POUR SERVIR A L’HISTOIRE DE L’ATE,
LES CARNETS DU PERE OCHABA
Le Père Joseph Ochaba, ( 1920 – 2009 ), salésien de la Province de France, était originaire de Slo-
vaquie. Il est venu comme missionnaire au Gabon, à Sindara, d’octobre 1976 à septembre 1978. Il est décé-
dé le 22 janvier 2009, dans sa 89ème année, après 68 ans de vie religieuse et 58 ans de prêtrise.
La Maison Provinciale de Paris nous a fait parvenir quelques pages de ses souvenirs. Une partie de
ce texte a été publiée dans notre précédente édition « atemedia » d’avril 2009. Nous en donnons ici la
deuxième et dernière partie. Les titres et intertitres sont de notre rédaction. JBB
…Je prends donc
dans la maison, ma part à l'ensei-
gnement et aux services réservés aux
prêtres. Je suis même allé avec notre
Père Directeur, le Père Caniou, me
présenter à l'évêque du lieu, Mgr de
Lamoureire, à Mouila. Il m'a donné
les pouvoirs pour les confessions et
les prédications.
Je participe aussi à tout
ce qu'exigent l'entretien et la marche
de la maison de ce Petit Séminaire.
Je m'y suis bien rôdé et mis au cou-
rant des habitudes de l'institution. Je
me sens à l'aise.
Dérapage sur la route
Les jours passent avec
leurs événements plus ou moins im-
portants. Ainsi nous avons la journée
des "Portes ouvertes" avec, pour la
conclure, dans la soirée, un méchoui.
C'est la première fois que j'assiste à
un rôti de mouton. L'animal préparé,
empalé sur une longue broche munie
d'une manivelle, est posé au-dessus
du feu. La broche, soutenue par deux
piquets en "Y" plantés en terre de
part et d'autre du foyer, est tournée
continuellement par le servant. On
humidifie de temps à autre le mou-
ton, en train de rôtir, avec une sauce
bien pimentée. Tous les participants
l'apprécient bien.
Un jour du mois de
février en 1977, le Père Directeur me
demande de conduire à Fougamou un
des élèves, pour y prendre le car et
rejoindre sa famille. Au retour, je
suis seul dans la voiture, une Land
Rover que je n'ai pas l’habitude de
conduire. Je me rappelle la recomman-
dation : « Sur une portion de route
"tôle -ondulée", il ne faut pas conduire
trop lentement ». Je roule donc à vive
allure. Dans un tournant assez pronon-
cé, je manque de heurter la paroi ro-
cheuse. Je panique et pour éviter le
rocher je donne un coup de volant trop
brusque, la voiture franchit le bord
opposé de la route et fait un saut dans
le ravin. En tombant, l’avant du véhi-
cule brusquement arrêté au fond du
ravin, fait capoter la voiture sur son
toit. Heureusement que je suis éjecté au
moment du choc, autrement j'aurais été
écrasé.
« Les sœurs à mon secours »
Éjecté, je me retrouve
adossé à un gros rocher et je constate
l'amas de tôle froissée devant moi. Je
me rends compte que la voiture est
inutilisable. Je cherche comment me
sortir de là. Je réussis à escalader le
bord du ravin et à atteindre la route.
Mais je suis désorienté, je ne vois pas
de quel côté peut se trouver Sindara.
Un groupe d'africains passe par-là. Je
leur demande la direction de Sindara,
mais ils continuent leur chemin sans
me répondre. En regardant la route
avec plus d'attention, je reconnais les
traces de ma voiture avant l'embardée.
Je peux ainsi déduire la bonne direc-
tion. Je me suis mis en route en mar-
chant sur la chaussée. En réfléchissant,
je me rappelle que c'est le jour et l'heu-
re où les sœurs de Fougamou doivent
passer par-là, venant du dispensaire de
Sindara pour rentrer chez elles. Me sentant
fatigué et mes pieds nus brûlés par le sable,
je m'assois sur une grosse pierre au bord de
la route. Je suis pieds nus parce qu'une de
mes sandales est restée sous la voiture et
donc irrécupérable, j'ai enlevé l'autre aussi.
J'attends ainsi le passage des sœurs, pour
les prier de me conduire à notre maison à
Sindara.
En voyant arriver leur voitu-
re, je me place au milieu de la route pour
les arrêter. Lorsque la voiture s’arrête, une
sœur en sort et commence à se lamenter.
Elle voit ma chemise déchirée et ensan-
glantée sur mon dos ; ce que je ne peux
voir moi-même. Ne sentant pas de douleur,
je ne sais même pas que je suis blessé. On
me prend en voiture, mais au lieu d'aller
vers Sindara on me conduit à Fougamou, à
l'hôpital. Cet hôpital n'a qu'un seul méde-
cin, un militaire français. En y arrivant on
m'apprend que le médecin est absent, en
réunion à Mouila. Que faire ? Les sœurs
infirmières sont dans l'embarras. A ce mo-
ment, quelqu'un vient annoncer que le doc-
teur est de retour. Pour une raison quel-
conque, il a dû quitter la réunion avant la
fin.
Radioscopie et hôpital
Sans tarder il vient donc voir
de quoi il s'agit. En voyant les blessures, il
fait une radioscopie et constate que plu-
sieurs de mes côtes sont brisées. Il ordonne
de m'hospitaliser et de me bander tout le
thorax par un pansement, de façon très
serrée. On avertit le Père directeur de notre
maison qui vient aussitôt me voir et juge
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