Le mensuel de la Province Notre-Dame d’Afrique, ATE. B.P. 1607, Yaoundé, N° 70 – mars 2007 – 9ème Année
L’Eglise et la Question Sociale
Ce samedi 28
janvier 2007, en la ca-
thédrale Notre Dame
des Victoires de Yaoun-
dé, environ 500 person-
nes, religieuses, reli-
gieux, prêtres se sont
retrouvées pour leur
Journée annuelle de la
Vie consacrée.
Le Père Armand
Fessi et Sœur Sylvia
Ricchi ont analysé diffé-
rents aspects de l’Ency-
clique de Benoît XVI,
« Dieu est amour »
Quelques mots
frappent ici ou là l’audi-
teur qui retient tel ou tel
aspect. « Eros » et
« agape ». « caritas et
assistance sociale »
Le Père Fessi
s’est particulièrement
penché sur les deux
mots qui désignent l’a-
mour, « Eros » et
« Agape », et que Be-
noît XVI a analysés
dans l’Encyclique.
L’eros a ten-
dance à « prendre ».
L’agape s’oriente vers
« donner ». L’eros ne
trouve sa raison d’être
que dans l’agape. On ne
peut prendre sans don-
ner. On ne peut donner
sans recevoir. Pour don-
ner le Christ, il faut le
recevoir. Si la prostituée
« prend », elle peut ré-
apprendre à donner lors-
que « justice et charité
savent construire des
structures plus justes. »
Sœur Sylvia
Ricchi propose trois
points de réflexion :
« On ne peut
parler d’amour sans par-
ler de conversion. Notre
amour est érotique s’il n’est pas celui de Dieu.
C’est nous qui agissons. Pas Lui. »
« Il n’y a pas d’idées nouvelles. La
porte est étroite. L’amour de Dieu est exi-
geant. »
« La « caritas » n’est jamais assistance
sociale. Elle est toujours présence de Dieu par-
mi les hommes. »
En finale, un temps est prévu pour des
questions.
J’en risque une :
« La deuxième partie de l’Encyclique
de Benoît XVI sur l’Amour, étudiée ce matin,
s’inscrit très fort dans l’Histoire de la Doctrine
Sociale de l’Eglise.
Benoît XVI a une citation des plus vigoureuses
pour appeler à plus de justice dans un monde où
les situations de détérioration s’accentuent. Il ne
fait qu’une citation. Il semble que personne n’ait
osé l’utiliser avant lui dans un texte de ce genre.
C’est un mot de St Augustin qui dénonce en
substance : « Un Etat qui ne se préoccupe pas
de la Justice est un état de vauriens ». Benoît
XVI sait le poids des mots. Le mot « vauriens »
signifie une condamnation sévère.
Pensez-vous que les personnes consa-
crées pourraient se sentir ensemble appelées à
éveiller davantage les consciences sur nombre
d’injustices dont elles sont très souvent les té-
moins ? » (Beaucoup manifestent leur approba-
tion à cette suggestion)
Le cri de Benoît XVI : « La doctrine sociale
de l’Eglise est devenue un repère fondamen-
tal. »
Tous savent que la Doctrine Sociale de
l’Eglise catholique n’est pas suffisamment
connue ni étudiée, ni appliquée.
Mais face à la citation de St Augustin,
apportée dans l’intervention, il peut déjà être
intéressant de revoir le texte exact de Benoît
XVI.
Au N° 28 de son Encyclique, il écrit :
« L’ordre juste de la société et de l’Etat est le
devoir essentiel du politique. Un Etat qui ne
serait pas dirigé selon la justice se réduirait à
une grande bande de vauriens, comme l’a dit un
jour saint Augustin : « Remota itaque justitia
quid sunt regna nisi magna latrocinia »
( La Cité de Dieu, IV, 4 : CCL 47,
102 : La Pléiade, Paris ( 2000 ),
p.138 )
Si les limites de cet article ne
nous permettent guère de nous étendre,
il vaut tout de même la peine de saisir
la volonté de Benoît XVI, en ce mo-
ment de notre histoire.
Exactement sept lignes avant
notre citation ci-dessus, il note :
« Dans la situation difficile où nous
nous trouvons aujourd’hui, à cause
aussi de la mondialisation de l’écono-
mie, la doctrine sociale de l’Eglise est
devenue un repère fondamen-
tal. » ( N° 27 )
Suit un assez long exposé où
sur trois pages revient treize fois le
mot « politique », dix-sept fois le mot
« Etat », vingt-deux fois le
mot « juste » ou « justice ». ( N° 28 à
30 )
La Famille salésienne, liée à
des femmes et à des hommes engagés
dans la « vie consacrée », est cons-
ciente de sa mission de transformation
du monde. Elle trouve là, des textes à
travailler et à approfondir.
Telle phrase de cette partie de
l’Encyclique pourra être perçue par
elle comme une invitation pressante :
« Le devoir immédiat d’agir pour un
ordre juste dans la société est… le pro-
pre des fidèles laÏcs. En tant que ci-
toyens de l’Etat, ils sont appelés à par-
ticiper personnellement à la vie publi-
que… Une des missions des fidèles est
donc de configurer de manière droite la
vie sociale… la charité doit animer
l’existence entière des fidèles laïcs et
donc aussi leur activité politique, vé-
cue comme « charité sociale » ( N°
29 )
Jean-Baptiste BERAUD, sdb
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