301-350|fr|334 Spiritualité salésienne pour la nuovelle evangelisation

SPIRITUALITE SALESIENNE POUR LA NOUVELLE EVANGELISATION



- Introduction. - Ni mode ni rengaine, mais besoin nouveau réel. - Energie indispensable pour le « cheminement » de la foi. - La réalité porte en elle des motifs d'angoisse. - Nous sommes enracinés dans la puissance du Saint-Esprit. - Dans le grand courant de la spiritualité « salésienne ». - A la suite de Don Bosco. - Nous formons des communautés évangélisatrices. - Sous la houlette de Marie Auxiliatrice, Etoile de la nouvelle évangélisation. - Souhait final.



Rome, 15 août 1990 Solennité de l'Assomption


Chers confrères,

Un salut cordial, ainsi que de la part des membres du nouveau Conseil général. Nous nous réunissons parfois pour approfondir ensemble les orientations du CG23 et pour tracer un programme d'animation et de gouvernement qui doit donner de l'impact et de l'efficacité aux services que nous avons à rendre aux provinces durant les six années qui commencent. Vous avez en mains les documents du Chapitre et vous en étudiez le contenu.

Dans ce travail essentiel, je voudrais vous accompagner par quelques réflexions que j'estime importantes.

Deux données fondamentales éclairent la signification globale de notre CG23 : la première est sa volonté de nous donner une place effective dans la « nouvelle évangélisation » qui mobilise toute l'Eglise ; la seconde est la conviction fondée sur l'expérience que l'énergie indispensable pour parcourir la route et les itinéraires de la foi est la « spiritualité ».

Je vous ai déjà parlé de la nouvelle évangélisation ;1 Je vous invite maintenant à réfléchir sur notre « spiritualité ».

Le document du Chapitre la présente comme le secret de la réussite dans l'éducation des jeunes à la foi.

La nouvelle évangélisation exige beaucoup de qualités et de compétences. Mais si la spiritualité peut suppléer, en partie du moins, certaines insuffisances, nulle qualité ni compétence ne pourra corriger sa carence.

Il sera donc bon de rechercher ensemble quelques une des raisons qui nous appellent à lui donner tant d'importance et à lui assigner une priorité effective dans la programmation de la formation.

Je vous invite entre temps à prier avec une ferveur toute particulière pour l'heureux dénouement du 19ème Chapitre général des Filles de Marie Auxiliatrice. Elles ont pris comme thème de leurs travaux : « L'éducation des jeunes : apport des FMA à une nouvelle évangélisation dans les différents contextes socio-culturels ». Ainsi que l'a souligné la Mère générale dans sa lettre de convocation du Chapitre, ce thème focalise l'aspect qui spécifie leur mission : « être dans l'Eglise et dans la société au service de l'éducation des jeunes selon le Système préventif de Don Bosco ». Il est nécessaire pour elles, comme pour nous, de placer sans tarder les communautés en face des impératifs les plus urgents pour l'éducation et de raviver en soi le feu d'une authentique spiritualité salésienne.


Ni mode ni rengaine, mais besoin nouveau réel.


Pourquoi le CG23 a-t-il centré sa réflexion sur la spiritualité ?

Est-ce parce qu'il s'agirait d'un thème plus ou moins commode et sans ancrage historique, permettant d'escamoter sans peine les difficultés ? Ou pour imiter l'un ou l'autre groupe à la mode qui se tient à l'écart des défis de la nouvelle culture ? En d'autres termes, pour se dérober aux problèmes concrets ?

Non, le Chapitre s'est résolument placé sur un autre pied. La spiritualité dont il parle n'est ni une mode ni un refrain usé, mais notre manière de rester fidèles au Système préventif, notre condition concrète pour la nouvelle évangélisation et une exigence des temps nouveaux.

Don Bosco, qui n'aimait pas éluder le réel, nous l'enseigne par son exemple personnel et sa pédagogie.2

Quand il parle de « spiritualité », le CG23 exprime une expérience de Dieu ; et cette expérience comporte l'exercice de la vie théologale (foi, espérance, charité) qui est le fruit de l'inhabitation de l'Esprit-Saint en nous. Aussi, quand il est question de « foi », il s'agit précisément pour nous d'unifier les trois vertus théologales dans le concret d'une vie chrétienne, convaincue et dynamique.

Sainte Catherine de Sienne disait que lorsque l'exercice des vertus théologales perd son tonus, le visage de l'Eglise pâlit. Sans une foi bien vivante, il n'est pas possible d'éduquer à la foi !

L'âme du document capitulaire, c'est l'expérience de notre vie et de notre action ancrée sur Dieu, l'énergie sans laquelle nous sommes contraints à nous demander si nous sommes encore capables de poursuivre la route jusqu'au but.

Si nous nous intéressons à la spiritualité, c'est que la route à parcourir est nouvelle : elle est à peine tracée, et même en chantier ; ses itinéraires ne sont pas asphaltés et exposent à des imprévus qui exigent de repenser l'identité chrétienne et de lui rendre un nouveau souffle. Le contexte culturel de la foi a changé et il est temps que nous sachions reproduire et montrer en nous et chez les jeunes le nouveau visage du croyant : des convictions profondes, des motivations tirées de l'actualité et des engagements concrets dans la manière de vivre. C'est dans cette direction que souffle l'Esprit-Saint : pour l'actualité de la foi !

D'autre part, le CG23 constate qu'il se manifeste justement dans les groupes de jeunes une demande toujours croissante de spiritualité.

Le Concile Vatican II a permis de redécouvrir que l'Esprit-Saint intervient spécialement comme pédagogue et principe de la foi en cette fin du deuxième millénaire. Les documents conciliaires montrent le rôle qu'il joue dans l'Eglise et dans sa mission ; le décret « Perfectae caritatis » en particulier rappelle aux membres des Instituts de vie consacrée que « comme la vie religieuse est ordonnée avant tout à ce que les adeptes suivent le Christ, (...) les meilleures adaptations aux exigences de notre temps ne produiront leur effet qu'animées par une rénovation spirituelle. A celle-ci on doit toujours attribuer le rôle principal même dans le développement des activités extérieures ».3

Plein d'admiration et d'espérance, Paul VI a compris que « nous vivons dans l'Eglise un moment privilégié de l'Esprit. (...) On s'assemble autour de lui. On veut se laisser conduire par lui. (...) C'est dans la mission évangélisatrice qu'il agit le plus. Ce n'est pas par hasard que le grand départ de l'évangélisation eut lieu le matin de Pentecôte, sous le souffle de l'Esprit ».4

Les mouvements ecclésiaux qui ont vu le jour en ces dernières décennies ont été considérés officiellement, dans l'ensemble, comme l'expression d'un nouveau printemps de spiritualité, « tant sont grandes la richesse et la variété des ressources de l'Esprit-Saint dans le tissu ecclésial ».5

Le précieux travail des Chapitres généraux postconciliaires a guidé toute notre rénovation ; et le document capitulaire estime que ce renouveau nous mobilise aussi, nous les salésiens, dans le travail actuel de l'Eglise pour la nouvelle évangélisation. Lisez avec attention l'« Introduction » du texte : elle s'inspire de la pédagogie de Dieu à travers l'histoire et pose un regard théologique sur nos derniers Chapitres généraux. Vous verrez comment la Congrégation se situe au cœur de l'Eglise précisément pour servir la nouvelle évangélisation. Le chemin parcouru comporte quelques étapes de recherche et d'approfondissement :

- il part de la « mission » - CGS 20 -,

- celle-ci se présente comme une tâche assumée par la « communauté avec un projet » - CG21 -,

- à travers une « consécration apostolique » renforcée - CG22 -,

- pour répondre aux défis multiples et interpellants de la jeunesse d'aujourd'hui - CG23 -.6

Ce qui donne vie à notre renouveau spirituel et en assume les exigences personnelles et communautaires se résume d'un mot : la « spiritualité ».

- Le Saint-Père nous l'a rappelé avec insistance.

- D'abord dans la lettre du Centenaire 88 : « L'originalité et l'audace de la proposition d'une " sainteté juvénile " est intrinsèque à l'art éducatif de ce grand Saint qui peut être justement défini " maître de spiritualité juvénile " ».7

- Ensuite dans son message au CG23 : « un aspect à approfondir avec soin, (c'est) la " spiritualité des jeunes ". (...) Il ne suffit pas de s'appuyer sur la simple rationalité d'une éthique humaine (...). Il faut éveiller des convictions personnelles profondes qui poussent à un engagement de vie inspiré des valeurs éternelles de l'Evangile ».8

- Enfin dans le discours de sa visite au Chapitre : « Comme l'Eglise a besoin aujourd'hui que nous éduquions les jeunes (...) à vivre une " spiritualité " concrète ! ».9

- Le Recteur majeur, pour sa part, avait déjà insisté sur ce sujet - précisément en relation avec le CG23 - auprès des confrères et des communautés afin de susciter une authentique spiritualité chez les jeunes.

- Dans le commentaire de l'étrenne de 1990, il fait appel au témoignage de la communauté : « Le système préventif exige une spiritualité : le chemin " de la foi à la foi " se parcourt à partir d'éducateurs qui ont " fait le plein " de spiritualité. Elle n'est pas une " énergie réservée à l'élite " ».10

- Dans le discours d'ouverture du Chapitre, il présente le Système préventif comme « fruit et source de spiritualité salésienne » : « le grand défi que nous lance le thème du Chapitre est celui de la " spiritualité évangélisatrice et missionnaire " dans nos communautés. Nous sommes des éducateurs parce que nous sommes des pasteurs de l'Eglise du Christ. La qualité pastorale est l'âme de notre compétence pédagogique, tout comme le "da mihi animas" [donne moi des âmes] est le secret vivifiant de tout notre esprit ».11

- Dans la conclusion de sa Relation sur l'état de la Congrégation (1984-1990), il propose la spiritualité comme le grand secret pour réussir notre rénovation apostolique : « La condition fondamentale qui s'impose sans délai pour notre activité salésienne s'exprime par un mot qui devient pour nous un appel : la " spiritualité " ! ».12

- Et dans le discours de clôture du Chapitre, il présente les tensions de certains pôles de notre vie,13 pour affirmer ensuite que la force pour les unifier ne peut se trouver que dans une spiritualité intense : « La synthèse vivante entre ces deux pôles est rendue possible par une force qui vient d'en haut, (...) qui lie indissolublement entre elles l'union avec Dieu et la vie avec les jeunes. (...) Notre spiritualité salésienne (a un) dynamisme (qui) exprime chaque jour la grâce d'unité ».14

- Enfin, la Radiographie des Chapitres provinciaux et le document de travail précapitulaire qui en est résulté s'arrêtent sur les côtés positifs de l'expérience que nous avons vécue dans de nombreuses provinces, pour proposer des moyens d'approfondir et de développer une spiritualité concrète chez les jeunes. Ils énumèrent, dans ce sens, beaucoup de données positives, des idées à inculquer, des méthodes et des moyens pour la développer, des critiques et des difficultés, des connexions avec le travail pour les vocations, ainsi que des suggestions pour bâtir une spiritualité salésienne de jeunes. « Proposer une recherche sur la SSJ, y lit-on, rencontre un besoin : approfondir dans l'aujourd'hui ce que Don Bosco présentait à ses jeunes pour les inviter et les engager à vivre en chrétiens. Il ne s'agit pas d'une étude historique, mais de recueillir l'héritage de l'esprit de Don Bosco, d'explorer à nouveau ce qui est propre à son expérience spirituelle et éducative, et de redécouvrir la force éducative de l'idéal de sainteté qu'il proposait à ses jeunes ».15

C'est donc à bon droit que le document capitulaire focalise toutes ses orientations et ses propositions sur un cheminement de foi dont le moteur est la spiritualité. Une spiritualité à deux niveaux : celle des confrères et celle des jeunes. L'une n'est pas l'autre, mais elles se complètent essentiellement pour former un tout.

N'oublions pas, comme l'écrit Paul VI à propos de l'Esprit-Saint, que « lui seul suscite la nouvelle création, l'humanité nouvelle à laquelle l'évangélisation doit aboutir, avec l'unité dans la variété que l'évangélisation voudrait provoquer dans la communauté chrétienne. A travers lui, l'Evangile pénètre au cœur du monde car c'est lui qui fait discerner les signes des temps - signes de Dieu - que l'évangélisation découvre et met en valeur à l'intérieur de 1'histoire. »16


Energie indispensable pour le « cheminement » de la foi.


La spiritualité dont parle le texte capitulaire est liée à l'idée d'un « cheminement » ou d'un « itinéraire ». Dans la Bible, le cheminement s'entreprend à partir d'une situation de crise pour conduire ensuite au but avec une énergie particulière pour la marche ; pensons à Abraham et à Moïse.

Dans le cheminement indiqué par le CG23, l'énergie particulière pour notre voyage à nous est précisément la spiritualité. Celle-ci ne suggère pas de réponses précises aux nombreux défis qui nous interpellent : elle n'est pas un livre de recettes. La crise actuelle, en effet, ne nous appelle pas seulement à répondre à des difficultés classiques et courantes ; les défis qu'elle engendre se présentent plutôt comme « des indications d'un " changement d'époque " qu'il nous faut apprendre à évaluer à la lumière de la foi ».17 La spiritualité aide à discerner les problèmes, à leur faire face, et suscite la volonté de marcher vers le but : elle est une source d'enthousiasme. Elle est une manière typique de vivre l'Evangile « en situation » ; elle est donc essentiellement créative, toujours en dialogue avec la vie concrète, et même audacieuse.

Une spiritualité, et surtout la spiritualité « salésienne » - puisqu'elle colle à la réalité -, n'est pas seulement à proposer et à reproposer, mais à incarner et à revitaliser sans cesse pour qu'elle puisse toujours se développer et agir en fonction du moment. Certes, elle reste fidèle aux valeurs fondamentales des origines et de la tradition vivante, mais sa nature l'appelle à porter des fruits et à descendre au cœur de la réalité pour devenir don de vie, réponse pertinente et même contestation évangélique.

Elle porte en elle une force qui transforme, parce que la foi qu'elle exprime est une énergie de l'histoire. Cette foi (qui est aussi espérance et charité) n'est pas un simple attachement à une doctrine éclairante pour l'intelligence, mais une attitude personnelle, une expérience progressive de Dieu : une force qui unifie la vie de chacun, sa liberté, ses convictions et, par conséquent, sa conduite. Cette attitude comporte aujourd'hui une large dimension sociale, comme nous l'a rappelé à plusieurs reprises le Saint-Père et le proclame explicitement l'exhortation apostolique « Christifideles laici » : que les jeunes soient « des sujets actifs, qui prennent part à l'évangélisation et à la rénovation sociale ».18

Dans le commentaire de l'étrenne pour 1990, je vous ai dit que la foi n'existe pas en soi ; celui qui existe et agit, c'est le « croyant ». Par conséquent, la spiritualité est l'attitude des croyants engagés ! Savoir cultiver dans les communautés une vraie nouveauté spirituelle et développer progressivement dans nos présences une spiritualité chez les jeunes, cela veut dire rendre la foi vivante pour la décocher comme un trait dans la famille, le quartier, la société, et les aider ainsi à correspondre toujours mieux au plan du Créateur.

Nous assistons aujourd'hui au déclin de différentes idéologies ; ce fait impressionnant invite à réfléchir. Certaines d'entre elles prétendaient tenir chez les jeunes la place et le rôle de la foi. Et il semblait malheureusement que la formation à la foi n'était pas souvent en mesure de susciter des croyants capables d'évangéliser les signes des temps : le Concile Vatican II lui-même le reconnaissait.19 On en était là. La montée et le succès des idéologies d'hier font penser que nous étions à une époque de faiblesse pour la formation à la foi, dans l'incapacité pédagogique et pastorale de présenter la Pâque du Seigneur comme le point central de l'histoire.

La foi que nous nous employons à faire grandir chez les jeunes, dit le Chapitre, « n'est pas en marge de l'humain, de l'histoire, du temporel ni du séculier, mais elle germe au cœur de tout cela pour lui rendre un sens, l'éclairer ainsi que pour le transcender et ouvrir nos horizons au-delà de l'histoire ».20

Il ne s'agit donc pas d'un spiritualisme de fuite, mais d'une spiritualité de première ligne, de recherche, d'initiative, de courage : en un mot, de réalisme. Car il n'est pas question de minimiser les difficultés, moins encore de les éluder, mais d'en prendre conscience, de les analyser et de leur faire face.

Il suffit de penser à l'importance que le texte capitulaire accorde au premier domaine du cheminement (« vers la maturité humaine ») : le développement de la maturité n'est pas un secteur isolé, mais une dimension présente à chaque pas du cheminement. Il vise, en effet, (même avec l'appui des sciences de l'éducation) à rechercher un sens, à percevoir la vie comme un don et une tâche, à déceler le vide des idoles de plus en plus envahissantes. La spiritualité des éducateurs proclame en fait « que la foi appelle la vie et que la vie, reconnue dans sa valeur, éprouve, en quelque sorte, le besoin de la foi. En vertu de la grâce, il n'y a pas rupture, mais continuité entre la création et la rédemption ».21


La réalité porte en elle des motifs d'angoisse.


L'heure historique que nous vivons est complexe et ouvre de larges perspectives d'avenir, en bien et en mal. Le processus de la sécularisation apporte avec lui des valeurs et des anti-valeurs. Malheureusement, l'évolution de la société humaine nous incline souvent vers le négatif. Le danger le plus grave qui nous guette est de faire abstraction de la foi.

La préparation et le déroulement du CG23 ont permis de le saisir sur le vif : la réflexion des provinces et de l'Assemblée capitulaire a mis le doigt sur les difficultés que nous rencontrons aujourd'hui dans notre travail d'éducation. La Bible nous suggère qu'il est indispensable de se savoir en situation de crise pour installer la base d'opérations qui permet de s'acheminer vers la solution : rappelons-nous l'Exode et la parabole du fils prodigue. C'est pourquoi le Chapitre a cherché avant tout à poser un regard pastoral sur les différents contextes, qui vont des sociétés de consommation aux pauvretés, des peuples décolonisés au déclin actuel des régimes totalitaires, des grands Etats aux minorités ethniques, de la vision catholique aux nombreuses dénominations chrétiennes, de l'athéisme aux grandes religions. Dans ces contextes, les institutions éducatives (la famille, l'école, les groupements de jeunes, la communication sociale, la préparation au travail) se trouvent dans la nécessité de chercher péniblement leur propre rôle. Les jeunes s'y montrent insatisfaits, en quête de valeurs et de relations nouvelles. Quant à leur attitude vis-à-vis de la foi, beaucoup sont éloignés et marginalisés, ou indifférents ; d'autres sont ouverts au discours religieux, mais avec des options disparates ; il y a heureusement aussi des jeunes chrétiens pratiquants, mais parfois sans trop d'idéal, et enfin les engagés qui trouvent dans la foi des lumières concrètes pour leur vie et deviennent un ferment pour les autres (« jeunes pour les jeunes »).

Ce regard du Chapitre et les débats animés de l'Assemblée ont permis de préciser quelques uns des défis les plus urgents qui se rencontrent partout. « Ces défis provoquent notre vocation d'éducateurs à la foi, mais ils sont aussi des chances réelles chargées de possibilités. Ce sont des occasions nouvelles qui sollicitent notre créativité et notre courage ».22

Cinq défis sont indiqués :

- L'« éloignement et la marginalité » par rapport au monde de la foi.

- La « pauvreté » qui dégrade le milieu et le dépouille de toute dignité humaine.

- L’« insignifiance de la foi dans la vie et dans la culture » : c'est une mentalité sournoisement délétère qui exige de rendre une signification profonde aux valeurs et d'adapter la présentation des événements du salut au niveau de la culture. Le « contact avec les autres religions » : c'est une interpellation très courante en Asie et en Afrique, mais l'afflux des migrations intercontinentales l'a rendue présente un peu partout. En dépit des valeurs positives qu'elle comporte, chacune de ces religions présente pour l'évangélisation des difficultés spécifiques en raison de sa forte insertion dans la culture.

- Enfin, la « vie » : ce défi « les résume, les engendre tous et se retrouve en tous ».23 L'intensité des angoisses, des désirs, des recherches, des sensibilités, des idéaux, des désillusions et des amertumes, ainsi que leurs répercussions mobilisent d'une manière ou d'une autre toute l'existence et poussent facilement les jeunes au sentiment d'insécurité, au relativisme, à l'inconstance et au doute stérile.

L'accumulation de tous ces appels et de tous ces problèmes peut éveiller en nous un sentiment d'impuissance et nous faire douter de pouvoir atteindre le but que nous nous proposons.

Aux défis dont il vient d'être question, il faut ajouter les difficultés que nous découvrons chez nous quand nous faisons l'évaluation objective de nos forces actuelles dans la Congrégation (comme plus d'un capitulaire l'a fait observer) : ce qui peut faire affleurer une tentation d'effroi. A entendre parler du vieillissement de certaines provinces, de la diminution des vocations, de la lenteur du renouveau, de la médiocrité pastorale, du manque d'intelligence pour discerner les signes des temps, de la superficialité spirituelle ou du manque de spécificité salésienne, etc., on se sent pris d'un doute terrible : est-ce que tout cela (avec les défis et les problèmes) ne constitue pas une charge trop lourde pour nous permettre de prendre notre essor ?

Et si, par dessus le marché, nous envisageons la provocation fondamentale qui secoue l'ensemble de l'Eglise à cause des graves ambivalences inhérentes à la nouvelle culture : science et foi, nature et grâce, culture et Evangile, technique et éthique, théologie et magistère, etc., les bancs de brouillard ne font qu'épaissir.

Et pourtant le Seigneur nous appelle et nous envoie pour la nouvelle évangélisation. Et nous prenons la route avec l'humilité de reconnaître que nos forces ont leurs limites, et qu'aujourd'hui plus que jamais, il faut moins compter sur la quantité que sur la qualité des personnes et des communautés.

Nous devons savoir regarder les défis, les problèmes et les difficultés en face, non pour perdre notre courage, mais pour calculer objectivement où le placer.

Entre temps, cherchons à ne pas perdre de vue les fruits déjà récoltés ; rappelons-nous le projet Afrique, les Chapitres généraux du renouveau, les projets éducatifs et pastoraux, les efforts de formation permanente, le développement d'œuvres du genre de l'Oratoire, le volontariat, les équipes d'animateurs, le réveil des Coopérateurs et des Anciens élèves, la collaboration dans la Famille salésienne, etc. ; repensons au flot de grâces de 1988 ; tournons les yeux vers Don Bosco et vers nos origines ; souvenons-nous des jeunes qui ont atteint la sainteté grâce à nous, et de ceux qui sont engagés dans les associations qui constituent désormais un mouvement de spiritualité pour les jeunes.

L'histoire nous enseigne que l'Evangile ne peut commencer sans un grand nombre de difficultés et de problèmes. Les apôtres ont entrepris l'évangélisation du monde dans des conditions désastreuses, pires que nous ; loin de reculer devant les obstacles, les saints, les fondateurs, Don Bosco, les grands missionnaires ont regardé les besoins en face, avec la conviction qu'il n'était pas possible de se passer du mystère du Christ et la certitude qu'il interviendrait par la puissance de son Esprit.

La nouvelle évangélisation nous mobilise en un moment de changement total d'époque qui rappelle ceux qui ont été les plus déterminants dans l'histoire de l'homme ; nous sommes appelés à savoir vivre cette heure pleine d'espérance. Il serait naïf de se replier sur la nostalgie de situations désormais irréversibles. Le Seigneur nous a consacrés pour l'avenir des jeunes ; il nous a envoyés réaliser une tâche fascinante et reste sans cesse à nos côtés ; il veut que nous travaillions activement à renouveler la foi chrétienne qui doit être un ferment de l'histoire pour le début du troisième millénaire.

Pas de méfiance, donc, mais l'espérance !


Nous sommes enracinés dans la puissance du Saint-Esprit.


Sans intériorité ni courage, on ne prendra pas la route ; mais si nous avons de la « spiritualité », nous réussirons malgré la complexité de l'entreprise.

L'analyse des défis nous fait voir qu'il faut sans tarder communiquer peu à peu à chaque jeune un projet de vie chrétienne à la page et original, suivant lequel il « apprend à exprimer une manière nouvelle d'être croyant dans le monde et organise sa vie autour de quelques perceptions de foi, de certains choix de valeurs et de quelques comportements évangéliques : il vit une spiritualité ».24

Les deux premières parties du texte capitulaire mettent directement l'accent sur la spiritualité à cultiver chez les jeunes ; mais c'est la spiritualité éducative des confrères qui lui donne tout son dynamisme. Et la troisième partie souligne que cette spiritualité est indispensable dans la communauté salésienne.

Dans le cheminement de l'évangélisation, en effet, la communauté salésienne entend de nouveau l'appel de Dieu ; elle repense la mission reçue, est convaincue que Dieu travaille dans l'histoire, sait que l'expérience de Don Bosco est prophétique et toujours valable,25 et redécouvre que notre tradition a justement parlé du Système préventif comme d'un projet de spiritualité.26 Elle voit qu'elle doit aller « de la foi à la foi », de sa spiritualité communautaire à celle des jeunes.

La réponse aux défis commence chez les confrères profondément animés d'une mystique apostolique, orientée vers l'éveil progressif d'une spiritualité chez les jeunes. Face à la gravité des défis, nous devrons épouser la nécessité d'être des « hommes spirituels » dans le sens proclamé par l'apôtre Paul.

Pas de méfiance, avons-nous dit, mais l'espérance !

A première vue, nous pouvons avoir l'impression d'être incapables d'atteindre le but, mais, en réalité, « les exigences de la Loi se réalisent en nous qui ne vivons pas sous l'emprise de la chair mais de l'Esprit. En effet, sous l'emprise de la chair, on tend vers ce qui est charnel ; sous l'emprise de l'Esprit, on tend vers ce qui est spirituel ».27 Il vaut la peine de relire pour notre propre compte tout le chapitre 8 de l'épître de saint Paul aux Romains.

La spiritualité dont parle le CG23 est une expérience vivante de la présence de l'Esprit-Saint, qui s'est fait plus fortement percevoir après la pentecôte du Concile Vatican II. Il s'agit de la découverte personnelle et communautaire d'un Dieu inséré dans la vie de chacun et dans l'histoire. Un converti fameux, André Frossard, a précisément intitulé un de ses livres : « Dieu existe, je L'ai rencontré ».28 Chacun de nous devrait pouvoir dire la même chose. Dans un monde sécularisé où « l'éclipse de Dieu » peut sembler permanente, il apparaît de plus en plus nécessaire d'expérimenter sa présence et de la proclamer dans la vie sociale. Un des grands théologiens de notre siècle, Karl Rahner, croit que l'homme « pieux » de demain sera « quelqu'un de spirituel », c'est-à-dire qui a fait une expérience personnelle de Dieu, ou qu'il cessera d'être « pieux ».

Plus que jamais aujourd'hui, le Peuple de Dieu a besoin de spiritualités qui, selon l'affirmation d'un spécialiste, rendent compte des responsabilités de l'homme et donnent une valeur à l'existence quotidienne, à la dimension sociale, aux problèmes du travail, au monde technique et, d'une manière générale, à l'histoire.

Nous sommes convaincus que notre spiritualité possède précisément ces caractéristiques, et c'est cela surtout qui la rend originale et actuelle.

Le fondement de toute spiritualité authentique de l'avenir est avant tout la redécouverte de l'Esprit-Saint et l'enracinement de la vie personnelle en sa force unifiante d'amour. Dans son discours aux capitulaires, le Pape l'a également affirmé : « La spiritualité signifie la participation vivante à la puissance du Saint-Esprit. (...) C'est d'elle que procède la force de synthèse personnelle entre la foi et la vie ».29

La révélation nous offre une conception dynamique de l'Esprit-Saint qui fait personnellement irruption dans l'histoire et qui agit sans cesse tout le long de la chronologie de l'Eglise. Pour comprendre sa mission et son efficacité, dit saint Grégoire de Nazianze, il faut savoir penser « à la manière des pêcheurs (les apôtres), non à la manière d'Aristote » (sans pour cela mésestimer les grandes valeurs scientifiques). Un spécialiste du Christianisme a fait observer avec justesse : « Quand nous parlons d"' esprit ", quand nous disons " Dieu est esprit ", que voulons-nous dire ? Parlons-nous grec ou hébreu ? Si nous parlons grec, nous disons que Dieu est immatériel, etc. Si nous parlons hébreu, nous disons que Dieu est un ouragan, une tempête, une puissance irrésistible. D'où toutes les ambiguïtés, quand on parle de spiritualité. La spiritualité consiste-t-elle à devenir immatériel ou à être animé par le Saint-Esprit ? ».30

La vraie spiritualité apporte avec elle l'enthousiasme et le courage parce qu'elle est consciente de cette animation constante de l'Esprit.

Nous savons qu'il manifeste d'ordinaire sa puissance non « dans l'ouragan » ou « dans le tremblement de terre » ou « dans le feu », mais paradoxalement dans « le murmure d'une brise légère » comme l'a expérimenté le prophète Elie ;31 mais sa puissance demeure pourtant toujours irrésistible. Plutôt que comme « pouvoir absolu », l'Esprit-Saint se présente comme « Amour infini » ; il touche efficacement le cœur et renforce l'« homme intérieur » ; il se rend présent pour ainsi dire en se cachant. « L'homme spirituel » est son chef-d’œuvre, le fruit de l'énergie de la charité qu'il donne.

L'efficacité de cette présence pleine de douceur tient à la puissance de l'Amour. Et la puissance de l'amour est force d'unité : une unité qui ne supprime pas la distinction, mais qui exclut la séparation ; elle est comme un reflet du mystère de Dieu. L'unité qui se trouve dans la Trinité ne précède pas les Personnes, mais dépend de leur distinction : elle procède de la suprême extase d'amour du don mutuel total de chaque Personne ; c'est une unité dynamique qui résulte de la donation de soi l'un à l'autre des Trois ; elle a, dans l'Esprit-Saint, l'explosion unitive de toute la force de l'amour divin. La Trinité est certes un « mystère », mais si Dieu n'était pas trine, il ne serait pas l'« Amour » ; et nous ne connaîtrions rien de son Esprit ni ne comprendrions jamais la « grâce d'unité » qu'il infuse en notre cœur avec la charité pastorale !

Le Saint-Esprit, en effet, c'est encore Dieu qui s'ouvre totalement en dehors de lui-même dans l'histoire de l'homme, avec le « mystère de l'union » dans le Christ, avec la « force de la communion » dans l'Eglise, avec la « grâce d'unité » dans la personne, avec l'« énergie d'unification » dans le devenir humain et dans toute la création, en tant que sa puissance d'amour fait progresser l'univers afin de « récapituler toutes choses dans le Christ ».

La base de lancement de la spiritualité, c'est de se mettre en harmonie avec l'Esprit pour se laisser conduire par sa force. Avec lui, il devient possible de réaliser en soi la synthèse de la foi et de la vie : l'unité dans la distinction et la distinction dans l'unité ; en d'autres termes l'organisation, la corrélation, la coordination, la complémentarité, la sublimation. Cette synthèse unifie la personnalité du chrétien et le dote de créativité sociale et apostolique, même s'il s'engage dans le monde.

Il y aura beaucoup à dire sur la spiritualité, mais le premier pas à faire est précisément de s'enraciner dans l'Esprit. Cet enracinement se situe au-delà des modes et des utopies ; ni les conservateurs ni les progressistes ne peuvent discerner la présence authentique de l'Esprit-Saint : les premiers parce qu'il Lui arrive plus d'une fois de ne pas s'exprimer dans les formes qu'ils aiment, et les autres parce qu'ils perdent pied quand les événements ne se déroulent pas selon leurs prévisions.

Cet enracinement spirituel fait heureusement depuis longtemps l'objet de nos préoccupations dans la Congrégation. Toute notre rénovation post-conciliaire s'est développée dans ce sens ; il suffit de revenir à tout ce que nous avons souvent répété à propos de notre « intériorité apostolique » (pour commenter l'art. 3 des Constitutions).

Le plus urgent est de renforcer le climat spirituel dans chaque communauté et en chaque confrère : de témoigner ensemble de la présence de l'Esprit-Saint par une charité pastorale qui nous fasse vivre chaque jour le « da mihi animas » et nous permette de répéter avec le psalmiste : « Avec Dieu nous ferons des prouesses, et lui piétinera nos oppresseurs »,32 et d'effacer ainsi tout découragement et toute démission.


Dans le grand courant de la spiritualité « salésienne ».


Nous donnons à notre type de spiritualité la qualification de « salésienne ».

Le terme renvoie à saint François de Sales, une des plus hautes figures de la spiritualité chrétienne. L'emploi de ce qualificatif remonte à Don Bosco. Quand il engagea sa première équipe de jeunes à rester avec lui pour s'exercer dans la charité pastorale propre à sa mission éducative, il choisit pour eux le nom de « salésiens ».33 Il voulut également que l'institution religieuse qu'il avait fondée s'appelât officiellement « Société de saint François de Sales ». Il désirait que les siens se tournent vers saint François de Sales comme vers un « pasteur plein de zèle et un docteur de la charité », selon l'expression des Constitutions.34 Ces dernières précisent encore qu'il voulait s'inspirer « de sa bonté et de son zèle »35 et privilégier les attitudes de bonté affectueuse, de joie, de dialogue, de convivialité, d'amitié et de patience inlassable, selon le riche « humanismes »36 qui a caractérisé la vie et l'action de l'infatigable évêque de Genève.

Il peut être intéressant pour nous de reconnaître que l'attirance de Don Bosco pour saint François de Sales remonte aux années de sa formation et de son perfectionnement pastoral : « Que la charité et la douceur de saint François de Sales, dit la quatrième résolution de sa première messe, me guident en toute chose ».37 Cette attirance n'a jamais faibli au cours de sa vie, comme le montre ce qu'il a fait ou fait faire en l'honneur du Patron qu'il aimait.38

En assumant et en appliquant également à la spiritualité des jeunes la qualification de « salésienne », le CG23 n'entend pas la proposer comme « le signe distinctif d'un groupe », mais affirme qu'elle en « désigne la source charismatique » qui, à travers Don Bosco, s'inscrit dans le grand « courant spirituel de l'humanisme de saint François de Sales »,39 attaché tout entier à suivre le Christ en vertu de l'attrait de son cœur aimable de Sauveur.

Il ne s'agit donc pas d'une qualification de nature à créer la concurrence, avec une nuance d'amour propre, comme pour une équipe sportive qui s'entraîne à la compétition ; mais plutôt d'un titre d'identification évangélique, dans l'orbite d'une option spirituelle éprouvée et largement répandue dans l'Eglise. Son accord avec les orientations conciliaires lui confère une actualité spéciale : il suffit de penser que la récente exhortation apostolique « Christifideles laici » clôture précisément son 4ème chapitre sur les nombreux ouvriers de la vigne du Seigneur, par une belle page d'une œuvre particulièrement significative de la spiritualité de saint François de Sales.40

Pour rendre à saint François de Sales le poids qui lui revient dans notre spiritualité, je crois qu'il est important, pour nous aussi, de souligner que la qualification de « salésienne » exprime son caractère ecclésial et son envergure. Car il est le docteur de la charité pastorale qui est « le centre et la synthèse » de notre esprit apostolique.41

Dans une circulaire de 1921, le Père Paul Albera, second successeur de Don Bosco, exhortait les confrères à célébrer dignement le troisième centenaire de la mort de saint François de Sales (28 décembre de l'année suivante 1922) : « Nous ne devons pas seulement prendre son nom, mais aussi son esprit, écrivait-il, et nous avons plus que tous les autres le devoir de le célébrer comme il convient ». Il affirmait que la décision de choisir pour nous le nom de « salésiens » avait été providentielle (« destinée à nous amener à réaliser les desseins de Dieu en beauté et avec sagesse ») : et il ajoutait qu'elle « fait apparaître de nos jours la mission de Don Bosco comme un reflet ou, mieux, une continuation de celle que saint François de Sales avait entreprise voici plus de trois siècles. C'est pourquoi (...) le troisième centenaire de la mort de notre Patron doit nous pousser avant tout à une étude plus approfondie de sa vie et de ses écrits en relation avec notre œuvre. Elle est désormais devenue, par antonomase, l'" œuvre salésienne ", et par là même destinée à répandre et à populariser, avec tous les moyens à sa disposition, son esprit et sa doctrine, que Don Bosco avait déjà parfaitement assimilés et fait passer d'une manière géniale dans son système d'éducation ».42

Avec d'autres grands saints (Thérèse, Jean de la Croix, Ignace de Loyola, etc.), François de Sales est un des grands initiateurs d'un mouvement spirituel de rénovation vigoureuse.

Il a rendu aimable la pratique de l'Evangile dans le monde en valorisant tous les états de vie et toutes les conditions ; il a harmonisé l'intériorité et l'activité extérieure ; il a donné de l'importance au quotidien ; il a lutté contre la rigueur caractéristique du jansénisme ; il a insisté sur la nécessité pour tous d'une spiritualité concrète. A cette rénovation spirituelle, il a donné le nom de « dévotion ». C'est un terme qui déplaît à un grand nombre de nos contemporains parce qu'il peut signifier un simple attachement à des pratiques religieuses sans profondeur de vie. Mais pour lui, c'était la spiritualité nouvelle, un niveau de charité qui « nous fait opérer soigneusement, fréquemment et promptement » ; elle « n'est autre chose qu'une agilité et vivacité spirituelle » : « pour être dévot, écrit-il, il faut avoir, outre la charité, une grande vivacité et promptitude aux actions charitables » ; elle « rend la charité prompte, active et diligente ».43 Il affirme encore que « la vie dévote est une vie douce, heureuse et amiable », « c'est la perfection de la charité ».44 La « dévotion » s'adapte à toutes les vocations et professions, elle « ne geste rien quand elle est vraie, ainsi [et même] elle perfectionne tout » ; « C'est une erreur, ainsi une hérésie, de vouloir bannir la vie dévote de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la cour des princes, du ménage des gens mariés ».45

Son livre « Introduction à la Vie dévote » (« Philothée ») a lancé un authentique message de spiritualité pour tous, et recouvré l'importance du laïcat et du travail humain. C'est à juste titre que ce livre a fait fortune : plus de 1.300 éditions ! Un trésor que même la mentalité actuelle ne trouve pas étrange. « S'il est au monde, écrit un récent biographe du saint, un livre révolutionnaire, c'est bien celui-là : l'introduction de toute l'existence humaine dans la " dévotion ", l'introduction de Dieu dans tout ce que nous voulons, pensons, faisons, aimons, espérons et produisons ».46

Si Don Bosco a choisi saint François de Sales comme patron et voulu sa devise « da mihi animas » pour résumer sa spiritualité personnelle, c'est qu'il avait, comme je viens de le rappeler, une profonde affinité et une sympathie naturelle avec cette façon de voir : il l'a appliquée d'une manière créative à la jeunesse dans son Système préventif, et a rassemblé un grand nombre d'énergies dans ce que nous appelons aujourd'hui la Famille « salésienne ».47

Mais si le cœur missionnaire de saint François de Sales fut conscient de la nécessité absolue de lancer sans délai un renouveau spirituel pour tous, il comprit aussi que cela exigeait des lumières doctrinales sur l'amour de charité, du moins pour les plus engagés. C'est pourquoi il s'est appliqué à rédiger son « Traité de l'Amour de Dieu », pensé et écrit au milieu de ses multiples travaux pastoraux ; un livre né de sa réflexion sur sa pratique apostolique et destiné à l'action évangélisatrice. Un livre de vie, presque une autobiographie : l'assiduité à progresser sans cesse dans son projet de croissance spirituelle, non selon un schéma monastique, mais suivant un itinéraire apostolique. Nous dirions aujourd'hui un livre engagé, le « vade-mecum » du disciple qui veut vivre dans le monde en tant que croyant. La spiritualité devrait imprégner la vie même, la vie quotidienne, la vie avec ses événements imprévisibles, ses souffrances et ses joies, ses amitiés et ses séparations, ses difficultés et ses consolations, et s'identifier avec elle. Dans cette optique, il approfondit en particulier la valeur spirituelle de l'« extase de l'action », et invite chaque chrétien à être un vrai disciple du Christ au milieu des responsabilités et des préoccupations de l'existence : une symbiose vivante entre la pratique et la foi.

Elle est fameuse, son intuition lapidaire : « L'homme est la perfection de l'univers, l'esprit est la perfection de l'homme, l'amour celle de l'esprit, et la charité celle de l'amour ».48

Cette spiritualité apostolique plut à notre Fondateur. Voilà pourquoi, au soir de sa vie, il chargea le Père Jules Barberis, maître des novices, de faire mieux connaître saint François de Sales et d'en écrire une vie « adaptée à ses jeunes, qui fût comme l'incarnation de la vie chrétienne ».49

Le Père Philippe Rinaldi, à son tour, déjà Recteur majeur, pria le Père Eugène Ceria de travailler à approfondir et à faire mieux connaître dans la Congrégation les œuvres et la doctrine de saint François de Sales.

Jean-Paul II a dit de Don Bosco qu'il avait été un « génie du cœur ». Eh bien, saint François de Sales est un fin connaisseur du cœur : il en a interprété avec sympathie les richesses humaines perfectionnées par la charité, et il en a contemplé avec lucidité les battements jusqu'aux sommets de l'extase du don de soi dans l'activité apostolique.

Nombreux sont dans l'Eglise ceux qui ressentent de l'attrait pour cette spiritualité de l'évêque de Genève : Le Pape Jean XXIII, par exemple, l’appelait « mon saint François de Sales » ; et en 1903 déjà, le 29 janvier, il écrivait de lui dans son « Journal de l'Ame » : « Quelle belle figure d'homme, de prêtre, d'évêque ! Si je devais être comme lui, il me serait indifférent même d'être créé pape ».50

Ainsi, lorsque nous parlons de spiritualité « salésienne », nous avons le sentiment de marcher avec Don Bosco, dans un courant spirituel très vaste, auquel saint François de Sales a imprimé, avec dynamisme le et réalisme, le sceau suprême de l'amour particulier de la charité apostolique.

Une dénomination, par conséquent, qui entend relancer parmi les jeunes le goût de Dieu, la fête de la vie, l'engagement dans l'histoire, la responsabilité vis-à-vis de la création et une généreuse coresponsabilité dans l'Eglise.


A la suite de Don Bosco.


Nous sommes appelés « Salésiens de Don Bosco ».

Notre spiritualité « salésienne » nous a été laissée en héritage par notre Fondateur ; elle nous reporte, dit le texte capitulaire, à l'« expérience spirituelle vécue le à la suite de Don Bosco » ;51 elle se rattache à l’humanisme « dévot » de saint François de Sales « retraduit par Don Bosco dans l'expérience de l’Oratoire ».52

En quoi consiste cette « retraduction » ? La réponse risque de nous mener loin ; mais la ligne essentielle me semble tracée avec bonheur dans une affirmation du Père Philippe Rinaldi recueillie dans un « Bollettino Salesiano » : « Saint François de Sales est le maître d'une doctrine spirituelle qui vit et palpite dans ses œuvres (écrits) immortelles ; Don Bosco, par contre, a imprimé sa spiritualité non sur le papier, mais dans la société qu’il a créée. (…) La doctrine existait déjà ; Dieu a appelé Don Bosco à lui donner vie et vigueur dans la Famille qu’il a fondée pour le salut de la jeunesse ».53

Notre spiritualité salésienne se trouve donc profondément enrichie et orientée par la doctrine de saint François de Sales, mais, en la branchant sur l'éducation, la jeunesse et le peuple, Don Bosco lui a donné une touche personnelle qui lui confère un visage particulier et original.

L'héritage des Fondateurs n'est pas statique : c'est « une " expérience de l'Esprit ", transmise à leurs disciples, pour être vécue par ceux-ci, gardée, approfondie, développée constamment en harmonie avec le Corps du Christ en croissance perpétuelle ».54

Le Pape nous l'a explicitement rappelé à propos de la pratique éducative de notre Père : « son message pédagogique demande encore à être approfondi, adapté, renouvelé avec intelligence et courage, en raison précisément des contextes socioculturels, ecclésiaux et pastoraux mutants ».55

Notre spiritualité et la spiritualité des jeunes sont, en un certain sens, distinctes, mais en connexion réciproque si étroite qu'il n'est pas possible de les séparer. Rappelons-nous, par exemple, comment les confrères priaient avec les jeunes et que « La jeunesse instruite » était pratiquement le livre de prières commun.56 C'est à bon droit qu'on a dit du commentaire d'Albert Caviglia sur la « Vie de Dominique Savio » écrite par Don Bosco, que s'il approfondit la spiritualité pour les jeunes, il n'en représente pas moins une bonne étude de la spiritualité du saint éducateur.

De leur côté, les Constitutions nous assurent que la spiritualité par laquelle nous vivons notre projet de vie salésienne et en témoignons, « constitue le don le plus précieux que nous puissions offrir aux jeunes ».57

Quelles sont alors les caractéristiques de notre spiritualité ?

Il est bien connu que l'enracinement dans l'Esprit-Saint est unique, mais revêt des formes nombreuses. Il est la source d'une merveilleuse multiplicité d'attitudes spirituelles, d'une fécondité inépuisable et d'une créativité continuelle.

Sans entrer dans des problèmes délicats et complexes, il est intéressant de saisir ici quelques traits spécifiques de la spiritualité de Don Bosco, pour tirer comme une photographie de notre physionomie spirituelle, puisque c'est sur elle que nous devons centrer nos efforts de rénovation. C'est l'Esprit-Saint lui-même qui nous a aidés à tracer ce portrait dans les Chapitres généraux qui ont eu lieu après le Concile, de manière que nous puissions présenter à l'Eglise notre « carte d'identité » à travers le texte rénové des Constitutions.

Dans cette recherche, le document du CG23 attire notre attention sur une nouvelle manière intéressante d'organiser les données : repenser les caractéristiques de notre spiritualité58 à partir de celle qui fut expérimentée pour les jeunes au cours de ces dernières années.59

La spiritualité des jeunes s'adresse à des débutants ; elle obéit à la loi de la progressivité soumise à la marche du temps et aux inégalités de l'instabilité juvénile. Elle doit s'adapter pour pouvoir aider les jeunes en partant de la situation et de l'état réel où ils se trouvent.

Dès les premières années de son sacerdoce, Don Bosco a compris qu'il était possible d'accompagner les jeunes jusqu'à la plénitude de la vie chrétienne, en fonction de leur âge, par un type de spiritualité de jeunes ordonnée autour de quelques idées-forces ouvertes à la foi. Elles étaient tributaires de son temps, certes, mais pourtant prophétiques, et proposées avec zèle et génie pédagogique. Le CG23 relit ces idées-forces pour nous inviter à organiser la vie des jeunes à partir d'elles et à les appuyer sur un choix de valeurs et des attitudes évangéliques.60

Le texte capitulaire les appelle « idées de base » [en italien : « nuclei fundamentali » (noyaux de fond)] et, sans en exclure d'autres, propose les suivantes :

- une base de réalisme pratique centrée sur le « quotidien »

(Don Bosco parlait du « sens religieux du devoir » dans les différents moments de la journée) ;

- une attitude d'espérance, imprégnée de « joie », liée aux valeurs de la croissance du jeune

(Don Bosco écrivait dans « La jeunesse instruite » : « Je viens vous tracer un plan de vie chrétienne qui (...) prétend vous indiquer la source des joies véritables afin que vous puissiez, suivant le conseil du prophète David, servir le Seigneur dans une sainte allégresse ») ;

- une amitié forte et personnelle avec le « Christ », connu et fréquemment rencontré dans la prière, l'Eucharistie et l'Evangile

(Don Bosco considérait la pédagogie eucharistique comme le point culminant de sa pratique éducative) ;

- une conscience toujours plus responsable et plus courageuse d'appartenir à l’« Eglise », tant particulière qu'universelle61

(Don Bosco inculquait aux jeunes un grand amour de l'Eglise, du Pape et des évêques) ;

- un « engagement » concret et actif pour le bien, chacun selon ses responsabilités sociales propres et les besoins matériels et spirituels d'autrui62

(Don Bosco veillait à engager les meilleurs de ses jeunes gens dans des activités concrètes d'apostolat) ;

- et, en vue d'un climat familial épanouissant, une dimension mariale qui s'abandonne avec simplicité et confiance à l'aide maternelle de la Sainte Vierge63

(Don Bosco concevait la dévotion à Marie comme le soutien de la croissance de la foi chez les jeunes).

Unies aux réflexions sur les quatre domaines du chemin de la foi exposés dans le texte (l'homme, le Christ, l'Eglise, le Royaume64), ces idées-forces nous invitent à repenser le Système préventif comme une expression vivante et une pratique pédagogique de notre spiritualité spécifique, autrement dit « comme (une) façon de vivre et de travailler en vue d'annoncer l'Evangile ».65 Ce regard sur le cheminement de la foi des jeunes nous permet de redécouvrir les principales caractéristiques de notre profil spirituel de salésiens de Don Bosco.

Il suffira ici de les mentionner, puisque chacune d'elles a déjà fait l'objet de considérations et de développements au cours des années qui ont suivi le Concile, même s'il est à souhaiter que l'ensemble du sujet soit étudié d'une manière plus approfondie et plus systématique.

Une révision sous l'angle de l'éducation des jeunes à la foi pourra constituer un point concret du programme de formation permanente que le Chapitre recommande avec tant d'insistance.

Voici les plus importantes de ces caractéristiques.


1. Avant tout l'intériorité apostolique :66 c'est notre dynamisme spirituel de base. Dans la spiritualité de la vie active, elle s'unit à la grâce d'unité propre à la charité pastorale pour fusionner de l'intérieur la « consécration » et la « mission » dans une synthèse de vie typiquement apostolique : « un amour qui se donne gratuitement, disent les Constitutions, prenant sa source dans la charité de Dieu qui précède toute créature par sa Providence, l'accompagne par sa présence et la sauve en donnant sa vie ».67 Cette « intériorité apostolique » particulière et fondamentale comporte pour nous que « le renouveau spirituel et le renouveau pastoral se compénètrent et dépendent l'un de l'autre ».68

Entre les deux, il y a pour nous une immanence mutuelle et une vraie réciprocité ; mais ils ont leur source dans notre vie personnelle d'union à Dieu.


2. Le témoignage de la place centrale du Christ-Bon Pasteur :69 c'est lui le centre vivant et existentiel de notre vie consacrée (pratique des conseils évangéliques). Tous les consacrés sont axés sur le Christ, mais notre témoignage spécifique se caractérise par notre regard pédagogique et pastoral sur le Christ comme « Bon Pasteur » ; car il a créé l'homme et en aime les qualités ; il l'a racheté et lui pardonne ses péchés, pour faire de lui une créature nouvelle par son Esprit. Le Christ-Bon Pasteur doit briller comme le soleil au centre de nos maisons par le renouveau de notre ferveur eucharistique et toutes nos initiatives. C'est ainsi que s'exprime notre manière quotidienne de vivre et d'éduquer qui « imprègne nos relations avec Dieu, nos rapports personnels et notre vie de communauté, dans la pratique d'une charité qui sait se faire aimer ».70 Mettre en avant le Christ « Bon Pasteur » implique certes que nous nous donnions aux jeunes avec une générosité qui va jusqu'à la croix, mais aussi que ressorte en nous « l'attitude (...) qui conquiert par la douceur et le don de soi »,71 par la bonté, l'esprit de famille et l'amitié, et qui développe ainsi toute une ascèse spirituelle pour « se faire aimer » caractéristique du cœur « oratorien ».72

Le CG23 insiste sur la suppression des distances qui nous séparent des jeunes : « nous faire proches, les aborder est pour nous le premier pas à faire »,73 savoir « mettre en valeur le patrimoine que chaque jeune porte en lui »,74 lui offrir « un milieu plein de vie et de projets ».75

Ce premier pas à faire pour prendre la route ensemble, c'est la « présence » : une valeur à récupérer ! Non pas n'importe laquelle, mais une présence « pastorale », ou, si vous voulez, « ministérielle » ou encore « sacramentelle », parce qu'elle doit apporter le Christ ; attentive, certes, aux sentiments et aux aspirations des jeunes, mais chargée en elle-même de messages évangéliques clairs et d'un amour de charité tangible.


3. L'engagement éducatif comme « mission » :76

Notre vocation de suivre le Christ « est marquée par un don spécial de Dieu, la prédilection pour les jeunes (...). Pour leur bien, nous offrons avec générosité notre temps, nos talents et notre santé ».77 Notre mission dans l'Eglise trouve sa spécificité dans la pratique éducative : « Don Bosco nous a appris à reconnaître la présence active de Dieu dans notre travail éducatif, à en faire l'expérience comme d'une vie et d'un amour ».78

Nous savons que « la mission donne à toute notre existence son allure concrète ; elle spécifie notre rôle dans l'Eglise et détermine notre place parmi les familles religieuses ».79

Ainsi, notre spiritualité fait que « l'éducation devient le lieu privilégié de notre rencontre avec Dieu ».80

Parce qu'elle est « éducative », cette spiritualité sera toujours attentive au contexte du monde et aux défis de la jeunesse : elle exigera de la souplesse, de la créativité et de l'équilibre,81 et recherchera avec sérieux les compétences pédagogiques appropriées. C'est la consécration salésienne même qui, en raison de sa « respiration pour les âmes », assume les valeurs pédagogiques et les vit comme une expression concrète de spiritualité.

Dans le cadre de la mission, j'estime encourageant de souligner encore comment notre spiritualité reçoit des appels concrets lorsque nous travaillons parmi les destinataires que Don Bosco nous a laissés comme préférés : les jeunes pauvres et nécessiteux des classes populaires ! L'ascèse originale de « se faire aimer » est notre réponse évangélique aux nombreuses carences de ces jeunes ; elle nous rappelle aussi que le contact avec les pauvretés des jeunes n'a pas poussé Don Bosco vers une idéologie, mais renforcé le sens pédagogique de sa charité pastorale pour réveiller en lui et chez les siens l'amour paternel et maternel de la mission éducatrice.


4. Un souci concret de l'Eglise :82 un sens authentique de l'Eglise dans la vie de la communauté autant que dans les activités éducatives et pastorales. Vivre dans l'œuvre salésienne, c'est faire une expérience concrète d'Eglise : « la vocation salésienne nous situe au cœur de l'Eglise » ;83 « nous nous sentons partie vivante de l'Eglise et cultivons en nous et dans nos communautés une conscience ecclésiale renouvelée. Nous l'exprimons par notre fidélité filiale au successeur de Pierre et à son magistère, et notre volonté de vivre en communion et collaboration avec les évêques, le clergé, les religieux et les laïcs ».84

Le troisième « domaine du chemin de l'éducation à la foi » proposé par le Chapitre traite précisément des pas à faire et des attitudes à cultiver en vue d'« une forte appartenance à l'Eglise » ; et la quatrième « idée de base » de la spiritualité pour les jeunes insiste à son tour sur la formation à la communion avec l'Eglise - qui s'exprime concrètement dans des structures locales et l'institution universelle - par un « amour explicite du Pape et l'attachement convaincu à son magistère ».85 Ce souci de communion ecclésiale donne en outre de la vitalité à tout notre travail pour les vocations.

Une spiritualité, par conséquent, qui révèle à nous-mêmes et fait aussi objectivement de nous aux yeux des autres croyants, un véritable « don » de l'Esprit à l'Eglise pour intensifier la communion et collaborer à sa mission : « Les besoins des jeunes et des milieux populaires ainsi que la volonté d'agir avec l'Eglise et en son nom, provoquent et orientent notre action pastorale pour l'avènement d'un monde plus juste et plus fraternel dans le Christ ».86


5. La joie dans l'activité :87 elle est inhérente à tout le style « oratorien » et à la psychologie tendue vers l'avenir propre à l'adolescent. Nous sommes nés sur la « Colline des béatitudes des jeunes » et nous en répandons les richesses évangéliques à travers le monde. Nous vivons une spiritualité de joie et de famille, partagée « dans un climat de confiance mutuelle et de pardon » ;88 tout imprégnée de l'espérance qui « répand cette joie et sait éduquer au bonheur de la vie chrétienne et au sens de la fête ».89 Car nous pratiquons une pédagogie qui « croit aux ressources naturelles et surnaturelles de l'homme, sans ignorer pour autant sa faiblesse ».90 Ce climat de joie et d'optimisme n'est pas le fruit de l'ingénuité ni de la superficialité, mais d'une espérance théologale authentique et d'un accord pédagogique réfléchi avec toutes les valeurs positives posées par le Créateur dans le cœur des jeunes.

Et c'est précisément parce qu'elle est le fruit de l'espérance qu'elle est une joie vécue dans l'activité intense, faite de « travail et de tempérance », autrement dit d'un engagement et même d'une ascèse qui ne cessent d'accompagner l'accomplissement de la mission.91


6. La dimension mariale :92 notre mission éducative est une participation à la maternité de Marie pour l'Eglise. Cette dimension mérite un commentaire spécial ; nous le donnerons plus loin.

Il nous suffit d'ajouter ici que la spiritualité salésienne de Don Bosco, relue sous l'angle du chemin de la foi pour les jeunes d'aujourd'hui, devient pour nous l'âme de la nouvelle évangélisation : « nouvelle, comme l'a dit le Pape, en son ardeur, dans sa méthode, dans son expression » ; en d'autres termes menée avec enthousiasme et adaptée aux temps qui comportent un changement de mentalité vaste et délicat.93 Le CG23 en a été conscient ; il affirme, en effet, que « le contexte est nouveau, ainsi que les objectifs généraux vers lesquels tend l'évangélisation : il s'agit de renouveler le tissu humain de la société, et d'accepter de renouveler avant tout l'esprit évangélique dans les communautés ecclésiales ».94

Nous avons donc une spiritualité salésienne bien spécifique ; elle a des côtés très concrets sur lesquels il faudra axer la programmation de la formation permanente dans les provinces et les maisons, afin d'approfondir notre connaissance du cœur de Don Bosco.


Nous formons des communautés évangélisatrices.


Dans la « présentation » des Actes du CG23, je vous ai dit que le document parle avant tout de notre communauté de consacrés : c'est elle le fil conducteur qui relie entre eux les différents chapitres. C'est à elle avant tout qu'est destiné le document. Il lui incombe ainsi la responsabilité et la tâche de réaliser le cheminement de la foi pour les jeunes. Chaque communauté aura donc à se soucier de la spiritualité salésienne à ses deux niveaux : de la développer progressivement chez les jeunes, et d'en donner un témoignage personnel dans la vie quotidienne.

Le document nous propose de cultiver trois points complémentaires : la communauté « signe de foi »,95 « école de foi »,96 et « centre de communion et de participations ».97

C'est vers cet objectif que les premiers animateurs de la communauté, le provincial et le directeur, devront orienter la programmation demandée par le Chapitre : « la formation permanente, qui habilite le salésien à sa mission d'éducateur et de pasteur, doit devenir alors une constante indispensable de sa vie ».98 Il faut prendre conscience de la nécessité de susciter sans délai dans l'œuvre une spiritualité salésienne pour les jeunes et, par conséquent, de mettre la communauté en état de fécondité spirituelle : de l'amener « à se repenser et à se rénover, comme dit le texte, à la lumière de l'Evangile et de notre Règle de vie ».99 Il s'agit, en d'autres termes, de faire de solides progrès dans la rénovation dont il est question depuis bien des années. Il faudra ensuite que la communauté provinciale et la communauté locale prennent leur rôle au sérieux : établir des programmes, des évaluations, des révisions constantes de ce qui a été décidé à ce sujet dans les délibérations du Chapitre.

Voyons ces trois points complémentaires.


1. Pour être un « signe de foi », la communauté doit repenser sérieusement l'authenticité de son témoignage évangélique. La condition fondamentale, c'est de travailler et de vivre ensemble, dans le style salésien, comme un groupe de « croyants » qui proclament d'une manière existentielle le mystère du Christ-Bon Pasteur en vivant la Règle de Don Bosco. La communauté elle-même devient une « foi-signe » : ses membres expriment avec joie et constance dans leur vie quotidienne les valeurs de la spiritualité salésienne entièrement tournée vers les jeunes.

Le texte insiste en particulier sur le souci de l'intériorité apostolique » ;100 Nous en avons considéré plus d'une fois les points vitaux. Et dernièrement le Père Rinaldi nous a été présenté comme l'« interprète authentique de notre intériorité apostolique » ;101 il conviendra de relire son message. Nous y trouverons que la spiritualité salésienne a sa source et sa valeur suprême dans l'union à Dieu ; « l'engagement apostolique dynamique et créateur découle constamment de l'ardeur de la charité envers Dieu : c'est d'elle que vient la fameuse "grâce d'unité" de notre charité pastorale ! ».

Rappelons les trois points qu'il en fait valoir : « la " respiration pour les âmes " (le beau commentaire du " da mihi animas "), le travail apostolique indéfectible et la fidélité quotidienne à la prière ».102 Ces points devront figurer dans les programmes de formation permanente en réponse aux défis, si nous voulons précisément devenir « signes et porteurs de l'amour de Dieu pour les jeunes, spécialement les plus pauvres ».103 Nous serons ainsi des communautés et des hommes « spirituels », capables de susciter et d'animer chez les jeunes une spiritualité salésienne concrète et à la page.


2. La communauté « école de foi » est celle qui « fait de la mission sa raison d'être et d'agir ».104 Ici, c'est la dimension pédagogique de l'activité communautaire qui entre en jeu. Pour être des éducateurs valables, l'intériorité apostolique ne suffit pas : il faut aussi mieux connaître le monde des jeunes et lui être présent d'une manière plus effective. Car chacune de nos activités doit avoir un caractère à la fois spirituel, pastoral et pédagogique.

« Il s'agit d'opérer un véritable saut qualitatif, de retourner parmi les jeunes avec une sensibilité pastorale renouvelée et une compétence éducative plus marquée ».105 Pour spécifier et orienter avec succès les efforts qu'elle aura à fournir dans ce sens, la communauté devra prendre en compte le chemin de foi proposé par le CG23 et le traduire en itinéraires concrets, en fonction du type de jeunes et du contexte de l'œuvre. Il lui faudra donc élaborer, mettre en œuvre, revoir et ajuster son « projet éducatif et pastoral ».

Pour être une « école de foi » aujourd'hui, il est indispensable d'être à la fois « signes » et « amis », d'avoir du feu au cœur et de se donner jusqu'au sacrifice ; de s'exercer en même temps à s'unir à Dieu et à entretenir l'expérience directe du monde des jeunes, par « l'écoute de leurs questions et de leurs aspirations, l'acquisition de leur culture et de leur langage, et la disponibilité à partager des expériences et des projets pensés non seulement pour eux, mais aussi et surtout avec eux ».106 Il ne s'agit pas d'atténuer le « signe », mais de lui donner une valeur pédagogique. Si elle n'a pas de signification pastorale et pédagogique sur son territoire et dans l'Eglise, notre présence ne pourra pas se considérer comme une « école de foi ».

Mais pour qu'elle le soit vraiment, il est encore indispensable que la communauté devienne une expérience vivante d'Eglise, et concrètement, de l'Eglise locale (paroisse, diocèse, conférence épiscopale) ; voilà pourquoi elle « doit prendre clairement sa place dans les projets et les propositions de pastorale en faveur des jeunes dans l'Eglise locale. Elle doit apprendre à recevoir d'elle des encouragements, mais aussi à communiquer des expériences ».107

C'est la raison des délibérations capitulaires qui rappellent ces différentes responsabilités de la communauté provinciale autant que de la communauté locale. Ce n'est que dans une communauté « école de foi » que l'éducation pourra se développer en « pédagogie de sainteté ».


3. La communauté « centre de communion et de participation » désigne aussi bien la communauté éducative, qui est plus large, que les différents groupes de la Famille salésienne.

« En vertu de sa vie consacrée, dit le texte, la communauté devient un " centre de communion et de participation ", capable de rassembler et de stimuler ceux que l'Esprit appelle à travailler pour les jeunes ».108

C'est un objectif proposé par les Chapitres généraux antérieurs qu'il est indispensable de réaliser tout de suite avec une volonté mieux partagée, plus d'efficacité et de résolution. Les délibérations capitulaires sont claires et impératives. Ne pas les mettre en pratique serait faire preuve d'incapacité, d'indifférence ou de paresse : en définitive de manque de spiritualité salésienne. Il serait regrettable d'assister au déclin de certaines de nos présences faute de feu dans le cœur des confrères. L'« homme spirituel » est possible à tous les âges et dans toutes les conditions de vie ; le « cœur oratorien » est la condition du salésien depuis sa première profession jusqu'à son dernier soupir. Le point fort de ce troisième engagement communautaire est, selon le texte capitulaire, la mobilisation des laïcs. Le terme « laïcs » est large et ne s'applique pas à tous de la même manière. Dans notre expérience, nous en distinguons différents groupes :

- les « Coopérateurs » (pour vivre la vocation chrétienne en plénitude),

- les « Anciens élèves » (davantage liés à l'aspect culturel de l'éducation),

- les « collaborateurs » (qui comptent aussi des membres des deux groupes précédents, sans se limiter à eux),

- les « membres de la communauté éducative » (en particulier les parents des jeunes dont nous nous occupons, sans compter tous ceux qui travaillent avec nous à leur service).

La mobilisation et la valorisation des laïcs exigent que les confrères soient capables d'établir avec eux des relations de coresponsabilité réfléchie, selon la nature des groupes. Ce n'est pas facile, car il faut un changement profond de mentalité et un savoir-vivre approprié. Mais cela implique surtout d'entreprendre avec eux « un sérieux cheminement de formation. Les expériences faites jusqu'à présent garantissent, malgré certaines difficultés, des résultats satisfaisants ».109

Voilà donc un nouveau champ d'action très concret pour la spiritualité salésienne : elle possède assez d'envergure pour s'adapter à toutes les situations des laïcs. La formation des laïcs sera donc une des priorités à programmer !

Plus loin, le Chapitre rappelle en outre l'importance d'organiser notre action, la nécessité absolue de travailler pour les vocations, et les appels de la communication sociale ; il donne aussi quelques directives pratiques pour des situations particulières. Toutes indications très concrètes pour que la communauté se place en première ligne dans la nouvelle évangélisation des jeunes. Le grand secret pour mettre tout cela en route est toujours la spiritualité salésienne, dont témoigne la communauté « signe de foi », « école de foi » et « centre de communion et de participation ».

Chers provinciaux, chers directeurs et chers confrères, mettons-nous tous de bon cœur à faire immédiatement quelque chose de plus.


Sous la houlette de Marie Auxiliatrice, Etoile de la nouvelle évangélisation.


Avant de conclure, il me semble très utile et particulièrement opportun d'ajouter encore une réflexion à propos de la dimension mariale de notre spiritualité. Le document du Chapitre, ai-je déjà dit, en parle à diverses reprises.

La spiritualité salésienne est fortement mariale ; comme toute spiritualité d'ailleurs.

Le Pape a souhaité que Marie Auxiliatrice soit pour notre Famille « l'Etoile de la nouvelle évangélisation ».110 Nous tournerons donc les yeux vers cette Etoile et nous nous laisserons conduire par elle, notre « Maîtresse de vie et notre Guide ».

Nous avons vu que l'élément fondamental qui donne vie à toute spiritualité est son enracinement dans l'Esprit-Saint. Or, après le Christ, Marie est l'expression la plus haute de ce qu'opère l'Esprit-Saint dans l'histoire du salut : elle est le chef-d’œuvre de l'Esprit. Aussi, plus on regarde Marie, mieux on peut comprendre la présence vivifiante de l'Esprit-Saint et y participer.

Depuis Vatican II, on a cherché à approfondir toujours davantage la relation « Esprit-Saint – Marie ». Dans « Marialis cultus », le Pape Paul VI a souligné la fécondité de cette manière de voir : « D'un tel approfondissement, affirme-t-il, se dégagera en particulier le mystérieux rapport entre l'Esprit de Dieu et la Vierge de Nazareth, et leur action sur l'Eglise ».111

Il est facile d'observer que toute l'existence de Marie est « marquée » par l'Esprit-Saint au point d'être considérée comme son « icône », ou, selon l'expression de « Lumen gentium », comme le « sanctuaire » du Saint-Esprit,112 c'est-à-dire la partie centrale, secrète et réservée du temple ; elle apporte donc à tous le Saint-Esprit. C'est ce que soulignent aussi les titres que le Concile lui reconnaît : « avocate, auxiliatrice, secourable, médiatrice »113 qui proclament en elle une harmonie intéressante et spéciale avec l'œuvre de vivification de l'« autre Défenseur ». Marie est le chef-d’œuvre, l'image et la porteuse de l'Esprit-Saint parce qu'elle a été pleinement « pétrie par l'Esprit-Saint et formée comme une nouvelle créature » :114

- dans sa Conception, elle est « Immaculée » : le début de la nouvelle création pleine de grâce ;

- à l'Annonciation, elle est « Vierge-Mère » : l'Arche vivante de la nouvelle Alliance ;

- à la Visitation, elle est « Sagesse prophétique » : la Croyante qui lit le livre de l'histoire ;

- à Noël, elle est « Accomplissement de la Promesse » : la Génitrice du Christ-Messie ;

- au Calvaire, elle est « Mère des hommes » : la nouvelle Eve de l'humanité rachetée ;

- à la Pentecôte, elle est « Reine des apôtres » : la grande Orante en faveur de l'Eglise ;

- à l'Assomption, elle est « l'Auxiliatrice de tous » : l'Avocate eschatologique pour le salut.

Une telle perfection de grandeur et de beauté en elle est l'œuvre de l'Esprit-Saint ; placée au carrefour des deux Testaments, elle est la « Fille de Sion », « l'icône du Mystère » et le Modèle de l'Eglise, reliée à l'Esprit au point de rester indissolublement associée à ses initiatives de salut : elle implore pour tous sa présence et accompagne maternellement ses dons (nous pensons à l'histoire de notre charisme). C'est pourquoi elle brille constamment dans les siècles comme l'Etoile de l'évangélisation.115

C'est en elle que nous trouvons le prototype de toute spiritualité ; car, dit le Concile, en « épousant à plein cœur, sans que nul péché ne la retienne, la volonté divine de salut, (Marie) se livra elle-même intégralement comme la servante du Seigneur à la personne et à l'œuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec lui, par la grâce du Dieu tout-puissant, au mystère de la rédemption ».116

Cette spiritualité particulière de Marie se retrouve dans le chant prophétique du « Magnificat »,117 où elle se proclame pleine de joie, au-dessus de sa « faiblesse », convaincue de la puissance et de la miséricorde de Dieu, qui nous aime et veille sur nous pour faire de grandes choses ; il donne ainsi sans cesse la preuve de sa souveraineté, parce qu'il renverse les difficultés et relève les défis ; il est toujours fidèle envers son Peuple et, selon sa promesse, il le mène en définitive à la victoire.

Le Magnificat est vraiment l'hymne de la spiritualité chrétienne pour toute nouvelle évangélisation, une expression d'enthousiasme parce qu'il est un regard aigu de foi, une proposition assurée d'espérance, une hymne immortelle d'amour sauveur.

Souhait final.

Permettez-moi, chers confrères, de reproduire ici, en guise de conclusion, ce que j'ai suggéré aux capitulaires à la clôture du CG23 : Notre Congrégation s'est confiée solennellement à Marie le 14 janvier 1984, au début du CG22. Les Constitutions disent que cette confiance nous aide à « devenir, parmi les jeunes, témoins de l'amour inépuisable de son Fils ».118

Confions-lui notre résolution de progresser sur la route de la foi en intensifiant le souci et l'approfondissement de la spiritualité salésienne de Don Bosco. Demandons-lui de nous aider à partager avec les jeunes ce magnifique « patrimoine spirituel » placé dans l'orbite de l'humanisme chrétien de saint François de Sales, retraduit et confirmé de main de maître par notre Père en faveur de la jeunesse populaire. Marie a personnellement guidé notre Fondateur dans l'originalité de cette expérience éducative et lui a enseigné à conduire les jeunes à la sainteté. Comme réponse maternelle à notre confiance, nous attendons de l'intercession de Marie le don de la plénitude de l'Esprit-Saint pour nous assurer un cœur vraiment « oratorien » afin d'être dans le monde d'excellents éducateurs des jeunes à la foi.119

Enracinés dans la puissance de l'Esprit, au-delà de toute défiance qui pourrait naître des difficultés qui nous entourent ou de nos limites, vivons avec joie la spiritualité salésienne pour la nouvelle évangélisation, et proclamons au monde par les faits les raisons de notre espérance.120

Je souhaite à tous un sincère engagement, personnel et communautaire, pour appliquer le CG23 : ce sera la meilleure préparation à l'avènement du troisième millénaire.

Affectueusement en Don Bosco.

1 Actes du Conseil général no 331, octobre-décembre 1989.

2 Cf. La vie intérieure de don Bosco, étrenne 1981, commentaire du Recteur majeur.

3 Perfectae caritatis 2, e.

4 Evangelii nuntiandi 75.

5 Christifideles laici 29.

6 Cf. Eduquer les jeunes à la foi : Documents capitulaires, Ed. SDB, Rome 1990, 1-14. [Ce document sera désormais désigné par le sigle CG23 avec la mention du numéro marginal].

7 Juvenum patris 16.

8 CG23 313.

9 Ib. 334.

10 Strenna 1990, commento del Rettor Maggiore p. 13.

11 CG23 326.

12 La Società di S. Francesco di Sales nel sessennio1984-1990 : Relazione del Rettor Maggiore [La Société de saint François de Sales au cours des six années 1984-1990 : Relation du Recteur majeur], Rome février 1990, p. 272

13 CG23 348.

14 Ib. 349.

15 Schemi precapitolari 536 ; pour la radiographie des CP ; cf. 213-244.

16 Evangelii nuntiandi 75.

17 CG23 91.

18 Christifideles laici 46.

19 Cf. Gaudium et spes 19.

20 CG23 117.

21 Ib. 120.

22 Ib. 75.

23 Ib. 87.

24 Ib. 158.

25 Ib. 89-93.

26 Ib. 158.

27 Rm 8, 4-5.

28 ANDRE FROSSARD, Dieu existe, je L'ai rencontré, Fayard, Paris 1969.

29 CG23 334.

30 J. DANIELOU, cité in CONGAR, Je crois en l'Esprit Saint, I, p. 20, Cerf, Paris 1981.

31 1 R 19, 11-14.

32 Ps 107, 14.

33 Cf. MB 5, 9.

34 Const. 9.

35 Ib. 4.

36 Ib. 17.

37 JEAN BOSCO, Ecrits spirituels, textes présentés par Joseph Aubry, p. 88 - Nouvelle cité, Paris 1979.

38 Cf. Indice analitico des MB.

39 CG23 158.

40 Cf. Christifideles laici 56.

41 Cf. Const. 10.

42 Lettere circalari di don Paolo Albera ai Salesiani, p. 552-553 - Turin, Direzione Generale, 1965.

43 Œuvres de saint François de Sales. Édition complète, Monastère de la Visitation, Annecy, tome III (1893), Introduction à la Vie dévote, Première Partie, Ch I, p. 13-16 passim.

44 Ib. Ch. II, p. 13-16 passim.

45 Ib. Ch. III. p. 19-20.

46 GIORGIO PAPÀSOGLI, Come piace a Dio, p. 366 - Città Nuova Ed., 1981.

47 Cf. J. PICCA e J. STRUS, San Francesco di Sales e i Salesiani di Don Bosco LAS Rome 1986.

48 Œuvres... o.c., tome V (1894), Traité de l'Amour de Dieu, vol. II, livre X, ch. l, p. 165.

49 G. BARBERIS, Vita di S. Francesco di Sales : libri quattro proposti alla gioventù [Vie de saint François de Sales : quatre livres proposés à la jeunesse], I, 5 Turin, Libreria salesiana, 1902.

50 GIOVANNI XXIII, Il Giornale dell'Anima, p. 137 - Ed. di Storia e Letteratura, Roma 1964.

51 CG23 92.

52 Ib. 158.

53 Bollettino Salesiano, « Don Bosco alla scuola di S. Francesco di Sales » [Don Bosco à l'école de saint François de Sales], août 1967, 1-4.

54 Mutuae relationes 11.

55 Juvenum patris 13.

56 Le manuel intitulé Pratiche di pietà in uso nelle case salesiane [Pratiques de piété en usage dans les maisons salésiennes] ne fut donné à la publication par le Père Albera qu'en 1916.

57 Const. 25.

58 Cf. Const. 1-3 et 10-21.

59 CG23 158-180.

60 Cf. ib. 158.

61 Ib. 171-172.

62 Cf. ib. 161.

63 Ib. 157, 177.

64 Cf. ib. 120-156.

65 Const. 20 ; cf. CG23 326 et 350.

66 CG23 221.

67 Const. 20.

68 CG23 217.

69 Ib. 103, 112, 113, 118, 130, 131, 132 et passim.

70 Const. 20.

71 Ib. 11.

72 Cf. Actes du Conseil général no 326, juillet-septembre 1988, « Tâche de te faire aimer ».

73 CG23 97.

74 Ib. 99.

75 Ib. 100.

76 Ib. 94, 95, 102, 104, 106, 108, etc.

77 Const. 14.

78 CG23 94.

79 Const. 3.

80 CG23 95.

81 Cf. Const. 19.

82 CG23 140 ss, 169 ss, 222, 226.

83 Const. 6.

84 Ib. 13.

85 CG23 172.

86 Const. 7.

87 CG23 152, 165, 166.

88 Const. 16.

89 Ib. 17.

90 Ib. 17.

91 Cf. ib. 18.

92 CG23 157 et 177.

93 Cf. Actes du Conseil général no 331, octobre-décembre 1989.

94 CG23 4.

95 Ib. 216.

96 Ib. 217.

97 Ib. 218.

98 Ib. 220.

99 Ib. 215.

100 Ib. 221.

101 Actes du Conseil général no 332, janvier-mars 1990, p. 37-55.

102 Ib. p. 39 ss.

103 Const 2.

104 CG23 217.

105 Ib. 225.

106 Ib. 225.

107 Ib. 226.

108 Ib. 218.

109 Ib. 233.

110 Ib. 335.

111 Marialis cultus 27.

112 Lumen gentium 53

113 Ib. 62.

114 Ib. 56.

115 Cf. Evangelii nuntiandi 82.

116 Lumen gentium 56.

117 Cf. Lc l, 46-55.

118 Const. 8.

119 Cf. CG23 357.

120 Cf. 1 P 3, 15.