ACG431_Vivre_le_sacerdoce


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2. ORIENTATIONS ET DIRECTIVES
2.1 VIVRE LE SACERDOCE EN SALÉSIENS
Père Ivo COELHO
Conseiller Général pour la Formation
Après avoir consacré une lettre pour réfléchir à la vocation du
Salésien
juteur "
larc -
(ACG
" IJne
424) -
attention renouvelée pour le
il était juste de se concentrer
Salésien Coad-
sur la vocation
du Salésien prêtre.
Il ne faut pas oublier que le premier objectif à poursüwe dans
la section " formation " du projet du Recteur Majeur et de son
Conseil pour la période 2OL4-2020 est de « prornouvoir dans la
Congrégation une meilleure compréhension de Ia vocation consa-
crée salésienne sous ses deux formes >>, << êrr approfondissant des
thèmes comme la vie consacrée, le Salésien prêtre et le Salésien
coadjuteur " (ACG 4L9,52). C'est une réponse à l'inütation du
CG27 à approfondir notre identité charismatique, à prendre da-
vantage conscience de notre vocation et àviwe flrdèlement le projet
apostolique de Don Bosco, en se concentrant sur quatre secteurs
thématiques " Viure dans la grôre d'unité et dans la joic notre uo-
cation consorrée sal.ésienne qui est don de Dieu et projet personnel
de vie ; faire une forte espérience spirituelle, en assumant Ia ma-
nière d'être et d'agir de Jésus obéissant, pauwe et chaste, et en de-
venant des chereheurs de Dieu ; construire la fraternité dans nos
communautés de üe et d'action ; nnus cottsorrer généreusement à,
la mission, en marchant avec les jeunes pour donner de l'espérance
au monde. " (CG27, pp. 94-95 dans l'édition en langue française).
LeCG26 avait déjà demaadé aux Salésiens de " rendre prioritaire
et üsible l'unité de Ia consécration apostolique, tout en la réalisant
sous deux formes différentes " et " d'approfondir l'originalité salé-
sienne du ministère ordonné et de soutenir davantage la vocation
du Salésien coadjuteur. ,, (CG26, 55)
Nous présentons ces réflexions et orientations sur le presbyté-
rat salésien alors que nous approchons du CG28, en espérant

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58 ACTES DU CONSEL GÉNÉRAL
qu'elles pourront contribuer à la réflexion provenant de la grande
question que nous nous sornmes posée et qui est au cceur du Cha-
pitre lui-même : .. Quels Salésiens pour les jeunes d'aujourd'hü ? ".
1. Quelques considérations générales
Notre aoeation eonsacrée saÜésienne est un don
La première étape est de reconnaître que notre vocation est
un don de Dieu. Le Père Juan Vecchi, huitième successeur de Don
Bosco, nous a rappelé que Ia catégorie du " don " est fondamentale
pour comprendre lawaie nature de lavie consacrée. C'est, en effet,
un terme qui revient très fréquemment dansVita Consecrata ,. se
Éférant à la totalité de Ia Vie Consacrée, à chacune de ses mani-
festations historiques ou charismes, à beaucoup de ses composantes
ou aspects particuliers : Ies væux, la communauté, le service de la
charité. Un don reçu et un don offert ,, (ACG 357, p. 8). Les nom-
breux saints qui ont vécu leur consécration religieuse comme
prêtres ou qui ont été prêtres fondateurs de familles religieuses
sont eux-mêmes des dons merveilleux à l'Eglise : Basile, Benoît,
Dominique, Ignace de Loyola, François Xaüer, Jean de Ia Croix,
Joseph Vaz, François de Sales, Vincent de Paul, Don Bosco, Joseph
Benoît Cottolengo, poü n'en citer que quelques-uns. En ce temps
que nous vivons, nous sornmes comblés avec Ie Pape François qui
apporte à l'Eglise le don de son sacerdoce vécu comme religieux.
Notre vocation consacrée salésienne est un don de Dieu pour
nous, pour les jeunes, pour l'Ég[se, pour le monde et nous sommes
appelés à en être profondément reconnaissants et à nous réjouir de
sa beauté.
La conséeration religieuse est notre identité fondnmental.e
dans l'Égtise
Notre consécration religieuse est notre identité fondamentale
dans I'Ég[se. Le Droit Canonique illustre la nature du peuple de

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 59
Dieu, composé de fidèles laïcs, de ministres ordonnés et de
membres de la hiérarchie, ainsi que de membres d'Instituts de Vie
Consacrée et de Sociétés de Vie Apostolique. Comme religieux,
nous tous, Salésiens prêtres et Salésiens laïcs, nous appartenons à
la vie consacrée dans le Peuple de Dieu. C'est là que se trouve la
source de notre vocation et de notre mission. C'est là que l'Éghse
nous situe et souhaite nous voir nous épanouir et porter du fruit.
Curieusement, le thème du sacerdoce religieux n'a pas fait
I'objet d'une attention suffisante dans l'Eglise. Le Père Viganô,
septième successeur de Don Bosco, a commenté ce fait à deux
reprises ; la première fois dans sa lettre de 1991, " Nous nous
soucions du prêtre de l'an deux mille" (ACG 335), après Ie Synode
sur la formation au sacerdoce
Synode sur la Vie Consacrée
;
"
(pAuCisGde35n1o-)u. v.,eIalueestnc1e9p9e5n,ddaanntsd"omLe-
mâgê, dit le P Egidio, que le Synode n'ait même pas mentionné le
problème déIicat et complexe du religieux prêtre. Peut-être que le
temps n'est pas encore mûr et qu'il est nécessaire, d'abord, de
poursuiwe les recherches doctrinales. "'Même aujourd'hui, la
situation semble rester la même. La nouvelle Ratio pour l'Eglise,
Le don de lauocation presbjrtérale (2016), ne contient aucune consi-
dération spéciale pour Ie prêtre religieux, malgré le fait qu'en 20L6,
il y avait 134 495 prêtres religieux, soit 32,3,Vo, c'est-à-dire presque
un tiers du nombre total de prêtres dans l'Eglise catholique.
Pour nous, cependant, il est urgent de réfléchir sur I'identité
du Salésien prêtre. Une identité claire et saine apporte joie et uni-
té dans la vie et donne une orientation stable au travail aposto-
lique. Dans cette lettre, nous essaierons de mettre en éüdence ce
qui est à la base de l'être " Salésien prêtre " dans le cadre de notre
unique vocation consacrée, en nous appuyant sur une compréhen-
sion renouvelée de la üe religieuse et du sacerdoce. La üe frater-
nelle, les conseils évangéliques et la mission ne sont pas des élé-
ments qui existent à côté du ministère des Salésiens prêtres. Ils
' ACG 351,20 = Lettere circolai di dpn Egidio Vganô ai Salesiani (Rome
1996) 1535.

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60 AcTEs DU coNsEIL GÉNÉRAL
sont plutôt Ia matrice fondamentale et la racine vitale de notre vo-
cation.
diacrel
uSneiltonenlelsütelersmdeosndsedenoIatrecoRnsaéücora:ti"onLesaSléasléiesnineen
prêtre [ou
et ceux du
ministère pastoral, mais c'est la consécration salésienne qui déter-
mine les modalités originales de son sacerdoce et de I'exercice de
son ministère. " (FSDB 39)
Salésiens prêtres et Salésiens laîcs partieipent d'u rnême
sqnerdace du Chrùst
La réflexion théologique dans la période postconciliaire est
caractérisée par une conscience intense du lien entre Ie sacerdoce
ministériel et le sacerdoce cornmun des fidèles. Nous tous, Salésiens
clercs et coadjuteurs, nous participons du sacerdoce du Christ.
Le sacerdoce du Christ est unique et absolument original.
Dans les autres religions, et même dans le judaïsme, le prêtre ap-
partient à la sphère du sacré. Dans le Nouveau Testament, cepen-
dant, loin d'être une expression religieuse particulière du sacré, le
sacerdoce de Jésus découle ürectement de sa vie et des événe-
ments salvifiques de sa Pâque, et implique donc l'ensemble de la
réahté humaine. Le sacrifice de Jésus est un sacrifice d'obéissan-
ce : il consiste à s'offrir complètement et entièrement au Père, jus-
qu'à I'abandon total de lui-même sur la croix. Sa vie et sa mort
transforment nos résistances et le mal que nous portons en nous,
ouwant la voie au repentir et au pardon, à la nouvelle vte de Za-
chée, de Pierre, de Marie de Magdala, c'est-à-dire à Ia vie de la Ré-
surrection : " Par son unique offrande, il Uésus Christl a mené
pour toujours à leur perfection ceux qu'il sanctifie. " (He 10,L4)
Il n'y a donc pour nous qu'un seul prêtre et un seul sacrifice,
compte tenu du fait que, du point de vue juif, Jésus était un larc,
et que son sacrifice n'a pas été fait dans le temple, mais sur le
Calvaire et dans un contexte qui n'était certainement pas ,. sacré ,.
" IJne telle façon de devenir grand prêtre est diamétralement op-
posée à l'ancienne : au lieu d'une séparation rituelle, nous trouvons
une solidarité existentielle ; au lieu d'une élévation au-dessus des

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ORENTATDNS ET DIRECTIVES 61
autres, nous trouvons un abaissement extrême ; au lieu d'une in-
terdiction de tout contact avec la mort, nous trouvons l'exigence
d'accepter Ia souffrance et la mort. "2
Tous les baptisés en Christ sont appelés à s'unir à lui, en
offrant leur corps « en sacriflrce vivant, saint, capable de plaire à
Dieu " (Rm lZ,L). C'est le « sacerdoce commun " des fidèles, et
nous tous, Salésiens coadjuteurs et clercs, participons à ce sacer-
doce. Ce sacerdoce cornmun, fondé sur le baptême, est " l'expres-
sion suprême de Ia dignité humaine ... la manière historique de se
sentir impliqué dans Ia rédemption et le salut ,, (ACG 335, 16-17).
Il n'y apas de dignité plus éleuée que celle qui nous est conférée par
le baptêmc. Pour ceux d'entre nous qui sont habitués à entendre
parler du prêtre comme d'urt alter Christus, ces paroles de saint
Jean PauI II peuvent nous surprendre et nous faire du bien :
" Déjà au temps des Pères, on avait l'habitude d'affrrmer : " Christianus
alter Christu,s " (Le chrétien est un second Christ), voulant souligner ain-
si la dignité du bapüsé et sa vocation, dans le Christ, à la sainteté. (...)
Saint Augustin (...) répétait ; " Vobis sum episcopus, uobiscum chistia-
zus " (Pour vousje suis évêque, avec vousje suis chrétien). A la réflexion,
"chrisüanus" signifie beaucoup plus qu"'episcoptts", même s'il s'agit de
l'Evêque de Rome. "'
I-e sacerdoee ministériel n'eriste qup pour sertsir
Le sacerdoce ministériel est totalement au service du sacerdoce
commun des fidèles. Son seul but est d'aider les disciples du Christ
à participer à son sacerdoce, à vaincre Ie mal par l'amour et le
pardon et à s'offrir totalement au Père (ACG 335, pp. 15-20). En
plaçant Ie ministre au cæur de sa communauté, l'ordination Ie
consacre au service de cette co[rmunauté. C'est une grâce non pas
de séparation mais de communion. Le prêtre est appelé à avoir le
cæur du Bon Pasteur et à avoir « une conscience et un sentiment
'ALssRt VeNuoyn, "La noütà del sacerdozio di Cristo," La Ciuiltù Cattolba
n.3541, n. 1 (1998) 16-27.
t JnAN PeuL II,Varcare le soglie della speranza [Entrez dans l'espéraruce],Mon-
dadori, Milano 1994, lL-12.

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62 AcTEs DU coNsEIL GÉNÉRAL
intérieur qui Ie lient inséparablement " à ceux à qui il est envoyé.
La charité pastorale conduit à une immersion constante dans la
vie du peuple de Dieu, dans le don de soi continu pour Ie service.o
" Cette charité pastorale, nous rappelle le Concile Vatican II,
découle avant tout du sacrifice eucharistique ; celui-ci est donc Ie
centre et la racine de toute la vie du prêtre " (Presbyterorun't.
Ordinis tPOl 14). Si dans l'Eucharistie tout baptisé est appelé à
s'unir à l'offrande que Jésus a faite de lui-même au Père, à plus
forte raison, ceu)( qui sont appelés au sacerdoce ministériel sont-ils
appelés à s'appliquer à eux-mêmes " ce qui se fait sur I'autel du
sacrifice " (PO 14), en se prenant et en s'offrant eux-mêmes au
Père, en se rompant cornme le pain et en se donnant à leurs frères,
transformant leur vie en Eucharistie.
La charité pastorale n'est pas un élément nouveau qui vient
s'ajouter après l'ordination et identifié à des " activités pasto-
rales "
racine
particulières réservées au prêtre ; elle est, au contraire, à la
même de Ia vocation des Salésiens appelés à devenir
prêtres. La charité pastorale est au centre de notre esprit, comme
une force motrice et une motivation qui donne de l'énergie à tout
ce que nous sorrmes et faisons.
" Don Bosco a vécu et nous a transmis, sous I'inspiration de Dieu, un
style original de üe et d'action : l'esprit salésien.
La charité pastorale en est le centre et la synthèse ; elle est marquée par
Ie dynamisme juvénile qui se manifestait avec tant de force dans notre
Fondateur et aux origines de notre Société. C'est un élan apostolique qui
nous fait chercher les âmes et ne servir que Dieu seul. " (ç 16;
Le Salésien prêtre est un homme qui se laisse guider par la
charité, "ordonné" pour servir. On comprend immédiatement
pourquoi le cléricalisme ne peut et ne doit pas trouver de place
dans sa üe. Le Père Egidio Viganô anticipe de façon surprenante
les rappels forts du Pape François contre le cléricalisme :
n S. DlaNtcH, Teologia del ministeio ordenndo. Una interpretaciôn eclesioJô-
gira, lThénlogie du ministère ordonné. Une interprétation ecclésiologiquel, Ed.
Paulines, Madrid 1988, p. 324.

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 63
,. S'il y a une incrustation waiment délétère à éIiminer chez un ministre
ordonné, c'est celle d'une éventuelle modalité "cléricaliste" (dont les
exemples ne manquent pas dans l'histoire) qui l'amènerait à se conduire
en "patron" au sein du Peuple de Dieu. Cette modalité ne conüent pas
du tout au profil du Christ Bon Pasteur qui est le "Seryiteur de Yahvé" ;
le prêtre qui la ferait sienne montrerait qu'il n'a pas compris le sacerdo-
ce de la Nouvelle Alliance. ,, (ACG 335, p. 18)
Il nous est bon d'accepter l'invitation du Pape François à mé-
diter sur la " grandeur incommensurable du don " et sur notre pe-
titesse : 6
n" oLu'isncroemlèmgueenspuarrambilelegsrapnludseupredtiutsdodnesqhuoi mnomuesse. sLt efapitrpêatrreleemstinleisptèlures
pauvre des hommes - oui, le prêtre est le plus pauwe des hommes - si
Jésus ne l'enrichit pas de sa pauweté, il est le serviteur le plus inutile si
Jésus ne l'appelle pas ami, le plus insensé des hommes si Jésus ne I'ins-
truit pas patiemment comme il l'a fait avec Pierre, le plus désarmé des
chrétiens si le Bon Pasteur ne le fortifie pas au milieu de son troupeau. "
Lisant en contraste l'annonce à Zacharie dans le Saint des
Saints du Temple de Jérusalem et l'annonce à Marie dans un
village inconnu de Galilée, à une époque marquée par des conflits
et par la misère, Ie Pape continue en lançant un appel paternel
aux prêtres :
" Personne parmi nous n'a été appelé pour un poste important, personne.
Parfois, sans le vouloir, sans faute morale, nous avons coutume de
confondre notre actiüté quotidienne de prêtres, de religieux, de consa-
crés, de laïcs, de catéchistes, avec certains rites, avec des réunions et des
rencontres, où la place que nous occupons dans la réunion, à la table
ou bien dans la salle, est d'ordre hiérarchique ; nous ressemblons plus à
Zachanequ'àMarie. "
Le Pape inüte donc les
nous faut peut-être sortir
prêtres à
des lieux
retourner à Nazarelh ;
importants et solennels
"
;
Il
il
u Pero F"naNÇoIs, Rencontre avec les évêques, les prêtres, les religieuses, les
religieux, les personnes consacrées et les séminaristes, les catéchistes et les
animateurs, lois du voyage apostolique au Mozambique, à Madagascar et à l'ile
Maurice, 5 septembre 2019 :https://w2.vatican.valcontent/francesco/itlspeeches/
2019/september/documents/papa-francesco_20190905-consacrati-mozambico.
html (02.11.2019).

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64 A?TES DU CONSEIL GÉNÉRAL
nous faut retourner aux endroits où nous avons été appelés, où
il était éüdent que l'initiative et le pouvoir étaient 6" pisu. » Le
secret est de « retourner à Nazareth " pour nous renouveler en
tant que pasteurs qui soient à la fois disciples et missionnaires.
Nous devons prier sans jamais nous lasser avec les paroles de
notre Mère : " Je suis prêtre parce qu'il a regardé avec bonté ma
petitesse (cf. Lc 1, 48) ".
2. Le Salésien prêtre
Nous avons parlé du sacerdoce baptismal comme de notre plus
grande et insurmontable dignité (même pour l'évêque de Rome !),
et du fait que le sacerdoce ministériel est en tout point un minis-
tère entièrement orienté vers le service du sacerdoce baptismal.
Le Salésien prêtre assume pleinement le sacerdoce ministériel et
le vit " de l'intérieur » ds sa consécration salésienne.
Nous trouvons Ia même vénté fondamentale sur notre identi-
té exprimée dans l'article 3 de nos Constitutions, qui est comme
un mot de passe pour tout le texte constitutionnel : " La mission
donne à toute notre existence son allure concrète ; elle spécifie
notre rôle dans l'Ég[se et détermine notre place parmi les familles
religieuses. " Ce n'est pas principalement ce que nous faisons dans
la grande vanété de nos æuvres qui défrnit Ia dimension mission-
naire de notre vie, mais plutôt notre existence même de Salésiens
consacrés. Au contraire, << nous sommes une mission », comme Ie
dit Ie Pape François : " Elle [a mission] est quelque chose que je
ne peux pas arracher de mon être si je ne veux pas me détruire. Je
suis une rnission sur cette terre, et pour cela je suis dans ce mon-
de. Je dois reconnaître que je suis comme marqué au feu par cette
mission afin d'éclairer, de bénir, de vivifier, de soulager, de guérir,
de libérer. " (EG 273). Si cela est wai pour chaque chrétien, c'est
certainement wai pour ceux qui sont appelés à faire de leur consé-
cration baptismale laraison d'être de leur üe par la consécration
religieuse et sacerdotale.

1.9 Page 9

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 65
Si la mission dont j'ai hérité avec le charisme de Don Bosco ne
" donne pas [son] allure concrète " à toute ma üe, je ne suis ni
S3lésien ni prêtre, car l'unique modalité de üwe le sacerdoce que
I'Eglise reconnaît en moi quand j'at été choisi pour recevoir les
ordres sacrés est celle contenue dans nos Constitutions, du pre-
mier au dernier article. Même le rite de I'ordination I'exprime clai-
rement : c'est la Congrégation, en Ia personne du Provincial qui
présente les " lettres dimissoriales " de ceux qui vont être ordon-
nés, et c'est à I'Evêque consécrateur et au Provincial, qui repré-
sentent l'ensemble de l'Eglise et de la Congrégation, que I'on fait
une promesse d'obéissance. En effet, c'est toujours et seulement
sous l'autorité de l'Eglise et de la Congrégation que la potestas
d'un prêtre salésien trouve sa source et sa pleine justifrcation.G
Comme nous le répéterons plus bas, la mission n'est jamais gé-
nérique. Elle se réalise dans un domaine spécifiquement assigné et
de façon originale et salésienne, avec des racines qui üennent d'en
haut, comme nous le professons dans le premier article des Consti-
tutions :
" Humblement et avec action de grâce, nous croyons que la Société de
saint François de Sales est née, non d'un simple projet des hommes, mais
par l'initiative de Dieu. Pour contribuer au salut de Ia jeunesse, "cette
part la plus déIicate et la plus précieuse de la société humaine", l'Esprit
Saint suscita, avec I'intervention maternelle de Marie, saint Jean Bosco.
u Dans le Droit Canonique, le terme utilisé pour exprimer ce qui est conféré
parl'ordination (diaconale, sacerdotale, épiscopale) estpotestas. Ilestintéressant
de noter que, dans la traduction offrcielle italienne, le terme italien pofesâi est
utilisé 155 fois, alors que le termep otere f= pouvoirl ,r'ss1 utilisé que deux fois, en
référence au pouvoir civil (can. 285 et1254). 16 " potestà » renvoie toujours à la
source dont.elle proüent, en dernier ressort au « pouvoir donné par le Christ à ses
apôtres et à Ieurs successeurs légitimes, pour régir et gouverner les fidèles et les
orienter vers la üe éternelle " (https://www.simone.itlnewdiz/newdiz.php?
action=üew&dizionario=9 - 26.11.19). La potestas conférée avec I'ordination
n'est pas un pouvoir privé que je peux exercer selon mon bon plaisir, comme et
où je le veux, et que je peux investir comme s'il faisait partie de mon patrimoine,
tantôt dans une Congrégation religieuse, tantôt dans un Diocèse, selon les
circonstances. C'est plutôt lorsque l'Eelise me confie [une situation donnée] selon
son dessein qui, dans notre cas, est exprimé dans les Constitutions que l'Eglise
elle-même a approuvées, que cettepo/esüos s'exerce.

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66 AîTES DU CONSE'],L GÉNÉBAL
Il forma en lui un cæur de père et de maître, capable de se donner tota-
lement : "J'ai promis à Dieu que ma üe, jusqu'à son dernier souffle,
serait pour mes pauwes garçons". ,
Passons maintenant à quelques points sur I'identité-mission
du Salésien prêtre, même s'il ne s'agit pas d'une étude systéma-
tique ou exhaustive.T
2.L. In eommunauté
Comme le souligne la nouvelle Ratio de I'Éghse, la communau-
té tient une place absolument essentielle dans la vie d'un prêtre,
tant dans les phases de sa préparation (le fait d'être disciple
l" discepolato", confrguration, synthèse vocationnelle) que dans son
ministère vécu comme formation permanente.s La vie fraternelle
en cornmunauté est essentielle pour la maturité humaine et spiri-
tuelle, pour grandir dans l'amour. En tant qu'êtres humains, nous
ne grandissons qu'à travers des relations empreintes d'amour. Nos
frères et sæurs grandissent dans leur capacité d'aimer et d'être
aimés au sein de leurs familles ; pour nous, Salésiens prêtres et
Salésiens larcs, cela se passe au sein de la communauté religieuse
et, avec les larcs, dans la communauté éducative et pastorale.
En tant que religieux,le mini,stère du Salésien prêtre passe tou-
jours par la médiation de la com.munauté. Le titre de I'article 44
des Constitutions le dit e:çlicitement: " Mission oommunautaire ".
" Le mandat apostolique que l'Église nous confie est assumé et mis en
ceuvre en premier lieu par les communautés provinciales et locales, dont
les membres ont des fonctions complémentaires, avec des tâches qui
toutes sont importantes. Ils en prennent conscience : la cohésion et la co-
responsabilité fraternelle permettent d'atteindre les objectifs pastoraux. "
' Beaucoup de ces points peuvent être trouvés daas ACG 335. Après avoir noté
que le Synode sur Ia formation sacerdotale n'avait pas traité le thème du sacerdoce
des religieux, le Père Viganô a poursuiü en disant que dans la Congrégation Salé-
sienne, au contraire, nous avions déjà élaboré quelques réflexions, surtout quand
on a réfléchi sur la qualité pastorale de notre mission, en référence probablement
au CG23 sur l'ducâtion à la foi (voirACG 335, pp. 20-29 = Lettres 1091-98).
t CoNcnÉcanoN poLJR LE c,nasÉ, Le dnn de la uocqtinn presblüra.lz.. 2016, n. 51.

2 Pages 11-20

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2.1 Page 11

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 67
Pour le Salésien prêtre, cela signifie qu'il n'y a pas de place
pow I'indiuidualisme apostolique: ses choix apostoliques doivent
passer par la méüation de la communauté ; ils ne peuvent pas être
simplement identifrés à ses choix individuels basés sur des sympa-
thies, des antipathies ou des positions personnelles.
Nous devons également garder à l'esprit que la communauté
salésienne est caractérisée par une com,plémentarité essentielle
entre Salésiens prêtres et Salésiens larcs.
" La présence signifrcative et complémentaire des salésiens clercs et larcs
dans la communauté constitue un élément essentiel de sa physionomie et
de sa plénitude apostolique. " (C 45)
"Le Salésien prêtre doit se sentir spontanément en rapport, par
la force de communion de sa propre salésianité, au coadjuteur ; et le
Salésien larc doit se sentir de même envers son confrère prêtre.
Notre vocation, radicalement communautaire, exige une commu-
nion effective,et non seulement de fraternité,entre les personnes. "'
La dimension sacerdotale n'est pas exclusive des confrères
prêtres et la dimension larque n'appartient pas exclusivement aux
confrères coadjuteurs. La communauté salésienne n'est pas une
agrégation artiflrcielle de deux types de membres qui s'efforcent
d'une certaine manière de viwe ensemble. Dans Ie cæur de chaque
confrère, il y a les deux dimensions, mises en évidence de diffé-
rentes façons, mais toujours intimement liées, de sorte que le
Salésien prêtre cultive aussi la dimension larque de la mission
comnune, tandis que Ie Salésien coadjuteur doit cultiver aussi Ia
dimension sacerdotale de cette même mission. " Sans la dimension
larque, nous perdrions cet aspect positif de la saine "sécularité"
qui nous caractérise dans le choix des méüations éducatives. Et
sans la dimension sacerdotale, nous risquerions de perdre la qua-
lité pastorale de l'ensemble du projet. En déséquilibrant la com-
plémentarité, nous pourrions tomber, d'une part, dans une sorte
d'activisme social pragmatique et, d'autre part, dans un tSpe
: ' ACG 335, p. 23 l,ettres 1093-94.

2.2 Page 12

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68 AcTEs DU coNsEIL GÉNÉRAL
d'engagement pastoral trop général qui ne serait plus Ia mission
authentique de Don Bosco. "10
Naturellement, le Père Viganô souligne que f intensité de Ia
charité pastorale et le degré de sainteté ne dépendent pas du mi-
nistère ordonné ni des üvers services que nous mettons à la dis-
position des autres parce qu'ils font partie de notre responsabilité
apostolique partagée, mais seulement de notre ütalité intérieure,
c'est-à-dire de Ia façon dont nous vivons le sacerdoce commun ; en
d'autres termes, [ils dépendent] de la üe de foi, d'espérance et de
charité. Le Père Egiüo poursuit ensuite avec des déclarations qui
restent asisez suq)renantes encore aujourd'hui.
" La üe de la grâce, c'est-à-dire de Ia
saint Thomas d'Aquin - une valeur
charité
qui est
pastorale, a - comme le disait
pour elle.même plus grande
que tout ce qui a été créé. Nous serons tous jugés sur l'amour : dans la
Jérusalem céleste, il n'y aura plus besoin ni de Bible, ni d'Evêques ni de
Prêtres, ni de Magistère, ni de sacrements, ni de Coordination, ni des
nombreux services mutuels qui sont indispensables dans notre histoire.
C'est pourquoi, déjà maintenant, dans la communauté ecclésiale, l'ordre
des réalités institutionnelles, hiérarchiques et opérationnelles passe en
deuxième Iigne (si l'on peut dire ; iI suffit de penser à Ia place où Ie cha-
pitre sur le Peuple de Dicu a été mis dans "Lumen Gentium" !) devant le
Mystere auquel elles servent et qu'elles révèlent à ceux qui üvent leur foi.
La saintete est enracinée dans le degré de parüicipation et de communion
avec la üe trinitaire. Nous voyons l'intensité de la sainteté représentée en
Marie, l'authenticité ministérielle en Pierre. Tous les deux, de grands
saints : mais nous voyons en eux que le degré de sainteté ne s'identifie pas
avec le degré hiérarchique et le degré ministériel. ""
Le sacerdoce ministériel n'est pas un priülège spécial, mais
plutôt un service destiné à cesser, et qui occupe déjà maintenant la
deuxième place. Sa gloire consiste à se mettre au service du peuple
de Dieu pour que tous, y compris les prêtres, puissent atteindre les
" hauteurs vertigineuses » de la sainteté.
'0 ACG 335, pp. 23-24 = Lettre 1094. Voir aussi ACG 424, pp. 65-69 : " IJne
attention renouvelée pour le Salésien Coadjuteur ".
" ACG 335, p. 25 = Lettre l095.Voir aùssi Catéchi.smB dc l'Église Cathalique
I lô.

2.3 Page 13

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 69
2.2. I-e eharism.e
Enot salésien d,ans son essence, cornïLe nous I'auons uu,le mi-
nistère du confrère prêtre passe toujours par la mÉdiation de son
charisme. C'est pourquoi l'épithète " salésien » précède la qualifr-
cation qui süt " coadjuteur » otr << prêtre " : " Salésierl » êst enten-
du comme le premier indicateur de l'identité. Le charisme salésien
donne le ton à tout.l'
Considéré comme une façon de suiwe le Christ, le sacerdoce
religieux est très différent du sacerdoce diocésain. Pour le prêtre
diocésain, c'est le ministère auquel il consacre toute sa vie qui est
central et décisif. Le prêtre religieux, au contraire, trouve sa règle
de üe dans un fondateur et dans sa façon originale (et qui donne
naissance à une façon particulière) de suiwe le Seigneur. L'exis-
tence du Salésien prêtre est donc en tout point marquée par le
charisme qui prend sa source en Don Bosco." Don Bosco ne pen-
sait pas en premier lieu au type de ministère qui lui serait confré
dans l'Eglise, comme la plupart des jeunes séminaristes qui ont
habituellement la perspective d'avoir à animer et à présider une
communauté paroissiale. II ne se sentait pas appelé à exercer un
ministère déjà existant, mais à concrétiser et à traduire en æuwes
D lbid.p.2L.
" Nous savons que la consécration
s'enracine dans la dignité baptismale et
spécifique de notre profession religieuse
nous fait grandir dans La foi et dans notre
être de disciples [discepolato] du Christ avec un "esprit salésien" particulierpour
être signes et porteurs de l'amour de Dieu pour les jeunes. Nous avons justement
exprimé ce caractère spirituel en metüant le terme "salésien" comme substantif de
base ; chaque confrère est ainsi
Dans cette lettre, les termes
"salésien-prêtre" ou "salésien-lai'c".
« presbitero », << pr€t€ >>, <, sacerdotê "
("trois
termes
italiens qui signifrent « prêtre "), ainsi que les termes " laïc " et « coadiuteur », ont
été utilisés en référence aux confrères salésiens, dans l'état où i]s ont été inscrits
dans les documents de la Congrégation, sans vouloir donner uns importance
particulière ou une différenciation de sens à chacun d'eux.
É Voir À BozzoLo, Salesiarw prete e salesiana coa.d.iutore : spunü per un'inter
pretozianz teologica [salésien prêtre et salésien coa$uteur : notes pour une inter-
prétation théologiquel in Sapientiam dpdit illi. Stud.i su don Bosco e sul carismn
solesiana, éd,. A-Bozzot"o, I§1, Rome 2015, p. 340.

2.4 Page 14

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70 ACTES DU CONSEIL GÉNÊRAL
cette nouvelle pédagogie de la grâce qui ne faisait qu'un avec sa
manière d'être présent parmi les jeunes.'n
Le sacerdoce assumé dans l'horizon d'un charisme particulier
confère au ministère du prêtre religieux une place particulière
dans l'Église, qü n'est pas égale à celle du clerge diocésain. Tant
et si wai que le prêtre diocésain est enraciné dans un territoire
particulier, tanüs que le prêtre religieux se caractérise par une
ouverture universelle. Le premier est chargé de la pastorale orü-
naire d'une paroisse et d'un diocèse, tandis que le second partici-
pe à une mission spéciale qui est transversale aux limites territo-
riales ecclésiastiques.'u Le prêtre diocésain est appelé à un minis-
tère général qui couwe toute la vie humaine, de la conception à la
mort. Le prêtre religieux, quant à lü, a une vocation qui est es-
sentiellement un service particulier à une phase ou une dimension
de Ia üe, telle qu'elle est manifestée et ensuite codifiée dans son
charisme. Saint Benoît, Antoine de Padoue, Camille de Lellis et,
dans des temps plus proches de nous, Maximilien Kolbe, Alberto
Hurtado et beaucoup d'autres ont eté de très grands dons pour
l'Ég[se et le monde gïâce à leur frdé]ité au charisme particulier
'* Ibid. p. 347.
" En
diocésain
ce sens, Balthazar reconnaît en Pierre la physionomie
alors qu'il voit en Jean I'emblème du clergé religieux.
typique
Chez ces
du clergé
deux dis-
ciples, en fait, la coexistence de la charge et de I'amour süt "un mouvement qui
va dans des directions opposées. Pierre obtient urre charge et pour mieux l'exer-
cer, il lü est donné de surcroît l'amour. Jean personnifie à l'origine l'amour, [... et]
à partir de son aspect personnel, il obtient la charge de prêtre." (H.U. von Bar
TTIASAR, l,es étüs de uie du chrétien, Jaca Book, Milan 19M, p.247).
Dans cette perspective, ce n'est pas sans signification si Pierre était certai-
nement marié et que Jean soit resté üerge : en tant que üerge, il est le représen-
tant des "prêtres réguliers" face au "prêtre sésu1ier" marié, Piene. La présence
de Jean au pied de la croix avec Marie illumine alors le lien marial particulier de
la vie consacrée et des prêtres qui l'assument. Chez eux, en effet, le sacerdoce mi-
nistériel et objectifsemble particulièrement associé au sacerdoce subjectifet exis-
tentiel de l'oftande de soi, tout comme l'exigent les væux de chasteté, de pau-
weté et d'obéissance. Ainsi, chez les prêtres religieux, la grâce de l'ordination se
situe dans I'espace marial de l'obéissance à Dieu propre à leur Ordre, dans une for-
me caractéristique de mise en ceuwe de l'amour johannique que Marie enseigne
toujours de nouveau
,u lbid.352.
aux grands
fondateurs
et à leurs
fils spirituels.
"

2.5 Page 15

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 71
auquel ils ont été appelés et avec lequel le don de leur sacerdoce
était en parfait accord.
C'est pourquoi les choix apostoliques d'un Salésien prêtre sont
toujours traversés par Ia médiation de notre charisme éducatif et
pastoral pour les jeunes, surtout les plus en diffrculté. J'entends
parfois dejeunes diacres ou prêtres salésiens se plaindre de ne pas
avoir eu l'occasion de célébrer un baptême ou de présider un ma-
riage et je me demande : combien de baptêmes Don Bosco a-t-il cé-
lébrés ou combien de mariages a-t-il présidés t Était-it moins prêtre
pour autant ? Nous ne devons jamais perdre de vue la particularité
très concrète de la physionomie du Salésien prêtre, telle que Don
Bosco l'a façonnée. Avec son confrère Salésien larc, le Salésien
prêtre est inüté à une mission immergée dans le monde des jeunes
et des couches populaires, tout entière consacrée à des engage-
ments éducatifs et pastoraux, et qui s'adresse à des personnes sou-
vent éloignées de l'Eglise ou appartenant à d'autres religions.
La consécration apostolique du Salésien prêtre se concrétise et
s'exprime dans les troisrnunero [charges] du sacerdoce ministériel.
Par le rninistère de la Parole (munus docendi),le Salésien
prêtre sème la parole du Christ dans les situations les plus di-
verses et à travers différentes formes de prédication, d'aide et de
conseil, en éclairant l'expérience des jeunes, en les aidant à orien-
ter leur vie, en les accompagnant dans la transformation et la
transfiguration de leur existenee (cf. FSDB 39).
L'identité charismatique émerge également du fait que le mi-
nistère de Ia Parole s'adapte à une grande variété de situations et
de contextes. Le Salésien prêtre est prêt à utiliser les approches les
plus variées et sait rencontrer les jeunes là où se trouve leur liber-
té (cf. C 38). S'adapter aux jeunes et à leur expérience, plutôt que
d'attendre d'eux qu'ils se conforment à nos normes, est la premiè-
re et fondamentale forme d'inculturation salésienne.
La frgure du Salésien catéchiste, qui faisait partie de la üe de
beaucoup de nos maisons, nous donne une idée de la variété des

2.6 Page 16

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72 AcTEs DU coNsEIL GÉNÉRAL
formes oùle munus docendi peut être réalisé dans un milieu salé-
sien. Le catéchiste était en général un Salésien prêtre, jeune et
dynamique, qui s'occupait de différentes manières de tout ce qui
concernait l'évangélisation, la catéchèse et Ia vie chrétienne dans
la maison salésienne. Il s'occupait des célébrations liturgiques et
des pratiques de piété, de Ia vie des groupes, surtout ceux qui
étaient animés par un intérêt apostolique explicite (comme Ie
groupe missionnaire) ; il suivait l'animation vocationnelle et l'ac-
compagnement personnel des jeunes. Cette frgure, repérable dans
I'histoire non lointaine de nos maisons, nous aide à percevoir com-
ment le charisme salésien peut se fondre harmonieusement avec le
rnunus docendi du ministère sacerdotal, à l'intérieur de Ia mission
confiée à Ia communauté.
Il est également significatif que ce soit le ministère de la Paro-
le qui occupe la première place, et non celui de la sanctification.
I1 serait donc dommage que nos jeunes Salésiens concluent leur
formation spécifrque avec une préoccupation excessive et exclusive
pour le n'tunus celebrandi, au lieu d'avoir dans leur cæur une
übrante passion pour la première annonce, sur laquelle Christus
Viu it tnsiste fortement. "
Le ministère de la sanctifTcation (munus saructificand,i)
peut avoir de nombreuses e)ipressions en clé salésienne, mais la
plus significative est de se mettre au service des jeunes en les ac-
compagnant dans l'initiation à la üe dans le Christ, dans la prière
Iiturgique et dans la célébration des sacrements, spécialement
ceux de la Réconciliation et de l'Eucharistie (cf. FSDB 39). Le Sa-
Iésien prêtre est un spécialiste de l'initiation à la üe sacramentel-
Ie des Garelli et des Magon d'aujourd'hui. Dans ce domaine aussi,
il apprend à
liberté " et
(cf. C 38). I1
rencontrer " les
de l'expérience
jeunes
de vie
au point où ils en
à laquelle ils ont
sait qu'il est appelé à être un e:ipert dans
sont de leur
été exposés
cet art, avec
la capacité de créer des symboles et des langages qui ont un sens
pour les jeunes d'aqjourd'hui.
'u CV 214, avec référence à EG 165.

2.7 Page 17

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 73
Le Synode sur Zes Jeunes, la Foi et le Discernement Vocation-
nel deient un appel fort pour l'Église à renouveler sa capacité
d'atteindre les nouvelles générations, Ies natifs du monde numé-
rique qui vivent dans les réseaux, sociaux, avec les grands risques,
mais aussi l'immense potentiel, que tout cela comporte. L'É$ise
est en droit d'attendre des fils de Don Bosco qu'ils soient à
l'avant-garde pour trouver de nouvelles voies d'initiation au mys-
tère du Christ sur ce nouveau terrain numérique. " Il ne s'agit
plus seulement d"'utiliser" des instruments de communication,
mais de viwe dans une culture largement numérisée, qui in-
fluence profondément les notions de temps et d'espace, la percep-
tion de soi, des autres et du monde, la façon de communiqueq
d'apprendre, de s'informer et d'entrer en relation avec les
autres. " (6/ 86). Le nl,unus sanctificandiprévoit d'accompagner
cesjeunes et d'autres dans leur rencontre avec le Christ avec une
créativité qui émerge des profondeurs de notre vie de foi, d'espé-
rance et de charité.
Nous devons donc insister sur le fait que le service consiste à
" initier " à la vie dans l'Esprit, et non pas seulement à adminis-
trer les sacrements. Préparer les jeunes Salésiens à üwe avec pas-
sion et compétence dans ce domaine apostolique est certainement
l'un des grands défis que la formation initiale doit affronter, parce
qu'elle exige beaucoup plus que I'insertion de quelques cours sup-
plémentaires de catéchèse ou de théologie sacramentelle dans un
programme déjà bourré d'examens à passer.
Le sacrement de la Réconciliation occupe une place particulière
dans la vie d'un Salésien prêtre, cornme ce fut le cas dans la üe de
Don Bosco. Pour notre Père, ce sacrement a été peut-être le plus
grand moyen d'initiation à Ia üe dans l'Esprit. Il y a consacré beau-
coup de temps et d'énergie, rejoignant ses jeunes un par un, trou-
vant ce « point accessible au bien... cette corde sensible du cceur o tt
" Les Memarie Biografiche, après avoir relaté la manière de üvr.e ce sacre-
ment à l'Oratoire du Valdocco, présentent brièvement la manière dont Don Bos-
co avait l'habitude d'argumenter :

2.8 Page 18

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74 AcTEs DU coNsEIL GÉNÉBAL
àpartir de laquelle une nouvelle üe pouvait s'épanouir. Cet art spi-
rituel n'est pas sorti de nulle part. Pensons à l'adolescent Jean Bos-
co qui a appris à aimer ce sacrement pendant les années passées à
Ia ferme Moglia et ensuite à l'école du bon Don Calosso. Pensons au
jeune prêtre qui se prépare, sous Ia sage direetion de Don Cafasso,
à l' « examen de confession ", au Conütto Ecclesia,stico. Deman-
dons-nous quelle est la place de ce sacrement, d'abord dans notre
vie personnelle et ensuite dans notre ministère. Quel genre de
prêtres salésiens serons-nous si nous ne fréquentons pas assidu-
ment ce sacrement et si nous nous rendons rarement disponibles
pour ce ministère ?
Le rninisf§1.s fl'sniynation de la cornrnunauté chrétien-
ne (munus pascendi) est totalement orienté vers le service de
l'unité dans les différentes communautés : la communauté reli-
gieuse, la communauté éducative et pastorale, la Famille Salésien-
ne, le Mouvement Salésien et la communauté humaine et sociale
au sens large (cf. FSDB 39). L'animation, avec sa racine latineani-
rzo, consiste à donner vie et à promouvoir l'unité. Il ne s'agit donc
pas d'une dynamique verticaliste. L'âme est présente partout et
lravaille de l'intérieur. L'Ég[se invite les personnes chargées du
nlunus poscendi à adopter une nouvelle manière d'exercer l'auto-
| rité, une manière
la fraternité " (cf.
qui donne lumière et
Auin nouueo,u,, outres
force
neuues
" la
4L).
dynamique
de
I1 est intéressant à cet égard de voir comment l'autorité est
comprise dans les nouvelles orientations pour le Directeur et Ia
communauté salésienne approuvées par le Recteur Majeur et son
Conseil en juin 20L9.
oDe même qu'il n'y a pas de tene ingrate et stérile qui ne puisse finalement
porter du fruit au bout d'une longue patience, ainsi en est-il pour I'homme. Une
waie tene morale, pour stérile et rétive qu'elle soit, produit néanmoins tôt ou
tard des pensées honnêtes püs des actes vertueux, quand un directeurjoint à ses
prières ardentes ses efforts à la main de Dieu pour la cultiver et la rendre fécon-
de et belle. En chaque jeune, même le plus misérable, il y a un point accessible au
bien, et le premier devoir de l'éducateur est de chercher ce point, cette corde sen-
sible du cceur et d'en tirer profit. " (M8V,367)

2.9 Page 19

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 75
" Le Système Préventif promeut un style de leadership où la confrance
est fondamentale dans le rapport entre l'éducateur et lesjeunes, et éga-
lement entre les confrères au sein de la communauté salésienne. Le rôle
de guide et d'animation des personnes chargées d'un "service d'autorité"
n'en est pas pour autant diminué. Au contraire, lorsque ce rôle et ce ser-
üce sont vécus selon l'esprit salésien, ils acquièrent une plus grande au-
torité, beaucoup plus effrcace que ce qui ne peut être obtenu qu'en re-
courant à la "froideur d'un règlement" (cf. Lettre de Rome 1,&84). "
F"Iilrweslt
intéressant de
de l'Assemblée
trouver le
Synodale
même appel à l'autorité dans le Docum,ent
zur Zes Jeunes, In Foi et le Discernernent
jVeuonceasüoonnnt eble; s"oinPodu'ardeuflfteecstufaeirsaunnt
wai cheminement
autorité. Dans son
de maturation, les
sens ét5mologique,
l'aurtoritas indique la capacité de faire grandir ; cela n'exprime pas l'idee
d'un pouvoir directf,
. Pour permettre à
mais d'une véritable force génératrice. " (DF 7l)
un Salésien de mûrir dans ce type d'auctoritas,
d'abord comme éducateur avec les jeunes et ensuite aussi dans son
service de lead,ership, il faut accorder beaucoup d'attention et de soin à
sa croissance humaine et spirituelle. "18
Par conséquent, il est nécessaire d'avoir une formation et une
qualification claires dans les objectifs et efficaces dans les itiné-
raires à suiwe, afin de permettre une grande capacité de relations
humaines significatives, d'être libres et prémunis oontre toute for-
me de cléricalisme, avec une bonne théologie du larcat à la base et
des expériences qui rendront e:(perts en formation conjointe avec
les larcs qui partagent notre mission. La üe fraternelle en com-
munauté doit devenir un élément clair et un critère incontour-
nable pour le üsceraement vocationnel et l'admission à la profes-
sion perpétuelle.
Insistons flrr ce point : aucun prêtre, et encore moins le SaIé-
sien prêtre, ne peut se considérer exempt ou trouver des moyens
pour diluer et diminuer le service de la communion. Jésus est mort
pour pouvoir « rassembler dans l'unité les enfants de Dieu disper-
sés " (Jz LL,52). Y a-t-il des limites que nous pouvons fixer üs-à-vis
de ceux que Dieu considère et veut comme ses enfants ? " Qui est
t Animntian et gouvernance de la cornrnunauté. Le seruice d,u Directeur salé-
sien,20L9, n. 40

2.10 Page 20

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76 ACTES DU CONSEIL GÉNÉRAL
mon prochâin » nê doit-il pas devenir toujours et sans exception
" Qui sont mon frère et ma sceur » ? Nous qui sommes des disciples
passionnés à la suite du Seigneur, pouvons-nous nous permettre de
fixer des limites à la communion, en excluant peut-être d'abord les
Samaritains, et puis aussi les Juifs, et enfin ceux d'autres religions,
d'abord cer»( que l'on juge pécheurs, et ensuite les réfugiés, les
migrants et tous cer»r que nous considérons cornme des intrus et
des perturbateurs du confort auquel nous nous sommes attachés ?
Nous sommes appelés à être des prophètes de la fraternité et la
communion fraternelle n'a pas de limites : elle s'étend en cercles
concentriques pour embrasser toute la création de Dieu, qui est
notre Père à tous,
sur les bons " (Mt
et qui "
5,4il. Et
fait lever son soleil sur les méchants et
il serait bon de rappeler que Ia corrmu-
nion dans l'Église est une réalité théologique avant d'être notre
préoccupation pastorale. "
Christl et, le plaçant plus
Il [Dieul
haut que
a tout
tout, il
mis sous
a fait de
ses
lui
pieds [du
la tête de
l'Eglise qui est son corps, et I'EgIise, c'est l'accomplissement total
du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénituds " lto
plëroma tou ta panta en pasin plërontenou). (Ep L.22-23)
C'est dans le contexte de cet amour pour le Corps du Christ,
dans sa totalité et sa concrétisation en tant que cornmunauté dans
laquelle nous sorrmes insérés, que le service de l'autorité trouve
son sens et sa justifrcation. Le ministère du Pape François est un
rappel constant de la manière évangélique de " servir les serviteurs
de Dieu " confiés à nos soins. Le nouveau Manuel du Directeur
(cf. note 18) offre des idées valables pour la méditation et l'encou-
ragement de nos confrères qui sont appelés au service de l'autorité,
une responsabilité qui, dans différentes régions de la Congrégation,
peut exiger aujourd'hui un grand sacrifice personnel.
2.3. Le sügne
En tant que conseÊré, le Salésien prêtre est un signe eschatolo-
gtque, un mérnorial uiuant du mode de uie de Jésus. Dans son céli-
bat par amour du Royaume, il devient un signe de la vie de la ré-

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES T7
surrection que Jésus offre à tous." L'insistance de Don Bosco sur
les fins dernières peut être comprise comme une prophétie liée à
cette identité qui est la nôtre : nous sorrmes dans l'Eglise, en par-
ticulier pour les jeunes, signes de Ia résurrection. Le Salésien
prêtre est toujours et partout un éducateur-pasteur, toujours
orienté vers le bien total, vers le salut de ceux à qui il est envoyé,
" totalité » qui se comprend et se définit par la mission et la per-
sonne du Seigneur Jésus.
C'est pourquoi, comme toutes les personnes consacrées, Ia üe
du Salésien prêtre est marquée par une véritable passion pour le
Seigneur, qui se traduit et s'exprime dans une joie qui devient
facilement contagieuse et üsible (joie salésienne ! cf. C 17), « en
cette üe où nous espérons le bonheur que tu [Dieu] promets et
l'avènement de Jésus christ, notre sauveur' " (ordinaire de la
Messe, rite de communion).
Lorsqu'il préside Ia célébration des sacrements, le confrère
prêtre sait qu'il agtt in persona Chrisü et que ses actions ont une
effrcacité (æ opere operato) qui ne dépend pas de sa dignité ni de
la valeur de sa personne. Mais il est également conscient qu'il
est appelé à unir son offrande à celle du Christ, comme tous les
'" ACG 342, p. 23
nature o"ru-er,tele
=
de
Lettre L293
l'Église. En
:p"aLrtaicüueliecr,onesllaecpréreocelaxmpreimoeuvéemrtienmemenmtelentcala-
ractère eschatologique du Peuple de Dieu. Les personnes consacrées, avec leur
don total d'elles-mêmes à travers la pratique des conseils évangéliques, deüennent
un signe visible de la force de la résurrection, s'efforcent d'être des gens experts
dans Ie discernement de I'action du Christ ressuscité dans I'histoire et témoignent
des engagements et de lajoie de l'espérance dans la préparation du retour du Sei-
gneur, dans I'attente de "cieux nouveaux et d'une terre nouvelle". ,
. ACG 347 , p. 20 = Lettre L437 : " En pensant à la "sacramentalité" de toute
I'Eglise, très soulignée par le Concile, on a parlé de la fonction symbolique et trans-
formatrice de laüe consacrée, sous ses diverses fonnes charismatiques, comme s'il
s'agissait d'une "parabole eschatologique" pour la foi de tout Ie peuple de Dieu. Sa
"signification", §elon ce rôle symbolico-prophétique, ne laplace pas au-dessus des
autres membres de l'Eglise oomme si elle possédait une plus grande digprité, mais
ta distingue et la rend subsidiaire parce que destinée à un service particulier. EI-
le proclame certains aspects du mystère multiforme du Christ, faisant de ses riches
des contenus de salut perceptibles par les contemporains. ,

3.2 Page 22

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78 AcTEs DIJ coNsEIL GÉNÉBAL
chrétiens, et que, comme personne consacrée, il est appelé à viwe
de telle sorte que l'oftande de son propre corps et de sa propre vie
deüenne une prophétie et un signe.'o
Comme toutes les personnes consacréesr le Salésien prêtre trou-
ve aussi sa place dans le cæur marial de I'Eglise. Marie est la fem-
me qui est l'Église. La vocation de chaque membre de l'Ég[se est
d'être, cornme Marie, un « oui
se qui attend avec impatience
" total à
l'arrivée
Dieu. Nous
de l'Époux,
sommes l'épou-
et avec l'Esprit,
nous disons : Viens, Seigneur Jésus ! (Apocalypse 22,L7) La voca-
tion de Marie est notre vocation à tous. La vie consacrée a sa place
dans ce cceur marial de l'Église, parce que son rôle et sa tâche sont
d'être une prophétie de ce « oui " et de la communion finale de tous
les êtres humains avec Dieu dans Ia üe de la Résurrection.
En même temps, Marie est aussi une personne concrète avec
qui nous avons une relation très spéciale. C'est ce qui s'est passé
dans la üe de Don Bosco pour qui l'Eglise n'avait pas seulement
un visage marial, mais aussi le visage de sa mère, cette femme sage
qui, tout en comprenant les exigences de la vocation sacerdotale de
ceux qui se préparent à devenir prêtres, a pu aussi confier son fils
entièrement à Marie."
Lamnturité affectiue du Salésien prêtre, vécue dans une identi-
té sexuelle claire, est une expression claire de son célibat qui revêt
une importance particulière dans le contexte de la protection et de
la sauvegarde des mineurs. Nous pouvons saisir ici la validité per-
' se la ü"eJc'aotntesancdrséequeest"lvaoupsrorpéhvéetiilelie. zColemmmeonjdeel"',aipadrioteauqxueSluapnéoriteeurqsuiGcéanraécratéurxi-,
"la radicalité évangéIique ne reüent pas seu.lement aux religieux : elle est de-
mandée à tous. Mais les religieux suivent le Seigneur d'une manière spéciale, de
manière prophétique."" (Lettre Apostolique du Pape François à tous les Coræa-
crés, à l'occasion de I'Anüe de laVe Consonrée,28.L1.2014). Voir aussi Bozzolo,
op. cit.,335 : " A la différence du ministère ordonné qui a une consistance insti-
tutionnelle au-delà de la perconne, grâce à laquelle le ministere d'un prêtre indigne
reste également valable, la üe consacrée consiste entièrement danÀ ta qualité de
la réponse aimante de ceux qui Ia vivent. Il n'y a pas de chasteté pour qui n'est pas
chaste, de pauvreté pour qui n'est
" Bozzolo, op, cit.,347-349
pas pauwe, d'obéissance
pour
qui
n'obéit pas.
"

3.3 Page 23

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 79
manente et la forte pertinence de I'insistance de Don Bosco sur Ia
vertu de pureté. En tant que Salésien, le confrère prêtre est appelé
à une imitation particulière de la pureté de Jésus. Jésus est celui
qui a le cæur pur et en présence de qü les femmes, les enfants et les
hommes se sont sentis ascusillis et en sécurité. Il est si pleinement
le Fils du Père qu'il a pu se montrer à chaque homme et à chaque
femme exclusivement comme un frère. " Ce n'est qu'en tant que
frère qu'il s'est offert à l'attention, à I'amitié, à la tendresse alfec-
tueuse de ses sæurs et de ses frères. Sa liberté sur ce point est tota-
le, Iimpide et divine. Loin d'être un renonoement et une limitation,
son célibat est Ia conséquence de sa condition exclusivement frliale
et fraternelle. ,,u Le Salésien sait cependant qu'il est appelé non
seulement à être une présence fiable pour les jeunes, mais aussi à
être un signe qübrille et rayonne, un signe qui attire les jeunes, qui
leur permet d'être éduqués à I'amour et la pureté (cf. C 81).
En tant que prêtre, le Salésien est appelé à exercer la paternité
spirituelle avec cette finesse de maturité humaine et spirituelle qui
I'aide à être waiment paternel sans tomber dans Ie paternalisme.
Le risque d'un paternalisme étouffant à Ia limite du cléricalisme et
de l'abus d'autorité peut être renforcé par la manière dont les
frgures paternelles peuvent être vécues et comprises dans certains
contextes culturels. Dans ces situations, nous dewons faire de plus
grands efforts pour imiter la paternité de Don Bosco. Aussi exi-
geant que soit cet engagement, nous ne pouvons cependant pas
abaisser la norme et s'abaisser à des compromis lorsque cet objec-
tif est en jeu. La paternité de Don Bosco est comme le signe dis-
tinctif de son esprit et de son charisme. " De notre Père, on se sou-
üent surtout de son souci pour le bien spirituel, de la bonté qui
inspirait ses relations et de Ia sagesse dans l'orientation des indi-
üdus et du groupe : un trinôme qui caractérise
s'est ensüte exprimé par de multiples gestes et
asattiptuadteersn.it"é*.
Cela
' E RossI de Gasenms, Senüeri di uita, Paoline, Milano 2007, vol. 2.2:242.
" J.E. Vrccm, ACG 365 43.

3.4 Page 24

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80 AcTEs DU âoNSE/. GÉNÉRAL
La bonté affectueuse [amorevolezza] est au c(Eur du Système
Préventif. C'est Ia manière unique de Don Bosco d'entrer en rela-
tion avec les jeunes ; Ie même mot, né du splendide accord d'amour
maternel et de force paternelle de cer:x qui nous l'ont, transmis,
perd son sens hors de notre contexte et de notre histoire. Ce type
d'amour pur ou de pureté aimante qui est au cæur de notre charis-
me ne peut être compris et absorbé que par osmose. Il mûrit lente-
ment au fil des années, jusqu'à atteindre le don de soi sincère et
transparent, que nous contemplons non seulement dans la üe de
Don Bosco, mais aussi dans celle de tant de ses fils, corlme Srugr,
Variara, Zatti, Cimatti et Stândor, pour n'en citer que quelques-uns.
Il y a un autre domaine où notre identité de " signe eschatolo-
grque " et de " mémorial vivant du mode de vie de
aujourd'hui urr don précieux pour les jeunes, pour
Jésus "
l'Église
devient
et pour
Ie monde. La prise de conscience écologique se développe et s'ac-
croît en même temps que la croissance à l'échelle géométrique du
risque écologique sans précédent que nous courons tous en tant
que famille humaine, et qui touche principalement les jeunes géné-
rations. Comme signes de la résurrection à travers le don de notre
consécration, nous sommes également signes de Ia valeur de la
création et de l'appel à la conversion éco-spirituelle demandée par
Laudato Si'. La résurrection jette une nouvelle lumière sur la vie,
illuminant notre interconnexion la plus profonde avec l'ensemble
de la création.
c"eSqi uneouIs'ornédpueisuot npserl'cheovmomir edeexmcalunsiièvreemeemntpiàrisqauedi,mlaenüseionellheo-mrizêomnetalpee, rdà
son sens profond. L'homme a besoin d'éternité et toute autre espérance
est trop brève, est trop limif,§s pour lui. L'homme n'est explicable que s'il
existe un Amour qui dépasse tout isolement, même celü de la mort, dans
une totalité qui transcende aussi l'espace et le temps. L'homme n'est ex-
plicable, il ne trouve son sens profond, que s'il y a Dieu. (...) Nous sommes
invites, encore une fois, à renouveler avec courage et avec force notre foi
dans la üe éternelle, ou mieux, à üvre avec cette grande espérance et à en
témoigner devant le monde : derrière le présent il n'y a pas le rien. C'est
precisément la foi dans Ia üe éternelle qui donne au chrétien le courage
d'aimer encore plus intensément notre terre et de travailler pour lui
construire un aveni4 pour lui donner une espérance véritable et stre. "%

3.5 Page 25

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 81
Plus nous grandissons dans la conscience de la destinée éter-
nelle incorporée dans tout üsage humain, plus tout autre aspect
de la vie se redécouwe dans son immense valeur, partageant
l'unique plan divin dans lequel l'univers créé et la liberté créée de
chaque [être] " né
mystères de même
de la femme "
portée infinie.
se reflètent l'un I'autre, deux
En tant que personnes consa-
crées, nous sorrmes sans aucun doute aussi appelés à témoigner de
la merveilleuse interconnexion de tout ce que Dieu a créé, de sa
croissance et de son progrès versl'eschaton (uri-vers), la récapitu-
lation de toutes choses dans le Christ (c1. Ep 1, 9-10).
3. Animation, vocation et fomation
À Ia lumière de ce que nous avons partagé, je propose quelques
suggestions qui pourraient nous aider à approfondir I'identité
consacrée salésienne dans Ia forme sacerdotale de notre temps.
Un premier point est celui d'approfondir notre conscience
de la beauté de la üe consacrée. L'animation vocationnelle et la
formation initiale sont des processus qui fonctionnent essentielle-
maveecntjo"iepaert
contagion » : une personne consacrée qui üt
passion est attirante et prophétique. Dans ce
sa vocation
contexte, il
serait bon de rappeler les liwets publiés par la CMSVA (Congé-
gation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie
Apostolique) au cours de I'année consacrée à la Vie Consacrée
(20L5), tous centrés sur le Seigneur: Ia joie de suiwe le Seigneur
(Réjouissez-uous) ; savoir discerner les signes de sa présence en at-
tendant la venue du Seigneur, qui est au cæur de la vocation consa-
crée (Scrutez) ; la beauté et la splendeur du Seigneur (Contemplez) ;
être témoins du Seigneur Ressuscité parmi les nations (Arunncez).*
'*BCenMoSÎtVXÀVIR, éAjouudiisesnecze-uoguésn.érAaule.x,
2 novembre
coræotrés et
2011.
consorrées.
Du
magistère
du
Pape Fran4oi.s (féwier 2014) | Scrutez. Aux coræarrés et consocrées en chemin sur
les signcs de Dieu (septembre 2014) ; Contemplez. Aux consacrés et consotrées sur
les traces de lg Beauü (novembre 2015) ; Anrnræez. Aux consocrés et consacrées,
témnins de l'Euangile parmi les notians (aott 2016).

3.6 Page 26

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82 ACTE9 DU coNsEIL aÉNÉRAL
Unsecond point est celui d'approfondir notre compréhen-
sion du sacerdoce lui-même. Le problème ne vient pas du fait
d'être trop prêtre, mais du fait de I'être trop peu : nous avons ten-
dance à nous concentrer
waiment. Le problème
sur " faire Ie prêtre "
dans la Congrégation
plutôt que sur I'être
est que nous avons
" beaucoup de prêtres mais peu de sacerdoce. ,26 Nous avons ten-
dance à être fascinés par ce que nous faisons comme prêtres, et
peut-être aussi par le retour immédiat qui en découle, avec la
p" lpuutôlstioqnu'sàocviiawlee"leliéseacàenrdootrcee
statut et à
du Christ
l'appréciation des
dans sa véritable
frdèles,
profon-
deur. Il y a un véritable trésor cac};Lé à redécouwir et à faire nôtre
dans l'engagement renouvelé à comprendre la beauté du sacerdo-
ce du Christ.
En troisièmc lieu, le Salésien prêtre doit être formé à être très
attentif au contexte socioculturel et aux changements rapides qui
se produisent, qui sont en fait la réa1ité dans laquelle vivent les
jeunes. CeIa implique en même temps un retour constant à l'ins-
piration charismatique qui nourrit notre identité et notre mission
salésiennes. Nous sornmes nés de I'expérience de Don Bosco avec
les jeunes marginalisés du Valdocco, pour qui il a dépensé toute sa
üe, jusqu'à son dernier souflle. Nos Constitutions sont f incarna-
tion de cette vocation et de cette mission, et l'Église nous deman-
de seulement et toujours d'être frdèIes à cet héritage et à ce man-
dat spécifiques. Loin d'être une propriété.pnvée de la Congréga-
tion, les Constitutions appartiennent à l'Eglise, et c'est sous l'au-
torité de Pierre que nous sommes appelés par I'Eglise à les viwe.
Dans la vafiété des contextes et les changements continus qui
conditionnent la culture et la üe des personnes aujourd'hui, l'ex-
périence charismatique de Don Bosco reste notre centre de gravi-
té. C'est le critère permanent non seulement pour les différentes
actiütés que nous réalisons, mais aussi, et plus encore, pour notre
engagement personnel dans Ia mission parmi les jeunes, comme
Salésiens prêtres et coadjuteurs.
6: 'u ACG 335, p. Lettre L080

3.7 Page 27

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OBIENTATIONS ET DIRECTIVES 83
o" rDatoonireBoqscüo
a vécu une
fut pour les
expérience pastorale typique dans
jeunes la maison qui accueille, la
son premier
paroisse qü
évangéIise, l'école qui prepare à la vie et la cour de récréation ponr se
rencontrer en amis et üwe dans lajoie. Dans l'accomplissement de notre
mission aujourd'hui, l'expérience du Valdocco demeure pour nous critè-
re permanent de discernement et de renouvellement de toutes nos acti-
vités et de toutes nos æurres. " (C 40)
Quatrième point: le charisme salésien doit caractériser notre
engagement dans le domaine de I'animation vocationnelle
dans toutes ses expressions. Tout en accompagnant tous les jeunes
dans la découverte de leur vocation, nous devons aussi leur propo-
ser courageusement ce qui est typique de notre charisme, en les
impliquant dans notre mission, dans la vie communautaire et dans
l'expérience des valeurs typiques de notre esprit.2? Dans cette pré-
sentation du charisme, nous devons apprendre à promouvoir une
bonne perception de la vocation consacrée salésienne, tout d'abord
dans Ie témoignage joyeux de notre manière de Ia üwe, et ensuite
aussi en Ia proposant explicitement. Il y aura toujours ceux qui
üendront à nous avec I'intention première de devenir prêtres. II
faut les aider à discerner s'ils se sentent et sont waiment appelés
à embrasser le charisme sa]ésien de tout leur cæur. Cette « conver-
sion " au charisme est une condition indispensoble potrr les pro-
chaines étapes du cheminement. D'où la grande tâche pour toutes
nos Provinces de passer une fois pour toutes du recrutement des
candidats à une véritable culture vocationnelle.B
En ce qui concerne la vocation de Salésien prêtre, il faut garder
à l'esprit avec beaucoup de soin quelques critères de discerne-
ment : la consécration salésienne (chapitre 2 des Constitutions) ;
Ia capacité à être un wai constructeur (et non un destructeur !) de
la communauté ; le zèle pour le salut des jeunes ... en nous limi-
tant à énoncer I'essentiel dont découlent ensuite beaucoup
d'autres éléments typiques de notre vie.
" Cf. Critères et normes de discernem.ent uocationnel salésien,3h" édition,
Rome 2000, 39
u cf. cG27,75,7

3.8 Page 28

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84 ACTES DU âONSEIL GÈNÉRAL
Uncinquième point concerne l'amélioration et le renforcement
des processus d'accompagnement pendant Ie prénoviciat, le
noviciat et le postnoviciat. Ces trois phases forment une unité
entre elles et sont d'une importance ütale pour la croissance de
l'identité salésienne consacrée sous ses deux formes. S'il est wai
que, cornme Ie révèle notre récente étude sur l'accompagnement
personnel salésien, environ 80Vo de nos candidats parlent d'une
véritable découverte de l'accompagnement spirituel personnel
seulement au prénoviciat, ces phases deviennent encore plus
cruciales.æ L'accompagnement spirituel personnel dans le cadre
de I'accompagnement communautaire est un outil indispensable
pour l'appropriation personnelle des valeurs de notre vocation.
Chaque Province est appelée à s'investir courageusement dans la
préparation des formateurs, individuellement et comme équipe,
pour qu'ils deviennent des guides capables de gagner Ia confiance
des Salésiens en formation initiale et de toucher leur cæw (Essaie
de te faire aimer /). Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir
des situations où une autorité mal gérée génère des dynamiques
de peur et de suspicion qui finissent par ruiner le processus d'ac-
compagnement et de formation dans son ensemble.s, De plus, Ies
formateurs, et particulièrement ceux qui prêtent le service d'ac-
compagnement spirituel personnel, doivent pouvoir aider à appro-
fondir surtout les dimensions charismatique et communautaire,
dans le cheminement de configuration au Christ, qui est l'horizon
ultime dans lequel chaque autre étape trouve sa raison d'être.
Un sixième point concerne l'amélioration et Ie renforcement
des processus d'accompagnement et de discernement pendant le
* M. BAy, Gi,ouani salesinni e oÆcompogturmento. Risultati di urw icerca in-
terna,àonale, LAS, Roma 20L8,472-473. Voir aussi Giouani salesinni e acconxpa-
gwmento. Orizntamenü e direttiue, Rome 2019, n'46. Il faut avoir à I'esprit que
54,42Vo alhrment aussi avoir été suivis, d'une manière ou d'une autre, par un
«
ami
s
ds
M.
l'âme
Bay,
o"p.aucitc.o,4u8rs24de8s3a,8n.néEeslempr.éenétdi adni tdilseopgriéonooüdcffiaicto. ltà
nell'esperienm.
di oæompogrnmento spiituale personalizzo;to Malaise ou difficultés dans I'ex-
périence d'accompagnement spirituel personnalisé1. Voir aussi Giouani salesiani
e arconxpagrurmento. Orientamenü e direttiue, Roma 2019, nn. 53-59

3.9 Page 29

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aRIENTATIo,NS ET DIRE?TIVES 85
stage et la préparation à la profession perpétuelle. Nos
Constitutions décrivent le stage comme une phase d'expérience de
vie intense, faite d'action éducative et pastorale salésienne." Étant
donné sa proximité avec la profession perpétuelle, cette phase de la
formation initiale deüent encore plus importante, tant pour f indi-
üdu que pour la courmunauté. Ne serait-il pas utile d'investir dans
des formes d'accompagnement meilleures et plus effrcaces au cours
de cette phase si précieuse et délicate pour notre üe de Salésiens,
afin qu'elle devienne waiment üDê « expérience des valeurs de la
vocation salésienne " (C 98) ? Le Recteur Majeur a insisté pour que
Ies Provinciaux n'envoient les stagiaires que dans les communau-
tés qui ont donné la preuve de leur capacité à les accompagner. Il
pourrait également être utile d'encourager une réflexion renouve-
lée sur les critères d'admission à la profession perpétuelle.
Le passage du stage à la phase süvante de Ia formation initia-
le, qui se déroule normalement à brève distance du temps de pré-
paration à la profession perpétuelle, peut offrir de bonnes occa-
sions de discernement tant pour le confrère que ponr la commu-
nauté. La mise en place d'un processus d'évaluation qü embrasse
toute I'expérience salésienne du confrère à partir du noviciat, avec
une attention particulière au stage, offre une bonne base pour lui
permettre d'approfonür ses motivations. Le choix de commencer
une formation spécifique pour devenir Salésien prêtre a besoin de
racines solides et de " critères positifs ," qui se manifestent dans
l'expérience salésienne actuelle. Dans cette lig.re,laBatio nous in-
vite à faire une évaluation globale de I'expérience du stage.
" Il est
luation
opportun qu'à la conclusion
globale d,e toute l'upérience
du stage pratique, il y
et du progrès fait dans
ait une éua-
la vocation,
tant de la part du Provincial et de la communauté que de la part de l'in-
téressé. " (FSDB 439)
" Au terme du stage pratique, le
re feront une éualuation globale
Provincial, la communauté et
de l'expérience. " (FSDB 1,44)
le
confrà
3'C 115 : " confrontation vitale et intense avec l'action salésienne dans une
expéMrieCnfc. eCréitdèurecastievtetwertmp.aessto3r9al;e4.2"-43

3.10 Page 30

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86 ACTES DU coNsE[ GÉNÉBAL
Rien ne nous empêche d'élargir l'horizon de cette évaluation
pour couwir toute la üe salésienne depuis le noüciat jusqu'au mo-
ment présent, à partir duquel nous pouvons envisager un pro-
grarnme de vie qü se projette courageusement dans I'avenir. Cer-
taines Provinces accordent cette évaluation globale avec Ia " dé-
claration d'intention " nécessaire pour corrmencer la formation
spécilique au sacerdoce.
" La formation spécifique du confrère clerc exige de chaque candidat
l'orientation claire vers la vie sacerdotale. C'est pourquoi, au moment de
son acceptation pour cette phase de la formation, on demande du confrè-
re une déclaraüon d'intenüon dans ce sezs. Les modalités de cette décla-
ration peuvent être diverses : par exemple, par la demande au Provincial
d'entreprendre les études théologiques, ou la demande de commencer la
préparation de la profession perpétuelle dans la Iigne du sacerdoce salé-
sien. " (FSDB 482)
De telles bonnes pratiques peuvent aider à améliorer la transi-
tion cruciale entre le stage et la formation spécifique à Ia profes-
sion perpétuelle. Il est évident que les meilleures dispositions et
l'implication convaincue du confrère concemé et de cer:x qui l'ac-
compagnent à ce moment de sa üe sont nécessaires.
Un septièrne point concerne la formation spécifrque en vue
de la préparation aü sacerdoce salésien. Cette phase, égale-
ment à cause de sa durée, a un impact formidable sur l'identité
consacrée salésienne dans sa forme sacerdotale.LaRatio ne pour-
rait pas être plus claire dans Ia formulation des objectifs propres à
cette phase :
s"e"nNt oetnreDroènglBeovsicvoanqtüe,
c'est Jésus Christ (...) que nous découwons pré-
donna sa üe aux jeunes". (C 196) Cette aJfrrma-
tion des Constitutions exprime en synthèse la uocation du Salésien : se
rendre semblable à Jésus ChriÂt et donner sa uie pour les jeunes, conlïùe
Don Bosco.
Toute formation, initiale et pemanente, consiste à assumer et à rendre
réelle cette identité dans les personnes et dans la communauté. C'est à le
développer que doivent tendre l'effort de chaque candidat et de chaque
confrère, le travail des animateurs et tous les projets de formation.
"L'identité salésienne est donc un fondement d'unité et d'appartenance
à la Congrégation dans son extension mondiale. Elle est le cæur de toute

4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

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ORIENTATIONS ET DIRECTIVES 87
la formatian; c'est d'elle que part le travail de formation et à elle qu'il se
réfère sans cesse. Et elle est un critère déterminant pour discerner Ia vo-
cation. " (FSDB 25)
" Le Salésien prêtre
lésienne et ceux du
[ou diacre]
ministère
unit en lui les dons
pastoral, mais c'esü
de
la
la consécration sa-
consécraüon salé-
sienne qui détermine les rnodalités originales de son sacerdoce et de
l'æercice de son rninistère. Comme signe sacramentel du Christ Bon Pas-
teur chez qui il puise sa charité pastorale, il cherche à "sauver" les
jeuaes, sn tlaveillant dans le contexte de sa communauté. " (FSDB 39).
I1 est temps de repenser tout le processus de formation spéci-
fique pour donner à notre identité consacrée salésienne sa centra-
lité. il ne suffit pas du tout de s'assurer que le programme
d'études corresponde aux exigences académiques pour I'ordination
sacerdotale. Nous devons identifier et promouvoir les méthodes
qui favorisent le mieux la réalisation continue de cette synthèse
charismatique qü est au cceur de la vocation du Salésien prêtre.
Comme Ie Cardinal JeanJérôme Hamer l'avait fortement préco-
nisé lors du Synode sur Lo formation des prêtres dans les circons-
tances ortuelles,les supérieurs majeurs ont la responsabilité d'as-
surer une parfaite harmonie entre la formation au sacerdoce et Ia
formation à la üe religieuse, selon l'identité et le charisme parti-
culiers de chaque Institut.* Pendant Les études de théologie, nous
devons combiner nos efforts et développer des itinéraires de for-
mation et des p€rcours académiques qui nous aideront à lire les
traités théologiques à la lumière de notre charisme.
Il y a en particulier deux types de relations qui ont un impact
très fort sur Ie futur ministère et qui doivent donc faire I'objet
d'une attention particulière. La première est l'expérience vécue de
la comntunauté reli§eu,se : lrt sens clair d'appartenance et la ca-
pacité de se donner dans un service généreux sont des signes posi-
tifs extrêmement importants. Les problèmes de la vie communau-
taire après l'ordination ont souvent leurs racines dans une faible
* Cité inACG 335, p.11 = Leltre 1084. JeanJérôme Hetlmn, OB (1916-1996)
était un Cardinal belge, Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consa-
crée et les Sociétés de Vie Apostolique (1985-1992)

4.2 Page 32

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88 AcTEs DU coNsEIL GÉNÉRAL
e:ipérience communautaire pendant la formation initiale. La se-
conde est la capacité de üwe I'esprit salésien et la rnission salé-
sienne partagés auec les laïcs.Lacohérence de ces conüctions, les
compétences et les capacités n'émergeront pas d'elles-mêmes
après I'ordination, comme si elles étaient automatiques ; au
contraire, une attention délibérée et systématique à ce domaine
est nécessaire pendant les processus de formation initiale.
Nous devons veiller à ce que la formation spécifrque ne soit pas
réduite dans son ensemble à sa dimension intellectuelle, même si
celle-ci est toujours nécessaire, et encore moins à la simple « réus-
sàiteenaturxerexpalmusenpsro".foIInfdaéumt aeidnet rdleasnasslpeiruarntisdeanu tsitaécesrdpoécceifsiqauléesiedne
confrères appelés à üwe le sacerdoce dans Ia vocation et la mis-
sion salésiennes. Cela exigerait, cornme nous l'avons dit, une révi-
sion en profondeur des processus et des outils de formation (projet
de formation immunitaire et projet de üe personnelle ; accompa-
gnement personnel, de groupe et communautaire), un élargisse-
ment de I'équipe des personnes impliquées dans la formation en y
incluant des larcs, hommes et femmes, et des couples mariés, et en
encourageant une meilleure préparation des formateurs. Tout ce-
lleassjeeufenreasacvoencfurènreesapsporieoncht eac"tidveempaerntticiipmaptiloiqnué"s, ,pcooumr mgaerparnetmir iqeures
responsables de leur formation.
Huitième point: la période du quinquennium. Rien ne peut
prouver f importance de cette phase de manière plus convaincan-
te que I'expérience directe de Don Bosco. C'est dans les cinq pre-
mières années de son sacerdoce, qui corncident avec le temps entre
son orünation sacerdotale et le début de l'Oratoire avec résidence
stable au Valdocco, que Ia mission salésienne est née. L'expérien-
ce personnelle de notre fondateur offre en même temps un for-
midable témoignage de l'importance d'être accompagné pendant
la période cruciale de la pleine insertion dans le ministère éducatif
et pastoral : sans Cafasso à ses côtés, nous ne pouvons même pas
imaginer le saint Jean Bosco que nous connaissons et que nous
essayons de suiwe. C'est avant tout la responsabilité du Provincial

4.3 Page 33

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ORIENTATIONS ET DIRECTIWS 89
d'affecter les confrères dans des communautés où ils peuvent être
suiüs et accompagnés, tout cornme c'est, bien entendu, Ia respon-
sabilité des confrères concernés de reconnaître qu'ils ont besoin
d'une telle proximité et d'accepter de bon gré d'être accompagnés
et soutenus. Le soutien du groupe de ses pairs n'est pas moins im-
portant à ce moment-là. Il y a déjà des expériences très valables de
rencontres entre Salésiens du quinquennium pour un soutien mu-
tuel, au niveau provincial et interprovincial ; il vaut la peine de
partager ces bonnes pratiques. Et puis il y a I'étude, que Cafasso
appelait le huitième sacrement du prêtre. Ce serait une tragédie
si les Salésiens prêtres cessaient de lire, de réfléchir et d'étudier
immédiatement après l'ordination. Si nous voulons être des édu-
cateurs et des pasteurs et non des fonctionnaires ou des merce-
naires, nous devons certainement prendre soin de la dimension
réflexive et contemplative de notre vocation. Le meilleur exemple
en est Don Bosco lui-même : le Don Bosco qui avait une chambre
réservée au Conütto où iI pouvait se retirer chaque jour durant
ses premières années de sacerdoce, pour lire et écrire.*
Neuuième point.Il existe un grand nombre de paroisses dans
la Congrégation, avec un fort impact formatif de cette forme par-
ticulière de service pastoral sur notre vie salésienne et sur notre
façon de percevoir et de viwe le ministère sacerdotal. Il serait dès
lors important, dans les six prochaines années, de promouvoir des
processus d'écoute, d'étude et de réflexion sur ce thème, à réaliser
conjointement entre les Dicastères de Ia Pastorale des Jeunes, des
Missions et de la Formation, en impliquant les confrères et les
communautés directement impliqués dans le ministère paroissial
salésien.
Enfin, dixième point:le Salésien prêtre, avec le Salésien coad-
juteur, est appelé à promouvoir activement l'ecclésiologie de com-
munion, qui s'étend en cercles concentriques jusqu'à embrasser
s Cf. Gruspppn Buccpuano,Appunü per una "Storin Spiituale" del sacerdate
Gio' Bosco lNotes pour une «Histoire Spirituelle" du prêtre Jean Bosco], LDC,
Torino 2008, 67. Voir aussi l'abondante série de publications de Don Bosco lui-mê-
me, désormais facilement accessible : http://www.donboscosanto.eu/.

4.4 Page 34

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90 ACTES DU CONSE/- GÉNÉRAL
l'humanité entière. Cela signifie aller au-delà des limites de nos
communautés religieuses et de nos communautés éducatives et
pastorales, pour travailler en réseau avec d'autres religieux, la
communauté diocésaine, la communauté humaine dans laquelle
nous sommes insérés et avec tous ceux qui sont intéressés à
prendre soin de notre " maison commune " et à promouvoir la üe
et l'avenir des jeunes, surtout les plus marginalisés. Le sacerdoce
du Christ englobe toute Ia famille humaine et, en fait, toute forme
de vie dans la splendeur de Ia création, æuwe de Dieu.
*r"*
En apprenant au fur et à mesure à mieux prendre soin de
l'identité de nos confrères prêtres, nous verrons en même temps
une amélioration de la qualité pastorale, de la spiritualité et de la
responsabilité partagée du premier protagoniste de la mission,
qui est la communauté. La croissance continuelle dans tous ces
aspects présentés jusqu'ici est un défi permanent pour la vie
religieuse salésienne sous ses der.rx formes, avec l'objectif ultime de
grandfu ensemble, Salésiens larcs et Salésiens prêtres, dans la foi
et en humanité, afrn de rendre un service plus fécond aux jeunes et
à tous ceux à qui nous sommes envoyés, en y mettant notre cæur,
toutes nos énergies et toutes les ressources à notre disposition.