Actes_1968_253.ACG


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49. ANNÉE
NOVEMBRE 1968
N. 253
ACTES DU CONSEIT SUPERIEUR
DE LA SOCIÉTÉ SALESIÉNNE
SOMMAIRE
l. Lettre du Becteur Majeur
Notre pauvreté auJourd'hui.
ll. Dispositlons.et normes
Les récollections mensuelles et trlmestrielles.
lll. Communlcations
' L'étrenne " 1969 - L'exactitude dans la rédaction des comptes rendus.
lV. Travaur du Gonseil Supérleur et actlvltes d'intérêt général
-AlgBeé))snASétocreeaetsilvuls"civiterrineds-ismpdodTe'iuunnerrsriéinllorea-nêVsataCmvlgdooeéonlnncogtécnorroaaDgl-.irae-tsiLoandiLce-se
I"'ArmidéimrieqnuseioLnaamtineent_o
, des provinces
Solidaiité entre
Le second
missionnaires.
noviciat
-
La maison
V. Documents
dsSdItAe'aiEaollitluitiignoootmltcnui-êsPusste"rtèie:dro-edulne,eenslEpeadlrxaiioent1tcunrtv7c-arooPoginsitèrriecderdeédp,eaeteelvaeImeup'Iac'xabhlil4reorlmeaculiues1rofesto9ciio6otSip,on8narb:nIéianraLdsetl'eutor-repnba1sSèté9deria6slestis-8in,aoa:tlln-néeLpcsAèeaelelr1tleon"àglscaalueslup,etElxxaoiopgriotntMleaircsamneaepntmn,rbdooprvblnneoer"ioeuqrnltsrugudceI6dé'eAegeu-mt:I'pEd"éA§aergCiiavqmlroiolsuunleelee_r-r
pLoatuinr el'A-Lrieqtutree
adressée
Latine.
au
Recteur
Majeur
par
les
mrssronnaires
partant
3. liste de 1968.

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I. LETTRE DU RECTEUR MAJEUR
Chers Confrères et Fils,
Turin, fête du Clvist Roi, 1968
Depuis longtemps je pensais vous entretenir d,un sujet qui se
trouve avoir un intérêt particulier et actuel pour la yie et la mission
de notre Congrégation dans l'Eglise d'aujourd'hui et -._- plus encols '---
pour notre vie et notre vocation personnelle de religieuxet de salésiens.
Les contacts que j'ai eus au cours de ces derniers mois ..-.- directe-
dmeenntomoubrienudixreccotenmfrèernets,-
avec un peu
les nombreuses
toutes les Provinces et
lettres que j,ai reÇues
avec
con-
tenant des observations, des remarques, des suggestions, venues de
toutes les parties du monde, enfin ce que j'ai pu apprendre à la suite
des réunions continentales des Provinciaux, tout cela m,incite à ne
pas remettre à plus tard ce sujet.
Je m'entretiendrai donc avec vous du thème de la pauvreté.
Faisant cela je suis convaincu d'accomplir un devoir précis qui
m'incombe et, en même
et _- pourquoi ne pas
temps, ie suis certain de répondre aux désirs
le dire? -- aux préoccupations de tant de
confrères qui voient avec raison dans la pauweté un puissant et
irremplaçable soutien de notre congrégation dont la destinée est
confi.ée à chacun de nous tous. Je dis tous, parce que chacun de
même sans en être conscient .....- a une part positive ou né-
gative dans la défense de ce rempart de la vie religieuse. Il a en effet
été dit que la pauvreré, dans la ligne de défense et de conquête de
chaque institut religieux, représente le point de rupture. Et cela avec
raison: il suffit d'un peu de réflexion, il sufi.t d,un examen superf.ciel
de l'histoire de I'Eglise pour se rendre compte des répercussions de
Ia pauweté sur la vigueur d'une congrégation.

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-4-
C'est en ce sens que s'expliquent les paroles toujours sévères,
sombres et, dirais,je, apocalyptiques de notre père devant les possi-
bilités de relâchement en matière de pauweté dans la Congrégation.
Don Bosco est d,ailleurs sur la même ligne que les grands fondateurs
et pères d'ordres religieux. Saint Ignace appelle la pauvreté « rem-
part qui protège l'état religieux ». Saint Alphonse ajoute que (( tou-
cher la pauweré signifie ébranler l'édifice entier de la Congrégation »>.
Et Don Bosco? Nous avons tous à coeur ces paroles qui nous
font trembler: « Malheur à ces maisons l'on commence à viwe
en riches » (MB, 9,701). << Faites en sorte que personne n'ait à dire:
ces meubles ne traduisent pas la pauvreté, cetEe table, ce vêtement,
cette chambre n'est pas celle d'un pauvre... Celui qui suscite des
occasions de faire raisonnablement de tels propos cause un désastre
à notre congrégation, qui doit toujours pouvoir se glorifier de sa
pauweté » (MB, L8, Z7l).
Je voudrais que chacune de ces paroles de
méditée dans chaque maison et dans chaque
notre père fût bien
province, et qu'elle
soit confrontée avec la situation qu'on y rencontre actuellement.
La pauweté: une vertu non contestée
Notre vigilance et notre diligente attention sur la pauweté sont,
en outre, attirées par un fait que tous nous pouvons constater.
On entend aujourd'hui dans i'Église des ôontestations, même non
admissibles, sur le célibat, sur I'obéissance, sur la nature même de
notre vie religieuse. Mais la pauvreté, non seulement celle des reli.
gieux mais aussi celle des prêtres, celle de l'ensemble de l'Église, ne
rencontre pas de contestation' On met, au contraire, fortement
l'accent sur le présage qu'elle sera pratiquée dans l'Église et on
entend à ce sujet un choeur fourni de voix qui proviennent de toutes
sortes de personnes, dans l'Église et hors d'elle. De toutes parts
proviennent les échos à la voix du Concile et de 1'après-concile,
de Jean XXIII et de Paul VI.
On veut non seulement « une Église des pauwes )), mais « une

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-5-
É,glise pauvre ». on réclame des ministres du christ et des apôtres
qui soient waiment pauvres. on veut voir des oeuvres apostoliques
qui expriment et reflètent clairement cette pauvreté, et qu,elles ne
soient pas des organisations financières ou d.es manifestations de
puissance. on déplore à haute voix que certains ordres religieux
mènent une existence plus aisée et plus commode que beaucoup de
gens dans le monde qui ont charge de famille et qui mavaille dure-
ment. seule une Église évangéliquement pauwe pourra évangéliser le
monde de l'ère atomique, qui s'est découvert épouvantablement
pauvTe.
Cette sensibilité pour une pauvreté qu,on dirait mise à vif dans
l'liglise et, davantage encore dans la vie religieuse d.,aujourd,hui,
présente malgré des excès et des extrémismes des aspects positifs
certains, réconfortants et menaçants.
L'homme d'aujourd'hui, en effet, au milieu de tant de d.éfauts,
a des attirudes psychologiques particulières qui le portent à chercher
dans 1'É,glise et ses représentants des valeurs authentiques, cohérentes
avec leur profession, des valeurs << incarnées », comme on dit, capables
d'être lues même par l'homme moderne superficiel mais exigent.
Cette attitude, diraivje, se constate avec évidence en ce qui
concerne Ia pauweté.
Mais nous ne devons pas oublier non plus un danger qui guette
spécialement notre milieu: le danger du verbalisme, d'une certaine
rhétorique sur la pauvreté. un auteur de spiritualité dit à ce propos:
<< I1 arrive, dans la vie religieuse, que ceux qui parlent le plus de
pauweté ne sont pas toujours les plus attentifs à éviter les gaspil-
lages, les dépenses inutiles, les exigences coûteuses et ont souvent
des prétentions qui vous déconcertent >». « Pour la pauweté, comme
pour le reste, le témoignage de l'Évangile ne consiste pas dans les
belles paroles mais dans le fait d'écouter, de conserver et de mettre
en pratique les paroles du Seigneur » @enoît Lavaud, trad. de l,ital.,
in Riudsta di ascetica e mistica, Florence, juillet-août 1967, p. 347).

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-6-
Notre engagement
C'est précisément ce à quoi visent ces pages, chers confrères'
Je vous invite à les lire, à en faire matière à réflexion personnelle
et _--
ment
dpeosurcqounocilupsaiosn?s-
d'utiles
concrètes.
dialogues
pour
en
tirer
courageuse-
Si le phénomène de la pauvreté est si lancinant pour notre époque,
éveillant dans tous les azimuts tant d'intérêts et de préoccupations,
notre congrégation doit ressentir ce problème comme un facteur
déterminant de son énergie spirituelle et apostolique, et cela passe
bien avant certains problèmes de discipline, d'organisation et de
mise en oeuvre.
La Congrégation, nous pouvons l'afÊrmer tranquillement, est
née de la pauvreté, s'est développée dans la pauvreté, a surgi pour les
pauwes. C'est pour cela qu'aujourd'hui face à certaines déviations,
face à certains abandons et compromis, |a Congrégation doit envisager,
avec un sens lucide des responsabilités, ce problème primordial.
Elle doit indiquer les voies et les moyens opportuns pour que se
réalise un << ridimensionamento substantiel et prioritaire, fait avec
la collaboration de tous, dans la fidélité absolue à Don Bosco, lui
qui fut père de garçons pauvTes et nécessiteux et voulut une congré-
gation pauwe pour la jeunesse pauvre.
A la suite du Christ
Avant de nous placer au niveau concret, il convient que nous
nous rappelions quelques ldées fondamentales d'or) se dégageront,
par voie de conséquence, les déductions concrètes qui engagent notre
vie personnelle et communautaire, nos responsabilités de supérieurs,
d'administrateurs, d'apôtres, de membres vivants et actifs de la Con-
grégation.
Norre pauvreté s'origine dans notre consécration à Dieu, explicitée
par nos voeux qui font de toute notre vie un service exclusif de
Dieu. Nous afËrmons, davantage qu'avec des mots, avec toute notre

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vie de coD.sacrés: « Voici que nous avons tout abandonné » (Mt.
19,27), «Je suis prisonnier dans le Seigneur » (Eph.4,1). Nous faisons
pleinement nôtre la parole de Paul qui dit: Vous ne vous appartenez
pas » (1 Cor. 6,19), Nous savons qu'une vie religieuse qui s'évaderait
hors de ces perspectives deviendrait absurde. Nous aurions une vie
privée de toute logique, avec tout ce que cela comporte.
Reconnaissons
rience --- roure Ia
vaélorris-conmteênmuee
à travers une vaste et triste
dans l'affirmation du 19ème
expé-
Cha-
pitre Général: << Le Salésien, pour lequel le Christ er son père ne
sont plus les grandes présences dans sa vie, a perdu la source de la
waie joie et de la générosité surnarurelle » Aæi »» du l9ème chabitre
Çéüral, p. 79.).
Mais notre consécration et l'état religieux que nous avons embrassé
portent, selon l'expfession du décret << Lumen Gentium >>, à une
imitation généreuse et assidue du Christ: << ...l,état religieux imite
plus frdèlement et représente de manière continue dans l,É,glise la
forme de vie que le Fils de Dieu embrassa quand il vint dans le monde »r
(Lumen Çentium, 44).
Et cela vaut évidemment « pour la vie pauwe que le Christ Seigneur
s'est choisie » (ib., 46). Et c'est sur son modèle que nous avons décidé
et que nous décidons de conformer notre propre vie.
<< Perfectae Caritatis »»
certainement été pesés .-:
a<<fLirampeaupwréectiésévmoleonntta-ire
et
en
ses
vue
mots ont
de suivre
le Christ, ce dont elle est le signe particulièrement mis en valeur
de nos jours, doit êrre pratiquée soigneusement par les religieux >>
(P.C., 13).
C'est donc là qu'est le centre et le fondement de notïe pauweté,
la << sequela Christi >», à laquelle nous nous sommes volontairement
donnés: le Christ pauwe, notre modèle, notre prototype, notre idéal.
Et cela non sur un niveau platonique, rhétorique, mais réel, vital.
Nous aussi nous disons à la suite de François d,Assise: << Nudus
nudum sequar ». C'est dépouillé de tout que je veux marcher à la
suite de celui qui s'est dépouillé de tout. Je veux être le compagnon
frdèle de Jésus pauwe, wai pauvre. Romano Guardini dit de lui:
<< La race dont Jésus descend est déchue. Il est cependant loin de

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-8-
vouloir Ia reconstituer. Pas la moindre intention d'une course à la
puissance. Jésus est pauvte. Non pas comme Socrate, dont la pauweté
renforce le prestige du philosophe. Non, il est pauwe, comme ça,
simplement, réellement (Romano Guardini, trad. de l'ital. il Signore,
p. 229). Ailleurs on lit encore: « Ce qui est caractéristique dans le
Christ ne réside pas dans le fait qu'il ait renoncé aux douceurs du
monde pour s'imposer des privations, mais dans la liberté... liberté
parfaite, sereine, souveraine. Voici la waie grandeur du Seigneur.
En lui pas la moindre amerrume pour ce dont il ne jouit pas » (ib.,
p. 258). Ces profondes remarques d'un Guardini doivent nous guider
dans le choix de toutes nos références évangéliques au Christ pauwe.
De Bétléhem à Nazareth, au Calvaire, au Sépulcre mis à sa dispo-
sition par Joseph d'Arimathie, le Christ voit la pauvreté comme une
libération, et donc une vie de pauweté comme une vie de liberté.
La pauweté nous rend übres
C'est précisément la liberté qui constitue un « élément oxygénant
et dl,namique » de notre pauweté. C'est la liberté qui rend notre
âme disponible pour Dieu. Dans le contentement de soi il n'y a pas
de place pour Dieu, alors que celui qui vit dans la pauweté évangélique
constate f insufEsance humaine et ressent du fait même le besoin de
Dieu, libéré qu'il est des liens et du poids des choses terrestres.
<< Le prêtre, dit l'abbé courtois, -. et nous pouvons dire aussi
le religieux --.-- étant personnellement détaché des biens matériels,
n'est pas tenté d'oublier, au milieu du tourbillon de l'action, les
moyens surnaturels: il fait les comptes avec Dieu, il compte sur Dieu
et Dieu ne manque pas. Parce qu'il n'a pas d'autres buts que son
Règne, tout le teste ltii est donné en surplus; parce qu'il a renoncé
à l'esprit de propriété qui, selon M. Olier, est on ne peut plus contrai-
re à l'esprit chrétien, Dieu prend possession de lui, parle par ses
lèvres, aime au moyen de son coeur et se donne au moyen de sa
consécration » (G. Courtois, trad. de l'ital. Incontro con Dio, ll,
vol., p. 87).

1.9 Page 9

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ô
La pauweté est Ie premier correctif pour tendre vers les biens
spirituels au milieu d'une société (et aucun de nous y échappe)
qui risque de se rendre esclave des nombreux progrès techniques
qu'elle ne cesse de produire.
C'est avec raison qu'on a fait remarquer que l,athéisme explicite
est d'abord dans les pays de l'opulence. C,est un fait connu que
le mal de f immoralité, et non seulement celui-là, est précedé de celui
de la richesse er du bienétre, qui ont fait oublier les réalités du ciel.
Pendant que le progrès purement matériel risque de faire perdre
de vue les réalités spirituelles, la pauweté (nous ne disons pas la
misère, loin de là) apporte dans la vie de l'homme le sens des propor-
tions des valeurs, sans les niveler ou les matérialiser. Tout cela,
il est superflu de le dire, vaut précisément aussi pour nous religieux,
et l'expérience quotidienne le confrrme: le manquement à la pauvreté,
tant chez l'individu que dans la communauté, entame fatalement la
vie religieuse dans ses éléments essentiels, de la chasteté à la piété,
du zèle apostolique à la vie communautaire. On n,exagère pas en
disant que tant de maux .et tant de désastres dans les communautés
de prêtres et de religieux sont intimement liés à l,émiettement de la
pauweté. Cela l'histoire nous le dit, confirmé par ailleurs par l,expé-
rience quotidienne.
L'idée centrale du Concile
On comprend alors comment l'Église du Concile, faisant sérieuse-
ment son examen de conscience à la lumière.du Christ et de l,histoire,
ait voulu metrre l'accent sur la pauvreté pour en dire l,importance
fondamentale.
Entre tant d'autres pensées, nous relevons dans << Lumen Gen,
tium »> cette afÊrmation fondamentale: << De même que le Christ a
accompli la rédemption à travers la pauweté et la persécution, ainsi
l'Église est-elle appellée à prendre la même voie pour communiquer
aux hommes les fruits du salut » (L.Ç., 8).
Ce programme trouve une explication concrète dans les paroles

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-10-
de Paul VI dans << Ecclesiam sanctam »» s'adressant aux évêques:
« Nous pensons que l'esprit de pauweté (...) soit nécessaire pour
nous faire comprendre tant de nos faiblesses et de nos misères de
époques passées et pour nous faire aussi comprendre quel doit être
le genre de vie et quelle doit être la meilleure méthode pour annoncer
aux âmes la religion du Christ. Nous attendons que vous nous disiez
comment, pasteurs et fidèles, doivent donner à leur parole et leur
co'nduite la
L'Église
marque
donc, il
de la pauweté » (,b., 56).
n'y a pas à iela l'ombre d'un
doute,
voit
dans
la
pauvreté sa voie, sa méthode, sa vie même. C'est pourquoi elle veut
se libérer de ce que le pape Jean a appelé << l'apparat impérial ».
C'est justement ce sens de libération provenant de la pauweté
vécue selon l'évangile qui fera dire à ce même pape Jean: << Ce n'est
pas sans grande espérance et rassurance que nous voyons l'Église
enfin dégagée de tant d'obstacles de nature profane auxquels elle
se butait dans le passé »> (Discours d'ouoærttne duII. Concile duYatican,
11 octobre 1962).
Paü VI jugera bon de conûrmer cette pensée en disant: << I1
faut que nous libérions l'Eglise du manteau royal qui depuis des
siècles a été jeté sur ses épaules... »». Parlant à la noblesse romaine,
il ajoutera: << Nous nous sentons humainement pauvres en face de
vousl c'est avec les mains vides que nous sommes devant vous ».
A quoi il s'empressa aussitôt d'ajouter avec un accent de joyeuse
victoire: << Le titre avec lequel nous nous présentons est seulement
celui de la puissance spirituelle » (Discours à l,'aristocratie toma.ine,
14 janvier 1964).
Un témoignage attendu des hommes de notre temps
C'est cela que la société et les fidèles attendent de l'Église, de
chacun de nous.
Voici une pensée qui résume cette legitime attente: << L'éclipse
de Dieu, qui s'est produite de façon si allatmante au sein de [a vieille
chrétienté, est en relation avec la densité de tichesse et avec le pouvoir

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- 11 -
qui de sa puissante opacité détmit la transparence de l'Église. Une
É.glise humainement puissante et riche ne peut en aucune. façon faire
transparaître la lointaine transparence de celui qui est absolument
Autre. Dieu ne pourra apparaître sur l'horizon de l'humanité atomique
qu'à travers la légère et fine transparence d'une Eglise. pauvre, humble
et dépouillée »» (Gonzales Ruiz, trad. de l'ital. Poc,)ertà evangelica e
?romozione Llm.and, p. 110).
Tout, en fait, nous invite à une pauweté qui se traduise en une
liberté totale face aux puissances terrestres, de quelque façon cel-
les-ci s'expriment et agissent, à une pauweté faite de détachement
des biens de la terre, rr.ne pauvreté faite surtout de désintéressement,
suffisamment souple pour s'adapter aux conditions nouvelles, pour
aller aux pauvres, aux nécessiteux, une pauweté qui soit << la néga-
tion du primat du facteur économique et la contestation de la
capacité des biens temporels à satisfaire le coeur de l'homme »»
(Card. Montini, Discorsi).
C'est cette pauvreté, expression de la « liberté intérieure » (Paul
VI), qui règle et dose le juste rapport avec les choses du monde:
avec la technique, avec les commodités modernes, avec les loisirs,...
Une réalité non seulement d'ordre économique
Mais venons en, de manière plus directe, à notre vertu de consa-
crés, de religieux.
Nous disions que dans la définition de Ia pauweté religieuse telle
qu'elle nous a été donnée par << Perfectae Caritatis », définition toute
simple mais bien frappée, se trouve le pourquoi de cette vertu que
nous avons volontairement fait nôtre: la << sequela Christi ».
Notre pauweté n'est pas une réalité économique et sociale que
nous n'aurions pas choisie mais seulement subie, comme cela est le
fait de beaucoup. Notre pauweté est explicitement voulue, recherchée,
non pour être dégagés des soucis d'argent et des biens temporels.
Ce ne serait qu'une pauvreté stoique. Rappelons ce que disait saint
Jérome: « Ce qui importe n'est pas le " nous avons tout abandonné ".

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-72-
Cela Cratète le philosophe le fait aussi. Beaucoup d'autres ont mé-
prisé Ia richesse. L'important est le « pour te suivre, toi »». Ce qui est
propre aux apôtres et à ceux qui croient en lui (Saint Jérome, Ho-
nélie du comnwn d.es abbés).
Nous avons choisi la pauvreté et nous l'aimons parce que Jésus
l'a aimée. Nous participons joyeusement à la pauvreté parce qu'il
a marqué toutes les étapes de sa vie parce que nous savons, comme il
l'a enseigné, que notre trésor est dans le ciel, et que le Christ ressuscité
est notre waie richesse. C'est ce qui nous amène à tendre avec plus
d'ardeur et plus de sécurité vers la possession des biens éternels.
De cette façon notre pauweté tout en donnant le témoignage de
notre amour pour le Christ, exprime notre foi en lui, en ses promesses,
en sa parole. C'est de cette parole que la pauweté rend témoignage
devant le monde plus disposé à croire en voyant notre pauvreté que
nos oeuvres, si imposantes soient-elles.
Le Cardinal Verdier disait à ce sujet: << Ma longue expérience
m'a enseigné que le peuple aime vraiment non pas l'apôtre éloquent,
ni l'apôtre savant, ni même l'apôtre pieux, mais celui dont on peut
dire: celui-la n'a rien à soi! L'apôtre qui est vraiment pauvre et
désinteressé est à la longueur d'onde du peuple et fait des miracles
au milieu de lui )) (Gaston Courtois, trad. de l'ital. Inconri con Dio).
C'est pour cela, que tout en travaillant dur et sans relâche pour
notre pain quotidien, veillons, bien sûr, au lendemain prévoyons-le
même, mais que cela soit sans inquiétude désespérée. Abandonnons-
nous avec conf.ance dans les bras de notre Père qui nourrit les oiseaux
et revêt les lis des champs.
Réalisations de solidarité
Mais cette pauvreté joyeusement et amoureusement volontaire
porte d'autres fruits magnifiques.
Etant donné que nous renonçons à posséder des biens stricte-
ment personnels dont nous pourrions librement disposer, nous
éliminons ces motifs de luttes, de jalousie et d'anxiété qui inquiétent

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_13_
et envéniment tant d'existences dans le monde. En même temps
chacun de nous apporte ses forces, ses ressources personnelles, ses
actiütés au profi.t de tous ses frères dont il reçoit en échange selon
ses propres besoins.
C'est la loi de Ia solidarité qui agit dans les deux sens: recevoir
et donner, qui fait que chacun est utile à tous et en même temps
chacun est aidé de tous.
C'est en même temps la réalisation de la fraternité des premiers
chrétiens qui << vivaient dans l'égalité et mettaient tout en commun )).
Cette fraternité doit s'exprimer par une waie égalité entre confrères,
sans que l'on trouve ces discriminations qui annulent la vie fraternelle
et commune. Aucune différence donc, en ce qui concerne l'usage de
tant de choses, entre ceux qui ont une charge administrative et
ceux qui n'en ont pas. L'unique di.fférence admissible est celle gu'en-
traîne des raisons de santé ou de service.
lJne pauweté ainsi vécue est le dépassement du « moi »» et « toi »
égoistes qui empoisonnent et tuent souvent, même dans les familles
naturelles, l'amout fraternel. Elle est aussi le stimulant dans la con-
struction d'une vie communautaire dans la waie charité.
Arnour envers les pauwes
Dans << Perfectae Caritatis » se trouve cet autre Fassage qui incite
à la réflexion: « ... (ces indigents) que tous les religieux doivent
aimer dans le coeur du Christ » (P.C., 13). Ce passage est extrème-
ment logique. En pauvres volontaires nous nous unissons non seule-
ment au Christ pauvre, mais à tous les pauwes dont Jésus a voulu
se faire le frère jusqu'à, en un certâin sens, s'identifier à eux. Jésus
se met'à la place des pauvres... <<Vous l'avez faft. à moi! >> Tout cela
n'est pas une émouvante métaphore, une sublime ûction, mais une
réalité, une identification évidente. Jésus, en effet, n'a pas dit: « Ima-
ginez-vous faire cela pour moi » mais il a dit « vous l'avez fait à moi »».
Il y a donc une présence du Christ dans les pauvres qui sont les
clients privilégiés de l'évangile. L'Église de Vatican II a montré sa

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-14-
prédilection, faite non de sentiments et de rhétorique, mais de com-
préhension et de gestes concrets.
Ce rappel à prêter attention aux pauvres, à s'arrêter sur leur
triste route, avec le coeur du Samaritain, est d'autant plus fort et
plus
nous
uorfgree,ntleqsuseou-ffranàcetrsa,vlearsmliesrem, oleysenbessqouines,ladetemchilnliioqnuse
moderne
de frères,
petits, vieux, femmes, ne sont plus ignorés, ne peuvent plus être
ignorés. En quelques instants, leur misère se présente à nos yeux
dans toute son afligeante et choquante réalité. Désormais nous pou-
vons dire que nous avons une connaissance peûnanente et illustrée.
Reste Ie danger que nos yeux s'habituent.et, pire encorer euê no-
tre coeur s'habitue devant ces spectacles.
<< Aujourd'hui, dans ce que l'on appelle la civilisation de l'opu-
lence, dans un monde dans lequel les hommes sont capables de
diriger des missiles mais ne savent pas viwe en frères, dans une société
dans laquelle les plus nombreux payent de leur faim l'indigestion
d'une minorité, la misère a pris des dimensions épouvantables. Il
existe des statistiques, des chif,tres, des épisodes qui devraient nous
empêcher de dormir » (A. Pronzato, Ma io vi dico, p. 143).
Volontaires de la pauvreté
Ces paroles nous devons les sentir comme adressées à nous
qui, pour l'Église et la société, sommes des « volontaires de la pau-
weté ». Comme tels nous dewions être disposés à ne pas pouvoir
en dormir, à ne pas nous voiler la face, à ne pas nous boucher les
oreilles devant les milliers, les centaines le milliers, les millions
de frères qui non seulement vivent dans les << slums »» de Calcutta,
les << favellas » de Rio de Janeiro, les << barriadas »» de Bogota, ...mais
dans les villes nous travaillons habituellement, peut-être dans la
rue de notre maison, ces frères nous font entendre leur cri d'angoisse:
« j'ai faim! » Cette parole nous l'entendrons à nouveau un jour.
Elle sera prononcée par celui qui aujourd'hui se cache dans le pauvre,
en chaque pauvre. Il nous dita: << J'ai eu faim ».
Chers confrères, il ne s'agit pas de faire de la théorie des classes

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-t5-
plus ou moins démagogique ou romantique, mais de se mettre concrè-
tement otr nous devons être. Saint Basile, dans une de ses homélies,
s'adressant au riche insensé, prononce ces pressantes et sévères
accusations: « Celui qui dépouille qui est vêtu, est appelé voleur'
Et celui qui n'habille pas qui est nu, mérite-t il un aufte nom? Le
pain que tu gardes pour toi appartient à l'affamé; le manteau que tu
conserves dans l'armoire appartient au mal-vêtu; les souliers qui chez
toi prennent la poussière appartiennent au va-nus-pieds;'l'argent
que tu tiens caché appartient au nécessiteux »>.
L'abbé Pierre, qui en vrai chrétien et prêtre, connaît de près
la tragédie de la misère du monde, dit des paroles qui peuvent s'adresser
à chacun de nous: << En face de chaque soufhance humaine, selon
tes possibilités, efforce-toi non seulement de la soulager sans retard,
mais eforce-toi d'en supprimer aussi les causes )».
Alors, s'il est vrai que << nul n'a le droit d'être heureux seul >>
(Raoul Follereau), s'il est wai que notre pauvreté est une imitation
du Christ, celle-ci doit nous conduire à une vie effectivement engagée
à l'égard des pauvres.
Lfne confrontation loyale
Le premier devoir me semble être celui-ci: se mettre coutaseuse-
ment en face de cette foule de frères pauvres. Disant cela, je ne pense
pas seulement aux sous-alimentés, aux miséreux, aLlK pauvres, aux
ouwiers, aux travailleurs.
Il serait intéressant, par exemple, de se trouver à 5 heures du
matin, sur un de ces trains de grande banlieu qui acheminent ces
ouvtiers, employés, enseignants et autres sur leur lieu de travail,
à 50, 60 ou même 70 kilomètres de chez eux. Et le soir, quand ils
reviennent, tendus par leur journée de travail et souvent aussi par les
soucis de famille: un enfant, une femme malade... I1 serait bon de
que nous touchions de près certaines drames, certaines situations,
certaines réalités douloureuses dont nous ne soupçonnons même
pas l'existence.

2.6 Page 16

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-16-
Combien de membres de notre famille, combien de parents de
nos élèves ne s'imposent pas d'énormes sacrifices pour joindre les
deux bouts. Ils ne pensent pas pour autant être des héros. Telle est
la vie de millions d'hommes et de femmes qui n'ont pas fait voeu
de pauweté, de renoncement... << Il s'agit de tous les pauvres, non
seulement de ceux qui sont dépourvus des biens de fortune ou de la
sécurité de leur travail, mais aussi de tous ceux qui sont privés des
biens indispensables à la vie humaine et surnaturelle et que nous
possédons, nous. Pauvtes sont cegx qui ne mangent pas à leur faim,
ceux qui sont mal logés, ceux qui par suite des conditions de leur
travail se trouvent continuellement dans une situation d'insécurité.
Pauwes sont ceux qui n'ont pas le soutien de I'estime des autres.
Pauvres sont en6.n ceux qui ne possèdent pas la lumière divine et
qui ne savent pas que le Christ vient surtout pour eux et qu'il frappe
à la porte de leur vie... » (G. Huyghe, trad. de lital. I religiosi oggi e
domani, p. 225ss.).
Or trop souvent nous parlons de << notre pauvreté »>, de « notre
renoncement », de notre vie de sacrifrce... Ces paroles, à force de
les répéter, peuvent devenir la carapace d'une mentalité et d'attitudes
petit-bourgeois.
Raisons de confusion
Reconnaissons honnêtement, face à tant de gens qui mènent
une vie réellement dificile, qu'en règle générale il ne nous manque
rien. Nous n'avons aucune préoccupation. Nous jouissons même
d'r.rn certain confort.
Jusqu'à quel point pouvons nous alors dire pauvres, spécialement
quand notre style de vie n'est pas un « signe » évident de pauweté?
Ne fût-ce que par respect de tant de frères qui mènent une vie
de travail et de sacrifice, ne fût ce que par gratitude envers la Pro-
vidence qui, tous comptes faits, nous assure une situation qui ne
connaît ni f incertitude ni les préoccupations qui assaillent des millions
de personnes, nous devons sentir l'exigence d'une vie marquée par
la pauweté.

2.7 Page 17

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-L7-
Je ne voudrais pas être compris de travers. Je sais bien que beau-
coup de nos communautés non seulement sont exemplaires, se conten-
tant souvent d'une nourriture qui, en quantité et en qualité, ne difère
en rien des repas des gens pauwes. Je suis heureux de rendre ici
publiquement hommage à ces confrères qui avec simplicité salésienne
vivent authentiquement une vie de sacrif.ces.
C'est aussi par égard à ces confrèrÉs, qui sont flls de la même
Congrégation, --
veiller de près à la
et non seulement pout
valeur et au caractère de
lçaqnlxo-u,rritquuree
nous devons
dans chacune
de nos communautés.
Il n'est pas dit qu'il faille se sous-alimenter en hommage à de
telles situations ou pour le fait qu'il y a de millions d'hommes qui
meurent de faim. Qui travaille, doit se nourrir convenablement.
Mais il me semble que ceftains menus, plus que copieux, sont in-
compatibles avec notre paulreté. Il en est de même de certaines
dérogations que l'on s'accorde trop facilement. Nous ne pouvons
pas accepter qu'à notre table on mange habituellement plus et en
meilleure qualité que chez beaucoup de nos amis, de nos hôtes ou
de nos bienfaiteurs auxquels nous demandons l'aumône. Cela laisse
en eLD( une impression nullement édifrante.
Cela, je le répète, n'a rien à voir avec une nourriture saine et
correspondante aux nécessités liées au travail que nous faisons. La
nouriture doit être préparée avec soin. Celui qui en est chargé,
doit faire preuve d'une large compréhension, mais qu'il ait aussi
le sens des limites. Faisons preuve de ce même jugement avant de
publier cefraines photographies de fêtes de réunions.
Je suis en profonde admiration devant ces familles chrétiennes
qui se privent une fois par semaine du repas du soir, pour que tous
sachent concrètement, surtout les jeunes, ce que c'est que d'être
tenaillé par la faim. L'argent ainsi économisé va tout entier aux
pauvres. Et il s'agit de personnes qui n'ont pas fait, comme nous,
voeu de pauweté. C'est précisément pour cela que leur exemple
m'apparaît comme un rappel d'autant plus fort pour nous.

2.8 Page 18

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Le virus du confort
-18-
Après avoir fait allusion à la composition et à la préparation des
aliments, nous voulons faire une autre lemarque: certaines vacances'
inactives et confortables, que même des personnes aisées ne se per-
mettraient pas, certains voyages de pur tourisme, certains déplace-
ments dispendieux sans raison suffisamment valable, cèrtain§ appareils
coûteux en eux-mêmes et coûteux par leur entretien, cette course
à la possession de tant et de tant de choses, cela peut-il encore s'appeler
pauvreté religieuse ou conciliaire?
Et que dire de certaines de maisons qui, au lieu d'une présentation
simple et correcte, étalent un mobilier et un équipement de luxe
qui, surtout en ces jours, provoque des réactions et des commentaires
moins que favorables?
Disonsle en toute franchise fraternelle: en ces jours, le virus
du confort pénètre de toutes parts dans nos communautés, la vie
s'embourgeoise et les raisons qu'on donne ne convainquent personne,
surtout si ces prétextes émanent de ceux qui normalement dewaient
être des hommes de vigilance et de discernement.
C'est là, pour celui qui se met sur cette pente particulièrement
dangereuse, << sensim sine sensu », une défaite qui en contient d'autres.
La conscience, pour étouffer les doutes et les remords, se fait acco-
modante et trouve des justifi.cations qui n'en sont pas. Certains abus,
certaines trahisons se voient justifiés ou couverts d'un silence (peut-
être trop prudent) par ceux-là mêmes qui dewaient les dénoncer.
Pendant ce temps-là, le mal s'étend comme une tache d'huile, le
niveau religieux baisse, Ia sensibilité spirituelle et religieuse se sclérose
pour laisser place, de plus en plus, à une petite vie rangée et confortable
qui débouche fatalement dans un laïcisme pratique.
Rüne de [a vie religieuse
Je sais bien qu'il n'en est pas partout ainsi. Mais cela n'élimine pas
la substance de la situation. Il est historiquement prouvé que les
instituts religieux, qui se sont laissés aller à l'abandon progressif de

2.9 Page 19

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-19_
la pauvreté de leurs membres ou de leurs communautés, se sont
anémiés et ont fi.ni par disparaître.
D'ailleurs, précisément en ces jours, les gens du monde, et spé-
cialement les jeunes, nous le répètent et conditionnent la confi.ance
qu'ils nous accordent à la cohérence dont nous faisons preuve en
matière de pauvreté. Ils disent: « Comment pouvons nous vous
croire, hommes consacrés a Dieu dans la pauvreté, vous qui dites
avoir renoncé a tout pour suiwe le Christ, si vous ne vivez pas ces
valeurs évangéliques de façon à être compris des hommes, à une
époque otr plus que jamais il importe que le signe soit tangible? ».
Le Père Hâring, dans une conférence sur la pauvreté, parla de
la valeur de service et de témoignage évangélique que doivent avoir
certains biens matériels. Il illustra sa pensée des exemples suivants:
<< (Jne Mercedes rend davantage service qu'une petite F[AT, elle
tient mieux la route et va plus vite. Mais elle ne rend pas service à
l'évangile. La petite FIAT est moins commode, mais rend un plus
grand service de témoignage. L'évêque de Ringsburg avait reçu en
cadeau une Mercedes. C'était au cours des premières années de la
remontée économique de l'Allemagne. La voiture lui sembla une
bonne chose. D'autant plus qu'elle lui avait été offerte. Cependant,
quand fut organisée une enquête parmi les lycéens de la ville pour
savoir: " Dans l'Église, qu'est-ce qui te plaît et qu'est-ce qui te dé-
plaît? ", il apparut que parmi les scandales la Mercedes de l,ar-
chevêque occupait la première place. C'était pourtant un cadeau,
la voiture était utile, elle rendait d'excellents services... Mais dans
l'échelle des scandales elle occupait la première place. Quand l,évêque
le sut, il vendit aussitôt la Mercedes et acheta une Volkswagen, comme
en avaient déja beaucoup de familles ouwières».
Cela dépend de la situation. En Amérique, À por*"rra on est
moins sensible, j'ai entendu crifiquer un évêque parce qu,il possédait
deux Cadillac. Comme j'ai aussi entendu critiquer un religieux, qui
occupait une charge assez importante. Il voyageait en Cadillac. On
disait de lui: « Il ne rend pas le service du témoignage, ce service
typique, caractéristique, que nous nous efforçons de porter ».
Les exemples rapportés servent bien à donner des critères d,uti-

2.10 Page 20

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-20-
lisation de beaucoup de biens et de moyens, que ce soit l'auto ou le
magnétophone, la discothèque, l'appareil de photo ou la caméra,
la collection de timbres,...
Je n'ai pas entendu dire que des jeunes gens aient été attirés
à entrer dans une congrégation dont les membres menaient une vie
confortable, étroite et rangée, ori leur goût de l'engagement incondi-
tionnel ne rencontrerait que l'ombre d'un idéal disparu.
Vous tous, mes chers Confrères, vous comprenez les nombreux
pourquoi de mes femarques. Acceptez-les et tenez-en compte.
Salésien pauvres pour [a jeunesse pauwe
Notre « sequela Christi pauperis », la parole de Jésus « C'est
à moi que vous l'avez fait )), nous amènent à une réflexion tout à
fait salésienne, à un rappel précis, à un devoir laissé en héritage par
notre fondateur, reconnu et con6.rmé comme tel par l'Église, par le
Vicaire du Christ.
Don Bosco, fils de l'humble maman Marguerite, admirable
maîtresse en pauvreté; Don Bosco, disciple de Don Cafasso, lui aussi
exemple et maître en pauvreté, fut pauvre. Pauwe dirait-on par
vocation, mais aussi par une conviction puisée à une vaste et profonde
expérience de l'histoire de l'É'glise et surtout par sa sensibilité aiguë
de l'évangile et des réalités surnaturelles.
Or, Don Bosco, pauvre, voulut que sa Congrégation ftrt pauvre
et s'occupât de la jeunesse pauvre.
Cette volonté explicite, décidée, absolue, fut la sienne sans qu'il
y ait jamais l'ombre d'une incertitude, d'un fléchissement, et cela
durant toute sa vie. Qu'on se réfère aux « Mémoires »» et on verra
que chaque page s'en porte garant. Des centaines et des centaines de
conférences, de mots du soir, de sermons, de conversations sont
pour le prouver.
Dommage qu'à l'époque de Don Bosco il n'existât pas encore
les moyens de reproduction sonore. Nous pourrions, nous aussi,

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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-21 -
entendre ses paroles et, plus encore, son anxiété et sa peine en pen-
sant que sa créature, la Congrégation, allait un jour détmire l'héritage
qu'il lui confrait.
C'est Don Bosco qui pade
Relisons au moins quelques-unes de ces paroles graves et afli-
giées de Don Bosco. Prenonsles comme adressées à nous personnel-
lement. << Aimez la
nous, si ceux dont
npoauuswerece-vondsitl'asuomnôtensetaemneünet n-nen..t.
Malheur à
à dire que
nous menons une vie plus confortable qu'eux » (MB, 17,27L),
« Notre Congrégation a devant elle un avenir heureux, préparé
par la divine Proüdence, et sa gloire durera jusqu'à ce que l'on
observera ûdèlement les règles. Quand nous commencerons à avoir
chez nous l'agrément et le confort, notre Société aura commencé
son déclin » (ib., p. 272).
Toujours dans son testament: << Les gens nous recevront toujours
volontiers tant que notre sollicitude aura pour objet... les enfants
les plus pauvres, les plus dépourr,'us de la collectivité. C'est là qu'est
notre véritable richesse, celle que personne ne cherchera à nous
ravir »» (ib., p.272).
En 1874, au cours d'une conversation familière à l'Oratoire,
quelqu'un émit l'idée que, dans l'avenir, les Salésiens pourraient
diriger des collèges
aussitôt Don Bosco
pour les fils de la noblesse. « Ça non!
---- tant que je vivrai, il n'en sera jamais
-quersétpiolinq!u..a.
Ce serait notre faillite, comme ce fut Ie cas d'autres ordres religieux
célèbres... Avoir des richesses et avoir ses entrées dans Ia maison
des riches suscitent l'envie de tous. Si nous restons attachés aux
enfants pauvres, nous serons tranquilles. Ne fût-ce que parce qu'une
paftie des gens aura compassion de nous et nous tolérera, et les
autres feront notre éloge. Personne ne nous portera envie... » (MB,
7,647).
Il est donc hors de discussion que Ia pauvreté de la Congrégation
et sa vocation pour la jeunesse pauvre représentent la volonté con.

3.2 Page 22

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-22-
stante de Don Bosco qui s'inquiétait chaque fois qu'il pensait à
l'avenir de la Congrégation.
Or, nous avons à présent en nos mains cet héritage. Nous avons
tous, chacun selon le rang qui lui a été assigné par la Providence à
f intérieur de notre famille religieuse, la responsabilité de ne pas
trahir la volonté paternelle, surtout en ce moment historique otr
1'É,glise cherche à se libérer des scories de la puissance et de la richesse,
et se tourne vers les pauvres et les humbles en qui elle voit et retrouve
- comme son divin fondateur ------ la portion élue de son héritage.
Le rappel venatrt de la Congrégation
Les récents congrès continentaux ont mis en relief, en termes
énergiques, l'actualité et l'urgence de ce devoir.
Parmi les conclusions officielles de la réunion des provinciaux
d'Asie, qui s'est tenue à Bengalore du 20 au 26 féwier 1968, nous
lisons: « Notre témoignage collectif de pauvreté trouve sa meilleure
expression salésienne dans la préférence -. effective
pauvre. Le devoir salésien est sans doute vaste,
c-omppoluerxlea
jeunesse
et varié'
Mais il y a une orientation de fond à l'inspiration charismatique de
Don Bosco: l'orientation préférentielle pour la jeunesse pauvre.
Notre fidélité à ce charisme du fondateur dépend de notre sens
de la pauvreté (cfr. A.C.q., p. 82). Nous vivons certainement davanta-
ge en pauvres et nous serons un signe plus évident du Christ pauwe
si, dans les divers pays ot) nous sommes implantés, tous pourront
constater que la première place dans nos oeüwes est donnée à la
jeunesse qui, en ce pays, est considérée comme pauvre et abandonnée'
Que le " ridimensionamento " tienne compte de ce témoignage
vital de fldélité à Don Bosco » (A.C.S., n. 252, p. 429).
On lit aussi dans Ia conclusion officielle du Congrès de Caracas:
« Il faut non seulement que nous montrions le travail que nous
faisons en faveur des pauvres, par le moyen d'une juste information,
mais il est également urgent que nous retournions avec courage
nous metffe au seryice de la jeunesse pauvre et abandonnée. Cela

3.3 Page 23

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_23-
sera surtout nécessaire dans les lieux où nous avons donné un contre-
témoignage et déformé ainsi le wai visage de la Congrégation. Ce
témoignage authentique est urgent dans les pays sous-developpés.
I1 nous oblige à une révision rigoureuse et précise du chemin déja
parcouru par nous » (A.C.S., n.252, p. 469).
Mais déja le 19ème Chapitre Cénéral donnait cet avertissement:
« En ce moment plus que jamais, Don Bosco et l'É,glise nous envoient
en priorité au milieu des pauvres, des moins favorisés, à la masse
populaire... Notre fidélité envers cet aspect préférentiel de notre
vocation dépend de notre sens de la pauweté. Celle-ci nous fera
préférer des oeuc,res dfficiles en faueur des pauures aux oeuwes plus
commodes en faveur des classes nanties » (A.C.Ç., p. 82).
J'invite les provinciaux et leurs conseils, les directeurs et les
conseils de maison ainsi que tous les confrères à bien réfléchir sur
la précedente citation. Ces derniers temps, il y eut plus d'un rappel
et plus d'une invitation en ce sens. Je sais que nombreux sont ceux
qui y ont répondu. Dans beaucoup de proünces, il existe en eflet
une poussée réconfortante en faveur de ces appels. Des Centres
de jeunes surgissent çà et là: les uns de spe social, d'autres orientés
vers la catéchèse. Ces courageuses initiatives ont pris naissance,
avec la collaboration de laics, dans de nombreuses vi1les, dans des
zones extrémement pauwes et abandonnées.
A condition qu'on ne lésine pas sur le personnel et les moyens,
je pense aussi qu'il peut y avoir une réelle mise en valeur de nos
oeuvres déja existantes, soit de nos patronages soit de nos associations.
Cela est même possible pour nos oeuvres qui ne peuvent pas s'occuper
exclusivement des pauvres. C'est même pour elles un moyen d'adopter
une orientation nettement populaire, et donc une dimension parfaite-
ment salésienne. On est sûr, ainsi, d'avoir bien opté.
Une telle réalité a déja été clairement cernée par le Père de Lubac,
qui disait: « Quand on a choisi une idéologie, on n'est jamais certain
de ne s'être pas trompé, au moins en partie. Quand on s'est soumis
à une idéologie, on n'est jamais certain d'avoir adopté le bon parti.
Quand, au contraire, on a fait le choix des pauvres, on est toujours
certain, doublement certain, d'avoir fait un bon choix. On a choisi

3.4 Page 24

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_24_
comme Jésus et on a choisi Jésus » (H. de Lubac, trad. de l'ital.
Nuovi Parad.ossi).
Je comprends qu'il y ait des dificultés de tous genres, tant per-
sonnelles que financières. Mais c'est justement notre devoir de les
a(ronter et d'en venir à bout, c'est notre devoir de nous imposer
des sacriflces, de réaliser des activités et des oeuvres qui n'ont pas
l'assurance de pouvoir évoluer sur une piste sans obstacles. C'est
tout cela qui redonne, en ce moment, à notre mission un sens conci-
liaire, ecclésial et expressément salésien et qui redonne aux confrères,
spécialement aux jeunes, confrance et enthousiasme dans leur dévoue-
ment. Ce dévouement constitue l'aspect le plus complet de notre
pauweté, qui ne se contente pas de donner quelque chose au Christ
présent dans le jeune, dans le pauvre, mais qui nous fait nous donner
nous-mêmes tout entier.
Nos oeuvres dans le miroir de la pauweté
En passant en revue nos oeuvres dans le monde, on constate
avec joie que beaucoup d'entre elles sont implantées dans des zones
souvent très pauvres, et s'occupent d'enfants et de jeunes, pauvres
et nécessiteux. Les confrères qui y travaillent sont admirables par
l'esprit de sacrifrce dont il font preuve dans leur apostolat. Dans de
nombreux pays nous sommes connus comme des religieux qui se
dédient aux oeuwes sociales, dans des quartiers bien connus pour
leur triste pauweté.
' Mais il est également vrai que nous avons de nombreuses oeuvres
ouvertes à d'autres catégories sociales. Que faire? Personne n'ira
afÊrmer, pour bien des raisons, qu'il faille démanteler ces oeuvres.
Personne n'osera dire que les Salésiens qui y travaillent sont... moins
salésiens que les aurres. Ils sont dans l'obéissance. IIs veillent à faire
leur travail de prêtre, de catéchiste, d'apôtre au milieu de jeunes
qui soufhent d'une pauvreté spirituelle et morale. Ces jeunes ont
besoin -----
salésienne.
Leetscpoamuvbrieesn!ne-
du secours de l'éducation chrétienne et
sont pas seüement ceux qui sont dépourvus

3.5 Page 25

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25
d'argent et de sécurité dans l'emploi, mais aussi tous ceux qui sont
privés de biens essentiels à Ia vie humaine et surnaturelle.
Mais le dangèr est ailleurs: il y a le danger que ces oeuvres sous
bien des aspects plus commodes et plus faciles, jouissent d'un traite-
ment de faveur, en leur permettant de se développer au détriment
de notre apostolat nettement populaire. On peut donc se demander,
en toute sérénité: dans la province, quelle est la proportion qui
existe entre les oeuwes destinées à Ia jeunesse pauvre et les autres
oeuwes? Auprès de ces dernières, quelles sont les activités déployées
en faveur de la jeunesse pauwe? Dans ces maisons, combien de con-
frères s'adonnent à un travail parmi les pauvres? Et les oeuvres
destinées aux classes populaires, comment les administre-t-on ? Le
patronage, les autres oeuvres similaires, les oeuwes sociales, de
quel traitement jouissent-elles en ce qui concerne le personnel, les
locaux, les moyens financiers,...
Les réponses à ces demandes peuvent presque être un test pour
déterminer la position qu'occupent les pauwes, pour indiquer quel
est le centre d'intérêt d'une province, d'une maison.
Cet examen, il faut le faire, car le danger d'une certaine course
vers les oeuvres commodes n'est pas imaginaire. Sans doute s'est-il
créé dans certains pays, par suite de causes complexes, une hyper.
trophie d'oeuwes pour jeunes d'un niveau social d'un certain type
au détriment des oeuwes populaires qui doivent nous caractériser
comme salésiens.
Il faut examiner de près de telles situations, en une époque où, par
la volonté du 19ème Chapitre Général, nous réajustons les oeuvres
de la Congrégation. De toutes façons, noüs devons nous défendre
de la tendance, je dirais naturelle, de porter nos activités apostoliques
à un plan social supérieur à celui qui nous a été précédemment
assigné par Don Bosco.
Attentif aux signes des temps, ce réajustement dewa s'accomplir
de façon à discerner les changement qui s'imposent et à agir en absolue
frdélité à l'intention fondamentale de Don Bosco. Il devra se faire
sans crainte d'adopter ou de rechercher des formes neuves, pourvu
qu'elles correspondent à f intention initiale.

3.6 Page 26

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26
Il ne me semble pas hors de propos de faire allusion ici à une
activité de la Congrégation, qui, tout en correspondant aux fins
constitutionnelles de la Congrégation, répond à I'appe1 renouvelé
de l'Église et sert magnifiquement à infuser dans nos Provinces et
nos communautés un esprit de générosité, de disponibiiité, de renon.
cement étroitement Iié à l'esprit de pauweté. Je veux parler de l'apo-
stolat missionnaire.
Cette activité ne se réduit pas arxK seuls confrères qui quittent
leur province pour s'adonner complètement au service des âmes
dans les pays de mission. En ce moment suftout il faut que les com-
munautés sachent qu'elles ont à être des points actifs et dynamiques
sur les arrières du mouvement missionnaire.
C'est entre autre, le souhait que m'ont exprimé les volontaires
pour l'Amérique Latine, avant de partir. Eux, comme tous les mis-
sionnaires, doivent se sentir comme les représentants de leur province,
de leur communauté d'origine, au milieu de la mission qui leur
a été assignée.
Cela doit exister, non pas tellement pour recevoir des subsides
que pour que la communauté d'origine vive la divine aventure de
ces missionnaires, se rende compte de leur dificultés, de leur sacri-
frces, de leur conquêtes apostoliques.
Combien il importe donc, précisément dans l'esprit d'« Ad
Gentes )) que dans nos provinces l'esprit missionnaire soit ravivé
parmi les confrères, parmi les jeunes, et cela non pas à travers une
littérature superficielle et erronnée, à grand renfort de jungle et de
bêtes sauvages, mais avec une information sérieuse, systématique,
soucieuse de montrer les problèmes graves et complexes que nos
missionnaires doivent afronter, soucieuse de prendre part fraternel-
lement à la vie missionnaire faite d'extrême pauvreté, de renoncement
quotidien, de fatigues accablantes.
lJne communauté qui vit un tel climat missionnaire éprouvera
le besoin d'être efficacement aux côtés des frères en mission, mais
en même temps éprouvera la nécessité de ces renoncements, de ces
économies. Elle éprouvera aussi la joie que procure un style de vie

3.7 Page 27

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-27 -
qui ne soit pas en contradiction avec les sacrifi.ces des frères en
mission.
De ces milieux imprégnés de générosité, il n'est pas possible
que ne jaillissent pas de vocations, spécialement des vocations mission-
dnaanirsesu,nqculiim-at
il convient de
de médiocrité
elet dreapfapceilleitré.-
ne peuvent pas gerrner
Notre réponse
Après avoir exposé, en une première parrie, le sens spirituel
de la pauweté et montré son incidence essentielle sur la vie salésienne,
il est temps d'en venir aux applications plus concrètes.
Le décret « Perfectae Caritatis » nous servira de guide. Malgré
sa brièveté, il touche à certains points qui sont, à cet égard, de la
plus grande importance. Il convient cependant faire auparavant une
remarque pour bien faire comprendre le véritable esprit de ce docu-
ment conciliaire.
Il est significatif que dans tout Ie texte du décret il n'est jamais
question de voeux, mais il est toujours question de conseils évangé-
liques. Tout cela n'est pas fortuit.
Le problème de la vie religieuse est fondamentalement celui
de notre réponse habituelle et volontaire, faite de générosité et de
joie à f invitation de Jésus: << Si tu veux ».
Une attitude minimaliste ou de quelque façon légaliste est incom-
patible avec le comportement d'un homme consacré qui a décidé
de suivre le Seigneur, sans mettre de limites à sa libre consécration.
On comptend alors qu'il n'est pas question de voeu ou de vertu.
Il n'est pas question d'employer le compte-gouttes pour donner au
Christ les preuves de notre attachement d'amour. Se mettre sur
ce plan, serait se mettre dans une position de contradiction interne.
« Perfectae Caritatis >) ne s'attarde pas à faire des distinctions
subtiles et acrobatiques entre voeu et vertu. Le décret parle de conseils
évangéliques, parce qu'il entend s'adresser à qui a décidé de suiwe
ces conseils par amour. Et l'amour ne lésine pas dans son don au
Seigneur. L'amour est entier.

3.8 Page 28

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-28-
Pauvreté extérieure et intérieure
Cette remarque éclaire parfaitement les directives pratiques que
nous trouvons dans << Perfectae Caritatis ». Voici la première: « Pour
ce qui est de la pauweté religieuse, il ne suffit pas seulement de de.
pendre des supérieurs dans l'usage des biens, mais il faut que les
religieux soient pauvres " extérieurement " et " intérieurement ",
ayant leur trésor dans le ciel » (P.C., 13).
Notons tout de suite les mots « pauvres extérieurement et inté-
rieurement ». Trop souvent on joue sur l'équivoque en afErmant
qu'il suffit d'avoir un coeur pauvte, d'êrre détaché, d'être pauvre
<< intérieurement ». Et après cela on peut tout avoir, tout utiliser,
tout se permettre.
Rien n'est plus contraire au sens et à la valeur de la véritable
pauvreté religieuse.
<< Il n'y a, de fait, aucune disposition spirituelle qui ne doive se
traduire en un comportement concret en ce qui concerne les biens
de ce monde. Et cela dépend précisément de notre nature incarnée
et sociale » (Pronzato, Io vi dico, p. 137).
Louis Évely dit, de manière plus concise: << I1 n'y a pas d'état
d'âme qui puisse exister sans se traduire dans le geste d'un corps »
(Trad. de I'it., sans réf.).
Du reste, rappelons-nous les paroles de l'évangile: « C'est à leurs
fruits que vous les reconnaîtrez » (Mt. 7,20).
Déja Don Bosco, en un style simple mais clair, répétait à ses
fi.ls: << N'oubliez pas que nous sommes pauvres, et cet esprit de pau-
vreté nous devons l'avoir non seulement dans le coeur et dans le
détachement des choses matérielles, mais nous devons le montrer,
visiblement, à la face du monde » (MB, 9, 701).
L'esprit de pauweté, de pauweté << intérieure )), est nécessaire.
Sa présence doit pouvoir être reconnue au fait qu'elle est concrète,
réelle, en
notre vie
actes ------ comme
de tous les jours.
dEisnaeitlleDonontrBeopscrooc-hainq,uci odnofirvèernet
jalonner
ou étran-
ger, doit pouvoir lire notre témoignage du Christ pauvre.
G. Huyghe, dans l'ouvrage que nous avons déja cité, met en
évidence cette distinction entre la pauweté << extérieure » et la pau-

3.9 Page 29

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_29_
vreté « intérieure ». I1 écrit ceci: << La pauvreté a di.fférents visages:
autant qu'il y a de domaines où le coeur risque de s'attacher à ce
qui n'est pas Dieu, et l'amour doit accomplir son oeuwe de
consomption. Le terrain sur lequel la pauweté s'exerce n'est pas
seulement celui des biens matériels (pauweté en biens), mais aussi
celui des proptes sentiments (pauvreté sphituelle). Il est très impor-
tant de ne pas traduire la pauweté en termes simplement matériels.
Autrement on risque de la réduire à une question économique
et rien d'autre.
De même, ne faut-il pas la réduire à son expression spirituelle.
Autrement elle risque de n'être qu'une pauvreté intentionnelle,
sans s'incarner en un détachement concret. La pauvreté matérielle
n'est pas le signe d'une pauvreté plus totale, la pauweté spirituelle,
mais en est un signe sensible et nécessaire. C'est pour cela que celui
qui est vraiment pauvre peut dire: Je n'ai rien et je ne suis attaché
à aucun bien de ce monde. Mais je dois aussi pouvoir dire en toute
exactitude: je ne suis rien. Je suis capable de rien. Ces trois afirma-
tions sont les formes complémentaires de la pauvreté spirituelle ».
(G. Huyghe, trad. de l'ital., I religiosi oggi e domani, p.274).
Equivoque légaliste
Dans le texte de << Perfectae Caritatis », cité ci.dessus, nous
trouvons aussi ces paroles: << Il ne suffit pas seulement de dépendre
des supérieurs dans l'usage des biens ». Ce sont des paroles qui
méritent un commentaire.
Les conditions de la vie moderne, les nombreuses possibilités
de confort et de facilités, les moyens techniques toujours plus nom-
breux mis à notre disposition, l'argent et les objets offerts par nos
pafents ou nos amis, cela peut facilement instaurer une mentalité
destructrice de toute pauvreté, de l'esprit des Béatitudes.
Il faut éüdemment savoir distinguer ce qui est utile pour aider
nos actiütés apostoliques, de tout ce qui ne l'est pas. Mais l'équivoque
et la pente sont faciles. Le glissement vers les commodités, les conces-
sions vers un style de vie bourgeoise sont des dangers qui sont loins

3.10 Page 30

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-30-
d'être utopiques. Peut-être qu'en certains endroits cela est déja une
réalité qu'on cherche à justifier avec des arguments qui, à regarder
de près, ne tiennent pas.
ll faut être sur ses gardes. I1 faut avoir le courage, si c'est néces-
saire, d'intervenir. Mais il faut aussi savoir distinguer ce qui réel-
lement sert et doit servir à notre travail de ce qui n'a que peu de chose
ou rien à voir avec le service, avec notre travail. Il faut savoir discer-
ner les waies raisons d'étude, de santé, d'emploi, de celles qui ne
relèvent que d'un pur et inutile agrément.
I1 y en a malheureusement qui, avec une mentalité légaliste,
font l'impossible pour se procurer des choses qui sont loin d'être
nécessaires et utiles à quelqu'un qui a fait voeu de pauvreté. Et
tout cela en usant de l'expédient de Ia permission.
J'ai dit « expédient )), parce que, en certains cas, iI s'agit simple-
ment d'un véritable expédient.
On croit se mettre en règle avec sa con§lcience en obtenant,
quelquefois en arrachant même, les dispenses et facilités qui n'ont
rien de nécessaires, que le supérieur, en corrscience, ne peut pas
donner ut qui créent dans la communauté une ambiance de malaise
et une épidémie d'imitation.
La pente, disions-nous, est très glissante" Les soi-d.isants << besoins »
et << exigences » augmentent de plus en plus. Les pressions sur le
supérietrr s'intensifi.ent, pendant qu'on lui laisse toute Ia responsabilité
de juger, Ie mettant ainsi dans une situation ennuyeuse. Accorder
tout? I1 se fait alors le complice de la décadence. Refuser toutes les
fois? La supérieur, qui a conscience du péril, devrait constamment
freiner et interdrre. Mais on sait aussi qu'en refusant à plusieurs
reprises on coult le risque d'irriter celui qui est peu fervent, de le
pousser en dehors de la communauté.
Maturité et discrétion
Quel est le remède à cette déplorable siruation?
On parle tellement de maturité. On dit, avec raison, que le reli-
gieux doit faire preuve de maturité. Une telle maturité s'apparente

4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

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-31 -
au jugement qui corrige et exclut toute manifestation de mentalité
légaliste, souvent infantile, aux anripodes de la mentalité sincèrement
religieuse.
C'est un travail peu facile, qui doit se faire depuis les maisons
de formation et doit continuer dans les rendements de comptes,
dans les conférences, dans le dialogue.
Une telle maturité discerne, sous la lumière de 1'Esprit-Saint,
s'il y a effectivement des motifs suffisants pour une telle dispense,
pour une telle exceptiorr; si, par conséquent, il est waiment nécessaire
de demander une peûnission pour telle ou telle affaire.
Le supérieur I'accordera, avec une généreuse compréhension.
Encore fauçil qu'il soit en droit de penser que la demande ait été
faite avec discernement.
Pour avoir le sens exact de ce discernement, je. cite ici la pre-
mière rédaction d'un passage de << Perfectae Caritatis » qui nous
intéresse. « Rejetant tout désir des choses temporelles, que les reli-
gieux ne demandent à leurs supérieurs que ce dont ils ont vraiment
besoins, ou pour eux-mêmes ou pour leur apostolat. Qu'ils ne né-
gligent pas pour autant de modérer les dépenses et qu'ils se passent,
autant que possible, des instruments non nécessaires, de simple
agrément, superflus » (Schéma 1963, * 23, p. 25; cité par Sr. Jeanne
d'Arc, La pauweté, in Vatican II, I'adapntion et Ia rénoq,tation de la
vie religieuse, collection « (Jnam Sanctam »», t. 62, t967, p. 419,
note 14).
De tout ce qui vient d'être dit nous pouvons déduire que la
pauweté que nous avons professée n'est pas et ne peut pas être,
ni devant Dieu, ni devant les hommes, une question purement
juridique et légale. Par dessus tout, ce qui doit inspirer notre pauvreté
-l'amcoourrr.unCehods'eailqleuu'arusctuonultéeganliostmree ncoenpsoéucrraratiojanmraeilsigrieeumspela-cer. ç's51
Nous ne pouvons pas nous reconnaître quand, comme je l'ai
déja dit, en ce qui conceflre les aliments, le logement, Ie mobilier,
les voyages, les vacances, nous avons des exigences que n'a ni le
pauwe ni même tant d'autres personnes qui pourtant ne se consi-
dèrent pas comme pauvres. Notre pauwçté, comme disait ,Romano

4.2 Page 32

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-32
Guardini, << n'est qu'un pieux ornement d'une vie riche et prospère ».
On prétend concilier la profession de pauwe avec une vie facile, une
vie otr en fait il ne manque rien.
Un tel style de vie n'est pas conciliable avec l'esprit de pauweté
que le Concile exige des religieux et ne peut oftir aux gens aucune
preuve valable et convaincante pour qu'ils croient à la pauvTeté.
Incohérences
On a parlé de l'esprit légaliste qui donne f illusion de pouvoir
tranquilliser la conscience avec l'expédient de la permission.
Nous devons faire une allusion à une autre attitude encore plus
grave que I'on peut rencontrer çà et là. Il s'agit de l'attitude de celui
qui, tout en étant soumis aux obligations bien déflnies qui découlent
du voeu de pauweté et tout en vivant dans une communauté dont il
tire tous les avantages, se dispense arbitrairement des devoirs d'un
religieux. On se procure de l'argent d'une façon ou d'une autre,
on en dispose à son gré, on ne veut manquer de rien de ce qui rend
la vie plus facile et plus confortable.
De ce soi-disant religieux, équipé de choses les plus variées,
il suffit de voir les malles qui le suivent à chacun de ses changements
de maison. A voir le train de vie de cet homme on se rend facilement
compte de la manière dont a été interprété la pauvreté par quelqu'un
qui pourtant publiquement s'est consacré à la pauweté.
Une pareille attitude, il est pénible de le dire, dénote une conscien-
ce anésthésiée qui a perdu toute sensibilité religieuse, qui mène
une vie en flagrant et permanent contraste avec sa profession religieuse.
[Jne vie aussi incohérente et pleine de contradictions, même
humainement parlant, n'est pas honnête. I1 serait préférable de tirer
loyalement les conséquences d'une vie ainsi faite. Pareille situation
ne se justifi.e absolument pas et se transforme en une continuelle
offense aux confrères, à l'ensemble de la communauté, laquelle a
le droit d'exiger que tous ses membres respectent cette raisonnable
égalité qüi est à la base de Ia vie religieuse et communautaire.

4.3 Page 33

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-33-
Que ces paroles ne paraissent être trop sévères. Je crois qu'elles
répondent au sentiment commun de la quasi totalité des salésiens
qui
qui
veulent vivre --
est source de joie,
maintenant plus
de conf.ance, de
vqiugeuejuarmsapisiri-tuelcleetteet
pauvreté
apostoli-
que et de charité sereine.
Cela rappelle, d'une part, aux supérieurs leur devoir d'empêcher,
avec courage paternel, que se forment ou se perpéaent pareilles
situations et rappelle, d'autre part, à nous tous que beaucoup d'abus
et de désordres pourront être évités si les supérieurs responsables
savent pourvoir aux besoins et aux vraies exigences des confrères,
avec une aimable compréhension et une raisonnable largesse, en
tenant compte de l'âge, de la santé, de l'emploi et du genre de service
qu'ils accomplissent.
J'ai dit (( avec une raisonnable largesse ». Les deux mots se tien-
nent. Il faut ce sens de largesse, comme l'a enseigné notre fondateur.
Quelquefois surgissent des
qui agit couune un avare
réactions
face aux
v-ériteatbnleosn
bàetsoorint s-
contre celui
des confrères
alors que d'un autre côté on gaspille des sommes immenses en faisant
des dépenses erronnées, arbitraires et absolument inutiles.
Nous devons aussi reconnaître que certains désordres provien-
nent parfois du fait qu'un supérieur ne fait pas le nécessaire quand
et comme il conviendrait, avec cette amabilité et cette délicatesse
qui rendent moins pesant au confrère le fait de devoir demander,
de devoir dépendre d'un aufre.
Mais il est aussi wai que la largesse doit être raisonnable, en
harmonie avec la condition de religieux et de salésiens. Le problème
de fond est toujours le même: le sens de la discrétion et de l'équilibre,
tant chez le confrère que chez le supérieur, qui fait que nous réussis-
sons à donner en toute circonstance et en tout lieu ce témoignage
de pauweté qui fait partie essentielle de notre vocation et qui est le
point de départ irremplaçable pour nos activités apostoliques.
Je ne serais pas complet si je n'ajoutais pas qu'il ne suffi.t pas que
le supérieur soit vigilant, eu'il donne son accord ou qu'il rappelle
à I'ordre. Le devoir premier et essentiel du supérieur est celui de
donner, lui d'abord, par sa vie personqelle et Ia manière dont il

4.4 Page 34

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34
exerce sa charge, le témoignage de pauweté. Son action de supérieur
se trouverait paralysée et battue en brèche, si lui-même ne donnait
pas l'exemple de la pauvreté, s'il faisait des dépenses contestées
par tous, s'il entreprenait des travaux sans avoir fait étudiér son pro-
jet par des gens compétents et sans avoir demandé de permission,
s'il s'accordait des facilités et un confort incompatibles avec notre
condition.
Je pense au contraire à la force de l'exemple d'un supérieur
qui, face à sa communauté, apparaît pauwe parmi ses confrères
pauvres. C'est là un administrateur sage et fldèle. « Il y a des hommes,
a écrit Bergson, qui n'ont pas besoin de parler. Ils suffit qui'ls existent.
Leur présence est déja un appel ».
Le directeur qui dispose arbitrairement des biens de la maison,
outre le tort qu'il in{lige à la maison, provoque une série d'autres
fâcheuses conséquences. En se perrnettant des dépenses et des inter-
prétations subjectives concernant la règle, il engendre ce subjecti-
visme ou ce relativisme de la norme juridique, qui n'est certes pas
le dernier des facteurs à l'origine de la crise de l'obéissance et de la
vie religieuse. Saint Ambroise disait déja: « Que le chef sache bien
qu'il n'est pas dispensé d'obéir aux lois. Et qu'il sache que quand
iI les transgresse, il autorise à penser qu'il a dispensé tout le monde
par l'autorité de son exemple >>.
La santé des confrères
Reprenant le thème du discernement et de l'équilibre dans l'u-
sage des biens temporels, je désire faire d'autres applications à quel-
ques cas inhérents à la vie salésienne.
Parmi les biens que nous avons mis au service de I'Eglise et de
la Congrégation, un des plus précieux est certainement celui de notre
santé.
Sans elle, en effet, une grande partie de la mission à laquelle nous
nous sommes consacrés serait bloquée. Ce n'est pas pour rien que
l'on dit que, après la grâce de Dieu, la santé est le don le plus précieux.

4.5 Page 35

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-35-
C'est pour cela que notre fondateur, tout en étant personnellement
intraitable envers lui-même et ne s'accordant aucune trêve dans le
travail, était plein de délicates aftentions pour la santé de ses flls.
En ce moment, ma pensée reconnaissante et émerveillée se porte
vers tous ces confrères admirables qui, suivant l,exemple de leur
fondateur, ont usé et continuent d'user leur vie, avec une saine
générosité, au milieu d'activités apostoliques très variées, souvent
pénibles, souvent humbles, mais précieuses.
La santé va donc de pair avec un travail ordonné et serein, avec
un régime de vie équilibré, qui va du wai repos à une saine nourriture,
en somme avec ces nécessités qui contribuent à rendre notre service
eficace et durable au maximum.
Avoir soin de sa santé ne veut cependant pas dire qu,on doive
en faire une espèce d'obsession, une sorte d,idéal. Cela pourrait
tourner à la maladie.
Je me rappelle ce que disait un professeur à un étudiant qui ne
réussisait pas aux examens en attribuait la cause à des ennuis de
santé. « Sachez, lui dit ce vieux professeur, qu,ici nous avons tous
une in6.rmité. cela ne nous empêche pourtant pas de travailler.
Nous ne nous y arrêtons pas. Il faut aller de l'avant et travaiiler
en supportant ces in6rmités >». Cela aussi, comme tant d,autres
situations, c'est une affaire de mesure et de jugement.
Les supérieurs à'cet égard, peuvent et doivent faire beaucoup.
En un certain sens, la santé des confrères est entre leurs mains.
Savoir deviner et prévoir, signiûe bien des fois sauver la santé,
la vie même d'un confrère. Prévoir avec une paternelle aflection et
compréhension d'entourer un confrère avec ces attentions dont
Don Bosco nous a donné un admirable exemple. On évitera ainsi
ces négligences et ces mesquineries qui, en certains cas, peuvent
traumatiser un confrère. Tout cela doit faire partie de l'exercice de
l'authentique paternité salésienne, qui est la première et la plus
eficace cure de tous les maux, de toutes les soufrances de ûos con-
frères.

4.6 Page 36

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-36-
Les biens de la Congrégation
Notre Congrégation, de par sa mission dans l'Église, possède
des biens matériels, meubles et immobiliers, et gère de l'argent'
Dans le sillage de << Perfectae caritatis »>, il faut aussi dire un mot
sur ce sujet-là.
Une aff.rmation préliminaire mais fondamentale serait celle-ci:
tous les biens de la Congrégation, quels qu'ils soient, peuvent être
appelés sacrés, à cause de leur finalité. C'est pour cela qu'ils n'ap-
partiennent à aucun en particulier, mais à la communauté religieuse
qui, à travers ses supérieurs, en est responsable devant l'Église'
icnedqiCrueeicspt ab-rimendi secesnsoobnüiterendsmodnisocsitiaosnuedrsvaeirnrvsàicln'eEog-trleiseve.iteIal(pufaasrueetuxaleusmesprsvlieitcôetle,dsdismirteiancisgtounoesur
et leur équipement) et ce qui doit servir aux oeuvres (écoles, patro-
nage, instituts, collèges,...)
Il conüent de dire aussitôt que, spécialement après les directives
conciliaires, les habitations et ce qui est à |'usage des salésiens doit
être bien séparé du reste. Les raisons et les avantages d'une telle distinc-
tion sont évidents. Dans tous les cas, nous devons donner au cadre
qui nous est réservé ce style de simplicité et dirai-je d'austerité qui
n'exclut pas la propreté ni le fonctionnel, qui ne peut et ne doit
absolument pas donner l'impression de luxe' On se rappellera
que « Perrectae caritati§ » veut qu'on évite non seulement le luxe,
mais toute apparence même de luxe (cfr. P.C., 13)'
Nos maisons, spécialement Ia partie réservée aux salésiens, qui
donneraient l,impression de luxe, seraient un contre-témoignage de
la pauweté.
Cette règle doit être suivie partout, dans les pays économique-
ment très développés comme dans les pays du tiers-monde, en tenant
évidemment compte de la sensibilité particulière et de la situation
sociologique et économique du cadre dans lequel I'oeuwe se tlouve
implantée.
Que penser de ces constructions grandioses, je dirais presque
de prestige, que nous trouvons dans des pays tout respire la
pauweté, otr les habitations ne sont guère que des baraques!"'

4.7 Page 37

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-37-
Et en ce qui concerne les oeuwes proprement dites? Il existe
certainement des exigences particulières, propres à l'oeuwe même,
comme il existe des réglementations oficielles qu'il convient de res-
pecter. Ces oeuwes doivent répondre à leur fonction particüière.
Elles doivent, en outre, se distinguet par la propreté, l'ordre, la
netteté, l'enfretien, par leur aspect fonctionnel.
Tout ce qui a l'aspect de superflu ou de luxe, est absolument
à proscrire. Les autorités officielles savent nous rendre hommage
pour ce que nous faisons pour donner à nos élèves ou à nos pension
naites une éducation et une instruction modernes. Mais des dépenses
superflues ne les amèneraientds pas à penser que nous avons de
larges possibilités û.nancières ou que nous n'avons pas le sens de
l'argent que nous dilapidons ainsi.
Il me paraît indiqué de citer, à ce propos, la pensée du Cardinal
Antoniutti, Préfet de Ia Congrégation des Religieux: << Qu'on évite
tout ce qui dans le public provoque un faux jugement sur les riches-
ses de l'Église. Qu'on donne aux oeuwes cette simplicité de style,
cette sobriété de lignes et cette austérité d'équipement qui convien-
nent à des personnes qui ont fait voeu de pauvreté. Certains membres
d'une communauté religieuse m'ont récemment exprimé leur douleur
en voyant comment certaines pièces de leur maison généralice était
remplies de tapis, de meubles précieux, de cadres artistiques, comme
dans une somptueuse résidence bourgeoise » (I. Antoniutti, I-a viw
religiosa nel Post-Concilio, p. 40).
Je voudrais dire aussi un mot des églises et de leur décoration.
11 arrive que ça et on construise des églises grandioses au milieu
de quartiers pauvres, qu'on y engloutisse des sommes immenses
pour des revêtements en marbre, en mosaique, pour des statues
de valeur, pour des orgues somptueuses. C'est certainement une
grâce pour une population avoisinante d'avoir une église belle,
fonctionnelle, recueillie. ,Mais il s'agit ici d'autre chose. Construire,
par exemple, une église immense pour une population qui nly sera
jamais, ce n'est certainement pas employer judicieusement le fruit
de la charité du peuple. Engloutir des millions pour de la décoration,
dans un pays règne la pauvreté, il aurait mieux valu employer

4.8 Page 38

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-38-
cet argent pour construire auprès de l'église une maison pour les
jeunes ou une oeuwe sociale pour les gens pauvtes qui vivent autour
de l'église. Ces dépenses ne sont certainement pas selon l'esprit authen-
tique du Concile et ne sont pas une manière intelligente de travailler
à la gloire de Dieu et au bien des âmes. Beaucoup d'erreurs graves
auraient pu être évitées avec du bon sens et ceüte humilité qui sait
accepter un conseil, qui s'oblige à étudier avant de prendre certaines
décisions.
La loi commune du travail
Mais passons à un autre point de vue qui nous intéresse de très
près. Dans le bref texte conciliaire sur la pauweté on lit: « Que
chacun d'eux (les religieux), dans sa tâche, se sente astreint à la loi
commune du travail et, tout en se procurant ainsi le nécessaire pour
leur entretien et leurs oeuvres,... etc. (P.C., 13). I1 ne faut pas un
grand effort pour trouver dans ce rappel un thème particulièrement
cher à Don Bosco et si proche de notre esprit.
Le Concile veut donc que nous les religieux, en vrais pauvres,
nous obéissions à la loi du travail: « Tu mangeras le pain à la sueur
de ton front» (Çn. 3,19). Le monde, si sensible à cettevaleur, doit
recevoit ce témoignage de notre paft.
Cette afirmation conciliaire implique une organisation de toute
notre vie religieuse. Le texte donne d'ailleurs quelques précisions
a ce sujet.
Le travail manuel ou intellectuel, témoigne de notre pauweté.
Le monde et I'Église reconnaîtront que nou§ sommes pauvres'
wais pauwes, quand ils nous verront travailler. Au XI[. siècle,
le plus beau témoignage de pauvreté consistait dans la mendicité.
Au XX. siècle, on ne comprend plus la valeur spirituelle de la mendi-
cité. Le seul témoignage qui soit accepté est celui d'un travail sérieux
et techniquement valable, soit qu'il s'agisse de travail manuel ou
d'un travail intellectuel.
C'est le riche qui peut se permettre de viwe de rentes et du travail

4.9 Page 39

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-39-
d'autmi. Est riche celui qui n'a pas besoin de se fatiguer pour viwe,
qui avec les moyens dont il dispose a toujours une marge de sécurité
qui lui consent une vie confortable et sans préoccupations.
Le pauwe n'est pas nécessairement celui qui s,habille de haillons,
qui mange sa soupe dans une écuelle en bois sur le seuil d,une maison
qui ne lui appartient pas. Est pauvre celui qui doit,gagner son pain
au jour le jour à la sueur de son front.
Le travail, illustre uniforme du salésien
Tout cela est pour nous autres salésiens une raison de réconfort
et de satisfaction.
Le travail est en efet l'héritage caractéristique que nous a laissé
notre fondateur. Il nous en a donné l,exemple üvant.
Rappelons quelques paroles de Pie XI, qui sont comme une
synthèse de cet aspect particulier du profil de notre père: « Don
Bosco, merveilleux travailleur, merveilleux organisateur et éducateur
au tlavail >», << une vie qui fut un véritable martyre; une vie de travail
colossal qui donnait f impression de la préoccupation... » (MB, 20,
250); «une vie tellement active, tellement recueillie, si active et si
priante, une vie qui conf.rmait le grand principe de la vie chrétienne:
qui travaille, prie » (MB, 19, 83).
Les enseignements de Don Bosco se présentaient comme des
corollaires de son merveilleux exemple. A ses flls il recommanda de
prendre le travail comme uniforme et comme insigne de la Famille
salésienne. Combien des fois ce leit-motiv ne revient-il pas dans
ses songes: << Travaillez, travaillez... l'oisiveté est un des périls qui
guettent la Congrégation; le travail et la tempérance la feront tou.
jours fleurir »».
Sur son lit de mort, il disait encore à Mgr. Cagliero: << Recom-
mandez à tous les salésiens de travailler avec zèle et ardeur. Travail,
travail! » (MB, L8, 477).
La recommandation faite par le Concile vient donc revaloriser
la ligne tracée par notle fondateur.

4.10 Page 40

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-40-
Travaillons donc, sérieusement et avec générosité, mais tou'
jours dans l'obéissance et dans la solidarité fraternelle.
Quelquefois, il est vrai, on trouve à côté de celui qui se donne
sans limite un autre qui, malgré ses possibilités, réduit à peu de chose
sa contribution. Une pareille conduite n'est certainement pas celle
d'une personne pauvre qui doit gagner ce dont elle a besoin pour
viwe. Ce n'est pas non plus la conduite d'un frère qui éprouve le
besoin de joindre sa part de fatigue à celle de ses frères. Ces cas nous
rappellent la parole de Pie XI, empruntée à Don Bosco: « Celui qui
n'est pas capable de travailler n'est pas un salésien » (MB, 19, 157)'
I1 y en a aussi qui travaillent énormément, mais pour des activités
qu'ils se procurent eux-mêmes, peut'être en dehors de la volonté des
supérieurs, en dehors des besoins de la communauté et de l'apostolat
dont ils sont responsables.
Ce n'est pas cela le travail que le Concile et Don Bosco d'emandent
à chacun de nous. Noüre travail, pour qu'il soit waiment fécond
pour nous et pour les âmes, doit être inséré, à travers |'obéissance
dar» celui de la communauté. 11 doit être une constante et vive expres-
sion du service que nous rendons à la congSégation et de notre amour
envers nos frères. C'est pour cela que, quel que soit le travail qui
nous a été conâé, il y faut toujours le sceau de l'obéissance.
Valoriser nos talents et notre temps
Nous devons cependant dire que la loi du travail comporte
aussi la meilleure utilisation possible des talents que le Seigneur
nous a donnés. Et cela est vrai également du temps. Talents et temps
doivent en effet être utilisés en fonction de la mission qui nous a
été conflée. Gaspiller, par exemple, le temps, normalement réservé
à l'étude ou au travail ou même au repos, à des futilités ou -.- pire
esni cco'erest-poàudr edsems opnrodgarnaimtéms,epsasqsueir
des heures
ne sont ni
devant
utiles
l'écran, suftout
ni convenables,
cela s'appelle léser les âmes, léser la communauté.
C'est parce que les talents sont au service de notre apostolat

5 Pages 41-50

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5.1 Page 41

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-41 -
qu'il importe qu'ils soient bien employés par les su1#rieurs responsa-
bles, soit dans la période de préparation et de formation, soit durant
notre période de vie active.
I1 arrive parfois que, après de longues années d'études, après
tant de dépenses et de sacrifrces pour arriver à une spécialisation
ou à une préparation convenable, le confrère soit ensuite mis à un
travail qui ne fait pas appel à ce pour quoi il a reçu une longue et
coûteuse préparation.
Encore à propos de l'utilisation du temps: il convient peut être
que nous veillions sur les actiütés des jours de fête et des périodes
de vacances scolaires. Le fait que les écoles soient en vac€rnces ne
veut pas dire que les salésiens peuvent oublier pour autant leur
condition de religieux. Combien dangereux, spécialement pour les
jeunes vocations, sont ces jours de fête et ces périodes de vacances
mal employées. Mais il est tout aussi wai de dire: que de belles réali-
sations apostoliques peuvent se faire grâce à la possibilité de ces
temps libres.
Pauvreté collective
Il y a encore autre chose d'aussi substantiel et qui nous touche
de près dans le rappel que fait le Concile au sujet de la loi du travail.
Le travail, lit-on dans << Perfectae Caritatis »>, doit servir à maintenir
autant que possible la communauté et ses oeuvres. Disons aussitôt
qu'il n'est pas nécessaire que chaque confrère gagne directement
son pain (ce serait la négation de la vie commune) ou que tous soient
obligatoirement engagés dans un travail rémunéré ou financièrement
rentable. Ceux qui exercent certains ministères ou certains emplois
dans la maison ou qui se trouvent dans des conditions particulières
par suite de leurs études, de leur santé, ou de leur âge,... ne peuvent
certainement pas faire un travail rentable du point de vue économique.
Personne n'ira dire que ces confrères soient des << improductifs »
pour leur communauté ou pour la mission apostolique et spirituelle.
lJne communauté n'est pas un atelier ou une entreprise com-

5.2 Page 42

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-42-
merciale. Son activité ne peut et ne doit pas être mesurée avec des
critères purement éconorniques.
Cependant, cela dit, il faut ajouter que, justement à cause du
principe « travail-témoignage de pauweté », le Concile ne fait pas
que recommander, mais veut et exige que les religieux évitent « toute
apparence de luxe, de profi.t démesuré, d'accumulation de biens »>
(P.C., 13). Et quelques lignes plus haut, on lit dans ce même.texte:
« Que les religieux rejettent tout souci excessif et se.conflent à la
Providence du Père des cieux », ou encore plus clairement: << Les
instituts s'efforceront, compte tenu de la diversité des lieux, de
fournir un témoignage collectif de pauweté » (ib.).
Par ces directives, le Concile nous place devant des perspectives
nouvelles. Jadis, l'histoire nous le dit, les abbayes et les ordres reli-
gieux étaient de grands propriétaires. Bien que nous nous rendions
compte de ce qu'étaient les conditions sociales qui ont contribué
à une telle situation, nous devons aussi reconnaître que cela ne fut
pas toujours ni un bien pour la foi ni un avantage pour les âmes.
A présent le Concile, bien qu'il n'ait pas interdit aux instituts
religieux le droit d'acquérir et de posséder, replace cependant ce
droit dans le cadre évangélique qui tend à nous préserver de I'enri-
chissement collectif et des dangers que celui-ci comporte.
L'Église, se fondant sur une longue et triste expérience, prescrit
aux instituts religieux de ne pas se laisser encombrer par les biens,
qui finissent toujours par devenir mortels. La tentation en est forte
et subtile.
Aussi, sur ce point, devons-nous dire un grand- merci à Don
Bosco qui, par sa clairvoyance, s'est montré explicite et ferme.
Ecoutons quelques-uns, parmi tant d'autres, de ses avertissements:
<< Evitons de construire ou d'acquérir des immeubles qui ne seraient
pas strictement à notre usage. Ne conservons jamais des biens pour
les revendre. Pas de champs, pas de terrains ou de maisons pour
en tirer de l'argent » (MB, 17, 526). « Ne gardez pas d'argent, même
sous prétexte d'en tirer profrt pour la Congrégation » (MB, 1098).
« Même ce qui n'a. que l'apparence du commerce a toujours été
fatal aux ordres religieux » (MB, 18,269). Et de manière plus solennel,

5.3 Page 43

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-43-
dans son testament de 1884, nous trouvons exprimée nettement
sa volonté à ce sujet: << Qu'on prenne comme principe inaltérable
de ne conserver aucune propriété de biens immobiliers, à I'exception
des maisons et de ce qui en dépend pour assurer la santé des con-
frères et des élèves. La conservation de biens-fonds de rapport est
une injure faite à la Providence, qui de manière merveilleuse et,
;e dirais prodigieuse, nous vient constamment en aide ». (MB, 17,
257-2s8).
Dans les réglements nous trouvons condensée en quelques lignes
cette orientation fondamentale tracée à la congrégation: << En règle
générale la Société ne dewa pas conserver la propriété d'immeubles
autres que ses maisons d'habitation et leurs dépendences, et les
terrains de ses écoles »» (Réglements n. 23).
Il était bon de rappeler cela en cette occasion, ne fût-ce que parce
que, çà et là, on constate une tendance à s'éloigner de cette norme,
par souci de donner une sécurité économique à ceftaines oeuvres.
Il est donc juste que je dise clairement que la Congrégation, sou-
cieuse de ses wais intérêts supérieurs, ne peut et ne doit pas déroger
de la sage et précieuse norme laissée par notre fondateur, norme d'ail-
leurs pleinement confi.rmée par l'expérience et répétée maintenant
par le Concile lui-même.
La pauweté ne doit pas se transformer en préoccupation et
activité de niveau économique: notre vie ainsi comprise fairait preuve
de << prudence naturelle qui fait surgir le souci des biens terrestres.
La pauvreté est, au contraire, une disposition de l'âme qui se détache
de ces biens »» (Régamey, trad. de f ital.).
Cela ne veut pas dire qu'il faut procéder avec insouciance dans
l'administration des biens. Au contraire. Ce serait voler le bien des
pauvres que nous devons servir.
La pauweté est abandon évangélique en Dieu. Ce qui exclut,
entre autre, un comportement intéressé, certaines attitudes odieuses,
quand il s'agit de prix de pension ou de réductions accordées à ceux
qui en ont besoin, ou cette mesquinerie quand il s'agit de faire des
dépenses pour les oeuwes apostoliques du genre du patronage.
En faisant confi.ance à Dieu nous méritons, d'une part, l'aide de la

5.4 Page 44

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-44-
Providence, et d'autre patt, nous éütons un contre-témoignage
tout particulièrement ressenti en ces jours, à l'intérieur même de
1'Église.
Notre solidarité avec les pauvres
La pauweté collective à laquelle nous convie le Concile a égale.
ment d'autres aspect non moins intéressants. On lit dans << Perfectae
Caritatis » (n. 13): « Les instituts eux-mêmes s'efforceront, compte
tenu de la diversité des lieux, de fournir en quelque sorte un témoi-
gnage collectif de pauweté; volontiers ils prendront de leurs biens
pour subvenir aux autres besoins de l'Eglise et soutenir les indi.
gents que tous les religieux doivent aimer dans le coeur du Christ
(cfr. Mr. l9,ZL; 25,3446; Ic. 2,15-L6; t ln. 3,7). Les provinces et
les maisons des instituts doivent partager les unes avec les autres
leurs biens matériels, les plus aisées secourant les plus démunies >».
Comme on le. constate, le Concile nous invite non pas à faire
l'aumône, mais à pratiquer la charité --
nous invite à sortir par lilmême, des murs
âamveeugdleesladepnaoutwreetéégo-ïsmee.t
Cette invitation en faveur des frères nécessiteux ne s'adresse pas
à quelque riche propriétaire mais à la communauté religieuse qui est
pauvre. On suppose que celle-ci ait un sens aigu de la charité chrétienne
et qu'elle soit capable de la traduire en actes.
11 n'y a pas lieu de descendre dans le particulier: chaque coffinu-
nauté saura trouver la manière Ia plus adaptée pour répondre à cet
ordre précis et précieux du Concile.
J'ai parlé d'un ordre « précieux >». En effet, la communauté qui
s'ouvre aux besoins des frères, aux besoins de la communauté ec-
clésiale plus grande, en retirera un wai bénéfrce. I1 en est toujours
ainsi pour qui, animé par la charité du Christ, va à la rencontre,
même si cela lui en coûte, du frère dans de besoin.
Je voudrais évoquer un souvenir qui ne soit pas qu'une rémini-
scence littéraire. Dans le roman d'inspiration chrétienne de Alexandre
Manzoni, Les Fiarcés, on trouve, entre autre, une scène qui présente,
prise sur le vif, un vrai chrétien dont la pauvreté s'épanouit en charité

5.5 Page 45

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-45-
exquise. Le tailleur du village, un brave homme, << la meilleure pâte
du monde », qui par son humble travail parvient à nourrir sa petite
famille, est heureux d'avoir pu accueillir dans sa pauwe maison
Lucie remise en liberté. Le village est en fête, car il y a Ia visite du
cardinal Frédéric Borromée. La petite famille est à table avec Lucie.
I-Jne atmosphère sereine baigne la pièce. Brusquement le tailleur
est comme surpris par une pensée qui lui traverse la tête. << Il s'arrêta
un moment, puis mit sur une assiette de la nourriture qui était sur
la table, et ayant ajouté un morceau de pain, noua le tout dans une
serviette. La tenant par les quatre angles il dit à la plus grande de
ses enfants: << Prends ça >>. Puis, dans l'autre main il mit une bouteille
de vin, et ajouta: << Va chez Marie, la veuve; porte-lui tout cela,
et divlui que c'est pour se réjouir avec ses enfants. Mais fais cela
poliment. Qu'elle n'ait pas lrimpression que tu lui fais l'aumône.
Ne réponds rien si tu rencontres quelqu'un. Et fais attentiorf à ne
rien casser » (Alexandre Manzoni, Les Fiarcés, ch. 24).
N'avez-vous pas f impression que chaque geste, chaque nuance
de ce merveilleux épisode contient une leçon sur la façon dont
la pauvreté chez une âme vraiment chrétienne se traduit non pas en
aumône mais en charité florissante?
Solidarité entre les maisons
Cette invitation à la solidarité entre les maisons plus aisées et
celles qui souffrent de la pauweté donne à réfléchir. Voici par exemple
les réactions d'un commentateur des textes conciliaires: << Comment!
Il a fallut qu'un Concile vienne le dire pour qu'on y pense... Alors
que c'est un geste de partage si fréquent, si spontané dans les familles
chrétiennes .-.--- et pas seulement dans les familles, ni Çhez les chrétiens,
mais tout simplement par solidarité, dans un mouvement fraternel,
entre amis, entre voisins, surtout chez les plus pauvres: aider simple-
r.nent celui qui est démuni, dépanner discrètement des camarades
qui se trouvent en di-ficulté...
Et chez ceux qui font professipn de tendre sans cesse à la plénitude
de l'amour, qui doivent donner au monde f image même d'une

5.6 Page 46

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-46-
communauté de frères, dans quelles règles juridiques ont-ils pu
être emprisonnés, dans quelles lois de comptabilité ont-ils pu être
ligotés, pour que parfois cet échange si simple ne leur vienne pas à
l'esprit, ou leur soit même impossible, en raison de je ne sais quel
corban! N'on?ils pas lu I'avertissement de saint Jean (cité d'ailleurs
par le Concile): Si quelqu'un jouissant des richesses du monde,
voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment
l'amour de Dieu demeurerait il en lui? (l ln. 3,17). On peut seule-
ment regretter que cette prescription frgure ici un peu comme une
pièce rapportée (ce qu'elle est en effet) » (Sr. Jeanne d'Arc, I-a. pau-
weté, in Yatican ll, l'a.dapation et la rénor,tation de la qrie religieuse,
Paris 1967, p. 438).
Malheureusement, ce qui est déploré est une réalité qui, re-
connaissons-le, se trouve aussi chez nous.
Invitation à la solidarité concrete
A part quelques heureuses exceptions, il existe, à f intérieur mê.
me de nos communautés, une insensibilité diffuse en ce qui concer-
ne la solidarité. Les causes en sont multiples et relativement plausi
bles. N'arrive-t-il pas, par exemple, qu'au sein d'une même province
il y ait une maison, économiquement bien en place, qui peut se per.
mettre de construire, de s'équiper, de faire des dépenses,... alors
que telle autre, bien que apostoliquement valable, tombe d'inani-
tion et languit...
I1 est temps de se réveiller et de traduire dans le concret ce rappel
précis et précieux qui nous a été adressé par le Concile. Nous devons
faire passer dans la réalité le principe de la solidarité. Avant de
l'invoquer pour en tirer un avantage pour nous, nous devons nous
préoccuper de faire quelque chose pour nos confrères qui sont
plus pauvres que nous. DisonsJe clairement: de même qu'il nous
faut abattre le mur de f individualisme et de l'égoisme qui rrous €û-
ferme dans le cercle étroit de nos intérêts individuels au détriment
du bien de la communauté, ainsi devonÿnous élargir notre colla.
boration entre les maisons dans le cadre de la province, entre les

5.7 Page 47

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-47-
provinces elles-mêmes, entre les provinces et la direction centrale.
Si nous regardons autour de nous, nous nous rendons compte
que dans le monde, dans l'Église, il y a, en ce moment, uD rDoü-
vement positif pour mettre en route et développer effectivement
ce sens de la solidarité entre ceux qui sont plus aisés et ceux qui le
sont moins. Pouvons-nous alors, dans la Congrégation, nous main-
tenir dans un isolement égoïste, qui flnirait certainement par être
nuisible à tous ?
Cette attitude concrète de charité sera avantageuse non seule-
ment à celui qui aura donné. L'expérience est là pour le conf.rmer.
Dfr'uaiitlleduersgr-andqeusi
f ignore?
richesses
----- l'excercice de la charité active est le
spirituelles, tant pour les individus que
pour les communautés.
Je me réjouis de dire que déja au congrès des provinciaux de
I'Amérique Latine on a ressenti l'urgente nécessité de passer à la
réalisation de cet ordre précis du Concile. I1 en est d'ailleurs sorti
des résolutions. En voici les principales:
1) Les provinciaux s'efforceront d'éliminer les différences cri-
antes entre les maisons d'une même province.
2) Le provincial exigera des maisons qui ont un plus grand rapport
de soutenir des oeuwes sociales.
3) Les conférences provinciales chercheront loyalement et dans
un souci de charité comment aider flnancièrement, ou en fournissant
du personnel spécialisé ou en offrant des bourses d'études, les pro-
vinces plus pauvres d'une même région. Imitant l'exemple de l'Église
primitive, que chaque province, malgré sa propre pauvreté, aide Ie
recteur majeur et la direction centrale à résoudre les problèmes
économiques d'ensemble (cfr. << Aüi >», n. 252, p. 77).
Une telle sensibilité est chose réconfortante, mais, je le répète,
nous devons la rendre active. Ce sera alors une grande bénédiction
pour toute notre famille. I1 ne s'agit d'ailleurs pas seulement d'une
solidarité qui s'exprime en termes économiques, mais de quelque
chose de plus substantiel, de plus élevé, quelque chose qui soit
vraiment constructif et enrichissant.

5.8 Page 48

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-48-
L'envoi des volontaires en Amérique Latine, par exemple, n'est-il
pas une façon efficace, à tout point de vue, de téaliser cette solidarité
désirée?
C'est pour cela que j'ai le plaisir de vous communiquer (voir
ce qui est dit plus loin, à l'intérieur de ce même cahier) que Ie conseil
supérieur a étudié les grandes lignes d'un plan pour réaliser ces
principes de solidarité à l'intérieur de la Congrégation.
Les conseillers régionaux étudieront avec les provinciaux, au
cours des conférences provinciales, les manières concrètes d'une
telle réalisation aux divers niveaux.
J'ai conûance que les provinces, les maisons, les confrères four-
niront l'apport souhaité et valable de leurs idées, de leurs initiatives,
de leur collaboration et repondront volontiers à cet appel que beau-
coup attendaient et qui contribuera à créer une osmose perma-
nente de vive charité à f intérieur de la Congrégation.
A propos d'argent
Parvenu à ce point, toujours à propos de la pauvreté collective,
je crois qu'il est utile de rappeler, à la lumière de << Perfectae Carita-
tis »>, de nos Constitutions et de notte tradition, quelques pensées
essentielles à propos de l'argent et de son emploi.
L'argent aussi, comme tout autre bien que la Providence nous
envoie, doit être un instrument au serrice de notre mission. Je sais
qu'il est facile de souscrire au principe, mais qu'il est plus di-fficile
de passer au plan concret. Ce n'est pas une illusion que l'argent
finit par devenir, pour bien des raisons et selon diférents aspects,
un centre d'intérêt premier. Les déplorables conséquences d'une
telle attitude sont évidentes. En certains cas, même la justice en souffre,
au scandale des personnes du dehors.
C'est pour cela que grande est la responsabilité de ceux qui dans
la Congrégation, à quelque niveau que ce soit, exercent une charge
administrative ou qui d'une façon ou d'une autre manipulent de
1'argent.
Le Cardinal Antoniutti, Préfet de la S. Congrégation des Religieux

5.9 Page 49

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-49-
et des Instituts Séculiers, qui du fait de sa charge connaît bien la
vie religieuse, a dit, à propos d'administration, ces paroles qui méri-
tent d'être méditées: « Que l'administration des biens de la commu-
nauté soit confiée à des personnes compétentes qui sachent éviter
soit la périlleuse aventure des spéculations interdites par la loi, soit
la déplorable négligence des méthodes normalement requises pour
faire fructifier ce que l'on possède en vue du bien commun ».
Il énumère ensuite longuement les exigences et les qualités néces-
saires aux personnes qui exercent une charge administrative dans
les instituts religieux. << Les personnes chargées de l'administration
dans les instituts religieux doivent être prudentes, ordonnées, loyales,
consciencieuses, soigneuses dans les comptes rendus périodiques, des
personnes qui manipulent de l'argent qu'en accord avec les directives
des supérieurs et pour le bon fonctionnement des oeuwes, selon
les buts spécif.ques de leurs instituts »>.
Chaque adjectif, chaque phrase correspond à des préoccupations
provenant de douloureuses expériences, auxquelles notre famille
n'a pas échappé.
Pour cela il me semble urile de répéter ce que disait le cardinal
Antoniutti. Cela nous servira de bon examen de conscience. « On
doit malheureusement reconnaître que l'administration des biens de
certains instituts est confi.ée à des personnes qui manquent de la
préparation requise pour la tenue de la comptabilité, pour la prépa.
ration d'un budget, l'établissement d'un bilan ou l'inventaire des
droits et des charges. Souvent les documents ne sont pas conservés
comme il convient. Il arrive qu'on néglige les disposition des legs
ou les pieuses volontés d'un testament. On ne prévoit pas toujours
le placement convenable de l'argent provenant de dons ou de la
bienfaisance. Quelquefois ces fautes sont aggravées par l'ignorance
des lois du droit canonique et du droit civil, fautes qui compromettent
l'administration ordinaire et extraordinaire. Il est donc nécessaire
de se faire aider par une persorurne compétente et consciencieuse.
Il est surtout nécessaire que les instituts permettent à certains de
leurs sujets de préparer des diplômes qui les rendent capables de
veiller à une sérieuse administration.

5.10 Page 50

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-50-
La pauweté religieuse n'exclut pas la propriété. El[e exclut cepen-
dant l'afairisme, l'excessive préoccupation des biens matériels, Ia
mégalomanie dans les pro.iets ou f ineptie dans l'administration.
La mauvaise administration de certains instituts religieux constitue
un des scandales les plus graves' parce qu'il provoque dans l'opinion
publique un jugement sévère sur l'estime des valeurs morales.
Quiconque entre en relation avec des rellgieux, même pour des
affaires matérielles, doit sentir l'esprit surnaturel qui les anime.
Esprit qui exclut toute action qui serait en opposition avec la vie de
perfection professée » (Op. cit., p. 3940).
Administration ordonnée et responsable
Je voudrais ajouter à cette voix autorisée quelques rappels person-
nels concernant des détails concrets.
lJne tenue des registres qui soit claire, exacte et à jour, des ren'
dements de comptes administratifs qui soient authentiques et com'
plets, présentés à temps aux supérieurs, cela n'est pas de la bureau-
cratie superflue et formelle. Avant même d'être un élémentaire deyoir
professionnel, ces obligations sont des instruments et des moyens
nécessaires et indispensables pour une administration saine et sérieuse.
Seul celui qui n'a aucune idée de la gestion et de la gestion des biens
d'autrui, est capable de mépriser ces moyens.
Même les révisions et les contrôles qui sont efectués à l'occasion
des visites, loin d'être des actes de méfi.ance, sont au contraire un
moyen pour aider et encourager celui qui a été chargé de la gestion,
surtout quand, comme cela arrive souvent, on exerce cette charge sans
grande formation ni expérience précédente.
Il y a aussi un autre point sur lequel je voudrais attirer l'attention.
Je veux parler des dépenses extraordinaires, des constructions, des
acquisitions et des ventes immobilières, de création d'oeuvres nou-
velles,...
Nos Constitutions et nos Règlements, en conformité au Droit
,Canonique - ce qui veut dire basés sur la prudence, sur Ia justice

6 Pages 51-60

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6.1 Page 51

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-51 -
et sur l'expérience
encore rappelées
-récceomnmtieennnt.enLt'oàbcseesrvuajettiodnesdneorcmeess
bien précises,
normes évite,
enrre autre, de pénibles surprises, de véritables désordres, des abus,
de graves inconvénients qui provoquent parmi les confrères la surprise
et la méfi.ance quand il leur arrive de constater que l'on ne tient
pas compte des normes qui règlent la vie ordinaire de la Congrégation.
C'est pourquoi, tout en rappelant à tous l'obligation de se soumet-
tre aux normes qui prévoient la mise en jeu des conseils de maison
ou des conseils provinciaux, je rappelle aussi que l'avis qu'ils fournis-
sent n'est pas et ne doit pas être purement formel. Les membres
des conseils doivent avoir été informés à temps, avoir été clairement
documentés et intéressés aux problèmes à débattre. L'avis qu,ils
donnent en toute objectivité, ne peut pas être ignoré ou sous-estimé;
le procès-verbal doit reproduire leur intervention.
Il est inadmissible que, à un certain moment, des supérieurs
qui portent la responsabilité finale, ceux du conseil supérieur par
exemple, se trouvent devant certaines décisions graves, contestables,
erronnées et dommageables même pour notïe Congrégation, devant
des obligations déja établies ou liées à une oeuvre déja lancée.
Un tel comportement est au détriment de la Congrégation: d'une
part, elle se trouve entraînée dans des situations extrêmement préju-
diciables, que l'on aurait facilement pu éviter, d'autre part, un tel
comportement ouvre la porte à des initiatives arbitraires et à des
abus de pouvoirs.
Mais je pense qu'il n'est pas nécessaire d'insister sur ce point.
Vous convenez d'ailleurs avec moi de la nécessité de ces rappels
qui ne proviennent pas de la méfiance, non pas d'une excessive
prudence. Non, ces rappels viennent, entre autre, d'une large expé-
rience et ont la seule préoccupation des intérêts de la Congrégation
dans le sens le plus large du mot.
Je crois enfrn opportun, selon l'esprit du Concile qui veut que
les religieux soient corïesponsables et interessés de ce qui regarde
leur communauté, je crois opportun d'inviter les supérieurs des
communautés d'informer aussi de manière appropriée leurs confrères
des problèmes économiques. une telle information a l,avantage

6.2 Page 52

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-52-
d'engager les confrères dans la vie et les intérêts de la maison pour
laquelle ils travaillent, d'êtte un éIément d'union et de formation
pour les membres d'une communauté.
Nos devoirs sociaux
PermetËez-moi de dire encore un mot en ce qui concerne nos
devoirs de justice sociale et de citoyens.
Nous connaissons, et souvent il nous arrive d'expliquer les grands
documents sociaux de l'Église. Très bien. Mais ces documents doivent
trouver leur traduction active chez nogs, autour de nous. Il serait
inconcevable de pader tellement de justice sociale, de'<< Populorum
progressio », si des faits ne correspondaient pas aux paroles. Ce
serait provoquer des réactions ironiques et mé6.antes qui se retourne-
raient contre la Congrégation, contre l'Église même.
Concrètement, que tous ceux qui ont des rapports de travail
avec nous aient toujours le traitement économique et social confor-
mes aux lois et à la nature du service qu'ils rendent. On ne peut pas
prétendre que des personnes dévouées renoncent à leurs propres
droits, surtout s'ils ont une famille à nourrir et tant d'autres problèmes
à affronter.
Non seulement cela, mais il faut que nos lapports soient toujours
marqués d'une attention profondément chrétienne, sacerdotale
et salésienne. Même quand par suite de circonstances nous devenons
d'une certaine façon des employeurs, nous ne devons pas oublier ce
que nous sommes pour et»(: à leurs yeux nous sommes toujours des
religieux et des prêtres, des pères.
« Que doit-on penser des petites malhonnêtetés " pour la gloire
de Dieu " ou " pour le bien de la Congrégation ", les fausses décla-
rations ou même le refus d'inscrire les personnes employées chez
nous à la sécurité sociale? Récemment, une dame rendant service
dans une communauté, non inscrite à la sécurité sociale, se hasarda
à demander une augmentation de salaire. Elle s'entendit répondre:
<< Mais Madame, vous pourriez faire cela pour le bon Dieu! » (G.
Huyghe, op. cit., p. 228).

6.3 Page 53

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-53-
J'ai fait allusion, il y a un instant, à nos devoirs de citoyens. I1
n'est pas nécessaire de faire des longs discours sur ce sujet. Dans
tous les pays otr nous travaillons nous nous sentons fortement intê
grés dans la grande communauté: nous profrtons de ses avantages
et de ses services. I1 est évident que nous devons donner notre contri.
bution au bien commun par l'observance loyale des lois, y compris
les lois financières, 6.scales, douanières. I1 est superflu de dire quelles
seraient les répercussions d'une conduite toute autre. Le bon chrétien
-plaeirtel:e<<reDloignienuexz
-à
est un chrétien
César... ».
par
excellence,
un
citoyen
êx€m.
Bienheureux les pauwes
Chers Confrères, je me suis entretenu longuement avec vous.
Mais je pense que vous-mêmes vous êtes persuadés que le sujet
en valait la peine. Il me plaît à penser que cet entretien, si humble
soit-il, aura réussi à montrer combien nombreux sont les aspects
de la pauweté et combien profondément elle pénètre dans toute
notre vie. Comprenons bien la parole de saint François d'Assise,
lequeI, il est bon de le rappeler, << en un temps de triomphalisme,
en un temps où dans la Rome papale il y avait la cour la plus splendide,
fi.t oeuwe de protestation non pas violente mais pleine d'amour
envers le Christ et envers l'Église, et épousa pour cela la pauweté >».
Eh bien saint François, l'évangélique protestatâire d'amour,
disait à ses religieux: << Tant que résistera la pauvreté, résistera aussi
la baraque; mais si la pauweté vacille, malheur à la baraque »>.
C'est bien la même pensée qui hantait Don Bosco: << L'aisance,
disait-il, sera la fin de la Congrégation ». « Le monde nous respectera
si nous savons rester pauvres et chastes ».
Cette claire convergence d'idées et de jugements de la part de
ces grands serriteurs de l'Église, à plusieurs siècles d'intervalle, à
des moments orageux pour l'É,glise, est un avertissement pour nous,
une invitation, un réconfort répété, ces derniers jours encore, par
la pensée riche et élevée du Pape. La pauvreté, dit-il, « est une atte-

6.4 Page 54

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54
station de fidélité évangélique. Elle est la condition, quelquefois
indispensable, pour donner du crédit à notre mission. Elle est une
attitude tellement surhumaine de cette liberté d'esprit, en ce qui
concerne les liens de la richesse, qu'elle accroît la force de la mission
de l'apôtre »» (Allocution de PauLVI àLaII. conférence latirc-américairc).
Quelles seront alors les conclusions de cette longue conversation?
Pour que la pauweté soit en fait la waie richesse de notre Congré-
gation en ces moments de confusion et de déviations, à la lumière
des considérations faites pour vous dans cetle leflre, qui seront
relues, commentées à propos et mises en pratique, j'invite tous à
faire ce que dans certains ordres on appelle faire le « scrutinium
paupertatis >>, l'examen de pauweté.
En annexe à cette lettre suivra un examen de conscience pratique,
respectivement pour les conseils provinciaux et pour les communautés.
Aux confrères je suggère de faire cet examen de conscience sur le
formulaire qui a été publié après le chapitre général. LJne occasion
utile pourra être celle de la retraite du mois.
Préparés spirituellement, qu'on se réunisse, en conseils ou en
communauté, pour faire, en suivant les jalons du formulaire, une
efficace révision de vie sur la pauvreté.
Qu'à la fin on prenne aussi des résolutions courageuses et concrè-
tes, provinciaux et directeurs surtout.
Je serai heureux de connaître f issue de ce grand scrutin qui vise,
vous vous en rendez compte, à donner à notre Congrégation cet
élan et cet optimisme dont la pauvreté intégralement vécue et mise
en pratique en est la source et la prémisse.
Que le Seigneur Jésus fasse entendre et goûter à chacun de nous
qui voulons suivre généreusement son inütation à la pauvreté, toute
la joie de sa parole inondée de lumière: << Bienheureux les pauvres
en esprit ».
Recevez en même temps que mon afflectueux salut l'assutance
de mon souvenir quotidien à l'autel. Veuillez en faire autant pour
moi. Je vous en remercie cordialement.
P. Luigi Ricceri
Recteur Maiew

6.5 Page 55

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55-
« SCRUTINIUM PAUPERTATIS »
Examen de conscience sur la pratique de la pauvreté.
Au niveau de la prouince
Le conseil provincial s'intéresse-t-il régulièrement et périodique-
ment à la bonne marche de la province sous l'aspect de la fidélité
à la pauweté?
La province (ou toute association pratiquement équivalente)
possède-t-elle des biens immobiliers qui dépassent les nécéssites
normales de nos oeuvres ou qui, dans le contexte du pays ou de la
région, nous font classer dans la catégorie des << riches », des « pro-
priétaires », des « patrons »?
Y a-t-il
concret et
pencaisctpioonur-
ou
sortir
au
le
moins à l'étude
plus rapidement
----- un
possible
programme
d'une telle
situation, présentement insoutenable et non admise par nos consti-
tutions?
L'analyse objective des oeuwes de la province, considerée dans
son ensemble, traduit-elle clairement notre préférence pour la jeunes-
se des classes pauwes et nécessiteuses?
A-t-on le courage d'éliminer énergiquement, graduellement si
nécessaire, les éventuels désordres à ce sujet?
Dans l'approbation des projets de constructions et de travaux,
tient-on compte du témoignage de pauweté « collective que le
Concile nous demande de donner?
Dans Ia hiérarchie des intérêts'et du temps accordés au dévelop-
pement des .oeuwes, les oeuwes << riches » viennent-elles en premier
lieu, négligeant les autres et créant ou aggravant ainsi des inégalités
de soutien et de développement entre les maisons d'une même
province?
L'administration des biens de la province peut-elle être donnée
en exemple à l'administration des maisons, pour leur ordre, la tenue
à jour, la précision de leur comptabilité? pour le respect dont il est
fait preuve envers les lois de l'Etat, tant les lois Éscales que sociales?
pour la fidélité à la volonté des bienfaiteurs, aux charges et condi-

6.6 Page 56

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-56
tions liées aux héritages ou aux dons? Le budget et le bilan sont-ils
faits sérieusement, sont-ils examinés attentivement par les conseils
provinciaux? Le rendement de comptes annuel présenté au conseil
supérieur correspond-t-il à la réalité? est-il envoyé à temps?
Quels sont les désordres et les négligences qui ont fait perdre
des sommes importantes à la Congrégation?
Quelle est la formation technique donnée à ceux qui occupent
des charges administratives dans nos maisons (préfets, directeurs) I
Comment peut-on éviter les désordres et les dommages entraînés
par une préparation'insuffisante?
Les bureaux de la maison provinciale savent-ils allier l'équipe-
ment fonctionnel, nécessaire à l'accomplissement de ldur mission,
avec le témoignage d'une pauweté authentiquement salésienne pour
les confrères de la province et les personnes du dehors?
Dans le mode de vie des provinciaux et de ses proches collabora-
teurs (nourriture, vêtement, ameublement, instruments de communi-
cation sociale, moyens de transport) y a.t-il quelque chose qui puisse
servir de prétexte aux autres confrères pour faire û de la pauvreté?
L'usage des voitures esÿil toujours justiûé par de réelles exigen-
ces de travail et non pour un usage persorurel? Le nombre, la marque
ou la catégorie de nos voitures ne sont-ils pas un scandale pour
les confrères ou pour les personnes du dehors?
Y a-t-il dans la province des diférences criantes entre maisons
« riches »» et maisons (( pauvres )), entre maisons qui ont tout et les
maisons qui manquent peut-être du nécessaire?
Existe-t il dans nos maisons et chez nos confrères cet esprit de
solidarité voulu par le Concile (P.C., 13); les biens des uns servant
à subvenir aux nécessités des autres? Que se fait-il pour rendre
efEcace et concrète cette collaboration et cette solidarité?
Comment utilise-t-on les talents que le Seigneur a donnés aux
confrères, la formation ou les spécialisations qu'ils ont recues?
Sommes-nous persuadés que le fait de les laisser en friche est en
quelque sorte gaspiller un capital d'intelligence, d'expérience et
d'argent englouti par les études qu'ils ont faites?
Les vacances des confrères sont-elles en harmonie âvêc lrrt€ âu-

6.7 Page 57

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57
thentique pauweté et pour satisfaire un nécessaire repos? ou relèvent
elles d'un style de vie bourgeois (vacances trop longues, ne répondang
pas à des besoins, comportant des dépenses disproportionnées,
passées dans pays très éloignés)? Le coût, la durée, f itinéraire de
certaines excursions sont-ils justiflés?
Les dépenses, tant personnelles que communautaires, sont-elles
faites dans un esprit de pauweté, c'est à dire sonçelles bien justifrées
ou bien procède-t-on à la Iégère, méconnaissant la valeur de l'argent?
Au niueau des maisons
La vie de communauté exige que tous les membres de la maison
fassent preuve d'un même souci de pauvreté et manifestent leur
joie d'être pauvres dans le Christ. On ne parviendra à cela que si
le conseil de la maison consacre une de ses réunions à une révision
de vie profonde, sereine, sur la façon dont est vécue la pauweté
dans la maison.
Il existe deux moments dans l'année qui incitent davantage la
communauté à viwe dans la pauvreté: le carème, accepté dans un
esprit de 'pénitence, et l'avent, considéré comme une attente du
Christ, gui, « bien qu'étant riche, se fit pauwe pour nous, pour que
par sa pauweté nous deveniohs riches »».
Peut-on dire que notre communauté donne vraiment un témoigna-
ge vivant, en quelque sorte collectif, de pauweté? Par exemple:
-
-
-
-Le
par la simplicité et la pauvreté de son logement,
par la sobrieté et l'austérité de son train de vie,
par l'usage modéré et raisonnable des moments de délassement,
en organisant les grandes vacances de manière utile,...
conseil de la maison, et d'une certaine façon aussi tous les
confrères, prêtent-ils de temps en temps leur attention aux problèmes
frnanciers de la maison, à la façon dont on peut les résoudre selon
les exigences de la pauweté religieuse?
Les confrères de la maison sont-iIs informés de la situation éco-
nomique de la maison, de ses dépenses, des off:randes reçues ou don-
nées?

6.8 Page 58

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-58-
Si la maison s'occupe de jeunes provenant de milieu aisé, capa-
bles de payer des pensions normales, les supérieurs ont-ils le souci
d'ouvrir la maison à d'autres jeunes moins nantis ou d'intéresser
la maison à d'autres activités sociales exigées par les conditions de
I'endroit?
C'est dans ce cadre de la bienfaisance, mais plus encore par
souci de justice et par intérêt à la vie de la Congrégation, qu'i1 faut
placer la contribution que chaque maison doit assurer pour les mai-
sons de formation et les besoins généraux de la province. Comment
s'en acquitte-t-on?
Quans les activités d'une maison sont différentes, existe-t-il une
différence, qui serait d'ailleurs injurieuse, entre les activités écono-
miquement rentables et celles qui ne Ie sont pas ? (Cela fait allusion
à l'état de certains patronages pauvres fonctionnant à côté d'instituts
parfaitement équipés).
Les confrères peuvent-ils rendre témoignage que cer»( auxquels
à été confié une charge administrative ne se considèrent pas comme
des patrons màis comme des administrateurs responsables envers
toute la communauté?
Y a-t-il dans la communauté une réelle et raisonnable égalité de
train de vie, en ce qui concerne les vêtements, la nourriture,... ?
Pour la comptabilité, voir ce qui a été dit ci-dessus, dans [e con-
texte de l'ensemble de la province.
La partie de la maison réservée à Ia communauté est-elle signe de
pauweté religieuse et de détachement des biens superflus?
La communauté est-elle tenue au courant des problèmes de la
faim mondiale, de la sous-alimentation, du chômage, des maladies
ou des fléaux qui surviennent dans la région ou dans le monde?
Donne-t-on une suite concrète à cette information? Le style de vie
austère débouche-t-il, par des sacrifices communautaires et des
renoncements personnels, à réalisations de solidarité chrétienne?
Certains avantages économiques qui nous sont concédés en tant
qu'oeuvres de bienfaisance nous enchaînent-ils dans des compromis
qui défient la justice et la loyauté?
Le traitement du personnel civil, enseignant ou de service, est-il

6.9 Page 59

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59-
conforme aux prescriptions oficielles ? Est-il conforme aux critères
fondamentaux de la justice chrétienne, telle qu'elle est enseignée
par l'É,glise?
Il y a un facteur qui distingue le pauwe et qui fut la cararacté-
ristique de notre fondateur: la travail. Ce facteur marque-t-il égale-
ment notre communauté et les confrères qui la composent?
Peut-on dire que la maison reflète la simplicité et la pauvreté,
sans qu'elle cesse pour autant d'être accueillante et fonctionnelle?
A-t-on, en particulier, le vrai sens de Ia pauweté quand il s'agit
d'objets et de meubles d'usage courantl N'en change-ton pas trop
souvent et les meubles que l'on achète ne sont-i1s pas trop luxueux?

6.10 Page 60

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II. DISPOSITIONS ET NORMES
Récollections mensuelle s, n imesn ielle s
Visant à f intensifi.cation de notre vie religieuse, tant personnelle
que communautaire, le 19ème Chapitre Général voua une parti-
culière attention aux récollections mensuelles, trimestrielles et
annuelles. Il chercha en particulier la manière concrète de les valo-
riser, tant dans la forme que dans le contenu. Il en sortit flnalement
des directives concernant les retraites mensuelles et trimestrielles,
exprimées principalement dans I'article ?.0 bis des Règlements.
Avant que cet article ne fût adopté, Ie Recteur Majeur avait dit:
<< lJn cri provient de toute la Congrégation: " Donnez-nous une
spiritualitél Prenez soin de notre vie spirituelle de prêtres et de reli-
gieux! Ne nous laissez pas nous vider au travail! ". Cet appel est
un phénomène constructif et réconfortant. Si nous n'y pourvoyons
pas, si nous ne recueillons pas ces appels, nous contribuons insensi-
blement à notre suicide spirituel. L'intérêt principal de l'Église, et
donc de la Congrégation, est que ses apôtres soient " vivants "
de vie intérieure ».
Cette préoccupation du Chapitre Général et du Recteur Majeur
a trouvé une résonance aftentive dans nos Provinces et nos Maisons.
En bien des endroits ont surgi des initiatives, des eforts généreux,
des résolutions méthodiques pour traduire dans le concret les déci-
sions du Chapitre concernzlnt les récollections et pour mettre à la
disposition des confrères ce qu'ils sont en droit d'attendre de la
part de la Congrégation pour aider leur perfection religieuse et
approfondir leur activité apostolique.
Il faut cependant noter que çà et là on a interprété avec quelque

7 Pages 61-70

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7.1 Page 61

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-61 -
fantaisie f intention du Chapitre Général en faisant de Ia récollection
une journée d'étude et d'information, de programmation pastorale
et éducative, avec carrefours ef débats. Il est évident que ce genre
de rencontres est utile, disons même indispensable. Le Concile,
notre dernier Chapitre, le Conseil Supérieur et les Conférences
provinciales l'ont rappelé à plusieurs occasions. Ces rencontres
ne correspondent cependant en rien à la nature et aux buts d'une
récollection. Rappelons ce que disait le Chapitre Général: << Le
religieux sait bien qu'il doit réafËrmer sans cesse son engagement
et se maintenir pour cela dans Ia lucidité de la réflexion, dans la
générosité de l'effort, et sous l'emprise de l'Esprit-Saint. C'est pour.
quoi le bon salésien accueille avec ferveur, loin de les négliger, les
moments et les démarches de son existence religieuse oir il lui est
donné de s'arrêter un peu dans f intimité du Christ pour faire le
point, se puri6.er, se nourrir et repartir: chaque jour le silence sacré,
l'oraison et la messe; chaque semaine sa confession; chaque mois
sa récollection et sa reddition de compte; chaque année sa retraite ».
Voici donc bien précisé en quoi consiste une récollection: s'arrêter
un moment dans l'intimité du Christ, pour faire le point, se purifrer,
se nourrir et repartir.
Il convient donc de réserver pour un autre moment ce qui n'entre
pas directement dans cetle perspecfive. Même la conférence pastorale
dont parlent les Règlements au numéro L52 doit avoir lieu un autre
jour du mois. Il convient en effet de ne pas dissiper et de ne pas
dévaluer une occasion aussi précieuse et aussi nécessaire à l'apostolat
d'aujourd'hui.
Ce serait une erreur que de vouloir diluer Ie recueillement des
exercices spiriruels en y introduisant des éléments, peutétre bons
en eux-mêmes, mais qui enlèveraient I'efÊcacité d'une retraite fermée.
Ces éléments --.-- ça1asf6urs, débats sur la foi, recherches sociologi-
qteumesps-
ont leur place dans la vie de l'Église mais pas
d'une retraite fermée. A ce moment-là, l'âme,
pendant le
seule avec
Dieu, approfondit généreusement sa rencontre avec lui et reçoit
de lui lumière et force. Le monde a grand besoin des âmes de cette
trempe.

7.2 Page 62

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-62-
Concrètement, la journée de récollection trimestrielle doit être
une journée de recueillement et de méditation, d'examen de conscience
constructif, une étape qui profi.te à I'esprit. Il est donc nécessaire
que les supérieurs se préoccupent de ce que tous les confrères puis-
sent y prendre part. Il faut que le lieu, l'ambiance, le moment, ['ho,
raire de la journée, Ie prédicateur, que tout contribue au recueille-
ment et à la réflexionl c'est porquoi la récollection doit être convena-
blement préparée et soigneusement organisée.
Ce qui a été dit de la récollection trimestrielle vaut, dans une
certaine mesure aussi pour la retraite annuelle, non moins importante.
Qu'en6.n la récollection mensuelle se fasse un jour fixe du mois.
Que les
de trois
choenufrreèsrecsoamiepnlét t-emmenatlgtrraéntqouuislleless
obstacles
de façon
à-
un minimum
pouvoir se dé-
dier aux intérêts de leur âme.

7.3 Page 63

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III. COMMUNICATIONS
l) «Euerme» L969
« Le mystère de l'Eucharistie engage I'ensemble de la commu-
nauté des croyants et réclame de chaque frdèle un respect très
personnel et vital >».
A la lumière de ces paroles des Paul VI, faisons de l'Eucharistie
et de notre vie eucharistique
-
-
le centre de la communauté éducative
l'âme de notre vie de famille
- la source et le soutien de notre témoignage et de norre apostolat.
2) Exactitul,e des statistiques
Le Secrétariat Central recommande instamment à ceux qui
ont été chargés de faire les relevés statistiques annuels de nos oeuvres
de veiller attentivement à l'exactitude de leurs comptes rendus.
Qu'ils fassent, si nécessaire, les recherches qui s'imposent pour
que les chiffres correspondent à la réalité. Il s'avère, chaque année,
que les chiffres inscrits sur les formulaires ne sont pas exacts ou ne
6.gurent pas à l'endroit voulu.
Les statistiques ne tiennent pas leur importance des archives.
Reflétant l'état de la Congrégation dans les divers secteurs de son
apostolat, elles fournissent les éléments nécessaires à un travail
organisé et à des décisions prises en connaissance de cause.
Les statistiques constituent un instrument valide, encoie faut-il
qu'il soit le fruit d'un travail soigneux.

7.4 Page 64

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IV. ACTIVITÉS DU CONSEIL SUPÉzuEUR
ET IMTIATTVES D'INTÉNÊT CÉNÉNEI
A) AcTrvrrÉ,s »u coNSEIL supÉzuEuR
La chronique du Conseil Supérieur, dans le précédent numéro
des « Atti » a mis en relief les congrès continentaux des provinciaux,
qui ont eu lieu respectivement à Bengalore, à Côme et à Caracas.
Ce même numéro soulignait aussi I'impoftance des fêtes du centenaire
de la Basilique de Noffe-Dame-Auxiliatrice.
Pendant les mois de juillet, d'août et de septembre, les supérieurs,.
présents à Turin, ont spécialement porté leur attention aux problèmes
généraux mis en évidence par les réunions continentales des provin-
ciaux. Ils se sont évidemment également occupés des affaires courantes
et de la mise en place du nouveau personnel.
Répartis, tout d'abord en commissions, les supérieurs ont étudié
divers thèmes qui furent ensuite soumis à l'examen et à l'approbation
de l'ensemÈle du conseil supérieur. Nous n'allons pas redonner ici
tous les thèmes qui ont été traités, ni les décisions qui les ont suivis.
Nous ne rapporterons ici que les informations qui oftent un intérêt
plus immédiat pour la Congrégation, ou celles qui concernent des
réalisations déja en cours ou en voie de l'être.
<< Ridimensionamento »
Toutes les provinces ont à présent fait parvenir le résultat de
leurs enquêtes sur le « ridimensionamento » contenant les réponses
de chaque confrère, celles des maisons des conseils provinciaux
et des commissions provinciales. Une commission centrale pour le
<< ridimensionamento »>, nommée par le conseil supérieur, composée
de représentants des diverses régions, s'est réunie, pendant plusieurs

7.5 Page 65

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-65-
semaines, à Caselette, près de Turin, pour dépouiller cette vaste
documentation.
A partir de ce travail, les supérieurs ont établi des conclusions
qui seront communiquées aux provinciaux. Ceux-ci, en accord avec
Ie Conseiller régional, et avec l'aide de leur commission provinciale,
établiront un plan du << ridimensionamento ».à opérer dans la province.
« Ridimensionamento » des provinces
L'étude pour le « ridimensionamento »» des provinces a révélé
des di-ficultés provenant de plusieurs causes. L'expérience même
des provinces les a mis à jour.
Ces constatations ont déterminé le conseil supérieur à éclaircir,
dans les limites du possible, ces éléments qui découlent de la situa-
tion géographique, sociale, religieuse, économique et stnrcturale.
I1 est en effet, important de bien les connaître pour qu'une province
puisse en tirer une garantie suffisante pour sa vitalité et un résultat
certain pour son apostolat.
On devra tenir compte de tous ces critères présentés dans l'étude
de ces situations qui réclament uoe attention pafticulière dans la
mise en oeuwe du << ridimensionamento >>: cela est nécessaire,
on instituera une commission d'étude. Cette commission, d'entente
avec les provinciaux, les conseils provinciaux et les commissions du
« ridimensionamento >», devra étudier et proposer les éventuelles
dispositions pour parvenir au réajustement qui s'impose à nos pro-
vinces.
Cours pour les volontaires de l'Amérique Latine
Le départ extraordinaire des confrères pour l'Amérique Latine
a exigé I'organisation d'un cours spécial de préparation, qui s'est
déroulé dans nofre maison de San Tarcisio à Rome, pendant le mois
de septembre. Les conseillers régionaux, plus directement intéressés
par ce départ missionnaire, avaient établi un schéma de leçons et de
cours pour lesquels furent invités des professeurs connus.pour leur

7.6 Page 66

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-66-
expérience du monde missionnaire. Cette session recueillit la satifac,
tion des participants et ne manquera pas de produire des résultats
concrets. Nous présentons, dans ce même numéro, dans la partie
réservée aux « Documents », les salutations et les souhaits que le
Saint-Père adressa à nos confrères lors d'une audience à Castel-
gandolfo.
Solidarité entre les oeuvles de la Congrégation
Pour répondre à f invitation du II. Concile du Vatican et du 19ème
Chapitre GénéràI, et à la suite des constatations que les supérieurs
ont pu faire au cours de leurs visites, il a été décidé de proposer
et de promouvoir des réalisations qui auront un caractère continu,
régulier et pas seulement occasionnel, a6.n de développer chez tous
les confrères un esprit de solidarité avec toutes les oeuwes de la
Congrégation. Cette solidarité, basée sur une mentalité ouverte et
sensible à tous les besoins, cherchera à dépasser cette vision parti-
culière et étroite qui limite la Congrégation aux limites de la maison
ou de la province. Les conseillers régionaux étudieront avec les
membres des conférences provinciales les grandes lignes pour la
mise en pratique de f initiative inspirée, comme il est dit plus haut,
par le Concile (P.C., 13) et par Ie 19ème Chapirre Général
(< Atti »», éd. franç., pp. 87-101).
Second noviciat
Le 19ème Chapitre Général (< Atti »», éd. franç., p. 100) a confré
au Conseil Supérieur le soin d'étudier « [a possibilité d'organiser
graduellement le second noviciat ». Au cours des congrès continen-
taux, les provinciaux sont revenus sur cette proposition. On a insisté
sur la nécessité d'un sérieux renouvellement spirituel pour les con-
frères après une période d'activité apostolique inténse. Les supé-
rieurs ont étudié les nombreuses di.fficultés que comporte la réali-
sation d'un second noviciat: problèmes de lieu, de durée, de person-
neI,... Cependant, tout bien considéré, on espère que ces difficultés

7.7 Page 67

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-67_
pourront être surmontées et qu'en 1969 les premières expériences
auront déja suftsamment de poids pour pouvoir être présentées
au prochain Chapitre Général. Les membres du Conseil Supérieur
ont été chargés de s'intéresser auprès des provinciaux et de leurs
conseillers des propositions concrètes que présenteront les provinces.
Maison généralice
Le Conseil Supérieur s'est aussi activement intéressé à la réali-
sation du .transfert de Ia maison généralice à Rome, comme cela
avait été souhaité par le dernier Chapitre Sénéral.
Le terrain est déja acheté et un plan détaillé de la maison a été
établi.
Les démarches sont actuellement en cours pour obtenir le permis
de construire. On espère que les travaux pourront commencer sous
peu.
Valdocco
Parallèlement au projet de transfert de la maison généralice à
Rome s'est posé le problème de la destination de la maison du Val.
docco, avec sa basilique, ses diverses communautés et ses oeuwes.
Se basant sur l'enquête de « ridimensionamento » faite par les pro-
vinces centrales et subalpines, le Conseil Supérieur n'a pas $ris de
d1é, ci..sions immédiates et définitives, mais a .frxé quelques lignes d,orien-
tation qui respectent les exigences propres de la Basilique Notre-
Dame-Auxiliatrice et des lieux historiques salésiens. Ces orientations
tiennent également compte de la nécessité d'avoir au Valdocco des
oeuvres waiment dignes de ce centre spirituel.
La:icat missionnaire
L'invitation adressée par le Concile à toutes les organisations
missionnaires et reprise par le 19ème chapirre Général, les réalisations
déja en cours chez dlautres instituts, la demande d,aide toujours
plus instante, la diminution des vocations sacerdotales et religieuses,

7.8 Page 68

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68-
tous ces motifs ont incité le conseil supérieur à considérer Ia possi-
bilité pour notre Congrégation de s'intéresser à des laïcs qu'elle
enverrait dans les pays de missions. L'initiative ofre un vaste intérêt
et peut s'adresser, en même temps qu'au bureau central des missions,
à la pastorale des jeunes, aux coopérateurs, aux anciens élèves, aux
volontaires de Don Bosco. Le Conseil Supérieur a étudié la finalité
qu'une telle initiative devait se pfoposer, le milieu et la méthode
qui doivent guider les richerches destinées à découwir les éléments
adaptés, les méthodes de préparation pour ceux qui seront choisis,
les zones intéressées, le ânancement, les organismes responsables, etc.
Même dans ce secteul, aucune disposition définitive n'a été prise,
mais, après une première prise de connaissance du problème, quel-
ques confrères ont été chargés d'étudier le problème plus à fond et
d'indiquer quelques moyens pratiques pour réaliser cette importante
initiative missionnaire et commencer par quelques expériences d'ani-
mation, de préparation lointaine des laics destinés à nos oeuwes
missionnaires.
B) ACTIVITÉS D'INTÉNÊT GÉ,NÉ,RAL
Ces derniers mois ont vu se déployer une activité riche en congrès,
rencontres, stages et sessions de toutes sortes. Il est impossible d'en
donner la liste complète, ne fût-ce que par manque d'information:
les bureaux du Centre ne reçoivent, hélas, pas toujours les documents
nécessaires. Nous nous contenterons d'indiquer ici les rencontres
les plus importantes, celles qui représentent un intérêt général.
Citons en premier lieu le << Congrès Interaméricain des Anciens
Elèves Salésiens »» qui a eu lieu à Bogota (Colombie) du 20 au 24
août, pendant les journées du Congrès Eucharistique International.
Des délégations de toute l'Amérique Latine y prirent part. Elles
furent accueillies avec la plus grande cordialité par la fédération
colombienne qui s'était chargée de l'organisation. Si, à cette occasion,
on put constater les grandes possibilités qui étaient offertes à nos
Anciens Elèves de l'Amérique du Sud pour conrribuer à l'animation
chrétienne de Ia société, on dut aussi constater que ce secteur de

7.9 Page 69

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69
I'activité salésienne, ce prolongernent de notre action éducative,
n'a pas encore retenu l'attention qu'il mérite et ne dispose pas encore
des personnes et des moyens qui lui seraient nécessaires pour qu,il
soit une force d'action apostolique e6cace.
Le compte rendu oftciel du Congrès sera publié sous peu.
Pour la deuxième fois a eu lieu à Muzzano (Italie) la session. pour
les nouveaux directeurs. Il y eut des confrères d'Italie, d,Espagne,
du Portugal, de la Belgique et de la Yougoslavie. On a même noté
la présence du Mexique et de l'Inde. Le fait du nombre accru de
participants a démontré la nécéssité d'une bonne préparation immé-
diate pour tous ceux qui reçoivent la responsabilités de guider nos
communautés. Nous signalons que les conférences prononcées par
le Père Aubry et Don Marchisio sur la vie religieuse et salésienne
dans la perspective des documents conciliares sont à la disposition
des confrères. On pourra en réclamer la brochure au Conseiller
Régional d'Italie.
Le L2 septembre, s'est réunie à Lyon la commission de la « Ratio
Studiorum » pour nos maisons de formation. La résolution finale
rédigée par la commission sera envoyée aux Provinciaux afin de leur
perrnettre de prendre connaissance des nouvelles directives concemant
les études ecclésiastiques. Etant donné cependant que la S. Congré-
gation de l'Éducation Catholique n'a pas encore publié les règles
défrnitives pour la réforme des études ecclésiastiques, notre « Ratio
Studiorum » n'aura, pour [e moment, que valeur provisoire et
d'orientation.
Toujours à Lyon, a eu lieu, les 10 et 11 septembre, une session
d'études salésiennes à laquelle prirenr part Don Bellido er Don
Pianazzi et des représentants de nos provinces d'Allemagne, d'Autri.-
che, de Belgique, d'Espagne et d'Italie. L'ordre du jour comprenait,
cette année, les pratiques de piété salésiennes. Les << Actes » de cetle
session, contenant les exposés et les débats, seront publiés prochaine-
ment. Cette rencontre témoigne de l'efort que fait.la Congrégation
pour réaliser le souhait du 19ème Chapitre Général de définir les
principes et la formularion de la spiritualité salésienne.

7.10 Page 70

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-70
A Vérone a eu lieu, du 12 au 14 septembre, la << Première rencontre
nationale des cadres et enseignants des écoles d'imprimerie salésien-
nes ». Aux confrères d'Italie s'étaient joints des confrères de divers
pays d'Europe. Cette rencontre avait surtout un caractère technique.
Elle a, d'une part, fourni la preuve de la compétence de nos confrères
et, d'autre part, montré Ia nécessité pour ces écoles de tendre à un
niveau professionnel toujours plus poussé.
A Sondrio, pour la 5ème fois, s'est déroulé un cours de catéchèse
destiné à préparer les confrères coadjuteurs au diplôme d'enseigne-
ment religieux. Environ 80 confrères ont suivi ce cours. Tous ont
exprimé leur satisfaction.
A Niteroi, au Brésil, a eu lieu une session de quatre semaines
consacrée à l'orientation scolaire. Cette session, animée par des
professeurs de la Faculté de S. Joâo del Rei, faisait suite à une première
série de cours donnés I'an dernier; une troisième session aura lieu
en janvier prochain.
Le Père Michel Mouillard, Délégué International pour la Pasto-
rale des Jeunes, ainsi que le Père Vittorio Gambino, du même Centre
de Pastorale des Jeunes, ont dirigé, au cours du mois de juillet dernier,
deux cours d'aggiornamento catéchétique pour les confrères des
provinces de Recife et de Sâo Paulo.
Ils se sont rendus ensuite auprès des différents centres provinciaux
pour la Pastorale des Jeunes des Provinces d'Amérique Latine,
prenant contact avec les Provinciaux, les déIégués pour la Pastorale
des Jeunes et les autres confrères chargés des divers secteurs de
l'apostolat auprès des jeunes. Avec eux ils ont étudié les possibilités
d'augmenter et de perfectionner le service apostolique salésien
auprès de la jeunesse de ces pays.
Leur visite, qui se poursuit actuellement, a déja fourni au Centre
International de Turin I'occasion de recueillir de précieuses expé-
riences pour la solution des problèmes génératx concernant la pasto-
rale des jeunes.

8 Pages 71-80

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8.1 Page 71

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-71 -
Nombreuses sont les Provinces qui ont organisé des stages de
formation apostolique pour les confrères et pour les jeunes. pour
plus ample information, nous renvoyons aux comptes rendus que
ne manqueront pas de publier nos revues à l'échelon national ou
local. Nous nous réservons de citer les stages les plus marquants:
rencontres pour l'étude de la vocation, camps de formation pour
dirigeants et responsables de mouvements, cours pour animateurs
de ciné-clubs, rencontres pour catéchistes, camp de formation pour
les responsables des activités sportives, récréatives et riturgiques
de nos « oratoires » et de nos écoles, sessions de recyclage pastoral,
dogmatique, didactique et autres. Innombrables ont été également
les activités qui ont été déployées dans les faubourgs ou d.ans les
colonies de vacances, en faveur des jeunes ou d.es pauwes ou des
missions. Plusieurs d'entre elles mériteraient qu'on en parle en détail,
soit dans le Bulletin salésien d.e divers pays, soir dans la chronique
provinciale. Toutes ces activités témoignent du dévouement des
confrères auquel répond la générosité des jeunes. cela aussi constitue
un élément d'optimisme pour notre travail d,éducateurs et pose
les jalons d'une ligne d'acrion rracée dans la fidélité à Don Bosco
et témoigne enfin d'une volonté concrète et hardie de renouveau.
Dimanche, 22 septembre, s'est déroulée dans la Basilique Notre-
Dame-Auxiliatrice la cérémonie de départ des missionnaires partant
pour l'Amérique Latine. Le Recteur Majeur et les membres du conseil
ont concélébré la sainte messe avec les missionnaires prêrres. Après
la lecture de l'évangile eut lieu la remise solennelle des crucifix.
Ce départ, en cette année du centenaire de la Basilique, a été, comme
l'a rappelé notre Recteur Majeur, I'hommage le plus signiflcatif
de la Congrégation envers la Vierge Auxiliatrice en même temps
que la réponse de notre Famille aux appels répétés et angoissés du
Pape Paul vI en faveur de l'Amérique Latine à un moment crucial
de son histoire.
Tous les confrères destinés à l'Amérique Latine ont suivi un
cours de formation pastorale qui s'est déroulé à l'Institut International
san-Tarcisio de Rome. Au cours de cette session furent traités des

8.2 Page 72

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-72
grands thèmes comme celui de la mission dans la perspective doctri,
nale et pastofale de vatican II, ou celui de la sociologie religieuse.
Il y eut aussi des thèmes plus particuliets comme celui des relations
avec les protestants, le problème des paroisses, de la pastorale fa-
miliale, de la pastorale des jeunes, le problème de la présence chré-
tienne dans |e monde ouvrier et urbain dans le contexte proprement
sud-américain. On a aussi évoqué la situation de la Congrégation
Salésienne en Amérique Latine et les grandes lignes d'action pastorale
édictées par l'épiscopat.
A juste titre de reconnaissance nous indiquons les Provinces
d'origine de ces missionnaires: Province Centrale (10), Espagne-
Zarnora (8), Madrid (5), Novare et Venise (4), Pouilles, Campanie
et Calabre, Lombardie, Espagne-Valence (3), Province Subalpine,
Rome, Sicile, Grande Bretagne, Yougoslavie, Barcelone, Cordoue,
Sévilie, Etats-Unis San Francisco (2), Autriche, Australie, Belgique
Sud et Nord, Tchécoslovaquie, Lyon, Ligurie, EspagneÆilbao,
Etats-Unis New Jersey (1).
Les missionnaires ont été répartis dans les divers pays de l'Amé-
rique Latine en donnant la priorité aux zones qui avaient immédia.
tement besoin d'un ministère sacerdotal.
En plus des confrères destinés à l'Amérique Latine, la cérémonie
de départ comprenait également d'autres confrètes, prêtres et abbés,
destinés au Moyen Orient (3) et à l'Afrique Centrale (3).
Pour conclure la revue des actiütés de ces derniers mois nous
voulons souligner le gtand afilux de pélerins qu'a connu la Basilique
en cette année de son centenaire. Nombre d'entre eux étaient des
jeunes, des coopérateurs et des confrères des divers pays de l'Europe'
Nombreux étaient aussi les représentants de nos paroisses salésiennes
et non-salésiennes.
Le centenaire; multipliant la présence des fidèles au Sanctuaire
de Notre.Dame.Auxiliatrice, aura certainement contribué à ranimer
en beaucoup d'âmes l'amour et la dévotion envers la Vierge Marie
pendant que notre Congrégation aura éprouvé aux pieds de l'Auxi-
liatrice son centre spirituel et sa force animarrice.

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V. DOCUMENTS
1. Aimer l'Eglise: le devoir de l'heure présente
Discows prorwncé par le Saint-Père, le 1968 septembre
Chers Fils et Filles,
Nous disions à nos visiteurs au cours de la dernière audience:
construisez l'Eglise! Maintenant nous reprenons ce thème avec vous
en vous disant: aimez l'Église!
Nous nous référons encore à l'esprit du Concile, esprit que nous
voudrions pur et ardent pendant ces années otr nous devons méditer
et appliquer les nombreux et grands enseignements que le Concile
nous a laissés. D'aucuns pensent que le Concile est déjà dépassé;
et, n'en gardant que le souftle réformateur, sans tenir compte de ce
que ces assises solennelles de l'É,glise ont établi, ils voudraient les
dépasser, prévoyant non'pas des réformes mais des révolutions qu'ils
croient pouvoir autoriser eux-mêmes, et qu'ils jugent d'autant plus
géniales qu'elles sont peu frdèles et cohérentes avec la Tradition,
c'est-à-dire avec la vie de l'Église, et d'autant plus inspirées qu'elles
sont moins conformes à l'autorité et à la discipline de l'Eglise elle-
même, et encore d'autant plus plausibles qu'elles se différencient
moins de la mentalité et des moeurs du siècle.
Un esprit de critique corrosive est devenu à la mode dans quelques
secteurs de la vie catholique: il y a par exemple des revues et des
journaux qui semblent n'avoir d'autte rôle que de rapporter des
nouvelles désagréables quant aux faits et arrK personnes du milieu
ecclésiastique; ce n'est pas rare qu'ils les présentent d'une manière
unilatérale et peut-être même en les altérant et les dramatisant un
peu, pour les rendre plus intéressants et piquants, et habituent ainsi
leurs lecteurs iron pas à un jugement objectif et serein, mais à un
soupçon négatif, à une défiance systématique, et à une mésestime

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-74-
préconçue envers des personnes, des institutions, des activités ecclé-
siastiques; ils portent donc leurs lecteurs et leurs fidèles à un affran-
chissement du respect et de la solidarité, que tout bon catholique,
et même tout lecteur honnête, devrait avoir envers la communauté
et l'autorité ecclésiales. Ce n'est pas la rapidité de f information
exacte et complète, ce n'est pas le désir de correction fraternelle
orf elle est méritée, mais bien le goût du sensationnel et la satisfaction
de la dénonciation ou de la contestation, qui guident certains publl
cistes, semant ainsi f inquiétude et f indocilité dans l'esprit de tant
de bons catholiques, y compris de quelques prêtres et de nombreux
jeunes pleins de ferveur. Ainsi naît une étrange mentalité, qu'un
Professeur universitaire protestant renommé, au cours d'une conver.
sation privée, qualifiait de peur; une peur curieuse de certains catholi-
ques d'être en retard sur le mouvement des idées, qui les fait volontiers
s'aligner avec l'esprit du monde, adopter favorablement les idées
les plus nouvelles et les plus opposées à la tradition catholique
actuelle; chose qui n'est pas, disait-il, à mon avis, conforme à l'esprit
de l'livangile.
Et que dirons-nous de certains récents épisodes d'occupation
d'Église Cathédrales, d'approbation de frlms inadmissibles, de pro-
testations collectives et concertées contre notre récente encyclique,
de propagande de la violence politique pour des buts sociaux, de
conformisme et de manifestations anarchiques de contestation globale,
d'actes d'intercommunion contraires à la juste lignè oecuménique?
est la cohérence et la dignité propres aux vrais chrétiens ? Où
est le sens de responsabilité envers sa propre profession catholique
et celle des autres? est l'amour de l'Église?
L'amour de l'Églisel Nous voulons encore supposer qu'il n'est
pas encore éteint chez ceux qui se disent catholiques et qui en appel-
lent au Christ; si vraiment ils l'aiment et s'ils veulent r.raiment vivre
de son Évangile, la rencontre dans la charité, et donc dans l'Ég[ise,
qui animée pat l'Esprit-Saint naît justement de f intercommunion
de ceux qui vivent de la charité, devrait toujours être en vigueur,
et comme spontanément, devrait être manifeste, évidente, une évi-
dence joyeuse, qui souvent nous manque. Nous désirons d'autant

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-75-
plus cet amour ecclésial que nous regrettons de constater que beau-
coup de ces catholiques inquiets sont partis d'une gpande voca.
tion à I'apostolat, c'est-à-dire au service et pour l'expansion de 1'É,glise,
et qu'à cause de cet esprit avide de critique négative et habituelle
dont nous parlions ils sont devenus pauwes et parfois vides d'amour
apostolique, jusqu'à devenir, dans certains cas, gênants et nuisibles à
l'Église de Dieu. Les paroles de Jésus nous viennent aux lèwes:
<< inimici hominis domestici eius )), l'homme aura pour ennemis ceux
de sa propre maison (cft. Mat. 10,36).
Mais maintenant c'est à vous que nous parlons, fils fidèles, et
en vous nous nous plaisons à voir ceux qui aiment l'É,glise d'un
coeur humble et franc, et dont le sentiment et l'oeuwe répondent
à notre invitation: aimez l'Église! L'heure est venue d'aimer l'Église
d'un coeur fort et nouveau.
La dificulté à surmonter est celle de notre myopie spirituelle,
qui arrête son regard à l'aspect humain, historique, visible de l'Église,
et ne voit pas le mystère de présence du Christ, qu'elle réclame et
cache à l'oeil profane non illuminé par la foi et par f intelligence
profonde de sa réalité mystique; ce regard extérieur voit l'Eglise
comme composée d'hommes imparfaits et d'institutions temporelles
et limitées, alors qu'il voudrait la voir aussitôt toute spirituelle, toute
parfaite, et même toute idéalisée, souvent d'après une image conçue
arbitrairement. L'aspect concret et terrestre de l'Église est un obstacle
à l'amour facile et superf.ciel; la réalité matérielle de l'É,glise, celle qui
apparaît dans le cadre de l'expérience commune, semble démentir
la beauté et la sainteté qu'elle contient par un charisme divin. Mais
c'est justement que se prouve l'amour. Si notre devoir est l'amour
du prochain, quelle que soit l'apparence sous laquelle il se présente
à nous et cet amour doit êrre d'autant plus grand que cetEe apparence
est triste et malheureuse, nous devons nous rappeler que l'Église
aussi représente notre prochain, et même elle est notre prochain
par excellence, car elle est composée de ces « frères dans la foi »
(Çal. 6,10), auxquels est due la préfèrence de notre amour actif;
si bien que les défauts et les malheurs des hommes d'Église devraient
rendre plus forte et plus empressée la charité de celui qui veut être

8.6 Page 76

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- t6-
membre vif, sain, et patient, de l'É.glise. C'est ce que font les bons
f,ls, les Saints.
Et nous pouvons dire plus: cette diftculté de devoir aimer l'Église
dans sa réalité humaine a aujoud'hui diminué. Aujourd'hui l'Église
a un aspect plus digne d'admiration que de reproche et de commiséra-
tion. Aujourd'hui dans toute l'Église on observe de magnifi.ques
efforts d'authenticité de renouveau, de vitalité chrétienne, de sainteté;
une sainteté moins habituelle et dépendant moins du milieu, si vous
voulez, qu'autrefois, mais plus personnelle et consciente, et aussi
plus communautaire et plus active. Aujourd'hui l'Église, après le
Concile, est tendue tout entière vers sa réforme intérieure; prière
et dogme s'éclairent réciproquement et donnent à la vie spirituelle
de l'Église le sens de vérité et de plénitude à son colloque avec Dieu,
une profondeur intime et creusée dans chaque âme et une expression
harmonique et chorale dans la célébration liturgique des mystères
sacramentels. Aujourdthui chaque Evêque, chaque Diocèse, chaque
Conférence épiscopale, chaque Famille religieuse est en phase de
réforme et d'intensifi.cation de sa vie catholique authentique. Aujour-
d'hui chaque ûdèle est appelé à la perfection, chaque laïc à l'action
apostolique, chaque groupe ecclésial à la responsabilité de l'activité
ecclésiale, chaque conscience et chaque communauté à l'expansion
missionnaire; et toute l'Église au sens.de sa propre unité et de sa
propre catholicité, tandis que la reprise, diftcile et ardente, des
contacts oecuméniques repofte les catholiques à leur propre réforme
et à une nouvelle capacité de dialogue avec les frères séparés; aujour-
d'hui l'Église est toute tournée vers ses sources pour se sentir vraie
et vivante, tout ouverte aux contacts respecteux et salutaires avec
le monde, et cherche à trouver dans la symbiose avec ce monde
sa propre fonction ministérielle de lumière et de sel pour un salut
universel; aujourd'hui la conscience de son pélerinage eschatologique
la rend pauvre, libre, audacieuse, .la ramène à sa mission primitive
de témoin de la résurrection du Christ et de source de cetle espérance
transcendante qui inculque sécurité et force à chaque espérance ter-
restre; aujourd'hui, tandis qu'elle se purifie de toute corruption
terrestre indue, elle prêche. et répand sur la terre une énérgie morale

8.7 Page 77

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-77 -
incomparable, une fraternité authentique et solidaire, une capacité
de conquête de toute vérité et de toute richesse de la création, une
joie de vivre dans l'ordre et la liberté, dans l'unité et la paix.
Aimer l'Église voilà, f,ls et frères, le devoir de l'heure présente.
L'aimer signifre l'estimer et être heureux de lui appartenir, cela signi-
fie être courageusement fidèle; cela signi6.e lui obéir et la servir,
l'aider avec un esprit de sacriflce et avec joie dans sa mission ardue;
cela signiûe savoir concilier l'appartenance à son contexte visible
et mystique avec l'amour honnête et généreux de toute réalité du
créé qui nous entoure et nous possède, la vie, la famille, la société,
la vérité, la justice, la liberté, la bonté.
Qu'il en soit ainsi, fils très chers, avec notre bénédiction apo-
srolique.
Nous adressons maintenant. Nos respecteuses salutations au
groupe d'Anciens Combattants et de jeunes militaires du 22ème
Régiment de l'Armée canadienne. Vous voilà de retour en ltalie,
vingt-cinq ans après la bataille d'Ortona, orf bon nombre d'entre
vous ont liwer courageusement Ie combat de libération, en vue
d'aider l'Europe à retrouver la paix. Vous rencontrez ici des visages
d'amis qui se souviennent avec reconnaissance de votre participation
et de vos sacrifi.ces. Et vous allez vous recueillir sur la tombe de vos
nombreaux compatriotes qui, en ce pays, ont payé de leur vie cette
existence libre que nous menons. Soyez assurés de Notre prière
à leur intention; et de Nos voeux les meilleurs pour vos personnes
et vos familles, pour votre noble Pays et la grande cause de la paix
que vous devez seryir. De tout coeur, Nous vous bénissons.
Trad. Osserv. Rom. 27-9-68
2. L'obéissance à l'Eglise, vertu et devoir de tous les fidéles
Allocution pronuncée par le Saint-Père all coL{rs de l'audienre du
L6 octobre 1968.
Chers Fils et Filles,
La réflexion sur le Concile, à laquelle nous consacrons rlos cor-
versations familières chaque semaine, rencontre un thème difficile,

8.8 Page 78

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-78-
ou, pour mieux dire, peu populaire, celui de l'obéissance à l'Église,
C'est un thème compromis en premier lieu par le vent de liberté
qui soufle sur toute la mentalité moderne, contraire aux limitations
et aux contraintes de la spontanéité et de l'autonomie de la personne
humaine, contraire aussi à l'autonomie des groupes associés par
rapport à une autorité extérieure. Ce thème est compromis en second
Iieu par I'apologie de la liberté, dans ses divers aspects de liberté
personnelle, comme une exigence de la dignité humaine (cft. Qaulium
et Spes, n. 17), de liberté des fils de Dieu (cfr. Eccl. L5,L4-15) proclamée
dans l'Évangile (cfr. Çaudium et Spes, n. 41), de liberté de conversion
(cft. Ad Çentes, n. 13), de liberté de l'Église (cfr. Dign. humanae, n.
13), de liberté dans l'Église (cfr. Lumen Çentium, n. 37 etc.), de li-
berté religieuse dans le domaine des règlements de I'Etat (cfr. Dign.
humanae), de liberté de la recherche scienti6.que, de liberté d'informa-
tion, de liberté d'association, etc. (cft. Çau.dium et Spes); apologie
que nous trouvons dans tous les documents conciliaires. Comment
peut-on parler d'obéissance après toutes ces afÊrmations, si confor-
mes à l'esprit humain, à la maturité de la psychologie contemporaine,
au développement de la société civile, à l'intolérance vis-à-vis de
la discipline des nouvelles générations ?
Même le terme d'« obéissance »» n'est plus accepté dans le langage
moderne, même où, par la force des choses, en subsiste la réalité:
dans la pédagogie, dans la législation, dans les rapports hiérarchiques,
dans les règlements militaires et ainsi de suite. Les mots de person-
nalité, conscience, autonomie, responsabilité, conformité au bien
commun... prennent le dessus; et, comme on le sait, il ne s'agit
pas seulement d'un changement de paroles présenté ici par notre
société, mais d'un changement profond d'idées, et maintenant, à
travers les événements petits et gmnds que chacun sait.
l-es ügations de l'ancienne .Jertu ciuique et clvétierute
L'obéissance comporte un double élément extérieur à chaque
individu ou à chaque groupe: écouter une autre voix que la sienne
et agir en conformité à cette voix, qui exprime un commandement,

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-79-
qui atteste une autorité, qui plie le sujet à un mode de pensée et
d'action dont il n'est pas l'auteur et dont il ne voit pas souvent le
pourquoi. L'évaluation excessive des critères subjectif ne parvient
plus à faire comprendre pourquoi un autre critère extrinsèque, I'au-
torité, a Ie droit d'intervenir dans l'expression spontanée et naturelle
d'un être ou d'un groupe humain. Des philosophes d'hier sont
encore des maîtres pour ceu( d'aujourd'hui, lesquels ne reculent
pas devant les conséquences extrêmes de la contestation, de la ré.
bellion, et même de l'anarchie et du nihilisme. On en a vu quelques
violentes applications ces derniers temps. Et comme si cela ne sufË.-
sait pas à discréditer l'obéissance auprès des générations nouvelles,
à les pousser à la négation, plus ou moins radicale de cette ancienne
vertu civile et chrétienne, les affi.rmations exagérées et intolérables
se multiplient; celles de l'oppression totalitaire, imposées par un
système de force et de légalisme policier très évolué, et celles de
f imposition publicitaire, introduite par les formidables moyens de
communication << de masse » comme on dit, accueillie insensible-
ment et simultanément par des millions de clients dociles, acceptant
ce qu'ils lisent, ce qu'ils écoutent, ce qu'ils entendent, ce qu'ils
voient. L'homme moderne doit-il obéir ainsi? Cette invasion devoix,
d'idées, d'exemples, de modes, de pressions simultanées n'est-elle
pas une servitude, une obéissance, inconsciente et admise, si vous
voulez, qui diminue et avilit l'autonomie de la personnalité?
Nature et cornpétence du magistère ecclésiastique
Et si du domaine profane nous passons au religieux, et préci-
sément à celui de notre vie catholique, n'es?elle pas elle aussi do-
minée par un dogmatisme qui étouffe la liberté de pensée et de cons-
cience? Que de choses il y aurait à dire à ce propos, surtout en raison
des répercussions récentes suscitées par certains actes du magistère
ecclésiastique: quelle est sa compétence? quelle est son autorité?
quelle est sa stabilité?
Nous ne parlerons pas de ce thème très vaste qui exige, pour

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-80-
ne pas être déformé, une analyse pesée et adéquate, que nous ne
voyons pas possible pour le moment.
Ce que voudrions maintenant, flls très chers, qui en assistant à
cette rencontre et en écoutant ces humbles paroles exercez déjà
la vertu chtétierure de l'obéissance, laisser en vous une vision plus
juste de cette verhr. Nous aurions tant de choses à dire sur le primat
relatif de l'obéissance (cfr. S. Th. lI-[, 104,3): n'est-elle pas en liaison
étroite avec l'ordre particulier et universel, avec l'équilibre et l'harmo-
nie de n'importe quelle société, avec le bien commun, avec le dépas-
sement des faiblesses et inexactitudes individuelles et avec la réalisa-
tion de bons résultats collectifs et sociaux? finirait la loi, l'autorité,
la communauté, s'il n'y avait pas le culte de l'obéissance? Et dans
le domaine ecclésiaI, qu'en serait-il de l'unité de foi et de charité
si un accord des volontés, garanti par un pouvoir autorisé, lui-même
obéissant au vouloir supérieur de Dieu, ne proposait pas et n'exigeait
pas l'unité de pensée et d'action? Et tout le dessein de notre salut
ne dépend-il pas d'un exercice libre et responsable de l'obéissance?
Qu'est le péché, sinon une désobéissance au commandement divin,
qu'est notre salut sinon une adhésion humble et joyeuse au plan
miséricordieux, que le Christ a instauré pour celui qui lui obéit
comme disciple, comme fidèle, comme témoin? N'y a-t-il pas moyen
de voir sous le signe de I'obéissance notre profession chrétienne,
notre insertion dans l'Église, notre intégration, sanctifrante et béati-
É.ante, dans la volonté de Dieu?
Le. << fiat »> de notre prière quotidienne
Le « fi.at » que nous disons à tout moment dans notre prière:
« que ta volonté se fasse » n'est-il pas l'acte plus habituel et plus
complet de notre obéissance au suprême et intime commandement
divin? Et ne serait-il pas facile de déterminer l'heureux rapport qui
existe entre la véritable obéissance et la liberté, la conscience, la
responsabilité, la personnalité, la maturité, la force morale, et toutes
les auüres prérogatives de la dignité humaine, cornme aussi notre
position honorable, et fonctionnelle dans la communauté de l'É'glise,

9 Pages 81-90

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9.1 Page 81

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-81 -
si nous avions assez de patience pour revoir les titres légitimes, les
exigences et les limites de l'obéissance, que l'É,criture Sainte et
l'authentique doctrine de l'Eglise nous décrivent? Et comment
pourrions-nous parler encore de paix sans faire appel au principe
qui produit, au dehors et au dedans de nous, cet ordre qui justement
engendre et assure la paix, l'obéissance? Oboedentia et pox, obéissance
et paix: formule chère au Card. Baronus, et ensuite au Pape Jean
XX[I, auteur de l'Encyclique « Pacem in tenis » (cfr. Prov. 21,28).
Oui, nous aurions tant de choses à dire sur ce sujet. Et on a écrit
beaucoup là.dessus ces dernières années.
<< Darrs la réqJéLation.de Jésus-Cltrist com7ortez-ctous comnLe des fils obéis-
s4nfs »
Mais maintenant nous parterons d'une seule chose: du mystère
de l'obéissance dans le Christ notre Seigneur (cfr. Adam, le Christ
note Frère, II); mystère rayonnant de tout l'É,vangile, mystère qui Le
définit comme Notre Sauveur (cfr. Matth. 11,25; lio. 6,37; Matth.
26,39; Rom. 5,19; Phil. 2,8 etc.) et mystère auquel nous participons,
de manière que « de cet aspect fondamental de l'obéissance non
seulement au Christ, mais communiquée du Christ à nous, jaillit
le sens chrétien de l'obéissance » (Lochet).
Nous pourrions continuer, et jouir de la découverte de l'équiva-
lence que l'obéissance acquiert à ce niveau avec l'amour. Tout serait
à dire du style nouveau, dans une substance identique, que l'obéis-
sance acquiert dans l'Église à la suite des enseignements du Concile:
nous y avons fait nous-même allusion dans notre première encyclique
<< Ecclesiam suam » (A.A.S. 1964, p.657). Concluons cette doctrine,
cette pédagogie nouvelle, cette pratique neuve de l'obéissance, par
le rappel de l'exhortation, que l'Apôtre Pierre, près du tombeau
de qui nous vous parlons maintenant, faisait aus premiers chrétiens:
<< Dans la révélation de Jésus-Christ (comportez-vous) comme des
fils obéissants » ( Pet. I,13-14; Heb. 13,17).
Cela a été dit pour votre dignité de chrétien, pour votre fidélité,
votre bonheur, avec notre Bénédiction Apostolique.
Tral. Osseru. Rom., 25-L0-L968

9.2 Page 82

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-82
3. La loi de la priere de l'Eglise doit concorder avec la foi,
la tradition et la loi canonique
Exnait de L'allocution du SainuPère au <<Consilium>> de liungie,
Le 14 octobre 1968.
Et comme lalex orandi (oi de la prière) doit parfaitement concorder
avec la Lex credendi (loi de la foi), de même qu'elle doit manifester
et afermir la foi du peuple chrétien, les nouvelles formules de prière
que vous devez préparer ne pourront être dignes de Dieu que si elles
reflètent fldèlement la doctrine catholique. Et on comprend facile-
ment quelle majesté, quelle simplicité, quelle beauté_ elles doivent
revêtir, et combien elles doivent être capables d'émouvoir les"esprits
et d'inciter à la piété pour qu'elles puissent pleinement répondre
à la nature et au caractère du culte liturgique (cfr. R. Guardini,
Lo spirito della liturgia. Morcelliana, p. 4344).
Par ailleurs, on ne d.oit pas penser que le renouveau liturgique
consiste à rejeter le patrimoine sacré du passé et à admeütre à la
légère n'importe quelle nouveauté. Vous savez bien ce qu'avaient
en vue les Pères du Concile lorsqu'ils ont promulgué la Constitution
sur la liturgie: les innovations doivent s'harmoniser avec la saine
tradition, de telle sorte que << les formes nouvelles sortent des formes
déjà existantes par un développement en quelque sorte organique »
(n. 23). C'est pourquoi on peut dire qu'une réforme est sage lorsqu'el-
le est capable d'harmoniser le nouveau avec l'ancien.
Ce que Nous avons dit fait apparaître clairement combien il
est important, pour assurer une bonne réforme, aujourd'hui parti.
culièrement, que chacun voie bien le caractère ecclésial et hiérarchique
de la liturgie sacrée. Ce qui veut dire que les rites et les formules
liturgiques de prière ne doivent pas être considérés comme quelque
chose de privé, qui est l'afaire Ce tout un chacun, de telle patoisse,
de tel diocèse on de telle nation. En réalité, ces formules et ces rites
sont l'affaire de l'Église universelle dont ils expriment la prière
vivante. C'est pourquoi personne n'a le droit de changer ces formules,
d'en introduire de nouvelles, de leur en substituer d'autres. Cela

9.3 Page 83

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83
est exclu en raison de la dignité même de la liturgie par laquelle
l'homme s'entretient avec Dieu: cela est exclu également en raison
du bien des âmes et de I'efficacité de l'action pastorale qui serait
alors compromise. A ce propos, il est bon de se rappeler ce principe
de la Constitution sur la liturgie: « Le gouvernement de la liturgie
dépend uniquemenr de I'autorité de l'Eglise >> (n. ZZ, 1; cfr. n. 33).
En vous parlant de ces principes qui doivent guider votre activité,
Nous ne pouvons pas passer sous silence certaines façons d'agir
que l'on constate dans différentes parties de l'Église et qui sont pour
Nous un grand motif de préoccupation et de soufrance.
Nous voulons. parler en premier lieu d'un état d'esprit existant
chez beaucoup: on supporte mal tout ce qui vient de l'autorité de
l'Église, tout ce qui est prescrit par une loi. C'est ainsi que, dans le
domaine de la liturgie, i1 arrive parfois que, de leur propre chef,
les Conférences épiscopales elles-mêmes vont plus loin qu'il ne faut.
I1 arrive souvent aussi que l'on fasse des expériences arbitraires et
que l'on introduise des rites qui sont en opposition flagrante avec
les règles données par l'É,glise. Il n'est personne qui ne voit que
cefte façon d'agir non seulement blesse gravement la conscience des
fidèles, mais nuit à Ia bonne mise en oeuvre du renouveau liturgique,
qui demande que chacun fasse preuve de prudence, de vigilance,
et surtout de discipline.
Mais ce qui Nous inquiète encore beaucoup plus, c'est le compor-
tement de ceux qui s'efforcent de vider le culte liturgique de son
caractère sacré, et qui en viennent à cette fallacieuse idée qu'on
ne doit pas utilisâr les choses et les objets sacrés, mais les remplacer
par des objets destinés à un usage commun et profane. La témérité
de certains va même si loin qu'elle n'épargne même pas les lieux
de culte. Il faut bien reconnaître que ces opinions sont contraires
non seulement au caractère authentique de la liturgie, mais aussi
à la vraie notion de la religion catholique. (Cfr. L. Bouyer, IaVie
de la liturgie, Ed. du Cerf.,l-ex oranài, p. 3Z+).
De même, dans la simplifrcation des rites, des formules, des actes
liturgiques, on se gardera d'aller plus loin qu'il ne faut et de sous-

9.4 Page 84

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-84-
estimer la grande importance qui doit être accordée aux « signes »>
liturgiques. Sinon, on serait sur la pente glissante qui conduirait
à faire perdre à la liturgie sa force et son eftcacité. En réalité, autre
chose est de dépouiller les rites sacrés de tout ce qui, aujourd'hui,
apparait comme trop redondant, désuet ou inutile; et autre chose
est de dépouiller la liturgie des signes et de Ia parule qui, s'ils restent
dans de justes limites, sont très nécessaires au peuple chrétien pour
qu'il puisse bien saisir les réalités et les vérités mystérieuses cachées
sous le voile des rites extérieurs.
Si vous observez tout cela, chers fils, grande et noble sera votre
tâche: faire en sorte que la liturgie appataisse aux hômmes dans toute
sa waie splendeur et manifeste son efËcacité pour promouvoir la
üe spirituelle de la société. Mais cela n'est pas tout. Vous devez
aussi veiller à ce que, avec le temps, ne vienne pas à retomber le
salutaire intérêt que le Peuple de Dieu porte aujourd'hui au renouveau
liturgique.
I[ est évident qu'en ce domaine il faut procéder graduellement,
parce que le travail que vous avez entrepris requiert que l'on tienne
compte de la juste préparation des fidèles. C'est pourquoi les nouveau
rites doivent être proposés de la manière et au moment qui semblent
les plus opportuns pour qu'ils les accueillent et les comprennent plus
facilement.
Permettez enfrn que Nous vous parlions d'une question que
Nous recommandons vivement à votre attention: veillez soigneuse-
ment à ce que vos travaux ne s'écartent pas trop des usages de la
tradition romaine, d'otr la liturgie latine tire son origine, son dévelop-
pement et sa splendeur.
Si Nous vous faisons cette recommandation, ce n'est pas du tout
pour des raisons historiques ou locales, ni parce que Nous voulons
accroître Notre autotité, mais bien à cause de l'estime et de la consi-
dération que l'on doit avoir pour les doctrines théologiques et la
Constitution même de l'É,glise, qui a dans ceme Ville le centre de
son unité et le sommet de son catholicisme.

9.5 Page 85

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-85-
Sur ce sujet, plutôt que Notre pensée, Nous ferons entendre
celle de deux hommes qui sont considérés comme d'éminents litur-
gistes.
D'abord Ie P. Gabriel Braso, bénédictin, qui écrit: « Celui qui
ne se sent pas romain peut diftcilement être bien imprégné du souffle
et de l'esprit de la liturgie. La romanité garantit la pleine authenticité
de l'esprit liturgique. Les déüations dans le domaine et les fins de
la liturgie, tout comme celles qui se produisent dans le domaine de
la pensée et de Ia vie chrétienne, ont leur origine première dans le
manque de romanité. Un patriotisme exagéré et étroit porte à consi-
dérer Rortre comme une rivale, à trouver ses directives incompréhen-
sibles et à voir dans ses lois la manifestation d'une volonté immodé-
rée de domination.
« I-a romanité est le fondement de notre catholicité » (Gabriel M.
Braso, Liturgia e spiritualità. Ed. liturgiche, p. 307-308).
L'autre témoignage que Nous voulons vous faire entendre est
celui de E. Bishop, un liturgiste réputé, qui écrit dans son ouwage
sur le génie du rite romain: << La manière romaine n'en a pas moins
ses vertus propres, vertus d'autant plus indispensables et appré-
ciables qu'à diverses reprises l'histoire religieuse de l'Europe permet
de constater le fâcheux efet de leur méconnaissance »> (Iæ Çénie
du rit romain par Ed. Bishop, Librairie de l'art catholique, p. 66.67).
C'est pourquoi, chers fils, que Rome ne vous inspire ni dé6.ance
ni crainte. Bien au contraire, elle accueillera volontiers vos travaux,
elle les estimera à leur juste valeur, elle les rendra impérissables et
vraiment catholiques, non pour sa gloire, mais pour celle de l'Église
et du Christ rédempteur.
Telles sont les directives que Notre charge apostolique Nous
a incité à vous donner. Que pour les mettre en oeuvre avec promp-
titude et droiture Dieu vous donne en abondance sa grâce, en gage
de laquelle Nous donnons à chacun de vous Notre Bénédiction
apostolique.
Trad. Doc. Cath.

9.6 Page 86

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-86-
4. Paroles du Saint-Père aux missiottt'aires salésiens partant
pour l'Àmérique Latine
Au cours de l'au.dience géürale du lB sepæmbre, le Saint-Pere, s'ad.iev
sant aux différents grou\\es, s'est toumi uers nos missionna.ires Po,rttnt
pour l'Amérique. I-atine et leur a aÀ.ressé Les souhaits suivants:
« Notre paternel et affectueux salut s'adresse à présent au groupe
des prêtres salésiens, sur le point de parlir pour les missions de
l'Amérique Latine.
Soyez les bienvenus, fils bien-aimés! Votre visite réveille en notre
esprit l'écho très suave des journées inoubliables que nous avons
vécues, il y a peu de temps, durant notre voyage au Congrès Euchari-
stique International de Bogota. Vous Nous apportez aussi la preuve
de votre généreux engagement envers ce grand continent que vous
vous proposez de rejoindre avec une intention généreuse, sans écouter
la voix de la chair et du sang, mais seüement celle du Seigneur qui
vous appelle, et celle des âmes qui réclameàt votre aide.
Comme Salésiens, vous vous verrez confier un héritage très
précieux, celui que vous laissent vos prédécesseurs, lesquels ont
su créer en ces régions un patrimoine incomparable d'oeuwes,
d'activités, d'expériences, dont les fils de Don Bosco peuvent légiti-
mement être frers.
Aujourd'hui vous êtes appelés à faire fructiûer cette oeuvre,
bien qu'au milieu de terribles dificultés que l'Église rencontre en ce
continent. Que la grâce du Seigneur vous accorrtpagne dans ce sublime
devoir, plein de fatigues ardues, mais aussi plein de saintes conso-
lations. A cette intention Nous prierons pour vous et en gage de
l'aide céleste Nous vous donnons la Bénédiction Apostolique.
5. Lettre adressée au Recteur Majeur par les missionnaires
partant pour I'Amérique Latine
Au Réuérend Père L. Ricceri et aux Membres du Conseil Su\\érieur.
Bien chers Pères,
Au moment otr nous nous préparons à quitter notre pays pour
aller viwe l'évangile au milieu des divers pays de l'Amérique Latine,

9.7 Page 87

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_87_
nous sommes heureux d'exprimer notre joie d'avoir vécu ensemble
à Rome, dans la recherche et la prière, les prémices de notre vie
apostolique.
Tout en vous remerciant de l'attention que vous avez manifestée
à notre égard dans le passé, nous éprouvons le besoin de vous deman-
der maintenant, de manière spéciale, toute votre amitié, sur laquelle
nous voudrions nous appuyer dans le futur.
Nous avons constaté la grande utilité du Cours de préparafion.
C'est avec joie que nous y avons pris part. Nous pensons que, dans
l'avenir, des cours semblables pourraient être organisés, de manière
régulière et de façon plus complète.
A peu de jours du Congrès Eucharistique de Bogota, ori la passage
du Saint-Père a ravivé en tous la préoccupation pour ces immenses
populations qui attendent le pain du corps et celui de l'âme, nous
nous sentons petits en face du devoir qui nous attehd.
Bien que nous soyons sûrs de trouver Ià-bas d'autres confrères, qui
depuis des longues années se dévouent sans réserve à la consfruction
de l'liglise, nous ne pensons pas que notre départ soit une rupture
pure et simple avec les communautés de confrères et de chrétiens,
jeunes de nos collèges, jeunes et adultes de nos paroisses et de nos
oratoires... dont nous provenons.
Notre départ, pêDSoîs-flous, n'est pas un fait putement individuel.
Il ne doit pas l'être! Ce sont les Salésiens de la maison, de la province,
de toute la Congrégation qui s'identifient à nous, heureux de ce geste
accompli en faveur de l'Église universelle, au service d'une des zones
de plus grande urgence pastorale, l'Amérique Latine.
Ce sera pour nous la plus grande consolation, ar,r milieu des
difficultés que nous rencontrerons, de nous sentir unis aux provinces
d'origine, aux frères lointains qui nous comprennent et nous soutien-
nent de leur prière, de leur sympathie, de leurs moyens disponibles,
de leur vie chrétienne vécue en tension missionnaire.
D'ailleurs, le devoir que nous avons de construire ensemble
l'Église sera objectivement le lien le plus fort entre nous et ceux qui
restent, dans le Christ qui toujours agit dans le monde entier.
Rome, Ie 18 septembre 1968.
Istituto Internazionale Salesiano San Tarcisio
(suivent les signatures)

9.8 Page 88

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VI. SALESIENS DÉFUNTS
lx Père Théodore Andreas
t * 9,9.1901, 8.1.1968 à Cheptet'North Atcot (Inde), à 66 ans, après 39 années
de üe rel. et 31 de sacerd.
Il quitta l'Allemagne aussitôt aplès son ordination sacerdotale
pour se lendre en Inde. Là il exerça la charge de curé, interrompue
seulement par quatre années de captivité. Sa prédilection pour les
pauvTes et les jeunes se traduisit par une intense activité sacerdotale
et de nombleuses consfructions en faveur des déshérités et des 1é-
preux.
Le Père Carlo BaruffaLdi
t " 2?.2.1878, 31.8.1968 à Montevideo (Uruguay), à 89 ans, après 69 années de üe
rel. et 63 de sacerd.
ll avait 1? ans quand il partit pour l'Amérique. Il déploya son
zèle en Uruguay et au Paraguay et fi,nalement, à plus de 70 ans, en
Terre de Feu ori il fonda la plus australe des écoles agricoles. Au milieu
des pires dificultés, dont la cécité, il fit toujours preuve de sérénité
et de délicatesse envers tous ceux qui l'entouraient.
Coaà. Eqlvem Bertan
t n 14.1.1923, 29.6.1968 à Saint-DominCue (Rép. Dominicaine), à 45 ans, après
28 années de vie rel.
Soit comme maître de chorale et chef de musique, soit comme
directeur d'une école paroissiale dans un faubourg populaire de
Saint-Domingue, ce confrère sut gagner le coeur de tous par le té-
moignage de sa vie, religieuse, sa générosité et son ardeur au travail.

9.9 Page 89

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-89-
Le Père Çiov. Battista Biglino
t " 9,12,1899, 24.8.1968 à Turin, à 68 ans, après 48 années de vie rel. et 40 de sacerd.
Sa ûdélité à Don Bosco se traduisit en particulier par ses dons
et son ardeur d'éducateur au milieu des jeunes des collèges Saint-
Jean-Evangéliste et Richélmy de Turin. Le repos forcé auquel le
contraignirent de graves troubles cardiaques durant la dernière
année de sa vie, laissa transparaître avec plus d'évidence son esprit
de patience et d'humble soumission à la volonté de Dieu.
I L* e10P.1è1r.e18M88,arti2n7,B1.o1g9u6r8ckài New Rochelle 0JSA), après 56 années de üe rel. et
49 de sacerd.
II déploya son ministère sacerdotal surtout dans la maison de
Ramsey. Là, comme ailleurs, sa grande humilté attirèrent autour de lui
de nombreuses sympathies. Humblement il se réjouissait déjà de
célébrer son jubilée d'or sacerdotal.
l-e Père loseph Capote
t * 7.12.1884, l?..6.1968 à Rota (Espagne), à l'age de 83 ans, après 4l de vie rel.
et 33 de sacerd.
De son vivant encore, le conseil municipal de Rota donna le
nom de ce confrère à une rue de la ville, en signe d'estime et de
reconnaissance pour le dévouement dont il avait fait preuve en faveur
des jeunes du milieu populaire.
Le Père loseph Paul CasagranLe
t * 5.11,1897, 28.8.1968, à San Isidro (Argentine), à 70 ans, après 53 années devie
tel. et 46 de sacerd.
Ses élèves apprécièrent en lui sa compétence de professeur tout
autant que ses qualités de coeur. En dehors du collège, nombreux
furent ceux qui profi.tèrent de son zèle sacerdotal et de ses talents
d'écrivain: il laisse une vingtaine de pièces de théatre de jeunes.

9.10 Page 90

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-90-
Le Père Beniamino Chinnici
" 10.2.1909, t 30.9.1968 à Catania (Italie), à 59 ans, après 43 annéesdeviereligieuse
et 34 de sacerd.
Sa piété solide, son habituelle sérénité, sa conscience dans le
tvraalvuaeils-timedoent'bt ipernèvseidllaen3c0e
ans de tâches administratives ---.. lui
de la part des confrères, des parents
ont
des
élèves et de tous ceux qui eurent la chance de le rencontrer.
Le Père Martin Dokulowiec
t * 2.10.1908, 23.5.1968 à Szczecin-W'ielgowo @ologne), à 59 ans, après39années
de vie rel. et 29 de sacerd,
Prêtre de grand coeur, ami de tous et d'une particulière délicatesse:
il fit proflter de ses dons tous ceux qui le rencontrèrent dans sa charge
d'aumônier d'hôpital et de curé.
Le Père loseph Dryzalowski
t * 14.3.1908, 27.9.1968 à Londres, à 60 ans, après 40 années de vie rel. et 30 de sac.
Le Père Mario Forgione
" 30.7.1902, I26.7.1968 à Campinas (Brésil), à 66 ans, après 47 années de vie rel.
et 39 de sacerdoce.
Un oedème alrx poumons a brusquement interrompu le cours
d'une existence entièrement vouée aux jeunes. Ses élèves admi-
rèrent en lui sa présence vivante d'enseignant et sa bonté discrète
et compréhensive de prêtre.
Le sous-diarre Francisco Franco
t * 7.5.1940, 23.6.1968 à Candelario (Espagne), à 28 ans, après l0 ans de vie rel.
Il donna sa vie en tentant de sauver un garçon qui allait se noyer.
Sa préparation ardente et limpide au sacerdoce incluait consciemment
le sacrifice: cinq jours avant l'accident, il notait dans son carnet
que la mort le rencontrerait sur 1e chemin du sang.

10 Pages 91-100

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10.1 Page 91

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-91 -
I-e Père Pieno Çalizzi
* 19,4.1887, 1 8.7. 1968 à Bétléhem, à 81 ans, après 58 années de üe rel et 4T de sac.
Avec lui disparaît un des vétérans de la Province du Moyen
Orient: il y travaillait depuis 1916. Prêtre zé1é, travailleur infatigable,
il fut aussi dans sa communauté un élément d'union et de sérénité.
Ses confrères trouvaient en lui un exemple vivant d'oubli de soi,
de douceur et de compréhension.
Père Çeorges Heeb
t * 6.5.1882, 13.9.1968 à Bensheim (Allemagne), à 86 ans, après 68 années de vie
rel. et 60 de sacerd.
Il flt partie de cette première génération de confrères formés
en Italie. Revenus dans leur pays d'origine, ils furent les fondements
des Provinces qui allèrent surgir au Nord des Alpes. Au milieu de
ses diverses activités il sut toujours réserver une place de choix au
ministère de la confession.
Le Père Sigismonl ledrzejak
I * 9.10.1911, 7.7,1968 à Dobre Miastro (Pologne), à 56 ans, après 33 années de
vie rel. et 20 de sacerd.
D'abord comme enseignant, puis comme curé, il sut s'attirer,
par ses manières cordiales et franches, la sympathie de tous, spé-
cialement des jeunes.
Le Père Yÿes Albert Junl<es
* 10.7.L924, t 13.6.1968 à Porto Alege @résiI), à {3 ans, après 23 années de vie
rel. et 15 de sacerd.
La maladie qui s'abattit sur lui ne tarda pas à avoir raison d'un
homme incapable de mesurer son dévouement. I1 mourut sur la
brèche, en digne flls de Don Bosco.

10.2 Page 92

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92
Le Père Oswald Krause
* 31.7.1904, I9.7.1968 à Rudesheim (Allemagne). à 64 ans, après 45 annéesdevie
rel. et 37 de sacerd.
Nommé aumônier des lycéens à Bamberg, il ne tarda pas à se
voir confier par l'évêque du lieu l'ensemble des mouvements de
jeunes de la ville. Durant la guerre et dans l'immédiat après-guerre
il s'occupa spécialement des réfugiés. Son intense zèle sacerdotal
fut ensuite à l'origine de Ia construction d'une église dédiée au Christ
Roi et d'une chapelle dédiée à Notre-Dame-Auxiliatrice, sanctuaire
qui devint un centre de dévotion mariale, même pour les protestants.
Coa.d. Benito In SPada
* 16.6.1941, f 21.8.1968 à Palerme (Italie), à 27 ans, après 8 années de vie religieuse.
C'était un confrère hautement doué, un religier-rx généreux et
appliqué dans son travail de typographie. Il mourut accidentellement
au cors d'une baignade.
Le Père Mario Maesni
t * 23.8.1915, 23.8.1968 à Rome, à 53 ans, après 34 années de vie rel' et 22 de sac.
Le jour de son ordination il avait demandé au Seigneur << d'être
la lumière brùlant dans la maison de Dieu ». Cloué au lit, les 18
derniers mois de sa vie, il paracheva dans la souffrance son oblation
à Dieu.
Le Père luste Miranda
t * 27.5.1893, 17.6.1968 à Madrid, à 75'ans, après 57 années de vie rel. et 48 de sac.
Dans les charges qu'il remplit, tant en Andalousie qu'aux Iles
Canaries, il se révéla un travailleur infatigable, serein et prévenant
dans ses relations avec tous.
Coad. Antonio Narciso
t * 23.6.1902, 15.5.1968 À Pescara (Italie), à 68 ans, après 41 années deüe reI.
Il entra, à 22 ans, au juvénat d'Iwéa. Peu après i1 partit pour la
Chine pendant quelque temps il accompagna Mgr. Versiglia.

10.3 Page 93

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93-
Epuisé et à bout de forces, il dut être rapatrié en ltalie. Là, il continua
à se montrer d'une piété exemplaire et d'une application méticuleuse
dans les divers emplois qui lui furent confi.és.
k t *
Père loseph Oclwa
18.3.1900, 24.7.1968 à
La
Plata
(Atgentine),
à
68
ans,
après
50
de
vie
rel.
et
42 de sacerdoce.
Son exceptionnel dynamisme mis au service de son ministère
sacerdotal fi.rent surgir deux églises, trois hospices pour vieillards
et pour enfants, une vingtaine d'associations caritatives et plusieurs
chorales.
Coa.d. L\\ancintlæ P erilla
t * 3.6.1913, 21.8.1968 à Bogota (Colombie), à 55 ans, après 32 années de vie rel.
Pendant vingt ans il put se dévouer au milieu d'un institut recueil-
lant les enfants de lépreux. Puis l'arthrite le réduisit à une douloureuse
inaction. Humblement et patiemment il offrit ses souffrances en faveur
du noviciat, puis du scolasticat de théologie, oir il passa les dernières
années de sa vie.'
Coad. Magino Partella
t * 5.3. 1902, 28.8.1968 à Bilbao (Espagne) à 66 ans, après 45 années de vie rel.
Chargé de l'intendance, son dévouement sans limites se manifesta
tout spécialement au cours des années dificiles suivirent la guerre
civile. Malgré la dispersion à son emploi, il s'eforça de prendre part
aux activités de la communauté, spécialement aux pratiques de piété.
Coad. Simon Preciado
f " 28.10.1887, 1.8,1968 à Tena (Colombie), à 80 ans, après 48 années de vie rel.
Il passa presque toute sa vie salésienne comme cuisinier. Il rem-
plit sa charge avec simplicité, abnégatiorÀ, et fidélité. Malgré son âge,
il cherchait sans cesse à se rendre utile par quelque travail dans la
maison.

10.4 Page 94

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-94-
Le Père loseph Puertas
t * 23.9.1886, 28.8.1968 à Valencia (Espagne), à 81 ans, après 59 années devie rel.
et 50 de sacerdoce.
6
à
DaonSsnes-Bcohaslrcugoei.spTe-rarmvilairifleulentutdrdirieencfaftaetiigurear bprleean,ydoialnnlneterrLe5sstaoann,scpeotrnopfefroosnsvadinnctaiatetalt cdphoeennmndaaennnttt
des cours de religion jusqu'à peu de temps avant sa mort.
Coad. Paul Richard
t * 2.9.L894, 3.9.1968 à Marseille, à 73 ans, après 49 années de vie religieuse.
Pendant plus de 45 ans, il dispensa ses énergies en faveur des
apprentis de notre école de Marseille, comme maître-tailleur et comme
chef de musique. Il fut un confrère d'une grande abnégation et d'une
grande bonté. Il nous laisse aussi l'exemple d'une grande fidélité à
la vie religieuse et salésienne.
Le Père Ange Roclwrd
t " 5.6.1882, 21.8.1968 à Gradignan (France), à 86 ans, après 67 années de vie
rel. et 59 de sacerd.
Pendant plus de 20 ans il travailla en Algérie et en Tunisie. Une
de ses caractéristiques fut son sens aigu de l'assistance salésienne:
en père affectueux et vigilant il ne laissait échapper aucune occasion
pour se trouver au milieu des jeunes.
t L* e15P.3è.1r9e21la, cq3u4e.7s.19S6a8luàstMioiramar (Argentine), à 47 ans, aptès 31 années de vie
rel. et 20 de sacerd.
La mort Ie surprit pendant qu'il se trouvait au. milieu de ses
malades et des petits vieux.,*D'abord dans I'enseignement, puis dans
son ministère paroissial, sa grande sensibilité savait découvrir le
malheureux et trouvait le moyen pour lui venir en aide.

10.5 Page 95

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-95-
Le Père Michel Smetek
t * 9.9.1904, 14.9.1968 à Luszkowko (Pologne), à 64 ans, après 45 années de vie
rel. et 34 de sacerd.
Simplicité de coeur, humilité et piété profonde, telles furent
ses vertus caractéristiques. Malgré la maladie il fut toujours serein.
Il était serviable envers ses confrères et compréhensif à l,égard des
faiblesses humaines. I1 fut constant dans son travail jusqu'aux derniers
jours de sa vie.
Le Père Louis Trifari
t * 3.12.1897, ?.3.6.1968 à Birmingham (USA), à 20, ans après 45 années de vie
rel. et 40 de sacerd.
Après s'être occupé de nos paroisses de New York, de port Chester
et de Elizabeth, il fut chargé de la mission de Birmingham. C,est
dans cette grande ville industrielle, agitée par les oppositions ra-
ciales, qu'il déploya son ministère, mettant au service de ses fidèles
ses talents de prédicateur et d'écrivain.
L* e7.1P1è,1r9e13C,hfar2le6s.8.Ç19e6o8rgàesCoTlorogjnaen(Allemagne), à 54 ans, après 36 années de vie
religieuse et 27 de sacerdoce.
Issu de famille prorestante, il prolongea son adhésion au Sei-
gneur en consacrant sa vie au service des jeunes. Sa sérénité et sa
joie laissaient à peine soupçonner les souf[rances que lui infligeait
une blessure rapportée de la guerre.
Mgr. loseph de la Cruz Trrciôs Baralwna
t * 1.9.1884, 12.7 .1968 à S. José de Costa Rica, à 83 ans, après 48 années de sacerdoce.
Vocation adulte, il entra à 29 ans dans la Congrégation. prêtre
à 34 ans, il mit ses dons d'organisation et son tempérament franc
et jovial au service de son ministère sacerdotal. Aux groupes de
jeunes dont il s'occupait, il sut donner l'élan et la solidité de sa foi.
Nommé évêque auxiliaire, puis archevêque de Tegucigalpa, il ne
continua pas moins à être attentif aux deshérités, spécialement aux
jeunes. Sa mort fut ressentie comme un deuil national.

10.6 Page 96

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3o elenco 1968
N. COONOMB E NOME
DÀTA Dr NAsc[A spmoRu
roceLnÀ B DATA Dl MoBTB
89 Sac. ANDREAS Tædoro
9'9.1901 Madms Chetpet (India)
8.1.1968 66
90 Sac. BARUFFALDI Cqtlo Z?.2.1879 Uruguay Montevideo
31.8.1968 89
9l Coad. BERTAN Efrcm
l4.l.l9L3 Anttlte
Santo Dorrlngo
29.6.1968 45
92 Sac. BIGLINO Glov. Datt.
93 Sac. BOGUCKI Marttno
9.12.1899 Subalplm Torloo.Rlchelny 24.8.1968 68
10.11'18E8 New Rochelle New R. (USA)
27.3.1968 79
94 Sac. CAPOTE Gluæppe Mo. 7.12.1884 Sevllla
Rota (Spagna) 12.6.1968 83
95 Sac. CASAGRANDE Glte. P. 5.11.1897 Bs. Âie
96 Sac. CHINNICI Benluioo IO.Z.L9O9 Sicula
S. tsidro (Argentim) 28.8.1968 70
Caarüa (lmtla)
30.9.1968 59
97 Sac. DOKUDOV/IECMarttno 2.10'1908 Iædz (Polonia) Szeecin-Vielgowo 21.5.1968 59
98 Sac. DRYZALOWSKI Gtus. 14.3.1908 Inclæ
99 Sac. FORGIONE Marto
30.7.1902 Campo Gr.
100 Sudd. FRANCO Fnncqco
7.5.1910 Taaoa
Londm
27.9.1968 60
Campanla (Brull) 26,7.1968 66
Candelarlo (Spagm) 23.6.1968 2E
101 Sac. GALIZZIPIe*o
19.4.1887 Medio Oriente Bedemme
8.7.1968 81
r0z Sac. HEEB Gioreio
6.5.1882 Munchen Berohelm (Germnia) 13.9.1968 86
103 Sac. )EDRZEIAKSlgismondo 9.10.1911 Lodz
Dobæ Miæto (Polonia) 7.7.1968 56
104 Sac.
Ivo Alberto
10.7.1924 Porto Alesre P. Alegrc (Bruil)
13.6.1968 43
105 Sac, ^KfRNÂKUESSE Osvaldo
106 Coad. LA SPADA Benlto
31.7-1904 Koln
16.6.1941 Siola
Rudqhetm (Germnia) 9.7.196E 64
Palermo (Italla)
21.8.1968 21
107 Sac. MAESTRI Mario
108 Sac. MIRANDA Gtusto
109 Cpad. NARCISO Antonio
il0 Sac. OCHOA GlusepPe
23.8.1915
2?.5.1893
23.6.1902
18.3.1900
Adriade Rom
Cordoba (Sp.) Madrtd (Spaena)
CampaneCal. Pqem (Iulia) '
La Plaa
La Plas (Are.)
23.8.1968 53
17.6.1968 75
15.8.1968 66
24.7.1968 68
rll Coad. PERILLA Gtacinto
1t2 Coad. PORTELLA Maglno
3.6'1913 Bogot6
5.3.1902 Bilbao
Bogotâ (Colombla) 21.8.1968 55
Btlbao (Spaem) 28.8.1968 66
113 Coad. PRECIADO Stmone 28.10.1887 Bogotâ
tt4 Sac. PUERTAS Gluseppe 23.9'1886 Valencia
115 Coad. RICHARD Paolo
2.9.1894 Lyon
ll6 Sac. ROCHARD Angelo
5.6 1882 Lyon
Tem (Cælombta) 1.8.1968 80
Valencla (Spagm) 28.8.196E 81
Marsellle (Fmncla) 3,7,1968 73
Gmdignan (Fmncla) 2f.8.1968 86
tt7 Sac. SALUSTIO Giacomo R' 15.3.1921 la Plata Mlmar (Argentim) 24.7.1968 47
il8 Sac. SMETEK Miôele
119 Sac. TRIFARI Lulei
lz0 Sac. TROIAN Carlo G.
9.9.1904
3.L7-1897
?.11.1913
Iadz
Luszkowko (Polonla) 14.9.1968 64
New Rochelle Rtrmtngham (IJSA) 23.6.1968 70
Koln'
Koln-Mulheim (Ger.) 26.E.1968 5+
t21 Sac. TSUCHIYA Fmncsco 6.9.1931 Giappone Tokyo
15.7'1968 36
r22 Mons. T1IRCIOS Gtuseppe 1.9.1E84 Am. Cen. S. tosé de Costa Rica 12,7,1968 83