LE CENTENAIRE DE DON BOSCO ET NOTRE RENOVATION
Introduction - Coup d'œil rapide sur les célébrations : Année jubilaire ; Adhésion enthousiaste des jeunes ; Reconnaissance civile ; Etudes et publications ; Manifestations artistiques, culturelles et sportives ; Expériences vécues dans la Congrégation ; Vitalité de la Famille salésienne ; Intérêt des Evêques et des nombreuses communautés diocésaines et paroissiales ; Participation active du Saint-Père. - Quelques priorités à garder soigneusement : Notre dimension ecclésiale ; L'urgence de l'éducation chrétienne de la jeunesse ; L'engagement attentif et qualifié dans un « Projet-Laïcs » ; Une présence évangélisatrice mieux à jour dans la communication sociale. - L'impression dominante : « un événement de grâce ». - La primauté de l'« intériorité apostolique ». - La vitalité surprenante de la Famille salésienne. - Le Mouvement des jeunes. - L'enrôlement des laïcs. - La dimension mariale. - La dévotion à saint Jean Bosco. - Les deux grands engagements que nous assumons : l'Etrenne/89 ; le CG23. - Conclusion.
Turin - Valdocco :
Solennité de Marie Auxiliatrice,
24 mai 1989
Chers Confrères,
Nous voici à peine à quelques mois de la conclusion du Centenaire « DB88 ». Cet événement nous a fortement engagés, nous et notre Famille.
Je vous invite à réfléchir à sa signification pour notre vie et à ses conséquences pour notre action. Je ne crois pas prématuré d'essayer d'en faire une sorte de premier bilan qui servira à renforcer notre identité salésienne dans le Peuple de Dieu et notre qualité de missionnaires dans le monde. Le Centenaire a eu un impact certain sur toute la marche de notre rénovation. Nous pouvons le considérer comme une étape de valeur historique située au terme de la longue période postconciliaire de redéfinition de notre vocation de fils de Don Bosco (à travers les trois grands Chapitres généraux : 20, 21, 22 !) ; elle marque le passage d'un temps de recherche et de crise à une phase de prise de conscience renouvelée de notre vocation et d'initiative pastorale et missionnaire plus courageuse. Cela me semble ressortir des faits, des nombreux espoirs qui se sont éveillés et des résolutions qui se sont exprimées.
On ne peut certes pas faire de 1988 un tournant de notre histoire ; mais cette année se révèle pourtant sans aucun doute comme le temps et le lieu où sont apparus dans leur maturité les fruits du travail délicat qui a précédé, et auquel a participé la Congrégation avec toute la Famille salésienne : les valeurs éternelles héritées de Don Bosco et de la tradition ne pourraient en effet plus se comprendre si elles n'avaient été approfondies et exprimées sous une forme adaptée à notre temps.
C'est dans ce sens que nous devons dire que le Centenaire a réellement été une « année de grâce » où Don Bosco a confirmé une fois de plus l'actualité de son charisme et a, en quelque sorte, apposé sa signature personnelle à notre carte d'identité postconciliaire.
Nous devons reconnaître que les grands Saints sont vraiment la jeunesse de l'Eglise : ils ont certes vécu dans le passé, mais ils sont des hommes de l'avenir, témoins de l'action transformante, pleine de nouveauté, propre à l'Esprit du Seigneur.
Coup d'œil rapide sur les célébrations.
Il est impossible (ce n'est d'ailleurs pas le rôle d'une lettre de réflexion spirituelle) d'énumérer tout ce qui a été fait dans les Maisons, les Provinces, les Nations, les Régions et au niveau central de la Famille salésienne et de l'Eglise. Je crois cependant utile de commencer par mentionner les faits principaux, ne fût-ce que d'une manière très succinte, parce que c'est sur eux que s'appuient les réflexions qui vont suivre.
- Préparation du Centenaire. On a commencé les projets de célébrations immédiatement après le CG22 (1984). Il y avait déjà eu auparavant des propositions et des initiatives, mais il fallait attendre l'élection du Recteur majeur et de son Conseil par le Chapitre général. Aussitôt après, on fixa les objectifs à atteindre et l'on mit sur pied des Commissions spéciales composées de représentants des différents Groupes de la Famille salésienne dans les Provinces ; on constitua également à Rome une Commission centrale de coordination présidée par le Vicaire général, le Père Gaétan Scrivo. Celle-ci se mit à préparer quelques orientations de base et à fixer les grandes lignes des programmations ; elle choisit également les responsables des différents secteurs. Le travail fut acharné, surtout pour le président de la Commission centrale qui compromit sa santé pour la réussite des célébrations. Nous savons, en effet, que le Père Scrivo fut atteint d'un grave infarctus presque juste au terme du Centenaire : nous lui devons une grande reconnaissance.
Si nous voulons nous rappeler les étapes principales de cette période (au niveau central), on peut relire, dans les Actes du Conseil général, quelques lettres du Recteur majeur,1 et diverses communications du Vicaire général.2
On a voulu associer à la fois la commémoration et l'engagement pour « éviter deux écueils : un triomphalisme anachronique, inacceptable aujourd'hui parce que peu compréhensible et inefficace ; et un minimalisme incapable de réaliser le Centenaire comme un événement à travers lequel l'Esprit-Saint, " qui, avec l'intervention de Marie, suscita saint Jean Bosco ", nous demande de repenser en profondeur notre engagement à être, pour notre temps, " Don Bosco vivant " ».
Il y eut également une planification détaillée de type logistique ainsi que l'aménagement nécessaire (et très coûteux) des lieux de Don Bosco : Valdocco et surtout la Colline des Becchi, pour les rendre parlants et adaptés aux besoins des pèlerinages.
J'adresse ici un merci tout spécial à l'Econome général, le Père Omer Paron, et à tous ses généreux collaborateurs.
- Année jubilaire. Dans un « Bref apostolique », le Saint-Père a proclamé pour 1988 une année jubilaire spéciale, enrichie de grâces et d'indulgences, pour célébrer le témoignage de sainteté de Don Bosco et obtenir des secours spéciaux par son intercession.3 Aux sept églises initialement désignées par le Bref, la Pénitencerie apostolique a accepté, par la suite, d'en adjoindre beaucoup d'autres dans chaque continent (y compris l'URSS : Biélorussie, Géorgie, Lituanie, Ukraine), pour permettre à des jeunes et à des fidèles de toutes les latitudes de bénéficier en grand nombre des avantages du Jubilé.
Cela a suscité une variété extraordinaire d'activités spirituelles et de pèlerinages qui ont marqué tous les mois du Centenaire. Les manifestations les plus massives et les plus ferventes se sont déroulées à Turin-Valdocco et aux Becchi, la « Colline des béatitudes des jeunes » - (sans oublier les nombreuses manifestations populaires, en particulier dans la basilique de Don Bosco à Panama et dans son temple à León, au Mexique).
L'impact des lieux de Don Bosco ainsi qu'une saine théologie des pèlerinages et des sanctuaires ont contribué à donner à ces événements un caractère transcendant. Parce qu'il rappelle, en effet, le mystère du Christ-Voie, entériné par une pratique suivie des fidèles au cours des siècles, le pèlerinage revêt la caractéristique d'un « sacramental » de l'Eglise - experte en humanité et maîtresse d'Evangile - et fait pratiquer d'une manière vivante la pédagogie de la conversion.
Parmi les pèlerinages les plus significatifs aux lieux de Don Bosco, il faut compter ceux de tous les Patronages paroissiaux de Milan, de plusieurs diocèses d'Italie et d'Europe, conduits par leurs Evêques, de beaucoup de groupes européens de souche salésienne, et de beaucoup de délégations venues des différents continents. Méritent une mention spéciale les pèlerinages de Pologne, de Yougoslavie et de Hongrie, ceux d'Amérique, d'Extrême et du Moyen-Orient, les nombreux groupes de la Famille salésienne d'Espagne avec les Associations de Marie Auxiliatrice et le « Campobosco » national.
Au Colle Don Bosco se sont arrêtés pour prier plus d'un million de pèlerins, en grande partie des jeunes.
On a ainsi remis en honneur, surtout chez les jeunes, la pratique traditionnelle du pèlerinage chrétien qui, à notre époque de tourisme de consommation, a fait redécouvrir le sens de la prière, de la présence historique et géographique du sacré, de la fréquentation des sacrements et, dans notre cas, du modèle de sainteté apostolique propre à Don Bosco, et de sa puissante intercession surtout dans l'œuvre de l'éducation.
- Adhésion enthousiaste des jeunes. Un des objectifs spécifiques des programmations était de mobiliser à fond la jeunesse, avec le concours des différentes forces pastorales et pédagogiques de notre Famille. Le « Confronte DB88 » [Rencontre DB88] à Turin devait en être la manifestation-sommet.
Le thème à approfondir était « Les jeunes dans l'Eglise pour le monde » dans l'orbite des grandes orientations du Concile Vatican II. Le Centenaire a vu toutes les Provinces s'engager avec fruit dans cette mobilisation. Les activités aux différents niveaux locaux furent nombreuses : on a réalisé de vivants rassemblements nationaux de jeunes (congrès ou conciles), surtout dans les différents pays d'Amérique latine (Argentine, Antilles, Brésil, Chili, Colombie, Equateur, Guatemala, Mexique, Paraguay, Pérou, Uruguay etc.), en Espagne et ailleurs. On a mis sur pied des journées spéciales de convivialité et de réflexion, organisé des retraites spirituelles, mis au point des thèmes d'étude et des concours variés, célébré des fêtes de la jeunesse et des tournois sportifs. On peut dire que chaque Province ou région a réussi des manifestations à contenu formateur. Le succès de la « Rencontre DB88 » en a été le couronnement ; ce fut comme la proclamation - de la part des jeunes eux-mêmes - d'un chemin à parcourir avec de l'imagination créatrice et au niveau de l'Eglise entière.
On a largement dépassé ce qui avait été initialement prévu et mis en route au cours des deux années de préparation. Les jeunes se sont révélés de véritables chevilles ouvrières d'un renouveau dans la foi consciente du Christ, de la capacité de s'engager sérieusement, de leurs possibilités apostoliques concrètes et courageuses. Le type de sainteté cultivé par Don Bosco les a attirés et inspirés ; sa spiritualité s'est révélée actuelle et prometteuse, comme une expérience féconde à développer dans les nouvelles conditions de la culture. A ce résultat remarquable ont contribué des animateurs et des animatrices bien préparés appartenant aux différents Groupes de la Famille salésienne.
D'autres fêtes et manifestations de masses pour les jeunes, denses de réflexion et de prière, se sont déroulées - pour n'en évoquer que quelques unes - au Colle Don Bosco, au stade communal de Turin, dans l'arène de Vérone, dans les stades de Manille, de Querétaro et de bien d'autres villes.
- Reconnaissance civile. Au niveau central, on avait prévu deux moments significatifs au point de vue social : un au Théâtre royal de Turin pour l'ouverture officielle du Centenaire, et un autre à Rome au Capitole pour sa clôture. En fait, il y en a eu un très grand nombre dans chaque partie du monde : manifestations appuyées par des Etats, des Parlements, des Villes, des Universités, des Associations, des Clubs, des Groupes du monde de la culture et du travail, et même des Syndicats et des Partis politiques ; constructions d'églises et érections de monuments, dédicaces de rues et de places ; émissions de timbres ; citoyennetés d'honneur conférées au Successeur de Don Bosco ; attributions de médailles d'or et d'argent pour des mérites pédagogiques ; nombreuses commémorations à la télévision, à la radio et dans la presse ; etc.
Il suffirait de rappeler, à titre d'exemples, à Brasilia, la célébration présidée par le Gouverneur ; au Portugal, la présence du Président de la République à l'ouverture du Centenaire et du Ministre de la Justice à sa clôture ; en Argentine, la démarche du Président de la République de déclarer d'intérêt national les actes centraux des célébrations ; en Uruguay, l'hommage à Don Bosco rendu au Parlement ; en Inde, l'intervention du premier Ministre Rajiv Gandhi à l'occasion de l'émission du timbre commémoratif ; en Italie, la visite du Président de la République à Valdocco, le salut chaleureux et reconnaissant de l'ex-Président Sandro Pertini, la commémoration du Ministre des Affaires extérieures au Capitole, la séance du Rotary Club au Nouveau Théâtre de Turin et les célébrations en différentes villes : Milan à la Scala avec la participation du Président du Sénat Jean Spadolini, Naples au Théâtre Saint-Charles, Palerme au Palais des Normands, Bologne au Théâtre Communal, et puis les intéressantes activités et journées d'études en plusieurs Universités.
On peut dire que s'est renforcée la connaissance de Don Bosco dans les aspects humanitaires et sociaux de son œuvre et de sa mission : un Saint qui est un citoyen méritant parce qu'il a dépensé ses nombreuses qualités et son génie pédagogique à promouvoir le bien de la société.
- Etudes et publications. Un peu partout, on a organisé des journées d'études et fait des publications en toutes sortes de langues sur la personnalité de Don Bosco, sur son œuvre, sur ses aspects spirituels, pastoraux, pédagogiques et sociaux. Il n'est pas possible d'en dresser la liste : elle comporte aussi bien des œuvres de vulgarisation que de recherche historique, qui campent sa place dans J'Eglise et dans la culture.
Nous pouvons en rappeler quelques unes : les deux volumes de « Don Bosco nel mondo » [Don Bosco dans le monde] de Marc Bongiovanni (traduits en d'autres langues) ; « Don Bosco nella storia della cultura popolare » [Don Bosco dans l'histoire de la culture populaire] aux soins de François Traniello ; « L'esperienza pedagogica di Don Bosco » [L'expérience pédagogique de Don Bosco] de Pierre Braido (en plusieurs langues) ; « Don Bosco e la musica » [Don Bosco et la musique] de Mario Rigoldi ; « Don Bosco nella fotografia del'800 » [Don Bosco dans la photographie du 19ème siècle] de Joseph Soldà ; « Giovanni Bosco studente » [Jean Bosco étudiant] de Second Caselle ; « Scritti pedagogici e spirituali » [Ecrits pédagogiques et spirituels] des Editions LAS ; « Scritti spirituali » [Ecrits spirituels] de Joseph Aubry (réédition) ; « Don Bosco, attualità di un magistero pedagogico » [Don Bosco, actualité d'un art pédagogique] aux soins de Robert Giannatelli ; « Pensiero e prassi di Don Bosco nel primo Centenario della morte » [Pensée et pratique de Don Bosco dans le premier Centenaire de sa mort] , numéro unique de la revue Salesianum (d'environ 300 pages) ; « Parola di Dio e carisma salesiano » [Parole de Dieu et charisme salésien], du Congrès international de nos Biblistes ; « Studi su San Giovanni Bosco » [Etudes sur saint Jean Bosco], du premier Congrès international de haut niveau académique tenu à l'UPS ; l'ouvrage « Torino e Don Bosco » [Turin et Don Bosco] en trois volumes des Archives historiques de la Ville, aux soins de Joseph Bracco ; « Don Bosco Fondatore » [Don Bosco Fondateur], du Symposium réalisé à la Maison générale de Rome ; la nouvelle biographie « Don Bosco, storia di un prete » [Don Bosco, histoire d'un prêtre] de Teresio Bosco, avec de nombreuses traductions, même en russe ; tout le catalogue LDC sur Don Bosco, bien fourni en textes et en moyens audiovisuels ; quelques apports de l'Institut salésien d'Histoire, etc. (Il faudrait demander des excuses à tous ceux qui n'ont pas été mentionnés !).
La Faculté des Sciences de l'éducation « Auxilium », des Filles de Marie Auxiliatrice, a donné elle aussi sa contribution de différentes manières : des études et des apports dans sa Revue des Sciences de l'éducation, par exemple, sur le projet de paternité de Don Bosco4 et sur lui comme maître de la nouvelle éducation ;5 et en particulier deux livres intéressants : un de Marie-Pierre Manello, « Madre ed educatrice. Contributi sull 'identità mariana della Figlia di Maria Ausiliatrice, per una pedagogia mariana nell' anno centenario » [Mère et éducatrice. Contribution à propos de l'identité mariale de la Fille de Marie Auxiliatrice, pour une pédagogie mariale de l'année du Centenaire] ; et l'autre d'Antoinette Colombo, « Verso l'educazione della donna oggi » [Pour l'éducation de la femme aujourd'hui], Actes du Congrès international organisé à l'occasion des célébrations du Centenaire.
Je rappellerai volontiers avec gratitude le travail courageux du Père Basile Bustillo (Madrid) pour mener à bien la traduction tant attendue des « Memorie Biografiche » en espagnol.
A côté de la divulgation, il y a donc eu un travail patient et soigné de recherche et d'approfondissement, qui a ouvert des horizons concrets à de nouvelles études. Quelques publications critiques, ma foi discutables, n'ont pas manqué non plus ; mais elles ont contribué de différentes manières à une plus grande objectivité et à une réflexion plus sérieuse.
Manifestations artistiques, culturelles et sportives. Dans ce domaine, il faut rappeler en premier lieu le film « Don Bosco » de Léandre Castellani et d'autres réalisations cinématographiques et documentaires, parmi lesquelles en particulier « Giovanni, il ragazzo del sogno » [Jean, l'enfant du songe] de la SAF de Turin. Il faut encore signaler deux œuvres musicales de grande valeur artistique : le concert symphonique du maestro Marc Kopelent (tchécoslovaque) au Théâtre royal de Turin, et l'oratorio musical du maestro William Rabolini (SDB) au Théâtre Saint-Charles de Naples.
La production de concerts, de récitals, de cantates etc. a été abondante : en Argentine, au Chili, aux Philippines, en Italie, en Espagne et en d'autres pays.
Les chansons, les concours, les expositions, les pièces de théâtre, les compétitions sportives et beaucoup de manifestations de la jeunesse et du peuple ont mis en lumière la fascination qu'exerce encore Don Bosco, spécialement sur la jeunesse. On l'a présenté à l'opinion publique de mille manières. Comment ne pas rappeler l'ascension de l'Aconcagua, sommet le plus élevé d'Amérique, avec la pose d'une plaque commémorative ; et l'étape du Tour d'Italie pour professionnels et amateurs au Colle Don Bosco pour honorer le Centenaire ?
Mérite encore une mention la bénédiction de la première pierre de la nouvelle « Bibliothèque Don Bosco » à l'UPS de Rome, appelée familièrement « l'Université de Don Bosco pour les jeunes » : elle servira à promouvoir la culture sérieuse parmi les jeunes et le peuple du quartier, sans oublier ceux qui fréquentent l'Université.
- Expériences vécues dans la Congrégation. Toutes les communautés provinciales et locales ont organisé des activités de qualité principalement pour améliorer notre fidélité à l'esprit du Fondateur, pour mieux actualiser sa mission parmi les jeunes et le peuple, renforcer la communion et la collaboration des Groupes de sa Famille, lancer un Mouvement de jeunes profondément ecclésial. Deux moments très significatifs, préparés par un long temps de réflexion et de prière, ont été le renouvellement de la Profession salésienne de tous les Confrères, le 14 mai, et la Profession perpétuelle de 126 jeunes SDB et FMA dans la basilique de Marie Auxiliatrice à Valdocco, le 8 septembre. Ces moments spirituels voulaient attester le profond attachement de tous à notre Père et Fondateur bien-aimé, ainsi que l'actualité de son esprit et de sa mission dans les temps nouveaux. Aujourd'hui encore, comme les 22 premiers jeunes gens en 1862, nous voulons rester avec Don Bosco pour partager son expérience de l'Esprit-Saint imprégnée du « da mihi animas » [donne-moi des âmes], son style évangélique et sa méthodologie pédagogique et pastorale de la bonté.
On a organisé des sessions spéciales d'Exercices spirituels pour mieux connaître et vivre le Charisme de Don Bosco. Le Recteur majeur en personne s'est engagé dans la prédication de plusieurs sessions à beaucoup de Directeurs d'Amérique latine, d'Inde et d'Extrême-Orient sur le thème de l'« intériorité apostolique », autrement dit de la « Grâce d'unité » qui caractérise toute notre vie consacrée.
Nombreuses ont été les journées et les rencontres d'études ; on a publié des cahiers de formation, des instruments liturgiques, des méditations, des prières etc. On a travaillé en beaucoup d'endroits à relancer l'Oratoire, à réaliser de nouvelles présences parmi la jeunesse nécessiteuse, à intensifier l'engagement missionnaire, à améliorer l'évangélisation et la catéchèse, à développer la dimension mariale, à faire en sorte que notre pastorale parmi les jeunes débouche sur un Mouvement vivant de foi chrétienne.
Il est évident que, parmi les célébrations réalisées, les confrères ont encore été les animateurs et les organisateurs principaux de beaucoup d'entre elles. Il faut ajouter que les Provinces ont participé, selon leurs possibilités, au « Fonds 88 » pour contribuer à résoudre les problèmes financiers des célébrations.
Dans la Congrégation s'est accru le désir de revenir aux motivations profondes du choix de la vocation personnelle et s'est réveillée la conscience de la fascination que Don Bosco ne cesse d'exercer.
Il nous a semblé entrer dans un climat de printemps et d'enthousiasme renouvelé qui aide à traverser dans l'espérance les difficultés de notre temps, que sont certains mirages idéologiques et la diminution des vocations en certaines régions.
- Vitalité de la Famille salésienne. Un aspect vraiment admirable du Centenaire a été la participation active de la Famille salésienne, tant à l'intérieur de chaque groupe que dans la communion et la collaboration de tous ensemble.
Très significatif a été le symposium sur Don Bosco Fondateur avec la présence des responsables de chaque Groupe.
Les Filles de Marie Auxiliatrice ont eu de nombreuses activités d'une densité spirituelle, apostolique et pédagogique toute spéciale. Elles ont suscité avec enthousiasme la participation de la jeunesse féminine en particulier et ont vécu, comme une journée-sommet, la béatification de Laure Vic un a à la Colline des Becchi.
Les Coopérateurs ont mis sur pied des congrès régionaux et nationaux ; leur nombre s'est accru et ils se sont engagés à consolider leur formation selon le programme soigneusement mis au point dans la réunion de leur Conseil mondial à Rome. Ils ont mis leurs espérances dans les orientations de Vatican II, si riche pour l'application de leur Règlement de Vie apostolique.
On a organisé de fructueuses rencontres de Délégués et de Déléguées des Coopérateurs en diverses régions et nations. Est digne de mention le premier Congrès national espagnol des « Hogares Don Bosco » [Foyers Don Bosco] pour l'animation chrétienne des jeunes couples et de leurs familles, qui a rassemblé à Madrid près d'un millier de couples.
Les anciens et les anciennes Elèves ont organisé et célébré leur premier Congrès mondial unitaire dans la perspective d'une plus grande communion. Les anciens Elèves ont en outre réalisé d'autres congrès et rassemblements à différents niveaux. Ils ont organisé des expositions et des concours ; ils ont entre autres mis sur pied une exposition internationale d'art à Rome, fait paraître des interventions dans les moyens de communication sociale ; ils ont fait montre d'inventivité et de reconnaissance. Il faut dire qu'une des choses qui ont étonné et surpris, ce fut la participation et la collaboration de beaucoup d'anciens Elèves de fait qui, sans être inscrits dans l'Association, se sont sentis vitalement interpellés par le Centenaire.
Chacun des autres Groupes également, en particulier celui des Volontaires de Don Bosco, a approfondi avec joie les liens de sa vocation propre avec l'esprit commun. Particulièrement fructueuse a été la rencontre des Supérieures générales des Instituts de vie consacrée fondés par les Salésiens.
Mais avec leurs réalisations, il faut surtout relever dans chaque Groupe la vigueur extraordinaire et l'efficacité de la communion mutuelle à l'esprit de Famille. On a pu surtout en constater l'impact dans les célébrations de Turin en présence du Saint-Père (Colle Don Bosco, Valdocco, Stade communal) et dans celles, par exemple, du Mexique (à Querétaro) coordonnées par quatre Provinces (deux SDB et deux FMA) dans une communion d'efforts admirable. La Famille salésienne a proclamé et célébré aussi l'importance de la dimension mariale de notre charisme.
Que de choses se sont faites et combien pourront se faire encore partout, avec cette cohésion d'objectifs, selon notre mot d'ordre « en avant tous ensemble » ! Au cours du Centenaire, on a vu se renforcer une mentalité et une attitude de Famille salésienne plus concrètes et plus opérantes.
- Intérêt des Evêques et de nombreuses communautés diocésaines et paroissiales. Le Centenaire a également eu une résonnance extraordinaire dans l'Eglise : d'éminents cardinaux, des évêques, des nonces apostoliques, des curés, des prêtres chargés d'âmes, des diocèses, des communautés de fidèles, des associations de laïcs, des religieux et des religieuses de nombreux Instituts ont voulu célébrer Don Bosco comme un don providentiel de Dieu pour le bien de la jeunesse, surtout populaire.
Il faut tout d'abord évoquer l'archevêque de Turin, le Card. Anastase Ballestrero, au grand cœur pastoral et d'une sagesse spirituelle pénétrante, qui proposa l'année jubilaire pour Don Bosco et travailla efficacement à obtenir la visite du Pape à Turin et ses environs. Il a vécu à la première personne et avec la profondeur d'un guide les différentes étapes des célébrations : l'ouverture et la clôture du Centenaire avec tous les Evêques du Piémont ; des homélies et des interventions appropriées à l'occasion de la visite du Saint-Père ; des réflexions de valeur sur l'identité salésienne, sur l'urgence de la pastorale des jeunes, sur la relance de l'Oratoire, sur l'originalité et l'exemplarité du ministère sacerdotal de Don Bosco.
De son côté, le Cardinal Charles-Marie Martini de Milan a écrit des lettres pastorales pleines de signification et a eu la bonté, en l'honneur de saint Jean Bosco et de sa pastorale pédagogique, d'accepter le Doctorat « honoris causa » de la Faculté des Sciences de l'Education de notre Université de Rome.
Il est également significatif que la Commission de la Conférence épiscopale italienne ait voulu célébrer à Valdocco la journée nationale de la Pastorale et la dédier à la jeunesse.
Il n'est pas possible de nommer les cardinaux, les archevêques et les évêques qui sont intervenus dans les différentes parties du monde ; des Conférences épiscopales nationales et régionales entières l'ont également fait. Leurs lettres pastorales et leurs allocutions sur Don Bosco sont innombrables. En Espagne, par exemple, elles sont si nombreuses et si riches qu'on a suggéré de les regrouper et de les publier dans un volume spécial de la BAC. Beaucoup d'évêques ont également conduit des pèlerinages diocésains bien suivis aux lieux de Don Bosco ou aux temples désignés pour le jubilé.
Dans certaines de nos Provinces, on a mis un matériel biblique, biographique, pastoral et pédagogique de qualité à la disposition des prêtres et des responsables de l'apostolat dans les communautés, pour des veillées de prière, des journées d'étude, des célébrations, des liturgies festives, ainsi que pour l'information et la réflexion dans les séminaires, les différents centres de formation et les réunions de jeunes.
Nous ne pouvons pas oublier la présence d'une bonne soixantaine de cardinaux et d'évêques salésiens à l'ouverture du Centenaire, avec un dialogue fraternel des plus sympathiques avec le Recteur majeur, et une Eucharistie solennelle au Temple de Don Bosco du Colle, le 1 er février.
On a constaté que Don Bosco et son charisme ne sont pas une « propriété privée », mais un véritable don voulu par le Seigneur et par Marie pour tout le Peuple de Dieu dans son exigeante mission d'éducation et d'évangélisation de la jeunesse.
- Participation active du Saint-Père. Ce cadeau ne fut pas prévu dans nos programmations initiales, mais il fut accueilli avec une joie immense et préparé avec soin dans tous ses détails. Le Pape l'a personnellement voulu en gage de reconnaissance et par conviction personnelle : « Don Bosco est un grand Saint de l'Eglise - m'avait-il dit -, il faut souligner son originalité et sa mission prophétique ». La participation du Successeur de Pierre a certainement été le moment culminant et le plus mémorable des célébrations : elle leur a conféré un visage authentique d'ecclésialité et éclairé de la plus haute autorité leur message spirituel, pastoral, pédagogique et social.
Rappelons ses interventions les plus marquantes et les plus éloquentes :
Le Bref d'indiction de l'Année jubilaire ; La remarquable Lettre « Juvenum patris » ;
Le pèlerinage de deux jours et demi aux lieux de Don Bosco ;
La béatification solennelle de Laure Vicuña aux Becchi ;
Les nombreuses allocutions et homélies ; Les audiences spéciales ;
L'attribution officielle à Don Bosco du titre universel « Juventutis Pater et Magister » [Père et Maître de la jeunesse] ;
L'encourageant discours de conclusion au Recteur majeur avec son Conseil, le 4 février 1989.
Le Pape aime la Famille salésienne, et la Famille salésienne poursuit sa tradition d'attachement convaincu et actif au ministère de Pierre.
Il nous faut être profondément reconnaissants à S.S. Jean-Paul II de tout ce qu'il a fait en faveur du Centenaire et au cours de son déroulement. Il a décrit avec autorité la place particulière de Don Bosco dans l'Eglise et propulsé avec enthousiasme son charisme vers le troisième Millénaire. Nous devrons savoir tirer parti de son témoignage et de ses lumières.
Quelques priorités à garder avec soin.
Le Centenaire, je dois le souligner, a révélé l'impact de la présence des Confrères et des membres de la Famille salésienne. Si ses fils et ses filles d'aujourd'hui n'avaient pas été saisis par sa passion d'éducateur et d'apôtre, par son angoisse pour le salut de la jeunesse et par un attachement très vif à sa personne de Père et de Maître, le Centenaire n'aurait pas atteint les sommets dont j'ai parlé. Sans une Famille vivante, il n'y aurait probablement pas eu de Don Bosco vivant, du moins dans la mesure qui lui revient. Cette constatation positive est cependant chargée d'interpellations et de défis, que chacun se doit d'affronter honnêtement.
Une lecture plus approfondie et plus docile aux appels de l'Esprit doit reconnaître que les célébrations du Centenaire nous ont amenés à mettre le doigt sur certaines carences spirituelles, pastorales, culturelles et pédagogiques. Elles ont été l'occasion d'un contrôle qui permet de relever la qualité de notre vie et de notre action. Nous avons été fortement encouragés à surmonter le danger de nous arrêter aux « choses » et aux « structures », sans aucun doute indispensables elles aussi, pour aller avec plus de sérieux et de conscience jusqu'aux profondeurs du charisme. Nous avons éprouvé une forte poussée en avant, un moment de sérénité où nous avons mieux pris conscience du véritable esprit salésien, de la fascination que continue à exercer notre Fondateur, de la valeur de son projet évangélique et de la confiance que nous pouvions lui accorder, de l'enthousiasme de nous sentir parties prenantes de sa mission, d'une plus large communion fraternelle, d'une grande espérance dans le progrès global de notre rénovation.
Mais nous avons également constaté des déficiences.
Il me semble utile d'en relever quelques unes en vue de notre rénovation.
Don Bosco nous invite à améliorer, entre autres, les aspects suivants : notre dimension ecclésiale ; l'urgence de l'éducation chrétienne de la jeunesse ; l'engagement attentif et qualifié dans un « Projet-Laïcs » ; et une présence évangélisatrice mieux à la page dans la communication sociale.
- En premier lieu notre dimension ecclésiale.
S'il est un aspect qui s'est fortement dégagé en 1988, c'est bien celui du caractère ecclésial de Don Bosco et de son œuvre. Le sens de l'Eglise universelle et l'engagement concret dans l'Eglise particulière sont apparus comme deux dimensions inséparables, qu'il faut entretenir d'une manière complémentaire.
Le Concile Vatican Il a mis l'accent sur le mystère de l'Eglise ; il nous demande de nous sentir coresponsables de la grande mission commune et de la traduire dans notre vie, pour nous appliquer à donner de l'impact à notre charisme dans le territoire où nous sommes implantés. Cela implique une manière toute nouvelle d'organiser notre projet pastoral pour en corriger les défauts, et requiert par conséquent de l'imagination pour rénover nos œuvres, de la sensibilité aux nouvelles présences urgentes, de la coordination et de la collaboration avec d'autres œuvres locales.
1988 doit nous amener à faire comprendre à tous, dans la pratique, que nous sommes (malgré nos limites) un authentique don de Dieu pour l'Eglise locale, selon les valeurs et les finalités visées par le caractère particulier du projet apostolique de Don Bosco.
- L'urgence de l'éducation chrétienne de la jeunesse a sans aucun doute été l'une des interpellations les plus claires des célébrations et des réflexions du Centenaire.
Le Pape et les Pasteurs le répètent depuis des années avec une insistance qui souligne leur préoccupation. Les jeunes eux-mêmes se montrent affamés des grands idéaux proclamés par le Christ, tragiquement absent dans une civilisation imprégnée sous mille formes d'un subtil matérialisme. Le Centenaire nous a poussés à choisir ce problème urgent pour les travaux de notre prochain Chapitre général.
Nous avons compris que Don Bosco n'aurait eu de cesse que sa pratique éducative ne soit aussi une « pédagogie de sainteté », dans laquelle Jésus et Marie ne soient les grands amis de la jeunesse actuelle. C'est en remettant en valeur et en approfondissant son caractère préventif que la pratique éducative salésienne continuera à s'enrichir.
Que ne nous reste-t-il pas à récupérer et à inventer dans ce vaste domaine : la qualité des éducateurs, l'inspiration de nos projets, la structuration chrétienne de notre méthode, le caractère courageusement concret de nos propositions, le souci du climat de famille et l'atmosphère pastorale de nos milieux ! Il faut vaincre chez nous une superficialité spirituelle et pédagogique qui entraverait la véritable fidélité au Fondateur.
- L'engagement attentif et qualifié dans un « Projet-Laïcs ». Le Centenaire a aussi clairement fait apparaître l'importance de la présence active des laïcs dans notre Famille. La récente exhortation apostolique « Christifideles Laici » [Vocation et mission des laïcs dans l'Eglise et dans le monde], fruit du Synode/87, est venue confirmer la priorité pastorale de cet aspect dans l'évolution de la rénovation de l'Eglise. Don Bosco a privilégié avec une conviction toujours croissante le devoir des Salésiens d'encourager et d'entraîner les laïcs dans une vie spirituelle et apostolique. Dans les grands Chapitres généraux d'après le Concile, nous avons chaque fois confirmé clairement notre volonté d'être les continuateurs du projet de notre Fondateur en ce domaine. Nous avons commencé, mais pas partout. C'est un manque d'adaptation à l'esprit du Concile à ce sujet chez un certain nombre de Confrères. Il est grand temps de renforcer la formation de nos cadres, d'y consacrer des personnes convaincues et capables, de mieux structurer et d'encourager les organismes provinciaux d'animation, surtout ceux des Associations des Coopérateurs et des anciens Elèves.
- Une présence évangélisatrice mieux à jour dans la communication sociale. Au cours du Centenaire, j'ai été invité par les autorités communales de Mathi à visiter la fameuse papeterie achetée par Don Bosco : elle existe toujours, techniquement très améliorée (elle appartient à une Firme finlandaise), aujourd'hui encore tout imprégnée de son vivant souvenir. Il avait voulu prendre sa place dans ce secteur de la communication par la presse, « à l'avant -garde du progrès », comme il disait.
Les réalisations de communication sociale de notre Famille ont joué un rôle très important pour la réussite du Centenaire : élaboration d'instruments appropriés, coordination du Bureau de la Presse avec les centres italiens et étrangers, congrès international des Editeurs salésiens, première rencontre des Délégués provinciaux d'Europe et d'Amérique latine, consultations diverses, préparatifs de la mise sur pied de l'Institut pour la Communication sociale (ISCOS) dans notre Université. On a pu constater encore mieux la très forte influence de ce secteur dans l'éducation des jeunes et du peuple. Le dernier Chapitre général, le CG22, ainsi que les Constitutions et les Règlements,6 avaient également insisté pour qu'on reconsidère notre présence dans ce domaine.
Beaucoup de Provinces ont déjà commencé à bouger, mais le Centenaire nous demande de donner plus de consistance à cette nouvelle présence évangélisatrice, tant dans la qualité des contenus à communiquer que dans les manières nouvelles, et plus conformes à notre mission, de les transmettre.
C'est une nécessité apostolique qui pourra rendre vie aux nombreuses activités lancées par notre Père, mais qui, par la suite, en vertu de l'évolution des choses, ont été quelque peu oubliées ou passées de mode : la musique, le théâtre, les communications de groupes, etc.
Cela aussi, c'est une priorité à poursuivre malgré les carences trop nombreuses.
L'impression dominante : un événement de grâce.
Mais le sentiment le plus partagé est que le Centenaire a été un extraordinaire don d'en haut pour nous.
Je l'ai entendu répéter par de nombreux confrères dans chaque partie du monde : le premier Centenaire de la mort de Don Bosco nous a révélé notre Père Fondateur plus vivant que jamais ! Les prévisions et les attentes ont été dépassées ; les objectifs fixés ont été atteints d'une manière plus que satisfaisante ; ce fut une période de réflexion nouvelle qui nous a lancés avec plus de conviction vers les grands objectifs de rénovation tracés par le Concile Vatican II. Celui qui se serait attendu à un climat triomphaliste ou qui, en vertu de ses préjugés, ne se serait pas préoccupé de s'accorder spirituellement à ces célébrations, aurait été déçu ou étrangement dépaysé.
Les résultats positifs, nous les devons, pour ainsi dire, à Don Bosco lui-même ! Son type de sainteté, le dynamisme actif de son esprit, son sens pastoral, son expérience pédagogique, sa bonté exprimée dans son mot d'ordre : « se faire aimer », son esprit pratique et organisateur, son cœur « oratorien » et populaire, son réalisme religieux et son esprit universellement missionnaire, son sens de l'Eglise, son attitude sacerdotale en politique et, par dessus tout, son heureuse prédilection pour les jeunes, ont fait que l'attention qu'on lui a portée s'est révélée fascinante et prophétique.
Personne n'avait prévu le grand bien qu'aurait apporté cet événement : un souvenir fécond en découvertes, en interpellations et en projets.
La connaissance objective du Fondateur s'est accrue et l'intention de n'interpréter sa pratique éducative qu'à la lumière de critères humains s'est révélée nettement réductrice.
Ce fut une « année de grâce » au cours de laquelle on a célébré son charisme comme s'il venait de naître ; les lumières du Concile Vatican II l'ont fait briller avec plus d'actualité encore. Cela a permis d'éviter aussi bien la naïveté du triomphalisme, que la focalisation trop exclusive sur notre Famille qui aurait pu nous faire passer comme vivant en vase clos ; nous avons davantage été attentifs au mystère du Christ et de son Eglise.
L'année 88 a été pour nous comme une synthèse vivante, précieuse et prophétique (en continuité organique avec notre tradition), des 25 années de nos travaux postconciliaires : le CGS, le CG21, le CG22, le texte rénové de notre Règle de vie, la « Ratio Institutionis », les deux Livres de gouvernement (manuel du Provincial et du Directeur), le Règlement de Vie apostolique des Coopérateurs, les nombreux instruments pour la rénovation, les Documents d'identité fondamentaux des autres Groupes de la Famille, ont trouvé leur expression organique et existentielle dans le visage de Don Bosco Fondateur, modèle que nous a donné le Seigneur « comme père et maître ».7
Cette vue d'ensemble de la redéfinition de notre identité devient ainsi la véritable rampe qui nous lance vers les tâches de la nouvelle évangélisation et de la nouvelle éducation : une « Année de grâce » qui nous fait entrer dans l'« Avent » qui prépare le troisième Millénaire.
Le Salésien des temps nouveaux, décrit dans les documents rénovés, a toujours son pôle de référence vitale en Don Bosco, et ce Centenaire en a été une nouvelle confirmation par l'Eglise, la Société et la Famille. Les songes de notre Père sont devenus réalité après moins de cent ans, même s'il subsiste malheureusement beaucoup de défauts et de vastes horizons encore ouverts en perspective. C'est comme si la Providence avait fixé la date de 1989 pour clore avec bonheur notre travail de recherche et lancer dans la fidélité la mission salésienne vers de nouvelles phases de son histoire. Le Centenaire a fait mémoire, mais il a surtout été pour nous une heure de printemps.
Le Pape a affirmé à Turin que le Charisme de Don Bosco est « grand » et qu'il est particulièrement « nécessaire » à l'Eglise et à la Société d'aujourd'hui.
Je pense que cette « Année de grâce » nous invite à concentrer notre attention sur l'aspect charismatique de notre Famille : avec Don Bosco, nous sommes un « charisme » dans l'Eglise ! C'est dire que notre Famille est entraînée vitalement dans ce « moment privilégié de l'Esprit » dont nous a parlé Paul VI dans « Evangelii nuntiandi » [Evangélisation et monde moderne].8
Si l'expérience de l'Esprit-Saint est inhérente à la nature d'un charisme,9 nous pouvons dire qu'historiquement le charisme le plus grand et le plus vital de notre siècle a été le Concile œcuménique Vatican II : il est la principale initiative de l'Esprit-Saint pour revitaliser l'Eglise, comme un événement de Pentecôte. Autour du Concile, l'Esprit du Seigneur a suscité beaucoup d'autres charismes qui apportent une nouvelle vitalité au Peuple de Dieu ; parmi eux, certains Mouvements prennent du relief dans l'Eglise. Notre Famille doit être de ceux-là.
La présence de l'Esprit, en effet, a également touché, et en profondeur, la rénovation des charismes déjà existants. Nous devons nous sentir interpellés dans ce sens ; notre Famille est un don vivant pour le Peuple de Dieu : un charisme pour les jeunes et le peuple, marqué par la préoccupation d'éduquer et par un bon sens pratique et actif, sans recherche du sensationnel ni de la polémique, mais vivace et créatif dans sa participation courageuse au renouveau de l'Eglise inspirée à la grandeur d'âme de son Fondateur. Le Centenaire a donné le coup d'envoi - et c'est une grande grâce - à une voie « charismatique » rénovée où il nous faudra marcher longtemps avec enthousiasme et inventivité.
La primauté de l'intériorité apostolique.
Au centre de ce don d'en haut pour nous, je place la lutte contre la superficialité spirituelle. Dans toute la Congrégation, on s'est consacré avec un vif intérêt au grand acte de la rénovation de la Profession salésienne, le 14 mai 1988. Les activités de formation permanente à ce sujet ont été nombreuses et soignées. Durant toute une année, considérée presque comme une sorte de « noviciat général », on s'est attaché à approfondir l'identité de notre vocation dans l'Eglise. Un instrument très utile à cette fin a été le commentaire des Constitutions.10
Le grand thème fondamental, expliqué et approfondi dans de nombreux cours d'Exercices spirituels, dans des groupes de formation et des journées d'étude, a été celui de notre « intériorité apostolique », fruit de la « grâce d'unité » qui caractérise la charité pastorale salésienne. Le chemin parcouru dans les Chapitres généraux de l'après-Concile nous a conduits à une vision synthétique de notre « consécration apostolique ». Intérioriser et assimiler cette réalité a été une des tâches spirituelles du Centenaire.
La « grâce d'unité »11 donne vigueur et cohérence à cette charité pastorale, qui est le centre moteur de l'esprit salésien.12 Elle comporte une intercommunication réciproque inséparable entre les éléments indiqués avec bonheur dans l'article 3 des Constitutions : l'« Alliance » spéciale avec le Seigneur, la « Mission » auprès des jeunes et du peuple, la « Communauté » fraternelle comme sujet de la mission, et la « Pratique radicale des Conseils évangéliques » éclairés par l'attitude filiale d'obéissance. Il s'agit d'une lecture originale de l'Evangile qui brille dans l'expérience de sainteté de Don Bosco vécue « dans un projet de vie d'une profonde unité ».13 C'est précisément dans cet effort d'approfondissement que nous avons cherché le remède le plus sûr et le plus radical à la superficialité spirituelle en question.14
Notre consécration de vie active et pédagogique n'est pas chose facile. Elle requiert une initiation spéciale et une formation permanente continue et appropriée. Le tout se concentre dans l'énergie de la charité pastorale avec ses deux pôles sous tension : Dieu et les destinataires. Ces deux pôles ont une dynamique interne unique et originale.
L'amour de Dieu est la source et la cause de tout ; l'amour du prochain est la preuve pratique et le test qui mesure le véritable amour de Dieu, la route indispensable sur laquelle progresse l'amour de charité. Il y a comme un courant qui circule entre les deux, une relation réciproque de cause à différents niveaux, en vertu de laquelle il faut affirmer la primauté intérieure de l'union avec Dieu et la priorité pratique et méthodologique du service du prochain. Le Dieu vrai ne peut se concevoir sans son amour pour l'homme, et le prochain authentique ne peut se penser que comme image de Dieu. C'est pourquoi ne serait pas authentique un dévouement aux jeunes qui ne procéderait pas de l'amour de Dieu ; mais il est tout aussi certain qu'il n'y aura pas pour nous de véritable amour de Dieu qui fasse l'économie de la prédilection pour la jeunesse, surtout nécessiteuse.15 La passion pour Dieu est inséparable de la passion pour l'homme : c'est dans un mouvement unique de charité que nous vivons le grand commandement de l'Evangile. Il n'y a pas d'alternative entre les deux pôles de notre charité pastorale.
C'est ici que se situe la « grâce d'unité » qui procède de la présence et de la puissance du Saint-Esprit et qui constitue la richesse originale de la « grâce de la consécration »16 inhérente à notre Profession religieuse. Elle engendre la synthèse vitale et l'unité intérieure entre Alliance, Mission, Communauté et Conseils évangéliques qui sont le fondement de notre identité salésienne. Par cette grâce d'unité, chacun des quatre aspects indiqués est vitalement relié à chacun des autres et n'est authentique que s'il est simultanément attesté à l'intérieur des autres. Vouloir promouvoir l’un sans l’autre, c’est altérer la nature charismatique de notre Profession.
Le Centenaire nous a aidés à méditer en salésiens sur l'option fondamentale de notre Profession religieuse : l'Alliance comme la source intarissable du « da mihi animas » [donne-moi des âmes] ; la Mission comme le trait central qui caractérise le visage de notre identité dans l'Eglise ; la Communauté comme l'originalité d'une communion qui constitue le sujet et le style de vie et d'action ; la pratique des Conseils évangéliques comme la structure porteuse et vivifiante de la véritable donation de nous-mêmes comme disciples du Christ. L'unité et l'inséparabilité des quatre éléments est une merveille de grâce rendue quotidiennement vivante en nous par l'Esprit sanctificateur.
La date du 14 mai cherchait précisément à éviter en nous la dichotomie pernicieuse entre « vie religieuse » et « charisme salésien ». Notre consécration apostolique est constitutivement « charismatique ».
C'est ce qui nous a obligés à repenser aussi dans une perspective dynamique certains termes classiques assez courants et qui pourraient devenir, presque à notre insu, l'expression d'une certaine inertie qui produirait une scission entre notre « vie religieuse » et notre « charisme » ; rappelons, par exemple, les termes « observance », « fin primaire et secondaire », « vie de communauté », « vœux ».
Si l'« observance » implique la fidélité au Fondateur, elle exigera de nous de l'esprit d'initiative, du dynamisme créatif dans la charité pastoral, de la souplesse au vu des situations de nos destinataires de l'adaptation aux exigences du renouveau de l'Eglise et à celle des temps. Les Constitutions rénovées se sont courageusement centrées sur le « charisme » de Don Bosco, pour dépasser un légalisme extérieur qui ne favoriserait pas la souplesse apostolique. L’observance comporte certainement aussi des « normes » sages et rénovées à mettre en pratique, mais ce qui guide la vie et l'action procède d'une forte intériorité et de cette expérience spirituelle et pédagogique qui est l'âme et la source des normes elles-mêmes, et qui les transcende.
Si, au lieu de « fin primaire et secondaire », on parle de « mission », cela voudra dire qu'on repense les choses sous une forme évangélique et théologale comme une participation active au mystère de l'Eglise et à sa fonction évangélisatrice, en vivant une Alliance spéciale avec Dieu.
Si l'on parle de « communauté » en mettant l'accent sur la « communion fraternelle », cela signifiera que notre vie commune devra se caractériser par la mise en commun des valeurs du projet évangélique de Don Bosco, de l'Alliance, de la Mission et de la radicalisation des Conseils comme des aspects vitaux de notre charisme. La communauté doit devenir consciemment « sujet » de la mission.
Et quand on parlera des « vœux », il faudra penser à la globalité de la « Profession » qui interprète sous une forme plus organique et plus apostolique les Conseils évangéliques, en signifiant que chacun d'eux devra être pensé et vécu dans l'harmonie du projet salésien tout entier. Nous avons fait le « renouvellement de la profession » et pas simplement des « vœux ».
Pour les autres Groupes de la Famille salésienne par conséquent, le Centenaire a également amené un effort pour intérioriser la vocation salésienne dans son aspect essentiel de charisme et de vie dans l'Esprit.
Entre la conscience rénovée de sa propre identité et la mise en pratique des nouveaux horizons de fidélité, il reste certainement toujours un fossé à combler. Le chemin à parcourir est une progression qui ne finit jamais, mais c'est la seule route qui conduise au vrai but.
L'étonnante vitalité de la Famille salésienne.
La Commission centrale chargée de coordonner les programmations du Centenaire était composée, comme je l'ai dit, des représentants des différents Groupes de la Famille salésienne ; c'est ainsi qu'on a également fait, en général, dans les différentes nations et les différentes zones. La collaboration a été importante et remarquable. La référence à Don Bosco a facilement focalisé l'intérêt de tous.
L'union de nos objectifs a démontré qu'« ensemble », nous pouvions faire de grandes choses pour la jeunesse, pour les pauvres, pour l'Eglise et pour la Société. Le monde a pu voir que notre Famille n'est pas refermée sur elle-même, mais évangéliquement ouverte ; qu'elle aime réellement le Pape et les Evêques, et qu'elle est fidèle à leur Magistère ; qu'elle s'emploie à travailler avec l'Eglise locale selon ses capacités ; qu'elle est une force au service du bien commun. Elle sait embrigader un peu tout le monde pour réaliser le bien : les autorités civiles et ecclésiastiques, les différentes couches sociales, même si elles ne partagent pas les mêmes vues, les croyants de diverses religions, les éducateurs de cultures différentes.
Le Centenaire nous a, en fait, fortement poussés à relancer notre Famille. On a ressenti l'invitation à placer nos objectifs communs plus haut qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, tant au niveau de la société qu'à celui de l'Eglise.
Outre l'attrait que Don Bosco continue à exercer, on a pu constater avec joie l'efficacité qui résulte de la convergence des forces salésiennes sur le territoire où elles sont implantées. C'est ainsi que s'est spontanément fait jour l'intention d'établir des projets et de travailler avec plus de coordination, en affrontant les résistances et en surmontant les immanquables difficultés dans un esprit fraternel. Il s'agit aussi de renforcer entre les Groupes l'idée centrale de « communion » qui constitue une des bases de l'ecclésiologie du Concile Vatican II.
La rencontre suggestive des représentants des différents Groupes dans les chambrettes de Don Bosco, aux premières heures du matin du 31 janvier, comme pour revivre l'heure même de la mort de notre Père et Fondateur, a permis de méditer avec une filiale affection l'héritage commun reçu de lui, et d'inaugurer de cette manière humble et familière, en fils et filles reconnaissants, les nombreuses célébrations qui ont suivi. Là fut à nouveau exprimé le mot d'ordre pour tous : « En avant tous ensemble ! ».
Il est difficile de mentionner ici les activités réalisées dans les différents secteurs.
Quand on regarde le dynamisme de notre Famille au cours du Centenaire, il apparaît avec évidence que se sont développées une mentalité et une attitude de communion plus souple et plus performante au centre et dans de nombreuses Provinces. Cette heureuse expérience a fait naître un attachement plus conscient et plus communautaire au patrimoine salésien, ainsi qu'une attention plus concrète à l'esprit commun, à la mission commune et à la méthode commune. Ce qui a renforcé la conviction et la volonté de « cheminer dans l'union ».
L'engagement et les activités des laïcs appartenant aux divers Groupes de la famille ont pris une signification particulière ; souvent, en effet, les laïcs se sont montrés très dynamiques et plus exubérants pour célébrer la grandeur de Don Bosco et souligner la valeur de son message. Comme pour nous rappeler que dans cette direction, il faut faire converger davantage et mieux les efforts de tous.
La Famille salésienne est appelée par le Centenaire à se transformer en un véritable « Mouvement d'Eglise » renouvelé aujourd'hui par l'Esprit en faveur des jeunes.
Le mouvement des jeunes.
Le fruit le plus beau et le plus prometteur de la relance de notre Famille est celui de la croissance d'un Mouvement de jeunes correspondants.
On peut dire qu'il jaillit spontanément de la vitalité des Salésiens de Don Bosco, des Filles de Marie Auxiliatrice, des Coopérateurs, des Volontaires, des anciens Elèves et des autres différents Groupes. On a pu s'en rendre compte d'une manière non équivoque au cours de la « Rencontre DB88 ».
Depuis plusieurs années déjà on parlait de ce Mouvement et l'on s'acheminait vers sa réalisation, en commençant par l'Amérique latine. Une saison nouvelle était née pour les Associations de jeunes ;17 Le Pape Jean-Paul II lui-même nous avait rappelé avec autorité « le besoin urgent ressenti un peu à toutes les latitudes, que renaissent des modèles valables d'associations catholiques de jeunes. Le Pape vous exhorte à être fidèles, perspicaces et inventifs dans cet effort de rendre toujours plus de souffle à ces associations. C'est une invitation pressante que j'adresse à tous les responsables de l'éducation chrétienne de la jeunesse ».18
Sans doute, la fondation du Mouvement est-elle à compter parmi les « nouvelles présences salésiennes » les meilleures et les plus indispensables.19
Le Centenaire nous assure ainsi que les mouvements de jeunes sont exigés par le Système préventif et le critère « oratorien » de rénovation ; il nous rappelle le rôle de premier plan joué par le jeune tendu vers l'idéal, comme fut Dominique Savio, et nous interpelle pour que nous sachions toujours mieux saisir l'inspiration éducative et pastorale de ce qui est désormais une réalité vivante dans notre Famille.
La « Rencontre DB88 » a vu la participation de 2500 jeunes en majorité des Provinces européennes, qui représentaient l'engagement effectif de pratiquement toutes les Provinces : une réalisation mondiale, minutieusement préparée par un travail de deux bonnes années avec des instruments rédigés avec patience et compétence. La « Rencontre » s'est révélée comme le but atteint après avoir cheminé pour mobiliser directement une jeunesse nombreuse. A Turin, avec Don Bosco, ont convergé les débuts de la renaissance de nos Associations : écoute de foi, effort d'assimilation, célébration de joie et de fête, partage des idéaux et des problèmes, dialogue encourageant, prière et sacrements, pèlerinages en souvenir respectueux, projets de témoignage chrétien et résolutions de croissance.
Don Bosco, « Père et Maître de la jeunesse », s'est révélé l'inspirateur vivant, pour aujourd'hui et pour demain, d'une authentique spiritualité de jeunes, fruit de sa « pédagogie réaliste de la sainteté » qui ne déçoit pas « les aspirations profondes des jeunes (besoin de vie, d'amour, d'épanouissement, de joie, de liberté, d'avenir), et qui les conduit de manière progressive et réaliste à expérimenter que seulement dans la « vie de grâce », c'est -à-dire dans l'amitié du Christ, se réalisent pleinement les idéaux les plus authentiques ».20
Sa mission auprès des jeunes est une prophétie qui a des résonnances toujours actuelles. Sa lecture de l'Evangile pour les jeunes se traduit dans une spiritualité qui engendre la conviction de lui appartenir, de se référer solidement à lui comme à un Maître, même si elle nécessite de toute évidence des explicitations ultérieures dans l'orbite du Concile Vatican II.
Je vous invite à relire à ce sujet les « Réflexions après la " Rencontre DB88 " » du Conseiller pour la Pastorale des jeunes, le Père Jean-Edmond Vecchi, publiées dans les Actes du Conseil général.21 J'attire votre attention sur deux points qu'il a soulignés, l'un au sujet de la Famille salésienne et l'autre des jeunes.
La « Rencontre DB88 » rappelle à notre Famille « l'importance des organismes d'animation et d'intercommunication ». La nouvelle saison des Associations salésiennes s'épanouira s'il y a pour s'y consacrer de bons Délégués et Déléguées, ainsi que des équipes de Pastorale des jeunes vraiment capables d'animer et dotées d'un arsenal bien au point de projets, de directives, d'encouragements, de propositions, d'appâts spirituels et d'inventivité apostolique. L'expérience du Centenaire a été un véritable banc d'essai pour ces organismes.
La « Rencontre » a encore clairement mis en lumière « le nouveau type de jeune ». Avant tout est apparu le prolongement de la jeunesse elle-même, ce qui exige de s'occuper aussi, avec des aptitudes spéciales, de la tranche d'âge qui va de 18 à 25 ans au moins. Les adolescents et les jeunes sont un sujet privilégié dans l'Eglise ; ils vivent une période stratégique pour prendre conscience de leur foi et se préparer une synthèse culturelle personnelle. La convivialité pédagogique avec eux, la sagesse pastorale pour les approcher, l'interaction salésienne originale entre l'évangélisation et la promotion humaine, ne nous invitent pas simplement, comme nous a dit le Pape, « à nous consacrer n'importe comment aux jeunes, mais à éduquer avec un projet ».22 Un projet qui fasse d'eux les véritables acteurs de la maturation de leur personnalité et de leur participation active dans l'Eglise et dans la société.
Nous avons désormais saisi cette donnée émouvante comme une des grandes orbites de l'avenir : nous consacrer avec une conviction et une compétence accrues à la spiritualité des jeunes comme à l'âme de la nouvelle saison de nos Associations. La béatification de Laure Vicuña et l'inauguration de la « Maison du saint garçon » à Murialdo, ont justement mis en exergue l'école de sainteté pour jeunes promue par Don Bosco et déjà testée par plusieurs adolescents dans le monde.
Le Mouvement salésien des jeunes est une réalité exigeante, qui ne tient bon que par la persévérance intelligente et courageuse. La « Rencontre » a confirmé avec bonheur un discours qui avait déjà été amorcé, et il l'a poussé plus loin en exigeant de nous de savoir faire avec les jeunes une expérience éducative de plus forte consistance évangélique.
Voilà certainement une des grandes lignes de notre charisme revivifié.
L'enrôlement des laïcs.
J'ai déjà dit que les laïcs ont participé d'une manière très significative au Centenaire, surtout ceux qui appartiennent aux Groupes de notre Famille. Si on ajoute à ce fait l'effort spécial de la Congrégation en ces dernières années (même s'il est encore imparfait) pour intensifier leur croissance en qualité et en nombre,23 et si l'on pense que dans l'Eglise, le dernier Synode des Evêques24 a précisément abordé ce thème, illustré ensuite par le Saint-Père dans l'exhortation apostolique « Christifideles laici » [Vocation et mission des laïcs dans l'Eglise et dans le monde], nous trouvons ici un horizon largement ouvert à notre vitalité spirituelle et apostolique.
Dans les axes qui caractérisent les deux Associations des Coopérateurs et des anciens Elèves, Don Bosco nous a invités à être plus ecclésiaux et plus larges de vue. Nous avons perçu que son esprit, fait de réalisme et de synthèse vécue dans le quotidien, répond aux préoccupations évangéliques de beaucoup de fidèles laïcs. Il nous en a personnellement laissé un exemple prophétique en les associant à sa mission et en les formant à la foi. La collaboration et le bon sens chrétien de Maman Marguerite sont à l'origine de cet enrôlement plein de promesses. Nous ne pouvons pas aujourd'hui être fidèles à Don Bosco sans un nombre croissant de laïcs engagés avec nous.
Le Règlement de Vie apostolique pour les Coopérateurs nous rappelle que leur Association « est faite - comme l'a écrit Don Bosco - pour secouer beaucoup de chrétiens de leur mollesse et répandre l'énergie de la charité ».25
L'Association des anciens Elèves, ensuite, mesure l'efficacité de notre pratique éducative et est appelée, du même coup, à apporter aux familles et à la société les valeurs pédagogiques qui protègent la dignité de la personne humaine et l'amélioration de la convivialité civile. Si nous voulons vivre l'identité salésienne des temps nouveaux, nous devons faire grand cas des orientations et des directives de l'Exhortation apostolique sur la vocation et la mission des laïcs. Nous nous emploierons d'une manière particulière à les former - c'est une des grandes priorités pastorales de l'Eglise d'aujourd'hui26 dans l'optique de la « nouvelle évangélisation »27 -, et nous leur confierons un rôle actif dans la grande mission pédagogique et pastorale assignée par le Seigneur à la Famille salésienne.
Il faut reconnaître que le Centenaire a servi à approfondir encore la dimension séculière de notre charisme et à réveiller en nous un intérêt apostolique, qui était resté quelque peu en veilleuse pour différentes raisons que nous devrons désormais être en mesure de surmonter. Ici encore, comme pour le Mouvement des jeunes, il faut prendre soin des organes d'animation en choisissant des Délégués capables et compétents.
Le DB88 a soufflé sur les cendres et fait réapparaître des braises ardentes d'un vaste Mouvement « charismatique » inspiré à Don Bosco.
La dimension mariale.
Le Centenaire a coïncidé pendant plus de six mois avec l'Année sainte mariale extraordinaire proclamée par le Pape - de la Pentecôte/87 à l'Assomption/88 - pour préparer le grand Jubilé de l'an 2000. Heureuse coïncidence !
D'un côté, cela nous a fait découvrir que nos célébrations du Centenaire devaient nous propulser en avant et, de l'autre, cela a souligné la dimension mariale essentielle et originale du charisme de Don Bosco et de son œuvre. La basilique de Marie Auxiliatrice à Valdocco, lieu sacré de la naissance et du rayonnement de la vocation et de la mission salésienne - et où l'on vénère les restes mortels de Don Bosco, de Mère Mazzarello et de Dominique Savio - a été au centre de nombreux pèlerinages et de nos célébrations.
L'Encyclique « Redemptoris Mater » [Marie dans la vie de l'Eglise en marche] a orienté dans la Congrégation des réflexions mariales appropriées ; la « théologie de l'image » qu'elle développe28 nous a également portés à contempler avec plus d'attention l'encourageante signification ecclésiale que suggère le tableau de l'Auxiliatrice de Lorenzoni voulu par Don Bosco. Ainsi la fonction pédagogique, catéchétique et « sacramentelle » de l'image sacrée a-t-elle pu contribuer à souligner l'aspect marial original du cœur de notre Père.
L'Avent du troisième Millénaire est interprété avec l'esprit de Marie de Nazareth, comme le « Magnificat » de l'Eglise en marche. « Marie a précédé l'entrée du Christ Seigneur dans l'histoire de l'humanité, entrée, depuis l'accomplissement du mystère de l'Incarnation, dans la 'plénitude du temps' Ainsi, par cette Année mariale, l'Eglise est appelée à préparer pour l'avenir, en ce qui la concerne, les voies de cette coopération, car la fin du deuxième millénaire chrétien ouvre comme une nouvelle perspective ».29
L'Académie mariale salésienne, animée par le regretté et méritant Père Dominique Bertetto, infatigable apôtre de Marie, a consacré une session plénière particulièrement solennelle, à commenter et approfondir le message de l'Encyclique.30 Ainsi la dimension mariale s'est-elle insérée naturellement dirais-je bien, comme une part constitutive du climat de nos activités du Centenaire.
On a mis l'accent sur l'intimité de Marie avec l'Esprit-Saint, source des charismes, et de tout ce qu'il a fait pour notre Fondateur et notre Famille apostolique ; en effet, « pour contribuer au salut de la jeunesse, l'Esprit-Saint suscita, avec l'intervention maternelle de Marie, saint Jean Bosco ».31
On a en outre considéré avec une profondeur particulière le cœur marial de notre Père et le réalisme historique et ecclésial de sa prédilection pour Marie en tant qu' « Auxiliatrice Mère de l 'Eglise ».32
Au sujet de cet aspect important, nous avons admiré l'accord du choix marial de Don Bosco avec les orientations du Concile Vatican II : une vision ecclésiale de la figure et du rôle de Marie dans l'histoire du salut, sa prérogative de Reine des Apôtres, et ses interventions maternelles, surtout aux époques difficiles. Turin, qui était la ville de la Consolata [Notre-Dame de la Consolation], est devenue aussi la ville de l'Auxiliatrice ; et la basilique de Valdocco s'est faite un centre vivant de diffusion mondiale de cette dévotion si actuelle à la Mère de Dieu et de l'Eglise. Beaucoup de pèlerinages en ont confirmé la vitalité (en visitant aussi l'intéressant musée marial aménagé dans l'enceinte du sanctuaire).
Ce fut un événement particulièrement significatif que le premier Congrès international des Associations de Marie Auxiliatrice tenu à Valdocco avec un millier de participants, principalement d'Espagne.
Les paroles du Pape à l’« Angélus » du dimanche 4 septembre, sur la place de Valdocco noire de fidèles, résonnent comme un grand appel du Centenaire : « Nous somme ici à Turin-Valdocco devant le sanctuaire de Marie Auxiliatrice, voulu par l'amour et le courage d'un Saint... Le Concile Vatican II nous présente Marie comme modèle de l'Eglise... dans sa maternité et sa sollicitude pour le salut des hommes... Depuis ce sanctuaire marial si plein de signification pour les jeunes, j'adresse un appel à tous les parents, les prêtres, les personnes consacrées et les éducateurs, pour leur rappeler qu'ils ont la vocation de traduire par le don généreux d'eux-mêmes, la maternité de l'Eglise pour la naissance et la croissance de la foi dans le cœur des jeunes. Que de difficultés la jeunesse ne trouve-t-elle pas aujourd'hui à ce sujet ! C'est un défi préoccupant, parmi les plus urgents et aussi parmi les plus délicats et les plus complexes. Ce n'est pas une tâche facile, mais elle est plus que nécessaire. J'invite donc à regarder vers Marie, aide puissante et guide maternelle des éducateurs de la foi... Guidés par « Celle qui a cru », nous serons amenés à ressentir plus intensément la nécessité de l'éducation de la foi, et à percevoir plus distinctement que l'action de l'Eglise dans le monde est comme un prolongement de la maternité de la Vierge pleine de grâce »33
La dimension mariale, interprétée et vécue selon la vision ecclésiale et apostolique de Don Bosco, appartient à l'âme même de la riche expérience de cette année jubilaire de grâce qui inspirera aussi les travaux du prochain Chapitre général.
La dévotion à saint Jean Bosco.
Tout ce que j'ai dit jusqu'ici a comme foyer et centre Don Bosco. Mais il y a encore un aspect que je ne voudrais pas négliger dans les émouvantes manifestations qui ont eu lieu au cours de tout le Centenaire : je veux parler des prières qui, dans toutes les parties du monde, ont été adressées au « Saint » par une foule de jeunes et de fidèles, et même par des païens. Notre charisme a un intercesseur permanent au ciel ! Le visage de saint Jean Bosco fascine à cause de la richesse de sa personnalité et des entreprises qui l'ont rendu grand dans l'histoire. Mais il est tout aussi efficace dans sa condition de « Saint », qui fait de lui un intercesseur puissant auprès de Dieu, capable d'obtenir, avec une prédilection insistante, beaucoup de grâces et de faveurs d'ordre spirituel et temporel dont nous ressentons tous la nécessité.
A la fin de son homélie du 4 septembre sur la place Marie-Auxiliatrice, le Pape Jean-Paul II a voulu, lui aussi, s'unir à ce chœur immense par cette sublime invocation : « Cher Saint ! Qu'il nous est nécessaire, Ton grand charisme ! Comme il faut que Tu nous accompagnes et que Tu nous aides à comprendre le mystère (évangélique) de l'enfant, le mystère de l'homme, en particulier de l'homme jeune ! Cher saint Jean ! Bien que Tu nous aies quittés voici cent ans, nous sentons Ta présence dans notre « aujourd'hui » et notre « demain ». Cher saint Jean ! Prie pour nous. Amen ! ».34
Je suis sûr que chaque membre de la famille salésienne fait souvent sa prière à saint Jean Bosco ; mais j'invite chacun d'eux à l'intensifier, à lui être fidèle, à propager sa dévotion surtout parmi les jeunes et le peuple. Le charisme salésien ne s'est pas détaché de lui, car il en reste l'intercesseur et le guide. L'union d'esprit et la communion de prière avec saint Jean Bosco nous assimile à lui et renforce la participation au mystère de la « Communion des Saints », que nous professons dans le Je crois en Dieu. Et c'est encore un aspect de l'ecclésialité qui anime notre esprit.
Nous ne pouvons pas en effet oublier que le Concile Vatican II exhorte tous les fidèles à « faire mémoire des saints » non seulement pour leur « exemple », mais surtout parce que « la communauté avec les saints nous unit au Christ, de qui découle, comme de leur source et de leur chef, toute grâce et toute vie du Peuple de Dieu lui-même ». Et il ajoute qu'« il est au plus haut point convenable que nous aimions ces amis et cohéritiers de Jésus-Christ nos frères aussi et nos insignes bienfaiteurs... et que nous les invoquions avec ardeur, recourant à leurs prières, à leur secours et à leur aide ».35
La dévotion à saint Jean Bosco nous unit donc au culte de l'Eglise du ciel en communiant avec elle et en vénérant la mémoire surtout de la Vierge Auxiliatrice, de saint Joseph, des Apôtres, des Martyrs et de tous les Saints, spécialement de saint François de Sales et de ceux de notre Famille.36
D'autres charismes nouveaux n'ont pas cet admirable point d'appui sur lequel peut s'édifier tout un Mouvement. Mais nous, nous pouvons chanter avec la liturgie de l'Eglise la joie de célébrer la fête de saint Jean Bosco ; par ses exemples il nous encourage, par ses enseignements il nous éclaire, par son intercession il nous protège.37
Les deux grands engagements que nous assumons.
Parmi les conséquences qui résultent du DB88 pour notre vie et les nombreuses résolutions qu'il a suscitées, j'en rappellerai volontiers deux qui nous engagent sérieusement : l'Etrenne/89 pour toute la Famille salésienne et le thème des prochains Chapitres généraux des Salésiens et des Filles de Marie Auxiliatrice.
L'« Etrenne » propose un travail rénové à la fois plus soigné et plus intense pour les vocations. Pour que le précieux charisme de Don Bosco soit vivant et opérant aujourd'hui, il faut que de nouvelles générations de fils et de filles en assument les valeurs particulières pour en faire un ferment d'énergie dans tous les continents.
Une pastorale rénovée des vocations sera l'expression la plus authentique tant de la fidélité de ceux qui sont déjà consacrés, que de la fécondité apostolique de leur travail. Je pense que le test le plus sûr du « retour de Don Bosco » et du « retour à Don Bosco »38 sera précisément sa mise œuvre quotidienne et pédagogique, par chacun et par les communautés, pour rechercher et entretenir les vocations.
Dans la « Rencontre DB88 » à Turin, certains d'entre nous ont rencontré des jeunes qui demandaient des informations et des conseils pour devenir Salésiens ou Filles de Marie Auxiliatrice. D'autre part, les célébrations nous ont fait réfléchir plus d'une fois sur le travail constant et fécond de Don Bosco pour les vocations : on l'a spécialement rappelé à la cathédrale de Chieri pleine de jeunes « appelés ». Dans sa lettre pastorale « Saint Jean Bosco prêtre du Christ et de l'Eglise »,39 le Card. Ballestrero s'est arrêté explicitement sur son grand dévouement à la pastorale des vocations ; c'est la raison pour laquelle il a fait face aux nombreuses difficultés de son époque, et fait preuve d'audace en faveur des vocations « tardives », comme on disait alors (même si pour le milieu ecclésiastique du diocèse, c'était une initiative singulière et mal reçue), en créant pour elles des cadres et des programmes de formation spéciaux.
On assiste aujourd'hui dans certaines régions du monde à une baisse inquiétante des vocations et il est grand temps de trouver une manière rénovée de les déceler et de les entretenir. En proclamant l'actualité du charisme de Don Bosco, le Centenaire nous incite à lui rechercher de nombreux continuateurs de qualité tant dans la vie consacrée que dans la vie laïque. Il nous pousse donc à prier davantage chaque jour pour les vocations, don mystérieux de Dieu qu'il faut « tout d'abord » demander et ensuite éduquer pour qu'il mûrisse.
Ensuite le « thème » des prochains Chapitres généraux tant des Salésiens que des Filles de Marie Auxiliatrice se rapporte à notre pratique éducative pour qu'elle devienne une partie intégrante et efficace de la « nouvelle évangélisation ». Une connaissance plus objective du monde des jeunes et la considération de son influence dans le tissu social exigent la capacité de former chrétiennement la jeunesse dans une société pluraliste et sécularisée. Cela aussi est à la base de la pastorale des vocations.
Un jeune homme devient un « honnête citoyen », comme disait Don Bosco, s'il reçoit la formation d'un « bon chrétien ». C'est un des plus grands défis de l'heure historique que nous vivons. Les transformations de la culture exigent une « éducation nouvelle », mais elle n'aura aucune consistance ni aucune stabilité sans la foi.
Don Bosco a réussi à « établir une synthèse entre l'activité évangélisatrice et l'activité éducative. Sa préoccupation d'évangéliser se situe au sein d'un processus de formation humaine. Comme les jeunes vivent un moment particulier de leur éducation, la foi devra devenir un élément unificateur et éclairant de leur personnalité ».40
Dans l'audience accordée au Recteur majeur avec le Conseil général, le Saint-Père a rappelé qu'vil s'agit d'un thème qui concerne profondément toute l'Eglise. Sa portée ne dépend pas seulement de certaines caractéristiques de la condition actuelle des jeunes, mais procède d'une situation de culture urgente à une heure de changement profond, à l'approche du troisième millénaire chrétien. C'est une heure de grande responsabilité pour l'Eglise et d'engagement fascinant sur la route de l'Evangélisation.41
Voilà certainement l'objectif central de nos activités, ainsi que l'interpellation la plus exigeante des changements actuels de la culture. Pour être capables d'y répondre, il nous faut absolument revoir avec soin la méthodologie de notre action. Mais avant même la méthodologie, si importante dans l'ordre des moyens, il faut que se renouvelle adéquatement l'intériorité en chacun des fils et des filles de Don Bosco, ainsi que le climat authentique- ment salésien en chaque communauté. Avec le feu apostolique en nos cœurs et un climat évangélique dans chaque maison, jaillira l'intelligence et la force pour rénover la méthodologie de notre action : la foi, en effet, est un don de Dieu qui passe aussi à travers le témoignage et la communication de vie des éducateurs.
Ne nous faisons pas illusion : il n'y a pas de méthode magique qui agisse de par elle-même ; il suffit de regarder les Apôtres et les Saints, tels que le Curé d'Ars, Don Bosco, Mère Mazzarello. Rappelons ce qu'a proclamé avec autorité le Concile Vatican II : « Comme la vie religieuse est ordonnée avant tout à ce que ses adeptes suivent le Christ et s'unissent à Dieu par la profession des conseils évangéliques, il faut bien voir que les meilleures adaptations aux exigences de notre temps ne produiront leur effet qu'animées par une rénovation spirituelle. A celle-ci on doit toujours attribuer le rôle principal même dans le développement des activités extérieures ».42
Conclusion.
Chers Confrères, chacun de vous a certainement sa propre vision globale des valeurs du Centenaire et en a fait un bilan personnel. Pour rédiger cette circulaire, j'ai parlé avec beaucoup de Confrères et j'ai demandé l'avis des membres du Conseil général. Les réflexions exposées ici s'appuient sur l'expérience vécue et, sans se prétendre complètes, elles peuvent contribuer à nous former un jugement global positif, encourageant notre rénovation et notre constance à la poursuivre.
Je répéterai volontiers encore que, cent ans après sa mort, Don Bosco a pris personnellement soin de relancer son charisme : comme s'il nous avait dit que dans nos travaux postconciliaires, nous avions été dynamiquement fidèles et qu'à présent, tout en se félicitant avec nous du « propre » de la refonte des Documents de notre identité, il nous exhorte à en témoigner dans la pratique, en lançant son esprit et sa mission vers des siècles nouveaux sous toutes les latitudes.
Dans les dernières années de sa vie, Don Bosco se faisait beaucoup de soucis à propos de l'avenir de notre Famille spirituelle : il suffira de rappeler le songe du personnage aux dix diamants43 et ses interventions directes dans les premiers Chapitres généraux. Il voulait asseoir les idées-forces de son esprit, l'originalité de sa mission, l'intériorité apostolique, la formation des confrères, la pratique du Système préventif, le soin des vocations, la purification des communautés (« La Congrégation - dit-il au troisième Chapitre général - a besoin d'être épurée ! »).44 Si nous rappelons que le Card. Ferrieri, préfet de la Congrégation vaticane chargée des Religieux, avait proposé au Pape une visite aposto lique dans les maisons salésiennes (qu'ensuite il ne fit pas) et qu'il y avait eu au Vatican le projet de rattacher notre Congrégation, après la mort de Don Bosco, à une autre analogue déjà existante,45 nous pouvons comprendre les préoccupations qu'il nourrissait en son cœur dans les années 80 et quelle a été la réponse de la Providence, que nous admirons à travers le monde dans les célébrations de ce Centenaire.
Nous devons vraiment remercier Don Bosco et l'aimer davantage encore, en honorant le titre par lequel l'Eglise le proclame universellement « Père et Maître de la jeunesse ». Avec lui, remercions l'Auxiliatrice qui l'a maternellement guidé dans son expérience particulière de l'Esprit-Saint. Et surtout, louons le Seigneur et son Esprit. Soyons profondément reconnaissants à Dieu pour le don de prédilection en faveur des jeunes et du peuple qui a fait de notre Fondateur une des grandes chevilles ouvrières de l'avenir pour l'Eglise et pour la Société.
Ainsi, avec une immense gratitude au cœur, nous nous sentons heureux d'avoir été appelés par Dieu, « par notre nom », en ces temps nouveaux, à être des disciples actifs du Christ, pour parcourir avec les jeunes ce chemin tracé par Don Bosco « qui conduit à l'amour ».46
Les célébrations du DB88 ont donné le coup d'envoi aux engagements d'un nouveau Centenaire. Soyons-en des chevilles ouvrières inventives et fidèles !
Un salut cordial à tous depuis la basilique de Valdocco d'où a rayonné dans le monde ce que le Pape a appelé un « grand charisme ».
Que le Seigneur vous enrichisse de la lumière et des énergies de son Esprit !
Mes vœux de croissance.
SOUVENIR DU MINISTERE DU PERE LOUIS RICCERI
DONNE A LA FAMILLE SALESIENNE
Chers Confrères,
Ma lettre pour ce numéro des Actes était déjà imprimée lorsque nous est parvenue la nouvelle de la mort de notre cher Père Louis Ricceri, mon prédécesseur dans le service de Recteur majeur, qui a grandement mérité par sa vie dépensée totalement et à fond pour notre Congrégation et la Famille salésienne tout entière.
La mort, préparée et sereine, l'a emporté à 15 h. 55 le 14 juin, dans la communauté salésienne de Castellammare di Stabia, qui l'avait accueilli et soigné avec beaucoup d'affection au cours de cette dernière année. L'entouraient au moment du trépas le Père Paul Natali et le Père Louis Fiora, le Provincial de Naples, le Directeur de la maison et d'autres confrères.
Les obsèques solennelles, et familières aussi, se sont déroulées aujourd'hui 16 juin en la basilique du Sacré-Cœur, à Rome, selon son désir ; le corps fut ensuite enseveli dans le cimetière salésien aux catacombes de saint Calixte. La participation du Recteur majeur, qui a présidé la Concélébration, et de son Conseil, de la Mère et du Conseil général des FMA, des Cardinaux Rosalio Castillo Lara, Antoine Javierre Ortas et Gabriel Garrone, de nombreux Salésiens et Filles de Marie Auxiliatrice, et de tous les Groupes de la Famille salésienne témoigne de la reconnaissance qu'il s'impose d'exprimer, dans la prière, à notre frère et père.
Je vous demande de continuer à prier pour lui et vous invite à remercier le Seigneur pour tout ce qu'il a opéré dans notre Famille à travers le ministère du Père Ricceri, et à invoquer son intercession pour qu'il nous obtienne de l'Auxiliatrice et de Don Bosco de transmettre avec fidélité le charisme salésien.
Fraternellement dans le Seigneur
Voici l'homélie prononcée par le Recteur majeur
au cours de la concélébration en la basilique du Sacré-Cœur
Nous voici réunis, frères et sœurs, en assemblée eucharistique pour célébrer un acte de foi chrétienne riche d'affection, de reconnaissance et d'espérance.
Mercredi dernier, à 15 h. 55, s'éteignait notre frère Louis Ricceri, prêtre salésien, qui fut pendant 12 ans le sixième successeur de Don Bosco.
Sa mort constitue pour nous une méditation de foi et un encouragement pour notre vie : une contemplation joyeuse de la bonté du Père et de l'écoute d'un fils.
Cela peut paraître un paradoxe bouleversant.
S'il s'agissait des funérailles d'un grand personnage de la finance, de la politique ou de la culture, on entendrait d'autres réflexions. Dans un climat culturel où domine l'immanent, la mort ne peut revêtir qu'un caractère de tristesse : elle éteint les énergies, éloigne de l'histoire, submerge définitivement dans le passé, même si elle suscite des réactions et des luttes.
Ce n'est que dans le Christianisme que l'obscure impénétrabilité de la mort ouvre à la transcendance, à cette transcendance réelle de l'histoire, non à l'abstraction de la spéculation.
Une transcendance que nous sentons agissante, ici et maintenant, face à la dépouille d'un de nos frères si méritant ; il nous invite, depuis son cercueil, à faire mémoire de la mort du Christ, sommet suprême des événements humains.
La liturgie nous dit qu'en tout fidèle défunt s'accomplit le mystère du Fils de Dieu, mort et ressuscité, prémices de ceux qui sont morts.
Notre frère a été régénéré dans l'eau du Baptême ; la physionomie de son visage est devenue semblable à l'image du Christ ; il s'est nourri de Son Corps et de Son Sang comme viatique dans son pèlerinage terrestre ; il a grandi dans cette vie nouvelle qui est éternelle ; il a été imprégné de sa puissance rédemptrice, plus forte que la mort. Il ressuscitera avec son Seigneur en proclamant ce que nous enseigne la Bible : « 0 mort, où est ta victoire ? O mort, où est ta force qui tue ? » (1 Cor 15, 55).
Portons un moment nos regards vers l'attitude du Christ face à la mort : la sienne propre, celle de Lazare, celle du jeune homme de Naïn, de la fille de Jaïre. Oui, elle est entourée de douleur de crainte, de pleurs : « Que ce calice passe loin de moi ! » (cf. Lc 22, 42).
La mort, en effet, est toujours le terme obscur de la vie terrestre ; elle brise les liens de la parenté et de l'amitié ; elle détruit 1’usage des sens ; met fin à la mission entreprise : « Père, en tes mains je remets mon Esprit » (Lc 23, 46), « Tout est accompli » (Jn 19, 30).
Mais d elle surgit la puissance de la résurrection ; une nouvelle Jeunesse commence ; les horizons d'une vie plus réelle s'ouvrent ; on est accueilli dans la pleine communion du mystère avec l'Eglise du ciel : on ne renonce pas à l'histoire, mais on agit sur son cours d'une autre manière ; c'est le repos après la lutte et l'agonie ; c'est la transcendance de l'amour, de cet amour de charité qui est plus fort que la mort.
Notre frère, le Père Louis Ricceri, a atteint le terme de son existence à plus de 88 ans de vie terrestre. C'est un long espace de temps qui a connu la jeunesse, la maturité, le troisième et le quatrième âge.
Une expérience prolongée du paradoxe chrétien sous des formes diverses de participation au Mystère, qui ont ciselé sa personnalité et qui nous révèlent aujourd'hui la beauté et la valeur de l'existence chrétienne.
- Sa jeunesse - 24 années - fut marquée par la rencontre du Christ : « Il le regarda et l'aima » et lui dit : « Viens et suis-moi » (cf. Mc 10, 21 ss). Le Jeune homme de l'Evangile devint triste à ces paroles. Louis Ricceri, lui, expérimenta dans cette rencontre la découverte joyeuse de son avenir ; il y trouva la signification de son existence et l'enthousiasme pour une mission concrète ; il ressentit l'attrait et la fête de la vie et comprit qu'avec le Christ il travaillerait activement pour son Règne.
A Caltagirone - Ville du Père Sturzo -, pendant ses études au collège secondaire, il s'inscrivit dans le « Cercle Don Bosco », à l'Oratoire salésien. Les ressources et les qualités de son origine sicilienne firent d'énormes progrès et furent poussées toujours plus haut.
Dans le climat de travail et de famille du Saint éducateur, « père et maître de la jeunesse », il découvrit qu'il était fait pour être salésien : se consacrer pour toujours au bien des jeunes et du peuple. Il eut le souci d'acquérir de la compétence dans les disciplines humaines avec assiduité et avec son intelligence pénétrante et universelle. Il' fut consacré prêtre pour dispenser les richesses de la Pâque, et se donna ensuite sans compter pour réaliser les idéaux laissés en héritage par notre dynamique Fondateur.
Il devint Salésien en 1917, et prêtre en 1925. La main dans celle de Don Bosco, il commença à parcourir cette voie évangélique qui conduit à l'Amour : 70 années de fidélité convaincue !
« Heureuse jeunesse que la mienne ! » semble-t-il dire depuis son cercueil aux jeunes de toutes les générations.
- Sa maturité - 40 années -, remplie d'activités et de réalisations, passa par différentes étapes ; la première en Sicile, ensuite au Piémont et en Lombardie. Il se révéla un éducateur de premier plan à l'Oratoire et à l'Ecole - brillamment doué pour la culture, sans oublier la musique et le théâtre - ; ensuite comme directeur dans différentes œuvres ; comme provincial de la Province subalpine et celle de la Lombardie-Emilie ; pour être enfin appelé à devenir membre du Conseil général de la Congrégation salésienne répandue dans le monde entier. Ce furent quatre décennies de travail incessant, d'esprit d'initiative constant, de contacts humains importants, de projets nouveaux, de courage et de générosité.
Les temps étaient difficiles, surtout dans la période si tourmentée des années 40. Pour défendre le Recteur majeur, le Père Ricaldone, il dut - comme Provincial à Turin - faire aussi l'expérience de la prison.
En qualité de membre du Conseil général, il compta parmi ses réalisations les plus marquantes : la relance des Coopérateur salésiens (au CG19, en 1965, le document consacré à leur Association, qu'il avait rédigé, fut approuvé immédiatement en assemblée par acclamation unanime) ; l'impulsion donnée, dans la communication sociale, au Bulletin Salésien en langue italienne, qui dépassa les trois cent mille exemplaires, à la remise sur pied des « Letture Cattoliche » de Don Bosco sous le nom de « Meridiano 12 » [Méridien 12], à l'intérêt porté à la littérature dramatique, à la modernisation de la SEI ; enfin le soin accordé au groupe de filles consacrées dans le monde - fondé par le Père Philippe Rinaldi - qui devint ainsi l'Institut des VDB.
Il est difficile de mentionner tout ce qu'il a fait. Il ne serait pas exagéré de lui décerner le titre de « chevalier du travail », à l'instar de l'esprit saintement entreprenant du Fondateur, ainsi que de « fils fidèle » à l'esprit et à la mission du Père.
Il portait en lui les énergies, l'imagination créatrice et le feu actif de sa terre volcanique, animé et soulevé par l'intériorité apostolique de la consécration salésienne.
- Son troisième âge - (12 années) -, il le vécut comme sixième successeur de Don Bosco.
Il fut élu Recteur majeur en 1965 : il avait 64 ans.
On préparait dans l'Eglise la dernière session du Concile œcuménique Vatican II, et l'on voyait déjà se profiler cette phase mouvementée d'après le Concile, riche en perspectives, ouverte à de nombreuses attentes et lourde de problèmes nouveaux. En tant que Recteur majeur, il eut à préparer et à conduire l'historique Chapitre général spécial (1971), qui dura plus de sept mois et devait lancer la Congrégation dans l'orbite du Concile : refondre le texte des Constitutions, s'ouvrir à une saine décentralisation au sein de l'unité, repenser la formation du personnel et la qualité pastorale des œuvres, affronter les excès de la contestation, suivre avec attention et considération l'apparition des valeurs de la personnalisation, des valeurs sociales et politiques toujours plus envahissantes, les nombreux défis de la nouvelle culture et étancher l'hémorragie causée par la crise religieuse.
Après le chapitre, le Père Ricceri indiqua cinq grands axes qui concentreraient l'attention des Confrères et orienteraient les efforts concrets. Les énoncer ici, c'est donner la synthèse de son délicat ministère d'animateur et de guide au cours des 12 années de son rectorat :
1. Vif sentiment de la présence de Dieu ;
2. Mission parmi les jeunes et le peuple ;
3. Construction de la Communauté ;
4. Valorisation et relance de la Famille salésienne ;
5. Souci de l'unité dans la décentralisation.
Chacune de ces lignes sous-entend une importante série de tâches et de projets : la construction de la Maison générale à Rome avec le transfert du Conseil général qui résidait à Turin ; le volontariat pour l'Amérique latine ; les visites d'ensemble ; les semaines de spiritualité pour la Famille salésienne ; les cours de formation permanente, etc.
Comme Recteur majeur, il fut aussi le grand Chancelier de l'Université pontificale salésienne en une période tourmentée d~ restructuration et de croissance qui vit notre Athénée promu a la dignité et à la responsabilité d'Université ecclésiastique, pour assurer à la mission de Don Bosco les apports du sérieux scientifique exige par les temps nouveaux. Cette tâche a impliqué tout un .ensemble de sessions d'étude, de dialogues complexes, d’interventions et de sacrifices qu'il n'est pas facile d'imaginer aujourd'hui ; ils ont pourtant posé les bases d'un avenir plein de promesses pour éclairer et servir valablement la mission de la Famille salésienne auprès des jeunes et du peuple dans l'Eglise.
- Son quatrième âge - plus de 11 années - est tout imprégné de l'humilité et de la sagesse du croyant âgé. L'approche du but donne un ton particulier à la vie de foi et la revêt d une paix intérieure incompréhensible aux profanes.
Le Pape Paul VI nous a laissé un témoignage de cette expérience du quatrième âge dans son « Pensiero alla morte » [Pensée sur la mort] : méditation sublime qui trace avec pénétration ce que ressent intimement un croyant âgé au seuil de la mort.
En ces derniers mois, j'ai reçu du Père Ricceri des écrits confidentiels, des notes et des souvenirs, calligraphiés d'une main ferme : ils ouvrent les secrets de son intériorité.
Dans ces pages apparaît la contemplation filiale de la miséricorde infinie du Père comme caractéristique la plus appréciable de Son amour ; puis la reconnaissance pour Sa sagesse puissante dans la création et pour les bienfaits et les gentillesses incalculables de Sa providence ; on y admire aussi la dignité du pénitent qui reconnaît avec une humble sincérité ses limites et ses manquements, pour se plonger dans l'ineffable solidarité du Christ ; on ressent sa joie pour la certitude de la présence de l'Esprit-Saint avec ses dons, spécialement avec le charisme du Fondateur, et pour la maternité prévenante de la Vierge Marie.
« Le moment de la grande rencontre - m'écrivait-il déjà en 1979 - approche à grands pas ». Exactement comme disait Paul VI dans sa méditation : « Tempus resolutionis meae instat » [Le temps de ma dissolution est proche]. Et alors « affleure à ma mémoire la pauvre histoire de ma vie, tissée, d'un côté, de la trame de bienfaits singuliers et innombrables, provenant d'une bonté ineffable ; et de l'autre, traversée d'une chaîne d'actions misérables qu'on préférerait ne pas se rappeler, tant elles sont pleines de défauts, d'imperfections, d'erreurs, de bêtises, de ridicule. La synthèse de saint Augustin me paraît toujours la meilleure : " Misère et miséricorde " ».
Le regard se tourne alors pour contempler l'agonie du Christ qui est mort pour les autres, pour nous. En lui « la solitude de la mort fut remplie de notre présence, fut imprégnée d'amour. Sa mort fut une révélation d'amour pour les siens : ' In finem dilexit ! ' [Il les aima jusqu'à la fin] ».
Quand je repense à mes conversations avec le Père Ricceri déjà âgé, je les vois toutes orientées vers les confrères, la vie de l'Eglise, le ministère de son pasteur suprême, la croissance de la Congrégation et de la Famille salésienne. Je crois à la vérité de ce qu'a affirmé un chercheur sur le progrès de la vie dans l'Esprit : il faut lui appliquer d'une manière analogique la loi physique de la gravité : lorsqu'une pierre tombe d'en haut, elle s'accélère au fur et à mesure qu'elle se rapproche de la terre ; d'une manière semblable, la foi du croyant s'intensifie à l'approche du but de la rencontre finale.
Chers frères et sœurs : dans cette Eucharistie, remercions à présent le Père pour les richesses du mystère du Christ qui furent semées et ont grandi dans l'existence de notre frère, le Père Louis Ricceri ; sachons tirer profit de son témoignage et prions pour lui : Donne-lui, ô Père, le bonheur sans fin. Qu'il contemple éternellement ton visage, parce qu'il a toujours cru et espéré en toi. Efface en lui toute trace de fragilité.
Que ta miséricorde soit pour lui comme une rosée du ciel. Toi qui es le repos après la fatigue et la vie après la mort, donne-lui de participer à la Pâque éternelle dans ta demeure de lumière et de paix.
Ecoute la prière de cette assemblée et fais que les désirs et les sacrifices de notre frère pour la croissance du charisme de Don Bosco dans le monde puissent fleurir avec une nouvelle qualité de vie et de nombreuses vocations qui s'engageront avec générosité.
Que Marie, la Mère de Ton Fils, accorde son intercession et son secours !
Amen.
1 ACG n. 313, « Don Bosco '88 » ; ACG n. 319, « L'année 1988 nous invite à une rénovation spéciale de notre Profession »; ACG n. 323, « Lettre de Pékin. Vers l'année du centenaire '88 ».
2 ACG n. 317, « A tous les responsables des différents Groupes de la Famille salésienne », avec en annexe le Thème général et une piste de réflexion ; ACG 321, « Samedi 14 mai 1988 : journée de la profession salésienne » ; ACG n. 325, « Pour préparer la " Rencontre DB '88 " ».
3 Cf. ACG n. 321, p. 73-75.
4 Gertrud Stikler, n. 25, 1987.
5 Piera Cavaglià. n. 26, 1988.
6 Const. 6, 43 ; Reg. 31, 33.
7 Const. 21.
8 Cf. Evangelii nuntiandi 75.
9 Cf. Mutuae relationes [Relations entre évêques et religieux] 11.
10 Il Progetto di vita dei Salesiani di Don Bosco - Guida alla lettura delle Costituzioni salesiane [Le projet de vie des Salésiens] Ed. SDB, Rome 1986.
11 Cf. Actes CGS n. 127.
12 Const. 10.
13 Ib. 21.
14 Cf. Interioridad apostólica [L'Intériorité apostolique] Ed. Salesiana, Buenos Aires 1988 - Thèmes de réflexion des Exercices spirituels du Recteur majeur.
15 Cf. Mt 25, 34 ss ; 1 Jn 2, 9-11 ; 3, 14-15 ; etc.
16 Const. 19.
17 Cf. ACG n. 294, octobre-décembre 1979 : Lettre circulaire du Recteur majeur sur les « Groupes et mouvements de jeunes ».
18 Osservatore Romano, 8 mai 1979 ; cf. également Concile Vatican II, Gravissimum educationis momentum [Déclaration sur l'éducation chrétienne] 4, Apostolicam actuositatem [Décret sur l'apostolat des laïcs] 18, 19, 21.
19 Cf. Actes CG21, 156-159.
20 Juvenum Patris 16.
21 ACG no 328, janvier-mars 1989, p. 31-40.
22 Osservatore Romano, 5 février 1989.
23 ACG n. 317, 318, 321.
24 1987.
25 Regolamento di Vita Apostolica [Règlement de Vie apostolique] 50.
26 Cf. Christifideles laici 57.
27 Cf. ib. 36-44.
28 Cf. Redemptoris Mater 33-34.
29 Ib. 49.
30 Cf. AMS, Bollettino di collegamento [Bulletin de liaison] n. 3, Maria Ausiliatrice Madre della Chiesa [Marie Auxiliatrice Mère de l'Eglise] – UPS Rome, 1987.
31 Const. 1 ; cf. Adrien van Luyn, Maria nel carisma salesiano [Marie dans le charisme salésien], LAS Rome 1987.
32 Cf. G. Bosco, Le meraviglie della Madre di Dio invocata sotto il titolo di Maria Ausiliatrice [Les merveilles de la Mère de Dieu invoquée sous le titre de Marie Auxiliatrice], Turin 1868.
33 Angélus du Pape, 4 septembre 1988
34 Nella Terra di Don Bosco [Au pays de Don Bosco). p. 123 - LDC Turin 1988.
35 Lumen Gentium [Constitution dogmatique sur l’Eglise] 50.
36 Cf. ib.50 et Const.9 et 24.
37 Cf. Préface des Saints Pasteurs.
38 Juvenum Patris 13.
39 5 juin 1988.
40 Juvenum Patris 15.
41 Osservatore Romano, 5 février 1989.
42 Perfectae Caritatis, [Rénovation de la vie religieuse] 2.
43 1881.
44 MB 16, 414-415.
45 Cf. Ceria. Annali [Annales] 2, p. 4.
46 Const. 196.