Le mensuel de la Province Notre-Dame d’Afrique, ATE. B.P. 1607, Yaoundé, N° 72 – mai 2007 – 9ème Année
L’Eglise et la Question Sociale
Récemment, un prêtre du
clergé de Yaoundé prêche la ré-
collection mensuelle à une com-
munauté salésienne de cette
même ville. Au détour d’une
phrase, il dit en substance : « Il
nous faut nous préoccuper de la
question sociale. C’est important
pour l’évangélisation ! »
Si l’Eglise s’est toujours
préoccupée de la « question so-
ciale », il est clair qu’elle a in-
tensifié ses interventions et son
action depuis Vatican II. Il n’est
pas de jour qu’elle ne s’exprime
sur cette « forme de charité par-
ticulière » à laquelle elle se sent
de plus en plus appelée par les
nouveaux problèmes que lui po-
sent constamment les bouleverse-
ments actuels des sociétés. Voici
deux témoignages de cette actua-
lité. Dans les déclarations repro-
duites ci-dessous, les intertitres
sont de notre rédaction.
DANS LE QUTODIEN DU
SAINT-SIEGE
Le Cardinal Tarcisio Ber-
tone, sdb, Secrétaire d’Etat, in-
terviewé par Nicolas Diat et Jean
Sévillia dans l’hebdomadaire pa-
risien « Le Figaro Magazine » du
31 mars 2007, leur déclare :
« Dans mon ancien dio-
cèse de Gênes, j’ai le souvenir de
jeunes qui ont renoncé à de futu-
res carrières professionnelles très
brillantes, pour entrer au sémi-
naire avec l’idée d’aider l’Eglise
et le pape à changer le monde.
Ces jeunes sont des modèles
rayonnants. »
L’importance du social dans
l’œuvre de l’Eglise
« J’observe une fixation
de certains journalistes sur les
thèmes moraux, comme l’avor-
tement ou les unions homo-
sexuelles, qui sont bien sûr des
enjeux très importants, mais qui
ne résument absolument pas la
pensée et l’œuvre de l’Eglise.
Ainsi, force est de constater le
peu d’échos apporté par la
presse aux activités sociales et
caritatives de milliers d’organi-
sations catholiques dans le
monde. Pourquoi ce silence as-
sourdissant ? »
Dieu doit être au centre de la
vie sociale
« Si nous repensons au
discours du pape à Ratisbonne,
je ne comprends pas l’erreur des
médias qui n’ont jamais souligné
que les propos du Saint-Père ne
portaient pas spécifiquement sur
l’Islam, que le thème central de
son intervention était celui de
Dieu présent au centre de la vie
sociale, une société sans Dieu
étant destinée à l’autodestruc-
tion. »
Foi et société
« La foi n’est pas un fait
privé : elle touche l’ensemble
des composantes de la vie de la
cité. »
A PROPOS D’ELECTIONS
Nombre de pays à tra-
vers le monde vivent actuelle-
ment le temps des élections, soit
pour des présidentielles, soit
pour des législatives. Les Egli-
ses évitent habituellement de
prendre la position d’un des
partis politiques, et considèrent
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que leur mission les invite en
priorité à former les conscien-
ces sur les valeurs à soutenir
dans un choix de société, lais-
sant à chaque personne sa liber-
té d’option.
D’un continent à l’autre,
d’un pays à l’autre, les condi-
tions sont diverses. Il reste ce-
pendant qu’un certain nombre
d’orientations peuvent apporter
un fonds commun pour une ré-
flexion chrétienne sur tout enga-
gement social et politique.
« Le champ de la plus vaste
charité »
Fin mars 2007, un épis-
copat européen, désireux d’é-
clairer les chrétiens sur ces ges-
tes importants de leur citoyen-
neté, leur rappelait :
« Nous voulons, en termi-
nant, redire l’importance et
la noblesse de l’engagement
politique. Les disciples du
Christ ne sauraient le déserter ni
le décrier. Parce qu’ils se veu-
lent « au service de tous… les
chrétiens… apportent leur
contribution, sans accepter que
leur foi soit reléguée dans la
"sphère du privé". Cette foi a
une dimension humaine et so-
ciale… Le domaine de la politi-
que n’est-il pas, selon la célèbre
phrase du pape Pie XI, « le
champ de la plus vaste charité,
la charité politique » ?
Recueilli par
JB BERAUD,,
sdb