LE MESSAGE DU RECTEUR MAJEUR
Père Ángel Fernández Artime
QUE FERIONS-NOUS
SANS LES JEUNES
DANS NOS VIES ?
Les jeunes nous ont dit qu'ils nous aiment : ils nous aiment vraiment en tant qu'éducateurs, en tant qu'amis, en tant que frères et en tant que parents, car « nous, les jeunes d'aujourd'hui, disent-ils, ressentons un grand manque d’accompagnement parental. Et surtout nous voulons avancer vers la croissance spirituelle et personnelle, et nous voulons le faire avec vous, les Salésiens. »
Peut-être trouverez-vous cette question étrange, chers amis, lecteurs du Bulletin Salésien et sympathisants de Don Bosco.
Dans ma vie, j'ai rencontré de nombreux adultes pour qui les jeunes sont une catégorie de personnes à aborder avec prudence et vigilance, et face à qui il faut être prêt à tout, car « on ne sait jamais ce qu'ils peuvent manigancer ». Croyez-moi si je vous dis que cette attitude est plus courante que vous ne le pensez : est-ce par insécurité, par peur, parce que la mentalité serait très différente ?
Je me suis toujours dit, et je me le répète après le récent 28ème Chapitre Général qui s'est tenu à Turin-Valdocco dans les mêmes lieux où notre Père Don Bosco a vécu avec ses garçons, que les jeunes sont notre raison de vivre et qu'ils nous rendent meilleurs, ouvrent nos cœurs, nous rendent plus généreux et nous conduisent à regarder la vie avec espérance et avec le sourire, comme ce fut le cas pour Don Bosco avec ses «petits espiègles». J'y crois vraiment. Si un éducateur salésien – consacré ou laïc – ne ressent pas cette expérience, c'est alors simplement quelqu'un qui travaille pour gagner honnêtement sa vie avec un travail éducatif, certes, mais qui ne vit pas avec une véritable passion « l'art d'éduquer ».
Seize jeunes de quatre continents ont participé au Chapitre Général. Jeunes adultes, entre 25 et 30 ans, ils se sont immédiatement et merveilleusement mis en contact entre eux et avec nous. Il convient de rappeler ce qu'ils nous ont dit et ce qu'ils nous ont demandé : « Nous avons réussi à mettre notre cœur et nos rêves au même rythme. Vous nous avez donné l'opportunité de nous connecter avec vous, les Salésiens : nous voulons que vous soyez avec nous. Vous l'avez fait avec votre style salésien. Votre présence à nos côtés nous a permis d'être des protagonistes. »
Ensemble, nous avons compris beaucoup de choses dont l’une très intéressante : les jeunes nous ont dit qu'il leur était difficile de se comprendre, non seulement à cause de la diversité des langues (car tout le monde n'était pas capable de dialoguer en anglais), mais qu'ils avaient un peu de mal à comprendre les concepts, les mentalités, les coutumes, les valeurs des uns et des autres ... Or c'étaient tous des jeunes très proches par l'âge ! Il n'y avait donc aucun fossé générationnel.
Lorsqu'ils m'en ont parlé, je leur ai dit que je pouvais les comprendre ; et je leur ai demandé d'essayer de comprendre aussi les Salésiens qu'ils connaissaient, lorsque dans la même communauté il y avait des personnes de nationalités, de mentalités et d'âges différents. Ils m'ont répondu qu'ils n'y avaient jamais pensé mais qu'ils avaient maintenant vécu le problème bien concrètement.
Nous sommes donc tombés d'accord sur le fait que la communauté et les projets communs ne s'obtiennent pas par affinité et sympathie, mais à travers le choix d’un même idéal et avec des valeurs identiques. Le reste est une question d’effort et de foi.
Ces mêmes jeunes (garçons et filles) nous ont exprimé des sentiments qui nous ont laissés sans voix. Nous aurions pu nous en douter, mais quand nous les avons entendus de leur bouche dans cette grande Assemblée, ils nous ont fortement impressionnés.
Les jeunes nous ont dit qu'ils nous aiment : ils nous aiment vraiment en tant qu'éducateurs, en tant qu'amis, en tant que frères et en tant que parents car, ont-ils ajouté, « nous manquons d’accompagnement parental et nous comprenons justement que les Salésiens sont des parents qui nous accompagnent. » Et ils ont ajouté : « Nous aimerions que vous nous guidiez avec amour dans les réalités que nous vivons : un amour qui ne nous dicte pas ce que nous devons dire, un amour qui ne nous impose pas ce que nous devons faire, un amour qui nous offre des opportunités qui nous aideront à grandir en spiritualité et à transformer notre vie… »
« Vous avez notre cœur entre vos mains. Vous devez prendre soin de votre précieux trésor. S'il vous plaît, ne nous oubliez pas et continuez à nous écouter », ont-ils encore écrit dans leur message.
Et ils m’ont beaucoup ému quand ils ont dit, les larmes aux yeux, qu’ils avaient besoin de nous pour leur montrer qu’il y a un Dieu qui est Amour et qui les aime inconditionnellement. Et cela, quelqu’un doit le dire encore et encore à tous les jeunes de ce monde.
Nous sommes sans voix. Les jeunes, encore une fois, nous ont évangélisés. C’est un de mes prédécesseurs, le Recteur Majeur Père Juan Edmundo Vecchi, qui a écrit un jour textuellement que « les jeunes nous sauvent ». Ils nous sauvent de la routine, de la fatigue qui nous empêche de dormir. Ils nous sauvent de la sécurité confortable, de la vie sans espérance et sans foi. Ils nous sauvent, en somme, de la médiocrité.
Chers jeunes, nous, Salésiens du monde d’aujourd’hui, vous disons que nous vous aimons, que notre vie est pour vous et que, comme Don Bosco, « Pour vous j’étudie, pour vous je travaille, pour vous je vis, pour vous je suis disposé à donner jusqu’à ma vie. »
Je vous souhaite d’être très heureux dans le Seigneur.