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KIGALI, RWANDA. Du pays des Mille Collines,
recevez mes Meilleurs Vœux pour une Bonne et
Heureuse Année 2008. Pour moi, une nouvelle
année n’est plus une nouveauté. En 1984, pour
mon premier Jour de l’An en Afrique, j’avais été
impressionné par le fait qu’il n’y avait pas de neige.
Il faut savoir qu’au Rwanda on est bien servi de
soleil. Rares sont les jours dans une année où on ne
le voit pas du tout. Dès mon arrivée en ce pays, je
tenais un journal quotidien du temps qu’il faisait.
Or, pendant toute une année, je n’ai compté que 5
jours où le soleil ne s’était pas montré du tout. Loin
de moi, la pensée que je pourrais vous rendre
jaloux.
Gatenga étant une École Professionnelle et de
Métiers, le temps des Fêtes n’est pas du tout chargé
comme dans une paroisse. Que de souvenirs de
toutes les années passées ici en paroisse ! À Noël,
Pâques et l’Assomption, je célébrais 3 Messes,
commençant à 7h 00 le matin pour terminer passé
13h 30. C’est qu’à la deuxième messe, on
accueillait les chrétiens d’autres confessions
religieuses, ou ceux qui s’étaient coupés des
sacrements, soit en ayant un enfant hors mariage,
soit en vivant ensemble sans être mariés. Ces
derniers, ayant eu les enfants qu’ils voulaient, se
présentaient à l’Église pour être réadmis aux
sacrements. Il arrivait que l’un des deux n’ait pas
encore été baptisé. On le (les) baptisait, le
confirmait, et ensuite on procédait au mariage lui-
même. J’ai déjà eu jusqu’à 14 couples se mariant
lors de ces célébrations. Imaginez le temps que ça
prend pour poser à chaque conjoint les questions
habituelles. Quand les mariages étaient terminés,
l’on procédait au baptême de leurs enfants, âgés de
15 ans ou moins. Cette messe durait environ deux
heures et demie.
À la troisième messe on baptisait les bébés des
couples en règle. Leur nombre pouvait varier entre
30 et 60 enfants. Je suppose que vous pensez que
cette série de messes aussi longue doit être
ennuyante. Bien au contraire ! Il y a tellement de
joie dans l’assemblée, et une si bonne participation,
que ces messes peuvent paraître plus courtes que
celles de 45 minutes dans nos paroisses du Québec.
En tout cas, moi je ne me sentais même pas fatigué
après ces cérémonies.
Maintenant que je suis à Gatenga, on me
demande d’aller célébrer une Messe en français à
Kicukiro la veille de Noël, et je célèbre une messe ici
le jour même. On n’administre pas de sacrements,
excepté le sacrement de pénitence.
Comme le mois de décembre était plutôt à la
relâche, les élèves étant en vacances depuis la fin
octobre, j’ai accepté une invitation de la part du Dr.
Professeur Eberhard Fischer, de l’Université Koblenz
en Allemagne, (peut-être le plus grand botaniste
de l’Europe), de l’accompagner du 17 au 22
décembre pour partir à la recherche d’orchidées au
Rwanda. Il vient régulièrement chaque année au
Rwanda. Il connaît toutes les plantes du Rwanda,
plus de 3000, à partir des arbres, ensuite des herbes,
des fougères, des lichens, des mousses, des
lycopodes et des hépatites, et quelles autres encore !
Il m’épate. Mais pour les orchidées, il recherche ma
compagnie (et moi encore plus la sienne !) pour lui
montrer des endroits favorables. Il en connaît
beaucoup lui aussi. Malgré toutes ses connaissances,
il reste un homme simple et très agréable.
Pour ne pas rallonger mon texte, je vous dirai
simplement que ces sorties nous ont permis d’ajouter
9 nouvelles espèces d’orchidées pour le Rwanda,
dont 4 nouvelles pour la science. L’une d’elles
m’intriguait depuis deux ans. Je voyais que ce devait
être une nouveauté pour le Rwanda, mais je ne
pouvais pas l’atteindre, puisqu’elle était logée sur un
tronc d’arbre à 6 ou 7 mètres au-dessus du sol. Grâce
aux bons services, à la fois d’une échelle que mon
ami de Belgique et moi avions construite dans
l’espoir de l’atteindre, mais qui s’est avérée trop
courte, et à un excellent grimpeur qui nous
accompagnait, nous avons pu la dénicher… une
nouveauté pour la science ! Le Professeur lui donnera
le nom de Margelliantha lebelii, parce que c’est moi
qui l’ai découverte.
Nos recherches progressent bien. En effet, quand
en 1991, mon ami de Belgique m’a introduit aux
orchidées, on connaissait 165 espèces au Rwanda.
Depuis lors, ce chiffre est passé à 240, dont la grande
partie, plus de 45 espèces, ont été découvertes par
mon ami et moi. D’autres chercheurs venus d’Europe
s’intéressent également aux orchidées maintenant et
font eux aussi des trouvailles.