La provinciale
Yaoundé
Juillet - août 2012
D. Patrick MPAMA
Ph. Rigobert
R
évérend Père Ma-
nolo et chers con-
frères salésiens !
La fête de la Province
qu’on appelait naguère la fête
du Provincial est une occasion
en or pour faire une autopsie de
la fonction du provincial, votre
ministère donc ; mais aussi faire
un petit parcours de votre vie
salésienne, dans une sorte de
marche en arrière. La fête pro-
vinciale, disais-je, peut aussi
être une occasion pour s’offrir
une vision panoramique de la
Province ATE.
D’abord votre minis-
tère, il nous est capital !
Comme chrétiens, religieux,
diacres ou comme prêtres. Le
code de droit canonique de
1983, fait de vous notre ordi-
naire ; et en ce qui concerne
notre vie salésienne ici en ATE,
conformément aux constitutions,
vous ne devrez céder votre
place qu’au recteur majeur.
Vous occupez donc, une fonc-
tion à la fois noble, exaltante,
alléchante pour certains, mais
combien difficile pour qui-
conque a le sens de la respon-
sabilité.
Mais que dire de votre
personne, Père Manolo ! Ten-
tant de parcourir votre vie salé-
sienne, avec les faibles données
que nous avons, il me vient à
l’esprit cette belle phrase de
Corneille dans sa belle pièce de
théâtre de 1637, je veux bien
parler du Cid. « … Je suis
jeune, je le sais, mais aux âmes
bien nées la valeur n’attend
point le nombre d’années. Mes
pareils à deux fois ne se font
pas connaitre. Et pour leurs
coups d’essais, veulent des
coups de maitre ! » Vous pour-
riez très humblement vous appliquer cette
parole, révérend Père Manolo.
Et pourquoi tout cela pour vous Père
Provincial ? Vous verrez bientôt pourquoi !
Dans les années 90, vous êtes bom-
bardé maitre des novices alors que vous
n’avez qu’une trentaine d’années, une mis-
sion que vous assumez avec force et douceur
en Espagne. Et lorsque le moment arrive
pour vous de venir travailler en Afrique, vous
prenez en main l’œuvre titanesque de Kara,
œuvre dont la conception et les ambitions
avaient fini par épuiser un bon Père salé-
sien ; dans cette localité, vous vous initiez au
Kabyé, cette langue, laquelle aux yeux de
certains européens ne ressemblerait qu’à un
ramassis d’incantations africaines qu’on ne
peut maîtriser… Et lorsque vous descendez à
Lomé, c’est en Ewé que vous vous faites
comprendre…
En 2003 vous devenez Provincial de
l’AFO, et là, révérend Père, au volant de
votre énigmatique voiture rouge vous par-
courez tous les pays de votre province : Sé-
négal, Mali, Guinée Conakry, Côte d’Ivoire,
Togo, Bénin, Burkina ; bravant le spectre
mortifère des coupeurs de routes et autres
intempéries propres à l’Afrique.
En décembre 2009, lorsque le Père
Chavez vous nomme Provincial de l’ATE,
l’opinion est émue ! Votre nomination pro-
voque admiration et étonnement.
Que dire enfin de la Province ATE,
cette Province dont vous assurez la prési-
dence des destinées. D’abord, vous convien-
drez avec moi que l’on ne peut pas aisément
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parler de l’ATE sans penser au livre des Actes
des Apôtres au chapitre 2, les versets 9 à 11.
L’écrivain sacré y mentionnait : « Parthes,
Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopota-
mie, de la Judée et de la Cappadoce, du
Pont et de l’Asie, de la Phrygie et de la Pam-
phylie, de l’Egypte et de la Lybie cyrénaïque,
ceux de Rome en résidence ici, tous, tant juifs
que prosélytes, Crétois et Arabes nous les
entendons annoncer dans nos langues les
merveilles de Dieu. »
Nous sommes en ATE, cher Père
Manolo, l’une des provinces les plus diversi-
fiées, les plus internationales et les plus inter-
continentales du monde salésien. Vous seul
savez, cher Père Provincial, comment faites-
vous pour concilier le catholicisme multisé-
culaire de l’Europe, au catholicisme débutant
de l’Afrique ainsi qu’au catholicisme minori-
taire vécu en contexte interreligieux de l’Asie
et au Catholicisme marqué par la théologie
de la libération de l’Amérique latine, pour
former finalement des communautés salé-
siennes en ATE qui témoignent du même et
unique Seigneur, Jésus-Christ ! Ce mélange
savamment dosé, j’en suis sûr, vous ne le
réussissez que parce que vous avez l’habi-
tude de naviguer en eau trouble depuis vos
jeunes années.
Au risque de trop m’étendre, cher
Père, recevez la reconnaissance de nous tous
ici présents pour le service d’animation de
notre chère et belle Province ATE, aujour-
d’hui en fête.
Je vous remercie !