7.La recommandation ne fait que reprendre une tradition des Instituts de vie consacrée dont les communautés se sont
toujours constituées comme une proposition de vie spirituelle, humainement pleine de signification, et aussi comme lieux
d'éducation et de culture selon leurs charismes particuliers. L'expérience de Dieu a toujours été pensée aussi comme
une sagesse qui éclaire la vie des individus et de l'humanité, non seulement par l'exemple moral, mais aussi par le
regard sur le monde, la pensée et la parole, pas nécessairement compliqués.
Ce thème peut paraître ne pas s'accorder facilement avec le travail infatigable et la facilité d'entreprendre qui
caractérisent notre esprit, et se présenter comme un thème quelque peu nouveau par rapport à une certaine image du
salésien et de nos communautés toujours disponibles, sans cesse aux prises avec de nouveaux projets. Et pourtant
c'est un trait caractéristique du visage de Don Bosco. Poussé par le Da mihi animas, il donne sa vie au service des
jeunes, de l'Eglise et de la société ; mais il se montre attentif à la situation des jeunes, de la société et de l'Eglise de son
temps, ouvert à des horizons toujours plus vastes, capable de saisir la portée des faits qui influencent la vie des
individus et de la collectivité (presse, émigration, nouvelles lois, diffusion de la culture, risorgimento et unification de
l'Italie etc.).
Le chapitre des Constitutions sur l'esprit salésien contient un article qui caractérise le type de notre charité pastorale. «
Notre vocation, dit-il, est marquée par un don spécial de Dieu, la prédilection pour les jeunes [...]. Pour leur bien, nous
offrons avec générosité notre temps, nos talents et notre santé » 8. L'assertion s'éclaire aussitôt de la phrase de Don
Bosco : « Pour vous j'étudie, pour vous je travaille, pour vous je vis, pour vous je suis disposé à donner jusqu'à ma vie »
9. Le crescendo des verbes et des actions met d'accent sur la totalité de sa vie mise à la disposition des jeunes. Mais il
est évident que l'étude n'est pas tombée par hasard dans la succession des mots. Une série de points de la biographie
de notre Père nous invite à lui donner une valeur spécifique :
- L'importance du goût de l'étude dans sa formation qui s'est couronnée par trois années de Convitto après son
ordination sacerdotale en vue d'améliorer sa connaissance de la morale et de la direction des âmes ;
- - La place de l'étude dans son programme éducatif, qui ne manque jamais dans ses formules synthétiques ("
Santé, étude, piété ") ;
- - L'idée qu'il se fait de l'éducateur et du prêtre qui unissent toujours à l'affection la capacité d'éclairer,
d'enseigner et de guider ;
- - Ses fréquentes mentions de la sagesse dans ses maximes ;
- - Le rôle de lumière attribué à la foi et à la raison.
- Dite dans une atmosphère de cordialité et d'affection pour ses jeunes, dans un « échange de dons », la phrase
rappelle quelques uns de se goûts et de ses dispositions qui convergent avec force vers l'expérience centrale
de sa vie : être totalement pour les jeunes. Pour Don Bosco, l'étude, à ne pas réduire « aux études », fait donc
nécessairement partie du don de nous-mêmes aux jeunes, de notre préoccupation paternelle de les
comprendre et de leur communiquer la foi, des connaissances et une expérience de vie.
- Certains faits révèlent la portée réelle de cette phrase dans sa vie.
- Nous pensons à sa capacité de regarder la réalité, celle des jeunes en premier lieu, mais aussi les événements
de l'Eglise et la situation du pays. Il ne se laissait pas égarer ni conditionner, mais veillait à évaluer l'ensemble
avec comme clés de lecture l'éducation et la pastorales propres à sa vocation. Il faisait tout pour chercher des
réponses adaptées aux problèmes ; lancer des messages compréhensibles à l'aide de tous les moyens à sa
disposition ; faire connaître, au prix d'un travail de compilation, de mise en ordre et de rédaction, l'histoire
sainte, celle de l'Italie, la vérité chrétienne et une forme de littérature populaire.
- « Pour vous j'étudie » : cette phrase rappelle son effort patient d'élaborer un « système éducatif original », avec
le matériel de toujours, des idées propres, des contributions de contemporains et des synthèses originales. Elle
fait penser aussi à la réalisation d'un « projet d'œuvres » qui répond aux temps. Il en suit le fonctionnement et
trace avec intelligence des indications et des normes concrètes, en fonction du style qu'il voulait y mettre et des
buts qu'il se fixait. Il se montre capable de partager, de discuter, d'entrer en dialogue avec des gens
d'expériences et de compétences les plus variées, et avec des protagonistes de la pensée, de la politique et de
la vie sociale.
- Et pour formuler après réflexion son expérience de vie dans l'Esprit, avec des chemins spirituels pour les
jeunes et les adultes, par oral d'abord puis par écrit, il lui a fallu appliquer son esprit selon la formule « Pour
vous j'étudie ». C'était apprendre à partir de la vie, réfléchir sur l'expérience éducative, progresser à la lumière
de l'évaluation, sans se contenter de ce qui s'était toujours fait ni de tomber dans la répétition. C'était désirer
acquérir avec patience la « sagesse » ( « Sapientiam dedit illi ...»), indiquée dans le premier songe comme une
caractéristique de sa vie, qui s'apprend à l'école du Bon Pasteur et de Marie, dans la disponibilité à l'Esprit et
l'accord avec l'Eglise. Elle s'exprime aussi dans le discernement des événements, dans le tri devant Dieu des
expériences spirituelles, dans la compréhension des situations et dans le service d'orienter et de guider les
autres.
« Pour vous j'étudie » : cela fait penser aussi à la capacité de Don Bosco de chercher les temps et les lieux qui
favorisent la solitude active, le recueillement et l'élaboration de projets. Ce sont ses moments de prière, les
exercices spirituels annuels et certaines pauses qui lui permettent une plus grande concentration, mais aussi
son travail de bureau où lui arrivait une abondante correspondante, où il concevait de nouveaux projets et
produisait des écrits en quantité pas du tout négligeable.
- La charité et la compétence, l'étude et le travail, l'action et la réflexion se fondent en vertu de la grâce d'unité
pour « le bien » des jeunes 10. Cette intégration est difficile, et souvent menacée par la schizophrénie dans la
pratique ou dans la mentalité à laquelle sont exposés ceux qui adoptent un style de vie et de travail où « il n'y a