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charismatique ont fait naître – et qu’ils feront naître encore par une créativité nouvelle – doivent
devenir toujours plus le levain d’une société inspirée de l’Évangile, la « ville sur la montagne » qui
dit la vérité et la puissance des paroles de Jésus.
Parfois, comme il est arrivé à Élie et à Jonas, peut venir la tentation de fuir, de se soustraire à la
tâche de prophète, parce qu’elle est trop exigeante, parce qu’on est fatigué, déçu des résultats.
Mais le prophète sait qu’il n’est jamais seul. À nous aussi, comme à Jérémie, Dieu dit avec
assurance : « N’aie pas peur…parce que je suis avec toi pour te défendre » (Jr 1,8).
3. Les religieux et religieuses, à égalité avec toutes les autres personnes consacrées, sont
appelés à être « experts en communion ». J’attends par conséquent que la « spiritualité de la
communion », indiquée par saint Jean-Paul II, devienne réalité, et que vous soyez en première
ligne pour recueillir le « grand défi qui se trouve devant nous » en ce nouveau millénaire : « faire
de l’Église la maison et l’école de la communion »[5]. Je suis certain que durant cette Année vous
travaillerez avec sérieux pour que l’idéal de fraternité poursuivi par les Fondateurs et Fondatrices
grandisse à tous les niveaux, comme des cercles concentriques.
La communion s’exerce avant tout à l’intérieur des communautés respectives de l’Institut. À ce
sujet je vous invite à relire mes fréquentes interventions dans lesquelles je ne cesse pas de
répéter que les critiques, les bavardages, les envies, les jalousies, les antagonismes, sont des
attitudes qui n’ont pas le droit d’habiter dans nos maisons. Mais, ceci étant dit, le chemin de la
charité qui s’ouvre devant nous est presque infini, parce qu’il s’agit de poursuivre l’accueil et
l’attention réciproque, de pratiquer la communion des biens matériels et spirituels, la correction
fraternelle, le respect des personnes les plus faibles… C’est « la ‘mystique’ du vivre ensemble »,
qui fait de notre vie un « saint pèlerinage »[6]. Nous devons nous interroger aussi sur le rapport
entre les personnes de cultures diverses, en constatant que nos communautés deviennent
toujours plus internationales. Comment accorder à chacun de s’exprimer, d’être accueilli avec ses
dons spécifiques, de devenir pleinement coresponsable ?
J’attends, de plus, que grandisse la communion entre les membres des divers Instituts. Cette
Année ne pourrait-elle pas être l’occasion de sortir avec plus de courage des frontières de son
propre Institut, pour élaborer ensemble, au niveau local et global, des projets communs de
formation, d’évangélisation, d’interventions sociales ? De cette manière, un réel témoignage
prophétique pourra être offert plus efficacement. La communion et la rencontre entre les différents
charismes et vocations est un chemin d’espérance. Personne ne construit l’avenir en s’isolant, ni
seulement avec ses propres forces, mais en se reconnaissant dans la vérité d’une communion qui
s’ouvre toujours à la rencontre, au dialogue, à l’écoute, à l’aide réciproque, et nous préserve de la
maladie de l’autoréférentialité.
En même temps, la vie consacrée est appelée à poursuivre une sincère synergie entre toutes
vocations dans l’Église, en partant des prêtres et des laïcs, en sorte de « développer la spiritualité