LE MESSAGE DU RECTEUR MAJEUR
PÈRE ÁNGEL FERNÁNDEZ ARTIME
JE RÊVE D’UNE FAMILLE SALÉSIENNE QUI VIVE
LA JOIE DE L’ÉVANGILE
Sachons vivre en laissant voir que nous sommes, comme éducateurs et évangélisateurs, des gens passionnés des jeunes, impliqués dans la « trame de Dieu »
Je porte en mon cœur, bien chère Famille Salésienne répandue dans le monde, mes cher(e)s Ami(e)s, des rêves que je crois être parmi les plus beaux fruits du Bicentenaire de la naissance de Don Bosco. Un de ces rêves, le quatrième, est celui d’une Famille Salésienne qui vive la joie de l’Évangile, parce que convaincue qu’elle doit être une famille d’évangélisateurs et d’éducateurs de la Foi, où qu’elle se trouve dans le monde.
Je voudrais vous rappeler les paroles par lesquelles le Pape François commence son Exhortation Apostolique « Evangelii Gaudium » (la Joie de l’Évangile) : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ, la joie naît et renaît toujours. »
Le Pape invite chaque chrétien à renouveler sa rencontre personnelle avec Jésus ou à se laisser « rencontrer » par Lui, contre le risque de l’isolement, contre un rythme de vie effrené qui ne laisserait plus aucune place pour les autres et pour des relations vraiment personnelles.
Voilà un défi très actuel et provoquant surtout pour nous, Famille Salésienne, qui devons apporter à l’Église ce don unique qui nous est propre, fort et irrésistible, qu’est le charisme hérité de Don Bosco.
Pourquoi ce rêve ? Parce que je voudrais réellement que les paroles suivantes du P. Vecchi deviennent prophétiques. En effet, le Père disait, à propos du primat de l’évangélisation : « Il peut arriver que, accaparés par une multitude d’activités, préoccupés par les structures et par les soucis d’organisation, nous courions le risque de perdre de vue l’horizon de notre action, et apparaître comme des activistes ou des "mouvementistes" pastoraux, des gestionnaires d’œuvres et de structures, d’admirables bienfaiteurs, mais peu comme témoins explicites du Christ, médiateurs de son action salvifique, formateurs d’âmes, guides dans la vie de la Grâce. »
Être évangélisateurs des jeunes, spécialement des plus pauvres, fait partie de notre ADN salésien, de notre essence la plus authentique, héritée de Don Bosco. Et ce, parce qu’en plus, nous croyons réellement que c’est parmi les jeunes que Dieu nous attend pour nous offrir la grâce de Le rencontrer. On attend de nous que nous soyons vraiment serviteurs des jeunes pour Le servir, Lui, en reconnaissant la dignité des jeunes et en les éduquant à une plénitude de vie.
Les personnes qui vivent profondément cette réalité éprouvent vraiment la joie de l’Évangile. Une existence tout à fait différente de ceux qui, comme dit le Pape François, sont « des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques » (EG 6).
Mes cher(e)s Ami(e)s, avec la sensibilité de Don Bosco, nous abreuvant à la source de son charisme, nous ne pouvons pas nous permettre de succomber à la tentation du pessimisme ni de nous priver d’une satisfaction qui nous comblerait de joie. Certes, on aura à affronter des difficultés. Mais, au-delà, on éprouvera un plus grand bonheur à aider chaque personne de nos différents groupes à progresser, un plus grand bonheur à donner le meilleur de nous-mêmes, de ce que nous sommes ; c’est-à-dire, en fait, vivre en laissant voir que nous sommes, en tant qu’éducateurs et évangélisateurs, des gens passionnés des jeunes, impliqués dans la « trame de Dieu ». Et c’est ensemble, avec nos frères Salésiens, dans notre Famille Salésienne et avec de nombreux éducateurs, éducatrices, amis, laïcs engagés, que nous voulons continuer dans cette ligne pour réaliser ce rêve de Don Bosco. Oui, nous devons le réaliser avec le même enthousiasme qui a été le sien lorsqu’il a réussi à le transmettre à ses premiers Salésiens et à ses premiers collaborateurs laïcs. Nous pourrons ainsi mériter vraiment le qualificatif dont nous a gratifiés Paul VI lorsqu’il nous a appelés « missionnaires des jeunes ».
Être missionnaire dans la vie signifie tout d’abord croire que le centre de notre vie, c’est Jésus. Cela signifie aussi croire réellement que la vie devient riche quand elle se donne, quand on la donne pour les autres, mais qu’elle s’affaiblit et s’étiole, au contraire, quand on reste seul dans son coin ou quand on recherche uniquement ses propres aises. Cela signifie encore croire que la vie la plus belle est celle qui trouve son bonheur à donner du bonheur et de la vie aux autres. « Que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Évangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçu en eux la joie du Christ. » (EG 10)
Mes cher(e)s Ami(e)s, voilà le rêve de mon cœur pour la Famille Salésienne qui doit se sentir plus vivante que jamais, avec le devoir d’Église d’offrir le meilleur d’elle-même pour donner gratuitement ce qu’elle a reçu gratuitement, comme dit Jésus dans l’Évangile.
Mon souhait le plus cher est que nos visages rayonnent toujours plus de la joie dont nous rêvons et qui ne peut venir que de Lui, Jésus !