Sous le digne de la reconnaissance |
« VOUS SEREZ MES TÉMOINS…
JUSQU’AUX EXTRÉMITÉS DE LA TERRE » (Ac 1, 8b)
Présentation de la Région d’Italie – Moyen-Orient
Nouvelles de famille – La signification de cette lettre – Deux événements à valoriser – Sous le signe de la reconnaissance – La situation de l’Italie – La situation du Moyen-Orient – La Région au point de vue salésien. 1. Le personnel. 2. Les présences salésiennes. 3. Typologie des présences. 4. Quelques points à souligner. 5. Les communautés salésiennes. Quantité et qualité. 6. La Famille salésienne. 7. Participation et formation des laïcs : ressources et problèmes. – Les grands défis de la Région. 1. La situation des vocations. 2. Réajustement et réimplantation. 3. La formation continue. 4. La présence salésienne au Moyen-Orient. – Lignes d’avenir. 1. Repenser l’éducation et la pastorale que nous proposons. 2. Redéfinir avec courage la présence salésienne en Italie. 3. Qualifier le cheminement de formation pour nos collaborateurs laïcs. 4. L’appui à la Province du Moyen-Orient. 5. Valorisation des lieux salésiens. – Je suis proche de chacun de vous – Pour conclure
Rome, 25 mars 2004
Solennité de l’Annonciation du Seigneur
Très chers confrères,
Je vous salue avec l’affection de toujours, parce que je vous porte dans mon cœur. Trois mois ont passé depuis ma dernière lettre où je vous invitais à contempler Jésus avec les yeux de Don Bosco, et depuis la communication de l’étrenne 2004 où d’adressais un appel à toute la Famille salésienne pour « proposer avec conviction à tous les jeunes la joie et l’engagement de la sainteté comme haut degré de vie chrétienne ordinaire ».
Au cours de ces derniers mois intenses se sont vérifiés quelques faits importants pour notre Congrégation. Le premier a été la nomination par le Saint-Père du P. Luc Van Looy comme évêque du diocèse de Gand, en Belgique. Cette nomination nous est parvenue comme une expression supplémentaire de l’estime du Saint-Siège pour la Congrégation salésienne, mais en même temps elle nous a privés de la personne du P. Luc Van Looy qui recouvrait la responsabilité de vicaire du Recteur majeur. Je désire par ces pages lui renouveler ma reconnaissance personnelle et celle de vous tous pour le grand service qu'il a rendu à la Congrégation salésienne, d’abord comme missionnaire et délégué dans la Province de Corée, puis comme conseiller général pour les missions, ensuite comme conseiller général pour la pastorale des jeunes et enfin, pendant huit ans, comme vicaire du Recteur majeur.
À la suite de sa nomination, après avoir interpellé le Conseil pour une consultation qui pouvait m’aider dans le discernement, j'ai nommé le P. Adriano Bregolin comme nouveau vicaire du Recteur majeur et, en un second temps, j’ai procédé à la nomination du P. Pier Fausto Frisoli comme nouveau conseiller pour l’Italie et le Moyen-Orient. À eux aussi mon merci d’avoir accepté ces charges et l’expression de ma confiance pour un travail salésien fécond et efficace. Le Conseil général a ainsi retrouvé, dans la phase finale de la session d’hiver, sa complétude sous le signe de l’unité et d’une pleine collaboration.
Un autre fait important auquel je veux vous faire participer, est la convention stipulée entre le Secrétariat d’État du Vatican et la Congrégation salésienne pour la direction de l’« Institut Ratisbonne » à Jérusalem. Son siège qui, pendant de nombreuses années, a été celui du « Centre d’études judéo-chrétiennes », a été confié à la Congrégation salésienne pour une période de cinquante ans environ, renouvelable, et deviendra, à partir de l’an prochain, le nouveau siège du scolasticat de théologie, jusqu'à présent à Cremisan. Dans cette proposition, qui nous a été présentée directement par le Saint-Siège, nous avons saisi la possibilité de qualifier notre présence de formation en faveur de confrères étudiants de toutes les régions salésiennes du monde. Progressivement l’enseignement passera de l’italien à l’anglais. L’emplacement à Jérusalem devrait favoriser le contact avec les autres centres d’étude de théologie ou de bible et, en même temps, la maison pourrait devenir un point significatif de référence pour des activités qualifiées de formation, même temporaires, de confrères des différentes Provinces.
Par cette lettre je veux commencer la présentation des huit Régions du monde salésien, comme je vous l’ai déjà annoncé. Comme je l’ai fait jusqu ‘à présent, je ferai alterner ce parcours des Régions et d’autres lettres de réflexion plus forte sur notre spiritualité. Cela pourra vous offrir à tous un panorama général et actuel de la situation de notre Congrégation dans les différents continents et contextes, vous aider à renforcer votre sentiment d’appartenance et vous rendre toujours plus reconnaissants et coresponsables.
La première Région que j'entends vous présenter est l’Italie et le Moyen-Orient. Il me semble juste de commencer par cette Région, qui représente la patrie de Don Bosco et du charisme salésien. La citation d’où j’ai pris le titre est très éloquente. Il s'agit d’une affirmation dans le contexte de l’Ascension du Seigneur Jésus : avant de retourner vers le Père, il annonce la venue de l’Esprit qui sera non seulement le don du Christ, mais son « prolongement » même, et il donne à ses disciples la mission d’être ses témoins en leur assignant comme terrain le monde entier, à partir de Jérusalem « jusqu'aux extrémités de la terre ».
De façon analogue, les premiers disciples de Don Bosco ont reçu son « esprit » et, poussés par le puissant dynamisme qu’ils ont appris de notre fondateur et père bien-aimé, sans nostalgie dans le cœur et avec la même passion éducative, ils se sont répandus sur toute la terre pour prolonger dans le temps et dans l’histoire sa mission en faveur des jeunes, et en particulier « des plus pauvres, nécessiteux et en danger ». Ainsi l’histoire du père se poursuit et continue à se prolonger sur chaque continent dans la vie de ses fils, en formant un seul tout ; en même temps, il a laissé des lieux et des événements qui sont des points de référence et des critères d’authenticité. Ainsi la diversité des contextes enrichit le charisme sous des formes toujours nouvelles, et celles-ci trouvent leur unité dans l’identité charismatique.
Au début de cette lettre, je ne puis sauter deux faits que j'estime vraiment significatifs pour toute notre Famille salésienne.
Le premier est le pèlerinage des reliques de saint Dominique Savio dans les différentes régions d’Italie. Pendant que je vous écris, l’urne du jeune saint a terminé son passage en Ligurie et en Toscane dans un climat de grand et fervent accueil. Dans ces premières étapes, c’est par milliers que les gens ont voulu participer aux célébrations ou à l’un ou l’autre moment de prière auprès de l’urne de ce petit « grand » saint ou, pour reprendre les paroles de Pie XII, de ce « petit géant de l’esprit ». Actuellement le pèlerinage se déroule dans les Marches et les Abruzzes, puis dans le Veneto et dans les prochaines semaines abordera les autres régions, pour arriver à Rome autour du dimanche des Rameaux qui, depuis des années, est devenu un rendez-vous significatif pour les jeunes les plus engagés. Cet événement se révèle pour l’Italie entière une véritable grâce et un nouvel encouragement à la sainteté. Les messages que je reçois me disent que les jeunes restent impressionnés et stimulés par la figure de ce garçon de l’Oratoire du Valdocco, qui, sous la conduite de Don Bosco, a atteint « un haut degré de vie chrétienne ordinaire » jeune. Pour beaucoup de salésiens, la célébration de ce jubilé devient presque une redécouverte de l’efficacité de l’éducation et de l’évangélisation que nous proposons.
L’autre fait important est la prochaine béatification de trois membres de la Famille salésienne : le P. Auguste Czartoryski, salésien, Sœur Eusebie Palomino, Fille de Marie Auxiliatrice, Alexandrina M. da Costa, Coopératrice salésienne. Jamais les précédentes béatifications ne nous avaient mis devant la Famille salésienne d’une façon aussi efficace, au point qu’elle est considérée, surtout par nous tous et par ceux qui regardent le monde salésien, comme une « Famille de sainteté ». Pour confirmer ce fait, il y aura aussi, en automne prochain, la béatification d’Albert Marvelli, ancien élève salésien. En vous parlant de ces événements, je me sens plein de joie et d’espérance et je voudrais que ce soit aussi votre sentiment à tous.
Dans le discours de clôture du CG25, à propos de la béatification du P. Louis Variara, de M. Artémide Zatti et de sœur Maria Romero, j’ai dit : « Ces bienheureux, qui s'ajoutent au cortège nombreux de la sainteté de notre Famille charismatique, ont en commun le don joyeux d’eux-mêmes et le dévouement généreux aux plus pauvres. Rien n’attire autant que le témoignage de se dépenser sans compter, sans mesure, sans condition ; rien ne fascine autant que le service des plus pauvres, des plus humbles, des plus nécessiteux. Les lépreux du P. Variara, les malades de M. Zatti, les filles abandonnées de sœur Romero rappellent immédiatement l’offrande gratuite de la vie de ces trois figures qui nous sont proposées comme modèles. Le soin des plus pauvres et le don total de soi s'associent pour témoigner ainsi de la charité héroïque des trois nouveaux bienheureux ».
À présent, ces nouvelles béatifications se prolongent immédiatement dans le temps par une attention aux différentes formes de la sainteté salésienne. Une nouvelle triade de bienheureux nous est à présent proposée, nous pourrions dire une trilogie, parce que ces trois bienheureux deviennent une proposition pour nous et pour les jeunes des trois façons fondamentales de vivre et d’accueillir la vocation salésienne. Il est important alors de reconnaître les traits de ces figures, pour en voir la particularité et la diversité au sein de l’unique expérience charismatique salésienne. en vue de la célébration de la béatification, qui aura lieu le 25 avril prochain sont déjà prêts divers documents dans le but précisément de faire mieux connaître le cheminement extérieur et intérieur de ces membres de notre Famille.
Ces deux faits reliés l’un à l’autre nous permettent une première considération à propos du contenu de cette lettre. La sainteté, don de Dieu, qui a toujours trouvé la possibilité de s'incarner dans des cœurs généreux et ouverts à Dieu, comme celui de Don Bosco, est un don rayonnant. Dominique Savio est le fruit le plus beau de l’action éducative et apostolique de Don Bosco, mais ce message de sainteté s'est ensuite fait toujours plus grand et aujourd’hui, justement, nous pourrions dire qu'il s'est répandu « jusqu'aux extrémités de la terre » : de l’humble maisonnette des Becchi à la ville de Turin, de Turin à toute l’Italie et de l’Italie au monde entier. Il suffit de penser à l’album de jeunes saints salésiens à qui a été dédié par le calendrier du Bollettino Salesiano 2004 aux jeunes saints salésiens, dont la plupart ont voulu modeler leur vie sur celle de Dominique Savio.
La seconde considération est que chaque don de Dieu, comme celui des béatifications de plusieurs membres de la Famille salésienne, représente toujours pour nous tous un « nouvel appel » à vivre en profondeur et avec joie notre vocation salésienne. Ces signes de fécondité spirituelle encouragent notre marche spirituelle et donnent une force supplémentaire à notre mission. Le fait que les trois appartiennent à diverses branches de la Famille salésienne, et justement à celles qu’a fondées directement Don Bosco et qui représentent les vocations fondamentales qui la constituent, répète la conviction que nous appartenons à une « Famille sainte », et qu’en elle, consacrés ou laïcs, hommes ou femmes, adultes ou jeunes peuvent se sanctifier en parcourant la route spirituelle, pastorale et éducative de Don Bosco.
Etant donné ce que je vous ai dit plus haut, je voudrais vous présenter la situation de la Congrégation salésienne en Italie sous le signe de la reconnaissance à Dieu d’avoir suscité, en cette terre, notre Père Don Bosco, de nombreux autres saints de la Famille salésienne et des cortèges d’autres généreux confrères qui, en se faisant des interprètes fidèles du charisme, ont porté la présence salésienne en bien des parties du monde.
Vous vous rappellerez tous que j'ai désiré vous dire cela dès mon premier mot du soir comme Recteur majeur. Alors j'ai dit : « Je suis le premier Recteur majeur non italien d’origine (le P. Vecchi était argentin, mais de parents italiens) [...] Je profite de l’occasion pour remercier toute l’Italie salésienne, qui a su jusqu'à présent exercer sa responsabilité historique de transmettre avec fidélité le charisme de Don Bosco. Merci, très chers confrères italiens… » (cf. Atti CG25, n° 179).
Il me vient en ce moment spontanément à l’esprit la façon dont ce miracle d’expansion s'est réalisé avec une grande rapidité, grâce à la disponibilité de salésiens généreux envoyés d’abord par Don Bosco et ensuite par les Recteurs majeurs successifs. D’abord la France et l’Argentine (1875), puis l’Uruguay (1876), la Patagonie (1879), l’Espagne (1881), l’Angleterre (1887)… Ainsi et toujours davantage ! Une succession impressionnante de fondations ! Grande foi, grand enthousiasme et encore une générosité extraordinaire, qui pouvaient se mesurer dans la succession toujours plus consistante des expéditions missionnaires. À titre d’exemple : 72 missionnaires en 1891, trois ans seulement après la mort de Don Bosco, 92 en 1895, 126 en 1898 ! De pays en pays et de continent en continent.
Il est juste de rappeler ici que les nouvelles fondations ont été, en très grande partie, l’œuvre de confrères venus d’Italie. Salésiens qui avaient reçu une formation robuste et authentique directement de Don Bosco ou, de toute façon, de salésiens de la première génération, ceux qui avaient personnellement connu notre cher Père fondateur. Un esprit salésien reçu dans toute son authenticité, transmis en profondeur avec une grande fidélité et, au fil des décennies, avec une attention de plus en plus effective à la culture nouvelle dans laquelle il allait s'implanter.
C'est ainsi que nous trouvons au début de chaque grande entreprise des pionniers de l’esprit salésien : Cagliero, Costamagna et Fagnano pour l’Amérique latine, le P. Branda puis les P. Rinaldi et Ricaldone pour l’Espagne, le P. Rabagliati pour la Colombie, les P. Piperni et Piccono pour le Mexique, le P. Giorgio Tomatis pour l’Inde, le P. Versiglia pour la Chine, le P. Cimatti pour le japon… Un cortège formidable de nos confrères qui commençaient des œuvres, mais surtout transmettaient à d’autres jeunes, sous une forme authentique et vivante, la vocation salésienne.
Cette vocation missionnaire de l’Italie et des confrères italiens continue encore aujourd’hui. Les nombres peuvent avoir chargé, mais la bonne qualité reste. Et ces dernières années encore, diverses présences en Afrique et en Amérique latine ont été et sont encore soutenues, sous forme de jumelage, avec un esprit missionnaire nouveau par les Provinces italiennes qui ont souvent offert du personnel et des moyens pour que le charisme de Don Bosco rejoigne les jeunes de ces terres.
Ce que je vous ai dit a été, je pense, un vrai miracle de fécondité, mais il me semble important aussi de rappeler comment, dans cette même Italie, le don de la vocation salésienne a toujours été gardé avec attention et fidélité, en donnant un peu à toutes les Provinces du monde un point de référence significatif sur le plan de l’engagement et du témoignage. Il me semble juste ici de rappeler aussi tout le personnel fourni par les Provinces italiennes pour s’occuper des œuvres dépendant du Recteur majeur, dans le passé comme aujourd’hui. Sous ce profil, il me faut à tout prix signaler le personnel consacré à la recherche dans le domaine de l’histoire, de la pédagogie et de la spiritualité salésienne, qui a rendu un service très précieux à toute la Congrégation.
Merci donc, chers confrères d’Italie, insérés dans les différentes communautés ou Provinces de la péninsule, ou missionnaires dans le monde. Sachez que la Congrégation et le Recteur majeur lui-même vous sont reconnaissants. La responsabilité historique qui vous est confiée et que vous avez gérée avec tant de fidélité est à présent passée à tous et nous nous sentons tous appelés à incarner Don Bosco, partout où nous nous trouvons placés ou envoyés par l’obéissance (cf. CG25, n° 179).
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