commerce devenus le partage d'un
petit nombre d'hommes opulents et de
ploutocrates qui imposent ainsi un
joug presque servile à l'infinie multitu-
de des prolétaires. »
Le mot « prolétaire » paraissait
pour certains comme un scandale dans
la bouche du pape. Il n’y avait guère
que les communistes à parler de
« prolétaires ».
Au rythme des anniversaires
Depuis cette première Encycli-
que de Léon XIII sur la question socia-
le, Rome en a publié bien d’autres au
rythme des anniversaires. En 1931, Pie
XI
lance sa Lettre « Quadragesimo an-
no », « quarante ans » justement après
celle de Léon XIII pour la reprendre et
la mettre à jour.
Deux phrases clés vont toucher
cette fois le cœur des travailleurs qui,
entre temps ont vu leurs groupes de
réflexion chrétienne augmenter, et naî-
tre de nouveaux mouvements d’évangé-
lisation parmi les travailleurs. La JOC,
Jeunesse Ouvrière Chrétienne, voit le
jour en Belgique, avec l’abbé Cardijn,
futur Cardinal, en 1925.
L’une des phrases de Pie XI
sera reprises dans toutes les revues chré-
tiennes et journaux de l’époque : « La
matière inerte sort ennoblie de l’atelier,
tandis que les hommes s’y dégradent. »
L’autre est celle où il lance son
célèbre appel : « Les premiers apôtres,
les apôtres immédiats des ouvriers se-
ront des ouvriers… » Cette phrase est
de bien des manières une « première »,
la charte irréversible de la place des
laïcs dans l’évangélisation. Elle va pren-
dre toute sa dimension mondiale avec
Vatican II.
Désormais une autre étape est
prête pour l’Eglise. Après Léon XIII et
Pie XI, un troisième Pape prend le re-
lais, Pie XII. Devant le manque de res-
pect général des classes aisées face aux
travailleurs, et devant la multiplication
des massacres, Pie XII perçoit le geste à
faire. La fête du 1er mai ne peut plus être
désormais seulement une journée de
revendication, encore qu’il soit souhai-
table qu’elle le reste. Les chrétiens ont
déjà tellement marqué le mouvement et
les organisations ouvrières qu’il est possi-
ble maintenant de « baptiser » cette jour-
née. Le 1er mai 1955, Pie XII proclame ce
jour Fête de Saint Joseph, travailleur. Si
certains ont encore tendance parfois à
interpréter ce geste comme une
« récupération », l’idée que l’Eglise est
aussi pour la promotion des travailleurs,
pour la dignité des plus petits et des plus
pauvres, ne cesse de gagner du terrain
dans les mentalités. Bien des syndicalistes
de tout bord n’hésitent plus à aller s’ou-
vrir de leurs problèmes au pape ou aux
évêques. Des prêtres sont invités à dialo-
guer avec les organisations ouvrières. Des
laïcs chrétiens sont élus à des postes de
haute responsabilité dans les syndicats les
plus engagés. La Fête de St Joseph, tra-
vailleur, a contribué largement à permet-
tre à des chrétiens de s’engager dans ce
rude combat pour la Justice et les Droits
de l’homme auprès de leurs frères non
croyants. Elle a amené nombre de mili-
tants ouvriers à découvrir cette richesse
d’une Eglise que personne ne leur avait
jamais révélée. Par sa vocation profonde,
l’Eglise n’est pas d’abord au service des
puissants de ce monde. Elle est née pour
les plus petits.
Pie XII accueille les travailleurs
Comme pour bien marquer son
engagement, Pie XII, deux ans après ce
1er mai 1955, recevait lui-même des tra-
vailleurs du monde entier, chez lui, au
Vatican. C’était le Dimanche 25 août
1957, il accueillait sur l’immense place St
Pierre, 30 000 jeunes ouvriers venus de
tous les continents. Avec eux, il inaugu-
rait pour l’Eglise et la transformation des
sociétés, la 1re assemblée de la Jeunesse
Ouvrière Chrétienne Internationale. L’A-
frique s’y trouvait largement représentée.
La longue marche de l’Eglise
dans sa rencontre avec le monde du
travail s’est poursuivie avec tous les
Papes qui se sont succédés. La parole
de Dieu de cette eucharistie nous dit
dans la Lettre aux Colossiens : « Mettez
l’amour au-dessus de tout. » Vous êtes
des travailleurs, mettez votre amour pour
soutenir les droits de l’homme. Sous tou-
tes les latitudes, chrétiens, prêtres, évê-
ques sont debout pour défendre l’hom-
me. Parfois les gens disent devant un
chrétien qui agit pour ses frères : « Mais
nous le connaissons. Il est de notre
quartier » Ils sont en train de dire com-
me dans l’Evangile : « N’est-il pas le
fils du charpentier ? » L’Eglise doit être
présente au monde à travers chacun de
nous. A nous aujourd’hui de découvrir
l’importance de cette action là où nous
sommes. A nous de prier Joseph le tra-
vailleur pour que l’Esprit de Dieu nous
fasse imaginer de nouvelles pistes apos-
toliques nécessaires à l’évangélisation
des femmes et des hommes de notre
temps.
Jean Baptiste BERAUD
Rions un peu
En classe, un enfant n'écrit pas. La
maîtresse lui demande pourquoi. Il
répond: J'ai pas de crayon! Elle ex-
plique qu'on ne dit pas "J'ai pas" et
elle fait conjuguer à toute la classe:
JE n'ai pas de crayon, TU n'as pas
de crayon, IL n'a pas de crayon,
NOUS n'avons pas de crayons,
VOUS n'avez pas de crayons, ILS
n'ont pas de crayons. Un enfant se
lève alors et demande: Mais alors,
où sont passés tous les crayons??
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