LE MESSAGE DU RECTEUR MAJEUR
PÈRE ÁNGEL FERNÁNDEZ ARTIME
J’AI VU ET VÉCU
LE RÊVE MISSIONNAIRE DE DON BOSCO
Bien chers Amis,
Je vous écris depuis Asunción, la capitale du Paraguay. Il y a une heure, j’étais encore dans le Chaco Paraguayen où j’ai passé trois jours très intenses, très beaux et pleins d’expériences.
J’ai pu échanger avec de nombreuses personnes autochtones. C’était mon objectif. C’est ce que j’avais demandé. Je voulais aller à la rencontre des peuples originaires avec lesquels mes frères et sœurs salésiens et salésiennes ont partagé leur vie durant 70 ans parfois.
J’ai passé quelques heures dans la ville de Chamacocos dans le Haut Paraguay, dans la région proche de Fuerte Olimpo. Après un long voyage, nous avons rejoint la ville de Carmelo Peralta où j’ai pu passer une matinée entière avec les communautés de la ville d’Ayoreo. Et enfin, après une excursion de trois heures en canoë sur le fleuve Paraguay, qui sert de frontière entre le Paraguay le Brésil, et un voyage aventureux à travers les rues inondées de Puerto Casado, nous avons pu rencontrer les communautés du peuple Maskoy.
Mon cœur déborde d’émotion. Et je peux vous confier très sincèrement qu’est encore vivant le rêve missionnaire qui a occupé tant de nuits de Don Bosco et qui a commencé précisément par la Patagonie. Je l’ai vu et vécu. Je pourrais dire que je suis entré dans le rêve de Don Bosco.
J’en ai vu le reflet dans les yeux et le sourire des personnes que j’ai rencontrées : elles manifestaient une gratitude sincère pour plus de 70 ans de présence parmi eux des Salésiens et des Salésiennes. J’avais l’impression d’entendre encore le récit du rêve fait par Don Bosco, tel qu’il est rapporté dans les Mémoires Biographiques : « Je me proposais de faire retourner sur leurs pas les nouveaux missionnaires en danger, lorsque je m’aperçus que leur apparition répandait l’allégresse au milieu des habitants qui, après avoir abandonné leur férocité, accueillaient nos missionnaires avec tous les signes de la courtoisie. Je vis alors nos missionnaires s’infiltrer au milieu de ces populations et les instruire. Et ces gens les écoutaient volontiers ; ils recevaient leur enseignement avec empressement et recevaient leurs conseils pour les mettre en pratique. Je regardais plus attentivement : les missionnaires récitaient le chapelet et les autochtones, venus de tous côtés, répondaient de bon cœur en les entourant. Quelques instants après, les Salésiens se placèrent au centre de cette foule exotique et se mirent à genoux. Les autochtones aussi, après avoir déposé leurs armes aux pieds des missionnaires. Un des Salésiens entonne alors le cantique : « Louez Marie, peuple fidèle… » Et, d’une seule voix, tous continuèrent ; et l’unisson fut d’une telle force que, tout effrayé, je m’éveillai. Ce songe fit sur moi une si forte impression que j’y vis un signe du ciel. »
Je peux vous certifier, chers Amis, que vivre dans le Chaco est très difficile. Si c’est difficile aujourd’hui, imaginez comme ce devait l’être il y a plus de 50 ans. J’ai pu embrasser fraternellement et fièrement plusieurs confrères salésiens qui ont travaillé dans le Chaco Paraguayen pendant 40, 42 et 51 ans, parfois sous des températures de 45°, dans une humidité harassante. Et le choix qu’ils ont fait pour Jésus s’appelle simplement Chamacoco, Ayoreo, Maskoy.
J’ai été profondément frappé quand leurs chefs, les Caciques, m’ont dit que les seuls blancs qui aient accepté de demeurer avec eux et de partager leur vie ont été nos missionnaires, car les missionnaires ne les considéraient pas dangereux et percevaient que c’étaient des personnes loyales.
Nos frères et sœurs Salésiens, 30 ans avant que l’Instruction Publique d’État ne prenne en considération les peuples autochtones, avaient déjà fondé des écoles pour eux et les avaient amenés aux examens des écoles de l’État, qui leur permettaient ensuite d’accéder à l’enseignement supérieur.
Parmi les Ayoreo de Marie Auxiliatrice à Puerto Casado, le Directeur de l’école, Oscar, a été l’un de ces jeunes. C’est aujourd’hui un heureux père de famille. Parmi les Maskoy aussi, le chef, ou cacique, a étudié à l’école salésienne de Puerto Casado. Ses enfants également. Deux d’entre eux fréquentent actuellement l’université d’Asunción. Avec un sourire, il m’a dit que lorsqu’il était enfant, son premier enseignant avait été le Père Martin, missionnaire salésien. Et après tant d’années, Martin était là, auprès de moi. Comment ne pas penser combien Don Bosco serait fier de ses fils et de ses filles ?
Ils ont combattu aux côtés des populations autochtones pour récupérer la terre qui leur appartenait. Il y a quelques années, les missionnaires salésiens ont remué ciel et terre pour obtenir deux mille hectares de terre à ajouter aux terres déjà obtenues par les Ayoreo. Et la même lutte a été menée par le peuple Moskoy qui a réussi aujourd’hui à récupérer les terres qu’il avait perdues.
J’ai revécu tout cela, avec la foi profonde de ces personnes simples, une foi au bon Dieu et en la Vierge Marie. Une foi en Dieu Père et en Jésus.
C’est une espérance : Il y en a qui croient que ces populations sont en voie d’extinction. Et certains en seraient heureux ! Grâce à Dieu, au contraire, ce sont des peuples qui continuent à se reprendre et à augmenter en nombre. Les enfants grandissent, bien élevés, font des études et sont éduqués à être plus libres ; et personne ne pourra jamais plus violer leurs droits et les tromper.
C’est pour cela que j’affirme aujourd’hui : je crois au Rêve Missionnaire de Don Bosco. JE L’AI TOUCHÉ DE MES MAINS !
Je vous souhaite à tous le plus grand bien possible ainsi qu’à ces peuplades qui, avec leur vie, nous enseignent beaucoup.