il n’y aura pas examen, alors laissez-nous tranquilles. film jusqu’à 22 heures. Une assistance faƟgante pour
Si nous échouons c’est notre affaire et si nous réus- nous autres. Le lendemain, le Directeur n’hésita pas
sissons c’est notre affaire, donnez-nous à manger et à les renvoyer chez eux avec la consigne de suivre
cela nous suffit ».
les informaƟons à la radio. Chose facile à dire, mais
Le dimanche, le directeur de l’internat difficile pour certains élèves pauvres qui ont juste le
n’accepta aucune autorisaƟon de sorƟe. Quelques minimum vital. C’est une dépense de plus pour cer-
élèves lui dirent alors : « Aujourd’hui c’est non, de- taines familles pauvres, sans compter les dépenses
main nous l’aurons toute la journée ». Le diman- occasionnées par le transport, le loyer, la nourri-
che soir, je me permis de donner un mot du soir ture…
d’encouragement. Tous m’acclamèrent en disant :
Bon gré mal gré, ils parƟrent tous ce jour-là.
«Tu es encore nouveau. Tu ne connais pas la grève au Le départ des élèves occasionnant le vol, le lende-
Burundi ». Après le mot du soir, ils vaquèrent à leurs main nous nous mîmes à déplacer les matelas pour
acƟvités ; parce que la programmaƟon prévue en ces les protéger. Les élèves ont été remplacés par les
heures était l’étude, les élèves inventèrent la leur : or- hirondelles dans les dortoirs. Une spécialité de nos
dre dans les affaires classiques, taillage des crayons, dortoirs est que nous avons des portes et fenêtres
couvrir les cahiers… A 22 heures, tous se rendirent au par lesquelles on peut passer même si elles sont fer-
dortoir. Nous éƟons déjà habitués au demi-sommeil, mées. C’est pourquoi les hirondelles ont vite trouvé
mais ce jour là, ils restèrent au lit jusqu’aux heures in- un endroit de repos. Outre les hirondelles, les taupes
diquées. Après la cloche, au lieu de se diriger vers les ont envahi notre domaine. Dès le début, nous som-
salles de classe, ils allèrent nombreux à la chapelle. mes collés à nos téléphones portables pour meƩre en
Sans uniforme, sans stylo, ils nous disaient : « Vous praƟque la décision du gouvernement. Mais jusqu’à
verrez vous-mêmes si c’est faux».
maintenant, aucune résoluƟon praƟque n’a été prise,
Le Directeur accompagné de quelques pro- et comme conséquence, on vaque à d’autres acƟvi-
fesseurs et de ses confrères se dirigea vers le lieu tés : promenade, informaƟque, sports, voyages…
du mot du maƟn. Les élèves chantèrent l’hymne na- Quant aux élèves des environs, il y a eu chez eux un
Ɵonal à pleine voix. Le Directeur s’adressa aux élèves, changement de statut. Plusieurs se perfecƟonnent
mais ces derniers connaissaient plus d’informaƟons en basket ball, d’autres en foot ball, volley ball, sans
sur la grève que quiconque. Toutes les portes étaient oublier le groupe des musiciens sans instruments qui
ouvertes pour la sorƟe. Quelques jeunes élèves me voit son jour. Ce groupe évolue au niveau de la com-
déléguèrent auprès du P Économe, pour lui dire posiƟon, du play back et de la chorégraphie.
qu’ils avaient mangé du riz le maƟn pour rien. Ici à Une dernière nouvelle de la grève, le drapeau de
Ngozi, quand il y a examen, les élèves prennent du l’école a perdu la moiƟé de son Ɵssu. Il m’est dif-
riz le maƟn. Ceci est une habitude. A 12 heures, tous ficile de dessiner le drapeau burundais si je ne re-
étaient là pour le déjeuner. Après, c’était la sorƟe. La garde que celui qui se trouve dans notre enceinte. Et
. plupart n’allaient pas loin. Ils étaient « staƟonnés » le alors, quand recommenceront les cours ? QuesƟon à
long de la grand’ route, qui un avocat à la main, un suivre. Merci et à la prochaine
autre une canne à sucré, un autre encore son télé-
phone portable, et beaucoup de bavardage. Ils regar-
Par P. Kakule ChrisƟan, sdb
daient les passants et les voitures… A 18 heures, ils
étaient au réfectoire pour le souper. Après, c’était le
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