2008|fr|05: Eduquer avec le cœur de Don Bosco: eduquer en evangelisant

E TRENNE 2008

di Pascual Chávez Villanueva


EDUQUER AVEC LE CŒUR DE DB

EDUQUER EN EVANGELISANT


Notre art éducatif est “pastoral” non seulement en ce sens que, du côté de l’éducateur, il naît et s’alimente explicitement et quotidiennement de la charité apostolique, mais aussi en ce sens que toute l’œuvre éducative, aussi bien dans son contenu que dans sa méthodologie, est orientée vers le but chrétien du salut et pénétrée de sa lumière et de sa grâce »1.

Pour Don Bosco l’instruction religieuse était la base de toute éducation. Bien qu’un peu réductive, la formule qui, peut être, exprime le mieux sa pensée est la suivante : honnêtes citoyens et bons chrétiens. C’est-à-dire, les valeurs de notre sainte religion doivent inspirer et orienter le développement des potentialités du jeune jusqu’au moment où il devient une personne. Mais dans le contexte de l’évolution des sociétés modernes il n’est pas si clair que l’éducation et l’évangélisation doivent marché unies ensemble et interférer réciproquement. « Aujourd’hui, le laïcisme est la tendance dominante dans l’éducation». Il est facile d’interpréter ‘la professionnalité des éducateurs’ en les considérant comme de simples enseignants. « Le danger d’un clivage entre la formation à la culture et l’engagement pastoral n’est pas imaginaire. Eduquer et évangéliser sont deux activités différentes en soi [ …] mais l’unité de la personne du jeune exige de ne pas les séparer »2.

L’activité éducatrice se place dans la sphère de la culture et fait partie des réalités terrestres ; elle se réfère au processus d’assimilation d’un ensemble de valeurs humaines en évolution, avec leurs buts spécifiques, et elle porte en elle-même sa légitimité qu’il ne faut pas manipuler. Elle vise à promouvoir l’homme, à faire apprendre au jeune son métier de personne.


Il s’agit d’un processus de croissance long et progressif. « Plutôt que de chercher à imposer des normes, elle se soucie de rendre la liberté toujours plus responsable, de développer les dynamismes personnels en faisant appel à la conscience, à l’authenticité de l’amour, à la dimension sociale. Elle fait mûrir en chaque sujet sa personnalisation authentique »3. L’éducation ne peut se réduire à une simple méthodologie. Elle se relie vitalement à l’évolution du sujet. « Elle est une sorte de paternité et de maternité, comme une co-génération humaine pour le développement des valeurs fondamentales : la vérité, la liberté, l’amour, le travail, la justice, la solidarité, la participation, la dignité de la vie… etc. Aussi se préoccupe-t-elle de faire éviter tout ce qui dégrade et qui dévie : les idolâtries (richesse, pouvoir, sexe), la marginalisation, la violence, les égoïsmes, etc. Elle se consacre à faire grandir le jeune de l’intérieur pour qu’il devienne un homme responsable et qu’il se comporte en honnête citoyen. Eduquer, c’est donc participer avec un amour paternel et maternel à la croissance du sujet. Et c’est aussi, dans le même but, avoir soin de collaborer avec d’autres, car la relation éducative suppose divers organismes collectifs.

L’évangélisation, par contre, vise en soi à transmettre et à cultiver la foi chrétienne ; elle fait partie des événements du salut qui dérivent de la présence de Dieu dans l’histoire ; elle se consacre à les faire connaître, à les communiquer et à les faire vivre dans la liturgie et le témoignage »4.


Après avoir souligné ces diversités, nous disons que dans toutes les situations nous devons considérer comme fondamental et indispensable le rapport mutuel entre la maturation humaine et la croissance chrétienne. Dans son discours au CG23, Jean-Paul II disait : « Vous avec bien choisi : celle de l’éducation des jeunes est une des grandes requêtes de la nouvelle évangélisation »5. Et celui qui était encore le cardinal Ratzinger, dans une rencontre avec les Provinciaux d’Europe, nous rappelait que c’était le rôle des Salésiens de continuer à être « prophètes de l’éducation ». C’est pour cela que nous disons « évangéliser en éduquant et éduquer en évangélisant », convaincus que l’éducation doit s’inspirer de l’Evangile et que l’évangélisation doit s’adapter à la condition de l’évolution de l’éduqué. Notre manière d’évangéliser tend à former une personne mûre en tous sens. Notre éducation vise à l’ouverture à Dieu et au destin éternel de l’homme. Pour être évangélisatrice, l’éducation doit prendre en considération certains éléments : la priorité de la personne vis-à-vis des autres intérêts idéologiques ou institutionnels ; le soin du milieu qui doit être riche de valeurs humaines et chrétiennes ; la qualité et la cohérence évangélique de la proposition culturelle qu’on offre à travers les programmes et les activités ; la recherche du bien commun, l’engagement envers les plus nécessiteux ; la question sur le sens de la vie, sens de la transcendance et ouverture à Dieu ; l’offre de propositions éducatives qui suscitent chez les jeunes le désir de croissance dans leur propre formation et dans l’engagement dans la société et en faveur des autres. L’éducateur chrétien, dans le style salésien, est celui qui assume le travail éducatif en le voyant comme une collaboration avec Dieu pour la croissance de la personne6.






1 ACS 290, 4.3

2 E.VIGANO’, ACG 337,p.12

3 E:VIGANO’ ACG 337, p.13

4 ibidem

5 GIOVANNI PAOLO II in “Atti del Capitolo Generale 23°”, n.332

6 Cfr. J.E.VECCHI, “Spiritualià Salesiana”, LDC, 2001, p.128