LE MESSAGE DU RECTEUR MAJEUR
PÈRE AŃGEL FERNÁNDEZ ARTIME
APPRENONS À REGARDER
« AVEC LES YEUX DE DIEU »
J’ai entendu le témoignage de dizaines de jeunes des JMJ et de la merveilleuse fête de Don Bosco à Panama (avec la procession la plus variée et la plus nombreuse que j’aie jamais vue), des jeunes qui racontaient des histoires de vie où ils se sont sentis comme embrassés par un regard « spécial », celui de Dieu.
Lors des JMJ à Panama, j'ai rencontré des gens et des jeunes formidables. Ce furent des journées inspirées. C'est pourquoi les mots du Pape François faisant référence à Don Bosco et à sa capacité à regarder « avec les yeux de Dieu » ont fait le tour du monde en quelques dixièmes de secondes : ils se sont gravés dans la mémoire du web et perdurent dans le temps.
Personnellement, l'histoire d'une personne m'a profondément touché le cœur. C'est l'histoire d'une jeune maman qui, gravement malade, s'était cloîtrée chez elle depuis plus d'un an et demi. Elle ne voulait rien savoir de personne, ne voulait rendre visite à personne ni recevoir de visites. Pour elle, la vie était finie.
Des personnes amies l'ont invitée à se rapprocher de la maison salésienne. Quelque peu contrainte et forcée, elle a accepté ; et à partir de ce jour-là (plusieurs années ont passé), elle n'a plus quitté cette présence salésienne. Je l'ai vue là-bas, je l’y ai rencontrée ; et je n'aurais jamais imaginé toutes les luttes personnelles qu'elle avait dû affronter. Son dynamisme, son leadership, sa capacité à impliquer les autres et elle-même m'auraient fait plutôt penser à une vie en croissance régulière, jalonnée de belles réussites.
Ce n’était pas le cas, mais elle a profité de la merveilleuse opportunité qui lui était donnée. Un peu craintive au début, elle a avancé timidement et a rencontré des gens qui, sans rien demander, « ont su regarder avec les yeux de Dieu ». De la même manière, j’ai entendu le témoignage de dizaines de jeunes des JMJ et de la merveilleuse fête de Don Bosco à Panama (avec la procession la plus variée et la plus nombreuse que j’aie jamais vue), des jeunes qui racontaient des histoires de vie où ils se sont sentis comme embrassés par un regard « spécial », celui de Dieu.
Embrasser la vie
Le Pape François l'a très bien dit lors de la Veillée du samedi des JMJ en affirmant : « Embrasser la vie se manifeste aussi quand nous accueillons tout ce qui n’est pas parfait, tout ce qui n’est pas pur ni distillé, mais non pas moins digne d’amour. » C’est ce qui fait la différence dans la façon dont nous nous traitons les uns les autres comme des personnes.
Nous savons, et beaucoup d’entre nous en sont convaincus, certainement beaucoup d’entre vous aussi, chers amis lecteurs, que « l’amour guérit » et que « seul ce que l'on aime peut être sauvé ». C’est précisément pour cette raison que le premier pas que nous devons faire en tant qu’éducateurs, en tant que partisans convaincus du style salésien, ou tout simplement en tant que braves gens qui vivent dans le monde, c’est d’avoir le courage d’embrasser la vie comme elle vient, avec sa fragilité et sa petitesse et, maintes fois, même avec toutes ses contradictions et son manque de sens (le Pape François à la Veillée des JMJ).
La jeune maman à laquelle je faisais allusion au début avait seulement besoin de trouver un espace de vie, un endroit où les gens, avec leurs mains, leur cœur et leur esprit, avec toute leur personne, pourraient se sentir « partie de quelque chose », d'une « communauté » plus grande qui avait besoin d'elle, avec son histoire vécue. Et cela a changé son existence.
En cette Veillée des JMJ, le Pape François a également dit sur Don Bosco des mots qui me comblent d’émotion et sont en même temps très exigeants, car nous ne pouvons pas les entendre et rester indifférents. Parce que la fidélité à Don Bosco, aujourd’hui, signifie faire les mêmes choix et prendre les mêmes décisions que lui. Et qu'il prendrait encore en ce temps difficile que nous vivons.
Le don des racines
« Don Bosco, nous dit le Pape François, n’est pas allé chercher les jeunes en des lieux lointains ou particuliers ... (applaudissements à tout rompre) … on voit qu’ici il y en a qui aiment bien Don bosco !... (applaudissements)… Don Bosco n’est pas allé chercher les jeunes dans quelque lieu lointain ou spécial ; simplement il a appris à regarder, à voir tout ce qui se passait autour dans la ville et à le regarder avec les yeux de Dieu et, ainsi, il a été touché par des centaines d’enfants et de jeunes abandonnés sans études, sans travail et sans la main amie d’une communauté. Beaucoup vivaient dans la même ville, beaucoup critiquaient ces jeunes, mais ils ne savaient pas les regarder avec les yeux de Dieu. Les jeunes ont besoin d’être regardés avec les yeux de Dieu. Lui, Don Bosco, l’a fait ; il osé faire le premier pas : embrasser la vie comme elle se présente et, à partir de là, il n’a pas eu peur de faire le second pas : créer avec eux une communauté, une famille où, avec le travail et l’étude, ils se sentiraient aimés. Leur donner des racines où se fixer pour qu’ils puissent parvenir au ciel. Pour pouvoir être quelqu’un dans la société. Leur donner des racines auxquelles s’agripper pour ne pas être abattus au premier vent qui arrive. C’est ce qu’a fait Don Bosco. »
Voilà, et plus encore, tout ce que ces journées ont laissé en moi. Ils m'ont laissé le cœur et l'âme pleins de visages, comme le dirait un jour le grand Évêque Pedro Casaldáliga, quand il imaginait se trouver en présence de Dieu avant de mourir, et qu’on lui demanderait à ce moment-là : « Qu’as-tu fait dans ta vie ? » Il présenterait ses mains vides, mais son cœur plein de noms.
Chers Amis lecteurs du Bulletin Salésien – ce moyen de communication si cher à Don Bosco, son fondateur, qu’il a apprécié et tenu en grande estime : « Le salut que Dieu nous offre est une invitation à faire partie d’une histoire d’amour qui se tisse avec nos histoires ; qui vit et veut naître parmi nous pour que nous puissions donner du fruit là où nous sommes, comme nous sommes et avec qui nous sommes. » (Pape François).
Sous le regard bienveillant de Dieu et de Don Bosco.