2004|fr|03: Les fruits du système préventif: Thérèse et Fernand


Shape2 Shape1 SAINTETÉ DES JEUNES

de Pascual Chávez Villanueva






LES FRUITS DU SYSTÈME PRÉVENTIF


THÉRÈSE ET FERNAND


Je vous présente en ce mois-de mars Thérèse Bracco déjà déclarée bienheureuse et Fernand Calò.



hérèse était une fille extrêmement réservée, modeste, délicate dans ses rapports avec les personnes, toujours prête à offrir son aide. Et belle : deux grands yeux sombres et veloutés éclairaient son visage serein et pensif encadré de grosses tresses brunes. Belle, oui, mais sans aucune vanité. Elle savait s’attirer l’admiration respectueuse de ses compatriotes : « Une fille comme ça je n’en avais jamais vu auparavant et je n’en ai jamais plus vu après », a affirmé l’un d’eux. « Il y avait en elle quelque chose de différent des autres filles » rappela une amie. Elle valait mieux que nous toutes, confia sa sœur Anne. Elle était née le 24 février 1924, avant dernière de sept enfants, à Santa Giulia di Dego (Savone). Sa maman et son papa furent pour elle des exemples de foi et de force chrétiennes : en 1927, ils enterrèrent en l’espace de trois jours deux enfants de neuf et de quinze ans. Une foi, la leur, soumise au creuset de l’épreuve. Thérèse ne put aller à l’école que jusqu’à la quatrième primaire, puis, par son travail de bergère, elle chercha à contribuer au soutien de sa famille. Elle avait toujours sur elle son chapelet et, au pâturage, elle ne cessait de prier. Ginin – comme on l’appelait – sacrifiait volontiers ses précieuses heures de sommeil pour pouvoir communier. Car l’église n’était pas très proche de la maison et la messe se célébrait toujours à l’aube, et pour rien au monde elle n’aurait voulu la laisser tomber. L’Eucharistie, la dévotion à la Vierge et la spiritualité des devoirs, tel est le secret de sa sainteté.

Dans la maison Bracco arrivait régulièrement le Bollettino Salesiano. Du numéro d’août 1933 Thérèse découpa la page 3 qui reproduisait la figure de Dominique Savio, fils de paysans comme elle, qui venait d’être déclaré vénérable, qui avait pris l’exigeant engagement : « la mort, mais pas le péché ». La petite – elle n’avait que neuf ans – en fut fascinée, et mit la page au chevet de son lit. Depuis lors, le devise de Dominique fut aussi la sienne. Elle déclara la guerre au péché : « Je préfère me faire tuer », écrivit-elle. Et elle maintint sa résolution. Séquestrée en 1944 par un militaire allemand, elle essaya d’abord de déjouer ses brutales intentions puis, vu l’inutilité de ses efforts, elle préféra renoncer à la vie plutôt que de perdre sa vertu gardée avec tant de soin. Son corps martyrisé fut retrouvé le 30 août. Son sacrifice ne fut que le dernier acte de sa vie entièrement vécue pour l’Evangile. Jean Paul II l’a béatifiée le 24 mai 1998, fête de Marie Auxiliatrice, à Turin, au cours de son pèlerinage au Saint-Suaire. À cette occasion, le Pape dit : « Je présente cette jeune fille aux jeunes […] pour qu’ils apprennent d’elle la foi limpide témoignée dans l’engagement quotidien, la cohérence morale sans compromis, le courage de sacrifier, si nécessaire, sa propre vie, pour ne pas trahir les valeurs qui donnent un sens à la vie ».



F


ernand naît en pleine seconde guerre mondiale, en 1941. Il n’a jamais connu son père, la chaleur d’une maison ni l’affection d’une famille. Sa maman, une fille-mère, était domestique et passait avec lui peu de temps. Fernand fut hébergé dans plusieurs orphelinats. À huit ans il entra à l’institut salésien d’Estoril au Portugal. Chaque soir il rentrait dans sa très pauvre maison où l’attendait sa maman. Il priait avec elle avant d’aller dormir. Son plus grand effort de cette période fut de conduire sa maman à la messe du dimanche. Depuis des années, en effet, elle ne mettait plus le pied à l’église. Après ses primaires, il passa à l’école professionnelle, toujours chez les salésiens. Le caractère de Fernand n’était certes pas celui d’un petit saint : il avait un tempérament vif et rebelle, il se mettait en colère au moindre reproche et c’est avec difficulté qu’il se contenait ; de plus, il fréquentait des compagnons peu édifiants. Par bonheur, son confesseur flaira le danger et, sans détours, le mit en garde. C’est ainsi que Fernand commença sa conversion. Mais ce ne fut pas facile : il avait la réputation d’un « garçon difficile » et avait toujours les yeux des supérieurs braqués sur lui. Quand arrivait un désordre, il était toujours parmi les premiers soupçonnés. Mais il tint bon, refoulant en lui-même la rébellion qui voulait sortir. Le directeur le comprit et lui donna confiance, au point de lui faire une proposition étrange : être un apôtre parmi ses compagnons les plus récalcitrants et difficiles. Fernand accepta le défi, et forma un petit groupe de quatre amis un peu casse-cou. «Ce ne sont pas les meilleurs, mais ils sont capables se fourrer dans les guêpiers s’il le faut ; les autres auxquels vous pensez sont trop bons pour ce genre de garçons». C’est ce qu’il dit au directeur.

Il avait deux grandes passions : le football et la trompette. Vers la fin de 1954, il commença à écrire un journal, témoin de sa volonté de s’améliorer, tout comme les compagnons qui notaient son lent mais irrépressible changement. Deux ans plus tard, durant la retraite spirituelle, il écrivit le programme de sa vie : Je veux soumettre ma curiosité et mortifier ma vue. Je veux être apôtre de la Vierge Immaculée. Je veux être prêtre. Le 20 avril de cette année-là, 1956, durant une partie acharnée de football dans la cour, il se heurta violemment la tête contre uns colonne des arcades. Il passa un jour ou deux à l’infirmerie, puis revint parmi ses compagnons, mais durant une récréation il se heurta de nouveau la tête. De très fortes douleurs conseillèrent son hospitalisation. Un compagnon préoccupé de sa santé lui demanda : « Fernand, et si tu mourais ? ». «Je suis prêt !… On joue au football en paradis, non ?!». Le 26 juillet, Fernand commençait son match au paradis. ¨






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  1. Le lys est depuis toujours la fleur de la pureté… Une vertu qui exige une volonté forte et décidée. Thérèse la sauva par son sang. Fernand la reconquit avec un grand courage.