Bulletin d’information de la Province Salésienne Afrique Occidentale « Notre Dame de la Paix » (A.F.O.)
Benoît XVI : « Un cœur réconcilié avec Dieu permet
la vraie participation»11. Par conséquent, les oraisons
apologétiques jouent un rôle important dans la
célébration.
Par exemple, les prières apologétiques
« Munda cor meum », récitée avant la proclamation
de l'Évangile, ou « In spiritu humilitatis », qui précè-
de le lavement des mains après la présentation des
offrandes (pain et vin), permettent au prêtre qui les
prient de prendre conscience de la réalité de son
indignité et, en même temps, de la grandeur de sa
mission. « Le prêtre est plus que jamais serviteur et il
doit s'engager continuellement à être le signe qui,
en tant qu'instrument docile entre les mains du
Christ, renvoie à Lui »12. Le silence et les gestes de
piété et de recueillement du célébrant poussent les
fidèles qui participent à la célébration à se rendre
compte de la nécessité de se préparer, de se convertir,
étant donnée l'importance du moment liturgique au-
quel ils participent : avant la lecture de l'Évangile ou
juste avant le début de la prière eucharistique.
Pour leur part, les apologies « Per huius
aquae et vini » durant l'Offertoire ou « Quod ore
sumpsimus, Domine » durant la purification des
vases sacrés, s'insèrent parfaitement au sein du désir
d'être introduits et transformés dans et à cause de
l'actio divina. Nous devons constamment rappeler à
notre esprit et à notre cœur que la liturgie eucharis-
tique est actio Dei qui nous unit à Jésus à travers
son esprit13. Ces deux apologies orientent notre
existence vers l'incarnation et la résurrection et
constituent, en réalité, un élément qui favorise la
réalisation de ce souci de l'Église que les fidèles n'as-
sistent pas aux célébrations comme des spectateurs
muets, mais qu'ils y prennent une part active en rendant
grâce à Dieu et en apprenant à s'offrir avec le Christ14.
Il ne nous semble donc pas excessif d'affirmer
que les apologies jouent un rôle de premier plan
pour rappeler au ministre ordonné que « c'est le
même Prêtre, le Christ Jésus, dont en vérité le mi-
nistre tient le rôle. Si, en vérité, celui-ci est assimilé
au Souverain Prêtre, à cause de la consécration sa-
cerdotale qu'il a reçue, il jouit du pouvoir d'agir par la
puissance du Christ lui-même qu'il représente (virtute
ac persona ipsius Christi) »15.
Cela rappelle en même temps au prêtre
qu'étant ministre ordonné, il est « le lien sacramen-
tel qui relie l'action liturgique à ce qu'ont dit et fait
les Apôtres, et, par eux, à ce qu'a dit et fait le
Christ, source et fondement des sacrements »16. Les
oraisons dites en secret par le prêtre constituent
donc un moyen extraordinaire de s'unir les uns aux
autres, pour former une communauté qui est
« liturgie » et qui participe, totalement tour-
née versus Deum per Iesum Christum.
Une des apologies, conservée dans l'Ordo
Missae post-conciliaire rend parfaitement ce que
nous affirmons : « Domine Iesu Christe, Fili Dei vivi,
qui ex voluntate Patris cooperante Spiritu Sancto
per mortem tuam mundum vivificasti ». Ainsi, les
oraisons que le prêtre prie en secret, et celle-ci en
particulier, peuvent aider de manière efficace le
prêtre et les fidèles à avoir une pleine conscience
que la liturgie est l'œuvre de la Très Sainte Trinité.
« La prière et l'offrande de l'Église sont inséparables
de la prière et de l'offrande du Christ, son Chef »17.
Ainsi, les apologies se présentent depuis plus
de 1000 ans comme de simples formules purifiées
par l'histoire, pleines de contenu théologique, qui
permettent au prêtre qui les prie, et aux fidèles qui
participent au silence qui les accompagne, de se
rendre compte du mysterium fidei auquel ils partici-
pent, et de s'unir ainsi au Christ en le reconnaissant com-
me Dieu, frère et ami.
C'est pour cela que nous devons nous ré-
jouir, malgré le fait que la réforme liturgique post-
conciliaire ait réduit de manière drastique le nom-
bre et retouché de manière importante le texte de
ces oraisons, qu'elles continuent à être présentes
dans le plus récent Ordo Missae. Il est important
que les prêtres ne négligent pas ces prières durant la
célébration et qu'ils ne transforment pas ces prières
du prêtre en prières de toute l'assemblée en les li-
sant à haute voix, comme toutes les autres oraisons.
Les oraisons apologétiques se fondent sur et expri-
ment une théologie différente et complémentaire,
qui est une toile de fond pour les autres oraisons.
Cette théologie se manifeste dans le silence et le res-
pect, en fonction de la manière dont elles sont priées
par le prêtre et accompagnées par les autres fidèles.
[Traduit de l'italien par Marine Soreau] RO-
ME, dimanche 29 novembre 2009 (ZENIT.org)
—————————————————————-
1 - Jean Paul II, Message à l'Assemblée plénière de la
Congrégation pour le culte divin et la discipline des
sacrements, 21.09.2001.
2 - J. Ratzinger/Benoît XVI, Préface du premier volu-
me des Gesammelte Schriften.
3 - Cf. Benoît XVI, Homélie de la veillée pascale,
22.03.2008.
4 - Benoît XVI, Sacramentum Caritatis, n. 65.
5 - Cf. Jean Paul II, Message à l'Assemblée plénière de
la Congrégation pour le culte divin et la discipline
des sacrements, 21.09.2001.
6 - Benoît XVI, Homélie de la messe chrismale,
20.03.2008.
7 - Jean Paul II, Ecclesia de Eucharistia, n. 11.
8 - Jean Paul II, Lettre aux prêtres pour le jeudi saint 2004.
9 - Cf. Jean Paul II, Message à l'Assemblée plénière de
la Congrégation pour le culte divin et la discipline
des sacrements, 21.09.2001.
10 - Benoît XVI, Sacramentum caritatis, n. 55.
11 - Benoît XVI, Sacramentum caritatis, n. 55.
12 - Benoît XVI, Sacramentum caritatis, n. 23.
13 - Benoît XVI, Sacramentum caritatis, n. 37.
14 - Cf. Concile Vatican II, Sacrosanctum Concilium, n. 48.
15 - Pie XII, Mediator Dei, cit. in Catéchisme de l'Église
catholique, n. 1548.
16 - Catéchisme de l'Église catholique, n. 1120.
17 - Catéchisme de l'Église catholique, n. 1553.
@fo.net (afonet@donbosco.es)
- 12 -
Mars 2010 (43)