POUR SERVIR A L’HISTOIRE DE L’ATE,
LES CARNETS DU PERE OCHABA
Le Père Joseph Ochaba, ( 1920 – 2009 ), salésien de la Province de France, était originaire de Slovaquie.
Il est venu comme missionnaire au Gabon, à Sindara, d’octobre 1976 à septembre 1978. Il est décédé le 22 janvier
2009, dans sa 89ème année, après 68 ans de vie religieuse et 58 ans de prêtrise. La Maison Provinciale de Paris
nous a fait parvenir quelques pages de ses souvenirs. Les titres et intertitres sont de notre rédaction.
Un soir de 1976, fin septem-
bre ou début octobre, je ne me souviens
plus, je prends mon envol vers ce pays
qui m’est inconnu. C’est mon premier
voyage en avion.
Avec joie j’observe de haut,
ce qui se passe en bas sur la terre
enveloppée déjà dans la nuit. On peut
voir, par-ci, par-là, des lumières, sou-
vent groupées de façon plus ou moins
étendue, indiquant ainsi les villes sur-
volées. Je peux deviner Marseille, son
port et ses grands bateaux parsemés de
points étincelants, comme des étoiles
du ciel regroupées en amas. Puis c'est
la méditerranée, comme un énorme
trou noir et enfin l'Afrique. Je recon-
nais les torchères de gisement de gaz
naturel, Hassi-R'Mel, au Sahara algé-
rie.
Tôt le matin, nous atterris-
sons à Libreville. En descendant de
l'avion j'aperçois la pancarte avec l'ins-
cription ‘Séminaire’ et une flèche indi-
quant la direction. Comme la maison
salésienne de cette ville porte le nom
‘Séminaire Saint-Jean’, je prends cette
direction. Arrivant à la porte ainsi si-
gnalée on me demande le nom de l'en-
treprise que je représente. À ce mo-
ment seulement, je réalise que l'on
signale aussi par le mot "séminaire"
une réunion ou un colloque. On me
montre alors l'entrée pour le voyageurs
dans le hall de l'aéroport. Et là, mes
confrères m'attendent.
Le lendemain matin, je conti-
nue le chemin pour Sindara en voiture
avec le Père Caniou. Nous faisons une
pause dans la Mission Catholique à
Lambaréné, ville bien connue à cause
du Dr Schweizer et de son hôpital. À la
Mission, j’ai la surprise de trouver un
des mes anciens élèves de Binson.
Vraiment le monde est petit ! La route
est en bon état, goudronnée de Libreville
presque jusqu'à Lambaréné. Mais plus
loin, c'est déjà ce qu'on appelle ici la
"tôle-ondulée", route en latérite et défor-
mée. Elle fait sautiller le véhicule si on
n'est pas habitué. Le soir nous sommes
arrivés à Sindara, au terme de notre
voyage, sans casse.
Au cœur de la brousse,
un petit séminaire
Les salésiens dirigent à Sindara
un Petit Séminaire, implanté dans la
brousse, au bord de la rivière l'Ngounier.
La maison est constituée surtout par des
anciens bâtiments, construits au début du
20e siècle, par le Frère Odilon, de la
Congrégation du St Esprit.
Le bâtiment central sert d'habi-
tation aux salésiens et aux volontaires qui
assurent l'enseignement et la conduite de
la maison. Il y a là des chambres indivi-
duelles pour le personnel, les cuisines
pour des repas à l'européenne, le réfectoi-
re, mais aussi des pièces servant au stoc-
kage des denrées alimentaires et abritant
les appareillages nécessaires pour la mar-
che de toute l'institution, tels que le géné-
rateur d'électricité et autres instruments
indispensables.
Un autre bâtiment abrite le dor-
toir des élèves et les salles de classes. La
cuisine à l'africaine et le réfectoire, à la
disposition des élèves et des personnels
de service, forment un bâtiment à part.
La chapelle, au service de tous,
construite plus tard, se trouve au centre
de toutes ces constructions.
Un bâtiment, construit tout
récemment par le P. Caniou, sert d'ate-
lier. Il contient différentes sortes d'outils
polyvalents pour les réparations de tout
matériel et spécialement des voitures de
la maison qui souffrent énormément sur
les pistes de la brousse.
Sur le terrain appartenant au Sé-
minaire existe encore, un peu à l'écart des
précédents bâtiments, une autre chapelle
construite à l'époque de la venue des pre-
miers missionnaires dans la région. Elle est
ouverte aux résidents du Séminaire et à tous
les chrétiens disséminés dans la brousse envi-
ronnante, pour les offices des dimanches et
des fêtes. Ce sont les prêtres de la commu-
nauté salésienne qui assurent les célébrations
avec un mot adapté sur l’Évangile, qu'un
élève choisi traduit en langue du peuple.
Où a-t-il appris mon nom ?
En face de cette deuxième chapelle
se trouve une école primaire pour tous les
enfants des familles vivant dans les environs.
Elle est sous la responsabilité et la direction
du diocèse. L'enseignement y est dispensé
par des maîtres laïcs, autochtones;
Les élèves du Séminaire sont
environ une vingtaine, tous hébergés par la
maison. L’enseignement est dispensé en fran-
çais et assuré par les salésiens africains et
français ou par des volontaires français. Les
programmes des classes sont les mêmes que
ceux d'un collège ou d'un lycée en France.
En arrivant dans cette institution, je
prends connaissance des lieux, et voilà que
tout d'un coup, en passant par un couloir,
j'entends une voix qui me crie "chapeau
Ochaba". Je me retourne pour savoir qui me
parle, mais il n'y a personne. Bizarre ! ! Je
reviens sur mes pas pour mieux voir. J'aper-
çois une cage et dedans un perroquet ; c'était
lui qui parlait. Un confrère farceur, avant
mon arrivée, lui avait appris cette expres-
sion, en guise de bienvenue. Merci, M Dutel,
pour cette agréable surprise.
(A suivre)
J.B.BERAUD
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