ACG429_Artime_Saintete


ACG429_Artime_Saintete

1 Pages 1-10

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1.1 Page 1

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1. LE RECTEUR MAJEUR
« Pour que ma joie soit en vous » (Jn 15,11)
LA SAINTETÉ POUR TOI AUSSI
trna,rr,rz 20îÇ
- lntroduction, l. DIEU NOUS APPELLE TOUS À t-l SAtrufETÉ. - n Se lahe saints » est la première et
la plus uryente tâche
- Marie de Nazareth
d'un chrétien -
: une lumière
La " sainteté de la porte d'à côté
singulière sur le chemin de la
" et I'apryl
sainteté. -
universet à la sainteté
Avec une sensibilité
- - salésienne, ll. JÉSUS esf lE aONXEUR. Don Bosco veut ses ieunes heureux en ce monde et
- dans
- pou
l'éternité.
la sainteté
-
lll. SAINTS POUR LES JEUNES ET
Jeunes saints et jeunesse des sa,nrs.
AVEC LES
lV. OUE
JEUNES. -
VEUT DIRE
La ieunesse, un
: « LA SAINTETÉ
temps
POUB
- - TOI AUSSI » ? V. QUELOUES INDICATEURS POSSIBLES DE LA SAINTETÉ. VI. CNCUIHS OE
SAINTETÉ AUJOURD'HUI À LA LUMIÈRE DE NOTRE HISTOIRE COMME FAMILLE SALÉSIENNE. . ,, Y
a beaucoup de chemins sur la voie de la sainteté - Chaque saint est une parcle de Dieu incarnée -
- Chaque saint de notre Famille Salésienne nous dit que la sainteté est possibte. LA SAINTETÉ
VECUE DANS LE CHARISME SALESIEN (r-rsre au 31 DÉcEMBRE 2018)
Mes chers frères et sæurs,
Ma bien chère Famille Salésienne,
Dans la continuité de notre tradition centenaire, au début de
cette nouvelle année 2019, je m'adresse à chacun de vous, où que
vous soyez dans ce « monde salésien » eue nolls formons comme
Famille Salésienne dans plus de 140 pays. Et je le fais en com-
mentant un thème qui nous est très familier et dont le titre re-
prend littéralement l'Exhortation Apostolique du Pape François
sur l'appel à la sainteté dans le monde contemporatn: Gaudete et
Exsultate.'
En choisissant ce thème et ce titre, j'entends traduire, dans
notre langage et à la lumière de notre sensibilité charismatique,
le puissant appel à la sainteté que le Pape François a adressé à
toute l'Eglise.z C'est pourquoi je souhaite souligner des éléments
qui sont typiquement " nôtres " dans le cadre de notre spiritualité
' Indiqué dans l'ensemble du texte avec le sigle GE.
'Je remercie le P Pierluigi Cameroni, Postulateur Général pour les Causes des Saints,
et Madame Lodovica Maria Zanet, experte, collaboratrice de notre Postulation Générale et
rapporteur affrrmée. Grâce à leur présentation,j'ai pu enrichir ces pages par des éléments
et des contenus propres à la Postulation et qui peuvent beaucoup nous éclairer.

1.2 Page 2

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4 ACTES DU CONSEIL GÉNÉRAL
salésienne, partagée par les 31 Groupes de notre Famille Salésien-
ne comme un héritage charismatique reçu du Saint-Esprit à tra-
vers notre Père bien-aimé, Don Bosco. Et c'est lui qui nous aidera,
sans aucun doute, à viwe cette spiritualité avec la joie profonde
qui nous vient du Seigneur : " Pour que ma joie soit en vous »
(Jn 15,11).
À qui s'adressent ces paroles ?
Ces paroles s'adressent sûrement à tout le monde.
A vous tous, mes chers confrères salésiens SDB.
À vous tous et toutes, frères et sæurs des différentes Congrégations
et Instituts de Vie Consacrée et Larcale de notre Famille Salésienne.
À.rous tous et toutes, frères et sæurs des Associations et des diffé-
rents Groupes de la Famille Salésienne.
Aux papas et mamans, aux éducateurs et éducatrices, aux caté-
chistes et aux animateurs de toutes nos présences dans le monde.
Et à tous les adolescents et jeunes de notre vaste monde salésien.
Je reprends l'invitation adressée par le Pape à toute l'Église.
Son Exhortation n'est pas un traité sur la sainteté, mais un appel
lancé au monde contemporain, et à l'Eglise d'une manière parti
culière, pour vivre la vie comme une vocation et un appel à la
sainteté ; une sainteté incarnée dans le temps présent, dans l'au-
jourd'hui, dans la réalité de chacun et dans Ie contexte actuel.
Je me fais l'écho de cet appel toujours fascinant à la sainteté car
l'. aujourd'hui , de l'Éghse nous le demande. Comme moi aujour-
d'hui, tous les derniers Recteurs Majeurs ont eu des interventions
très significatives sur la sainteté salésienne et sur nos saints
patrons.3
'P CuÂvnz, Puisons dans I'expérience spirituelle de Don Bosco pour rnarcher sur le
chemin de la sainteté selon notre uocation spécifique in ACG 417 (20L4). P Clr.Âvr-z, Chers
Salésiens, soyez saints in ACG 379 e002). J.E. Vrccut, La béatification du coadjuteur
Artérnide Zatti : une nouueauté inédite in ACG 376 (2001) ; Sainteté et martyre ù l'aube
du troisiètne millénaire in ACG 368 (1999). E. VtcaNÔ, Don Bosco saint in ACS 310
(1983) ; Reprogrammons ensemble la sainteté in ACG 303 (1982). L. RIccont, Don Rua,
rappel ù la sainteté in ACS 263 (1971).

1.3 Page 3

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LE RECTEUR MAJEUR 5
Comme les années précédentes, j'estime que, outre la lecture
personnelle, ces indications peuvent suffisamment servir de
« points d'appui » pour la proposition éducative et pastorale des
différents contextes et situations de notre « monde salésien , dans
lequel nous æulTons.
I. DIEU NOUS APPELLE TOUS À M SAINTETÉ
J'imagine que pas mal de gens - peut-être même parmi nous et
certainement parmi les nombreux jeunes qui ont entendu l'appel
du Pape - auront eu le sentiment que le mot " sainteté » sonnait
un peu étrangement, en certains cas très étrangement même, et
s'avérait inconnu du langage du monde contemporain. Il n'est pas
impensable qu'il existe des blocages culturels ou même des inter-
prétations qui tendent à confondre le chemin de la sainteté avec
une sorte de spiritualisme aliénant qui fuit la réalité. Ou peut-
être, tout au plus, le terme " sainteté » est-il compris comme un
mot appliqué et applicable uniquement à ceux qui sont vénérés
dans les images de nos
d'admiration du Pape
qéugalisneds.ilDp'oùsel'netfefolr'at c"tauuadliacieduexla"
et digne
sainteté
chrétienne comme pérenne. Sainteté chrétienne qui, en sa qualité
d'appel venant de Dieu lui-même par sa Parole, est proposée com-
me but pour le cheminement de chaque personne. Dieu lui-même
« veut que nous soyons saints et il n'attend pas de nous que nous
nous contentions d'une existence médiocre, édulcorée, sans consis-
tance." (GE, L)
L'appel à la sainteté est familier à notre tradition . salésienne ,
(c'est-à-dire selon saint François de Sales). L'appel du Pape Fran-
çois attire avant tout l'attention par la force et la détermination
avec lesquelles il soutient que Ia sainteté est un appel adressé à
tous, pas seulement à quelques-uns, car elle correspond au projet
fondamental de Dieu pour nous. Il est donc destiné aux gens du
commun, aux gens que nous accompagnons dans la vie quotidien-
ne ordinaire, faite de choses simples et typiques des gens ordi-

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6 ACTE9 DtJ coNsEtL GÉNÉRAL
naires. Il ne s'agit pas d'une sainteté pour quelques héros ou des
personnes exceptionnelles, mais une manière ordinaire de vivre
Ia vie chrétienne ordinaire : une façon de vivre la vie chrétienne
incarnée dans le contexte actuel, avec les risques, les défis et les
opportunités que Dieu nous offre sur le chemin de la vie.
La Sainte Écriture nous invite à être saints : . Vous donc, vous
serez parfaits comme votre Père céleste est parfait " (Mt 5,48) ; et :
* Vous vous sanctifterez et vous serez saints car moi [le Seigneur],
je suis saint. "
périmenter et
(Lu t1,44). Il
à témoigner
y a donc une invitation explicite
de la perfection de l'amour, qui
à ex-
n'est
pas différente de Ia sainteté. En effet, la sainteté elle-même consis-
te dans Ia perfection de l'amour, un amour qui, avant tout, s'est
fait chair dans le Christ.
Dans sa Lettre aux Ephésiens, saint Paul écrit aussi à propos
du Père : * Il nous a choisis, dans Ie Christ, avant la fondation du
monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans
l'amour. II nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par
Jésus, le Christ. Ainsi l'a voulu sa bonté, à la louange de gloire
de sa gràce,la grâce qu'il nous donne dans Ie Fils bien-aimé. "
(Ep L,4-6). Non plus des serviteurs, donc, mais des amis (cf. Jn 15,
15). Non plus " des étrangers ni des gens
concitoyens des saints et des membres
de
de
passage »,
Ia famille
mais « des
de Dieu "
(cf. Ep 2,19). Nous sommes donc, tous et chacun, appelés à la
sainteté : c'est la vie pleine et réussie, selon le dessein de Dieu, en
pleine communion avec Lui et avec nos frères.
I1 ne s'agit donc pas d'une question de perfection réservée à
quelques-uns, mais d'un appel destiné à tous. Quelque chose d'in-
finiment précieux et qui n'est pourtant ni rare ni étranger, mais
qui fait partie de la vocation commune des croyants' C'est la belle
proposition que Dieu offre à chaque homme et à chaque femme.
Ce n'est pas un chemin de fausse spiritualité qui éloigne de la
plénitude de la vie, c'est la plénitude d'humanité, rendue parfaite
par la Grâce. " La vie en abondance », comme promis par Jésus
(cf. Jn 10,10). Ce n'est pas une caractéristique d'homologation,
de banalisation ou de raidissement ; mais une réponse au souffle

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LE RECTEUR MAJEUR 7
toujours nouveau de l'Esprit, qui crée Ia communion en valorisant
les différences - car c'est le Saint-Esprit qui « se trouve à l'origine
des idéaux nobles et des initiatives bonnes de l'humanité en
marche ".n Il ne s'agit pas d'un ensemble de valeurs souscrites
de manière abstraite et honorées de manière formelle, mais de
l'harmonie de toutes les vertus qui incarnent les valeurs de la üe.
Non pas une simple capacité à repousser le mal pour s'attacher au
bien, mais une attitude stable, prompte et joyeuse, à bien uiure le
bien.
Ce n'est pas un objectif qui peut être atteint en un instant,
mais un cheminement progressif, selon la patience et la bien-
veillance de Dieu qui interpelle Ia liberté et l'engagement person-
nel. Ce n'est pas une attitude qui exclut la différence, mais une
expérience fondamentale du wai, du bien, du juste et du beau. En
définitive, la sainteté, c'est Ia vie selon les Béatitudes, pour deve-
nir sel de la terre et lumière du monde ; une voie d'humanisation
profonde, comme toute expérience spirituelle authentique. Deve-
nir saints ne demande donc pas de s'aliéner soi-même ou de s'éloi-
gner de ses frères, mais de viwe une vie intense, courageuse et hu-
manisante, et une expérience (parfois éprouvante) de communion
et de relation avec les autres.
« Se faire saints » est la première et la plus urgente tâche
d'un chrétien
toi
Saint Augustin déclare : " Ma vie sera une vraie
".5 C'est en Lui, c'est-à-dire en Dieu lui-même,
vie,
que
pleine de
réside la
raison de la possibilité du chemin de la sainteté à la suite du
Christ. Le chemin de la sainteté est rendu possible pour le chré-
tien grâce au don de Dieu en Christ : en Lui - dont les saints, et
avant tout la Vierge Marie, sont un merveilleux reflet - se révèlent
à la fois la plénitude du visage du Père et le véritable visage de
l'homme. En Jésus-Christ, le visage de Dieu et le visage de l'hom-
'Jrat Paul lI, Lettre Encyclique Red,emptoris Missio, Cité du Vatican, T décembre
1990,28.
' SerNr AucusrtN, Confessions, t0,28.

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8 AcrEs DU coNSEtL âÉNÉRAL
me brillent . ensembls ". En Jésus, nous rencontrons l'homme
de Galilée et le visage du Père : " Celui qui m'a Yu a vu le Père "
(Jn 14,9).
Jésus, Verbe fait chair, est la parole complète et définitive du
Père. Dès l'Incarnation, la volonté de Dieu se rencontre dans la per-
sonne de Christ. I1 nous montre, dans sa vie, dans ses paroles et ses
silences, dans ses choix et ses actions, et surtout dans sa passion, sa
mort et sa résurrection, quel est le projet de Dieu pour l'homme et
la femme, quelle est sa volonté et le moyen d'y correspondre.
Ce projet de Dieu pour chacun de nous aujourd'hui est simple-
ment la plénitude de la vie chrétienne qui se mesure à la stature
que le Christ atteint en nou.s, et au degré auec lequel, an)ec la grâ.ce
du Saint-Espdf, nous façonnons notre vie sur celle de Jésus le Sei-
gneur. Cela ne signifie donc pas réaliser des choses extraordi-
naires, mais vivre uni au Seigneur, en faisant nôtres ses gestes,
ses pensées et comportements. En fait, même s'approcher de l'Eu-
charistie, c'est exprimer et témoigner de ce que nous voulons as-
sumer et nous approprier le style, le mode de vie et la mission mê-
me de Jésus-Christ.
Le Concile Vatican II lui-même, dans la Constitution sur l'Église
lLumen Gentium), a fermement proclamé l'apPel uniuersel à la
sainteté, affirmant que personne n'est exclu : " A travers les formes
diverses de üe et les charges différentes, il n'y a qu'une seule sain-
teté cultivée par tous ceux que conduit l'Esprit de Dieu et qui,
obéissant à la voix du Père et adorant Dieu Ie Père en esprit et en
vérité, marchent à la suite du Christ pauwe, humble et chargé de sa
croix, pour mériter de devenir participants de sa gloire' " (LG,4L)
La r, sainteté de la porte d'à côté » et l'appel universel à la
sainteté
Éaitn Shin, encore athée, écrit avoir reçu une poussée décisive
vers la conversion à partir de deux rencontres : celle avec l'épouse
d'un ami tué à la guerre, restée veuve et témoignant, malgré sa
profonde douleur, de l'étonnante lumière et de la force de la foi ; et

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LE BECTEUR MAJEUR 9
celle dans une église (ot Éaitn ne se trouvait que pour des raisons
artistiques) avec une dame âgée, entrée avec ses sacs à proüsions,
au beau milieu d'une journée chargée, pour viwe un moment de
grande confiance et d'adoration de Jésus Eucharistie. Don Bosco a
eu pour mère et première maîtresse Marguerite Occhiena : une
simple paysanne sans instruction, sans aucune préparation théolo-
grque, mais avec l'intelligence du cæur et l'obéissance de la foi.
Sainte Thérèse de Lisieux disait qu'enfant, elle ne comprenait pas
grand-chose à ce que Ie prêtre disait, mais qu'il lui suffisait de
regarder le üsage de son père Louis pour tout comprendre.
Aucun de ces larcs - Anna Reinach, amie d'Édith, la vieille da-
me inconnue avec ses sacs à provisions, Maman Marguerite ou le
papa Louis Martin - n'a jamais pensé dans sa vie être une sainte
ou un saint, ni n'a remarqué l'influence de sa façon d'agir ordi-
naire sur les personnes de son entourage. La présence de ces
figures simples et décisives, de ces u saints de la porte d'à côté "
- comme les définit le Pape François (G8,7) - rappelle que dans la
vie, l'important est d'être des saints, même sans être reconnus tels
un jour. De plus, cela aide à réfléchir au fait que les saints canoni-
sés puisent d'abord dans l'humble sainteté du peuple de Dieu : Ia
gloire des uns est aussi celle des autres, dans une profonde et très
forte communion. Vivre la sainteté est donc l'expérience d'être
précédé et sauvé, et apprendre à correspondre à cet amour fidèle.
C'est Ia responsabilité de répondre à un don important.
En ce sens, I'une des contributions les plus importantes à la
spiritualité chrétienne est sans doute celle de l'Evêque de Genève,
François de Sales, qui s'efforce de proposer la sainteté pour tous,
faisant passer la "
gnifique ouvrage
déuotion " des cloîtres au monde. Dans
intitulé Introduction ù la Vie Déuote,
son ma-
il écrit :
" Dieu commanda en la création
chacune selon son genre ; ainsi
aux plantes de
commande-t-il
porter leurs fruits,
aux chrétiens, qui
sont les plantes vivantes de son Eglise, qu'ils produisent des fruits
de dévotion, chacun selon sa qualité et sa vocation propre. La
dévotion doit être exercée différemment par le gentilhomme, par
l'artisan, par le valet, par Ie prince, par la veuve, par la fille, par

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10 AcrES DU coNSEtL GÉNÉBAL
la mariée ; et non seulement cela, mais il faut accommoder la
pratique de la dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs
de chaque particulier. t...1 que nous soyons, nous pouvons et
devons aspirer à la vie parfaite. "u
L'histoire de l'Église est fortement marquée par tant de
femmes et d'hommes qui, avec leur foi, leur charité et leur vie ont
été comme des phares qui ont illuminé et continuent d'éclairer
tant de générations, y compris le présent. Ils sont un témoignage
vivant de la façon dont la force du Ressuscité dans leur vie a at-
teint un niveau pour lequel, comme saint Paul, ils ont pu affirmer
(si souvent sans utiliser de mots) : " Je vis, mais ce n'est plus moi,
c'est le Christ qui vit en moi ,, (Gal 2,20). Et ils l'ont parfois ma-
nifesté par l'héroïsme de leurs vertus et même par le sacrifice de
leur vie jusqu'au martJrre, " Ie don de [eur] propre vie en faveur
des autres, y compris jusqu'à la mort." (GE, 5) Cependant, il exis-
te aussi la sainteté sans nom particulier, Ia sainteté de ceux qui
n'ont pas atteint l'honneur des autels. " Peut-être leur üe n'a-t-el-
le pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des
chutes, ils sont allés de l'avant et ils ont plu au Seigneur. " (G8,3).
C'est la sainteté de sa propre mère, d'une grand-mère ou d'autres
personnes proches ; c'est Ia sainteté du mariage, qui est un très
beau chemin de croissance dans l'amour ; la sainteté des pères qui
grandissent, mûrissent et se donnent généreusement à leurs en-
fants, souvent au prix de sacrifices imprévus. La sainteté des
hommes et des femmes, rappelle le Pape, qui travaillent dur pour
apporter le pain à la maison ; des personnes malades qui vivent
leur maladie dans la paix et en esprit de foi, unies à Jésus souf-
frant ; des religieuses âgées, avec une vie donnée et consommée,
qui continuent de sourire et d'espérer ... (Cf. GE,7).
On peut affirmer avec certitude que, dans toutes les époques
de l'histoire de l'Eglise et sous toutes les latitudes, il y a eu, et il y
a encore, des saints de tous les âges, de toutes les conditions de vie,
avec des caractéristiques très différentes les unes des autres.
6 FRANÇoIS or Ser,ns, Introduction à. la uie déuote, I,3.

1.9 Page 9

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LE RECTEUR MAJEUB 11
Le Pape Benoît XVI l'a très bien exprimé en présentant son
propre témoignage en ces termes: " Et
pour moi, ce sont non seulement certains
je voudrais ajouter que
grands saints que j'aime
et que je connais bien qui "indiquent la voie", mais précisément
les saints simples également, c'est-à-dire les personnes bonnes que
je vois dans ma vie et qui ne seront jamais canonisées. Ce sont des
personnes normales, pour ainsi dire, sans héroïsme visible, mais
dans leur bonté quotidienne, je vois Ia vérité de la foi. "'
Nous retrouvons assurément tout cela dans la manière dont
beaucoup de personnes ont incarné la manière chrétienne dans
leur üe. Certains peuvent sembler « petits " et d'autres « grands » ;
mais tous ont parcouru un cheminement attrayant et fascinant.
Le Pape Benoît XVI lui-même conclut avec une très belle ex-
pression qui, à mon sens, peut résumer magnifiquement Ie messa-
ge de l'Etrenne de cette année, quand il dit : " Chers amis, cofii,lTte
la uocation chrétienne est grande et belle, et également simple, uue
sous cette lumière ! Nous sonlnles tous appelés à la sainteté : elle est
la mesure même de la uie chrétienne."'
Marie de Nazareth : une lumière singulière sur le chemin
de la sainteté
Tous ces chemins de sainteté, simples et très souvent ano-
nymes, ont toujours un modèle vers lequel regarder et dans lequel
se refléter. La sainteté chrétienne a en Marie de Nazareth, la Mère
du Seigneuq du Fils de Dieu, Ie modèle le plus beau et le plus
proche de nous.
Marie est la femme du " Me voici ", de la pleine et totale dis-
ponibilité à la volonté de Dieu. En disant ; « eüê tout m'adüenne
selon ta parole " (Zc 1,38), Marie déclare trouver un bonheur
complet et profond dans tout ce que çs " fiat " supposait dans la
foi. Non seulement quand son Fils quitte la maison et se sépare
? BrNoîr YVl, Catéchèse au cours de I'Audience du 13 al'ril 20ll : Enseignements
yrr (2011), 451.
8lbid.,450.

1.10 Page 10

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12 ACTES DU CONSEIL GÉNÉRAL
d'elle parce qu'il doit accomplir la mission du Père ; mais aussi au
moment suprême où Marie éprouve la douleur pour la crucifixion
et la mort de ce Fils : une douleur atroce vécue en tant que mère.
En Marie, Mère du Seigneur, nous pouvons rencontrer la ri-
chesse d'une uie qui a occueilli le dessein de Dieu ù choque instant ;
une vie qui a été un permanent "me voici" dit à Dieu. Comme il est
fascinant, dans cette perspective, de contempler Marie et de médi-
ter sur la valeur de l'existence humaine et de sa signification plé-
nière à l'horizon de l'éternité !
L'accueil courageux du mystérieux plan de Dieu conduit Marie
à être la Mère de tous les croyants, un modèle d'écoute et d'ac-
cueil de la Parole de Dieu pour chacun de nous et un guide sûr
vers Ia sainteté. Et cela parce qu'elle nous enseigne que seul Dieu
rend notre vie merveilleuse. " Ce n'est que si Dieu est grand que
l'homme est également grand. Avec Marie, nous devons commen-
cer à comprendre cela. Nous ne devons pas nous éloigner de Dieu,
mais rendre Dieu présent ; faire en sorte qu'Il soit grand dans
notre üe ; ainsi, nous aussi, nous devenons divins ; toute la splen-
deur de la dignité divine nous appartient alors."e
C'est pour cette raison qu'il est impensable que le chrétien
puisse suiwe le chemin facile de la sainteté sans considérer Marie
comme une Mère. La contempler, c'est apprendre à croire, ap-
prendre à espérer, apprend.re ù aimer. Et si nous prions comme elle
et avec elle, nous connaîtrons sûrement dans notre cheminement
quotidien une consolation qui ne peut venir que de Dieu. De plus,
en I'invoquant comme Mère du Fils de Dieu, nous ouvrirons nos
cæurs au don de son intercession en tant que Mère du Fils et de
ses propres enfants.'o
' BoNoît XW, Homélie pour la fête de I'Assotnption de Marie,15 août 2005.
'0 Pour continuer justement ce " chemin marial ", nous célébrerons à Buenos Aires,
du 7 au 10 novembre 2019, Ie VIIIè'" Congrès International di Marie Ar:xiliatrice sur le
thème : Marie femrne croyante.

2 Pages 11-20

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2.1 Page 11

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LE RECTEIJR MAJEUR 13
Avec une sensibilité salésienne ...
Par conséquent, on pourrait dire que si l'on devient saint, on a
tout. Si nous ne devenons pas saints, nous perdons tout. Le but de
la sainteté et l'invitation, presque poignante, à I'atteindre, est aus-
si le grand message de Don Bosco, le pivot autour duquel tournent
toute sa proposition spirituelle et son témoignage de vie. La sain-
teté proposée par Don Bosco est facile et sympathique, mais elle
est également robuste et c'est ainsi qu'elle se communique. Dans
l'affirmation de Dominique Savio : . Je veux me faire saint, je dois
me faire saint, et je ne serai heureux que lorsque je serai saint "1'
dit beaucoup - sinon totalement - de ce que Don Bosco avait su lui
transmettre, depuis son sermon où Dominique avait pu entendre
ces mots
fassions
encourageants :
tous saints ; il
" C'est la volonté de Dieu que nous nous
est très facile d'y arriver ; une grande
récompense attend au ciel celui qui parvient à se faire saint.""
Don Bosco lui-même continue en écrivant que ce sermon a été
l'étincelle qui a embrasé le cceur de Dominique Savio en faisant de
lui un amoureux de Dieu.
Don Bosco modérait le désir de rudes pénitences de Dominique
et lui recommandait plutôt la fidélité à Ia vie de prière, aux études
et aux devoirs bien accomplis, ainsi que l'assiduité à la récréation
et, disons-le aussi, à toute la dimension de la vie de relation : de
cette sagesse émergeait la prise de conscience, typiquement salé-
sienne, de l'appel universel à la sainteté.
À la fondation de la Société de Saint François de Sales et de
l'Institut des Filles de Marie Auxiliatrice, ensuite (avec la co-fon-
" ISS, Fozli Salesiane [Sources Salésiennes]. 7. Don Bosco e la sua opera. Raccolta
antologica [DB et son æuwe. Recueil anthologiquel, LAS, Roma 20 L4, 1047 . Le fragment
complet auquel je me
gie. "Et'Dominique',
ré{ère
dit-il,
dit ceci :
qu'est-ce
" Un jour, on
que cela veut
expliquait des
dire ?". On lui
mots par
répondit
leur ét5rmolo-
: 'Dominique'
veut dire 'du Seigneur'. - Vous voyez, poursuivit-il, si je n'ai pas raison de vous deman-
der de faire de moi un saint : jusqu'à mon nom qui dit que je suis du Seigneur. Je dois donc
et je veux être tout entier de lui, et je ver-rx me faire saint, et je serai malheureux tant que
je ne serai pas un saint." " (Traduction française de Francis DESRAMAUT, Dominique Sa-
uio par Don Bosco, Apostolat des Editions, Paris 1978, p. 69.
" Ibid.1046. Cf. Drsnaveur p. 67.

2.2 Page 12

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14 ACTES DU CONSEIL GENÉRAL
datrice Marie-Dominique Mazzarello), Don Bosco propose comme
objectif, jusqu'à aujourd'hui, la sanctification de ses membres."
Don Rua le rappelle aux Salésiens, peu de temps après, quand
il les exhorte avec ces mots : " C'est ce que nous a aussi inculqué
notre très cher Don Bosco, dans le premier article de notre Sainte
Règle, où il nous dit que le but de notre Pieuse Société est d'abord
la perfection chrétienne de ses membres, puis toute æuvre de cha-
rité spirituelle et corporelle envers les jeunes. "'n Sans elle, tout
l'élan apostolique envers les jeunes se révélerait stérile. Don Bos-
co sait parfaitement que le premier moyen, le plus radical et le
plus décisif d'aider les autres, est d'être saint.
Dans cette " école de spiritualité apostolique nouvelle et at-
trayante ,15, Don Bosco lit l'Evangile avec une originalité pédago-
grque et pastorale, qui « comporte essentiellement une "synthèse
nouvelle", équilibrée, harmonieuse et, à sa manière, organique des
éléments communs à la sainteté chrétienne, où Ies vertus et les
moyens de sanctification ont leur place, leur dosage, une symétrie
et une beauté qui les caractérisent. ,'u
II. JÉSUS EST LE BONHEUR
La proposition de la sainteté est adressée à tout chrétien car
elle est plénitude de vie et synonyme de bonheur, de béatitude. Et
nous, chrétiens, nous rencontrons le bonheur en suivant Jésus-
Christ. Ces paroles s'adressent aux jeunes, elles sont pour eux,
mais nous savons bien que " la sainteté est pour toi aussi ", qu'elle
'" Cf. Const. SDB,2,25,65, L05; Const. FM4,5,46,82.
'n M. RuA, Santificazione nostra e delle anime a noi affidatu. Lettera del Rettor Mag-
giore agli Ispettori e ai Direttori d.i America [Notre sanctification et celle des âmes qui
nous sont confrées. Lettre du Recteur Majeur aux Provinciaux et aux Directeurs d'Amé-
riquel, Turin-Valsalice, 24 septembre, 1894.
" JrAN PAUI lI, Discorso in occasione della uisita alla Pontificia Uniuersitd Salesia-
zo lDiscours à I'occasion de sa visite à l'UPS], 31 janvier 1981, in L'Ossentatore Roma-
zo, 8 février 1981,1.
'u E. VrcaNô, Redécouurir l'esprit de Mornèse inACS 301 (1981), 24-25.

2.3 Page 13

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LE RECTEUR MAJEUR 15
concerne tout le monde :jeunes, éducateurs, pères et mères, laïcs
consacrés, religieuses, religieux, prêtres. Bref, ces paroles s'adres-
sent à tous et à chacun des membres de notre Famille Salésienne
de manière que nous nous sentions tous concernés ainsi que tout
le peuple de Dieu, naturellement.
Les messages que le Pape Jean-Paul II, le Pape Benoît XVI et
le Pape François ont envoyés aux jeunes, avec une forte convic-
tion, sont très beaux et ne devraient pas nous être étrangers.
Je vous donne un petit échantillonnage de ces messages avec un
dénominateur commun: dans tous ces messages, les papes de-
mandent aux jeunes de courir le risque d'accueillir Jésus comme
garantie de leur bonheur.
Ce fut le grand défi que saint Jean Paul II a lancé aux jeunes
adouumsocnhdeercehnetizerqeunalnedurodoiusasnrtê:ae"zEdneÉbaolinh,ecu'ensCt 'Jeésst ulus iqquuei
vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait ;
c'est lui, la beauté qui vous attire tellement ; c'est lui qui vous pro-
voque par la soif de radicalité qui vous empêche de vous habituer
aux compromis ; c'est lui qui vous pousse à faire tomber les
masques qui faussent la vie ; c'est lui qui lit dans vos cæurs les dé-
cisions les plus profondes que d'autres voudraient étouffer. C'est
Jésus qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque cho-
se de grand, la volonté de suiwe un idéal, le refus de vous laisser
envahir par la médiocrité, le courage de vous engager avec humi-
lité et persévérance pour vous rendre meilleurs, pour améliorer la
société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle. ""
Le Pape Benoît XVI n'a pas été moins explicite lorsqu'il a dit
auxjeunes : " Chersjeunes, le bonheur que vous cherchez, le bon-
heur auquel vous avezle droit de goûter a un nom, un visage : ce-
Iui de Jésus de Nazareth, caché dans l'Eucharistie. [...] Soyez-en
vraiment convaincus: le Christ n'enlève rien de ce qu'il y a de
beau et de grand en vous, mais il mène tout à sa perfection, pour
" JEAN PAUL lI, Veillée de Prière des XY JMJ, Rome-Tor Vergata, 19 août 2000.

2.4 Page 14

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16 AcrES DU coNSEtL âÉNÉRAL
la gloire de Dieu, pour le bonheur des hommes, pour le salut du
monde. [...]. Laissez-vous surprendre par le Christ ! Accordez-lui
"le droit de uous parler" ,.t8
Et le Pape François dit aux jeunes que le bonheur n'est pas
négociable. Il ne peut se réduire à des attentes d'un niveau qui,
finalement, ne le garantissent pas d'une manière ferme et élevée.
Il ne peut se réduire à quelque chose qui peut être consommé à
« petites doses ", et qui s'en va comme il est venu ; ce n'est natu-
rellement pas cela, le vrai bonheur qui est plutôt un parcours
humain permettant de se réaliser pleinement : " Votre bonheur
n'a pas de prix et ne se commercialise pas : il n'est pas une "app"
qu'on télécharge sur un téléphone portable ".'e
Don Bosco veut ses jeunes heureux en ce monde et dans
l'éternité
Dans l'introduction de saLettre de Rome, du 10 mai 1884, Don
Bosco écrit à ses jeunes : " Je n'ai qu'un seul désir, celui de vous
voir heureux en ce monde et dans I'éternité. ,,20 Au terme de sa vie
terrestre, ces paroles résument le cæur de son message aux jeunes
de tous les temps et du monde entier. Être heureux : un objectif
rêvé par chaque jeune, aujourd'hui, demain, au fildu temps. Mais
pas seulement. " Dans l'éternité ,,, ]g " plus » eue seul Jésus peut
offrir avec sa proposition de bonheur est précisément Ia sainteté.
C'est la réponse à la soif profonde ds « pour toujours " qui brûle
en chaque jeune. Le monde, les sociétés de tous les pays, ne sont
pas en mesure de proposel ls " pour toujours " et le bonheur éter-
nel. Dieu oui.
Pour Don Bosco, tout cela était très clair, et il a été capable de
semer chez ses jeunes Ie profond désir de devenir des saints, de
vivre pour Dieu et d'atteindre le paradis : " Il a guidé les jeunes
',u'oBPraIvrroîFTnYaN{Iç,orDs,isHcoounrtésliùe
la
ù
Fête d'accueiL des jeunes à
l'Eucharistie du Jubilé des
Cologne, 18 août
Jeunes, Rome 24
2005.
awil20l6.
'0 ISS, Fonli Salesiane [Sources Salésiennes]. 7. Don Bosco e la sua opera. Ra.ccolta
antologica [DB et son ceuwe. Recueil anthologique], LAS, Roma 2014,444.

2.5 Page 15

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LE RECTEUR MAJEUR 17
sur la voie de la sainteté simple, sereine et joyeuse, unissant dans
une seule et même expérience de vie la cour de récréation, des
études sérieuses et un sens constant du devoir "."
III. SAINTS POUR LES JEI.TNES ET AVEC LES JEUNES
La sainteté caractéristique du charisme salésien qui fait place à
tous, consacrés et larcs, a aussi sa traduction plus spécifique en
rapport avec la sainteté des jeunes. Le Père Pascual Châvez, mon
prédécesseur, a écrit, au début de son ministère, dans sa lettre
Chers Salésiens, soyez saints / .' " Les jeunes eux-mêmes aidèrent
Don Bosco " à inaugurer, dans l'expérience quotidienne, un style
de sainteté nouveau, à la mesure des besoins qui caractérisent le
développement du jeune. Ils furent ainsi, en quelque sorte, à la
fois disciples et maîtres" (CG 23, 159). Notre sainteté est une
sainteté pour les jeunes et avec les jeunes ; parce que dans Ia re-
cherche de la sainteté aussi, "les jeunes et les Salésiens marchent
ensemble" (Jean Paul II, Message au CG 25,145): ou nous nous
sanctifions avec eux, en cheminant et en apprenant avec eux, ou
bien nous ne serons jamais saints. "22
L'authentique cæur salésien de notre Famille doit être saint
pour rejoindre les jeunes ; mais il n'ignore pas son devoir, encore
plus radical, de se sanctifier au milieu des jeunes et auec eux. Ce
désir peut concerner tous et chacun des 31 Groupes qui forment
notre Famille Salésienne. Avec un réel intérêt, j'ai cherché les
références à la sainteté dans les Constitutions et les Règlements
des différentes Congrégations de notre Famille, dans le Projet de
Vie Apostolique des Salésiens Coopérateurs, dans les Projets, Sta-
tuts et Règlements de tous les Groupes qui appartiennent à l'arbre
de notre charisme. Je peux vous assurer que, d'une manière ou
d'une autre, nous regardons tous Ia sainteté comme un objectif et
" J. E. VECCHI, Allez plus loin. Thèmes de spiritualité juuénile, Elle Di Ci, Leumann
(TO) 2002.
" P CtÂvnz, Chers Salésiens, soyez saints in ACG 379 (2002), 22.

2.6 Page 16

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18 ACTES DU CONSEIL GÉNÉBAL
un but pour lesquels nous sommes nés aussi comme Institution
religieuse, afin de la rechercher dans notre vie même. Donc une
sainteté qui est proposée à chacun des membres et qui se propose
comme un objectif à atteindre dans l'exercice même de I'apostolat
en faveur des autres.
La jeunesse, un temps pour la sainteté
Convaincus que « Ia sainteté est Ie visage le plus beau de t'Égli-
ss " (GE, 9), avant de la proposer aux jeunes, nous sommes tous
appelés à la viwe et à en témoigner, devenant ainsi une commu-
nauté " sympathique ", comme le disent les Actes des Apôtres
en différentes occasions ( cf. G8,93). Ce n'est qu'en vivant cette co-
hérence qu'il est possible d'accompagner les jeunes sur les chemins
de la sainteté.
Si saint Ambroise affirme eüe « chaque âge est mûr pour la
sainteté ,,23 il ne fait aucun doute que cela vaut aussi pour la jeu-
nesse ! Dans la sainteté de nombreux jeunes, l'Eglise reconnaît la
grâce de Dieu qui prévient et accompagne l'histoire de chacun, la
valeur éducative des sacrements de l'Eucharistie et de la Réconci-
liation, la fécondité de chemins partagés dans la foi et dans Ia cha-
rité, Ie rôle prophétique de ces " modè]ss » qui ont souvent scellé
de leur sang le fait d'être disciples du Christ et de missionnaires de
l'Evangile.
Le langage le plus demandé par les jeunes d'aujourd'hui est
le témoignage d'une uie authentique. Pour cette raison, la vie des
jeunes saints est la waie parole de l'Eglise ; et l'invitation à mener
une vie sainte est l'appel le plus nécessaire dont les jeunes ont
aujourd'hui besoin. Un dynamisme spirituel authentique et une
pédagogie fructueuse de la sainteté ne déçoivent pas les aspira-
tions profondes des jeunes : leur besoin de vie, d'amour, de crois-
sance, de joie, de liberté, d'avenir et même de miséricorde et de
réconciliation. Certes, la proposition a le goût d'un véritable défi.
" SAINT Arr,rsnoIse, De Virginitate, 40.

2.7 Page 17

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LE RECTEIJR MAJEUR 19
Si, d'une part, elle est très attrayante, d'autre part, elle suscite la
peur et l'indécision. Il faut surmonter le risque de " se contenter
d'une existence médiocre, édulcorée, sans consistance " (GE, L) ;
cela suppose de surmonter la tentation de " vivoter » car Ie défi de
la sainteté n'est pas autre chose que la vie de tous les jours, mais
c'est exactement cette même existence ordinaire vécue de maniè-
re extraordinaire, car rendue belle par la grâce de Dieu.
Le fruit de l'Esprit Saint est en rêaIité une vie vécue dans la
joie et l'amour, et c'est en cela que consiste la sainteté. En ce sens,
l'exemple que le pape nous offre dans l'Exhortation Apostolique
est précieux quand il nous présente le témoignage de vie du Car-
dinal François Xavier Nguyen Van Thuân qui a vécu de longues
années en prison. Il a renoncé à se laisser anéantir en attendant sa
Ieibnélreatcioonmbeltaantprdis'aumnoeuaruetrte[.d..é] cjeisiosanis: i"s
Je vis le moment présent
les occasions qui se pré-
sentent chaque jour, pour accomplir les actes ordinaires de façon
extraordinaire " (GE, 17).
Jeunes saints et jeunesse d,es saints
" Jésus invite chacun de ses disciples au don total de sa vie,
sans calcul ni profit humain personnel. Les saints accueillent
cette invitation exigeante et se mettent avec une humble docilité à
la suite du Christ crucifié et ressuscité. L'Église contemple dans le
ciel de la sainteté une constellation toujours plus nombreuse et
lumineuse d'enfants, d'adolescents et de jeunes saints et bienheu-
reux qui, depuis l'époque des premières communautés chré-
tiennes, arrivent jusqu'à nous. En les invoquant comme protec-
teurs, elle les indique aux jeunes comme des références pour leur
existence. "24 Dans différentes enquêtes, y compris celles prépara-
toires au Synode des Évêques sur les jeunes, les jeunes eux-mêmes
reconnaissent qu'ils sont ,, plus réceptifs à "un récit de la vie" qu'à
'?r XVè're AssnMsLÉr OnorNarnn ou SvNoon ors ÉvÉqurs, Les Jeunes, la Foi et le
Discernetnent uocationnel. Instrumentum Laboris [Texte de travail], LEÿ Rome 2018,
2t4.

2.8 Page 18

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20 AcrES DU coNsEtL GÉNÉBAL
un sermon théologique abstrait"'u et considèrent très importante
pour eux la vie des saints. Par conséquent, il est sans aucun doute
important de les présenter de manière appropriée à leur âge et à
leur condition.
Il convient également de mentionner qu'à côté des " saints
jeunes ", il est nécessaire de présenter auxjeunes la "jeunesse des
saints ". En fait, tous les saints ont traversé le jeune âge et il serait
utile de montrer aux jeunes d'aujourd'hui comment les saints ont
vécu le temps de leur jeunesse. Ainsi serait-il possible d'intercep-
ter de nombreuses situations de jeunesse qui ne sont ni simples
ni faciles, mais où Dieu est présent et mystérieusement actif.
Montrer que sa grâce est à l'æuwe, à travers des parcours sinueux
de construction patiente d'une sainteté mûrie dans le temps par
de nombreuses voies inattendues, peut aider tous les jeunes, sans
exception, à cultiver l'espérance d'une sainteté toujours possible.
Le dernier numéro du Document final du Synode affirme,
conformément à ce que nous disons, que la sainteté des jeunes fait
également partie de la sainteté de l'Eglise, car « les jeunes font
partie intégrante de l'Eglise. Il en est donc de même de leur sain-
teté qui, au cours des dernières décennies, a produit une floraison
multiforme dans toutes les parties du monde : contempler et mé-
diter pendant le Synode sur le courage de tant de jeunes qui ont
renoncé à leur vie pour rester fidèles à l'Évangile a été pour nous
quelque chose d'émouvant ; écouter les témoignages des jeunes
présents au Synode qui, au milieu des persécutions, ont choisi de
partager la Passion du Seigneur Jésus nous a régénérés. A travers
Ia sainteté des jeunes, l'Eglise peut renouveler son ardeur spiri-
tuelle et sa vigueur apostolique.»26
'5 XVène AssrMer,Ér Onorxarne ou Svt{oop oos ÉvÊqurs, Les Jeunes, la Foi et le
Discernement uocationnel. Document final (19-24 mars 2018), II Partie, Introduction. Le
document se trouve à la page : http://press.vatican.va/content/salastampa/itlbollettino/
pubblico/20 18 I 03 I 24 I 0220 I 00482.htm1
'6 XVène Assarr,rst,És OnoINaInp ou SvNoon oos ÉvÊQurs, Les Jeunes, la Foi et le
Discernement uocationnel. Document final, 167 .

2.9 Page 19

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LE RECTEUR MAJEUR 21
rv QUE \\IEUT DrRE : << LA SAINTETÉ POIIR TOI AUSSI ! " ?
Le Pape François l'exprime d'une manière simple et directe.
Après avoir affirmé que « poür être saint il n'est pas nécessaire
d'être évêque, prêtre, religieuse ou religieu; ", il ajoute : " Nous
sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en
offrant un témoignage personnel dans nos occupations quoti-
diennes, chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consa-
cré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ?
Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton
épouse, comme le Christ l'a fait avec l'Eglise. Es-tu un travailleur ?
Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton
travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou
grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à
suiwe Jésus. As-tu de l'autorité ? Sois saint en luttant pour Ie bien
commun et en renonçant à tes intérêts personnels. " (G8,14) Cela
nous encourage à traduire avec des mots simples le défi qui se
présente à nous comme une précieuse provocation pour chacun de
nous à tous les âges et toutes les étapes de la vie.
Qu'est-ce que la sainteté, alors, cette sainteté qui nous est
présentée si proche et accessible au jeune, ù la femme et à. I'homme
d'aujourd'hui ?
---+ Il s'agit d'une affaire proche, réelle, concrète. C'est même la
vocation fondamentale à I'amour, ainsi que le reconnaît
le Concile Vatican Il (LG 11). L'âme, l'essence de cet appel à
la sainteté pour chaque personne est la charité pleinement
vécue : u Dieu est amour : qui demeure dans l'amour demeure
en Dieu, et Dieu demeure en lui." (1 Jn 4,16)
--, I1 s'agit de faire fructifier la grâce du baptême sans aaoir
peur que Dieu nous en detnande trop : " Laisse la grâce de
ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté.
Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le,
choisis Dieu sans relâche." (EG, 15) Concrètement, il s'agit de
vivre dans l'Esprit, de se laisser guider dans la simplicité de la

2.10 Page 20

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22 AcrEs DU coNSEtL 1ÉNÉRAL
üe quotidienne par l'Esprit Saint sans craindre de viser haut,
en se laissant aimer et libérer par Dieu lui-même. Le Pape
Benoît XVI invitait les jeunes, tous les jeunes, à " s'ouvrir à
l'action de l'Esprit Saint, qui transforme notre vie, pour être
nous aussi comme des pièces de Ia grande mosaïque de sainteté
que Dieu crée dans l'histoire, afin que le visage du Christ res-
plendisse de tout son éclat. N'ayons pas peur de tendre vers Ie
haut, vers les sommets de Dieu ; n'ayons pas peur que Dieu
nous en demande trop ,,.27
-- II s'agit d'être des saints contents parce que Dieu nous a
rêvés ainsi. " Ce
un esprit inhibé,
qui a été dit
triste, aigri,
jusqu'à présent n'implique
mélancolique ou un profil
pas
bas
amorphe. Le saint est capable de viwe joyeux et avec le sens de
l'humour." (GE, t22) Quand il était jeune, Jean Bosco a fondé
Ia Société de la Joie et Dominique Savio avait l'habitude de
dire aux nouveaux arrivés à l'Oratoire : " Ici, nous faisons
consister la
sachions que
sainteté à vivre très
ce n'était pas une joie
jsouypeeurxfic"i,e28lleb,iemnaisquuenenojouies
très bien enracinée au plus profond de soi, dans une vie tout à
fait responsable, et devant Dieu lui-même. Don Bosco a très
bien compris et l'a ainsi transmis à ses jeunes : l'engagement
et la joie vont de pair, et Ia sainteté et la joie constituent un
binôme indissociable. Son invitation et son appel à la sainteté
sont donc une invitation et un appel à la " sainteté de la joie "
et à la joie vécue dans une vie sainte. Cela ne signifie pas igno-
rer que l'engagement pour la sainteté implique du courage
car c'est, en d'autres mots, un parcours qui
rant ,, un chemin de contestation, souvent,
va " à
dans
contre-cou-
lequel nous
devons parfois être comme " des signes de contradiction ",
comme Jésus .
" Bexoîr XVI, Catéchèse ar cours de l'Audience du 13 awil 2011 : Enseignernents Y\\l
(2011).
" MB'1,356. Pour l'édition en langue française, cf. Francis DESRAMAUT, Dominique
Sauio par Don Bosco, Apostolat des Editions, Paris 1978, p. 126

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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LE RECTEUB MAJEUR 23
--- Il s'agit d'un chemin, le chemin de la sainteté, qui accepte la
dimension de la croix.
Le Pape François nous rappelle la nécessité d'une solidité in-
térieure pour être persévérant et constant dans le bien. Il
nous rappelle la nécessité de Ia vigilance : " Il nous faut lutter
et être attentifs face à nos propres penchants agressifs et égo-
c1e1n4t)r.iqIlueenscpouoruargenelappaasrrpheérsmieetétrveanqgué'liilqsuse'e[n=raacninnoenncte"
(EG,
et té-
moignagel pour ne pas être dominé par la peur ; il nous invi-
te surtout à ne pas cesser de contempler le Crucifié, source de
grâce et de libération : " Et si devant le visage du Christ tu ne
parviens pas à te laisser guérir et transformer, pénètre donc
les entrailles du Seigneur, entre dans ses plaies, car c'est là
que la miséricorde divine a son siège ,,. (8G,151) Peut-être la
référence à la Croix n'est-elle pas si fréquente parmi nous au-
jourd'hui, mais nous devons sûrement aussi changer à cet
égard. On ne peut pas vivre une vie chrétienne authentique et
un chemin de sainteté dans la vie quotidienne en ignorant la
Croix.
Ayant participé, lors du dernier Synode, à la canonisation de
saint Paul VI, célébrée avec celle de six autres saints, je trouve
ces paroles vraiment opportunes ; " Que serait un Evangile,
c'est-à-dire un christianisme, sans la Croix, sans la souffrance,
sans le sacrifîce de Jésus ? Ce serait un Évangile, un christia-
nisme sans la Rédemption, sans le salut, dont nous avons ab-
solument besoin. Le Seigneur nous a sauvés avec la Croix ;
avec sa mort, il nous a donné l'espérance, le droit de viwe. Por-
ter sa croix ! C'est une grande chose, waiment une grande cho-
se, très chers fils ! Cela signifie affronter la vie avec courage,
sans mollesse et sans lâcheté ; cela signifie transformer en
énergie morale les inévitables difficultés de notre existence ;
cela signifie savoir comprendre la douleur humaine et enfïn sa-
voir aimer waiment !".'e
" Paul M, Discours d,urant le Chemin de Croix dt24 mars 1967 au Colisée de Rome.

3.2 Page 22

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24 AcrEs DU coNSEtL GÉNÉRAL
--- Il s'agit de vivre la sainteté car elle n'éloigrre pas de ses
devoirs, de ses intérêts, de ses affections, mais elle les
assume dans Ia charité. La sainteté est la perfection de la cha'
rité et répond donc au besoin fondamental de l'homme : être
aimé et aimer. D'autant plus saint que plus homme et femme,
car « la vie n'a pas une mission, mais [...] elle est mission "
(G8,27).
La sainteté est donc un chemin d'humanisation. " Il nous
faut un esprit de sainteté qui imprègne aussi bien Ia solitude
que le service, aussi bien I'intimité que l'æuwe d'évangélisa-
tion, en sorte que chaque instant soit I'expression d'un amour
dévoué sous le regard du Seigneur. Ainsi, tous les moments se-
ront des marches sur notre chemin de sanctification." (GE,3L)
La sainteté coïncide donc avec la pleine floraison de l'hom-
me. Elle n'est pas la proposition d'un chemin désincarnant et
décontextualisant, mais elle permet de faire I'expérience de plus
en plus pleinement et véritablement de sa propre humanité et
de celle de ses frères et sæurs. Sur le visage d'un wai saint, on
perçoit toujours clairement l'homme ou la femme qu'il est, avec
toute la richesse affective, volitive, intellectuelle et relationnel-
le qui le distingue : " Chez les saints, il devient évident que
celui qui va vers Dieu ne s'éloigne pas des hommes, mais qu'il
se rend au contraire waiment proche d'eux.,'o Je vous invite
dès maintenant, quand, à Ia fin du commentaire, nous parle-
rons de nos saints, bienheureux, serviteurs de Dieu et véné-
rables de notre Famille Salésienne, à vous rappeler Ie précieux
témoignage qu'ils nous offrent avec leur vie.
Don Bosco lui-même, dans sa grande humanité, fut Ie premier
à avoir trouvé, guéri, réconcilié les garçons qui arrivaient souvent
à l'Oratoire après avoir vécu des situations difficiles de pauvreté
affective, de difficultés économiques, orphelins et abandonnés.
À ces enfants, il a offert toute la richesse de l'esprit de famille et
du Système Préventif, dans un climat magnifique, spirituel aussi,
'o BoNoîr XW, trettre Encyclique Deus caitas esl [Dieu est amour], LEÿ Rome 2005,
42.

3.3 Page 23

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LE RECTEUR MAJEUR 25
propice à leur guérison. Ces blessures ont guéri grâce à la paterni-
de Don Bosco lui-même, à l'atmosphère familiale de joie et au
chemin de foi et d'amitié avec Jésus à qui Don Bosco a conduit ses
jeunes.
À Mornèse, Mère Mazzarello et les premières sæurs ont vécu,
avec Ia sensibilité propre de la femme, cette rencontre avec l'hu-
manité de ces fillettes et jeunes fïlles pauvres, accueillies dans Ia
première maison des Filles de Marie Auxiliatrice.
Et ainsi notre histoire s'est-elle Épétée dans de nombreux
Groupes de notre Famille Salésienne, avec un trait, typiquement
nôtre, qui est également celui de l'Evangile, et qui nous a permis
de prendre soin et de guérir l'humanité de chaque personne que
nous avons rencontrée.
--- II s'agit d'une sainteté qui est aussi un,, devoip et un
don (c'est-à-dire une vocation, une responsabilité et un enga-
gement). La sainteté est participation à la vie de Dieu et non
une perfection entendue d'un point de vue moraliste et suppo-
sée être atteinte uniquement avec ses propres forces. En effet,
une vie sainte n'est pas principalement Ie résultat de nos
efforts, de nos actions. C'est Dieu,le trois fois Saint (cf.1s 6,3),
qui nous rend saints par l'action du Saint-Esprit qui nous don-
ne intérieurement force et volonté. La sainteté est engagement
et responsabilité. C'est quelque chose que tu peux faire :
" Puisses-tu reconnaître quelle est cette parole, ce
Jésus que Dieu veut déliwer au monde par ta vie !
message de
" (G8,24).
Et pour les personnes consacrées de notre Famille Salésienne,
ce devoir devient indispensable. Paul VI l'a dit d'une manière
radicale : " La vie religieuse doit être sainte ou elle n'a plus de
raison d'être. ""
" Paur VI, Discours du 27 juin 1965, in E. VtoaNÔ, Reprogrammons ensemble la
sainteté, inACS 303 (1981).

3.4 Page 24

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26 AcrEs DU coNSEtL GÉNÉRAL
V QUEI,QUES INDICATEURS POSSIBLES DE LA SAIN.
TETE
Je vous fais quelques suggestions qui peuvent servir à chacun et
chacune personnellement mais aussi pour notre mission en général.
Je me permets donc de vous signaler les indicateurs suivants :
Viare la aie de chaque jour cotnrne lieu d.e rencontre
aaee Dieu.
Le cceur de l'esprit salésien, qui nous distingue comme une
Famille charismatique, se caractérise par le fait de concevoir la
vie de manière positive et de la comprendre, jour après jour,
comme le lieu de la rencontre auec Dieu. Ce lieu est traversé
par un réseau riche de relations, de travail, dejoie et de déten-
te, de vie de famille, de développement des capacités person-
nelles, de dévouement, d'esprit de service ... tout cela vécu à Ia
lumière de Dieu. Et cela se concrétise, de manière simple, dans
cette conviction très salésienne qui découle de Don Bosco lui-
même : pour être saint, tu dois bien faire ce que tu dois faire.
C'est la proposition de la sainteté de la vie quotidienne. Si
Thérèse d'Avila trouve la sainteté dans les ustensiles de cuisi-
ne et si François de Sales montre que le chrétien peut vivre
dans le monde, au milieu des engagements de la vie, de ses
préoccupations et être saint, Don Bosco, dans la simplicité de
Ia joie, de l'accomplissement exact de son devoir et d'une vie
toute vécue par amour du Seigneur, crée avec ses garçons au
Valdocco une véritable école de sainteté.
Être d,es personnes et d,es conxrnunautés de prière.
La sainteté est le don le plus beau que nous puissions offrir aux
jeunes ; et j'ajoute qu'aujourd'hui, les jeunes, les enfants et leurs
familles ont besoin du témoignage de nos ües. Et, comme je l'ai
dit, cette sainteté simple sera le don le plus précieux que nous
puissions leur offrir. Cependant, ce cheminement n'est pas pos-
sible sans cultiver une profondeur de vie, sans une foi authen-
tique et sans la prière comme expression de cette même foi. Le
Pape François déclare : " Je ne crois pas dans la sainteté sans

3.5 Page 25

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LE RECTEUR MAJEUR 27
prière " (GE,147).Et en effet, tout cela est impossible sans l'in-
timité avec Ie Seigneur Jésus : prière d'action de grâce, expres-
sion de gratitude envers le Dieu transcendant ; prière de suppli-
cation, expression du cceur qui se confie en Dieu ; prière d'inter-
cession, expression d'amour fraternel ; prière d'adoration, ex-
pression qui reconnaît la transcendance de Dieu ; prière de mé-
ditation de la Parole, expression du cceur docile et obéissant ;
prière eucharistique, sommet et source du chemin de la sainteté.
Déaelopper d.ans notre aie les fruits d'e l'Esprif .' amour,
joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur,
maîtrise de soi... (cf. Ga 5,22-23). La sainteté n'est pas litige,
rivalité, jalousie, divisions, sectarisme @f. Ga 5,20). " La sain-
teté ne te rend pas moins humain, car c'est la rencontre de ta
faiblesse avec la force de la grâce." (G8,34)
Pratiquer les uertus; non seulement rejeter Ie mal et s'atta-
cher au bien, mais être passionné par le bien, bien faire le bien,
tout le bien... Prière et action dans le monde, service et dévoue-
ment, et même des temps pour le silence. Vie de famille et res-
ponsabilité dans le travail. " Tout peut être accepté et être in-
tégré comme faisant partie de I'existence personnelle dans ce
monde, et être incorporé au cheminement de sanctification.
Nous sommes appelés à vivre la contemplation également au
sein de I'action, et nous nous sanctifions dans l'exercice
responsable et généreux de notre propre mission." (G8,26)
Alors, viwe correctement sa vie selon l'enseignement de 1'E-
vangile dans la pratique joyeuse et constante des vertus sera
vraiment un moyen simple pour parvenir à la sainteté.
Témoigner de la communion
Le chemin de la sainteté s'expérimente ensemble et la voie
de la sainteté est un chemin vécu en communauté et réalisé
ensemble. Les saints sont toujours ensemble, en compagnie.
il y en a un, on en trouve toujours beaucoup d'autres. La
sainteté du quotidien fait prospérer la communion et est un
générateur de " relations ". On devient saints ensemble.

3.6 Page 26

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28 AcrES Du coNsEtL 1ÉNÉRAL
Il n'est pas possible d'être saints seuls et Dieu ne nous sauve
pas seuls : " C'est pourquoi personne n'est sauvé seul, en tant
qu'individu isolé" (GE, 6). La sainteté se nourrit de relations,
de confiance, de communion car la spiritualité chrétienne est
essentiellement communautaire, ecclésiale, profondément
différente et très éloignée d'une vision élitiste ou héroïque de
la sainteté.
Au contraire, il n'y a pas de sainteté chrétienne là où l'on oublie
Ia communion avec les autres, l'on oublie de chercher et
de regarder le üsage de l'autre, l'on oublie la fraternité et
la révolution de la tendresse.
Comprendre que la aie d,e chacun est une mission
Le Pape demande résolument de concevoir la totalité de la vie
comme une mission. Parfois, dans des moments difficiles, une
personne se demande quel sens a son existence, quelle est sa
raison de viwe, quelle est la motivation de son existence, quel-
le contribution personnelle elle dewait offrir... Eh bien, dans
tous ces cas, on se demande : quelle est ma mission ? Et à la
Iumière de cet aspect, il s'avère que « pour un chrétien, il n'est
pas possible de penser à sa propre mission sur terre sans la
concevoir comme un chemin de sainteté " (G8,19), donnant
toujours le meilleur de soi-même dans cet engagement.
Certaines maisons salésiennes, telles que le Valdocco, Mornèse,
Turin-Valsalice, Nice-Montferrat, Ivrée, San Giovannino... té-
moignent depuis le début de la sainteté comme expérience par-
tagée, qui s'épanouit dans l'amitié, le dévouement et le service
(aujourd'hui, nous disons que la vie est « vocation et mission ").
Chercher la simplicité (qui n'est po,s la facilité) des Béa-
titudes (cf. GE, 70-91).
Dans I'annonce des Béatitudes, Jésus nous a offert un vrai che-
min de sainteté. Les Béatitudes " sont comme la carte d'iden-
tité du chrétien " (GE, 63).
EIle nous proposent un mode de vie où se réalisent des proces-
sus allant de la pauweté du cæur - c'est-à-dire aussi austérité
de la vie - à la réaction d'humble douceur dans un monde

3.7 Page 27

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LE BECTEUR MAJEUR 29
l'on se bat facilement et pour n'importe quoi; allant du coura-
ge de se laisser " transpercsv » pâr la douleur des autres et en
avoir compassion avec une waie faim et soif de justice, tandis
que d'autres se partagent le « gâteau " de Ia vie obtenu par
l'injustice, la corruption et l'abus de pouvoir.
Les Béatitudes incitent le chrétien à regarder et à agir avec mi-
séricorde, ce qui signifie aider les autres et même pardonner ;
elles le poussent à garder un cæur pur et libre de tout ce qui
salit l'amour pour Dieu et pour le prochain. La proposition de
Jésus nous demande de semer Ia paix et la justice, et de
construire des ponts entre les personnes. Elle demande égale-
ment d'accepter les incompréhensions, les mensonges sur soi-
même et, finalement, toutes les persécutions, même les plus
subtiles, qui existent aujourd'hui.
Grand.ir par de petits gestes (GE, L6). C'est un autre indi-
cateur simple, pratique et abordable pour tout le monde. Dieu
nous appelle à la sainteté à travers de petits gestes, des choses
simples, celles que nous pouvons sans aucun doute découwir
chez les autres et réaliser nous-mêmes dans notre vie quoti-
dienne ; également encouragés par le fait que Ie chemin de la
sainteté n'est ni unique ni identique pour tous. On parcourt
un chemin de sainteté dans sa condition personnelle d'homme
et de femme. En ce sens, la tendresse féminine, la subtilité des
petits détails et des gestes sont un magnifique exemple pour
tous. Voilà pourquoi le Pape François dit : " Je voudrais souli-
gner que le "génie féminin" se manifeste également dans des
styles féminins de sainteté, indispensables pour refléter la
sainteté de Dieu en ce monde. [...] je tiens à évoquer tant de
femmes inconnues ou oubliées qui, chacune à sa manière, ont
soutenu et transformé des familles et des communautés par la
puissance de leur témoignage." (GE, 12)
Tout sauf renoncer ù aoler alors que nous sommes nés
pour les sommets !
Il y a tant de petits pas qui peuvent nous aider à faire un
chemin sur la voie de la sainteté, dans cette sainteté simple,

3.8 Page 28

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30 AcrES DU coNsEtL àÉNÉRAL
anonyme, mais qui façonne notre existence de façon magni-
fique. Comme je I'ai dit, tout peut nous aider ; tout sauf le
renoncement à voler alors que nous sommes nés pour les som-
mets ! Puisque nous avons été " choisis par Dieu, sanctifiés,
aimés par lui " (Col3,L2).
Ce que je veux dire est magnifiquement exprimé par Mamerto
Menapace" dans une belle histoire, une belle métaphore qui
parle du dilemme entre se tenir au niveau du sol ou s'envoler
vers Dieu, vers la sainteté, vers les sommets.
Voici l'histoire :
Il y avait une fois un paysan qui marchait sur un sentier de haute
montagne. Voici qu'entre les rochers, près des sommets, il trouva
un ceufétrange : trop gros pour être un æufde poule et trop petit
pour être celui d'une autruche. Ne sachant pas ce que c'était, il
décida de l'emporter avec lui.
Arrivé à la maison, il le montra à sa femme. Celle-ci avait une
dinde qui couvait dans son nid. Voyant que l'æuf avait plus ou
moins la taille des autres, elle alla le mettre sous la queue de la
(
dinde.
Les poussins commencèrent à casser la coquille, tout comme le
bébé dans l'æuf pris en montagne. Et alors qu'il semblait être un
animal différent des autres, les différences n'étaient pas de natu-
re à le faire détonner du reste de la couvée, même s'il s'agissait
d'un petit condor. Bien que couvé par une dinde, il avait une autre
origine.
Comme il n'avait pas d'autre modèle pour apprendre, le petit
condor imitait ce qu'il voyait faire aux dindonneaux. I1 suivait la
grande dinde à la recherche de vers, de graines et de déchets. Il
creusait la terre et, sautillant, essayait d'arracher les fruits des
buissons. Il vivait dans le poulailler et avait peur des chiens qui
venaient souvent lui voler de la nourriture. La nuit, il grimpait
aux branches du caroubier par peur des belettes et autres préda-
teurs. Il vivait ainsi, imitant ce qu'il voyait faire aux autres.
Parfois, il se sentait un peu étrange. Surtout quand il se retrou-
vait tout seul. Mais cela n'arrivait pas souvent. En fait, les din-
" M. Mpwatacs, Cuentos roda.d.os, Patria Grande, Buenos Aires, 1986 (Contes qui se
transmettent - C'est nous qui traduisons).

3.9 Page 29

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LE BECTELJR MAJEUR 31
dons ne supportent pas la solitude ni que d'autres restent seuls.
C'est une espèce qui aime se déplacer toujours en troupeau, qui
aime gonfler la poitrine pour impressionner, ouwir la queue en
éventail en laissant traîner les ailes. Devant ce qui les frappe, la
réponse immédiate est une grosse moquerie.
La caractéristique des dindons et des dindes est la suivante : mal-
gré leurs grandes dimensions, ils ne volent pas.
Or un midi, alors que le ciel dégagé était traversé de nuages
blancs, le petit animal fut surpris de voir des oiseaux étranges
voler majestueusement, presque sans bouger leurs ailes. Il res-
sentit un choc dans tout son être, quelque chose comme un appel
venant de loin et qui voulait le réveiller au plus profond de ses
fibres. Ses yeux, habitués à toujours regarder le sol à la recherche
de nourriture, ne parvenaient pas à distinguer ce qui se passait
dans les hauteurs. Son cæur fut envahi d'une profonde nostal-
gie : pourquoi ne puis-je pas, moi aussi, voler comme ça ? Et son
cæur, très inquiet, battait la chamade.
A ce moment-là, un dindon s'approcha de lui pour lui demander
ce qu'il faisait. II se moqua de lui quand il entendit son histoire,
lui disant que c'était un romantique et qu'il dewait arrêter de
plaisanter : eux, Ies dindons, étaient bien autre chose et donc il
devait revenir sur terre. Il lui proposa alors de I'accompagner
dans un endroit il avait trouvé beaucoup de fruits mûrs et une
variété de vers.
Désorienté, le pauwe animal se remit de sa rêverie et suivit son
compagnon qui le ramena au poulailler. Il reprit sa vie normale,
toujours tourmenté par une profonde insatisfaction intérieure
qui le faisait se sentir étrange.
II n'a jamais découvert sa véritable identité de condor. Devenu
vieux, il mourut un jour. Oui, malheureusement, il est mort exac-
tement comme il avait vécu. Et dire qu'il était pour les som-
mets !
Il s'agit de la voie de la croissance chrétienne vers la sainteté :
" N'ayons pas peur de tendre vers le haut, vers les sommets de
Dieu ; n'ayons pas peur que Dieu nous denxande trop ".33
" BtNoîr XVI, Catéchèse au cours de l'Audience du 13 awil 20ll: EnseignementsÿL|
(2011)

3.10 Page 30

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32 ACTE9 DLJ coNsEIL GÉNÉRAL
VI. CHEMINS DE SAINTETÉ AUJOURD'HUI À LA
LUMIÈRE DE NOTRE HISTOIRE COMME EAMILLE
SALÉSIENNE
Il y a beaucoup de chemins sur la voie de la sainteté
Nous savons que certains sont saints, mais nous ne savons
jamais qui est plus saint qu'un autre. Dieu seul connaît les cæurs.
Il y a une beauté particulière en chacun. Il ne faut pas demander
à une personne ce qu'elle ne peut ni ne doit donner. Le dire est
encourageant, revigorant. Sinon, nous serions convaincus que
nous ne pouvons pas devenir des saints, car nous ne serons jamais
comme les saints qui nous ont été proposés comme modèle. " II ne
faut pas mettre dans la sainteté plus de perfection qu'il n'y en a
réellement ".3n C'est-à-dire que l'héroïsme chrétien n'est pas de
l'héroïsme ; la perfection chrétienne n'est pas le perfectionnisme
du super-héros. " Dans la maison de mon Père, il y a de nom-
breuses demeures " (Jn 14, 2).Le paradis est comme un jardin : il
y a l'humble violette ou le lys sublime et la rose. Aucune condition
ne représente un obstacle insurmontable à la plénitude de la joie et
de la uie.
Avec Don Bosco, nous ne rencontrons pas seulement Domi-
nique Savio, Jean Massaglia et François Besucco, mais aussi Michel
Magon et beaucoup d'autres garçons difficiles, dont I'histoire est
marquée de blessures profondes. Dans Ies premières æuvres des
Salésiens et des Filles de Marie Auxiliatrice, des orphelins et des
personnes marquées à des titres divers par des injustices et des
traumatismes trouvent leur première vraie maison (cf. Charles
Braga, Laure Vicuna ...).
di
Ad'nriPenCnaetnuyo, n"LSepetryanccAettdii
Dio" [Les traces
del 2' Colloquio
de Dieu], in Aa. Vv., La missione ecclesiale
Internazionale del pensiero cristiano, fLa
Mission Ecclésiale d'Adrienne von Speyr. Actes du 2è'" Colloque International de Ia Pen-
s6e chrétiennel, Milan 1986, 32 cité in L. M. Zalnr, La santità dirnostrabile. Antropolo-
gia e prassi della canonizzazione lLa sainteté démontrable. Anthropologie et pratique de
la canonisationl, Dehoniane, Bologrre 2016, 204.

4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

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LE RECTELJR MAJEUR 33
II y a aussi des blessures strictement personnelles : Beltrami et
Czartoryski, par exemple, savaient tous deux qu'ils n'auraient
jamais pu mener une vie oratorienne [au patronage] normale, à
cause de la maladie. Artémtde Zatti s'est vu écarté du sacerdoce,
lui aussi à cause de la maladie. François Convertini avait des dons
intellectuels très modestes et ce n'est que sa sainteté rayonnante
qui a convaincu ses supérieurs de Ie laisser poursuiwe son chemin
vers le sacerdoce. Alexandrine Marie da Costa a été forcée de viwe
clouée au lit en raison d'une paralysie progressive. Nino Baglieri a
connu la même situation. Vera Grita, une mystique salésienne, a
connu un calvaire similaire à la suite d'un accident.
Ainsi, dans la maison de Don Bosco, une multiplicité d'in-
terlocuteurs, blessés de diverses manières par de douloureux évé-
nements familiaux ou personnels, trouvent place et sont ac-
cueillis volontiers ; des personnes qui, sur la base d'un simple cri-
tère de prudence humaine ou d'efficacité, n'auraient jamais
être acceptées ; des figures qui, à première vue superficielle, sem-
blent contrevenir à tous égards à Ia vivacité joyeuse et même " ro-
buste " de l'esprit salésien. Pourtant, à la lumière de la foi, il est
démontré, par les actes, qu'aucune condition personnelle ne
constitue un obstacle à la sainteté.
Chaque saint est une parole de Dieu incarnée
Il n'y a pas deux saints identiques. Imiter les saints, ce n'est
pas les copier. Chacun a besoin de son temps et a son propre che-
min, car " les parcours de la sainteté sont personnels ". La galaxie
de la sainteté est vaste et différenciée : elle ne doit donc pas être
noyée dans une orientation générique vers le bien, mais doit être
considérée comme une source inépuisable d'inspiration et de pla-
nification. Images vivantes de l'Evangile, les saints en interprè-
tent I'esprit le plus authentique et sont le miroir qui reflète le ü-
sage de Jésus-Christ, le Saint de Dieu. Ils répandent le don de Ia
bonté et de Ia beauté, ne cédant pas à la mode passagère et éphé-
mère du temps. Avec f impulsion d'un cæur toujours jeune, ils ren-
dent possible le miracle de l'amour. Avec la force de la Grâce, les

4.2 Page 32

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34 ACTES DU C2NSEIL GÉNÉBAL
saints changent le monde, mais aussi l'Église, rendue plus évan-
gélique et plus crédible par leur témoignage.
Le Saint-Esprit qui a inspiré les auteurs sacrés est le même qui
incite les saints à donner leur vie pour l'Évangile. Leur manière
différente d'" incarner " Ia sainteté constitue une voie sûre pour
entreprendre une herméneutique vivante et efficace de la Parole
de Dieu.
Chaque saint de notre Famille Salésienne nous dit que
la sainteté est possible
Chacun de nos saints, bienheureux, vénérables et serviteurs de
Dieu est porteur d'une richesse d'aspects qui méritent une plus
grande considération et une plus grande valorisation. Il s'agit de
contempler un diamant à plusieurs facettes, certaines plus visibles
et plus attractives, d'autres moins immédiates et moins « sympa-
thiques », mais non moins waies et décisives pour cela. Connaître
et faire connaître ces extraordinaires figures de croyants génère
une implication progressive dans leur même parcours, un intérêt
passionné pour leurs aventures, un partage joyeux des projets et
des espérances qui animaient leur marche.
Je vous donne quelques exemples.
--+ La sainteté des jeunes "chez nous"
Avec les témoignages de Dominique Savio, Laure Yicufla, Zé-
phyrin Namuncurâ, des cinq jeunes du patronage de Pozna6,
d'Albert Marvelli et d'autres, il y a 46 jeunes saints et bien-
heureux de Ia Famille Salésienne, âgés de moins de 29 ans.
Certains aspects du témoignage de saint Dominique Savio
.
méritent d'être particulièrement soulignés :
Le rappel à la réalité préventive non seulement comme un
aspect pédagogique et éducatif mais aussi comme un fait théo-
logique. Comme Don Bosco lui-même en témoigne, il existe
dans sa vie une grâce préventive qui agit et se manifeste.35
de
s Don
Dieu et
Bosco raconte :
je ne restai pas
" Je
peu
reconnus
stupéfait
en ce garçon une âme tout
en découvrant I'æuwe que
entière selon l'Esprit
la Grâce diüne avait

4.3 Page 33

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LE RECTEUR MAJEUR 35
. La valeur décisive représentée depuis la Première Commu-
. nion.36
Le fait qu'il constitue une sorte de leader et de maître dans les
voies de Dieu (comme Don Bosco le voit dans le rêve de Lanzo
en 1876), comme confirmé par la vie de tant de nos bienheu-
reux, vénérables et serviteurs de Dieu qui feront leurs les ré-
solutions de Dominique : Laure Vicufla, Zéphyrin Namuncurâ,
Joseph Kowalski, Albert Marvelli, Joseph Quadrio, Octave
.
Ortiz Arrieta.
Le rôle de Dominique dans la fondation de la Compagnie de
I'Immaculée, pépinière de Ia future Congrégation Salésienne,
en relation avec Jean Massaglia, véritable ami des choses de
I'âme, dont Don Bosco affirmait : n Si j'avais l'intention d'écri-
re les beaux actes de vertu du jeune Massaglia, je dewais en
bonne partie reprendre ce que j'ai dit sur Savio dont il resta,
tant qu'il vécut, le disciple fidèIe.""
--- La sainteté missionnaire du charisme salésien, exprimée
dans un nombre remarquable d'hommes et de femmes consa-
crés et laÏcs, qui mettent en lumière : I'annonce de l'Évangile,
l'inculturation de la foi, la promotion de la femme, la défense
des droits des pauvres et des indigènes, la fondation des
déjà accomplie en un garçon si jeune." (G. Bosco, Vita del giouanetto Sauio Domenico al-
lieuo dell'Oratorio d,i S. Francesco d,i Sales con appendice sulle grazie ottenute per sua in-
tercessione, Ed. 5, Torino, Tipografra e Libreria Salesiana 1878 in ISS, Fozri Salesiane,
1039). Cf. aussi Francis Drsnaumrr, Dominique Sauio par Don Bosco, Apostolat des Edi-
tions, Paris 1978, p. 50.
36 L'émerveillement, dans l'histoire de Dominique Saüo, est typiquement eucharis-
tique et trouve son moment de grâce Ie jour de la Première Communion, perçu comme une
graine
jour, il
qui, si elle
ne l'oublia
est cultivée,
jamais. On
est source de viejoyeuse et d'engagements
peut I'appeler le véritable début ou, mieux,
déterminés : " Ce
Ia suite naturelle
d'une vie qui peut servir de modèIe à tout bon chrétien. Des années après, quand on le
faisait parler de sa première communion, on voyait unejoie très vive éclairer son visage.
"Oh ! celuilà, disait-il souvent, ce fut pour moi le plus beaujour et un grandjour." Il écri-
vit quelques résolutions qu'il conservait jalousement dans un liwe de prières et relisait
souvent. [...] "1'Je me confesserai très souvent et je communierai toutes les fois que mon
confesseur me le permettra.2'Je veux sanctifrer les jours de fête. 3'Mes amis seront
Jésus et Marie. 4'La mort, mais pas de péchés." Ces résolutions, qu'il répétait souvent,
furent pour ainsi
giouanetto Saulo
dire Ia règle
Domenico...,
de
p.
ses actions
1032). Cf.
jusqu'à la fin
aussi Francis
de sa üe. "
DESRAMAUT,
(G.
op.
Bosco,
cit., p.
Vita del
32-33.
' Ibid.,1067. Cf. aussi Francis DESRAMAUT, op. cit., p. l3l.

4.4 Page 34

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36 ACTE9 DU coNsEtL âÉNÉBAL
Églises locales. Le fait impressionne profondément qu'une
grande partie de frères et sæurs de notre Famille Salésienne,
dont l'héroïcité des vertus et la sainteté sont en passe d'être
reconnues, sont des hommes et des femmes missionnaires
(bienheureuse Marie Romero Meneses, FMA ; bienheureuse
Marie Troncatti, FMA ;vénérable Vincent Cimatti).
-- La sainteté victimale oblative, qui exprime Ia racine pro-
fonde du " Da mihi animas, cætera tolle ". Le chef de file de
cette dimension est le vénérable Père André Beltrami (1870-
1897). Son témoignage est paradigmatique de tout un filon de
la sainteté salésienne qui, à partir de la triade André Beltrami,
Auguste Czartoryski et Louis Variara, se poursuit au fil du
temps avec d'autres grandes figures telles que Ia bienheureuse
Eusébie Palomino, la bienheureuse Alexandrine Marie da
Costa, la bienheureuse Laure Vicuna. Et il ne faut pas oublier
la troupe nombreuse des martyrs (parmi lesquels il faut men-
tionner les 95 martyrs de la guerre civile espagnole et, parmi
eux, de nombreux jeunes confrères en formation et de jeunes
prêtres).
--- La dimension de la " famille blessée ,, : des familles une
des figures parentales, au moins, est absente ; où la présence de
Ia mère et/ou du père devient, pour différentes raisons (phy-
siques, psychologiques, morales et spirituelles), pénalisante
pour les enfants. Don Bosco lui-même, qui avait connu la mort
prématurée de son père et l'éloignement d'avec sa famille en
raison de la volonté prudente de Maman Marguerite, souhaite
que l'æuvre salésienne soit particulièrement consacrée à la
.
"jeunesse pauvre et abandonnée ".
La bienheureuse Laure Vicuf,a, née au Chili en 1891, qui
n'a pas connu de père et dont la maman commence en Argen-
tine une cohabitation avec Ie riche propriétaire Manuel Mora.
Laure, blessée par cette situation d'irrégularité morale de sa
.
maman, offre sa vie pour elle.
Le serviteur de Dieu Charles Braga, né dans la Valteline
(Nord de l'Italie) en 1889. Il est abandonné tout petit par son

4.5 Page 35

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LE RECTEUR MAJEUR 37
père et sa maman est éloignée parce que considérée, par un
mélange d'ignorance et de médisance, psychiquement dé-
faillante. Charles subit de grandes humiliations et verra à plu-
sieurs reprises mise en doute l'authenticité de sa vocation
salésienne ; mais, au milieu de ce tourment, il saura mûrir une
grande force de réconciliation, donnant le témoignage d'une
profonde paternité et d'une grande bonté, surtout envers les
parents des confrères.
--- La dimension vocationnelle : dans le contexte du Bicente-
naire de la naissance de Don Bosco, ont eu lieu les béatifica-
tions de deux confrères martyrs, qui nous rappellent certains
.
aspects constitutifs de notre charisme.
La figure d'Etienne Sândor (1914-1953), béatifié en 2013 (la
cause avait commencé en 2006), nous rappelle la complémen-
tarité des deux formes de l'unique vocation consacrée salésien-
ne : Ia forme laïcale (celle du coadjuteur) et la forme presbyté-
rale (celle du prêtre). Le lumineux témoignage d'Étienne Sân-
dor, comme Salésien coadjuteur, exprime un choix vocationnel
clair et décidé, une exemplarité de vie, une autorité éducative
et une fécondité apostolique, vers qui regarder pour une pré-
sentation de la vocation et de la mission du Salésien coadju-
teur, avec une prédilection pour les jeunes apprentis et les
.
jeunes du monde du travail.
Titus Zelm,an (1915-1969), béatifié à Bratislava, le 30 sep-
tembre 2017 (sa Cause avait débuté en 2010). Lorsque le régi-
me communiste tchécoslovaque interdit les ordres religieux, en
awil 1950, et commença à déporter des hommes et des femmes
consacrés dans des camps de concentration, Zemanjugea né-
cessaire d'organiser des voyages clandestins vers Turin pour
permettre aux jeunes Salésiens d'achever leurs études. Il se
chargea de la réalisation de cette activité risquée et organisa
deux expéditions pour environ 20 jeunes Salésiens. Lors de la
troisième expédition, le Père Zeman fut arrêté avec les autres
fugitifs. Il subit un dur procès au cours duquel il fut qualifîé de
traître à la patrie, d'espion du Vatican, et condamné à la peine

4.6 Page 36

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38 AOIES DU CONSEIL GÉNÉRAL
de mort. Il vécut son calvaire avec un grand esprit de sacrifice
et d'offrande : . Même si je perdais Ia vie, je ne considérerais
pas qu'elle est perdue, sachant qu'au moins un de ceux que j'ai
aidés est devenu prêtre à ma place. "
--- La dimension de la « paternité et maternité salésien'
ne )> : après la grande paternité de Don Bosco, rappelons,
entre autres, sainte Marie Dominique Mazzarello, le bienheu-
reux Michel Rua, le bienheureux Philippe Rinaldi, le bienheu-
reux José Calasanz, la vénérable Maman Marguerite, le véné-
rable Vincent Cimatti, la vénérable Thérèse Valsè, le vénérable
Auguste Arribat, le serviteur de Dieu Charles Braga, le servi-
teur de Dieu André Majcen ...
--- La dimension épiscopale : dans le sillage bigarré de la sain-
teté fleurie à l'école de Don Bosco, on distingue également un
nombre significatif d'évêques qui ont incarné de manière parti
culière la charité pastorale typique du charisme salésien dans
leur ministère épiscopal : Louis Versiglia (1873-1930), martyr et
saint ; Louis Olivares (1873-1943), vénérable ; Etienne Ferran-
do (1895-1978), vénérable et fondateur ; Octave Ortiz Arrieta
( 1878- 1958), vénérable ; Auguste Hlond ( 188 1- 1948), vénérable,
cardinal ; Antoine de Almeida Lustosa (1886-1974), serviteur
de Dieu ; Oreste Marengo (1906-1998), serviteur de Dieu.
---, Ladimension de la « filiation charismatique ,. Il est éga-
lement très intéressant de noter que nous vénérons des saints
qui ont partagé avec Don Bosco certaines saisons de leur vie,
ont apprécié sa sainteté, sa fécondité apostolique et éducative,
puis ont suivi leur propre chemin, dans Ia liberté évangélique,
en devenant fondateurs, selon leurs perspicaces intuitions,
leur amour authentique pour les pauwes et la confiance illimi-
tée dans la Providence : saint Léonard Murialdo, saint Louis
Guanella, saint Louis Orione.
Cette réalité décrite est si belle qu'elle nous impose des res-
ponsabilités et nous encourage. Nous voyons clairement que nous
sommes les dépositaires d'un patrimoine précieux qui mérite

4.7 Page 37

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LE RECTEUR MAJEUR 39
d'être mieux connu et valorisé. Le risque est de réduire ce patri-
moine de sainteté à un simple événement liturgique à célébrer
sans mettre pleinement en valeur son potentiel spirituel, pastoral,
ecclésial, éducatif culturel, historique, social, missionnaire... Les
saints, bienheureux, vénérables et serviteurs de Dieu sont des pé-
pites précieuses arrachées à l'obscurité de la mine pour qu'elles
brillent et reflètent dans l'Église et dans la Famille Salésiônne la
splendeur de Ia vérité et de l'amour pour le Christ.
-- L'aspect pastoral de leur personne montre la fécondité que
possèdent ces personnages en tant qu'exemples réussis d'un
christianisme vécu dans des situations socioculturelles et poli
tiques particulières du monde, de l'Église et de la FamilJ Sa-
lésienne elle-même
--- L'aspect spirituel implique l'invitation à imiter leurs vertus
comme source d'inspiration et de planification pour notre mo-
de de vie et notre mission. Le soin pastoral et spirituel d'une
cause est une authentique forme de pédagogie de la sainteté à
laquelle nous devrions, en vertu de notre charisme, être parti-
culièrement sensibles et attentifs.
Je termine mon commentaire de l'Étrenne par cette informa-
tion riche et opportune, qui me vient de notre Postulation. Nul
doute qu'elle sera d'un grand intérêt pour notre Famille Salésien-
ne et plus particulièrement pour tous les Groupes de ce très bel
arbre de la salésianité qui voient certains de leurs membres impli-
qués dans l'un de ces processus. Comme l'aécrit Don Rua, Ia sain-
teté de nous tous, ses fils et filles, sera une preuve de la sainteté
vécue et laissée par Don Bosco lui-même, Père bien-aimé de toute
la Famille Salésienne répandue dans le monde entier.

4.8 Page 38

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40 ACTES DU CONSEIL GÉNÉRAL
Mes chers frères et sæurs, je peux affirmer avec certitude que
le plus grand besoin et Ia plus grande urgence que nous ayons
aujourd'hui dans notre monde salésien, ce n'est pas de faire plus
de choses, de planifîer et de redéfînir de nouvelles réalités, de
commencer de nouvelles présences... mais de montrer ce que nos
vies communiguent personnellement et collectivement, notre fa-
çon de viwe I'Evangile, qui se développe et s'étend dans Ie temps,
comme un prolongement du mode de vie de Jésus." En définitive,
c'est notre sainteté qui est en jeu I
Soyons saints, comme notre Père et Fondateur de notre belle
Famille Salésienne répandue aujourd'hui à travers le monde ! Le
Pape Jean-Paul II, aujourd'hui saint, nous a adressé un appel
enthousiaste qui, même s'il s'adressait à l'époque aux Salésiens,
est valable pour l'ensemble de la Famille Salésienne en général et
pour chacu., d" t"s Groupes. Écoutons-le à nouveau comme une
parole adressée à chacun de nous et à l'ensemble de notre Institu-
tion. Voici ce qu'il disait :
Vous voulez « reproposer avec courage, comme principale ré-
ponse aux défis du monde contemporain, de "tendre vers la sain-
teté".I1 s'agit en définitive moins d'entreprendre des actiütés et
des initiatives nouvelles, que de viwe et de témoigner de l'Évan-
gile sans compromis, afin d'encourager à la sainteté les jeunes que
vous rencontrez. Salésiens du troisième millénaire ! Soyez des
maîtres et des guides passionnés, des saints et des formateurs de
saints, comme le fut saint Jean Bosco. ""
Demandons à Marie, Mère et Auxiliatrice, de nous accorder la
lumière nécessaire pour voir clairement et parcourir personnel-
lement de tout notre cæur ce chemin de vie. Qu'elle soutienne
l'engagement de chacun et de toute notre Famille Salésienne sur
le chemin de la sainteté salésierune, pour le bien de ceux à qui nous
sommes envoyés et pour notre propre bien.
"' Cf. Vita Consecrata, 62.
s'gJoaN Peur II ,Messaggio
di
S.S.
Giouanni
Paolo
II
all'inizio d,el CG25
[Message
de
S.S. Jean Paul II au début du CG 251, in CG25,143.

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LE BECTEUR MAJEUR 41
Puisse-t-elle, elle qui est la Mère experte dans l'Esprit, opérer
en nous les merveilles de la Grâce comme elle l'a fait pour tous
nos saints.
Puisse l'Auxiliatrice nous accompagner et nous guider.
Je vous souhaite une année féconde et pleine de fruits de sain-
teté.
Avec ma cordiale affection,
dz$
Père Ângel FrnNriNonz Anurvrc, sdb
Recteur Majeur