LE MESSAGE DU RECTEUR MAJEUR
PÈRE ÁNGEL FERNÁNDEZ ARTIME
«DON BOSCO EST PLUS VIVANT QUE JAMAIS!»
ME DIT-ON À ALEP.
TOUS LES SALÉSIENS SONT RESTÉS ICI
ET REFLÈTENT LA PRÉSENCE
DU PÈRE QUE NOUS AIMONS!
Amis lecteurs du Bulletin Salésien, et très chère Famille Salésienne,
Je vous écris ce message de salutations, le premier de la nouvelle année, après une conversation pleine de tristesse avec le Provincial Salésien du Moyen-Orient. Il s’agit du P. Munir El Raì, Syrien et natif d’Alep, qui me parlait de sa ville, les larmes aux yeux, non seulement à cause de la douleur et des souffrances atroces de son peuple, mais aussi pour les incroyables et précieuses réalités qu’il voit fleurir au milieu des projectiles, des bombes et des destructions.
« Oui, me disait-il, Don Bosco est vivant, plus vivant que jamais en Syrie, à Alep. Dans la désolation et parmi les décombres, la maison salésienne ouvre tous les jours ses portes pour accueillir des centaines de bambins, d’enfants et de jeunes parce que nous voulons à tout prix qu’à côté de la mort que l’on voit partout, la vie continue. Et je peux affirmer qu’au lieu de diminuer, le nombre de jeunes continue d’augmenter. Je suis ému de voir plus de mille cinq cents enfants et jeunes, le double d’avant, qui veulent venir dans la maison de Don Bosco pour rencontrer d’autres jeunes, pour vivre, pour prier et pour jouer. » Et il a ajouté ceci : « Je voudrais te dire que s’il y a une chose qui m’émeut aux larmes, c’est que tous mes frères Salésiens ont préféré rester avec leur peuple. Ils avaient le droit de partir, et ils pouvaient le faire tranquillement, mais personne n’a abandonné son poste et tous partagent le même sort. »
Je l’ai écouté sans pouvoir dire un mot, tant j’étais bouleversé, la gorge serrée. Oui, j’en suis certain, Don Bosco est plus vivant que jamais ! Il est sûrement vivant au Paradis, dans l’autre Vie qui est la Vie en Dieu, mais il est vivant ici également, parmi nous et avec nous, parce que par centaines, ses Salésiens, ses frères et ses sœurs, les laïcs et les jeunes, maintiennent vivant son rêve et continuent son engagement éducatif et évangélisateur, dans la rencontre personnelle avec chaque enfant et chaque jeune.
Comme dit le chant :
« Je dis que Jean Bosco est vivant et qu’il a réalisé mille choses.
Ne vois-tu pas son amour de Père à l’œuvre aujourd’hui dans le monde entier ?
N’entends-tu pas tant de ses filles, tant de ses fils qui entonnent son chant ?
Ils sont les reflets du Père que nous aimons !
Ses fils et ses filles sont des disciples de pur amour, de foi et de sacrifice :
Tous des jeunes, tous du Christ…
Comme leur Père Don Bosco,
Ils sont émus
jusqu’au tréfonds d’eux-mêmes
Et s’engagent en voyant la
douleur des jeunes en difficulté. »
Dans de nombreux « Valdocco » dans le monde
Le miracle que je vous raconte à propos d’Alep, je pourrais le dire de nombreux autres lieux.
L’un des engagements que Don Bosco rappelait avec plus d’insistance aux Salésiens, spécialement aux premiers missionnaires qui partaient pour l’Amérique, était le suivant : « Prenez spécialement soin des malades, des petits, des personnes âgées et des pauvres. » Cela explique le miracle salésien d’Alep. C’est une maison où chacun peut trouver sa place. Ceux qui y viennent ne trouveront pas beaucoup à manger, parce que la nourriture manque partout, mais le chant de la vie continue ainsi que le pari sur l’avenir, dans une situation où tout ne parle que de mort.
Tout cela me remplit de joie et fait renaître en moi des paroles d’admiration et de gratitude pour Don Bosco qui a été grand parce qu’avec un regard silencieux, un mot, il arrivait à toucher profondément le cœur des gens. Et cela arrive aujourd’hui encore dans les nombreux « Valdocco » du monde.
Cela me rappelle un petit fait qui nous révèle le grand cœur de Don Bosco. Ce n’est qu’une petite anecdote mais très significative. C’est un Salésien qui la raconte, quelques années après la mort de Don Bosco ; il s’agit du P. Alessandro Luchelli qui a vécu plusieurs années au Valdocco avec Don Bosco. « En 1884, se souvient-il, la discipline à l’Oratoire du Valdocco (Turin) était devenue très stricte, contrairement à la tradition salésienne. Don Bosco lui-même assistait avec tristesse à certains faits. » La fameuse « Lettre de Rome » témoigne de sa préoccupation. « Un jour, continue le P. Alessandro, j’étais chargé de surveiller les rangs des jeunes qui attendaient leur tour pour monter dans la salle d’étude. Je les maintenais bien disciplinés, d’un regard sévère et un tantinet menaçant pour qu’ils se tiennent bien en rang. Voilà que Don Bosco passe à ce moment-là, il me touche l’épaule et me dit : "Mais laisse donc tomber". Don Bosco n’aimait pas les rangs. Il les a tolérés seulement quand le nombre des jeunes avait tellement augmenté qu’on ne pouvait plus faire autrement. »
C’est un des nombreux témoignages qui nous parlent du cœur d’un Père qui se préoccupe également des choses les plus simples de la maison, de la famille, des jeunes de la maison salésienne. Comme à Alep, comme en Sierra Leone, comme au Ghana, comme à Ciudad Don Bosco en Colombie, comme en Éthiopie et comme avec les jeunes réfugiés accueillis dans les maisons salésiennes en Allemagne… Et comme des centaines et des centaines de cas que je pourrais ajouter.
Voilà le message que je vous laisse aujourd’hui, avec Abuna Munir d’Alep : Don Bosco est vivant ! Il vit dans le quotidien des maisons salésiennes du monde et dans le dévouement passionné de tant de ses fils, religieux, religieuses, laïcs du monde entier qui font de tout, dans la simplicité de leur vie, pour « être Don Bosco aujourd’hui ».