401-450|fr|429 La sainteté pour toi aussi (Étrenne 2019)

Étrenne 2019

« Pour que ma joie soit en vous » (Jn 15, 11)

LA SAINTETÉ POUR TOI AUSSI





Mes chers frères et sœurs,

Ma bien chère Famille Salésienne,


Dans la continuité de notre tradition centenaire, au début de cette nouvelle année 2019, je m’adresse à chacun de vous, où que vous soyez dans ce « monde salésien » que nous formons comme Famille Salésienne dans plus de 140 pays. Et je le fais en commentant un thème qui nous est très familier et dont le titre reprend littéralement l’Exhortation Apostolique du Pape François sur l’appel à la sainteté dans le monde contemporain : Gaudete et Exsultate.1

En choisissant ce thème et ce titre, j’entends traduire, dans notre langage et à la lumière de notre sensibilité charismatique, le puissant appel à la sainteté que le Pape François a adressé à toute l’Église.2 C’est pourquoi je souhaite souligner des éléments qui sont typiquement « nôtres » dans le cadre de notre spiritualité salésienne, partagée par les 31 Groupes de notre Famille Salésienne comme un héritage charismatique reçu du Saint-Esprit à travers notre Père bien-aimé, Don Bosco. Et c’est lui qui nous aidera, sans aucun doute, à vivre cette spiritualité avec la joie profonde qui nous vient du Seigneur : « Pour que ma joie soit en vous » (Jn 15,11).


À qui s’adressent ces paroles ?


Ces paroles s'adressent sûrement à tout le monde.

À vous tous, mes chers confrères salésiens SDB.

À vous tous et toutes, frères et sœurs des différentes Congrégations et Instituts de Vie Consacrée et Laïcale de notre Famille Salésienne.

À vous tous et toutes, frères et sœurs des Associations et des différents Groupes de la Famille Salésienne.

Aux papas et mamans, aux éducateurs et éducatrices, aux catéchistes et aux animateurs de toutes nos présences dans le monde.

Et à tous les adolescents et jeunes de notre vaste monde salésien.


Je reprends l'invitation adressée par le Pape à toute l'Église. Son Exhortation n'est pas un traité sur la sainteté, mais un appel lancé au monde contemporain, et à l'Église d'une manière particulière, pour vivre la vie comme une vocation et un appel à la sainteté ; une sainteté incarnée dans le temps présent, dans l'aujourd'hui, dans la réalité de chacun et dans le contexte actuel. Je me fais l'écho de cet appel toujours fascinant à la sainteté car l'« aujourd'hui » de l'Église nous le demande. Comme moi aujourd’hui, tous les derniers Recteurs Majeurs ont eu des interventions très significatives sur la sainteté salésienne et sur nos saints patrons.3


Comme les années précédentes, j'estime que, outre la lecture personnelle, ces indications peuvent suffisamment servir de « points d'appui » pour la proposition éducative et pastorale des différents contextes et situations de notre « monde salésien » dans lequel nous œuvrons.



I. DIEU NOUS APPELLE TOUS À LA SAINTETÉ


J'imagine que pas mal de gens – peut-être même parmi nous et certainement parmi les nombreux jeunes qui ont entendu l'appel du Pape – auront eu le sentiment que le mot « sainteté » sonnait un peu étrangement, en certains cas très étrangement même, et s’avérait inconnu du langage du monde contemporain. Il n’est pas impensable qu’il existe des blocages culturels ou même des interprétations qui tendent à confondre le chemin de la sainteté avec une sorte de spiritualisme aliénant qui fuit la réalité. Ou peut-être, tout au plus, le terme « sainteté » est-il compris comme un mot appliqué et applicable uniquement à ceux qui sont vénérés dans les images de nos églises. D'où l'effort « audacieux » et digne d'admiration du Pape quand il présente l'actualité de la sainteté chrétienne comme pérenne. Sainteté chrétienne qui, en sa qualité d'appel venant de Dieu lui-même par sa Parole, est proposée comme but pour le cheminement de chaque personne. Dieu lui-même « veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance.» (GE, 1)


L'appel à la sainteté est familier à notre tradition « salésienne » (c’est-à-dire selon saint François de Sales). L'appel du Pape François attire avant tout l'attention par la force et la détermination avec lesquelles il soutient que la sainteté est un appel adressé à tous, pas seulement à quelques-uns, car elle correspond au projet fondamental de Dieu pour nous. Il est donc destiné aux gens du commun, aux gens que nous accompagnons dans la vie quotidienne ordinaire, faite de choses simples et typiques des gens ordinaires. Il ne s'agit pas d'une sainteté pour quelques héros ou des personnes exceptionnelles, mais une manière ordinaire de vivre la vie chrétienne ordinaire : une façon de vivre la vie chrétienne incarnée dans le contexte actuel, avec les risques, les défis et les opportunités que Dieu nous offre sur le chemin de la vie.


La Sainte Écriture nous invite à être saints : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48) ; et : « Vous vous sanctifierez et vous serez saints car moi [le Seigneur], je suis saint. » (Lv 11,44). Il y a donc une invitation explicite à expérimenter et à témoigner de la perfection de l'amour, qui n'est pas différente de la sainteté. En effet, la sainteté elle-même consiste dans la perfection de l'amour, un amour qui, avant tout, s'est fait chair dans le Christ.

Dans sa Lettre aux Éphésiens, saint Paul écrit aussi à propos du Père : « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé. » (Ep 1,4-6). Non plus des serviteurs, donc, mais des amis (cf. Jn 15,15). Non plus « des étrangers ni des gens de passage », mais « des concitoyens des saints et des membres de la famille de Dieu » (cf. Ep 2,19). Nous sommes donc, tous et chacun, appelés à la sainteté : c'est la vie pleine et réussie, selon le dessein de Dieu, en pleine communion avec Lui et avec nos frères.

Il ne s’agit donc pas d’une question de perfection réservée à quelques-uns, mais d’un appel destiné à tous. Quelque chose d'infiniment précieux et qui n'est pourtant ni rare ni étranger, mais qui fait partie de la vocation commune des croyants. C'est la belle proposition que Dieu offre à chaque homme et à chaque femme. Ce n'est pas un chemin de fausse spiritualité qui éloigne de la plénitude de la vie, c'est la plénitude d'humanité, rendue parfaite par la Grâce. « La vie en abondance », comme promis par Jésus (cf. Jn 10,10). Ce n'est pas une caractéristique d'homologation, de banalisation ou de raidissement ; mais une réponse au souffle toujours nouveau de l'Esprit, qui crée la communion en valorisant les différences – car c'est le Saint-Esprit qui « se trouve à l'origine des idéaux nobles et des initiatives bonnes de l'humanité en marche ».4 Il ne s'agit pas d'un ensemble de valeurs souscrites de manière abstraite et honorées de manière formelle, mais de l'harmonie de toutes les vertus qui incarnent les valeurs de la vie. Non pas une simple capacité à repousser le mal pour s'attacher au bien, mais une attitude stable, prompte et joyeuse, à bien vivre le bien.


Ce n’est pas un objectif qui peut être atteint en un instant, mais un cheminement progressif, selon la patience et la bienveillance de Dieu qui interpelle la liberté et l’engagement personnel. Ce n'est pas une attitude qui exclut la différence, mais une expérience fondamentale du vrai, du bien, du juste et du beau. En définitive, la sainteté, c'est la vie selon les Béatitudes, pour devenir sel de la terre et lumière du monde ; une voie d'humanisation profonde, comme toute expérience spirituelle authentique. Devenir saints ne demande donc pas de s'aliéner soi-même ou de s'éloigner de ses frères, mais de vivre une vie intense, courageuse et humanisante, et une expérience (parfois éprouvante) de communion et de relation avec les autres.


« Se faire saints » est la première et la plus urgente tâche d'un chrétien


Saint Augustin déclare : « Ma vie sera une vraie vie, pleine de toi ».5 C'est en Lui, c'est-à-dire en Dieu lui-même, que réside la raison de la possibilité du chemin de la sainteté à la suite du Christ. Le chemin de la sainteté est rendu possible pour le chrétien grâce au don de Dieu en Christ : en Lui – dont les saints, et avant tout la Vierge Marie, sont un merveilleux reflet – se révèlent à la fois la plénitude du visage du Père et le véritable visage de l’homme. En Jésus-Christ, le visage de Dieu et le visage de l'homme brillent « ensemble ». En Jésus, nous rencontrons l'homme de Galilée et le visage du Père : « Celui qui m'a vu a vu le Père » (Jn 14, 9).


Jésus, Verbe fait chair, est la parole complète et définitive du Père. Dès l'Incarnation, la volonté de Dieu se rencontre dans la personne de Christ. Il nous montre, dans sa vie, dans ses paroles et ses silences, dans ses choix et ses actions, et surtout dans sa passion, sa mort et sa résurrection, quel est le projet de Dieu pour l'homme et la femme, quelle est sa volonté et le moyen d'y correspondre.


Ce projet de Dieu pour chacun de nous aujourd'hui est simplement la plénitude de la vie chrétienne qui se mesure à la stature que le Christ atteint en nous, et au degré avec lequel, avec la grâce du Saint-Esprit, nous façonnons notre vie sur celle de Jésus le Seigneur. Cela ne signifie donc pas réaliser des choses extraordinaires, mais vivre uni au Seigneur, en faisant nôtres ses gestes, ses pensées et comportements. En fait, même s’approcher de l’Eucharistie, c’est exprimer et témoigner de ce que nous voulons assumer et nous approprier le style, le mode de vie et la mission même de Jésus-Christ.


Le Concile Vatican II lui-même, dans la Constitution sur l'Église [Lumen Gentium], a fermement proclamé l'appel universel à la sainteté, affirmant que personne n'est exclu : « À travers les formes diverses de vie et les charges différentes, il n’y a qu’une seule sainteté cultivée par tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui, obéissant à la voix du Père et adorant Dieu le Père en esprit et en vérité, marchent à la suite du Christ pauvre, humble et chargé de sa croix, pour mériter de devenir participants de sa gloire. » (LG, 41)


La « sainteté de la porte d’à côté » et l’appel universel à la sainteté


Édith Stein, encore athée, écrit avoir reçu une poussée décisive vers la conversion à partir de deux rencontres : celle avec l'épouse d'un ami tué à la guerre, restée veuve et témoignant, malgré sa profonde douleur, de l'étonnante lumière et de la force de la foi ; et celle dans une église (où Édith ne se trouvait que pour des raisons artistiques) avec une dame âgée, entrée avec ses sacs à provisions, au beau milieu d'une journée chargée, pour vivre un moment de grande confiance et d'adoration de Jésus Eucharistie. Don Bosco a eu pour mère et première maîtresse Marguerite Occhiena : une simple paysanne sans instruction, sans aucune préparation théologique, mais avec l'intelligence du cœur et l'obéissance de la foi. Sainte Thérèse de Lisieux disait qu'enfant, elle ne comprenait pas grand-chose à ce que le prêtre disait, mais qu'il lui suffisait de regarder le visage de son père Louis pour tout comprendre.


Aucun de ces laïcs – Anna Reinach, amie d'Édith, la vieille dame inconnue avec ses sacs à provisions, Maman Marguerite ou le papa Louis Martin – n'a jamais pensé dans sa vie être une sainte ou un saint, ni n'a remarqué l'influence de sa façon d'agir ordinaire sur les personnes de son entourage. La présence de ces figures simples et décisives, de ces « saints de la porte d'à côté » – comme les définit le Pape François (GE 7) – rappelle que dans la vie, l'important est d'être des saints, même sans être reconnus tels un jour. De plus, cela aide à réfléchir au fait que les saints canonisés puisent d'abord dans l’humble sainteté du peuple de Dieu : la gloire des uns est aussi celle des autres, dans une profonde et très forte communion. Vivre la sainteté est donc l'expérience d'être précédé et sauvé, et apprendre à correspondre à cet amour fidèle. C'est la responsabilité de répondre à un don important.


En ce sens, l'une des contributions les plus importantes à la spiritualité chrétienne est sans doute celle de l'Évêque de Genève, François de Sales, qui s'efforce de proposer la sainteté pour tous, faisant passer la « dévotion » des cloîtres au monde. Dans son magnifique ouvrage intitulé Introduction à la Vie Dévote, il écrit : « Dieu commanda en la création aux plantes de porter leurs fruits, chacune selon son genre ; ainsi commande-t-il aux chrétiens, qui sont les plantes vivantes de son Église, qu’ils produisent des fruits de dévotion, chacun selon sa qualité et sa vocation propre. La dévotion doit être exercée différemment par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par le prince, par la veuve, par la fille, par la mariée ; et non seulement cela, mais il faut accommoder la pratique de la dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier. […] Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite. »6


L’histoire de l'Église est fortement marquée par tant de femmes et d’hommes qui, avec leur foi, leur charité et leur vie ont été comme des phares qui ont illuminé et continuent d’éclairer tant de générations, y compris le présent. Ils sont un témoignage vivant de la façon dont la force du Ressuscité dans leur vie a atteint un niveau pour lequel, comme saint Paul, ils ont pu affirmer (si souvent sans utiliser de mots) : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2,20). Et ils l’ont parfois manifesté par l’héroïsme de leurs vertus et même par le sacrifice de leur vie jusqu’au martyre, « le don de [leur] propre vie en faveur des autres, y compris jusqu’à la mort.» (GE, 5) Cependant, il existe aussi la sainteté sans nom particulier, la sainteté de ceux qui n’ont pas atteint l’honneur des autels. « Peut-être leur vie n’a-t-elle pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des chutes, ils sont allés de l’avant et ils ont plu au Seigneur. » (GE, 3). C'est la sainteté de sa propre mère, d'une grand-mère ou d'autres personnes proches ; c'est la sainteté du mariage, qui est un très beau chemin de croissance dans l’amour ; la sainteté des pères qui grandissent, mûrissent et se donnent généreusement à leurs enfants, souvent au prix de sacrifices imprévus. La sainteté des hommes et des femmes, rappelle le Pape, qui travaillent dur pour apporter le pain à la maison ; des personnes malades qui vivent leur maladie dans la paix et en esprit de foi, unies à Jésus souffrant ; des religieuses âgées, avec une vie donnée et consommée, qui continuent de sourire et d’espérer ... (Cf. GE, 7).


On peut affirmer avec certitude que, dans toutes les époques de l'histoire de l'Église et sous toutes les latitudes, il y a eu, et il y a encore, des saints de tous les âges, de toutes les conditions de vie, avec des caractéristiques très différentes les unes des autres.


Le Pape Benoît XVI l'a très bien exprimé en présentant son propre témoignage en ces termes: « Et je voudrais ajouter que pour moi, ce sont non seulement certains grands saints que j’aime et que je connais bien qui "indiquent la voie", mais précisément les saints simples également, c’est-à-dire les personnes bonnes que je vois dans ma vie et qui ne seront jamais canonisées. Ce sont des personnes normales, pour ainsi dire, sans héroïsme visible, mais dans leur bonté quotidienne, je vois la vérité de la foi. »7


Nous retrouvons assurément tout cela dans la manière dont beaucoup de personnes ont incarné la manière chrétienne dans leur vie. Certains peuvent sembler « petits » et d'autres « grands » ; mais tous ont parcouru un cheminement attrayant et fascinant.


Le Pape Benoît XVI lui-même conclut avec une très belle expression qui, à mon sens, peut résumer magnifiquement le message de l’Étrenne de cette année, quand il dit : « Chers amis, comme la vocation chrétienne est grande et belle, et également simple, vue sous cette lumière ! Nous sommes tous appelés à la sainteté : elle est la mesure même de la vie chrétienne.»8



Marie de Nazareth : une lumière singulière sur le chemin de la sainteté


Tous ces chemins de sainteté, simples et très souvent anonymes, ont toujours un modèle vers lequel regarder et dans lequel se refléter. La sainteté chrétienne a en Marie de Nazareth, la Mère du Seigneur, du Fils de Dieu, le modèle le plus beau et le plus proche de nous.


Marie est la femme du « Me voici », de la pleine et totale disponibilité à la volonté de Dieu. En disant : « que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1,38), Marie déclare trouver un bonheur complet et profond dans tout ce que ce « fiat » supposait dans la foi. Non seulement quand son Fils quitte la maison et se sépare d'elle parce qu'il doit accomplir la mission du Père ; mais aussi au moment suprême où Marie éprouve la douleur pour la crucifixion et la mort de ce Fils : une douleur atroce vécue en tant que mère.


En Marie, Mère du Seigneur, nous pouvons rencontrer la richesse d'une vie qui a accueilli le dessein de Dieu à chaque instant ; une vie qui a été un permanent "me voici" dit à Dieu. Comme il est fascinant, dans cette perspective, de contempler Marie et de méditer sur la valeur de l'existence humaine et de sa signification plénière à l'horizon de l'éternité !


L'accueil courageux du mystérieux plan de Dieu conduit Marie à être la Mère de tous les croyants, un modèle d'écoute et d'accueil de la Parole de Dieu pour chacun de nous et un guide sûr vers la sainteté. Et cela parce qu'elle nous enseigne que seul Dieu rend notre vie merveilleuse. « Ce n'est que si Dieu est grand que l'homme est également grand. Avec Marie, nous devons commencer à comprendre cela. Nous ne devons pas nous éloigner de Dieu, mais rendre Dieu présent ; faire en sorte qu'Il soit grand dans notre vie ; ainsi, nous aussi, nous devenons divins ; toute la splendeur de la dignité divine nous appartient alors.»9


C'est pour cette raison qu'il est impensable que le chrétien puisse suivre le chemin facile de la sainteté sans considérer Marie comme une Mère. La contempler, c'est apprendre à croire, apprendre à espérer, apprendre à aimer. Et si nous prions comme elle et avec elle, nous connaîtrons sûrement dans notre cheminement quotidien une consolation qui ne peut venir que de Dieu. De plus, en l'invoquant comme Mère du Fils de Dieu, nous ouvrirons nos cœurs au don de son intercession en tant que Mère du Fils et de ses propres enfants.10


Avec une sensibilité salésienne ...


Par conséquent, on pourrait dire que si l'on devient saint, on a tout. Si nous ne devenons pas saints, nous perdons tout. Le but de la sainteté et l'invitation, presque poignante, à l'atteindre, est aussi le grand message de Don Bosco, le pivot autour duquel tournent toute sa proposition spirituelle et son témoignage de vie. La sainteté proposée par Don Bosco est facile et sympathique, mais elle est également robuste et c’est ainsi qu’elle se communique. Dans l'affirmation de Dominique Savio : « Je veux me faire saint, je dois me faire saint, et je ne serai heureux que lorsque je serai saint »11 dit beaucoup – sinon totalement – de ce que Don Bosco avait su lui transmettre, depuis son sermon où Dominique avait pu entendre ces mots encourageants : « C’est la volonté de Dieu que nous nous fassions tous saints ; il est très facile d’y arriver ; une grande récompense attend au ciel celui qui parvient à se faire saint.»12 Don Bosco lui-même continue en écrivant que ce sermon a été l'étincelle qui a embrasé le cœur de Dominique Savio en faisant de lui un amoureux de Dieu.


Don Bosco modérait le désir de rudes pénitences de Dominique et lui recommandait plutôt la fidélité à la vie de prière, aux études et aux devoirs bien accomplis, ainsi que l'assiduité à la récréation et, disons-le aussi, à toute la dimension de la vie de relation : de cette sagesse émergeait la prise de conscience, typiquement salésienne, de l'appel universel à la sainteté.


À la fondation de la Société de Saint François de Sales et de l'Institut des Filles de Marie Auxiliatrice, ensuite (avec la co-fondatrice Marie-Dominique Mazzarello), Don Bosco propose comme objectif, jusqu'à aujourd'hui, la sanctification de ses membres.13


Don Rua le rappelle aux Salésiens, peu de temps après, quand il les exhorte avec ces mots : « C'est ce que nous a aussi inculqué notre très cher Don Bosco, dans le premier article de notre Sainte Règle, où il nous dit que le but de notre Pieuse Société est d'abord la perfection chrétienne de ses membres, puis toute œuvre de charité spirituelle et corporelle envers les jeunes. »14 Sans elle, tout l'élan apostolique envers les jeunes se révélerait stérile. Don Bosco sait parfaitement que le premier moyen, le plus radical et le plus décisif d’aider les autres, est d’être saint.


Dans cette « école de spiritualité apostolique nouvelle et attrayante »15, Don Bosco lit l’Évangile avec une originalité pédagogique et pastorale, qui « comporte essentiellement une "synthèse nouvelle", équilibrée, harmonieuse et, à sa manière, organique des éléments communs à la sainteté chrétienne, où les vertus et les moyens de sanctification ont leur place, leur dosage, une symétrie et une beauté qui les caractérisent. »16



II. JÉSUS EST LE BONHEUR


La proposition de la sainteté est adressée à tout chrétien car elle est plénitude de vie et synonyme de bonheur, de béatitude. Et nous, chrétiens, nous rencontrons le bonheur en suivant Jésus-Christ. Ces paroles s’adressent aux jeunes, elles sont pour eux, mais nous savons bien que « la sainteté est pour toi aussi », qu’elle concerne tout le monde : jeunes, éducateurs, pères et mères, laïcs consacrés, religieuses, religieux, prêtres. Bref, ces paroles s’adressent à tous et à chacun des membres de notre Famille Salésienne de manière que nous nous sentions tous concernés ainsi que tout le peuple de Dieu, naturellement.


Les messages que le Pape Jean-Paul II, le Pape Benoît XVI et le Pape François ont envoyés aux jeunes, avec une forte conviction, sont très beaux et ne devraient pas nous être étrangers. Je vous donne un petit échantillonnage de ces messages avec un dénominateur commun : dans tous ces messages, les papes demandent aux jeunes de courir le risque d’accueillir Jésus comme garantie de leur bonheur.


Ce fut le grand défi que saint Jean Paul II a lancé aux jeunes du monde entier en leur disant : « En réalité, c’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur. C’est lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait ; c’est lui, la beauté qui vous attire tellement ; c’est lui qui vous provoque par la soif de radicalité qui vous empêche de vous habituer aux compromis ; c’est lui qui vous pousse à faire tomber les masques qui faussent la vie ; c’est lui qui lit dans vos cœurs les décisions les plus profondes que d’autres voudraient étouffer. C’est Jésus qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, la volonté de suivre un idéal, le refus de vous laisser envahir par la médiocrité, le courage de vous engager avec humilité et persévérance pour vous rendre meilleurs, pour améliorer la société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle. »17


Le Pape Benoît XVI n'a pas été moins explicite lorsqu'il a dit aux jeunes : « Chers jeunes, le bonheur que vous cherchez, le bonheur auquel vous avez le droit de goûter a un nom, un visage : celui de Jésus de Nazareth, caché dans l'Eucharistie. [...] Soyez-en vraiment convaincus:  le Christ n'enlève rien de ce qu'il y a de beau et de grand en vous, mais il mène tout à sa perfection, pour la gloire de Dieu, pour le bonheur des hommes, pour le salut du monde. [...]. Laissez-vous surprendre par le Christ ! Accordez-lui "le droit de vous parler" ».18


Et le Pape François dit aux jeunes que le bonheur n’est pas négociable. Il ne peut se réduire à des attentes d’un niveau qui, finalement, ne le garantissent pas d’une manière ferme et élevée. Il ne peut se réduire à quelque chose qui peut être consommé à « petites doses », et qui s’en va comme il est venu ; ce n’est naturellement pas cela, le vrai bonheur qui est plutôt un parcours humain permettant de se réaliser pleinement : « Votre bonheur n’a pas de prix et ne se commercialise pas : il n’est pas une "app" qu’on télécharge sur un téléphone portable ».19


Don Bosco veut ses jeunes heureux en ce monde et dans l’éternité


Dans l’introduction de sa Lettre de Rome, du 10 mai 1884, Don Bosco écrit à ses jeunes : « Je n’ai qu’un seul désir, celui de vous voir heureux en ce monde et dans l’éternité. »20 Au terme de sa vie terrestre, ces paroles résument le cœur de son message aux jeunes de tous les temps et du monde entier. Être heureux : un objectif rêvé par chaque jeune, aujourd'hui, demain, au fil du temps. Mais pas seulement. « Dans l'éternité », le « plus » que seul Jésus peut offrir avec sa proposition de bonheur est précisément la sainteté. C'est la réponse à la soif profonde du « pour toujours » qui brûle en chaque jeune. Le monde, les sociétés de tous les pays, ne sont pas en mesure de proposer le « pour toujours » et le bonheur éternel. Dieu oui.


Pour Don Bosco, tout cela était très clair, et il a été capable de semer chez ses jeunes le profond désir de devenir des saints, de vivre pour Dieu et d’atteindre le paradis : « Il a guidé les jeunes sur la voie de la sainteté simple, sereine et joyeuse, unissant dans une seule et même expérience de vie la cour de récréation, des études sérieuses et un sens constant du devoir ».21



III. SaINTS POUR LES JEUNES ET AVEC LES JEUNES


La sainteté caractéristique du charisme salésien qui fait place à tous, consacrés et laïcs, a aussi sa traduction plus spécifique en rapport avec la sainteté des jeunes. Le Père Pascual Chávez, mon prédécesseur, a écrit, au début de son ministère, dans sa lettre Chers Salésiens, soyez saints ! : « Les jeunes eux-mêmes aidèrent Don Bosco " à inaugurer, dans l'expérience quotidienne, un style de sainteté nouveau, à la mesure des besoins qui caractérisent le développement du jeune. Ils furent ainsi, en quelque sorte, à la fois disciples et maîtres " (CG 23, 159). Notre sainteté est une sainteté pour les jeunes et avec les jeunes ; parce que dans la recherche de la sainteté aussi, "les jeunes et les Salésiens marchent ensemble" (Jean Paul II, Message au CG 25, 145) : ou nous nous sanctifions avec eux, en cheminant et en apprenant avec eux, ou bien nous ne serons jamais saints. »22


L’authentique cœur salésien de notre Famille doit être saint pour rejoindre les jeunes ; mais il n’ignore pas son devoir, encore plus radical, de se sanctifier au milieu des jeunes et avec eux. Ce désir peut concerner tous et chacun des 31 Groupes qui forment notre Famille Salésienne. Avec un réel intérêt, j’ai cherché les références à la sainteté dans les Constitutions et les Règlements des différentes Congrégations de notre Famille, dans le Projet de Vie Apostolique des Salésiens Coopérateurs, dans les Projets, Statuts et Règlements de tous les Groupes qui appartiennent à l’arbre de notre charisme. Je peux vous assurer que, d’une manière ou d’une autre, nous regardons tous la sainteté comme un objectif et un but pour lesquels nous sommes nés aussi comme Institution religieuse, afin de la rechercher dans notre vie même. Donc une sainteté qui est proposée à chacun des membres et qui se propose comme un objectif à atteindre dans l’exercice même de l’apostolat en faveur des autres.


La jeunesse, un temps pour la sainteté


Convaincus que « la sainteté est le visage le plus beau de l’Église » (GE 9), avant de la proposer aux jeunes, nous sommes tous appelés à la vivre et à en témoigner, devenant ainsi une communauté « sympathique », comme le disent les Actes des Apôtres en différentes occasions ( cf. GE 93). Ce n'est qu'en vivant cette cohérence qu'il est possible d'accompagner les jeunes sur les chemins de la sainteté.


Si saint Ambroise affirme que « chaque âge est mûr pour la sainteté »,23 il ne fait aucun doute que cela vaut aussi pour la jeunesse ! Dans la sainteté de nombreux jeunes, l'Église reconnaît la grâce de Dieu qui prévient et accompagne l'histoire de chacun, la valeur éducative des sacrements de l'Eucharistie et de la Réconciliation, la fécondité de chemins partagés dans la foi et dans la charité, le rôle prophétique de ces « modèles » qui ont souvent scellé de leur sang le fait d'être disciples du Christ et de missionnaires de l’Évangile.


Le langage le plus demandé par les jeunes d'aujourd'hui est le témoignage d'une vie authentique. Pour cette raison, la vie des jeunes saints est la vraie parole de l’Église ; et l'invitation à mener une vie sainte est l'appel le plus nécessaire dont les jeunes ont aujourd'hui besoin. Un dynamisme spirituel authentique et une pédagogie fructueuse de la sainteté ne déçoivent pas les aspirations profondes des jeunes : leur besoin de vie, d'amour, de croissance, de joie, de liberté, d'avenir et même de miséricorde et de réconciliation. Certes, la proposition a le goût d'un véritable défi. Si, d’une part, elle est très attrayante, d’autre part, elle suscite la peur et l’indécision. Il faut surmonter le risque de « se contenter d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance » (GE 1) ; cela suppose de surmonter la tentation de « vivoter » car le défi de la sainteté n’est pas autre chose que la vie de tous les jours, mais c’est exactement cette même existence ordinaire vécue de manière extraordinaire, car rendue belle par la grâce de Dieu.


Le fruit de l'Esprit Saint est en réalité une vie vécue dans la joie et l'amour, et c'est en cela que consiste la sainteté. En ce sens, l'exemple que le pape nous offre dans l'Exhortation Apostolique est précieux quand il nous présente le témoignage de vie du Cardinal François Xavier Nguyen Van Thuân, qui a vécu de longues années en prison. Il a renoncé à se laisser anéantir en attendant sa libération et a pris une autre décision : « Je vis le moment présent en le comblant d’amour et […] je saisis les occasions qui se présentent chaque jour, pour accomplir les actes ordinaires de façon extraordinaire » (GE, 17).


Jeunes saints et jeunesse des saints


« Jésus invite chacun de ses disciples au don total de sa vie, sans calcul ni profit humain personnel. Les saints accueillent cette invitation exigeante et se mettent avec une humble docilité à la suite du Christ crucifié et ressuscité. L’Église contemple dans le ciel de la sainteté une constellation toujours plus nombreuse et lumineuse d’enfants, d’adolescents et de jeunes saints et bienheureux qui, depuis l’époque des premières communautés chrétiennes, arrivent jusqu’à nous. En les invoquant comme protecteurs, elle les indique aux jeunes comme des références pour leur existence. »24 Dans différentes enquêtes, y compris celles préparatoires au Synode des Évêques sur les jeunes, les jeunes eux-mêmes reconnaissent qu'ils sont « plus réceptifs à "un récit de la vie" qu'à un sermon théologique abstrait»25 et considèrent très importante pour eux la vie des saints. Par conséquent, il est sans aucun doute important de les présenter de manière appropriée à leur âge et à leur condition.


Il convient également de mentionner qu’à côté des « saints jeunes », il est nécessaire de présenter aux jeunes la « jeunesse des saints ». En fait, tous les saints ont traversé le jeune âge et il serait utile de montrer aux jeunes d’aujourd’hui comment les saints ont vécu le temps de leur jeunesse. Ainsi serait-il possible d'intercepter de nombreuses situations de jeunesse qui ne sont ni simples ni faciles, mais où Dieu est présent et mystérieusement actif. Montrer que sa grâce est à l'œuvre, à travers des parcours sinueux de construction patiente d'une sainteté mûrie dans le temps par de nombreuses voies inattendues, peut aider tous les jeunes, sans exception, à cultiver l'espérance d'une sainteté toujours possible.


Le dernier numéro du Document final du Synode affirme, conformément à ce que nous disons, que la sainteté des jeunes fait également partie de la sainteté de l'Église, car « les jeunes font partie intégrante de l'Église. Il en est donc de même de leur sainteté qui, au cours des dernières décennies, a produit une floraison multiforme dans toutes les parties du monde : contempler et méditer pendant le Synode sur le courage de tant de jeunes qui ont renoncé à leur vie pour rester fidèles à l'Évangile a été pour nous quelque chose d'émouvant ; écouter les témoignages des jeunes présents au Synode qui, au milieu des persécutions, ont choisi de partager la Passion du Seigneur Jésus nous a régénérés. À travers la sainteté des jeunes, l’Église peut renouveler son ardeur spirituelle et sa vigueur apostolique.»26



IV. QUE VEUT DIRE : «LA SAINTETÉ POUR TOI AUSSI ! » ?


Le Pape François l’exprime d’une manière simple et directe. Après avoir affirmé que « pour être saint il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux », il ajoute : « Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels. » (GE 14) Cela nous encourage à traduire avec des mots simples le défi qui se présente à nous comme une précieuse provocation pour chacun de nous à tous les âges et toutes les étapes de la vie.


Qu’est-ce que la sainteté, alors, cette sainteté qui nous est présentée si proche et accessible au jeune, à la femme et à l’homme d’aujourd’hui ?


Il s’agit d’une affaire proche, réelle, concrète. C’est même la vocation fondamentale à l’amour, ainsi que le reconnaît le Concile Vatican II (LG 11). L’âme, l’essence de cet appel à la sainteté pour chaque personne est la charité pleinement vécue : « Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.» (1 Jn 4,16)


Il s’agit de faire fructifier la grâce du baptême sans avoir peur que Dieu nous en demande trop : « Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche.» (EG, 15) Concrètement, il s’agit de vivre dans l’Esprit, de se laisser guider dans la simplicité de la vie quotidienne par l’Esprit Saint sans craindre de viser haut, en se laissant aimer et libérer par Dieu lui-même. Le Pape Benoît XVI invitait les jeunes, tous les jeunes, à « s’ouvrir à l’action de l’Esprit Saint, qui transforme notre vie, pour être nous aussi comme des pièces de la grande mosaïque de sainteté que Dieu crée dans l’histoire, afin que le visage du Christ resplendisse de tout son éclat. N’ayons pas peur de tendre vers le haut, vers les sommets de Dieu ; n’ayons pas peur que Dieu nous en demande trop ».27


Il s’agit d’être des saints contents parce que Dieu nous a rêvés ainsi. « Ce qui a été dit jusqu’à présent n’implique pas un esprit inhibé, triste, aigri, mélancolique ou un profil bas amorphe. Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour.» (GE, 122) Quand il était jeune, Jean Bosco a fondé la Société de la Joie et Dominique Savio avait l'habitude de dire aux nouveaux arrivés à l’Oratoire : « Ici, nous faisons consister la sainteté à vivre très joyeux »,28 bien que nous sachions que ce n'était pas une joie superficielle, mais une joie très bien enracinée au plus profond de soi, dans une vie tout à fait responsable, et devant Dieu lui-même. Don Bosco a très bien compris et l'a ainsi transmis à ses jeunes : l'engagement et la joie vont de pair, et la sainteté et la joie constituent un binôme indissociable. Son invitation et son appel à la sainteté sont donc une invitation et un appel à la « sainteté de la joie » et à la joie vécue dans une vie sainte. Cela ne signifie pas ignorer que l'engagement pour la sainteté implique du courage car c'est, en d'autres mots, un parcours qui va « à contre-courant », un chemin de contestation, souvent, dans lequel nous devons parfois être comme « des signes de contradiction », comme Jésus .


Il s’agit d’un chemin, le chemin de la sainteté, qui accepte la dimension de la croix.

Le Pape François nous rappelle la nécessité d’une solidité intérieure pour être persévérant et constant dans le bien. Il nous rappelle la nécessité de la vigilance : « Il nous faut lutter et être attentifs face à nos propres penchants agressifs et égocentriques pour ne pas permettre qu’ils s’enracinent » (EG, 114). Il encourage la parrhésie évangélique [= annonce et témoignage] pour ne pas être dominé par la peur ; il nous invite surtout à ne pas cesser de contempler le Crucifié, source de grâce et de libération : « Et si devant le visage du Christ tu ne parviens pas à te laisser guérir et transformer, pénètre donc les entrailles du Seigneur, entre dans ses plaies, car c’est là que la miséricorde divine a son siège ». (EG, 151) Peut-être la référence à la Croix n’est-elle pas si fréquente parmi nous aujourd’hui, mais nous devons sûrement aussi changer à cet égard. On ne peut pas vivre une vie chrétienne authentique et un chemin de sainteté dans la vie quotidienne en ignorant la Croix.


Ayant participé, lors du dernier Synode, à la canonisation de saint Paul VI, célébrée avec celle de six autres saints, je trouve ces paroles vraiment opportunes : « Que serait un Évangile, c’est-à-dire un christianisme, sans la Croix, sans la souffrance, sans le sacrifice de Jésus ? Ce serait un Évangile, un christianisme sans la Rédemption, sans le salut, dont nous avons absolument besoin. Le Seigneur nous a sauvés avec la Croix ; avec sa mort, il nous a donné l'espérance, le droit de vivre. Porter sa croix ! C'est une grande chose, vraiment une grande chose, très chers fils ! Cela signifie affronter la vie avec courage, sans mollesse et sans lâcheté ; cela signifie transformer en énergie morale les inévitables difficultés de notre existence ; cela signifie savoir comprendre la douleur humaine et enfin savoir aimer vraiment !».29


Il s’agit de vivre la sainteté car elle n’éloigne pas de ses devoirs, de ses intérêts, de ses affections, mais elle les assume dans la charité. La sainteté est la perfection de la charité et répond donc au besoin fondamental de l'homme : être aimé et aimer. D'autant plus saint que plus homme et femme, car « la vie n’a pas une mission, mais […] elle est mission » (GE, 27).


La sainteté est donc un chemin d’humanisation. « Il nous faut un esprit de sainteté qui imprègne aussi bien la solitude que le service, aussi bien l’intimité que l’œuvre d’évangélisation, en sorte que chaque instant soit l’expression d’un amour dévoué sous le regard du Seigneur. Ainsi, tous les moments seront des marches sur notre chemin de sanctification.» (GE, 31)


La sainteté coïncide donc avec la pleine floraison de l'homme. Elle n'est pas la proposition d'un chemin désincarnant et décontextualisant, mais elle permet de faire l'expérience de plus en plus pleinement et véritablement de sa propre humanité et de celle de ses frères et sœurs. Sur le visage d'un vrai saint, on perçoit toujours clairement l'homme ou la femme qu'il est, avec toute la richesse affective, volitive, intellectuelle et relationnelle qui le distingue : « Chez les saints, il devient évident que celui qui va vers Dieu ne s’éloigne pas des hommes, mais qu’il se rend au contraire vraiment proche d’eux.»30 Je vous invite dès maintenant, quand, à la fin du commentaire, nous parlerons de nos saints, bienheureux, serviteurs de Dieu et vénérables de notre Famille Salésienne, à vous rappeler le précieux témoignage qu'ils nous offrent avec leur vie.


Don Bosco lui-même, dans sa grande humanité, fut le premier à avoir trouvé, guéri, réconcilié les garçons qui arrivaient souvent à l'Oratoire après avoir vécu des situations difficiles de pauvreté affective, de difficultés économiques, orphelins et abandonnés. À ces enfants, il a offert toute la richesse de l'esprit de famille et du Système Préventif, dans un climat magnifique, spirituel aussi, propice à leur guérison. Ces blessures ont guéri grâce à la paternité de Don Bosco lui-même, à l'atmosphère familiale de joie et au chemin de foi et d'amitié avec Jésus à qui Don Bosco a conduit ses jeunes.


À Mornèse, Mère Mazzarello et les premières sœurs ont vécu, avec la sensibilité propre de la femme, cette rencontre avec l'humanité de ces fillettes et jeunes filles pauvres, accueillies dans la première maison des Filles de Marie Auxiliatrice.


Et ainsi notre histoire s'est-elle répétée dans de nombreux Groupes de notre Famille Salésienne, avec un trait, typiquement nôtre, qui est également celui de l’Évangile, et qui nous a permis de prendre soin et de guérir l’humanité de chaque personne que nous avons rencontrée.


Il s'agit d'une sainteté qui est aussi un « devoir » et un don (c'est-à-dire une vocation, une responsabilité et un engagement). La sainteté est participation à la vie de Dieu et non une perfection entendue d'un point de vue moraliste et supposée être atteinte uniquement avec ses propres forces. En effet, une vie sainte n'est pas principalement le résultat de nos efforts, de nos actions. C'est Dieu, le trois fois Saint (cf. Is 6,3), qui nous rend saints par l'action du Saint-Esprit qui nous donne intérieurement force et volonté. La sainteté est engagement et responsabilité. C’est quelque chose que tu peux faire : « Puisses-tu reconnaître quelle est cette parole, ce message de Jésus que Dieu veut délivrer au monde par ta vie ! » (GE 24). Et pour les personnes consacrées de notre Famille Salésienne, ce devoir devient indispensable. Paul VI l'a dit d'une manière radicale : « La vie religieuse doit être sainte ou elle n’a plus de raison d’être. »31



V. QUELQUES INDICATEURS POSSIBLES DE LA SAINTETÉ


Je vous fais quelques suggestions qui peuvent servir à chacun et chacune personnellement mais aussi pour notre mission en général. Je me permets donc de vous signaler les indicateurs suivants :


-Vivre la vie de chaque jour comme lieu de rencontre avec Dieu.

Le cœur de l'esprit salésien, qui nous distingue comme une Famille charismatique, se caractérise par le fait de concevoir la vie de manière positive et de la comprendre, jour après jour, comme le lieu de la rencontre avec Dieu. Ce lieu est traversé par un réseau riche de relations, de travail, de joie et de détente, de vie de famille, de développement des capacités personnelles, de dévouement, d'esprit de service ... tout cela vécu à la lumière de Dieu. Et cela se concrétise, de manière simple, dans cette conviction très salésienne qui découle de Don Bosco lui-même : pour être saint, tu dois bien faire ce que tu dois faire.

C'est la proposition de la sainteté de la vie quotidienne. Si Thérèse d'Ávila trouve la sainteté dans les ustensiles de cuisine et si François de Sales montre que le chrétien peut vivre dans le monde, au milieu des engagements de la vie, de ses préoccupations et être saint, Don Bosco, dans la simplicité de la joie, de l'accomplissement exact de son devoir et d'une vie toute vécue par amour du Seigneur, crée avec ses garçons au Valdocco une véritable école de sainteté.


  • Être des personnes et des communautés de prière

La sainteté est le don le plus beau que nous puissions offrir aux jeunes ; et j'ajoute qu'aujourd'hui, les jeunes, les enfants et leurs familles ont besoin du témoignage de nos vies. Et, comme je l’ai dit, cette sainteté simple sera le don le plus précieux que nous puissions leur offrir. Cependant, ce cheminement n'est pas possible sans cultiver une profondeur de vie, sans une foi authentique et sans la prière comme expression de cette même foi. Le Pape François déclare : « Je ne crois pas dans la sainteté sans prière » (GE 147). Et en effet, tout cela est impossible sans l'intimité avec le Seigneur Jésus : prière d'action de grâce, expression de gratitude envers le Dieu transcendant ; prière de supplication, expression du cœur qui se confie en Dieu ; prière d'intercession, expression d'amour fraternel ; prière d'adoration, expression qui reconnaît la transcendance de Dieu ; prière de méditation de la Parole, expression du cœur docile et obéissant ; prière eucharistique, sommet et source du chemin de la sainteté.


  • Développer dans notre vie les fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi… (cf. Ga 5,22-23). La sainteté n’est pas litige, rivalité, jalousie, divisions, sectarisme (cf. Ga 5,20). « La sainteté ne te rend pas moins humain, car c’est la rencontre de ta faiblesse avec la force de la grâce.» (GE, 34)


  • Pratiquer les vertus : non seulement rejeter le mal et s'attacher au bien, mais être passionné par le bien, bien faire le bien, tout le bien ... Prière et action dans le monde, service et dévouement, et même des temps pour le silence. Vie de famille et responsabilité dans le travail. « Tout peut être accepté et être intégré comme faisant partie de l’existence personnelle dans ce monde, et être incorporé au cheminement de sanctification. Nous sommes appelés à vivre la contemplation également au sein de l’action, et nous nous sanctifions dans l’exercice responsable et généreux de notre propre mission.» (GE, 26)

Alors, vivre correctement sa vie selon l'enseignement de l’Évangile dans la pratique joyeuse et constante des vertus sera vraiment un moyen simple pour parvenir à la sainteté.


  • Témoigner de la communion

Le chemin de la sainteté s'expérimente ensemble et la voie de la sainteté est un chemin vécu en communauté et réalisé ensemble. Les saints sont toujours ensemble, en compagnie. Là où il y en a un, on en trouve toujours beaucoup d'autres. La sainteté du quotidien fait prospérer la communion et est un générateur de « relations ». On devient saints ensemble. Il n'est pas possible d'être saints seuls et Dieu ne nous sauve pas seuls : « C’est pourquoi personne n’est sauvé seul, en tant qu’individu isolé» (GE, 6). La sainteté se nourrit de relations, de confiance, de communion car la spiritualité chrétienne est essentiellement communautaire, ecclésiale, profondément différente et très éloignée d'une vision élitiste ou héroïque de la sainteté.

Au contraire, il n'y a pas de sainteté chrétienne là où l'on oublie la communion avec les autres, là où l'on oublie de chercher et de regarder le visage de l'autre, là où l'on oublie la fraternité et la révolution de la tendresse.


  • Comprendre que la vie de chacun est une mission

Le Pape demande résolument de concevoir la totalité de la vie comme une mission. Parfois, dans des moments difficiles, une personne se demande quel sens a son existence, quelle est sa raison de vivre, quelle est la motivation de son existence, quelle contribution personnelle elle devrait offrir ... Eh bien, dans tous ces cas, on se demande : quelle est ma mission ? Et à la lumière de cet aspect, il s'avère que « pour un chrétien, il n’est pas possible de penser à sa propre mission sur terre sans la concevoir comme un chemin de sainteté » (GE, 19), donnant toujours le meilleur de soi-même dans cet engagement.

Certaines maisons salésiennes, telles que le Valdocco, Mornèse, Turin-Valsalice, Nice-Montferrat, Ivrée, San Giovannino... témoignent depuis le début de la sainteté comme expérience partagée, qui s'épanouit dans l'amitié, le dévouement et le service (aujourd'hui, nous disons que la vie est « vocation et mission »).


-Chercher la simplicité (qui n’est pas la facilité) des Béatitudes (cf. GE, 70-91).

Dans l’annonce des Béatitudes, Jésus nous a offert un vrai chemin de sainteté. Les Béatitudes « sont comme la carte d’identité du chrétien » (GE, 63).

Elle nous proposent un mode de vie où se réalisent des processus allant de la pauvreté du cœur – c’est-à-dire aussi austérité de la vie – à la réaction d'humble douceur dans un monde où l'on se bat facilement et pour n'importe quoi; allant du courage de se laisser « transpercer » par la douleur des autres et en avoir compassion avec une vraie faim et soif de justice, tandis que d'autres se partagent le « gâteau » de la vie obtenu par l'injustice, la corruption et l'abus de pouvoir.

Les Béatitudes incitent le chrétien à regarder et à agir avec miséricorde, ce qui signifie aider les autres et même pardonner ; elles le poussent à garder un cœur pur et libre de tout ce qui salit l'amour pour Dieu et pour le prochain. La proposition de Jésus nous demande de semer la paix et la justice, et de construire des ponts entre les personnes. Elle demande également d'accepter les incompréhensions, les mensonges sur soi-même et, finalement, toutes les persécutions, même les plus subtiles, qui existent aujourd'hui.


-Grandir par de petits gestes (GE, 16). C'est un autre indicateur simple, pratique et abordable pour tout le monde. Dieu nous appelle à la sainteté à travers de petits gestes, des choses simples, celles que nous pouvons sans aucun doute découvrir chez les autres et réaliser nous-mêmes dans notre vie quotidienne ; également encouragés par le fait que le chemin de la sainteté n’est ni unique ni identique pour tous. On parcourt un chemin de sainteté dans sa condition personnelle d'homme et de femme. En ce sens, la tendresse féminine, la subtilité des petits détails et des gestes sont un magnifique exemple pour tous. Voilà pourquoi le Pape François dit : « Je voudrais souligner que le "génie féminin" se manifeste également dans des styles féminins de sainteté, indispensables pour refléter la sainteté de Dieu en ce monde. […] je tiens à évoquer tant de femmes inconnues ou oubliées qui, chacune à sa manière, ont soutenu et transformé des familles et des communautés par la puissance de leur témoignage.» (GE, 12)


  • Tout sauf renoncer à voler alors que nous sommes nés pour les sommets !

Il y a tant de petits pas qui peuvent nous aider à faire un chemin sur la voie de la sainteté, dans cette sainteté simple, anonyme, mais qui façonne notre existence de façon magnifique. Comme je l'ai dit, tout peut nous aider ; tout sauf le renoncement à voler alors que nous sommes nés pour les sommets ! Puisque nous avons été « choisis par Dieu, sanctifiés, aimés par lui » (Col 3,12).

Ce que je veux dire est magnifiquement exprimé par Mamerto Menapace32 dans une belle histoire, une belle métaphore qui parle du dilemme entre se tenir au niveau du sol ou s'envoler vers Dieu, vers la sainteté, vers les sommets.

Voici l’histoire :


Il y avait une fois un paysan qui marchait sur un sentier de haute montagne. Voici qu'entre les rochers, près des sommets, il trouva un œuf étrange : trop gros pour être un œuf de poule et trop petit pour être celui d'une autruche. Ne sachant pas ce que c'était, il décida de l'emporter avec lui.

Arrivé à la maison, il le montra à sa femme. Celle-ci avait une dinde qui couvait dans son nid. Voyant que l'œuf avait plus ou moins la taille des autres, elle alla le mettre sous la queue de la dinde.

Les poussins commencèrent à casser la coquille, tout comme le bébé dans l'œuf pris en montagne. Et alors qu'il semblait être un animal différent des autres, les différences n'étaient pas de nature à le faire détonner du reste de la couvée, même s’il s'agissait d'un petit condor. Bien que couvé par une dinde, il avait une autre origine.

Comme il n'avait pas d'autre modèle pour apprendre, le petit condor imitait ce qu'il voyait faire aux dindonneaux. Il suivait la grande dinde à la recherche de vers, de graines et de déchets. Il creusait la terre et, sautillant, essayait d'arracher les fruits des buissons. Il vivait dans le poulailler et avait peur des chiens qui venaient souvent lui voler de la nourriture. La nuit, il grimpait aux branches du caroubier par peur des belettes et autres prédateurs. Il vivait ainsi, imitant ce qu'il voyait faire aux autres.

Parfois, il se sentait un peu étrange. Surtout quand il se retrouvait tout seul. Mais cela n'arrivait pas souvent. En fait, les dindons ne supportent pas la solitude ni que d’autres restent seuls. C'est une espèce qui aime se déplacer toujours en troupeau, qui aime gonfler la poitrine pour impressionner, ouvrir la queue en éventail en laissant traîner les ailes. Devant ce qui les frappe, la réponse immédiate est une grosse moquerie.

La caractéristique des dindons et des dindes est la suivante : malgré leurs grandes dimensions, ils ne volent pas.

Or un midi, alors que le ciel dégagé était traversé de nuages blancs, le petit animal fut surpris de voir des oiseaux étranges voler majestueusement, presque sans bouger leurs ailes. Il ressentit un choc dans tout son être, quelque chose comme un appel venant de loin et qui voulait le réveiller au plus profond de ses fibres. Ses yeux, habitués à toujours regarder le sol à la recherche de nourriture, ne parvenaient pas à distinguer ce qui se passait dans les hauteurs. Son cœur fut envahi d’une profonde nostalgie : pourquoi ne puis-je pas, moi aussi, voler comme ça ? Et son cœur, très inquiet, battait la chamade.

À ce moment-là, un dindon s'approcha de lui pour lui demander ce qu'il faisait. Il se moqua de lui quand il entendit son histoire, lui disant que c'était un romantique et qu'il devrait arrêter de plaisanter : eux, les dindons, étaient bien autre chose et donc il devait revenir sur terre. Il lui proposa alors de l'accompagner dans un endroit où il avait trouvé beaucoup de fruits mûrs et une variété de vers.

Désorienté, le pauvre animal se remit de sa rêverie et suivit son compagnon qui le ramena au poulailler. Il reprit sa vie normale, toujours tourmenté par une profonde insatisfaction intérieure qui le faisait se sentir étrange.

Il n'a jamais découvert sa véritable identité de condor. Devenu vieux, il mourut un jour. Oui, malheureusement, il est mort exactement comme il avait vécu. Et dire qu'il était né pour les sommets !


Il s’agit de la voie de la croissance chrétienne vers la sainteté : « N’ayons pas peur de tendre vers le haut, vers les sommets de Dieu ; n’ayons pas peur que Dieu nous demande trop ».33



VI. CHEMINS DE SAINTETÉ AUJOURD’HUI À LA LUMIÈRE DE NOTRE HISTOIRE COMME FAMILLE SALÉSIENNE


- Il y a beaucoup de chemins sur la voie de la sainteté

Nous savons que certains sont saints, mais nous ne savons jamais qui est plus saint qu'un autre. Dieu seul connaît les cœurs. Il y a une beauté particulière en chacun. Il ne faut pas demander à une personne ce qu’elle ne peut ni ne doit donner. Le dire est encourageant, revigorant. Sinon, nous serions convaincus que nous ne pouvons pas devenir des saints, car nous ne serons jamais comme les saints qui nous ont été proposés comme modèle. « Il ne faut pas mettre dans la sainteté plus de perfection qu'il n'y en a réellement. ».34 C'est-à-dire que l'héroïsme chrétien n'est pas de l'héroïsme ; la perfection chrétienne n'est pas le perfectionnisme du super-héros. « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures » (Jn 14, 2). Le paradis est comme un jardin : il y a l'humble violette ou le lys sublime et la rose. Aucune condition ne représente un obstacle insurmontable à la plénitude de la joie et de la vie.


Avec Don Bosco, nous ne rencontrons pas seulement Dominique Savio, Jean Massaglia et François Besucco, mais aussi Michel Magon et beaucoup d'autres garçons difficiles, dont l'histoire est marquée de blessures profondes. Dans les premières œuvres des Salésiens et des Filles de Marie Auxiliatrice, des orphelins et des personnes marquées à des titres divers par des injustices et des traumatismes trouvent leur première vraie maison (cf. Charles Braga, Laure Vicuña ...).


Il y a aussi des blessures strictement personnelles : Beltrami et Czartoryski, par exemple, savaient tous deux qu'ils n'auraient jamais pu mener une vie oratorienne [au patronage] normale, à cause de la maladie. Artémide Zatti s'est vu écarté du sacerdoce, lui aussi à cause de la maladie. François Convertini avait des dons intellectuels très modestes et ce n’est que sa sainteté rayonnante qui a convaincu ses supérieurs de le laisser poursuivre son chemin vers le sacerdoce. Alexandrine Marie da Costa a été forcée de vivre clouée au lit en raison d'une paralysie progressive. Nino Baglieri a connu la même situation. Vera Grita, une mystique salésienne, a connu un calvaire similaire à la suite d'un accident.


Ainsi, dans la maison de Don Bosco, une multiplicité d’interlocuteurs, blessés de diverses manières par de douloureux événements familiaux ou personnels, trouvent place et sont accueillis volontiers ; des personnes qui, sur la base d'un simple critère de prudence humaine ou d'efficacité, n'auraient jamais dû être acceptées ; des figures qui, à première vue superficielle, semblent contrevenir à tous égards à la vivacité joyeuse et même « robuste » de l'esprit salésien. Pourtant, à la lumière de la foi, il est démontré, par les actes, qu'aucune condition personnelle ne constitue un obstacle à la sainteté.


- Chaque saint est une parole de Dieu incarnée

Il n'y a pas deux saints identiques. Imiter les saints, ce n'est pas les copier. Chacun a besoin de son temps et a son propre chemin, car « les parcours de la sainteté sont personnels ». La galaxie de la sainteté est vaste et différenciée : elle ne doit donc pas être noyée dans une orientation générique vers le bien, mais doit être considérée comme une source inépuisable d’inspiration et de planification. Images vivantes de l’Évangile, les saints en interprètent l’esprit le plus authentique et sont le miroir qui reflète le visage de Jésus-Christ, le Saint de Dieu. Ils répandent le don de la bonté et de la beauté, ne cédant pas à la mode passagère et éphémère du temps. Avec l'impulsion d'un cœur toujours jeune, ils rendent possible le miracle de l'amour. Avec la force de la Grâce, les saints changent le monde, mais aussi l’Église, rendue plus évangélique et plus crédible par leur témoignage.

Le Saint-Esprit qui a inspiré les auteurs sacrés est le même qui incite les saints à donner leur vie pour l'Évangile. Leur manière différente d’« incarner » la sainteté constitue une voie sûre pour entreprendre une herméneutique vivante et efficace de la Parole de Dieu.

- Chaque saint de notre Famille Salésienne nous dit que la sainteté est possible

Chacun de nos saints, bienheureux, vénérables et serviteurs de Dieu est porteur d'une richesse d'aspects qui méritent une plus grande considération et une plus grande valorisation. Il s’agit de contempler un diamant à plusieurs facettes, certaines plus visibles et plus attractives, d’autres moins immédiates et moins « sympathiques », mais non moins vraies et décisives pour cela. Connaître et faire connaître ces extraordinaires figures de croyants génère une implication progressive dans leur même parcours, un intérêt passionné pour leurs aventures, un partage joyeux des projets et des espérances qui animaient leur marche.


Je vous donne quelques exemples.


La sainteté des jeunes “chez nous”

Avec les témoignages de Dominique Savio, Laure Vicuña, Zéphyrin Namuncurá, des cinq jeunes du patronage de Poznań, d'Albert Marvelli et d'autres, il y a 46 jeunes saints et bienheureux de la Famille Salésienne, âgés de moins de 29 ans.


Certains aspects du témoignage de saint Dominique Savio méritent d’être particulièrement soulignés :


  • Le rappel à la réalité préventive non seulement comme un aspect pédagogique et éducatif, mais aussi comme un fait théologique. Comme Don Bosco lui-même en témoigne, il existe dans sa vie une grâce préventive qui agit et se manifeste.35

  • La valeur décisive représentée depuis la Première Communion.36

  • Le fait qu'il constitue une sorte de leader et de maître dans les voies de Dieu (comme Don Bosco le voit dans le rêve de Lanzo en 1876), comme confirmé par la vie de tant de nos bienheureux, vénérables et serviteurs de Dieu qui feront leurs les résolutions de Dominique : Laure Vicuña, Zéphyrin Namuncurá, Joseph Kowalski, Albert Marvelli, Joseph Quadrio, Octave Ortiz Arrieta.

  • Le rôle de Dominique dans la fondation de la Compagnie de l'Immaculée, pépinière de la future Congrégation Salésienne, en relation avec Jean Massaglia, véritable ami des choses de l'âme, dont Don Bosco affirmait : « Si j’avais l’intention d’écrire les beaux actes de vertu du jeune Massaglia, je devrais en bonne partie reprendre ce que j’ai dit sur Savio dont il resta, tant qu’il vécut, le disciple fidèle.»37


La sainteté missionnaire du charisme salésien, exprimée dans un nombre remarquable d'hommes et de femmes consacrés et laïcs, qui mettent en lumière : l'annonce de l'Évangile, l'inculturation de la foi, la promotion de la femme, la défense des droits des pauvres et des indigènes, la fondation des Églises locales. Le fait impressionne profondément qu’une grande partie de frères et sœurs de notre Famille Salésienne, dont l'héroïcité des vertus et la sainteté sont en passe d'être reconnues, sont des hommes et des femmes missionnaires (bienheureuse Marie Romero Meneses, FMA ; bienheureuse Marie Troncatti, FMA ; vénérable Vincent Cimatti).


La sainteté victimale oblative, qui exprime la racine profonde du « Da mihi animas, cætera tolle ». Le chef de file de cette dimension est le vénérable Père André Beltrami (1870-1897). Son témoignage est paradigmatique de tout un filon de la sainteté salésienne qui, à partir de la triade André Beltrami, Auguste Czartoryski et Louis Variara, se poursuit au fil du temps avec d'autres grandes figures telles que la bienheureuse Eusébie Palomino, la bienheureuse Alexandrine Marie da Costa, la bienheureuse Laure Vicuña. Et il ne faut pas oublier la troupe nombreuse des martyrs (parmi lesquels il faut mentionner les 95 martyrs de la guerre civile espagnole et, parmi eux, de nombreux jeunes confrères en formation et de jeunes prêtres).


La dimension de la « famille blessée » : des familles où une des figures parentales, au moins, est absente ; où la présence de la mère et/ou du père devient, pour différentes raisons (physiques, psychologiques, morales et spirituelles), pénalisante pour les enfants. Don Bosco lui-même, qui avait connu la mort prématurée de son père et l'éloignement d'avec sa famille en raison de la volonté prudente de Maman Marguerite, souhaite que l'œuvre salésienne soit particulièrement consacrée à la « jeunesse pauvre et abandonnée ».


  • La bienheureuse Laure Vicuña, née au Chili en 1891, qui n’a pas connu de père et dont la maman commence en Argentine une cohabitation avec le riche propriétaire Manuel Mora. Laure, blessée par cette situation d’irrégularité morale de sa maman, offre sa vie pour elle.

  • Le serviteur de Dieu Charles Braga, né dans la Valteline (Nord de l’Italia) en 1889. Il est abandonné tout petit par son père et sa maman est éloignée parce que considérée, par un mélange d’ignorance et de médisance, psychiquement défaillante. Charles subit de grandes humiliations et verra à plusieurs reprises mise en doute l’authenticité de sa vocation salésienne ; mais, au milieu de ce tourment, il saura mûrir une grande force de réconciliation, donnant le témoignage d’une profonde paternité et d’une grande bonté, surtout envers les parents des confrères.


La dimension vocationnelle : dans le contexte du Bicentenaire de la naissance de Don Bosco, ont eu lieu les béatifications de deux confrères martyrs, qui nous rappellent certains aspects constitutifs de notre charisme.


  • La figure d’Étienne Sándor (1914-1953), béatifié en 2013 (la cause avait commencé en 2006), nous rappelle la complémentarité des deux formes de l’unique vocation consacrée salésienne : la forme laïcale (celle du coadjuteur) et la forme presbytérale (celle du prêtre). Le lumineux témoignage d’Étienne Sándor, comme Salésien coadjuteur, exprime un choix vocationnel clair et décidé, une exemplarité de vie, une autorité éducative et une fécondité apostolique, vers qui regarder pour une présentation de la vocation et de la mission du Salésien coadjuteur, avec une prédilection pour les jeunes apprentis et les jeunes du monde du travail.

  • Titus Zeman (1915-1969), béatifié à Bratislava, le 30 septembre 2017 (sa Cause avait débuté en 2010). Lorsque le régime communiste tchécoslovaque interdit les ordres religieux, en avril 1950, et commença à déporter des hommes et des femmes consacrés dans des camps de concentration, Zeman jugea nécessaire d'organiser des voyages clandestins vers Turin pour permettre aux jeunes Salésiens d'achever leurs études. Il se chargea de la réalisation de cette activité risquée et organisa deux expéditions pour environ 20 jeunes Salésiens. Lors de la troisième expédition, le Père Zeman fut arrêté avec les autres fugitifs. Il subit un dur procès au cours duquel il fut qualifié de traître à la patrie, d'espion du Vatican, et condamné à la peine de mort. Il vécut son calvaire avec un grand esprit de sacrifice et d’offrande : « Même si je perdais la vie, je ne considérerais pas qu'elle est perdue, sachant qu'au moins un de ceux que j'ai aidés est devenu prêtre à ma place. »


La dimension de la « paternité et maternité salésienne” : après la grande paternité de Don Bosco, rappelons, entre autres, sainte Marie Dominique Mazzarello, le bienheureux Michel Rua, le bienheureux Philippe Rinaldi, le bienheureux José Calasanz, la vénérable Maman Marguerite, le vénérable Vincent Cimatti, la vénérable Thérèse Valsè, le vénérable Auguste Arribat, le serviteur de Dieu Charles Braga, le serviteur de Dieu André Majcen ...


La dimension épiscopale : dans le sillage bigarré de la sainteté fleurie à l'école de Don Bosco, on distingue également un nombre significatif d'évêques qui ont incarné de manière particulière la charité pastorale typique du charisme salésien dans leur ministère épiscopal : Louis Versiglia (1873-1930), martyr et saint ; Louis Olivares (1873-1943), vénérable ; Étienne Ferrando (1895-1978), vénérable et fondateur ; Octave Ortiz Arrieta (1878-1958), vénérable ; Auguste Hlond (1881-1948), vénérable, cardinal ; Antoine de Almeida Lustosa (1886-1974), serviteur de Dieu ; Oreste Marengo (1906-1998), serviteur de Dieu.

La dimension de la « filiation charismatique ». Il est également très intéressant de noter que nous vénérons des saints qui ont partagé avec Don Bosco certaines saisons de leur vie, ont apprécié sa sainteté, sa fécondité apostolique et éducative, puis ont suivi leur propre chemin, dans la liberté évangélique, en devenant fondateurs, selon leurs perspicaces intuitions, leur amour authentique pour les pauvres et la confiance illimitée dans la Providence : saint Léonard Murialdo, saint Louis Guanella, saint Louis Orione.


Cette réalité décrite est si belle qu'elle nous impose des responsabilités et nous encourage. Nous voyons clairement que nous sommes les dépositaires d’un patrimoine précieux qui mérite d’être mieux connu et valorisé. Le risque est de réduire ce patrimoine de sainteté à un simple événement liturgique à célébrer sans mettre pleinement en valeur son potentiel spirituel, pastoral, ecclésial, éducatif, culturel, historique, social, missionnaire... Les saints, bienheureux, vénérables et serviteurs de Dieu sont des pépites précieuses arrachées à l'obscurité de la mine pour qu’elles brillent et reflètent dans l'Église et dans la Famille Salésienne la splendeur de la vérité et de l'amour pour le Christ.


L'aspect pastoral de leur personne montre la fécondité que possèdent ces personnages en tant qu'exemples réussis d'un christianisme vécu dans des situations socioculturelles et politiques particulières du monde, de l'Église et de la Famille Salésienne elle-même


L'aspect spirituel implique l'invitation à imiter leurs vertus comme source d'inspiration et de planification pour notre mode de vie et notre mission. Le soin pastoral et spirituel d’une cause est une authentique forme de pédagogie de la sainteté à laquelle nous devrions, en vertu de notre charisme, être particulièrement sensibles et attentifs.


Je termine mon commentaire de l'Étrenne par cette information riche et opportune, qui me vient de notre Postulation. Nul doute qu’elle sera d’un grand intérêt pour notre Famille Salésienne et plus particulièrement pour tous les Groupes de ce très bel arbre de la salésianité qui voient certains de leurs membres impliqués dans l’un de ces processus. Comme l'a écrit Don Rua, la sainteté de nous tous, ses fils et filles, sera une preuve de la sainteté vécue et laissée par Don Bosco lui-même, Père bien-aimé de toute la Famille Salésienne répandue dans le monde entier.


Mes chers frères et sœurs, je peux affirmer avec certitude que le plus grand besoin et la plus grande urgence que nous ayons aujourd'hui dans notre monde salésien, ce n'est pas de faire plus de choses, de planifier et de redéfinir de nouvelles réalités, de commencer de nouvelles présences ... mais de montrer ce que nos vies communiquent personnellement et collectivement, notre façon de vivre l'Évangile, qui se développe et s'étend dans le temps, comme un prolongement du mode de vie de Jésus.38 En définitive, c’est notre sainteté qui est en jeu !


Soyons saints, comme notre Père et Fondateur de notre belle Famille Salésienne répandue aujourd'hui à travers le monde ! Le Pape Jean-Paul II, aujourd'hui saint, nous a adressé un appel enthousiaste qui, même s'il s'adressait à l'époque aux Salésiens, est valable pour l'ensemble de la Famille Salésienne en général et pour chacun de ses Groupes. Écoutons-à à nouveau comme une parole adressée à chacun de nous et à l’ensemble de notre Institution. Voici ce qu'il disait :


Vous voulez « reproposer avec courage, comme principale réponse aux défis du monde contemporain, de "tendre vers la sainteté". Il s'agit en définitive moins d'entreprendre des activités et des initiatives nouvelles, que de vivre et de témoigner de l'Évangile sans compromis, afin d'encourager à la sainteté les jeunes que vous rencontrez. Salésiens du troisième millénaire ! Soyez des maîtres et des guides passionnés, des saints et des formateurs de saints, comme le fut saint Jean Bosco. »39

Demandons à Marie, Mère et Auxiliatrice, de nous accorder la lumière nécessaire pour voir clairement et parcourir personnellement de tout notre cœur ce chemin de vie. Qu'elle soutienne l'engagement de chacun et de toute notre Famille Salésienne sur le chemin de la sainteté salésienne, pour le bien de ceux à qui nous sommes envoyés et pour notre propre bien.

Puisse-t-elle, elle qui est la Mère experte dans l'Esprit, opérer en nous les merveilles de la Grâce comme elle l’a fait pour tous nos saints.

Puisse l'Auxiliatrice nous accompagner et nous guider.

Je vous souhaite une année féconde et pleine de fruits de sainteté.

Avec ma cordiale affection.



Ángel Fernández Artime

Recteur Majeur






LA SAINTETÉ VÉCUE DANS LE CHARISME SALÉSIEN


Dorénavant notre devise sera :

la sainteté des fils doit être la preuve de la sainteté de leur père (Don Rua)



LISTE AU 31 DÉCEMBRE 2018


Notre Postulation recense 168 saints, bienheureux, vénérables, serviteurs de Dieu.

Les Causes suivies directement par la Postulation s'élèvent à 50.

Il faut ajouter 5 Causes « externes » confiées à notre Postulation.


SAINTS (neuf)

saint Jean Bosco, prêtre (date de canonisation : 1er avril1934) – (Italie)

saint Joseph Cafasso, prêtre (22 juin 1947) – (Italie)

sainte Marie-Dominique Mazzarello, vierge (24 juin 1951) – (Italie)

saint Dominique Savio, adolescent (12 juin 1954) – (Italie)

saint Léonard Murialdo, prêtre (3 mai 1970) – (Italie)

saint Louis Versiglia, évêque, martyr (1er octobre 2000) – (Italie - Chine)

saint Louis Orione, prêtre (16 mai 2004) – (Italie)

saint Louis Guanella, prêtre (23 octobre 2011) – (Italie)


BIENHEUREUX (cent-dix-huit)

bienheureux Michel Rua, prêtre (date de béatification : 29 octobre 1972) – (Italie)

bienheureuse Laure Vicuña, adolescente (3 septembre 1988) – (Chili - Argentine)

bienheureux Philippe Rinaldi, prêtre (29 avril 1990) – (Italie)

bienheureuse Madeleine Morano, vierge (5 novembre 1994) – (Italie)

bienheureux Joseph Kowalski, prêtre, martyr (13 juin 1999) – (Pologne)

bienheureux François Kęsy, laïc, et 4 compagnons, martyrs (13 juin 1999) – (Pologne)

bienheureux Pie IX, papa (3 septembre 2000) – (Italie)

bienheureux Joseph Calasanz Marqués, prêtre, et 31 compagnons, martyrs (11 mars 2001) – (Espagne)

bienheureux Louis Variara, prêtre (14 avril 2002) – (Italie - Colombie)

bienheureux Artémide Zatti, religieux (14 avril 2002) – (Italie - Argentine)

bienheureuse Marie Romero Meneses, vierge (14 avril 2002) – (Nicaragua - Costa Rica)

bienheureux Auguste Czartoryski, prêtre (25 avril 2004) – (France - Pologne)

bienheureuse Eusébie Palomino Yenes, vierge (25 avril 2004) – (Espagne)

bienheureuse Alexandrine Marie Da Costa, laïque (25 avril 2004) – (Portugal)

bienheureux Albert Marvelli, laïc (5 septembre 2004) – (Italie)

bienheureux Bronisław Markiewicz, prêtre (19 juin 2005) – (Pologne)

bienheureux Henri Sáiz Aparicio, prêtre, et 62 compagnons martyrs (28 octobre 2007) – (Espagne)

bienheureux Zéphyrin Namuncurá, laïc (11 novembre 2007) – (Argentine)

bienheureuse Marie Troncatti, vierge (24 novembre 2012) – (Italie - Équateur)

bienheureux Étienne Sándor, religieux, martyr (19 octobre 2013) (Hongrie)

bienheureux Titus Zeman, prêtre, martyr (30 septembre 2017) – (Slovaquie)


VÉNÉRABLES (dix-sept)

vén. André Beltrami, prêtre, (date du Décret super virtutibus : 15 décembre 1966) – (Italie)

vén. Thérèse Valsè Pantellini, vierge (12 juillet 1982) – (Italie)

vén. Dorothée Chopitea, laïque (9 juin 1983) – (Espagne)

vén. Vincenzo Cimatti, prêtre (21 décembre 1991) – (Italie - Japon)

vén. Simone Srugi, religieux (2 avril 1993) – (Palestine)

vén. Rodolphe Komorek, prêtre (6 avril 1995) – (Pologne - Brésil)

vén. Louis Olivares, évêque (20 décembre 2004) – (Italie)

vén. Marguerite Occhiena, laïque (23 octobre 2006) – (Italie)

vén. Joseph Quadrio, prêtre (19 décembre 2009) – (Italie)

vén. Laure Meozzi, vierge (27 juin 2011) - (Italie - Pologne)

vén. Attilio Giordani, laïc (9 octobre 2013) – (Italie - Brésil)

vén. Joseph Auguste Arribat, prêtre (8 juillet 2014) – (France)

vén. Étienne Ferrando, évêque (3 mars 2016) – (Italie - Inde)

vén. François Convertini, prêtre (20 janvier 2017) - (Italie - Inde)

vén. Joseph Vandor, prêtre (20 gennaio – 2017) - (Hongrie - Cuba)

vén. Octave Ortiz Arrieta, évêque (27 février 2017) – (Pérou)

vén. Auguste Hlond, cardinal (19 mai 2018) - (Pologne)


SERVITEURS DE DIEU (vingt-quatre)

Est en cours l’examen de la Positio ou de la Rédaction

Élie Comini, prêtre (Italie)

Ignace Stuchly, prêtre (République Tchèque)

Antoine De Almeida Lustosa, évêque (Brésil)

Carlo Crespi Croci, prêtre (Italie - Équateur)

Constantin Vendrame, prêtre (Italie - Inde)

Jean Świerc, prêtre et 8 compagnons, martyrs (Pologne)

Oreste Marengo, évêque (Italie - Inde)

Charles Della Torre, prêtre (Italie - Thaïlande)


Décret de Validité de l’Enquête diocésaine en attente

Anne-Marie Lozano, vierge (Colombie)



Enquête diocésaine en cours

Mathilde Salem, laïque (Syrie)

André Majcen, prêtre (Slovénie)

Charles Braga, prêtre (Italie - Chine - Philippines)

Antonino Baglieri, laïc (Italie)

Antoinette Böhm, vierge (Allemagne - Mexique)

Rodolphe Lunkenbein, prêtre (Allemagne - Brésil) et Simon Bororo, laïc (Brésil), martyrs

1 Indiqué dans l’ensemble du texte avec le sigle GE.

2 Je remercie le P. Pierluigi Cameroni, Postulateur Général pour les Causes des Saints, et Madame Lodovica Maria Zanet, experte, collaboratrice de notre Postulation Générale et rapporteur affirmée. Grâce à leur présentation, j’ai pu enrichir ces pages par des éléments et des contenus propres à la Postulation et qui peuvent beaucoup nous éclairer.

3 P. CHÁVEZ, Puisons dans l’expérience spirituelle de Don Bosco pour marcher sur le chemin de la sainteté selon notre vocation spécifique in ACG 417 (2014). P. CHÁVEZ, Chers Salésiens, soyez saints in ACG 379 (2002). J.E. VECCHI, La béatification du coadjuteur Artémide Zatti : une nouveauté inédite in ACG 376 (2001) ; Sainteté et martyre à l’aube du troisième millénaire in ACG 368 (1999). E. VIGANÒ, Don Bosco saint in ACS 310 (1983) ; Reprogrammons ensemble la sainteté in ACG 303 (1982). L. RICCERI, Don Rua, rappel à la sainteté in ACS 263 (1971).

4 JEAN PAUL II, Lettre Encyclique Redemptoris Missio, Cité du Vatican, 7 décembre 1990, 28.

5 SAINT AUGUSTIN, Confessions, 10,28.

6 FRANÇOIS DE SALES, Introduction à la vie dévote, I, 3.

7 BENOÎT XVI, Catéchèse au cours de l’Audience du 13 avril 2011 : Enseignements VII (2011), 451.

8 Ibid., 450.

9 BENOÎT XVI, Homélie pour la fête de l’Assomption de Marie, 15 août 2005.

10 Pour continuer justement ce « chemin marial », nous célébrerons à Buenos Aires, du 7 au 10 novembre 2019, le VIIIème Congrès International di Marie Auxiliatrice sur le thème : Marie femme croyante.

11 ISS, Fonti Salesiane [Sources Salésiennes]. 1. Don Bosco e la sua opera. Raccolta antologica [DB et son œuvre. Recueil anthologique], LAS, Roma 2014, 1047. Le fragment complet auquel je me réfère dit ceci : « Un jour, on expliquait des mots par leur étymologie. "Et 'Dominique', dit-il, qu’est-ce que cela veut dire ?". On lui répondit : 'Dominique' veut dire 'du Seigneur'. – Vous voyez, poursuivit-il, si je n’ai pas raison de vous demander de faire de moi un saint : jusqu’à mon nom qui dit que je suis du Seigneur. Je dois donc et je veux être tout entier de lui, et je veux me faire saint, et je serai malheureux tant que je ne serai pas un saint." » (Traduction française de Francis DESRAMAUT, Dominique Savio par Don Bosco, Apostolat des Éditions, Paris 1978, p. 69.

12 Ibid. 1046. Cf. DESRAMAUT p. 67.

13 Cf. Const. SDB, 2, 25, 65, 105; Const. FMA, 5, 46, 82.

14 M. RUA, Santificazione nostra e delle anime a noi affidate. Lettera del Rettor Maggiore agli Ispettori e ai Direttori di America [Notre sanctification et celle des âmes qui nous sont confiées. Lettre du Recteur Majeur aux Provinciaux et aux Directeurs d’Amérique], Turin-Valsalice, 24 septembre, 1894.

15 JEAN PAUL II, Discorso in occasione della visita alla Pontificia Università Salesiana [Discours à l’occasion de sa visite à l’UPS], 31 janvier 1981, in L’Osservatore Romano, 8 février 1981,1.

16 E. VIGANÒ, Redécouvrir l’esprit de Mornèse in ACS 301 (1981), 24-25.

17 JEAN PAUL II, Veillée de Prière des XV JMJ, Rome-Tor Vergata, 19 août 2000.

18 BENOÎT XVI, Discours à la Fête d’accueil des jeunes à Cologne, 18 août 2005.

19 PAPE FRANÇOIS, Homélie à l’Eucharistie du Jubilé des Jeunes, Rome 24 avril 2016.

20 ISS, Fonti Salesiane [Sources Salésiennes]. 1. Don Bosco e la sua opera. Raccolta antologica [DB et son œuvre. Recueil anthologique], LAS, Roma 2014, 444.

21 J. E. VECCHI, Allez plus loin. Thèmes de spiritualité juvénile, Elle Di Ci, Leumann (TO) 2002.

22 P. CHÁVEZ, Chers Salésiens, soyez saints in ACG 379 (2002), 22.

23 SAINT AMBROISE, De Virginitate, 40.

24 XVème Assemblée Ordinaire du Synode des Évêques, Les Jeunes, la Foi et le Discernement vocationnel. Instrumentum Laboris [Texte de travail], LEV, Rome 2018, 214.

25 XVème Assemblée Ordinaire du Synode des Évêques, Les Jeunes, la Foi et le Discernement vocationnel. Document final (19-24 mars 2018), II Partie, Introduction. Le document se trouve à la page : http://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2018/03/24/0220/00482.html

26 XVème Assemblée Ordinaire du Synode des Évêques, Les Jeunes, la Foi et le Discernement vocationnel. Document final, 167.

27 BENOÎT XVI, Catéchèse au cours de l’Audience du 13 avril 2011 : Enseignements VII (2011).

28 MB V, 356. Pour l’édition en langue française, cf. Francis DESRAMAUT, Dominique Savio par Don Bosco, Apostolat des Éditions, Paris 1978, p. 126

29 PAUL VI, Discours durant le Chemin de Croix du 24 mars 1967 au Colisée de Rome.

30 BENOÎT XVI, Lettre Encyclique Deus caritas est [Dieu est amour], LEV, Rome 2005, 42.

31 PAUL VI, Discours du 27 juin 1965, in E. VIGANÒ, Reprogrammons ensemble la sainteté, in ACS 303 (1981).

32 M. MENAPACE, Cuentos rodados, Patria Grande, Buenos Aires, 1986 (Contes qui se transmettent - C’est nous qui traduisons).

33 BENOÎT XVI, Catéchèse au cours de l’Audience du 13 avril 2011 : Enseignements VII (2011)

34 P. CATRY, «Le tracce di Dio» [Les traces de Dieu], in Aa. Vv., La missione ecclesiale di Adrienne von Speyr. Atti del 2° Colloquio Internazionale del pensiero cristiano, [La Mission Ecclésiale d’Adrienne von Speyr. Actes du 2ème Colloque International de la Pensée chrétienne], Milan 1986, 32 cité in L. M. ZANET, La santità dimostrabile. Antropologia e prassi della canonizzazione [La sainteté démontrable. Anthropologie et pratique de la canonisation], Dehoniane, Bologne 2016, 204.

35 Don Bosco raconte : « Je reconnus en ce garçon une âme tout entière selon l’Esprit de Dieu et je ne restai pas peu stupéfait en découvrant l’œuvre que la Grâce divine avait déjà accomplie en un garçon si jeune.» (G. Bosco, Vita del giovanetto Savio Domenico allievo dell’Oratorio di S. Francesco di Sales con appendice sulle grazie ottenute per sua intercessione, Ed. 5, Torino, Tipografia e Libreria Salesiana 1878 in ISS, Fonti Salesiane…, 1039). Cf. aussi Francis DESRAMAUT, Dominique Savio par Don Bosco, Apostolat des Éditions, Paris 1978, p. 50.

36 L'émerveillement, dans l'histoire de Dominique Savio, est typiquement eucharistique et trouve son moment de grâce le jour de la Première Communion, perçu comme une graine qui, si elle est cultivée, est source de vie joyeuse et d'engagements déterminés : « Ce jour, il ne l’oublia jamais. On peut l’appeler le véritable début ou, mieux, la suite naturelle d’une vie qui peut servir de modèle à tout bon chrétien. Des années après, quand on le faisait parler de sa première communion, on voyait une joie très vive éclairer son visage. "Oh ! celui-là, disait-il souvent, ce fut pour moi le plus beau jour et un grand jour." Il écrivit quelques résolutions qu’il conservait jalousement dans un livre de prières et relisait souvent. […] "1° Je me confesserai très souvent et je communierai toutes les fois que mon confesseur me le permettra. 2° Je veux sanctifier les jours de fête. 3° Mes amis seront Jésus et Marie. 4° La mort, mais pas de péchés." Ces résolutions, qu’il répétait souvent, furent pour ainsi dire la règle de ses actions jusqu’à la fin de sa vie. » (G. Bosco, Vita del giovanetto Savio Domenico…, p. 1032). Cf. aussi Francis DESRAMAUT, op. cit., p. 32-33.

37 Ibid., 1067. Cf. aussi Francis DESRAMAUT, op. cit., p. 131.

38 Cf. Vita Consecrata, 62.

39 JEAN PAUL II, Messaggio di S.S. Giovanni Paolo II all’inizio del CG25 [Message de S.S. Jean Paul II au début du CG 25], in CG25, 143.

23