E TRENNE 2010
di Pascual Chávez Villanueva
L’EVANGILE AUX JEUNES
UN TRIOMPHE INOUÏ
Sans toi, Christ, nous naissons seulement pour mourir ; avec toi nous mourons seulement pour renaître (Miguel de Unamuno).
S
I
le Christ n’est pas ressuscité,
notre prédication est vide et vide aussi votre foi (1Co
15,14). Sans doute la résurrection est le centre de la foi
chrétienne. Cependant, la vie des croyants ne reflète pas toujours
cette conviction. Il suffit de penser à la pénurie d’images du
Christ ressuscité par rapport à celles qui le représentent en
croix. Pour comprendre la résurrection il est, paradoxalement,
nécessaire de prendre au sérieux la mort. Tout au long des siècles,
des courants de pensée ont minimisé la mort de Jésus, empêchant
ainsi d’en comprendre, convenablement, la résurrection. Pour le
peuple d’Israël la mort sur une croix du « rabbi » de
Galilée signifiait que Dieu n’était pas de son côté, ne
garantissait pas son prétendu messianisme, et encore moins sa
prétendue filiation divine. Ainsi, à propos des disciples qui l’ont
vu ressuscité, on parla d’hallucination
ou tout simplement qu’ils ont vu ce qu’ils espéraient voir. Deux
éléments sont soulignés dans les évangiles : d’abord que
la découverte du tombeau vide ne porte pas nécessairement à
supposer que celui qui y avait été enseveli soit ressuscité ;
de plus, ils expliquent la grande difficulté des disciples à
accepter que celui qu’ils voient soit vraiment Jésus. Nous parlons
d’une réalité qui dépasse totalement notre expérience humaine.
Ce que les récits évangéliques nous laissent entrevoir, nous
pouvons le résumer ainsi : Jésus
ressuscité est le
même
qui vécut avec eux et qui est mort sur la croix, mais
il
n’est
pas
égal.
Son identité personnelle est totale : il
garde les signes de sa mort sur la
croix,
comme on le raconte dans sa rencontre avec Thomas,
l’incrédule : « Avance
ton doigt ici et regarde mes mains ; avance ta main et
enfonce-la dans mon côté, cesse d’être incrédule et devient un
homme de foi » (Jn 20,27).
■ Dans le même texte nous trouvons le rapport entre le témoignage des disciples et la foi de ceux qui, comme nous, croient en Lui sans avoir vu:” Bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru” (Jn 20,29). Il me semble assez significatif qu’aucun récit du NT ne présente une apparition de Jésus ressuscité à sa mère : elle est l’unique personne dont la mort du Fils ne constitue pas une rupture de sa propre foi et de sa confiance en Lui et dans le Père. Que signifie aujourd’hui croire en la résurrection de Jésus ? Dans 1Co 15, nous découvrons que l’Apôtre ne base pas notre résurrection sur celle du Seigneur ; au contraire, en deux occasions, il dit : « S’il n’y a pas de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité » ; « Si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n’est pas ressuscité » (1Co 15,13.16). Avec la résurrection, Jésus ne retourne pas au passé, à sa vie divine « avant l’incarnation », au contraire il fait un pas en avant définitif. Dans le Christ ressuscité nous rencontrons soit la plénitude de son incarnation soit la plénitude de la condition humaine. Il prend sur lui, pour toujours, notre humanité. C’est Jésus ressuscité qui appelle, pour la première fois, ses disciples ‘frères’ (Mt 28,10 ; Jn 20,17). A partir de ce moment les apôtres consacrent toute leur vie à la prédication, pour annoncer « la vérité sur Dieu et la vérité sur l’homme ». L’annonce de la résurrection du crucifié est la « Nouvelle Annonce », la meilleure qu’un être humain puisse recevoir. Le NT nous dit quel est le témoignage authentique de la résurrection : « Une grande puissance marquait le témoignage rendu par les apôtres à la résurrection du Seigneur Jésus… Nul parmi eux n’était indigent ; en effet ceux qui se trouvaient possesseurs de terrains ou de maisons les vendaient et apportaient le prix… et le déposaient aux pieds des apôtres. Chacun en recevait une part selon ses besoins » (Ac 4,33-35). Pour parler du témoignage de la résurrection, i ne peut pas y avoir un contexte meilleur que celui qui offre le changement de la vie du croyant, l’amour fraternel, le partage total : « Voyez comme ils s’aiment », exclamaient, stupéfaits, les païens.
■ Don Bosco l’a parfaitement compris. Toute sa vie et tout son travail pour les jeunes a comme noyau une “spiritualité pascale” : la joie qui est l’essence du système préventif et le clef de la sainteté des jeunes n’est pas la joie naïve ou inconsciente de celui qui ne connaît pas encore les difficultés de la vie, mais celle de celui qui « porte les signes de la croix », tout en étant convaincu que personne et rien ne pourrant le séparer de l’amour de Dieu, manifesté dans le Christ Jésus (Rm 8,39). De même la préoccupation de Don Bosco pour rendre ‘super’ le milieu de l’Oratoire, « l ‘écologie éducative » indispensable à notre charisme, il cherche à recréer, dans le milieu populaire des jeunes du Valdocco, l’expérience de la première communauté chrétienne et, avec cela, à parvenir à donner un authentique témoignage de la vie nouvelle du Ressuscité.
Rappelons-nous que « pour accomplir aujourd’hui notre mission, l’expérience du Valdocco reste le critère permanent de discernement et de renouveau de toute activité et œuvre » (Const. 40). Veuille le Seigneur qu’en tant que Famille salésienne, nous puissions être, toujours et partout, des témoins authentiques de la Résurrection. ■
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