Homélie du Recteur Majeur au cours de la messe conclusive
dans le Sanctuaire de Marie Auxiliatrice
(Buenos Aires, le 10 Novembre 19)
Je commence en exprimant la joie d’être rassemblés ici avec vous tous en conclusion de ce pèlerinage, de ce Congrès, et la joie de vivre maintenant avec vous tous un moment de profonde prière dans cette église devant le Seigneur et en présence de Marie.
Le premier aspect que je voudrais rappeler est qu’en partant d’ici nous voulons d’abord témoigner de comment et combien nous sommes unis avec tous les groupes de la Famille Salésienne à travers le monde entier. Ce moment n’est pas un moment seulement pour nous ou seulement pour Buenos Aires. Avec le cœur nous sommes en train d’embrasser et de nous connecter avec toute notre Famille salésienne dans le monde entier. Ceci est important et je crois que c’est même pertinent de l’expliciter, de le manifester, en lien avec un autre aspect important que nous avons vécu : la dimension missionnaire de la Famille Salésienne en commençant par Don Bosco lui-même, que nous avons vécu hier d’une façon très jolie à travers le témoignage de Père Anderson, et que nous aurons la joie de découvrir à travers d’autres témoignages encore. C’est très beau qu’à travers ces expériences nous pouvons être en communion avec toute la réalité salésienne (Philippines, Amazonie, Pays asiatiques, Cordillères,…) Je le dis parce que ce qui semble un signe typique a une grande force de message et nous invite comme Eglise à regarder vers la profondeur des choses et de la réalité.
Nous de la Famille Salésienne nous devons être les premiers à créer la communion, à être les premiers à créer l’Eglise, à partir du charisme de Don Bosco, inspirés par l’Esprit-Saint et en développant toujours plus notre sensibilité pour rester proches de ceux qui sont les plus éloignés. Je dis ceci pour vous inviter à rester en communion avec tous les frères et toutes les sœurs.
J’ajoute maintenant quelque chose en rapport avec l’Evangile que nous avons écouté : Nazareth, zone montagneuse et des collines, où ont vécu Marie, Joseph et Jésus pour environ 30 ans de leur vie. Cana de Galilée est à environ 35 Km en descendant vers le lac de Tibériade. C’est très beau le récit qui raconte que ce jour là ils étaient en train de se rendre à un mariage, c’est-à-dire à aller célébrer la joie d’une famille, dans la manière la plus typique de ce moment historique. Et c’est justement là que commence la scène merveilleuse qui nous enseigne beaucoup :
1- La mère de Jésus comme femme, avec un regard délicat de femme, se rend compte qu’il manque un élément essentiel pour une fête : le vin ! Sans le vin ce sera une catastrophe pour cette fête. Pour cela elle reste attentive et se rend compte de ce qui est en train d’arriver autour d’elle. Rappelons que Jésus sur le Golgotha dit : « Femme, voici ton fils ! » A Jean il dit : « Voici ta mère ! » Etant donné ceci, pensons si nous devons employer beaucoup de phrases pour dire à la Mère comment nous nous sentons, dire ce de quoi nous avons besoin, dire ce que nous voyons dans notre vie, dire ce qui pèse sur nous, dire ce qui nous fait mal, dire ce que nous voudrions lui demander. Certainement Non ! Pour la mère c’est facile de percevoir comment nous allons, qu’est-ce qu’il y a dans notre vie ? Qu’est-ce qu’il y a dans notre cœur ?
2- Considérons-nous maintenant comme si nous étions parmi les invités. Pensons un moment que nous tous ici nous sommes à cette fête, et qu’Elle prenne par la main chacun de nous, Elle, la mère de foi. Cela est beau, et c’est même théologiquement profond. Sur le chemin de la vie, avec toutes les fatigues et les difficultés que nous rencontrons, parce que la vie elle-même est exigeante. Elle tient par la main chacun de nous. Ce n’est pas la mauvaise dévotion superficielle, c’est quelque chose d’essentiel. Pas seulement que la mère sache comment nous allons, mais qu’elle vienne avec nous et qu’elle nous tienne par la main.
3- Donc elle sait comment nous allons, elle nous tient et comme dans l’Evangile, elle nous dit cette phrase : « Faites ce qu’il vous dira ! » Mettons-nous en première personne : « Fais ce que mon Fils te diras ! »…Angel, Yvonne, Christian, Anne, Matthieu…fais ce que Lui te dit. Ce qu’Il te dit, c’est ce qu’Il a pensé et a songé pour toi. C’est quelque chose de très profond et beau. Sur le fond, il y a la Mère qui est attentive, une mère qui soutient, et puis qui dit : « Ecoute, parce que Lui a quelque chose à te dire !»
Ainsi notre pèlerinage doit aller dans deux directions :
1* Comme Famille Salésienne nous voulons continuer en devenant toujours plus une Famille Salésienne, la famille de Don Bosco qui porte Marie dans le cœur et dans la vie. Celle-ci est la grande consigne à communiquer, à transmettre et à témoigner comme Famille.
2* Le deuxième niveau est personnel. La vie se joue dans la propre intériorité. Je m’émeus en écoutant ici certaines histoires de mariage avec une belle vie conjugale, avec même une belle famille, dans laquelle le couple te dit avec autant de sincérité qu’avant tout ils ont dû travailler beaucoup sur la vie intérieure pour trouver ce point là où Dieu rencontre chacun comme personne et puis comme époux/épouse et ensuite comme famille. Parce que c’est dans la profondeur de l’intériorité de chacun que Dieu nous rencontre. Pour nous lancer par après à vivre comme époux, à parier sur la famille, ou aussi à consacrer la vie entière aux jeunes. C’est dans le cœur que trouve son sens la phrase : « Fais ce qu’il est en train de te dire !» Et alors demandons-nous qu’est-ce que le Seigneur veut de moi ou pour moi aujourd’hui ? Parce que j’ai besoin de me dire tous les jours comment je dis mon « Oui » aujourd’hui. Ca ne suffit pas d’être devenu prêtre un jour, ou d’avoir célébré 15 ans de mariage…pour que ce mariage soit beau aujourd’hui. Chaque jour et à chaque moment je dois me demander qu’est-ce que je dois faire aujourd’hui pour mon mariage ?
Aux jeunes, qui sont ici : ça ne suffit pas de dire que nous sommes beaux, sympathiques, comment nous dansons, et quelle énergie avons-nous ? Un jeune chrétien ne peut pas penser et rêver une vie sans se dire : « Seigneur que veux-tu de moi aujourd’hui ? » Quand un certain jeune vient chercher la bénédiction pour son parcours de noviciat, je lui rappelle toujours de se faire chaque jour la demande : « Seigneur, que veux-tu de moi aujourd’hui ? » Parce qu’autrement toutes les réponses c’est quelqu’un d’autre qui te les donne : fais-le parce que c’est rentable, fais-le parce que cela peut être convenable. C’est plein de ces réponses ! Mais le plus important est de savoir ce qui se trame dans mon intériorité. Et la réponse est dans la Mère, qui nous connaît, qui nous tient par la main et qui dit à chacun : « Fais ce que Lui te dit ! »
Célébrons ainsi le cheminement de notre Famille et les 150 ans de l’Association de Marie Auxiliatrice, en nous souhaitant à chacun : que la Mère nous accompagne toujours en nous portant à la rencontre avec le Seigneur.