LE MESSAGE DU RECTEUR MAJEUR
Père Ángel Fernández Artime
COMME UN BAUME ET COMME UN FEU
« La Grâce qui vient du Seigneur, en qui je m'abandonne, votre aide, celle de tous les Salésiens dans les lieux les plus divers du monde, et l'amour que j'ai – et que nous avons – pour nos jeunes, en particulier les plus pauvres, me donnent la paix et le courage dont j'ai besoin. »
Bien chers Amis et Frères de la Famille Salésienne,
En commençant mon nouveau sexennat, je partage avec vous ce que mon cœur ressent. Avant tout, je remercie Dieu dont les mains débordent d’amour et dans lesquelles nous nous trouvons et agissons. Dieu nous a conduits jusqu’à ce moment. Le « oui » que j’ai dit à nouveau prend sa source dans la confiance en Dieu et en vous tous qui formez l’âme profonde et le cœur généreux de notre Famille Salésienne bien-aimée.
Grande est mon émotion. Je me sens encore stupéfait d’être successeur de Don Bosco, Père et Centre d’unité de la Famille Salésienne. Et je reste sans voix, une fois de plus, lorsque je lis dans le testament spirituel de Don Bosco ce que notre Père nous a laissé par écrit à cet égard : « Avant de partir pour mon éternité, je dois m’acquitter envers vous d’un certain nombre de devoirs et apaiser un vif désir de mon cœur. (...) Je vous laisse sur cette terre, mais seulement pour un peu de temps. (…) Votre supérieur est mort, mais un autre sera élu qui aura soin de vous et de votre salut éternel. Écoutez-le, aimez-le, obéissez-lui, priez pour lui, comme vous avez fait pour moi. »
Ces paroles de notre bien-aimé Père Don Bosco résonnent dans mon esprit et dans mon cœur à la fois comme un baume et comme un feu. Sa figure est tellement grande que je me sens inévitablement petit et indigne. Seule la Grâce qui vient du Seigneur, en qui je m'abandonne, votre aide, celle de tous les Salésiens dans les lieux les plus divers du monde, et l'amour que j'ai – et que nous avons – pour nos jeunes, en particulier les plus pauvres, me donnent la paix et le courage dont j'ai besoin.
Beaucoup de mes confrères m'ont demandé comment je me sentais. Ma réponse a toujours été la suivante : dans une très grande paix et un très grand sentiment de liberté. C'est ce que j'ai ressenti tout au long du Chapitre et dans les moments du discernement. C’est ce que j’ai ressenti avant et après l'élection. Paix et liberté, car je n'ai pas recherché ni ne recherche le service auquel je suis appelé. J'étais spirituellement prêt à continuer (car j'ai le sentiment que les six années que nous avons vécues auparavant ont été des années de grâce, non exemptes de difficultés, bien sûr) ; mais ni l'espérance ni le désir de fidélité personnelle et comme Congrégation n’ont faibli ni ne m’ont manqué ; mais j'étais également prêt à mettre fin à mon service si cela avait été le sentiment de l'Assemblée Capitulaire au nom du Seigneur.
Et c'est avec cette paix et cette liberté que j’imprime en moi ce qui a été dit à propos de ce que l’on attend du Recteur Majeur : je vais essayer d'être, autant que possible, un véritable homme de Dieu, avec une forte identité charismatique et pastorale, clairvoyant, capable d’un regard de foi et d'espérance dans la lecture de la réalité.
Je souhaite vivement continuer à être, par tous les moyens possibles, un homme capable de paternité et d’affection fraternelle, capable d’accompagner, proche de mes confrères.
Je crois que je mettrai beaucoup d'énergie à être un homme capable de construire l'unité dans la Congrégation, d’impliquer et accompagner, de créer une vision commune, d’unir nos différences, de construire la communion, de travailler en équipe et de déléguer.
La présence de jeunes au Chapitre Général a profondément touché nos cœurs par l'émotion et la force de leurs paroles de jeunes. Les jeunes nous ont demandé d'être avec eux, de ne pas les laisser seuls, de ne pas les abandonner à leur sort. Ils nous ont demandé de les aimer car eux nous aiment. Ils nous ont demandé de les accompagner sur le chemin de la vie. Ils nous ont demandé d'être des hommes capables de leur parler de l'amour de Dieu pour eux. Ils ne nous ont demandé ni des structures, ni des murs, ni des programmes de gestion, ni même des activités.
Les jeunes ont été co-fondateurs avec Don Bosco, nous dit le Pape François dans le message qu’il a adressé au CG28. Voilà pourquoi eux et le bruit de leurs voix, nous dit le Saint-Père, sont et doivent être notre meilleure musique. Nous sommes donc appelés, par le fait même, à pénétrer la vie de tant de jeunes abandonnés, en danger, pauvres et rejetés qui attendent un regard d'espoir, qui attendent le Salésien qui sera frère, parfois père et toujours ami.
Nous ne pouvons pas ne pas être fidèles, ayant devant nos yeux les enfants, les adolescents, les jeunes et leurs familles. On attend de nous une double fidélité : une fidélité aux jeunes et une docilité à l’Esprit Saint.
Il a été important de vivre le CG28 au Valdocco. Le Saint-Père lui-même nous parle de ce qu'il a appelé « l'option Valdocco » et que je traduis en rêves qui sont déjà réalité mais qui doivent l'être encore plus, car je rêve, comme Don Bosco, que le Salésien du XXIème siècle soit un homme plein d'espérance, passionné de Jésus-Christ. Je rêve d’une Famille Salésienne en laquelle l'esprit du Valdocco, tel que l'a construit Don Bosco, soit vécu pour et avec les enfants et les jeunes, en les aimant vraiment au nom du Seigneur.
Je rêve d’une Famille Salésienne où les plus pauvres et les plus abandonnés, les rejetés, les exclus, ceux qui ont subi tout type d'abus et de violence, soient notre priorité, à la recherche de leur bien et de leur bonheur, comme l'a fait Don Bosco.
S'il en est ainsi, notre Mère, la Vierge Auxiliatrice, continuera à « tout faire » dans cette Congrégation et cette Famille Salésienne.
Et à vous tous, je répète avec affection les paroles du Pape : « Rêvez et rêvez grand ! Rêvez et faites rêver ! »