité une bonne année. Eux aussi avaient des visages joyeux. J'ai vu plus de joie et de sérénité chez le mari (qui souffrait d'un cancer) que chez sa femme bien-aimée (qui souffrait pour lui). Mais tous deux m'ont dit qu’ils étaient convaincus qu'ils devaient vivre le moment présent et la maladie en faisant confiance à Dieu et en s'abandonnant à Lui.
La foi d’une maman
Finalement, parmi toutes ces salutations, je ne voudrais pas oublier celles d’une maman âgée. En se présentant, elle m'a rappelé qu'il y a quelques années, elle avait perdu un de ses fils, décédé de maladie, et qu'elle-même était actuellement atteinte d'un cancer. Elle m'a demandé de me souvenir d’elle devant le Seigneur. Je lui ai demandé comment elle se sentait et elle m'a répondu qu'elle souffrait, mais que sa foi était son grand réconfort. Je vous assure que je n'avais pas de mots, tant étaient intenses l'émotion ressentie durant toute la matinée et les témoignages de vie qui m'ont bouleversé.
Et je ne pouvais pas ne pas promettre mes prières à chacun. En même temps, j'ai réalisé, une fois de plus et avec plus de force, comment le Seigneur continue à faire de grandes choses chez les humbles, chez les personnes les plus touchées par les situations de la vie, chez ceux qui sentent que Lui seul est vraiment notre Consolation et notre Secours.
Et tout cela me semble tellement important que je ne peux pas le garder pour moi. Il semblerait même que ce ne soit pas quelque chose à écrire, peut-être parce que ce n'est pas à la mode, peut-être parce qu'aujourd'hui nous parlons d'autres choses, mais je me rebelle intérieurement contre tout ce qui m'empêche de partager – et d’en témoigner – ce qui est important, profond et plein d'espérance dans nos vies.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'intuition que beaucoup de lecteurs se sentiront en phase avec ce que je raconte et avec ce que j'ai moi-même vécu, parce que ce que je vous raconte, qui a eu lieu un matin d'Épiphanie dans une petite ville près de la mer, ne se passe pas seulement là-bas. En d'autres termes, cela fait partie de notre condition humaine et le Seigneur est toujours à nos côtés, si nous le lui permettons.
Chers Amis, je vous souhaite le plus grand bonheur possible. Et continuons à croire qu'à tout moment, même dans les moments les plus difficiles, nous avons des raisons d'espérer.