rallegratevi-lettera-consacrati_fr


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1 Pages 1-10

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1.1 Page 1

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1.2 Page 2

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1.3 Page 3

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Congregation
pour les Instituts de vie ConsacrÉe
et les Societes de vie Apostolique
année de la vie consacrée
R é jouissez- vous
Lettre circulaire
destinée aux consacrés et consacrées
Paroles du magistère du Pape François
LIBRERIA EDITRICE VATICANA

1.4 Page 4

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© Copyright 2014 - Libreria Editrice Vaticana
00120 Città del Vaticano
Tel. 06 69 88 10 32 - Fax 06 69 88 47 16
www.libreriaeditricevaticana.com
www.vatican.va
ISBN 978-88-209-9339-9

1.5 Page 5

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« Je voulais vous dire un mot,
et ce mot, c’est la joie.
Partout où il y a les consacrés,
il y a toujours de la joie! ».
Pape FRANÇOIS

1.6 Page 6

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1.7 Page 7

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Chers frères et sœurs,
1. « La joie de l’Evangile remplit le cœur et
toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Avec
Jésus Christ, la joie naît et renaît toujours ».1
Dans le magistère du Pape François, l’incipit
d’Evangelii gaudium résonne avec une vitalité
surprenante : il nous tourne vers ce mystère mer-
veilleux de la Bonne Nouvelle qui, accueilli dans
le cœur de la personne, en transforme la vie.
C’est la parabole de la joie qui nous est racontée :
la rencontre avec Jésus allume en nous la beauté
de l’origine, celle du visage sur lequel resplendit
la gloire du Père (cf. 2 Co 4, 6), source de la joie.
La Congrégation pour les Instituts de vie
consacrée et les Sociétés de vie apostolique pro-
1 FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gaudium,
24 novembre 2013, n. 1. N.d.T. : tous les textes cités du Pape
François, à l’exception des méditations matinales, sont pu-
bliés en français sur le site du Vatican (http://www.
vatican.va/phome_fr.htm).
7

1.8 Page 8

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pose de réfléchir sur le temps de grâce qu’il nous
est donné de vivre, cette invitation spéciale que
le Pape adresse à la vie consacrée.
Accueillir ce magistère, c’est renouveler son
existence suivant l’Evangile, non selon une radi-
calité comprise comme modèle de perfection
et souvent de séparation, mais dans l’adhésion
toto corde à l’événement de la rencontre salvifi-
que qui transforme la vie. « Il s’agit de tout
quitter pour suivre le Seigneur. Non, je ne veux
pas dire radical. La radicalité évangélique n’ap-
partient pas seulement aux religieux : elle est
demandée à tous. Mais les religieux suivent le
Seigneur de manière spéciale, sur un mode pro-
phétique. Moi, j’attends de vous ce témoignage-
là. Les religieux doivent être des hommes et des
femmes capables de réveiller le monde ».2
Dans la finitude humaine, les limites et les
soucis quotidiens, les consacrés et consacrées
vivent la fidélité. Lorsqu’ils donnent raison de
la joie qui les habite, ils deviennent un splen-
dide témoignage, une annonce efficace, une
compagnie et une proximité pour les femmes
et les hommes qui habitent avec eux l’histoire
et cherchent l’Église comme la maison pater-
2 ANTONIO SPADARO, « Svegliate il mondo! ». Colloquio di
Papa Francesco con i Superiori Generali, in : La Civiltà Catto-
lica, 165 (2014/I), 5.
8

1.9 Page 9

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nelle.3 François d’Assise, en choisissant l’Evan-
gile comme forme de vie, « a fait grandir la foi, a
renouvelé l’Église ; et, dans le même temps, il a
renouvelé la société, l’a rendue plus fraternelle,
mais toujours avec l’Evangile, avec le témoi-
gnage. Prêchez toujours l’Evangile et, si néces-
saire, même avec les paroles ! ».4
Les suggestions qui nous viennent de l’écoute
de la parole du Pape sont nombreuses, mais ce
qui nous interpelle particulièrement, c’est l’abso-
lue simplicité avec laquelle il propose son magis-
tère, se conformant à l’authenticité désarmante
de l’Evangile. Parole sans glose, répandue avec le
geste large du bon semeur qui, confiant, ne fait
pas de discrimination entre les terrains.
Une invitation donnée avec autorité et avec la
légèreté de la confiance, un appel à abandonner
les argumentations institutionnelles et les justifi-
cations personnelles, une parole provocante qui
parvient à interroger nos modes de vie parfois
engourdis et somnolents, souvent vécus à la
marge du défi : si vous aviez autant de foi qu’un
grain de moutarde (Lc 17, 5). Un appel qui nous
encourage à nous mettre en mouvement pour
donner raison du Verbe qui demeure parmi
3 Cf. FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gau-
dium, 24 novembre 2013, n. 47.
4 FRANÇOIS, Rencontre avec les jeunes d’Ombrie, Assise,
4 octobre 2013.
9

1.10 Page 10

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nous, de l’Esprit qui crée et qui renouvelle cons-
tamment son Église.
Cette Lettre trouve sa raison d’être dans cette
invitation et souhaite entamer une réflexion par-
tagée, tout en s’offrant comme simple moyen
pour une confrontation loyale entre Evangile et
Vie. Le Dicastère introduit ainsi un itinéraire
commun, lieu de réflexion personnelle, frater-
nelle, en institut, et en chemin vers 2015, année
que l’Église dédie à la vie consacrée. Avec le
désir et l’intention d’oser les décisions évangéli-
ques qui porteront des fruits de renaissance et
seront source de joie : « La primauté de Dieu
apporte à l’existence humaine une plénitude de
sens et de joie, car l’homme est fait pour Dieu et
il est sans repos tant qu’il ne repose en Lui ».5
5 JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale
Vita consecrata, 25 mars 1996, n. 27.
10

2 Pages 11-20

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2.1 Page 11

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RÉJOUISSEZ-VOUS, EXULTEZ,
SOYEZ DANS LALLÉGRESSE

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2.3 Page 13

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Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez en
elle, vous tous qui l’aimez, soyez avec elle
dans l’allégresse, vous tous qui avez pris le
deuil sur elle.
Car ainsi parle le Seigneur : « Voici que je
fais couler vers elle la paix comme un fleuve
et, comme un torrent débordant, la gloire
des nations ; vous serez allaités, on vous
portera sur la hanche, on vous caressera en
vous tenant sur les genoux.
Comme celui que sa mère console, moi
aussi, je vous consolerai ; à Jérusalem, vous
serez consolés.
A cette vue, votre cœur sera dans la joie et
vos membres reprendront vigueur comme
l’herbe. La main du Seigneur se fera connaî-
tre à ses serviteurs ».
Isaïe 66, 10-14

2.4 Page 14

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2.5 Page 15

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A l’écoute
2. Avec ce mot joie (en hébreu : s´imh. â/s´amah. ,
gyl), l’Ecriture sainte veut exprimer une multipli-
cité d’expériences collectives et personnelles,
liées en particulier au culte religieux et aux fêtes,
pour reconnaître le sens de la présence de Dieu
dans l’histoire d’Israël. On trouve dans la Bible
au moins treize verbes et substantifs différents
pour décrire la joie de Dieu, celle des personnes
et même celle de la création, dans le dialogue
du salut.
Pour l’Ancien Testament, c’est dans les Psau-
mes et le livre du prophète Isaïe que se trouvent
les occurrences les plus fréquentes. Avec une
diversité linguistique créative et originale, on y
est invité à la joie, joie de la proximité de Dieu,
joie pour tout ce qu’il a créé, joie pour toute son
œuvre. Dans les Psaumes, c’est par centaines que
se trouvent les expressions indiquant la joie
comme fruit de la présence bienveillante de Dieu
et les retentissements d’allégresse qu’elle provo-
que, ou comme attestation de la grande pro-
messe qui habite l’horizon futur du peuple.
Quant au livre du prophète Isaïe, la seconde et la
troisième partie du rouleau sont rythmées par ce
15

2.6 Page 16

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fréquent rappel à la joie, qui s’oriente vers l’ave-
nir : elle sera surabondante (cf. Is 9, 2), le ciel, le
désert et la terre exulteront de joie (Is 35, 1 ;
44, 23 ; 49, 13), les prisonniers libérés arriveront à
Jérusalem en criant de joie (Is 35, 9 et sv ; 51, 11).
Dans le Nouveau Testament, le mot privilégié
est lié à la racine kar (kàirein, karà), mais on
trouve aussi d’autres termes, comme ‘agalliáo-
mai, euphrosy´ne¯ ’. Ils visent d’habitude une exul-
tation totale, qui embrasse le passé et le futur.
La joie est le don messianique par excellence,
comme Jésus lui-même le promet : pour que ma
joie soit en vous et que votre joie soit complète
(Jn 15, 11 ; 16, 24 ; 17, 13). C’est Luc qui, depuis
les événements qui précèdent la naissance du
Sauveur, souligne la diffusion exultante de la joie
(cf. Lc 1, 14.44.47 ; 2, 10 ; cf. Mt 2, 10). Il montre
comment l’expansion de la Bonne Nouvelle
sème l’allégresse dans son sillage (cf. Lc 10, 17 ;
24, 41.52) et que celle-ci est un signe typique
de la présence et de la croissance du Royaume
(cf. Lc 15, 7.10.32 ; Ac 8, 39 ; 11, 23 ; 15, 3 ; 16, 34 ;
cf. Rm 15, 10-13, etc.).
Selon Paul, la joie est un fruit de l’Esprit
(cf. Ga 5, 22) et une note typique et stable du
Royaume (cf. Rm 14, 17), qui se renforce en-
core à travers la tribulation et les épreuves
(cf. 1 Th 1, 6). Dans la prière, la charité, l’action
de grâce incessante se trouve la source de la joie
(cf. 1 Th 5, 16 ; Ph 3, 1 ; Co 1, 11 sv.). Dans les
16

2.7 Page 17

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tribulations, l’apôtre des nations se sent plein de
joie et partage la gloire que tous, nous attendons
(cf. 2 Co 6, 10 ; 7, 4 ; Col 1, 24). Le triomphe final
de Dieu et les noces de l’Agneau combleront
toute joie et exultation (cf. Ap 19, 7), faisant
exploser un Alleluia universel (Ap 19, 6).
Pour percevoir le sens plénier du texte cité,
donnons à présent une brève explication de la
phrase de Isaïe 66, 10 : Réjouissez-vous avec Jéru-
salem, exultez en elle vous tous qui l’aimez, soyez
avec elle dans l’allégresse. Il s’agit de la finale de
la troisième partie du prophète Isaïe. Il faut se
souvenir que les chapitres 65 et 66 du livre
d’Isaïe sont strictement unis et se complètent
réciproquement, comme cela était déjà évident
dans la conclusion de la seconde partie d’Isaïe
(ch. 54-55).
Dans les deux chapitres, le thème du passé est
évoqué, parfois même avec des images rudes,
mais pour inviter à l’oublier, parce que Dieu
veut faire briller une lumière nouvelle, une
confiance qui guérira les infidélités et les cruau-
tés subies. La malédiction, fruit de l’inobser-
vance de l’Alliance, disparaîtra parce que Dieu
est en train de faire de Jérusalem une exultation
et de son peuple une allégresse (cf. Is 65, 18).
La preuve en sera dans l’expérience que la ré-
ponse de Dieu arrivera avant même que soit
formulée la supplication (cf. Is 65, 24). Tel est le
contexte qui se prolonge encore dans les pre-
17

2.8 Page 18

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miers versets du chapitre 66 d’Isaïe, affleurant ci
et là par des signes encore plus loin, montrant les
cœurs bornés et sourds face à la bonté du Sei-
gneur et à sa Parole d’espérance.
Comme est alors évocatrice la comparaison
de Jérusalem à une mère ! Elle s’inspire des pro-
messes d’Isaïe (49, 18-29 ; 54, 1-3) : le pays de
Juda se remplit soudain de ceux qui reviennent
de la dispersion, après l’humiliation. C’est com-
me si l’on disait que les bruits de « libération »
avaient mis Sion enceinte de vie nouvelle et d’es-
pérance. Et Dieu, maître de la vie, portera la
gestation jusqu’à son terme, faisant naître sans
peine de nouveaux enfants. Sion-mère se voit
ainsi entourée de nouveau-nés et devient pour
tous nourrice généreuse et tendre. La douceur
de cette image a fasciné sainte Thérèse de Li-
sieux et lui a donné une clé d’interprétation
décisive pour sa spiritualité.1
Une accumulation de paroles intenses : ré-
jouissez-vous, exultez, soyez dans l’allégresse, mais
également consoler, délices, débordant, caresses,
etc. La fidélité et l’amour s’étaient évanouis et
tout s’achevait dans la tristesse et la stérilité.
Mais désormais, la puissance et la sainteté de
Dieu redonnent sens, plénitude de vie et de
1 Cf., avec de nombreuses citations, THÉRÈSE DE LISIEUX,
Œuvres complètes, Cerf/DDB, 1998, Manuscrits B, 1rº ; C, 3rº ;
Lettre 196.
18

2.9 Page 19

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bonheur, en s’exprimant avec des termes qui
appartiennent aux racines affectives de tout être
humain et qui réveillent des sensations uniques
de tendresse et de sécurité.
Portrait délicat mais vrai d’un Dieu qui vi-
bre comme une mère et dont les émotions in-
tenses sont contagieuses. Une joie du cœur
(cf. Is 66, 14) qui naît de Dieu – visage maternel
et bras qui soulève – et se répand au milieu d’un
peuple estropié par mille humiliations et dont les
os sont devenus fragiles. C’est une transforma-
tion gratuite qui s’élargit dans la fête aux cieux
nouveaux et à la terre nouvelle (cf. Is 66, 22),
pour que tous les peuples connaissent la gloire
du Seigneur, fidèle et rédempteur.
Voilà la beauté
3. « C’est cela, la beauté de la consécration :
c’est la joie, la joie... ».2 La joie de porter à tous la
consolation de Dieu. Ce sont les paroles du Pape
François pendant la rencontre avec les Sémina-
ristes et les Novices. « Il n’y a pas de sainteté
dans la tristesse ! »,3 poursuit le Saint-Père, il ne
2 FRANÇOIS, Rencontre avec les séminaristes et les novices,
Rome, 6 juillet 2013.
3 Ibidem.
19

2.10 Page 20

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faut pas que vous vous désoliez comme les autres,
qui n’ont pas d’espérance, écrivait Saint Paul
(1 Th 4, 13).
La joie n’est pas un ornement inutile, elle est
exigence et fondement de la vie humaine. Dans
les soucis quotidiens, chaque homme et chaque
femme aspire de tout son être à atteindre la joie
et à y demeurer.
Dans le monde, il y a souvent un déficit de
joie. Nous ne sommes pas appelés à accomplir
des gestes épiques ni à proclamer des paroles
retentissantes mais à témoigner de la joie qui
vient de la certitude de se sentir aimés, de la
confiance d’être sauvés.
Notre courte mémoire et notre expérience
faible nous empêchent souvent de rechercher les
« terres de la joie » dans lesquelles goûter le reflet
de Dieu. Nous avons pourtant mille motifs de
demeurer dans la joie. Sa racine se nourrit de
l’écoute croyante et persévérante de la Parole de
Dieu. A l’école du Maître, on entend : que ma
joie soit en vous et que votre joie soit complète !
(Jn 15, 11) et il nous entraîne à nous exercer à la
joie parfaite.
« La tristesse et la peur doivent céder la place
à la joie : Réjouissez-vous... exultez... soyez pleins
d’allégresse, dit le Prophète (66, 10). C’est une
grande invitation à la joie […]. Tout chrétien,
et nous-mêmes surtout, est appelé à porter ce
20

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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message d’espérance qui donne sérénité et joie :
la consolation de Dieu, sa tendresse envers tous.
Mais nous ne pouvons pas en être porteurs si
nous n’expérimentons pas nous-mêmes en pre-
mier la joie d’être consolés par Lui, d’être aimés
de Lui. […] J’ai rencontré quelques fois des
personnes consacrées qui ont peur de la conso-
lation de Dieu et... les pauvres, ils se tourmen-
tent, parce qu’ils ont peur de cette tendresse de
Dieu. Mais n’ayez pas peur. N’ayez pas peur, le
Seigneur est le Seigneur de la consolation, le
Seigneur de la tendresse. Le Seigneur est père et
Lui, il dit qu’il fera avec nous comme une ma-
man avec son enfant, avec tendresse. N’ayez pas
peur de la consolation du Seigneur ».4
En vous appelant
4. « En vous appelant, Dieu vous dit : ‘Tu es
important pour moi, je t’aime, je compte sur toi’.
Jésus dit ceci à chacun de nous ! C’est de là que
naît la joie ! La joie du moment où Jésus m’a
regardé. Comprendre et sentir cela est le secret
de notre joie. Se sentir aimé de Dieu, sentir que
pour Lui nous ne sommes pas des numéros mais
4 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe avec les séminaristes et
les novices, Rome, 7 juillet 2013.
21

3.2 Page 22

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des personnes ; et sentir que c’est Lui qui nous
appelle ».5
Le Pape François dirige notre regard vers le
fondement spirituel de notre humanité pour voir
ce qui nous est donné gratuitement, par une
libre disposition divine et une libre réponse hu-
maine. Alors Jésus fixa son regard sur lui et
l’aima. Et il lui dit : « Une seule chose te manque :
va, ce que tu as, vends-le et donne-le aux pauvres,
et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens,
suis-moi » (Mc 10, 21).
Le Pape nous rappelle : « Jésus, au cours de la
dernière Cène, s’adresse aux apôtres à travers
ces paroles : Ce n’est pas vous qui m’avez choisi,
mais c’est moi qui vous ai choisis (Jn 15, 16),
qui rappellent à tous, non seulement à nous
prêtres, que la vocation est toujours une initia-
tive de Dieu. C’est le Christ qui vous a appelées
à le suivre dans la vie consacrée et cela signifie
accomplir continuellement un ‘exode’ de vous-
mêmes pour centrer votre existence sur le Christ
et sur son Evangile, sur la volonté de Dieu, en
vous dépouillant de vos projets, pour pouvoir
dire avec Saint Paul : Ce n’est plus moi qui vis,
mais le Christ qui vit en moi (Ga 2, 20) ».6
5 FRANÇOIS, Rencontre avec les séminaristes et les novices,
Rome, 6 juillet 2013.
6 FRANÇOIS, Discours aux participants à l’Assemblée plé-
nière de l’Union internationale des Supérieures générales, Salle
Paul VI, Rome, 8 mai 2013.
22

3.3 Page 23

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Le Pape nous invite à un pèlerinage à recu-
lons, un chemin sapientiel pour nous retrouver
sur les chemins de Palestine ou tout près de la
barque de l’humble pêcheur de Galilée. Il nous
invite à contempler les débuts d’un chemin ou
mieux, d’un événement qui, inauguré par le
Christ, fait laisser les filets sur la rive, le banc des
impôts sur le bord de la rue, les velléités du
zélote parmi les projets du passé. Autant de
moyens inadaptés pour demeurer avec lui.
Il nous invite à nous arrêter longuement,
comme en un pèlerinage intérieur, devant l’aube
de la première heure, là où les espaces sont
chauds de relation amicale, l’intelligence est
menée à s’ouvrir au mystère, la décision déter-
mine qu’il est bon de se mettre à la suite du
Maître qui seul a les paroles de la vie éternelle
(cf. Jn 6, 68). Il nous invite à faire de toute notre
existence « un pèlerinage de transformation dans
l’amour ».7
Le Pape François nous appelle à nous arrêter
en esprit sur l’image du départ : « La joie du
moment où Jésus m’a regardé »,8 et à évoquer le
sens et l’exigence qui sous-tendent notre voca-
tion : « C’est la réponse à un appel et à un appel
7 FRANÇOIS, Message au Prieur général de l’Ordre des Frères
de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel à l’occasion
du Chapitre général, Rome, 22 août 2013.
8 FRANÇOIS, Rencontre avec les séminaristes et les novices,
Rome, 6 juillet 2013.
23

3.4 Page 24

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d’amour ».9 Demeurer avec le Christ exige d’en
partager la vie, les choix, l’obéissance de la foi, la
béatitude des pauvres, la radicalité de l’amour.
Il s’agit d’une vocation à renaître. « J’invite
chaque chrétien […] à renouveler, aujourd’hui
même, sa rencontre personnelle avec Jésus
Christ ou, au moins, à prendre la décision de se
laisser rencontrer par Lui, de le chercher chaque
jour sans cesse ».10
Paul nous replace devant cette vision fonda-
mentale : De fondement, en effet, nul n’en peut
poser d’autre que celui qui s’y trouve (1 Co 3, 11).
Le mot ‘vocation’ indique ce don gratuit, qui,
comme un réservoir de vie, ne cesse pas de
renouveler l’humanité et l’Église dans le plus
profond de leur être.
Dans l’expérience de la vocation, c’est Dieu
lui-même qui est l’auteur de l’appel. Nous, nous
écoutons une voix qui nous appelle à la vie et à
être disciple pour le Royaume. Lorsque le Pape
François le rappelle – ‘Tu es important pour
moi’ –, il utilise le dialogue direct, à la première
personne, pour que la conscience soit touchée.
Il y appelle ma réflexion, mon jugement pour
susciter des comportements cohérents avec l’ap-
pel dont je sens qu’il m’est adressé, avec mon
9 Ibidem.
10 FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gaudium,
24 novembre 2013, n. 3.
24

3.5 Page 25

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appel personnel. « Je voudrais dire à ceux qui se
sentent indifférents à l’égard de Dieu, de la foi, à
ceux qui sont éloignés de Dieu ou qui l’ont
abandonné, et à nous aussi, avec nos ‘éloigne-
ments’ et nos ‘abandons’ à l’égard de Dieu, pe-
tits, sans doute, mais qui sont si nombreux dans
la vie quotidienne, regarde au plus profond de
ton cœur, regarde au plus profond de toi, et
demande-toi : as-tu un cœur qui désire quelque
chose de grand ou un cœur endormi par les
choses ? Ton cœur a-t-il conservé l’inquiétude de
la recherche ou l’as-tu laisser s’étouffer par les
choses, qui finissent par l’atrophier ? ».11
La relation avec Jésus demande d’être alimen-
tée par l’inquiétude de la recherche. C’est elle
qui nous rend conscients de la gratuité du don
de la vocation et qui nous aide à revenir aux
motivations qui ont causé le choix initial et de-
meurent dans la persévérance. « Se laisser con-
quérir par le Christ signifie être toujours tendus
vers ce qui se trouve devant moi, vers l’objectif
du Christ (cf. Ph 3, 14) ».12 Demeurer constam-
ment à l’écoute de Dieu requiert que ces deman-
des deviennent les repères rythmant notre vie
quotidienne.
11 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe d’ouverture du Chapi-
tre général de l’Ordre de Saint Augustin, Rome, 28 août 2013.
12 FRANÇOIS, Homélie à l’occasion de la fête de Saint Ignace
de Loyola, Rome, 31 juillet 2013.
25

3.6 Page 26

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Ce mystère indicible que nous portons en
nous et qui participe à l’ineffable mystère de
Dieu trouve son unique possibilité d’interpréta-
tion dans la foi. « La foi est la réponse à une
Parole qui interpelle personnellement, à un Toi
qui nous appelle par notre nom »13 et « en tant
que réponse à une Parole qui précède, la foi
d’Abraham sera toujours un acte de mémoire.
Toutefois, cette mémoire ne fixe pas dans le
passé mais, étant mémoire d’une promesse, elle
devient capable d’ouvrir vers l’avenir, d’éclairer
les pas au long de la route »14. « La foi contient
vraiment la mémoire de l’histoire de Dieu avec
nous, la mémoire de la rencontre avec Dieu qui,
le premier, se met en mouvement, qui crée et
sauve, qui nous transforme ; la foi est mé-
moire de sa Parole qui réchauffe le cœur, de ses
actions de salut par lesquelles il nous donne vie,
nous purifie, prend soin de nous, nous nourrit.
[…] Celui qui porte en lui la mémoire de Dieu se
laisse guider par la mémoire de Dieu dans toute
sa vie et sait l’éveiller dans le cœur des autres ».15
Mémoire d’être appelé ici et maintenant.
13 FRANÇOIS, Lettre encyclique Lumen Fidei, 29 juin 2013.
14 Ibidem, n. 9.
15 FRANÇOIS, Homélie à l’occasion de la journée des catéchis-
tes en l’Année de la Foi, Rome, 29 septembre 2013.
26

3.7 Page 27

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Trouvés, rejoints, transformés
5. Le Pape nous demande de relire notre
histoire personnelle et de la vérifier dans le re-
gard d’amour de Dieu parce que, si la voca-
tion relève toujours de son initiative, il nous
revient d’adhérer librement à l’économie divino-
humaine, comme relation de vie dans l’agape,
chemin du disciple, « lumière sur le chemin de
l’Église ».16 La vie dans l’Esprit n’a pas de temps
achevés, elle s’ouvre constamment au mystère
quand elle discerne pour connaître le Seigneur et
percevoir la réalité à partir de lui. En nous appe-
lant, Dieu nous fait entrer dans son repos et nous
demande de reposer en lui, comme processus
continu de connaissance d’amour. La Parole ré-
sonne pour nous : tu te soucies et t’agites pour
beaucoup de choses (Lc 10, 41). Sur la via amoris,
nous avançons dans la renaissance : le vieil
homme renaît à une forme nouvelle. Si donc
quelqu’un est dans le Christ, c’est une création
nouvelle (2 Co 5, 17).
Le Pape François donne le nom de cette re-
naissance : « Cette voie a un nom, un visage :
le visage de Jésus Christ. Il nous enseigne à
devenir saints. Dans l’Evangile, il nous montre
la route : celle des Béatitudes (cf. Mt 5, 1-12).
16 FRANÇOIS, Discours aux partecipants à l’Assemblée plé-
nière de l’Union internationale des Supérieures générales, Salle
Paul VI, Rome, 8 mai 2013.
27

3.8 Page 28

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Telle est la vie des saints : des personnes qui, par
amour de Dieu, ne lui ont pas posé de conditions
dans leur vie ».17
La vie consacrée est appelée à incarner la
Bonne Nouvelle, à la sequela du Christ, le Cruci-
fié Ressuscité, à constituer « en vérité une mé-
moire vivante du mode d’existence et d’action
de Jésus comme Verbe incarné par rapport à son
Père et à ses frères ».18 Concrètement, il s’agit
d’assumer son style de vie, d’adopter ses attitu-
des intérieures, de se laisser envahir par son
esprit, d’assimiler sa surprenante logique et son
échelle des valeurs, de partager ses risques et ses
espérances : « Guidés par l’humble et heureuse
certitude de celui qui a été trouvé, rejoint et
transformé par la Vérité qui est le Christ et qui ne
peut pas ne pas l’annoncer ».19
Le fait de demeurer dans le Christ nous per-
met d’accueillir la présence du Mystère qui
nous habite et dilate notre cœur à la mesure de
son cœur de Fils. Celui qui demeure dans son
amour est attaché à la vigne comme le sar-
ment (cf. Jn 15, 1-8), entre dans la familiarité du
Christ et porte du fruit : « Demeurer en Jésus !
17 FRANÇOIS, Angelus, Rome, 1er novembre 2013.
18 JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale
Vita consecrata, 25 mars 1996, n. 22.
19 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe avec les évêques de la
XXVIIIe JMJ et avec les prêtres, les religieux et les séminaristes,
Rio de Janeiro, 27 juillet 2013.
28

3.9 Page 29

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C’est demeurer attachés à Lui, à l’intérieur de
Lui, avec Lui, parlant avec Lui : demeurer en
Jésus ».20
« Le Christ est le sceau sur le front, il est le
sceau sur le cœur : sur le front, pour que nous le
professions toujours ; sur le cœur, pour que nous
l’aimions toujours ; il est le sceau sur le bras,
pour que nous agissions toujours ».21 La vie
consacrée en effet est un appel continu à suivre
Jésus et à être conformé à lui. « Toute la vie de
Jésus, sa manière d’agir avec les pauvres, ses
gestes, sa cohérence, sa générosité quotidienne et
simple, et finalement son dévouement total, tout
est précieux et parle à notre propre vie ».22
La rencontre avec le Seigneur nous met en
mouvement, nous pousse à sortir de l’auto-
référentialité.23 La relation avec lui n’est ni stati-
que ni intimiste : « Celui qui met le Christ au
centre de sa vie se décentre ! Plus tu t’unis à
Jésus et Lui devient le centre de ta vie, plus Lui
te fait sortir de toi-même, te décentre et t’ouvre
20 FRANÇOIS, Discours aux catéchistes en pèlerinage à Rome
à l’occasion de l’Année de la Foi et du Congrès international des
catéchistes, Rome, 27 septembre 2013.
21 Cf. AMBROISE, De Isaac et anima, 75 : PL 14, 556-557.
22 FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gaudium,
24 novembre 2013, n. 265.
23 FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gaudium,
24 novembre 2013, n. 8.
29

3.10 Page 30

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aux autres ».24 « Nous ne sommes pas au centre,
nous sommes, pour ainsi dire, ‘déplacés’, nous
sommes au service du Christ et de l’Église »25.
La vie chrétienne est déterminée par des ver-
bes de mouvement, même quand elle est vécue
dans la dimension monastique et cloîtrée : elle est
une recherche perpétuelle.
« On ne peut persévérer dans une évangélisa-
tion fervente si on n’est pas convaincu, en vertu
de sa propre expérience, qu’avoir connu Jésus
n’est pas la même chose que de ne pas le connaî-
tre, que marcher avec lui n’est pas la même chose
que marcher à tâtons, que pouvoir l’écouter ou
ignorer sa Parole n’est pas la même chose, que
pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en
lui, ou ne pas pouvoir le faire n’est pas la même
chose. Essayer de construire le monde avec son
Évangile n’est pas la même chose que de le faire
seulement par sa propre raison. Nous savons
bien qu’avec lui la vie devient beaucoup plus
pleine et qu’avec lui, il est plus facile de trouver
un sens à tout ».26
24 FRANÇOIS, Discours aux catéchistes en pèlerinage à Rome
à l’occasion de l’Année de la Foi et du Congrès international des
catéchistes, Rome, 27 septembre 2013.
25 FRANÇOIS, Homélie à l’occasion de la fête de Saint Ignace
de Loyola, Rome, 31 juillet 2013.
26 FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gaudium,
24 novembre 2013, n. 266.
30

4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

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Le Pape François exhorte à l’inquiétude de la
recherche, comme l’a vécue Augustin d’Hip-
pone : une « inquiétude du cœur qui le porte à la
rencontre personnelle avec le Christ, qui le
conduit à comprendre que ce Dieu qu’il cher-
chait loin de lui, est le Dieu proche de tout être
humain, le Dieu proche de notre cœur, plus
proche de nous que nous-mêmes ». C’est une
recherche qui se poursuit : « Augustin ne s’arrête
pas, ne se repose pas, ne se renferme pas sur
lui-même comme celui qui est déjà arrivé, mais il
poursuit le chemin. L’inquiétude de la recherche
de la vérité, de la recherche de Dieu, devient
inquiétude de le connaître toujours plus et de
sortir de soi pour le faire connaître aux autres.
C’est précisément l’inquiétude de l’amour ».27
Dans la joie du Oui fidèle
6. Celui qui a rencontré le Seigneur et le
suit avec fidélité est un messager de la joie de
l’Esprit.
« C’est seulement grâce à cette rencontre
– ou nouvelle rencontre – avec l’amour de Dieu,
qui se convertit en heureuse amitié, que nous
sommes délivrés de notre conscience isolée
27 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe d’ouverture du Chapi-
tre général de l’Ordre de Saint Augustin, Rome, 28 août 2013.
31

4.2 Page 32

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et de l’auto-référence ».28 La personne appelée
est convoquée à elle-même, c’est-à-dire à son
pouvoir être. Il n’est peut-être pas gratuit de
dire que la crise de la vie consacrée passe aussi
par l’incapacité à reconnaître la profondeur de
cet appel, même en ceux qui vivent déjà cette
vocation.
Nous vivons une crise de la fidélité, entendue
comme une adhésion consciente à un appel qui
est un parcours, un chemin, depuis son mysté-
rieux début jusqu’à sa fin mystérieuse.
Peut-être sommes nous également dans une
crise d’humanisation. Nous éprouvons les limites
de notre cohérence, étant blessés par l’incapacité
de mener notre vie comme une vocation unifiée
et un chemin fidèle.
Un chemin quotidien, personnel et fraternel,
marqué par le mécontentement et l’amertume,
qui nous enferme dans le regret, quasiment en
une nostalgie permanente de voies inexplorées et
de rêves inaccomplis, devient un chemin soli-
taire. Notre vie, appelée à la relation dans l’ac-
complissement de l’amour, peut se transformer
en lande inhabitée. Nous sommes invités à cha-
que âge à revisiter le centre profond de notre vie
personnelle, là où les motivations pour vivre avec
28 FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gaudium,
24 novembre 2013, n. 8.
32

4.3 Page 33

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le Maître en tant que ses disciples trouvent sens
et vérité.
La fidélité est conscience de l’amour qui nous
oriente vers le Tu de Dieu et vers toute autre
personne, de façon constante et dynamique,
alors que nous expérimentons en nous la vie du
Ressuscité : « Ceux qui se laissent sauver par lui
sont libérés du péché, de la tristesse, du vide
intérieur, de l’isolement ».29
Le fait d’être disciple est grâce et exercice
d’amour, exercice de charité oblative : « Quand
nous marchons sans la Croix, quand nous édi-
fions sans la Croix et quand nous confessons un
Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples
du Seigneur : nous sommes mondains, nous som-
mes des Evêques, des Prêtres, des Cardinaux,
des Papes, mais pas des disciples du Seigneur ».30
Persévérer jusqu’au Golgotha, expérimenter
les déchirures des doutes et du reniement, se
réjouir de l’émerveillement et de la stupeur de
Pâques jusqu’à la manifestation de la Pentecôte
et à l’évangélisation des nations : telles sont les
étapes de la fidélité joyeuse parce que kénotique,
expérimentée tout au long de la vie, jusqu’au
signe du martyre et également participant à la vie
29 FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gaudium,
24 novembre 2013, n. 1.
30 FRANÇOIS, Homélie à la Messe avec les Cardinaux, Rome,
14 mars 2013.
33

4.4 Page 34

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ressuscitée du Christ : « Et c’est de la Croix, acte
suprême de miséricorde et d’amour, que l’on
renaît comme créature nouvelle (Ga 6, 15) ».31
Dans le lieu théologal dans lequel Dieu, en se
révélant, nous révèle à nous-mêmes, le Seigneur
nous demande donc de revenir à la recherche,
fides quaerens : Recherche la justice, la foi, la cha-
rité, la paix, en union avec ceux qui d’un cœur pur
invoquent le Seigneur (2 Tim 2, 22).
Le pèlerinage intérieur commence dans la
prière. « Pour un disciple, la première chose est
de rester avec le Maître, l’écouter, apprendre de
Lui. Et cela vaut toujours, c’est un cheminement
qui dure toute la vie. […] Si dans notre cœur, il
n’y a pas la chaleur de Dieu, de son amour, de sa
tendresse, comment pouvons-nous, nous, pau-
vres pécheurs, réchauffer le cœur des autres ? ».32
Cet itinéraire dure toute la vie, au cours de
laquelle l’Esprit Saint nous convainc, dans l’hu-
milité de la prière, de la Seigneurie du Christ en
nous : « Le Seigneur nous appelle chaque jour à
le suivre avec courage et fidélité ; il nous a fait le
grand don de nous choisir comme ses disciples ;
il nous invite à l’annoncer avec joie comme le
Ressuscité, mais il nous demande de le faire par
31 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe avec les séminaristes et
les novices, Rome, 7 juillet 2013.
32 FRANÇOIS, Discours aux catéchistes en pèlerinage à Rome
à l’occasion de l’Année de la Foi et du Congrès international des
catéchistes, Rome, 27 septembre 2013.
34

4.5 Page 35

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la parole et par le témoignage de notre vie, dans
le quotidien. Le Seigneur est l’unique, l’uni-
que Dieu de notre vie et il nous invite à nous
dépouiller des nombreuses idoles et à l’adorer
lui seul ».33
Le Pape indique l’oraison comme source de
fécondité de la mission : « Cultivons la dimen-
sion contemplative, y compris dans le tourbillon
des engagements les plus urgents et pesants.
Et plus la mission vous appelle à aller vers les
périphéries existentielles, plus votre cœur doit
être uni à celui du Christ, plein de miséricorde et
d’amour ».34
Le fait de demeurer avec Jésus nous forme à
porter un regard contemplatif sur l’histoire, qui
sait voir et écouter partout la présence de l’Es-
prit et, de façon privilégiée, discerner sa pré-
sence pour vivre le temps comme le temps de
Dieu. Quand ce regard de foi manque, « la vie
perd progressivement son sens, le visage des frè-
res devient terne et il est impossible d’y décou-
vrir le visage du Christ, les événements de l’his-
toire demeurent ambigus, voire privés d’espé-
rance ».35
33 FRANÇOIS, Homélie à la Messe du IIIe dimanche de Pâ-
ques, Rome, 14 avril 2013.
34 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe avec les séminaristes et
les novices, Rome, 7 juillet 2013.
35 CONGRÉGATION POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACRÉE
ET LES SOCIÉTÉS DE VIE APOSTOLIQUE, Instruction Repartir du
35

4.6 Page 36

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La contemplation ouvre à l’attitude prophéti-
que. Le prophète est un homme « qui a le regard
pénétrant et qui écoute et dit les paroles de
Dieu ; […] un homme de trois temps : la pro-
messe du passé, la contemplation du présent, le
courage pour indiquer le chemin vers l’avenir ».36
La fidélité à être disciple passe enfin, et elle y
est éprouvée, par l’expérience de la fraternité,
lieu théologique, dans lequel nous sommes appe-
lés à nous soutenir dans le oui joyeux à l’Evan-
gile : « C’est la Parole de Dieu qui suscite la foi,
la nourrit, la régénère. C’est la Parole de Dieu
qui touche les cœurs, les convertit à Dieu et à sa
logique qui est si différente de la nôtre ; c’est la
Parole de Dieu qui renouvelle constamment nos
communautés ».37
Le Pape nous invite donc à renouveler et à
définir notre vocation avec joie et passion parce
que l’acte d’un amour total est un processus
continu, qui « mûrit, mûrit, mûrit »,38 en un dé-
veloppement permanent dans lequel le oui de
notre volonté à la sienne unit volonté, intellect
Christ. Un engagement renouvelé de la vie consacrée au troi-
sième millénaire, 19 mai 2002, n. 25.
36 FRANÇOIS, Méditation matinale en la Chapelle de la Do-
mus Sanctae Marthae, Rome, 16 décembre 2013.
37 FRANÇOIS, Rencontre avec le clergé, les consacrés et les
membres de conseils pastoraux, Assise, 4 octobre 2013.
38 FRANÇOIS, Rencontre avec les séminaristes et les novices,
Rome, 6 juillet 2013.
36

4.7 Page 37

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et sentiment. « L’amour n’est jamais ‘achevé’
ni complet ; il se transforme au cours de l’exis-
tence, il mûrit et c’est justement pour cela qu’il
demeure fidèle à lui-même ».39
39 BENOÎT XVI, Lettre encyclique Deus caritas est, 25 dé-
cembre 2005, n. 11.
37

4.8 Page 38

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4.9 Page 39

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CONSOLEZ,
CONSOLEZ MON PEUPLE

4.10 Page 40

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5 Pages 41-50

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5.1 Page 41

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Consolez, consolez mon peuple,
dit votre Dieu.
Parlez au cœur de Jérusalem.
Isaïe 40, 1-2

5.2 Page 42

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5.3 Page 43

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A l’écoute
7. Avec un style particulier, que l’on retrouve
également plus loin (cf. Is 51, 17 ; 52, 1 : Réveille-
toi, réveille-toi !), les oracles de la seconde partie
d’Isaïe (Is 40-55) lancent un appel à venir en aide
à Israël en exil, qui tend à s’enfermer dans le vide
d’une mémoire défaillante. Le contexte histori-
que est clairement celui de la longue déportation
du peuple à Babylone (587-538 a.C.), avec toute
l’humiliation qui s’en est suivie et le sentiment
d’impuissance à en sortir. Toutefois, la désagré-
gation de l’empire assyrien sous la pression de la
nouvelle puissance émergente, la Perse, guidée
par Cyrus, l’étoile naissante, donne l’intuition au
prophète qu’une libération inattendue pourrait
s’accomplir. Et il en sera ainsi. Le prophète, sous
l’inspiration de Dieu, donne voix à cette possibi-
lité en interprétant les bouleversements politi-
ques et militaires comme action mystérieusement
guidée par Dieu à travers Cyrus. Il proclame que
la libération est proche et que le retour sur la
terre des ancêtres est sur le point de s’accomplir.
Les paroles utilisées par Isaïe : Consolez... par-
lez au cœur, se retrouvent assez fréquemment
dans l’Ancien Testament et les passages où il
s’agit de dialogues de tendresse et d’affection ont
une valeur particulière. Tel est le cas quand Ruth
43

5.4 Page 44

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reconnait que Booz l’a consolée et a parlé à son
cœur (cf. Rt 2, 12) ; ou quand, dans une page
célèbre, Osée annonce à son épouse, Gomer,
qu’il l’attirera au désert et qu’il y parlera à son
cœur (cf. Os 2, 16-17) pour une nouvelle saison
de fidélité. Il y a cependant encore d’autres pa-
rallèles semblables : le dialogue de Sichem, fils
de Hamor, amoureux de Dina (cf. Gn 34, 1-5),
ou celui du lévite d’Ephraïm qui parle à la
concubine qui l’a abandonné (cf. Jg 19, 3).
Il s’agit donc d’un langage à interpréter sur la
toile de fond de l’amour, et non sur celle de
l’encouragement : ensemble d’actions et de pa-
roles, délicates et encourageantes, mais qui rap-
pellent les intenses liens d’affection de Dieu
« époux » d’Israël. Et la consolation doit être
épiphanie d’une appartenance réciproque, jeu
d’intense empathie, d’émotions et de liens vi-
taux. Non des paroles superficielles ou douceâ-
tres mais la miséricorde, l’inquiétude qui prend
aux entrailles, l’étreinte qui donne force et
proximité patiente pour retrouver les voies de la
confiance.
Porter l’étreinte de Dieu
8. « Les gens aujourd’hui ont besoin, cer-
tainement de paroles, mais ils ont besoin sur-
tout que nous témoignions la miséricorde, la
tendresse du Seigneur qui réchauffe le cœur,
44

5.5 Page 45

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qui réveille l’espérance, qui attire vers le bien.
La joie de porter la consolation de Dieu ».1
Le Pape François confie cette mission aux
consacrés et consacrées : trouver le Seigneur qui
nous console comme une mère et consoler le
peuple de Dieu. C’est de la joie de la rencontre
avec le Seigneur et de son appel que jaillit le
service de l’Église, la mission : porter aux hom-
mes et aux femmes de notre temps la consolation
de Dieu, témoigner de sa miséricorde.2
Jésus nous présente la consolation comme
don de l’Esprit, le Paraclet, le Consolateur qui
nous console dans les épreuves et allume une
espérance qui ne déçoit pas. C’est ainsi que la
consolation chrétienne devient réconfort, encou-
ragement, espérance : elle est la présence opé-
rante de l’Esprit (cf. Jn 14, 16-17), fruit de l’Es-
prit : le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix,
longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les
autres, douceur, maîtrise de soi (Ga 5, 22).
Dans un monde où règnent la méfiance, le
découragement, la dépression, dans une culture
dans laquelle les hommes et les femmes se lais-
sent envelopper par la fragilité et la faiblesse, par
l’individualisme et les intérêts personnels, il nous
1 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe avec les séminaristes et
les novices, Rome, 7 juillet 2013.
2 Cf. FRANÇOIS, Rencontre avec les séminaristes et les novi-
ces, Rome, 6 juillet 2013.
45

5.6 Page 46

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est demandé d’introduire la confiance dans la
possibilité d’un bonheur véritable, d’une espé-
rance possible, qui ne s’appuie pas seulement sur
les talents, les qualités, le savoir, mais sur Dieu.
La possibilité est donnée à tous de le rencontrer,
il suffit de le chercher avec un cœur sincère.
Les hommes et les femmes de notre temps at-
tendent des paroles de consolation, la proximité
du pardon et de la joie véritable. Nous sommes
appelés à porter à tous l’étreinte de Dieu, qui se
penche vers nous avec la tendresse d’une mère :
consacrés, signe d’une humanité accomplie, faci-
litateurs et non contrôleurs de la grâce,3 courbés
dans un geste de consolation.
La tendresse nous fait du bien
9. Témoins de communion au-delà de ce
que nous voyons et de nos limites, nous som-
mes donc appelés à porter le sourire de Dieu.
La fraternité est le premier évangile et le plus
crédible que nous puissions raconter. Il nous
est demandé d’humaniser nos communautés :
« Prendre soin de l’amitié entre vous, de la vie de
famille, de l’amour entre vous. Et il faut que le
monastère ne soit pas un Purgatoire, mais qu’il
soit une famille. Les problèmes existent, il y en
3 Cf. FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gau-
dium, 24 novembre 2013, n. 47.
46

5.7 Page 47

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aura, mais, comme on fait dans une famille, avec
amour, il faut chercher la solution avec amour ;
il ne faut pas détruire celle-ci pour résoudre
cela ; il ne faut pas qu’il y ait de la compétition.
Toujours avec un cœur grand. Laisser passer, ne
pas se vanter, tout supporter, sourire avec le
cœur. Et le signe en est la joie ».4
La joie se consolide dans l’expérience de la
fraternité, ce lieu théologique où chacun est res-
ponsable de la fidélité à l’Evangile et de la crois-
sance de chacun. Quand une fraternité se nourrit
du même Corps et Sang de Jésus, elle se réunit
autour du Fils de Dieu pour partager le chemin
de foi sous la conduite de la Parole, elle devient
une avec lui, elle est une fraternité de commu-
nion qui expérimente l’amour gratuit et vit en
fête, libre, joyeuse, pleine de courage.
« Une fraternité sans joie est une fraternité
qui s’éteint. […] Une communauté riche de joie
est un véritable don du Très-Haut, accordé aux
frères et sœurs qui savent le demander, et qui
s’acceptent mutuellement en s’engageant dans
la vie fraternelle avec confiance en l’action de
l’Esprit ».5
4 FRANÇOIS, Paroles aux Clarisses, Assise, 4 octobre 2013.
5 CONGRÉGATION POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACRÉE
ET LES SOCIÉTÉS DE VIE APOSTOLIQUE, Instruction La vie
fraternelle en communauté. « Congregavit nos in unum Christi
amor », 2 février 1994, n. 28.
47

5.8 Page 48

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Dans un temps où la fragmentation donne
raison à un individualisme stérile et de masse et
où la faiblesse des relations désagrège et détruit,
nous sommes invités à humaniser les relations
fraternelles pour favoriser la communion des
esprits et des cœurs à la façon de l’Evangile.
En effet, « il existe une communion de vie en-
tre tous ceux qui appartiennent au Christ.
Une communion qui naît de la foi » et qui rend
« l’Église, dans sa vérité la plus profonde, com-
munion avec Dieu, familiarité avec Dieu, com-
munion d’amour avec le Christ et avec le Père
dans le Saint-Esprit, qui se prolonge en une
communion fraternelle ».6
Pour le Pape François, la marque de la frater-
nité est la tendresse, une « tendresse eucharisti-
que », parce que « la tendresse nous fait du
bien ». La fraternité a « une force de convocation
énorme. […] la fraternité, même avec toutes
les différences possibles, est une expérience
d’amour qui va au-delà des conflits ».7
6 FRANÇOIS, Audience générale, Rome, 30 octobre 2013.
7 ANTONIO SPADARO, « Svegliate il mondo ! ». Colloquio di
Papa Francesco con i Superiori Generali, in : La Civiltà Catto-
lica, 165 (2014/I), 5.
48

5.9 Page 49

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La proximité comme compagnie
10. Nous sommes appelés à accomplir un
exode de nous-mêmes sur un chemin d’adora-
tion et de service.8 « Sortir par la porte pour
chercher et rencontrer ! Ayez le courage d’al-
ler à contre-courant de cette culture mania-
que de l’efficacité, de cette culture du rebut.
La rencontre et l’accueil de tous, la solidari-
té et la fraternité, sont les éléments qui rendent
notre civilisation vraiment humaine. Etre servi-
teurs de la communion et de la culture de la
rencontre ! Je veux que vous soyez comme obsé-
dés en ce sens. Et soyez-le sans être présomp-
tueux ».9
« Le fantasme à combattre est l’image de la
vie religieuse entendue comme refuge et conso-
lation face à un monde extérieur difficile et com-
plexe ».10 Le Pape nous exhorte à « sortir du
nid »,11 pour habiter la vie des hommes et des
8 Cf. FRANÇOIS, Discours aux participants à l’Assemblée
plénière de l’Union internationale des Supérieures générales,
Rome, 8 mai 2013.
9 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe avec les évêques de la
XXVIIIe JMJ et avec les prêtres, les religieux et les séminaristes,
Rio de Janeiro, 27 juillet 2013.
10 Cf. ANTONIO SPADARO, « Svegliate il mondo ! ». Colloquio
di Papa Francesco con i Superiori Generali, in : La Civiltà
Cattolica, 165 (2014/I), 10.
11 Cf. ibidem, 6.
49

5.10 Page 50

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femmes de notre temps, et nous livrer nous-
mêmes à Dieu et au prochain.
« La joie naît de la gratuité d’une rencontre !
[…] Et la joie de la rencontre avec lui et de son
appel pousse à ne pas se renfermer, mais à
s’ouvrir. Elle nous conduit au service dans
l’Église. Saint Thomas disait : bonum est diffusi-
vum sui – le bien se diffuse. Et la joie aussi
se diffuse. N’ayez pas peur de montrer votre
joie d’avoir répondu à l’appel du Seigneur,
à son choix d’amour, et de témoigner de son
Evangile dans le service de l’Église. Et la joie, la
vraie, est contagieuse, elle contamine... elle fait
avancer ».12
Devant le témoignage contagieux de la joie,
de la sérénité, de la fécondité, devant le témoi-
gnage de la tendresse et de l’amour, de la charité
humble, sans violence, beaucoup sentent le be-
soin de venir pour voir.13
Le Pape François a désigné plus d’une fois le
chemin de l’attraction, de la contamination,
comme la voie pour faire grandir l’Église, la voie
de l’évangélisation. « L’Église doit être attractive.
Réveillez le monde ! Soyez témoins d’une autre
façon de faire, d’agir, de vivre ! Il est possible de
12 FRANÇOIS, Rencontre avec les séminaristes et les novices,
Rome, 6 juillet 2013.
13 Cf. FRANÇOIS, Méditation matinale en la Chapelle de la
Domus Sanctae Marthae, 1er octobre 2013.
50

6 Pages 51-60

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6.1 Page 51

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vivre autrement en ce monde. […] J’attends de
vous ce témoignage ».14
En nous confiant le devoir de réveiller le
monde, le Pape nous pousse à rencontrer les hi-
stoires des hommes et des femmes d’aujourd’hui
à la lumière de deux catégories pastorales qui
trouvent leurs racines dans la nouveauté de
l’Evangile : la proximité et la rencontre, deux fa-
çons par lesquelles Dieu lui-même s’est révélé
dans l’histoire, allant jusqu’à l’Incarnation.
Sur le chemin d’Emmaüs, comme Jésus avec
les disciples, nous accueillons dans la vie quoti-
dienne les joies et les douleurs des gens, en
« réchauffant le cœur »15, en attendant avec ten-
dresse ceux qui sont fatigués, les faibles, pour
que le chemin commun ait, dans le Christ, lu-
mière et sens.
Notre chemin « mûrit jusqu’à la paternité
pastorale, jusqu’à la maternité pastorale, et
quand un prêtre n’est pas père de sa commu-
nauté, quand une sœur n’est pas mère de tous
ceux avec lesquels elle travaille, ils deviennent
tristes. Voilà le problème. C’est pourquoi je vous
le dis : la racine de la tristesse dans la vie pasto-
rale réside précisément dans l’absence de pater-
14 Cf. ANTONIO SPADARO, « Svegliate il mondo ! ». Colloquio
di Papa Francesco con i Superiori Generali, in : La Civiltà
Cattolica, 165 (2014/I), 5.
15 Cf. FRANÇOIS, Rencontre avec les évêques du Brésil, Rio
de Janeiro, 27 juillet 2013.
51

6.2 Page 52

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nité et de maternité qui vient de ce que l’on vit
mal cette consécration, qui doit au contraire
nous amener à la fécondité ».16
L’inquiétude de l’amour
11. Icônes vivantes de la maternité et de la
proximité de l’Église, nous allons vers ceux qui
attendent la Parole de la consolation en nous
penchant avec amour maternel et esprit paternel
vers les pauvres et les faibles.
Le Pape nous invite à ne pas privatiser l’amour
mais, avec l’inquiétude de l’amour, à « chercher
toujours, sans répit, le bien de l’autre, de la
personne aimée ».17
La crise de sens de l’homme moderne et celle
économique et morale de la société occidentale
et de ses institutions ne sont pas un événement
passager des temps dans lesquels nous vivons
mais marquent un moment de l’histoire d’une
importance exceptionnelle. Nous sommes alors
appelés, comme Église, à sortir pour nous diriger
vers les périphéries géographiques, urbaines et
existentielles – celles du mystère du péché, de la
souffrance, des injustices, de la misère –, vers les
16 FRANÇOIS, Rencontre avec les séminaristes et les novices,
Rome, 6 juillet 2013.
17 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe d’ouverture du Chapi-
tre général de l’Ordre de Saint Augustin, Rome, 28 août 2013.
52

6.3 Page 53

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lieux cachés de l’âme où chaque personne expé-
rimente la joie et la souffrance de vivre.18
« Nous vivons une culture de l’affrontement,
une culture de la fragmentation, la culture du
déchet […] aujourd’hui, trouver un clochard
mort de froid n’est pas une nouvelle ». Et pour-
tant, la pauvreté « est une catégorie théologale
parce que le Fils de Dieu s’est abaissé, s’est
fait pauvre pour marcher avec nous sur la route.
[…] Une Église pauvre pour les pauvres com-
mence par aller vers la chair du Christ. Si nous
allons vers la chair du Christ, nous commençons
à comprendre quelque chose, à comprendre ce
qu’est cette pauvreté, la pauvreté du Seigneur ».19
Vivre la béatitude des pauvres vent dire être
signe que l’angoisse de la solitude et de la limite
est vaincue par la joie de celui qui est vraiment
libre en Christ et qui a appris à aimer.
Au cours de sa visite pastorale à Assise, le
Pape François s’est interrogé sur ce dont l’Église
devait se dépouiller. Et il a répondu ainsi :
« Se dépouiller de toute action qui n’est pas pour
Dieu, qui n’est pas de Dieu ; de la peur d’ouvrir
les portes et d’aller à la rencontre de tous, en
particulier des plus pauvres, des personnes dans
18 Cf. FRANÇOIS, Veillée de Pentecôte avec les Mouvements,
les nouvelles Communautés, les Associations, les Agrégations
de laïcs, Rome, 18 mai 2013.
19 Ibidem.
53

6.4 Page 54

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le besoin, éloignées, sans attendre ; certainement
pas pour se perdre dans le naufrage du monde,
mais pour apporter avec courage la lumière du
Christ, la lumière de l’Evangile, même dans
l’obscurité, là où on ne voit pas, où il peut arriver
de trébucher ; se dépouiller de la tranquillité
apparente que donnent les structures, certaine-
ment nécessaires et importantes, mais qui ne
doivent jamais obscurcir l’unique force vérita-
ble : celle de Dieu. C’est Lui notre force ! ».20
Ceci résonne en nous comme une invitation à
« ne pas avoir peur de la nouveauté que l’Esprit
Saint accomplit en nous, à ne pas avoir peur
du renouvellement des structures. L’Église est
libre. C’est l’Esprit Saint qui la fait avancer.
C’est ce que Jésus nous enseigne dans l’Evangile :
la liberté nécessaire pour trouver toujours la
nouveauté de l’Evangile dans notre vie et égale-
ment dans les structures. La liberté de choisir
des outres neuves pour cette nouveauté ».21
Nous sommes invités à être des hommes et des
femmes audacieux, de frontière : « Ce qui est
nôtre n’est pas une foi de laboratoire, mais une
foi en chemin, une foi historique. Dieu s’est
révélé comme histoire, non comme un compe-
20 FRANÇOIS, Rencontre avec les pauvres, les chômeurs et les
émigrés assistés par la Caritas, Assise, 4 octobre 2013.
21 Cf. FRANÇOIS, Méditation matinale en la Chapelle de la
Domus Sanctae Marthae, 6 juillet 2013.
54

6.5 Page 55

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dium de vérités abstraites. […] Il ne faut pas
construire la frontière chez soi, mais vivre à la
frontière et être audacieux ».22
A côté du défi de la béatitude des pauvres, le
Pape invite à visiter les frontières de la pensée et
de la culture, à favoriser le dialogue, également
au niveau intellectuel, pour donner raison de
l’espérance sur le fondement de critères éthiques
et spirituels, en s’interrogeant sur ce qui est bon.
La foi ne réduit jamais l’espace de la raison mais
l’ouvre à une vision intégrale de l’homme et de la
réalité. Elle préserve du danger de réduire
l’homme à du « matériel humain ».23
La culture, appelée à servir constamment
l’humanité dans toutes les circonstances, ouvre,
si elle est authentique, des itinéraires inexplorés,
des passages qui font respirer l’espérance, ren-
forcent le sens de la vie, protègent le bien com-
mun. Un authentique processus culturel « fait
croître l’humanisation intégrale et la culture de
la rencontre et de la relation ; c’est la façon chré-
tienne de promouvoir le bien commun, la joie de
vivre. Et ici convergent foi et raison, la dimen-
sion religieuse avec les divers aspects de la cul-
22 Cf. ANTONIO SPADARO, Intervista a Papa Francesco, in :
La Civiltà Cattolica, 164 (2013/III), 474.
23 Cf. FRANÇOIS, Discours au monde académique et culturel,
Cagliari, 22 septembre 2013.
55

6.6 Page 56

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ture humaine : art, science, travail, littérature ».24
Une recherche culturelle authentique rencontre
l’histoire et ouvre des chemins pour rechercher
le visage de Dieu.
Les lieux dans lesquels s’élabore et se com-
munique le savoir sont également les lieux dans
lesquels se crée une culture de la proximité,
de la rencontre et du dialogue, en baissant les
défenses, en ouvrant les portes, en bâtissant
des ponts.25
24 FRANÇOIS, Discours à la classe dirigeante du Brésil, Rio de
Janeiro, 27 juillet 2013.
25 Cf. FRANÇOIS, Discours à la communauté de la Civiltà
Cattolica, Rome, 14 juin 2013.
56

6.7 Page 57

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POUR LA RÉFLEXION

6.8 Page 58

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6.9 Page 59

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12. Le monde, en tant que réseau global dans
lequel tous sont connectés, où nulle tradition
locale ne peut prétendre au monopole du vrai,
où les technologies ont des effets qui touchent
chacun, lance un défi continuel à l’Evangile et à
celui qui suit la vie dans la forme de l’Evangile.
En ce moment de l’histoire, le Pape François
construit, à travers des choix et des modalités de
vie, une herméneutique vivante du dialogue
Dieu-monde. Il nous introduit au style d’une
sagesse qui, enracinée dans l’Evangile et l’escha-
tologie de l’humain, relit le pluralisme, recherche
l’équilibre, invite à reconnaître la capacité d’être
responsable du changement pour que la vérité
de l’Evangile soit toujours mieux communiquée,
alors que nous nous trouvons « dans les limites
du langage et des circonstances »1 et que, cons-
cient de ces limites, chacun de nous se fasse
faible avec les faibles... tout à tous (1 Co 9, 22).
Nous sommes invités à soigner une dynami-
que génératrice et non simplement administra-
tive, pour accueillir les événements spirituels
présents dans nos communautés et dans le
1 FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gaudium,
24 novembre 2013, n. 45.
59

6.10 Page 60

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monde, mouvements et grâce que l’Esprit opère
en chaque personne singulière, regardée comme
personne. Nous sommes invités à nous engager à
déstructurer les modèles sans vie pour raconter
l’humain marqué par le Christ et jamais totale-
ment révélé dans les langages et les expressions.
Le Pape François nous invite à une sagesse
qui soit signe d’une consistance souple, capacité
des consacrés d’agir et de choisir selon l’Evan-
gile, sans se perdre entre les différentes sphères
de vie, langages, relations, en conservant le sens
des responsabilités, de ce qui nous relie, de nos
limites, de l’infinité des façons dont la vie s’ex-
prime. Un cœur missionnaire est un cœur qui a
connu la joie du salut du Christ et la partage
comme consolation, conscient des limites humai-
nes. « Il sait que lui-même doit croître dans la
compréhension de l’Evangile et dans le discerne-
ment des sentiers de l’Esprit et alors, il ne re-
nonce pas au bien possible, même s’il court le
risque de se salir avec la boue de la route ».2
Accueillons les sollicitations que le Pape nous
propose pour regarder le monde et nous-mêmes
avec les yeux du Christ et en rester inquiets.
2 Ibidem.
60

7 Pages 61-70

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7.1 Page 61

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Les demandes du Pape François
• Je voulais vous dire un mot et ce mot, c’est la
joie. Partout où il y a les consacrés, les sémi-
naristes, les religieuses et les religieux, il y a
de la joie, il y a toujours de la joie ! C’est la
joie de la fraîcheur, c’est la joie de suivre
Jésus, la joie que nous donne le Saint-Esprit,
pas la joie du monde. Il y a de la joie ! Mais où
naît la joie ? 3
• Regarde au plus profond de ton cœur, re-
garde au plus profond de toi, et demande-toi :
as-tu un cœur qui désire quelque chose de
grand ou un cœur endormi par les choses ?
Ton cœur a-t-il conservé l’inquiétude de
la recherche ou l’as-tu laissé s’étouffer par
les choses, qui finissent par l’atrophier ?
Dieu t’attend, il te cherche, que lui réponds-
tu ? Te rends-tu compte de cette situation
de ton âme ? Ou bien dors-tu ? Crois-tu que
Dieu t’attend ou bien pour toi cette vérité ne
représente-t-elle que « des mots » ? 4
• Nous sommes victimes de cette culture du
provisoire. Je voudrais que vous réfléchissiez
3 FRANÇOIS, Rencontre avec les séminaristes et les novices,
Rome, 6 juillet 2013.
4 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe d’ouverture du Chapi-
tre général de l’Ordre de Saint Augustin, Rome, 28 août 2013.
61

7.2 Page 62

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à cela : comment puis-je être libre par rapport
à cette culture du provisoire ? 5
• C’est une responsabilité avant tout des adul-
tes, des formateurs : donner un exemple de
cohérence aux plus jeunes. Nous voulons des
jeunes cohérents ? Soyons cohérents nous-
mêmes ! Sinon, le Seigneur nous dira ce qu’il
disait des pharisiens au peuple de Dieu :
« Faites ce qu’ils disent, mais pas ce qu’ils
font ! ». Cohérence et authenticité.6
• Nous pouvons nous demander, suis-je in-
quiet pour Dieu, pour l’annoncer, pour le
faire connaître ? Ou est-ce que je me laisse
séduire par cette mondanité spirituelle qui
pousse à tout faire par amour de soi-même ?
Nous, consacrés, pensons aux intérêts per-
sonnels, à l’efficacité des œuvres, au car-
riérisme. Tant de choses auxquelles nous
pouvons penser... Est-ce que je me suis pour
ainsi dire « installé » dans ma vie chrétien-
ne, dans ma vie sacerdotale, dans ma vie
religieuse, dans ma vie de communauté aussi,
ou bien est-ce que je conserve la force de
l’inquiétude pour Dieu, pour sa Parole, qui
5 FRANÇOIS, Rencontre avec les séminaristes et les novices,
Rome, 6 juillet 2013.
6 Ibidem.
62

7.3 Page 63

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me porte à « aller à l’extérieur », vers les
autres ? 7
• Comment nous comportons-nous face à
l’inquiétude de l’amour ? Croyons-nous à
l’amour envers Dieu et envers les autres ?
Ou sommes-nous nominalistes à ce sujet ?
Non pas de façon abstraite, pas seulement en
paroles, mais le frère concret que nous ren-
controns, le frère qui est à côté de nous !
Nous laissons-nous inquiéter par leurs né-
cessités ou bien restons-nous enfermés en
nous-mêmes, dans nos communautés, qui
sont souvent pour nous une « communauté-
confort » ? 8
• Ca, c’est un beau chemin, un beau chemin
vers la sainteté ! Ne jamais dire du mal des
autres. « Mais, Père, il y a des problèmes... ».
Dis-le au supérieur, dis-le à la supérieure,
dis-le à l’évêque, qui peut trouver une solu-
tion. Ne le dis pas à celui qui ne peut pas
aider. C’est important : la fraternité ! Mais dis-
moi, dirais-tu du mal de ta mère, de ton père,
de tes frères ? Jamais. Alors pourquoi le fais-
tu dans la vie consacrée, au séminaire, dans la
7 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe d’ouverture du Chapi-
tre général de l’Ordre de Saint Augustin, Rome, 28 août 2013.
8 Ibidem.
63

7.4 Page 64

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vie entre prêtres ? Uniquement cela : réfléchis-
sez, réfléchissez... La fraternité ! Cet amour
fraternel ! 9
• Au pied de la croix, Marie est la femme de la
douleur et dans le même temps de l’attente
vigilante d’un mystère plus grand que la dou-
leur, sur le point de s’accomplir. Tout semble
vraiment fini ; toute espérance pourrait se
dire éteinte. Elle aussi, à ce moment-là, en se
souvenant des promesses de l’annonciation,
aurait pu dire : elles ne sont pas avérées, j’ai
été trompée. Mais elle ne l’a pas dit. Et pour-
tant, bienheureuse parce qu’elle a cru, elle
voit bourgeonner de cette foi un avenir nou-
veau et attend avec espérance le demain de
Dieu. Je pense parfois : savons-nous atten-
dre le demain de Dieu ? Ou voulons-nous
l’aujourd’hui ? Le demain de Dieu, pour elle,
c’est l’aube du matin de la Pâque, de ce pre-
mier jour de la semaine. Cela nous fera du
bien de penser, dans la contemplation, à l’ac-
colade du fils avec la mère. La seule lampe
allumée au sépulcre de Jésus est l’espérance
de la mère qui, à ce moment-là, est l’espé-
rance de toute l’humanité. Je me demande et
9 FRANÇOIS, Rencontre avec les séminaristes et les novices,
Rome, 6 juillet 2013.
64

7.5 Page 65

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je vous demande : dans les monastères, cette
lampe est-elle encore allumée ? Dans les mo-
nastères, attend-on le demain de Dieu ? 10
• L’inquiétude de l’amour pousse toujours à
aller à la rencontre de l’autre, sans attendre
que l’autre manifeste son besoin. L’inquié-
tude de l’amour nous offre le don de la fé-
condité pastorale, et nous devons nous de-
mander, chacun de nous, comment se porte
ma fécondité spirituelle, ma fécondité pas-
torale ? 11
• Une foi authentique implique toujours un dé-
sir profond de changer le monde. Voilà la
question que nous devons nous poser : avons-
nous nous aussi de grandes visions et un
grand élan ? Sommes-nous nous aussi auda-
cieux ? Avons-nous de grands rêves ? Le zèle
nous dévore-t-il (cf. Ps 69, 10) ? Ou bien
sommes-nous médiocres et nous contentons-
nous de nos programmations apostoliques de
laboratoire ? 12
10 FRANÇOIS, Paroles aux Sœurs Bénédictines Camalduldes,
Rome, 21 novembre 2013.
11 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe d’ouverture du Chapi-
tre général de l’Ordre de Saint Augustin, Rome, 28 août 2013.
12 FRANÇOIS, Homélie pour la Messe en mémoire du Saint
Nom de Jésus, Rome, 3 janvier 2014.
65

7.6 Page 66

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7.7 Page 67

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Ave, Mère de la joie
13. Réjouis-toi, pleine de grâce (Lc 1, 28).
« Le salut de l’ange à Marie est donc une in-
vitation à la joie, à une joie profonde, il annonce
la fin de la tristesse […]. C’est un salut qui
marque le début de l’Évangile, de la Bonne
Nouvelle ».1
A côté de Marie, la joie se répand : le Fils
qu’elle porte en son sein est le Dieu de la joie, de
l’allégresse contagieuse. Marie ouvre largement
les portes de son cœur et court vers Elisabeth.
« Joyeuse d’accomplir son désir, délicate
dans son devoir, empressée dans sa joie, elle
se hâte vers la montagne. Vers où pouvait-elle
donc tendre avec empressement, Celle qui
1 BENOÎT XVI, Audience générale, Rome, 19 décem-
bre 2012.
67

7.8 Page 68

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était déjà pleine de Dieu, si ce n’est vers les
sommets ? ».2
Elle se dirige en hâte (Lc 1, 39) pour porter au
monde la joyeuse annonce, pour apporter à tous
la joie irrésistible qu’elle accueille en son sein :
Jésus, le Seigneur. En hâte : il ne s’agit pas seule-
ment de la rapidité avec laquelle se dirige Marie,
l’expression nous dit sa diligence, l’attention em-
pressée avec laquelle elle affronte le voyage, son
enthousiasme.
Voici la servante du Seigneur (Lc 1, 38). La ser-
vante du Seigneur court en hâte pour se faire
servante des hommes.
En Marie, c’est toute l’Église qui chemine :
dans la charité de celui qui se dirige vers le plus
fragile, dans l’espérance de celui qui sait qu’il
sera accompagné et dans la foi de celui qui a un
don particulier à partager. En Marie, que chacun
de nous, poussé par le vent de l’Esprit, vive sa
propre vocation à aller de l’avant !
Étoile de la nouvelle évangélisation,
aide-nous à rayonner
par le témoignage de la communion,
du service, de la foi ardente et généreuse,
de la justice et de l’amour pour les pauvres,
pour que la joie de l’Évangile
2 AMBROISE, Expositio Evangelii secundum Lucam, II, 19 :
CCL 14, p. 39.
68

7.9 Page 69

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parvienne jusqu’aux confins de la terre
et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière.
Mère de l’Évangile vivant,
source de joie pour les petits,
prie pour nous.
Amen. Alleluia ! 3
Rome, 2 février 2014
Fête de la Présentation du Seigneur
João Braz Card. de Aviz
Préfet
José Rodríguez Carballo, O.F.M.
Archevêque Secrétaire
3 FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii gaudium,
24 novembre 2013, n. 288.
69

7.10 Page 70

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8 Pages 71-80

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8.1 Page 71

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SOMMAIRE
Chers frères et sœurs . . . . . . . . . . 7
Réjouissez-vous, exultez, soyez dans l’allégresse . 11
A l’écoute . . . . . . . . . . . . 15
Voilà la beauté . . . . . . . . . . . 19
En vous appelant . . . . . . . . . . 21
Trouvés, rejoints, transformés . . . . . . 27
Dans la joie du Oui fidèle . . . . . . . 31
Consolez, consolez mon peuple . . . . . . 39
A l’écoute . . . . . . . . . . . . 43
Porter l’étreinte de Dieu . . . . . . . . 44
La tendresse nous fait du bien . . . . . . 46
La proximité comme compagnie . . . . . . 49
L’inquiétude de l’amour . . . . . . . . 52
Pour la réflexion . . . . . . . . . . . 57
Les demandes du Pape François . . . . . . 61
Ave, Mère de la joie . . . . . . . . . . 67
71

8.2 Page 72

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TIP. DETTI − ROMA