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Introduction |
1. Être passionnés pour Jésus-Christ et consacrés aux jeunes est le cœur de notre identité et l'énergie qui anime nos vies. Ces deux traits essentiels de la vocation salésienne n'ont pas seulement été le thème du 29ème Chapitre Général, mais l'âme profonde de ce que nous avons vécu dans le partage et la prière. C'est dans cette perspective que nous avons regardé le monde d'aujourd'hui, avec ses richesses qui nous fascinent et les nombreux défis éducatifs et pastoraux qui nous interpellent.
2. Nous nous sommes réunis au Valdocco, dans la maison de notre père et fondateur, où nous avons pu nous arrêter longtemps dans la prière et le recueillement. Les méditations que le Recteur Majeur émérite, le Père Pascual Chávez, nous a offertes au cours des premiers jours, consacrées à la spiritualité, nous ont aidés à approfondir notre regard sur notre identité charismatique. Même la visite au Colle Don Bosco, à Chieri et en d'autres lieux où Don Bosco a laissé la marque de sa présence, a nourri en nous la conscience de nos racines et la gratitude pour ce que nous avons reçu. En particulier, en ce 150ème anniversaire de la première Expédition Missionnaire, la visite à Gênes Sampierdarena et le souvenir du départ des premiers confrères pour l'Argentine, ont ravivé en nous la conscience que le charisme de Don Bosco est un don pour toute l'Église et pour toutes les cultures. C'est dans cet esprit qu'a retenti l'appel à développer ultérieurement notre présence missionnaire en Océanie. L'unité dans les racines et la pluralité dans les expressions sont la grande richesse de notre Congrégation que nous devons sauvegarder avec sagesse et promouvoir avec créativité.
3. La haute charge que le Saint-Père a confiée au Recteur Majeur émérite, le P. Ángel Fernández Artime, alors que son mandat était encore en cours, a avancé d'un an l’échéance habituelle de six ans du Chapitre. Malgré son absence, les perspectives de la « Lettre de Convocation » et du « Rapport sur l'état de la Congrégation » ont donné une orientation claire à notre travail. Nous désirons donc lui renouveler l'expression de notre profonde gratitude pour le service généreux d'animation et de gouvernement, ainsi que nos meilleurs vœux pour la nouvelle mission qu'il accomplit au Saint-Siège, au service de l'Église universelle.
4. Le Chapitre s'est déroulé à une époque marquée par de grandes références ecclésiales. Nous sommes en train de vivre, avant tout, le « Jubilé de l'Espérance », dont nous avons ressenti l'inspiration d'une manière particulière au cours de la semaine des élections et lors du pèlerinage final au tombeau de Pierre, avec le passage de la Porte Sainte. La récente célébration du Synode « Pour une Église Synodale : communion, participation et mission » a offert une précieuse orientation ecclésiologique et spirituelle à notre travail. Nous avons cherché, en fait, à pratiquer « la conversation dans l'Esprit » comme une forme de réalisation du discernement communautaire. La maladie du Saint-Père nous poussait chaque jour à prier pour lui, avec l'affection sincère et filiale que Don Bosco nous a appris à avoir pour le Pape.
5. Les événements mondiaux ont également tissé nos réflexions et nos prières. Les guerres qui continuent de dévaster de nombreux pays, le drame des migrants et des réfugiés, la persécution de tant de frères et sœurs dans la foi et de minorités ethniques et religieuses, les troubles et la violence qui empêchent une coexistence sereine et pacifique dans de nombreuses régions, les catastrophes naturelles nous sont parvenus non seulement à travers les médias, mais surtout grâce au témoignage direct de nombreux confrères qui vivent dans les zones les plus difficiles de la planète et travaillent au service des plus pauvres et des plus nécessiteux. Écouter leurs paroles a été une véritable leçon de vie.
6. Les jeunes, avant tout, ont été au centre de nos pensées. Face à la fraîcheur de leurs rêves, à la générosité avec laquelle ils savent s'engager, à la créativité avec laquelle ils envisagent l'avenir, nous continuons d'être émerveillés. Par leur enthousiasme, ils nous aident à ne pas céder au poids de l'habitude et à maintenir le dynamisme intérieur et la passion apostolique. En vivant tous les jours avec eux, nous apprenons aussi à connaître les difficultés qu'ils rencontrent, ainsi que les épreuves et les déceptions qu'ils éprouvent pour devenir des adultes responsables. Beaucoup d'entre eux portent en eux des blessures douloureuses, dont ils ne sont souvent pas responsables. Nous donnons notre vie pour eux tous les jours et notre plus grand désir est de les aider à découvrir combien Dieu les aime et combien il est proche de leur cœur.
7. Dans l'élaboration du thème du Chapitre, nous nous sommes surtout inspirés de deux références, qui sont très souvent revenues dans nos dialogues. Le mystère de l'Eucharistie, accueilli, reçu et célébré, nous a rappelé l'amour avec lequel le Seigneur a donné sa vie pour nous et son ardent désir de nous rassembler dans la communion. Chaque jour, nous puisons dans son sacrifice l'énergie de donner la vie et la force de ne pas céder au mal. Le mystère de sa présence dans les signes humbles et quotidiens du pain et du vin nous a rappelé que notre présence parmi les jeunes doit être le signe et l’instrument de Sa propre présence. En nous arrêtant au tabernacle où saint Dominique Savio a vécu son extase, nous avons réfléchi à la place centrale de l'Eucharistie et des sacrements dans notre pédagogie, et à notre véritable source de sainteté. C'est pourquoi, à plusieurs reprises, nous avons rappelé la nécessité de les célébrer avec amour et de prolonger leur grâce et leur don dans la vie.
8. Avec le thème eucharistique, l'invocation de l'Esprit Saint a caractérisé, avec une intensité particulière, notre expérience capitulaire. Converser « dans l'Esprit » nous a rappelé qu'il est le grand protagoniste du discernement et que ce n'est qu'avec sa lumière que nous pouvons reconnaître les signes que Dieu nous donne pour manifester sa volonté. Au cours de la semaine des élections, en particulier, nous avons fait l'expérience de ses conseils et nous nous sommes réjouis du don du onzième Successeur de Don Bosco, en la personne du P. Fabio Attard, et de son Conseil. L'Esprit, dispensateur des charismes et constructeur de sainteté, est le feu qui brûle dans nos cœurs : la passion pour le Christ et le dévouement envers les jeunes dépendent de Lui.
9. Le Document que nous avons rédigé contient le fruit de notre travail. Les deux premiers Noyaux développent respectivement les thèmes « Animation et soin de la vie réelle de chaque Salésien » et « Ensemble Salésiens, Famille Salésienne et laïcs "avec" et "pour" les jeunes ». Ils sont structurés selon les trois étapes qui nous sont familières : l'écoute, où est rapportée une description de la réalité, l'interprétation, où l’on s'efforce d'approfondir les raisons et d'offrir des critères pour éclairer leur compréhension, et des choix proposés aux confrères, aux communautés, aux Provinces et au Recteur Majeur avec son Conseil. La section des choix offre un large éventail d'indications, que nous n'avons délibérément pas voulu restreindre. En fait, il incombe à chaque Province et à chaque Région d'identifier les priorités les plus urgentes et les mesures concrètes les plus appropriées à leur propre contexte. C'est aussi une façon de sauvegarder à la fois l'unité du chemin et la spécificité des parcours.
Le troisième Noyau contient les Résolutions approuvées par le Chapitre. Certains modifient des articles des Constitutions ou des Règlements, d'autres demandent au Recteur Majeur et à son Conseil de prêter attention aux questions d'une importance particulière. Ces résolutions sont le résultat d'une réflexion large et articulée, qui a également concerné des questions restées en suspens depuis le 28ème Chapitre Général en raison de sa clôture anticipée.
10. Marie Auxiliatrice a été une présence maternelle au cours du Chapitre, discrète mais constante. Elle nous a accueillis dans la Basilique qui lui est dédiée, au cours des célébrations les plus solennelles et dans le silence de la prière personnelle. Nous nous sommes arrêtés plusieurs fois à l'autel de Don Bosco, dans un dialogue filial avec lui. Nous l'avons remercié pour sa présence dans nos vies, nous lui avons confié nos peines et nos préoccupations pastorales, nous lui avons parlé à maintes reprises de nos jeunes, de leurs rêves et de leurs espérances. C'est à Marie et à Don Bosco que nous confions les fruits du Chapitre Général, afin qu'ils deviennent notre carte routière pour l'avenir des communautés et des Provinces et un don pour notre service des jeunes.
Que le Seigneur nous donne la force d'être cohérents avec ce que nous avons exprimé ici et de garder vivante en nous la flamme de la charité apostolique.
Les Confrères du 29ème Chapitre Général
NOYAU 1
ANIMATION ET SOIN DE LA VIE RÉELLE
DE CHAQUE SALÉSIEN
centralitÉ du Christ et soin de la vocation salÉsienne
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1 Écoute |
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11. Nous reconnaissons que notre consécration salésienne est profondément enracinée en Jésus-Christ. C'est avec gratitude que de nombreux confrères, avec une fidélité joyeuse, entretiennent une relation personnelle et passionnée avec le Seigneur, en le suivant généreusement sur le chemin tracé par Don Bosco. Malgré ces signes d'espérance, il semble clair que la société contemporaine, marquée par le vertige de l'accélération, l'impératif de l'efficacité, l'individualisme, la séduction du consumérisme, tend à reléguer aux marges la dimension transcendante de l'existence, ce qui finit par avoir un impact même sur la vie des personnes consacrées. Nous vivons à une époque marquée par des guerres, des incertitudes économiques et de profonds changements culturels, et des crises environnementales, mais nous voulons servir ce monde avec une écoute humble et un regard cordial, en reconnaissant les nombreuses valeurs qui parlent de la présence de Dieu dans l'histoire.
12. Le Recteur Majeur émérite, dans le Rapport qu'il a préparé pour le Chapitre Général, a souligné « une certaine faiblesse ou fragilité dans la manière de vivre la vie spirituelle et la relation avec Dieu. Il s’agit d’un facteur très présent dans toute vie consacrée, mais aussi dans la nôtre, en tant que Salésiens, et qui affecte notre propre identité charismatique. » (A. F. Artime, Rapport du Recteur Majeur au 29ème Chapitre Général, p. 10). Il s’agit d’une maladie subtile, présente dans tout le corps de la vie consacrée et qui, même chez nous Salésiens, s’insinue comme la rouille qui ronge notre fidélité. En certains endroits, on observe une dérive vers une vie bourgeoise et conformiste qui révèle un manque de la radicalité évangélique qui devrait être notre sceau distinctif. La gestion de nos structures constitue parfois un lourd fardeau qui risque d'absorber trop d'énergies. Malgré ces difficultés, il y a des signes positifs. Dans certaines Régions et Provinces, on enregistre une vitalité vocationnelle significative accompagnée de manières créatives d'inculturation du charisme, qui sont particulièrement significatives en ce 150ème anniversaire de la première Expédition Missionnaire salésienne.
13. L'Eucharistie, sommet et source de la vie chrétienne, constitue « l'acte central et quotidien de chaque communauté salésienne » (C 88). Cependant, le discernement capitulaire nous a conduits à reconnaître des lumières et des ombres dans la vie liturgique des communautés salésiennes. Alors que dans certaines maisons, la célébration eucharistique est vécue avec ferveur et devient génératrice de communion et de mission, dans d'autres, on note un fait d’habitude et du formalisme.
L'écoute de la Parole de Dieu et la pratique de la méditation quotidienne sont les fondements de notre spiritualité, mais en plus d'un contexte, elles sont sacrifiées pour des activités considérées comme plus urgentes. L'activisme, défi permanent de la vie salésienne, continue de menacer l'équilibre entre la prière et le travail, révélant non seulement un problème d'organisation du temps, mais aussi une question plus profonde de l'interprétation du charisme et de la vie de foi.
La « grâce d'unité », ce fil invisible qui doit tisser notre mission apostolique, la vie communautaire et la pratique des conseils évangéliques, risque de s'effilocher, de perdre de sa splendeur et de sa force, à cause d'une vie spirituelle assombrie et fatiguée.
14. « Da mihi animas, cætera tolle » – la devise qui a inspiré Don Bosco – continue de défier notre identité charismatique. Le Recteur Majeur émérite a exprimé sa surprise de constater que « certains confrères m'aient présenté des doutes sur notre identité charismatique, ou notre identité salésienne en tant que personnes consacrées ; ou sur ce qui devrait être essentiel et radical dans notre vie salésienne. » (A. F. Artime, Rapport du Recteur Majeur au 29ème Chapitre Général, p. 10)
Le départ de confrères déjà prêtres ou candidats à la prêtrise qui demandent de passer au clergé diocésain, comme aussi les difficultés à comprendre, promouvoir et accompagner la vocation du Salésien coadjuteur constituent des signes préoccupants d'une crise identitaire plus profonde. Parfois, il s'agit de la compréhension du charisme, d'autres fois du processus formatif d'assimilation. Dans un contexte culturel où Dieu est perçu par beaucoup comme le grand Absent et où la désorientation règne, notre témoignage apparaît souvent timide et manquant de caractère. Certains confrères peinent à se reconnaître pleinement dans le charisme salésien, faisant l'expérience de la consécration comme une appartenance formelle plutôt que comme une identité substantielle. Cette fragilité identitaire se manifeste également dans la faible capacité à transmettre aux jeunes la beauté de la vocation salésienne. Les fréquents abandons indiquent que le processus de formation ne parvient pas à toucher le cœur en profondeur et à consolider suffisamment l'identité charismatique, laissant les confrères vulnérables face aux défis et aux séductions du contexte contemporain. Ce qui est particulièrement préoccupant est la tendance de certains Salésiens à rechercher la reconnaissance et la gratification, en nourrissant des attitudes qui contredisent la radicalité évangélique de notre consécration.
La figure du Salésien coadjuteur, expression originale du charisme de Don Bosco, traverse un moment de difficulté particulière dans de nombreuses régions. Malgré les efforts et les déclarations officielles, une mentalité cléricaliste persiste dans de nombreux milieux qui ne parvient pas à faire ressortir le caractère propre de la vocation de coadjuteur. La diminution drastique des vocations de Salésiens coadjuteurs dans certaines Provinces représente une perte sérieuse pour la richesse et la complétude du charisme.
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2 Interprétation |
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15. Parallèlement à des éléments encourageants de fidélité et de dévouement, l'écoute de la vie de nos communautés nous a permis de reconnaître des luttes et des incertitudes que nous semblons pouvoir ramener autour d'un noyau central : la difficulté d'une existence véritablement unifiée, dans laquelle prière et travail, service des jeunes et profondeur spirituelle, mission et contemplation ne se juxtaposent pas, mais se nourrissent mutuellement. Si la grâce de l'unité constitue le don vital que nous avons reçu dans le charisme salésien, la dispersion interne se présente comme la grande tentation contre laquelle nous devons nous garder, comme individus et comme communauté.
Il n'est pas difficile de reconnaître que, pour de nombreuses raisons, cette tentation est plus insidieuse aujourd'hui que par le passé. L'influence omniprésente de la technologie numérique, tout en offrant des possibilités de communication et d'éducation, présente un risque sérieux d'individualisme, de superficialité et d'isolement au sein des communautés. L'accélération des rythmes de vie, la complexité croissante de la réalité, la volonté d'activisme et l'individualisme affectent fortement nos vies. Ils alimentent la fragmentation intérieure et menacent la capacité de faire silence, d'aller en profondeur et de vivre une expérience authentique de Dieu. À ces raisons externes, cependant, il y a d'autres facteurs, plus liés à la bonne marche de nos œuvres et à notre organisation de la vie communautaire, tels que la disproportion entre les fronts pastoraux et le nombre de confrères, l'excès de tâches confiées à la même personne, la négligence dans le soin de la prière communautaire, le peu d'engagement pour la réflexion et l'étude.
16. Cependant, nous ne voulons pas abandonner ni chercher de justifications. Au contraire, nous sommes convaincus que, même dans le monde trépidant d'aujourd'hui et au milieu de tant de situations difficiles dans lesquelles de nombreux confrères vivent leur mission, Dieu vient à notre rencontre, nous parle et nous offre la possibilité d'unifier nos vies dans le Christ. C'est ce que nous vivons chaque jour dans la prière et l'écoute de la Parole, qui culminent dans la célébration de l'Eucharistie. Il y a donc une réponse très claire à notre fragmentation : entrer dans la grâce que l'Eucharistie nous offre chaque jour. Lorsque nous nous approchons de l'autel, nous entendons intérieurement les paroles que Jésus a dites lors de la dernière Cène : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! » (Lc 22, 15). Comme l'a écrit le Pape François, à travers ces paroles, « nous est donnée la surprenante possibilité de percevoir la profondeur de l'amour des Personnes de la Sainte Trinité pour nous. » (François, Desiderio desideravi, 2)
Dans l'Eucharistie, nous faisons l'expérience que la prière, la fraternité et la mission naissent ensemble et proviennent d'un don qui nous précède et que nous ne méritons pas. La seule réponse que ce don nous demande est de nous abandonner à l'amour, en renonçant à la prétention de nous mettre au centre de nos projets et de nos œuvres. C'est, comme nous le rappelle le Pape François, « l'ascèse la plus exigeante » (Ibid. 6), mais c'est sans aucun doute le secret profond d'une vie consacrée authentique.
Notre activisme prétend parfois entraîner le Seigneur derrière nous, mais dans une direction qui n'est pas toujours celle où souffle l'Esprit. Cela arrive, par exemple, lorsque nous nous identifions davantage à notre rôle qu'à notre vocation. L'Eucharistie, en revanche, nous fait faire le passage pascal d'une vie qui s’essouffle à courir après ses propres idées à une vie qui suit le souffle de l'Esprit avec une confiance sereine. Comme l’affirme l'article 88 des Constitutions, « la présence de l’Eucharistie dans nos maisons est pour nous, fils de Don Bosco, motif de rencontres fréquentes avec le Christ. » L’adoration eucharistique vécue en communauté et la pratique de la « visite au Saint Sacrement » recommandée par Don Bosco alimentent l’union avec Dieu et ravivent l’amitié avec le Seigneur.
17. Nous reconnaissons donc qu'à la racine de la dispersion et de la fragmentation intérieures, il y a non seulement l'ampleur du travail que nous avons [à faire], mais aussi – et peut-être surtout – la tendance à le vivre de manière désordonnée, en nous appuyant davantage sur nous-mêmes que sur le Seigneur. Don Bosco, en effet, avait une activité impressionnante, qui se déroulait sur plusieurs fronts à la fois, et demandait beaucoup d'engagement ; mais ceux qui le rencontraient avaient l'impression d'être en face d'un homme profondément pacifié, qui rayonnait de la présence de Dieu. Pour le suivre sur ce chemin de sainteté, nous percevons donc la nécessité d'approfondir son expérience spirituelle. Nous ne pouvons pas nous contenter de connaître son histoire et ses activités, mais nous avons besoin de redécouvrir le secret de son union continue avec Dieu, le chemin spirituel qui l'a conduit à vivre la grâce d'unité. Nous avons besoin d'atteindre, presque de toucher, le feu intérieur du Da mihi animas, où la prière et le travail s'unissent dans la participation à la charité pastorale du Ressuscité. C'est cela, être passionné pour le Seigneur !
Le précieux enseignement spirituel de saint François de Sales, dont nous avons récemment célébré le quatrième centenaire de la mort, nous y aidera. En effet, il a enseigné que la sainteté s'atteint dans les circonstances concrètes de la vie quotidienne et, en proposant une authentique mystique de l'action apostolique, il a jeté les bases d'une solide spiritualité du don de soi. Les paroles par lesquelles le Saint-Père rappelle sa doctrine spirituelle dans l'Encyclique Dilexit nos nous encouragent à redécouvrir ses enseignements pour vivre la centralité de Jésus-Christ et prendre soin de notre vocation.
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3 Choix |
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18. À la lumière de l'écoute et de l'interprétation, nous choisissons de
Renouveler de maniÈre dÉcisive la centralitÉ de JÉsus-Christ, en redÉcouvrant la grÂce d’unitÉ et en fuyant la superficialitÉ spirituelle.
Ce choix implique des engagements concrets pour les confrères, les communautés, les Provinces et le Gouvernement Central de la Congrégation, dont nous donnons des exemples ci-dessous.
Le Salésien
a. élaborera son projet personnel de vie et le mettra à jour annuellement ;
b.veillera à la prière personnelle et communautaire, avec une attention particulière à la lectio divina, à la centralité de l'Eucharistie et à la dévotion mariale ;
c. cultivera l'accompagnement spirituel comme élément essentiel de croissance, dans un entretien sérieux et systématique ;
développera une lecture critique, prophétique et constante du contexte socioculturel dans lequel il œuvre, afin de vivre un témoignage évangélique significatif, en saisissant les signes des temps.
La communauté
célébrera l'Eucharistie comme un authentique « acte central » de la vie communautaire, proposera des temps d’adoration eucharistique et garantira des temps et des espace adéquats pour la prière personnelle et communautaire ;
valorisera la méditation quotidienne, en l'adaptant aux rythmes apostoliques sans jamais la sacrifier, et en prévoyant des moments de partage de la Parole de Dieu et de lectio divina ;
renouvellera la tradition de la mémoire mensuelle de Marie Auxiliatrice comme occasion d'intensifier et de diffuser la dévotion mariale ;
favorisera une connaissance approfondie de Don Bosco et de saint François de Sales, en valorisant leur spiritualité ;
témoignera, par des choix concrets, de la pauvreté évangélique et de la solidarité avec les pauvres ;
valorisera avec conviction la vocation du Salésien Coadjuteur comme expression originale et précieuse du charisme salésien ;
La Province
promouvra l'approfondissement de l'identité charismatique à travers des initiatives appropriées et le développement de cours de formation qui aideront les confrères à vivre la « grâce d'unité » dans le contexte actuel ;
valorisera les centres d'études, à l'UPS et dans les IUS, pour la recherche théologique et spirituelle sur l'expérience de Don Bosco ;
veillera à ce qu'il y ait au moins un Salésien avec une Licence en spiritualité salésienne, pour l'animation des confrères et des Communautés Éducatives et Pastorales ;
investira des ressources significatives dans la promotion et la formation du Salésien coadjuteur ;
promouvra des manières créatives d'inculturation du charisme dans différents contextes culturels ;
veillera à la qualité et à l'animation de la retraite spirituelle annuelle, afin qu'elle soit vraiment un temps de récupération et de renouveau spirituels.
FraternitÉ et attention aux pauvres
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4 Écoute |
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19. Les cours [de récréation] du Valdocco, au cours des semaines capitulaires, ont montré comment la variété des visages, des couleurs, des langues et des traditions est la photographie la plus évidente d'une Congrégation à visage mondial. En quelques jours, le désir de communion et de fraternité a donné forme au « vivre et travailler ensemble », au désir de se connaître, de se rencontrer et de s'écouter en profondeur. Nous pouvons dire que cette dimension de la fraternité est dans l'ADN de notre vocation, et de nombreux confrères sont exemplaires en vivant et en témoignant de l'esprit de famille typique de notre spiritualité.
20. Nos communautés sont habitées par de nombreux Salésiens généreux et courageux, vivant la fraternité ; certaines communautés s'ouvrent à de nouvelles formes de vie avec les jeunes, manifestant le désir de partage et de service, et témoignant de la joie d'être ensemble. Nous constatons que de telles communautés ont un style plus vivant, prophétique et attrayant, et permettent un partage entre Salésiens et laïcs dans la spiritualité et la mission. L'interculturalité présente dans beaucoup de nos maisons est perçue comme un don précieux et délicat pour lequel une préparation et une attitude constante de conversion et d'accueil sont nécessaires.
À ce chant d’action de grâce viennent s’ajouter des notes discordantes de l’identité salésienne de nos communautés : le manque de communion et de correction fraternelle, la routine, l'isolement de certains dans des espaces privés, la rigidité face au changement, la négligence dans les relations et le manque de partage, une certaine immaturité affective, le manque d'attention aux situations des confrères fatigués et souffrants, l'inconfort dans la transformation des structures, le manque d'attention portée à la cohérence quantitative et qualitative ; l'exclusion ou l'auto-exclusion de certains confrères, en raison de leur âge et de leur santé, du travail avec les jeunes, l'impact du monde numérique sur la vie communautaire.
Certains confrères portent en eux de profondes « blessures » dans leur histoire de vie, non affrontées et non résolues, qui causent des souffrances à l'individu et à la communauté. Pour eux, l'accompagnement générique ne s'improvise pas et on se retrouve souvent pris au dépourvu face à de telles situations.
La consistance qualitative et quantitative de nos communautés est un élément essentiel pour une vie religieuse régulière, et la gestion sérieuse et opportune des cas d'irrégularités rend l'atmosphère de la maison sereine et ordonnée.
21. Dans ce contexte d'ombres et de lumières, apparaît évident le rôle clé du Directeur en tant que père de la communauté au centre de laquelle il se situe comme « frère parmi des frères qui reconnaissent sa responsabilité et son autorité » (C 55). Le Directeur joue un rôle fondamental en promouvant la fraternité et en assurant la fidélité charismatique. On constate que les conditions dans lesquelles se trouvent vivre et travailler de nombreux confrères appelés au service de l'autorité ne sont pas favorables, car ils sont souvent surchargés d'engagements et de responsabilités à l'intérieur et à l'extérieur de l'Œuvre, et ne sont pas toujours suffisamment préparés à leur service. Dans certaines Provinces, la difficulté de choisir et de former des confrères pour ce service est évidente. D'autre part, les outils et les organes ordinaires de participation tels que le « Animation e gouvernance de la communauté. Le service du Directeur Salésien », le Conseil de la maison, le Conseil de la Communauté Éducative et Pastorale, l'Assemblée de la communauté et d'autres organes d'animation ne sont pas toujours suffisamment valorisés et préparés.
22. Notre fraternité nous ouvre à la mission et nous conduit au service des jeunes. Dans son Rapport au Chapitre Général 29ème, le Recteur Majeur émérite écrit : « Malgré la complexité du monde d'aujourd'hui en termes de pauvreté qui ne montre aucun signe de diminution, l'option pour les jeunes, et parmi eux les plus pauvres, prend la forme d'une grande variété de services, de projets et même d'œuvres, autant d'expressions de notre identité charismatique au nom de Don Bosco » (A.F. Artime, Rapport du Recteur Majeur au Chapitre Général 29ème, p. 19)
Nous reconnaissons que le travail avec les pauvres renouvelle la communauté, nous rapproche de Dieu et renforce la vie fraternelle. Dans le Rapport du Recteur Majeur au Chapitre Général 29ème, on peut lire : « Il est vrai qu'il y a beaucoup de confrères avec une grande sensibilité. Mais nous ne sommes pas tous comme ça. (…) Nous nous occupons des pauvres, mais nous ne sommes pas "avec les pauvres", ni "nous ne sommes pauvres", et avec peu de capacité de témoignage personnel et institutionnel. Et où – à côté de Salésiens "saints", il y a des Salésiens "bourgeois" qui désirent plus de vie sociale que de vie missionnaire, attirés par le carriérisme et les attitudes de façade, avec des distractions et des commodités diverses et variées et – pire que tout – tout cela est considéré comme normal » (Ibid. p. 20) Cela risque de ne laisser que quelques confrères charismatiques dans la pastorale des pauvres et non la communauté ; l'option pour les pauvres est mise en œuvre, mais l'audace missionnaire fait défaut, retombant dans une dangereuse inertie pastorale.
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5 Interprétation |
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23. La première communauté salésienne est née dans l'Oratoire et à partir de l'Oratoire. C'est cette lumière fondamentale qui nous guide dans l'interprétation de ce que nous avons dit de notre vie fraternelle et de notre ouverture aux pauvres. Nées de l'expérience oratorienne du Valdocco, nos communautés ont porté dès le début l'empreinte du Système Préventif et se sont caractérisées par l'esprit de famille qui anime « le travail et la prière, les repas et les heures de détente, les rencontres et les réunions » (C 51). Pour nous, Salésiens, l'esprit de famille est la manière concrète de pratiquer l'amour fraternel enseigné par Jésus et le signe le plus éloquent de la présence de Dieu au milieu de nous. La vie communautaire n'a pas seulement une valeur fonctionnelle et organisationnelle, mais elle fait partie de l'âme de la vie salésienne.
Avant d'être le fruit de nos efforts, la vie fraternelle en communauté est un don de Dieu et un fruit de l'Eucharistie que nous célébrons : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain. » (1Co 10, 17) Cette déclaration de saint Paul nous rappelle que la communion rendue possible par l'Eucharistie dépasse infiniment nos meilleures dispositions naturelles, et nous avertit en même temps que nous ne pouvons pas nous faire d'illusions sur le fait que nous sommes unis au Christ si nous sommes séparés de nos frères. Don Bosco le savait bien, lorsqu'en 1861 il dit au clerc Albera, futur Recteur Majeur : « Cher Paolino, tu en verras de belles au fil du temps ; il te sera donné de les voir ensemble à la même table de Communion [...] et mélangeant haine, sacrements, prières et péchés : tout un ensemble ! » (A. Caviglia, Conférences sur l'esprit salésien. Conférence n° 10). Ce sont des paroles amères, qui nous font réfléchir sur les risques du formalisme, qui conduit le cœur à s'endurcir et à ne plus percevoir les contradictions dans lesquelles il vit.
24. Sûrs de la valeur de la fraternité, nous voulons reprendre conscience que la participation convaincue et généreuse à la vie de la communauté n'est en aucun cas une option dont nous pouvons nous passer. « Vivre et travailler ensemble », en effet, « est pour nous, Salésiens, une exigence fondamentale et une voie sûre pour réaliser notre vocation. » (C 49) Dans la communauté salésienne, il n'y a pas de place pour l'individualisme et pour une gestion autonome de la vie et du travail. Nous nous rendons compte, d'autre part, que face aux changements qui se sont produits dans la structure de nombreuses communautés (différence faite entre communauté et œuvre, changements dans l'équilibre générationnel, interculturalité), afin de garantir les conditions efficaces de la rencontre fraternelle, il est nécessaire dans certains cas de repenser les priorités. Si cette communauté ne se remet pas en question, en effet, nous risquons d'être tellement absorbés par les engagements que nous ne trouvons plus de temps pour le dialogue, la lectio divina et le partage de la Parole, la vérification, le fait d'être ensemble de manière gratuite, comme Don Bosco savait le faire avec les premiers confrères. Si nous croyons vraiment à la vie fraternelle, nous devons avoir une imagination saine et préserver l'espace pour les relations non seulement dans le cœur, mais aussi dans le calendrier de la communauté.
25. Tout cela concerne avant tout la figure du Directeur, souvent surchargé de tâches excessives qui entravent la dimension principale de son service d'animation et de gouvernance : l'accompagnement des confrères et le soin de leur vocation. Il s'agit alors d'organismes de participation communautaire tels que le Conseil de maison et l'Assemblée communautaire. Ce sont des structures codifiées dans les Constitutions et les Règlements dont il est important de prendre soin de la qualité, afin qu'elles ne se réduisent pas à des réunions stériles qui génèrent des désaffections. Le document final du Synode sur la Synodalité offre des indications précieuses pour mener à bien de manière plus mûre et participative les processus de discernement pour la mission, l'articulation des processus de prise de décision et le soin de la transparence, du rendement de compte et de l'évaluation (cf. Francois - XVI Assemblée Générale Ordinaire Du Synode Des Évêques, Pour une Église synodale: communion, participation, mission. Document final, troisième partie). Le même document, tout en appréciant le témoignage de la vie fraternelle des religieux, les invite à ne pas être autoréférentiels et à vivre avec les autres membres du Peuple de Dieu un authentique échange de dons au sein des Églises locales.
26. La vie fraternelle exige sans aucun doute une maturité relationnelle adéquate, qui ne peut jamais être considérée comme allant de soi ou acquise une fois pour toutes. En effet, sans l'engagement de continuer à marcher, nous risquons tous de céder à des formes de fatigue, de désillusion et de repli sur nous-mêmes. La présence de quelques confrères blessés qui, au fil des ans, deviennent plus aigris et moins disponibles à la rencontre, constitue un défi exigent pour de nombreuses communautés et un avertissement pour prêter attention aux formes d'inconfort relationnel et d'immaturité affective qui peuvent se manifester dès les premières années de la vie salésienne. Parfois, les difficultés relationnelles se réfèrent à une crise de la foi et à un affaiblissement de la prière. D'autres fois, elles s'enracinent dans des expériences familiales qui n'ont pas été relues pendant la formation et qui ont des répercussions sur le rapport à l'autorité, avec les frères, avec les jeunes, avec le monde féminin. Il est important qu'au moins au niveau provincial, il y ait des personnes préparées à l'accompagnement requis par une immaturité plus marquée et que les communautés ne renoncent pas à aider ceux qui traversent des situations difficiles. La fraternité est en même temps don de Dieu et laboratoire d'humanité : prendre soin de la vie fraternelle, c'est favoriser une maturation humaine équilibrée et harmonieuse.
27. L'esprit de famille qui nous caractérise a aussi une profonde valeur apostolique et vocationnelle (cf. C 57). La communion fraternelle est le signe le plus éloquent de l'amour de Dieu, dont nous voulons être des signes et des porteurs pour les jeunes, en particulier pour les plus pauvres. C'est précisément pour cette raison qu'il est important que le dévouement aux enfants les plus nécessiteux ne soit pas l'engagement exclusif de quelques confrères, mais qu'il soit l'expression de toute la communauté et le critère de ses choix. En effet, il peut arriver que le seul ou excessif souci de la durabilité économique des œuvres finisse par se traduire par des choix qui les éloignent des pauvres et montrent peu de confiance en la Providence. Le Pape François, cependant, nous a rappelé à plusieurs reprises que le contact avec le Corps eucharistique du Seigneur dans l'Eucharistie ne peut être séparé du contact avec le corps de nos frères et sœurs dans le besoin. Ce n'est qu'à l'intérieur de cette double relation – avec le Seigneur et avec les jeunes pauvres – que le corps de la communauté salésienne grandit en bonne santé, évite la mondanité spirituelle et témoigne de l’amour de Dieu même dans les lieux de grands conflits et de grandes souffrances. Il reste ainsi fidèle à l'inspiration initiale de l'Oratoire, dont il est issu.
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6 Choix |
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28. À la lumière de l'écoute et de l'interprétation, nous choisissons de
Revitaliser la vie fraternelle dans les communautÉs et renforcer le service des jeunes les plus pauvres comme expression authentique du charisme salÉsien.
Ce choix implique des engagements concrets pour les confrères, les communautés, les Provinces et le Gouvernement Central de la Congrégation, dont nous donnons des exemples ci-dessous.
Le Salésien
contribuera à faire de la communauté une vraie famille (cf. C 83) en luttant contre ce qu'il découvre en soi d'anti-communautaire et en participant « avec générosité à la vie et au travail communs » (cf. C 52) ;
évitera toute forme de mondanité et de vie bourgeoise, en recherchant l'authenticité évangélique dans ses relations et dans ses choix.
La communauté
garantira un équilibre sain entre le travail et la vie fraternelle, en préservant un temps de qualité pour les relations et le partage libre ;
valorisera l'apport de l'expérience et de la sagesse des confrères âgés et leur offrira les soins et l'attention appropriés ;
accordera une attention particulière aux confrères blessés et en difficulté, en créant un environnement accueillant et sans préjugés ; le Directeur, en particulier, veillera, le cas échéant, à offrir un soutien approprié ;
adoptera le critère oratorien comme style communautaire, en partageant avec les jeunes des moments significatifs de vie quotidienne et de croissance ;
relancera la journée de la communauté comme une occasion de célébrer l'Eucharistie tous ensemble et de vivre des moments de dialogue et de partage ;
veillera à la qualité de l'Assemblée communautaire et des réunions du Conseil comme occasions de synodalité et de coresponsabilité ;
élaborera le Projet Communautaire en style synodal, en harmonie avec le Projet Éducatif et Pastoral Salésien local et le cheminement de la Communauté Éducative et Pastorale, et en prévoira l'évaluation périodique.
La Province
garantira la cohérence quantitative et qualitative nécessaire à une vie fraternelle authentique, en assurant autant que possible la complémentarité entre confrères prêtres et confrères coadjuteurs (cf. C 45) ;
choisira l'option des jeunes les plus pauvres comme critère fondamental du discernement communautaire et provincial ;
offrira des opportunités de formation sur la dimension affective et relationnelle des confrères et formera des personnes spécifiquement préparées à un tel accompagnement ;
promouvra un fort sens de la solidarité interne, en soutenant concrètement les communautés les plus engagées dans les œuvres de frontières ;
activera des processus d'évaluation de l'impact social des œuvres ;
promouvra un mode de vie sobre et à contre-courant ;
favorisera l'insertion vitale des communautés dans l'Église locale, dans l'esprit de la synodalité ecclésiale.
Le Recteur Majeur avec son Conseil
continuera à assurer la cohérence quantitative et qualitative des communautés ;
promouvra des communautés de frontières pour les jeunes abandonnés ;
promouvra l'accueil du cheminement synodal de l'Église ;
promouvra l’advocacy [plaidoyer] en faveur des jeunes pauvres dans les Institutions internationales ;
proposera des orientations claires pour prévenir et combattre la vie bourgeoise ;
développera un Service salésien spécifique pour les migrants et autres jeunes en situation de vulnérabilité.
Formation du SalÉsien
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7 Écoute |
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29. Nous reconnaissons avec gratitude qu'au cours des dernières années, la Congrégation s'est engagée dans un cheminement significatif vers la personnalisation de l'accompagnement, en soulignant que la formation ne concerne pas principalement les programmes et les structures, mais les personnes : c'est un processus qui vise à faire grandir les confrères dans leur passion pour le Christ et pour les jeunes. Pas de schémas rigides, mais des relations vivantes.
Au cours de l’écoute, est apparue l'importance de figures de référence qui sachent être pères, frères et guides. De nombreux témoignages ont montré combien de Salésiens doivent leur persévérance vocationnelle à la rencontre de confrères qui ont été pour eux des maîtres, capables de faire ressortir leurs talents et leur vocation.
La récente création de l'École Salésienne d'Accompagnement, promue par le Secteur de la Formation, et les autres propositions existantes pour la formation des formateurs représentent une ressource précieuse qui donne de bons résultats. La demande croissante de participation à cette initiative témoigne d'une plus grande sensibilité de la Congrégation à comprendre la formation en termes d'accompagnement continu.
Cependant, nous constatons que tous les confrères ne se laissent pas accompagner, faisant preuve d'une fermeture personnelle et d'une faible conscience de leurs besoins. Dans le même temps, on ne trouve pas toujours des Guides spirituels et des Directeurs préparés et engagés qui privilégient l'accompagnement. Dans certaines situations, l'accompagnement n'est pas compris comme une relation qui désire le bien de l'autre avec une attention particulière à soigner et à créer des liens de confiance, mais se réduit à un accomplissement formel.
30. Dieu continue à bénir la Congrégation avec de nouvelles vocations. La Congrégation s’engage à garantir la qualité de la formation initiale et la préparation des formateurs et des enseignants, bien qu'il reste encore beaucoup à faire pour consolider les équipes de formation et les Centres d'études. De plus, l'internationalisation représente un chemin prophétique pour la formation de confrères d'horizons différents.
Avec ces aspects positifs, des défis importants subsistent. Les efforts rencontrés par certains jeunes confrères dans les premiers pas de la vie salésienne soulèvent des questions sur la qualité de l'animation vocationnelle dans la Pastorale des Jeunes et sur la proposition offerte dans les aspirantats et les prénoviciats. Une certaine distance est apparue entre les communautés de formation initiale et les communautés apostoliques, de même entre formation et mission. La formation initiale apparaît parfois déconnectée de la réalité pastorale et du monde des jeunes, peu inculturée, et certaines maisons de formation sont mal intégrées au territoire.
31. Il reste beaucoup à faire pour personnaliser les processus de formation. La formation initiale rencontre des obstacles où les formateurs ne connaissent pas les confrères en profondeur et où les structures ne favorisent pas une croissance personnalisée dans la liberté et la responsabilité. Une croissance adéquate dans la liberté exige, même pour les formateurs, un chemin constant de connaissance de soi pour éviter que toute forme d'immaturité personnelle n'entre en conflit avec l'accompagnement des personnes en formation [formandi]. Le défi est de renforcer « l'homme intérieur », c'est-à-dire l'attitude de conversion continue, en évitant un formalisme stérile qui n'aide pas à mûrir.
Au cours de la formation initiale, il est important d'accompagner avec soin les jeunes confrères dans leurs expériences apostoliques, afin qu'ils puissent apprendre à développer des motivations profondes, à réfléchir sur les critères éducatifs et pastoraux avec lesquels ils travaillent et à réaliser une synthèse personnelle entre formation et mission.
Certains confrères montrent des « signes de faiblesse » dès le début de la formation concernant des fragilités spécifiques et une immaturité (gestion du temps, outils de communication, dispersion...) qui ne sont pas toujours traitées de manière adéquate. De plus, dans la formation initiale, un projet de formation affective et sexuelle semble faire défaut : le thème de l'affectivité n'est pas toujours traité de manière organique, avec le risque que les affections ne soient pas suffisamment éduquées.
Est préoccupant le risque de déresponsabiliser les confrères et de les éloigner de la réalité de nombreux jeunes de leur âge et des familles. Dans certains contextes, le processus de formation semble favoriser le cléricalisme et la recherche du pouvoir, influencés par un environnement socioculturel qui exalte l'autoréalisation et l'autoréférentialité.
32. On reconnaît la bonne disponibilité et le grand engagement des confrères qui servent dans la formation, menée avec compétence, générosité et dévouement total. Cependant, il est nécessaire d'identifier avec plus d'attention des confrères qui peuvent être préparés à devenir des formateurs de qualité, par l'expérience apostolique, la capacité d'accompagner et l’enracinement dans le charisme salésien.
Un problème critique important est que les confrères qui ont eu l'occasion de se spécialiser ne travaillent pas toujours directement dans les maisons de formation et les Centres d'études. Dans certains contextes, la formation ne semble pas être considérée comme une priorité, compte tenu de la rotation constante des formateurs et du manque de stabilité des équipes de formation. À la racine de cette difficulté, on souligne la nécessité de clarifier la coordination en ce domaine.
Une autre tension qui n'a pas encore été suffisamment résolue concerne l'équilibre entre l'inculturation du charisme et l'interculturalité des processus de formation au niveau de la Congrégation. Ce défi nécessite une coordination stratégique de la part du Secteur de la Formation afin d'assurer une plus grande identité charismatique dans les différentes Régions.
33. La formation permanente s'est enrichie de propositions de qualité aux niveaux local et provincial, avec l'implication de Salésiens et de laïcs. Les diverses initiatives interprovinciales menées dans les Régions et dans les Conférences, ainsi que les propositions culturelles et académiques des différents Centres d'études et de nos Institutions académiques, y ont contribué.
Cependant, il n'y a pas toujours de continuité entre la phase initiale de formation et la phase de formation permanente, dont le contenu et la valeur ne sont pas toujours compris. On constate une faiblesse à vivre les moments ordinaires de formation déjà prévus dans les Constitutions (méditation, écoute de la Parole, récollection mensuelle, entretien avec le Directeur) et la journée de la communauté. Le rôle du Directeur en tant qu'animateur est souvent fragilisé par la multiplicité de ses engagements et la surcharge de ses responsabilités. Dans une culture qui exalte l'autonomie de l'individu, le sens de l’entretien avec le Directeur n'est pas toujours compris et sa pratique est souvent négligée.
Les problèmes affectifs non résolus influent parfois sur la capacité à servir efficacement les jeunes. La prise de conscience de la fragilité et du besoin de guérison au sein des individus et des communautés exige la capacité de réagir avec empathie et courage, y compris avec l’aide de professionnels compétents.
34. Nous ne pouvons pas ignorer les cas douloureux d'abus sexuels qui ont ruiné des vies entières, laissant des blessures indélébiles, et qui ont provoqué dans le milieu civil et ecclésial scandale et désarroi. Bien qu'à des rythmes différents, les Provinces ont réagi avec courage et fermeté, tant au point de vue de l'accompagnement des victimes que dans l'élaboration de lignes directrices pour la prévention. La détermination à garantir des environnements sûrs pour tous ceux qui fréquentent nos œuvres nous pousse à intensifier notre engagement dans la formation des confrères, des laïcs et des jeunes eux-mêmes, pour éviter toute forme d'abus, de harcèlement et de comportement inapproprié.
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35. « Pour contribuer au salut de la jeunesse [...], l'Esprit Saint suscita, avec l'intervention maternelle de Marie, saint Jean Bosco. Il forma en lui un cœur de père et de maître, capable de se donner totalement » (C 1). C'est par ces paroles que l'article premier de nos Constitutions présente l'action de Dieu dans la vie de Don Bosco et dans la fondation de notre Congrégation. Don Bosco n'est pas seulement devenu père et maître des jeunes, mais c'est l'Esprit Saint qui a formé son cœur. Et cela ne s'est pas produit seulement pendant ses années de séminaire, mais tout au long de sa vie. Cette vision, si clairement exprimée au début de notre Règle de Vie, constitue le point de référence pour comprendre notre cheminement formatif et pour interpréter et évaluer ce que nous avons reconnu dans l'écoute. Ce n'est pas un hasard si le même article se termine en passant de l'action de l'Esprit en Don Bosco à l'action de l'Esprit en nous : « Dans cette présence active de l'Esprit nous puisons l'énergie de notre fidélité et le soutien de notre espérance. » (C 1) L'engagement pour la formation n'est donc rien d'autre que la correspondance continue à l'appel du Seigneur. En fait, c'est ainsi que le présente l'article 96 des Constitutions : « Nous répondons à cet appel en nous engageant dans une formation appropriée et continue, pour laquelle le Seigneur accorde sa grâce chaque jour. »
Si l'on sort de cette perspective vocationnelle, la formation est mal comprise comme une étape préparatoire, plus ou moins réussie, qui laisse ensuite place à la vie salésienne réelle. C'est probablement la raison profonde de la résistance ou de la dévalorisation de l'accompagnement personnel de la part de nombreux confrères. Ayant fait profession perpétuelle ou reçu l'ordination sacerdotale, on pense avoir atteint un but qui n'exige plus de discernement intérieur et qui rend désormais autonome et indépendant. Il est frappant de constater que cette mentalité s'éloigne de l'attitude de Don Bosco qui, devenu prêtre, a continué de chercher chez Don Cafasso, au Convitto Ecclesiastico et en pleine activité pastorale, le guide éclairé pour l’aider à discerner la voix de l'Esprit. Nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander pourquoi la mentalité répandue parmi de nombreux confrères est si éloignée de celle de notre Père.
36. Pour dépasser cette mentalité, qui sépare clairement le temps de la formation et le temps de la mission, depuis quelques années, nous commençons à parler de « formation dans la mission ». Bien comprise, cette formule indique que la mission qui nous est confiée « donne le ton » (cf. C 3) à tout le processus de formation, visant à former un éducateur qui soit un pasteur des jeunes, et que dans la rencontre avec les jeunes, nous sommes appelés à apprendre concrètement l'exercice de la charité pastorale et la grâce de l'unité qui nous fait rencontrer Dieu en eux et à travers eux. La formation dans la mission est donc un élément qui caractérise tout le processus de formation, et pas seulement la phase initiale. Il ne s'agit pas de se contenter d'être au milieu de jeunes avec sympathie et avec une disposition philanthropique, mais de contempler la présence du Christ qui agit en eux et parmi eux. Ce que le petit Jean a vu dans son rêve d'enfant de neuf ans, en contemplant Jésus et Marie dans une cour, au milieu d'enfants qui avaient besoin d'aide, c'est ce que nous devons aussi apprendre à voir, dans l'exercice quotidien de la charité apostolique. Et comme cette attitude, étroitement liée à notre charisme, ne se développe pas automatiquement en nous, nous avons tous besoin d'un accompagnement spirituel et pastoral. La Vierge Marie, à partir de ce rêve, a été pour Jean la maîtresse de vie qui l'a accompagné dans son itinéraire vocationnel. Sous sa direction, il a appris à obéir au Seigneur avec un total « Me voici ». Nous aussi, à son exemple, « nous nous confions à elle, humble servante en qui le Seigneur a fait de grandes choses, pour devenir, parmi les jeunes, témoins de l’amour inépuisable de son Fils. » (C 8) Ce n'est qu'ainsi que nous parviendrons à une authentique synthèse intérieure et à une véritable identification charismatique.
37. Naturellement, nous devons nous y initier tout d'abord dans les années de formation initiale, avec une pédagogie adéquate, attentive au parcours de chacun et dûment contextualisée dans son horizon culturel. C'est ce que nous entendons par l'expression « personnalisation de la formation ». Cette formule a parfois été interprétée à tort comme une flatterie de la logique individualiste de la réalisation de soi ; il s'agit plutôt d'impliquer la personne dans la profondeur de ses convictions et de promouvoir une réponse libre et responsable à l'appel de Dieu.
En d'autres termes, nous ne pouvons pas nous satisfaire de la justesse formelle des comportements que l'on peut observer de l'extérieur, mais nous devons aider chaque confrère à relire sa propre expérience, à reconnaître à la lumière de la Parole de Dieu les motivations authentiques qui guident ses choix quotidiens et à mûrir une véritable docilité à l'action de l'Esprit. Sans un accompagnement personnalisé, on peut passer par toutes les étapes de la formation initiale sans arriver à une véritable synthèse intérieure capable de résister aux épreuves de la vie et de nourrir l'ardeur de la mission.
Il ne suffit donc pas d'offrir un contenu solide en formation, mais il faut aussi prévoir des outils concrets pour le parcours personnel. Cela concerne tous les domaines de la vie salésienne, mais d'une manière particulière celui de la maturation affective et sexuelle, pour vivre d’une manière plus joyeuse et plus consciente le conseil évangélique de la chasteté. Il s’agit d’une dimension qui « touche aux inclinations particulièrement profondes de la nature humaine » (C 82) et qui est particulièrement mise à l'épreuve par les changements de la culture affective. Il est donc urgent que la Congrégation prépare davantage les formateurs à accompagner cette dimension de la croissance personnelle et à réfléchir sur la possibilité d'offrir des outils et des parcours spécifiques.
38. La formation des formateurs est un défi pour la Congrégation depuis de nombreuses années. Bien qu'elle ait déjà été indiquée à plusieurs reprises comme une priorité, nous reconnaissons que, malgré les mesures prises, un investissement adéquat dans la formation n'a pas encore été fait. Une première difficulté tient au manque de clarté dans l'attribution des tâches de coordination dans ce domaine. Le caractère de plus en plus interprovincial des maisons de formation initiale exige une collaboration dans l'envoi de confrères pour le rôle de formateurs et de professeurs, qui se heurte souvent à des résistances, des reports et des incertitudes. La structure du « Curatorium » elle-même ne fonctionne pas bien parfois. Il est donc urgent de mettre en place un système clair et bien coordonné pour permettre le lancement d'une nouvelle saison en ce domaine.
De même, il est important d'élaborer au niveau de la Congrégation des orientations pour la formation sur le thème de la sauvegarde au cours de la formation initiale, afin d'aider tous les confrères qui commencent la vie salésienne à prendre conscience du thème et à être formés de manière adéquate.
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39. À la lumière de l'écoute et de l'interprétation, nous choisissons de
Renouveler les processus de formation en prenant soin de l’accompagnement et de la formation dans la mission.
Ce choix implique pour les confrères, les communautés, les Provinces et le Gouvernement Central de la Congrégation, des engagements concrets dont nous donnons des exemples ci-dessous.
La communauté de formation initiale
encouragera la personnalisation du processus de formation, en éduquant à reconnaître l'action de l'Esprit sur le chemin de la croissance grâce à l'accompagnement spirituel et pastoral ;
ne se limitera pas à proposer des contenus, mais offrira des outils pour l'élaboration du projet personnel de vie, de croissance dans la prière, dans la Lectio divina et dans la méditation ;
proposera des parcours spécifiques sur le thème de la maturité affective, également avec l'aide d'experts ;
aidera à vivre de manière critique, éthique et créative dans la culture numérique ;
prévoira la présence de figures féminines appropriées dans les processus de formation ;
intégrera la formation sur la protection des mineurs et des personnes vulnérables (safeguarding) par le biais de protocoles spécifiques ;
promouvra la culture du dialogue comme méthodologie formative et assurera la formation des jeunes confrères à un leadership en style synodal ;
s'ouvrira au territoire et aux réalités locales des jeunes et dépassera la distance entre formation et mission, en intégrant en permanence des expériences pastorales significatives accompagnées et retravaillées ;
préviendra le risque de l’embourgeoisement et du cléricalisme, en éduquant à la sobriété évangélique et à la culture du travail.
La Province
garantira des équipes de formation cohérentes, qualifiées et de qualité ;
veillera à ce que les coadjuteurs reçoivent une formation et des qualifications professionnelles adéquates ; promouvra la vocation du Salésien coadjuteur, à travers des stratégies spécifiques de proposition vocationnelle et de valorisation de sa contribution unique ;
promouvra la formation conjointe des Salésiens et des laïcs ;
organisera la formation des Directeurs à la direction synodale ;
fera en sorte que les confrères, âgés de 40 à 50 ans, puissent vivre un temps approprié de renouveau spirituel et pastoral ;
offrira un soutien psychologique aux confrères qui en ont besoin et développera des programmes de formation pour faire face aux défis relationnels et affectifs ;
examinera de manière critique les structures de formation pour assurer un environnement qui favorisera vraiment la croissance intégrale de la personne ;
analysera les causes de l'abandon vocationnel et repensera de manière critique les processus d’animation vocationnelle de formation initiale pour renforcer l'identité charismatique ;
s'occupera de la rédaction, de la mise en œuvre et de la vérification des « Lignes directrices pour la protection des mineurs et des personnes vulnérables » pour la prévention de cas d’abus.
Le Secteur de la Formation
coordonnera les tâches et les rôles au sein du « Curatorium » avec les Conseillers Régionaux et les inclura dans la nouvelle Ratio ;
élargira l'école d'accompagnement en collaboration avec les Centres régionaux et préparera les formateurs à l'accompagnement spirituel et pastoral ;
élaborera un plan de formation pour les formateurs qui intègre la tradition salésienne et les défis du monde contemporain ;
promouvra la formation des Provinciaux au leadership en style synodal ;
étudiera la possibilité et les contenus de la proposition de renouveau spirituel et pastoral pour les confrères âgés de 40 à 50 ans ;
élaborera des lignes directrices pour la formation sur la protection des mineurs et des personnes vulnérables (safeguarding) pour les maisons de formation initiale, avec l’aide des Secteurs ;
élaborera des lignes directrices pour une formation contextualisée de manière adéquate dans les différentes Régions, dans le respect des cultures locales tout en maintenant l'unité charismatique et garantira la continuité entre les différentes étapes de formation ;
développera des outils spécifiques pour l'éducation à l'affectivité et à la sexualité, en formant adéquatement les formateurs en ce domaine ;
NOYAU 2
ENSEMBLE SALÉSIENS, FAMILLE SALÉSIENNE
ET LAÏCS « AVEC » ET « POUR » LES JEUNES
Partager spiritualitÉ et mission au sein de la CEP
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40. Notre mission au service des jeunes porte aujourd'hui l'empreinte essentielle de la collaboration entre Salésiens et laïcs. Beaucoup de nos œuvres, en effet, n'existeraient pas sans cette communion et ce partage qui sont configurés comme un authentique signe des temps. Nous reconnaissons que, dans de nombreuses Provinces, la Communauté Éducative et Pastorale est devenue une réalité vivante et consolidée, un authentique espace de croissance où s'épanouissent le partage de la vie, de la foi, de la passion pour le Christ dans l’esprit de Don Bosco et de l'amour des jeunes. Les laïcs qui parcourent ce chemin avec nous sont de véritables coresponsables, une partie intégrante et vitale de ce nouveau thème de la mission composée de Salésiens, de laïcs et de jeunes ensemble, dans une synergie qui enrichit tout le monde et donne une nouvelle vigueur au charisme.
41. La figure de Don Bosco et notre charisme gardent intact leur attrait particulier et sont capables de susciter la sympathie et l'adhésion à la mission salésienne. Dans différentes parties du monde, nous assistons à une intégration fructueuse entre le charisme salésien et les cultures locales, souvent grâce à la médiation de laïcs profondément identifiés à la mission d'éduquer et d'évangéliser dans le style du Système Préventif. La force d'attraction du charisme salésien a également généré des expériences significatives de collaboration avec des personnes d'autres confessions religieuses et de non croyants qui reconnaissent dans notre méthode éducative un héritage de valeurs qui contribuent au bien des jeunes et que c'est précisément pour cette raison qu'ils se sentent de partager.
42. Cependant, un regard attentif sur la réalité révèle également, à côté des lumières, des ombres que l’on ne peut ignorer. Il subsiste dans certaines communautés une résistance plus ou moins explicite à déléguer de réelles responsabilités aux laïcs, au risque d'appauvrir la vie et la mission. La confiance et l'ouverture sont nécessaires pour surmonter l'hésitation à intégrer pleinement les laïcs dans les rôles de prise de décision et de leadership, tout en respectant le rôle spécifique du Directeur salésien de la communauté.
Nous devons noter, en outre, que le magistère de la Congrégation sur le thème de la Communauté Éducative et Pastorale n'est pas toujours connu et que des questions continuent de se poser même sur des sujets qui ont déjà reçu des réponses et des orientations précises. Cela est sans doute lié à la diversité des situations locales et aux rythmes de mise en œuvre des choix de la Congrégation, mais peut-être aussi à des processus insuffisants d'accompagnement des Provinces dans l'assimilation des orientations des Chapitres Généraux.
43. Il existe encore une certaine ambiguïté dans certaines régions autour du concept de « laïc » dans notre contexte salésien. Lorsque nous parlons de « laïcs », nous nous référons au sens propre aux « Christifideles laici », c'est-à-dire à la grande majorité des membres du Peuple de Dieu : des hommes et des femmes qui, par le baptême, sont nés de nouveau à une vie nouvelle et suivent le Seigneur en tant que membres de la communauté ecclésiale. Dans un sens plus large, cependant, nous utilisons aussi ce terme pour désigner d'autres personnes qui, à différents niveaux, collaborent avec nous, se reconnaissant souvent dans le style éducatif que Don Bosco nous a transmis.
Le panorama laïc dans le domaine salésien est donc extrêmement varié et nécessite une attention différenciée : il y a des bénévoles et des employés embauchés, des adultes avec une longue expérience et des jeunes en début de parcours, des membres de la Famille Salésienne et des amis de Don Bosco, des catholiques et des chrétiens de différentes confessions, des personnes d'autres religions ou sans appartenance religieuse définie. À partir de cette complexité, qui reflète la richesse de notre présence dans le monde, nous voyons émerger trois niveaux d'implication qui tracent un chemin possible de croissance dans la mission partagée : la collaboration professionnelle (bénévoles et salariés qui travaillent dans nos œuvres), la coresponsabilité éducative (les bénévoles et les employés qui choisissent consciemment de se joindre au projet éducatif et pastoral), et le partage en profondeur de la spiritualité salésienne (ceux qui, par vocation personnelle, font partie du noyau animateur de la CEP ou de la Famille Salésienne). Cette distinction n'exprime pas une hiérarchie de valeur des personnes, mais plutôt différents degrés d'identification au charisme, qui doivent être reconnus et respectés.
44. La formation sur le chemin de « communion et partage dans l'esprit et la mission de Don Bosco » (CG 24) n'est pas un élément accessoire, mais le cœur battant d'une mission partagée qui se veut authentique et durable. De nombreuses Provinces et Régions ont lancé des programmes de formation systématiques et de qualité destinés soit aux laïcs, soit conjointement aux Salésiens et aux laïcs, créant ainsi de précieuses opportunités d'échange et d'enrichissement mutuel. Ces initiatives, bien qu'elles soient qualitativement valables et bien structurées, ont besoin d'être renforcées et d'être continuées pour faire partie intégrante de notre culture organisationnelle.
Dans divers contextes, malheureusement, la formation est encore insuffisante ou fragmentée, ce qui empêche le charisme de s'enraciner vraiment au-delà du groupe des Salésiens consacrés. Parmi les principales difficultés, on trouve : une attention prédominante à l'aspect opérationnel au détriment de propositions de spiritualité apostolique ; une transmission insuffisante et peu systématique du charisme salésien aux laïcs ; la rareté des ressources humaines et économiques pour une formation de qualité ; le fort roulement du personnel laïc qui rend difficile la construction de parcours continus et efficaces. Il faut aussi noter honnêtement que parfois les confrères eux-mêmes ne sont pas suffisamment préparés à la collaboration avec les laïcs, n'ayant pas reçu lors de la formation initiale les outils nécessaires pour tirer le meilleur parti de cet aspect essentiel de la mission contemporaine. La formation commune doit aller au-delà des programmes : c'est un chemin de disciple partagé qui exige un engagement personnel profond de la part des Salésiens et des laïcs.
45. Dans le cadre de la réflexion sur la Communauté Éducative et Pastorale, la question de la pérennité des œuvres et de la transparence économique émerge également. L'implication de laïcs formés et compétents dans la gestion économique des œuvres a apporté plus de professionnalisme, de rigueur et de transparence, favorisant le développement d'une mentalité de planification et de responsabilisation qui trouve son expression concrète et opérationnelle dans les Bureaux Provinciaux de Planification et de Développement. Ce processus a contribué dans de nombreux contextes à rendre plus solides les bases économiques de nos présences, en assurant la continuité même en période d'incertitude.
Il faut reconnaître et souligner avec gratitude que, malgré les difficultés financières mondiales récentes et généralisées, les Provinces Salésiennes ont fidèlement maintenu leur engagement envers les plus pauvres, voyant souvent le soutien de la Providence se développer de manière surprenante à travers les bienfaiteurs et les contributions publiques, signe que la fidélité au charisme attire même des bénédictions matérielles.
46. Dans certains contextes géographiques et sociaux, il devient de plus en plus difficile de rivaliser économiquement avec d'autres organisations publiques et privées, perdant ainsi de précieux collaborateurs qualifiés qui s'identifient à notre charisme. Ce problème semble être particulièrement aigu dans certains secteurs spécialisés et dans les économies les plus avancées. Sur ce thème, il y a des différences notables liées au contexte géographique, culturel et ecclésial et à la présence numérique des Salésiens.
Des criticités organisationnelles importantes se dégagent qui méritent une attention particulière : la nature et les tâches du Conseil de la maison (C 178) appelé à soutenir efficacement l'ensemble de la mission dans des contextes complexes ; des relations pas toujours claires et bien définies entre ce dernier et le Conseil de la Communauté Éducative et Pastorale, avec pour conséquence une confusion des rôles et des responsabilités ; et l'absence, dans certains contextes, de cette mentalité de planification et de participation qui est absolument nécessaire à une véritable coresponsabilité.
Il est essentiel de grandir dans une culture de la responsabilité et de la transparence à tous les niveaux, en particulier à une époque historique marquée par le changement, par la méfiance croissante à l'égard des institutions ecclésiales , dans certains contextes, et par le risque de perdre le soutien des bienfaiteurs avec, pour conséquence, un danger pour la durabilité future de nos projets éducatifs, en particulier ceux qui s'adressent aux plus pauvres.
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47. Pour interpréter et évaluer le chemin parcouru dans les Provinces, nous trouvons une référence solide et indispensable dans le Document du CG24, qui a identifié dans l'expérience de Don Bosco et dans l'ecclésiologie du Concile Vatican II les bases solides sur lesquelles se fonde le partage du charisme avec les laïcs.
Comme l'affirme l'article 5 des Constitutions, « Don Bosco est à l’origine d’un vaste mouvement de personnes qui travaillent, de diverses manières, au salut de la jeunesse. » Notre père et fondateur a en effet impliqué dès le début de nombreux laïcs dans sa mission pour les jeunes et pour le peuple, convaincu qu'il fallait unir nos forces pour aider les jeunes les plus nécessiteux et leur faire découvrir l'amour de Dieu. Les premiers à s'impliquer ont été les jeunes eux-mêmes, que Don Bosco a su transformer en apôtres de leurs compagnons et en véritables protagonistes de la vie oratorienne.
En même temps, le CG24 a repris avec courage et conviction l'inspiration ecclésiologique du Concile Vatican II, en reconnaissant la tâche missionnaire confiée à chaque baptisé, le caractère communautaire du Peuple de Dieu et la réciprocité entre les différentes vocations dans l'Église. La vision claire du Concile est enrichie aujourd'hui par le magistère du Pape François dans l’Encyclique Fratelli tutti et par la contribution du récent Synode « Pour une Église synodale : communion, participation, mission », qui a voulu prolonger l'inspiration du Concile Vatican II et à en relancer la puissance prophétique. En ce sens, la synodalité est la traduction du Concile en un « style » de vie et d'action (modus vivendi et operandi) qui exige la conversion dans les relations, la mise en œuvre de processus et le renouvellement de structures.
48. La perspective synodale nous conduit à reconnaître tout d'abord la nécessité de convertir nos relations. Nos œuvres ne sont pas des entreprises basées sur des relations fonctionnelles et des logiques de pouvoir, mais des communautés de foi qui vivent de l'accueil mutuel, du partage profond et de l'attention aux plus pauvres. Il est donc essentiel de redécouvrir le « goût spirituel » (François, Evangelii Gaudium 268) de marcher ensemble, c'est-à-dire la « mystique » de la fraternité si souvent rappelée par le Pape François. La Communauté Éducative et Pastorale est vivante lorsque l'on y vit les nouvelles relations générées par l'Évangile. Les jeunes, en particulier les plus blessés, ont un immense besoin de telles relations.
Lorsque les relations sont authentiques, il devient possible de vivre de véritables processus participatifs et synodaux au sein de la Communauté Éducative et Pastorale, dont le plus important est le « discernement ecclésial pour la mission ». Celui-ci consiste dans la recherche partagée de la volonté de Dieu, en apprenant à lire, à la lumière de sa Parole, les défis que nous devons affronter et les pas que nous sommes appelés à faire. Le Document synodal offre à cet égard de précieuses indications qui ne se limitent pas à indiquer des étapes méthodologiques, mais proposent une véritable spiritualité à vivre ensemble, dans la docilité à l'action de l'Esprit. Avant d'organiser des activités et de répartir les tâches, nous devons nous mettre ensemble à l’écoute du Seigneur : ce sera la meilleure attitude pour développer un projet éducatif et pastoral qui naisse vraiment de la passion apostolique du Da mihi animas.
Le discernement communautaire de type synodal constitue aussi le levier pour améliorer le fonctionnement des instances participatives et pour reconnaître au niveau local les changements structurels nécessaires pour répondre aux besoins des jeunes d'aujourd'hui avec courage et créativité. La re-signification de nos présences, qui est le sens profond du réajustement, ne peut pas être, en effet, un travail de bureau, mais trouve dans le discernement de la Communauté Éducative et Pastorale le lieu le plus approprié pour être prophétique et génératrice.
49. Il n'est pas possible de partager spiritualité et mission sans partager aussi la formation. La formation conjointe entre Salésiens et laïcs est donc une priorité, dans laquelle il faut investir des ressources et de l'énergie. Le document final du Synode lui-même insiste « sur la nécessité d’une formation à laquelle participent ensemble hommes et femmes, laïcs, consacrés, ministres ordonnés et candidats au ministère ordonné, permettant ainsi de grandir dans la connaissance et l’estime réciproques, et dans la capacité à collaborer », rappelant que la formation dont on a besoin doit être « intégrale, continue et partagée. Son but n'est pas seulement l’acquisition de connaissances théoriques, mais la promotion de capacités d'ouverture et de rencontre, de partage et de collaboration, de réflexion et de discernement en commun, de lecture théologique des expériences concrètes. Elle doit donc interpeller toutes les dimensions de la personne (intellectuelle, affective, relationnelle et spirituelle) et comprendre des expériences concrètes accompagnées correctement. » (Francois - XVI Assemblée Générale Ordinaire Du Synode Des Évêques, Pour une Église synodale: communion, participation, mission. Document final, 143)
Bien sûr, pour les croyants, la formation n'est pas seulement le développement de ses propres talents, mais elle est une correspondance à l'amour de Dieu qui, par son Esprit, nous fait participer à la vie du Ressuscité. Comme l'a écrit le Pape François : « La pleine mesure de notre formation est notre conformation au Christ. [...] il ne s’agit pas d’un processus mental abstrait, mais de devenir Lui. » (Francois, Desiderio desideravi 41) C'est précisément pour cette raison que l'expérience fondamentale à laquelle la Communauté Éducative et Pastorale – et surtout le noyau animateur – tire sa formation est la célébration de l'Eucharistie : en elle, le don de la communion et de la mission se renouvelle sans cesse et rien ne peut remplacer son efficacité.
À cette racine sacramentelle s'ajoutent la réflexion, l'étude, le dialogue, le partage sur Don Bosco, le charisme salésien et l'expérience éducative et pastorale vécue quotidiennement. L'expérience confirme qu'il est très positif de confier l'organisation des différentes initiatives de formation à des équipes mixtes, composées de Salésiens, de laïcs et de membres de la Famille Salésienne, afin qu'elle ne soit pas unidirectionnelle et intègre différentes compétences et approches. C'est précisément pour cette raison que la formation initiale des confrères doit déjà inclure des expériences partagées avec les laïcs, proportionnées aux objectifs des différentes étapes de maturation, et encourager la contribution spécifique qu'ils peuvent apporter à une croissance vocationnelle saine.
50. Même en termes de durabilité économique des œuvres, la contribution de professionnels laïcs bien identifiés au charisme est souvent indispensable. La confiance en la Providence, dont Don Bosco nous a témoigné de manière héroïque, et la destination claire de nos biens pour le service des pauvres sont des critères fondamentaux pour guider notre action dans ce domaine. Face à une réglementation de plus en plus complexe, faire appel à l'expertise spécifique d'experts du secteur est un geste de responsabilité incontournable. Une préparation insuffisante et un manque de planification peuvent en effet compromettre le service des pauvres et mettre nos institutions en difficulté. La compétence spécialisée, cependant, n'est pas exempte d'évaluations qui, dans leur inspiration profonde, doivent être évangéliques et charismatiques. D'où aussi la nécessité de la transparence, de la redevabilité et de l'évaluation de la gestion économique, ainsi que de l'éducation à la sobriété de vie et à la coresponsabilité.
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11 Choix |
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51. À la lumière de l'écoute et de l'interprétation, nous choisissons de
Partager dans chaque communautÉ Éducative et pastorale spiritualitÉ, mission et formation avec les laïcs et les membres de la Famille SalÉsienne.
Ce choix implique pour les confrères, les communautés, les Provinces et le Gouvernement Central de la Congrégation des engagements concrets dont nous donnons des exemples ci-dessous.
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11.1 La communauté |
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fera fonctionner le Conseil de la Communauté Éducative et Pastorale comme organe de discernement, de formation et de coresponsabilité et, là où il n'existe pas, elle l'établira ;
élaborera un plan de formation conjointe Salésiens-laïcs qui prévoie le partage de la vie et de la prière, et la réflexion éducative et pastorale ;
promouvra une culture de la simplicité, de la transparence financière et de l'implication active des laïcs dans la gestion économique, en recherchant des sources de financement nouvelles et diversifiées ;
aura le souci de la rédaction des budgets et des bilans, et de la solidité financière de l’œuvre, sous la direction d'administrateurs salésiens ou laïcs et de consultants externes, en veillant à la transparence et à la responsabilité.
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11.2 La Province |
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renforcera l'engagement pour une mission conjointe entre les membres de la Famille Salésienne présents sur le territoire ;
préparera un plan systématique et différencié pour la qualification des laïcs dans le charisme salésien ;
favorisera la compétence de professionnels dans les domaines de l'administration et de l'économie ;
identifiera des pistes concrètes et actuelles de recherche et d'accompagnement de bienfaiteurs ;
créera une commission d'accompagnement du Provincial et de son Conseil pour l'évaluation régulière des ressources et de la gestion économique, et adoptera des stratégies financières éthiques en diversifiant la collecte de fonds et en renforçant la responsabilisation.
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11.3 Le Recteur Majeur avec le Conseil |
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donnera des indications pour se référer de manière appropriée et sans équivoque aux différents types de laïcs impliqués de diverses manières dans nos œuvres ;
offrira, à travers le Secteur de la Formation et le Secteur de la Pastorale des Jeunes, des orientations et des outils appropriés pour la formation conjointe Salésiens-laïcs, et impliquera l'UPS et les autres centres de formation dans l'organisation de parcours appropriés ;
encouragera la réception du document final du Synode sur la Synodalité dans la Congrégation et dans la Famille Salésienne.
Éduquer et Évangéliser
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12 Écoute |
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52. Don Bosco na craignait pas de manifester son identité sacerdotale toujours et partout, mais il a vécu le sacerdoce en faveur des jeunes avec une profonde attention éducative. Il confessait tous les matins, célébrait l'Eucharistie avec une foi profonde, prêchait, mais en même temps parcourait les rues de Turin à la recherche de jeunes travailleurs pour les aider, ouvrait des écoles et des ateliers, publiait des brochures pour l'éducation populaire, écrivait le traité sur le Système Préventif pour l'éducation de la jeunesse. À sa suite, notre vocation salésienne est profondément caractérisée par le binôme inséparable de l'éducation et de l'évangélisation. Ce sont les deux faces d'une même médaille, bien résumées par l'expression heureuse « nous éduquons en évangélisant et nous évangélisons en éduquant ».
Nous constatons avec gratitude que, dans les défis du contexte contemporain, de nombreux confrères continuent de témoigner avec passion et créativité de cette double dimension de notre charisme. Les contextes dans lesquels nous travaillons ne sont pas homogènes : certains sécularisés, d'autres multireligieux, d'autres encore majoritairement athées. Cette pluralité de situations nous oblige à faire face à des défis différents dans l'évangélisation et à saisir les possibilités spécifiques de chaque milieu tout en maintenant l'unité de notre mission dans des contextes aussi diversifiés.
53. L'univers des jeunes est donc très varié. Bien que la mondialisation ait tendance à uniformiser les modes de vie, chaque contexte présente des particularités spécifiques. Cependant, un trait les unit : tous les jeunes portent dans leur cœur une question profonde, souvent silencieuse, sur le sens de la vie. De manière plus ou moins consciente, ils s'interrogent sur leur avenir, sur ce qui compte pour eux, sur ce qui les rendra heureux. La technologie qui les fascine, le flux continu d'informations, le réseau de relations et de connexions dans lequel ils sont immergés sont leur monde, qui semble ignorer ou être indifférent à l'annonce de la foi. Les modèles familiaux sont devenus multiples et les relations qui devraient leur donner chaleur et sécurité deviennent souvent des lieux de conflit et non d'affection.
Et pourtant, malgré tout, nous sommes convaincus, comme Don Bosco, que « dans chaque jeune, il y a un point accessible au bien ». Le désir de Dieu reste un besoin fondamental dans le cœur de l'homme, qui ne se contente pas de vivre « de pain seulement ». Nous croyons que les jeunes sont ouverts à la nouveauté de l'Évangile s'il est présenté dans un langage qui sait rejoindre leur cœur. Mais nous sommes surtout convaincus qu'ils ne restent pas insensibles au témoignage de ceux qui de leurs mains ont touché du Verbe de vie (cfr. 1Jn 1,1) et en ont été transformés.
Dans ce panorama bigarré de lumières et d'ombres, d'attentes et d'espérances, la piété populaire continue d'être un espace significatif dans lequel de nombreux jeunes vivent leur foi. L'attractivité des lieux de prière, des chemins de foi et des pèlerinages de jeunes, l'engagement fort en faveur de l'écologie, le volontariat sous ses différentes formes, nous disent que le feu n'est pas éteint, mais qu'il attend d'être ravivé et nourri.
54. Comme que Salésiens, nous reconnaissons que notre mission exige un équilibre constant entre l'engagement envers l'éducation et la passion pour l'évangélisation. Le trinôme « raison, religion et affection » [amorevolezza] n'est pas un slogan, mais une source d'inspiration permanente qui aide à garder à l'esprit l'objectif élevé de la sainteté juvénile et la progressivité du cheminement, les puissantes ressources éducatives des sacrements et de la Parole de Dieu, et la pédagogie de la cour de récréation et de la rue qui nous fait rencontrer les jeunes « au point où ils en sont de leur liberté » (C 38).
Cette synthèse vitale n'est pas toujours présente dans le cœur de tous les confrères et des membres de nos communautés éducatives et pastorales. Ceux qui nous observent soulignent – non sans raison – que nous risquons de réduire notre mission à la gestion d'activités éducatives ou sociales. La pastorale des jeunes court le risque de se transformer en gestion de services pour les jeunes. Évangéliser, comme nous le rappelle notre tradition, c'est accompagner sur un chemin de foi dans le Seigneur Ressuscité, en proposant des itinéraires.
Nous reconnaissons avec gratitude les points forts de notre présence éducative et pastorale. Nous sommes appréciés comme de bons éducateurs dans l'Église et comme point de référence pour d'autres institutions ecclésiales. Dans certaines réalités, nous sommes particulièrement proactifs et bien préparés sur le plan éducatif. L'accueil de nos propositions de foi est pour nous un signe d'espérance dans un monde souvent indifférent ou hostile.
Les laïcs sont appréciés et participent activement à l'évangélisation, directement ou indirectement, à travers le témoignage évangélique de leur vie. De nombreux éducateurs, Salésiens et laïcs et membres de la Famille Salésienne, continuent à ressentir de la passion pour cette vocation et savent voir les défis comme des opportunités de croissance et de renouveau.
55. La proposition chrétienne est au centre de notre effort pastoral et se traduit par de multiples initiatives diversifiées selon les contextes et les territoires. Beaucoup de jeunes rencontrent le Seigneur Jésus dans nos maisons et font l'expérience de la joie de la foi et de l'appartenance à une communauté. Nombreux sont ceux qui collaborent avec nous à l'animation des jeunes, en particulier dans les expériences estivales, dans le service missionnaire et dans les activités caritatives. Ils sentent que Don Bosco et la spiritualité salésienne des jeunes leur offrent une inspiration pour grandir et un guide pour leur avenir. Beaucoup d'adultes qui ont fréquenté nos œuvres se souviennent avec joie et gratitude de l'éducation qu'ils ont reçue et essaient de mettre en pratique les enseignements dans leur vie quotidienne.
Nous reconnaissons cependant que, parfois, notre engagement ne se traduit pas par des itinéraires systématiques d'éducation à la foi. La proposition de l’Évangile apparaît parfois timide et incapable d'atteindre en profondeur le cœur des jeunes. Dans certaines régions, alors que l’on essaie de nouvelles propositions pour la catéchèse de l'initiation chrétienne, on constate avec tristesse que de nombreux adolescents s’éloignent de la communauté ecclésiale.
La gestion et l'organisation de nombreuses activités risquent parfois de nous éloigner des jeunes et du contact direct avec eux, en nous faisant perdre de vue la centralité de la relation éducative qui est à la base du Système Préventif. La question de Valfré, ancien élève de l'Oratoire, dans le rêve de la Lettre de Rome, en 1884, résonne encore aujourd'hui : « Où sont les Salésiens ? ».
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13 Interprétation |
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56. Nos Constitutions identifient clairement le « critère permanent de discernement et de renouvellement de toutes nos activités et de toutes nos œuvres », en le retrouvant dans l'expérience pastorale du premier oratoire, « qui fut pour les jeunes la maison qui accueille, la paroisse qui évangélise, l’école qui prépare à la vie et la cour de récréation pour se rencontrer en amis et vivre dans la joie. » (C 40) Dans l'expérience de Don Bosco avec les premiers jeunes du Valdocco, l'entrelacement éducation-évangélisation est présenté comme une synthèse originale et heureuse, que nous appelons le Système Préventif.
Selon cette inspiration, l'engagement pour l'éducation est pris comme expression de l'amour de Dieu qui accompagne chaque jeune dans sa croissance, et l'annonce de l'Évangile se fait en prêtant attention à la gradualité pédagogique des étapes et aux langages des jeunes. L'article 38 des Constitutions nous le rappelle lorsqu'il affirme : « Imitant la patience de Dieu, nous rencontrons les jeunes au point où ils en sont de leur liberté. Nous les accompagnons pour qu'ils mûrissent de solides convictions et deviennent progressivement responsables du délicat processus de croissance de leur humanité dans la foi. »
Le rapport entre éducation et évangélisation est si central pour nous que la Congrégation y a réfléchi à plusieurs reprises, afin de rester fidèle à la mission que le Seigneur a confiée à Don Bosco et d'assumer les défis proposés par le changement des temps et des contextes. Le CG26, par exemple, a attiré l'attention sur le fait « de sauvegarder à la fois l’intégralité de l’annonce et la progression par étapes dans la proposition », dans la conviction que « l’évangélisation propose à l’éducation un modèle d’humanité pleinement réussie et que l’éducation, quand elle arrive à toucher le cœur des jeunes et développe le sens religieux de la vie, favorise et accompagne le processus d’évangélisation » (CG26, n. 25). Le « Cadre de référence » de la Pastorale des Jeunes offre une vision d'ensemble du problème et de précieuses orientations pour la pratique.
57. Les références charismatiques et la réflexion à leur sujet ne manquent donc pas. Au contraire, elles sont riches, abondantes et actuelles. L'enjeu est de les relever avec courage et créativité en engageant des parcours progressifs et différenciés et en échappant au risque de multiplier les activités et les événements qui n'affectent pas toujours la vie réelle des jeunes. Les différentes régions dans lesquelles nous œuvrons ont de grandes différences de culture, d'économie, de structure sociale, d'expérience familiale, de relations intergénérationnelles, mais tous les jeunes sont unis par le désir d'être entendus dans l'unicité de leur histoire et accompagnés pour s'ouvrir à un avenir prometteur.
Cela exige naturellement une compétence pédagogique et pastorale, qui doit être constamment mise à jour chez les confrères et les coresponsables de la mission. Elle exige aussi une familiarité avec les jeunes, qui ne s'acquiert qu'en étant parmi eux et en partageant leur monde. La logique de l'Incarnation nous pousse à partir de la vie quotidienne de leur existence pour la lire avec un regard éducatif et une sagesse pastorale. Lorsqu'ils partagent avec nous leur recherche du bonheur ou leur mal-être, les jeunes manifestent, souvent sans le savoir, un besoin de salut qu'il faut savoir intercepter. Dans les replis de l'être humain, un éducateur pasteur sait reconnaître l'action de l'Esprit qui, par des gémissements inexprimables, conduit toute conscience à s'ouvrir à la vérité et à l'amour.
Nous ne devons pas oublier que dans les désirs les plus profonds des jeunes, dans leur sensibilité pour la paix, la justice, l’écologie, la dignité de chaque personne, il y a aussi une prophétie que nous devons saisir. Les jeunes qui partagent la foi et se passionnent pour Don Bosco manifestent souvent un enthousiasme dont nous avons beaucoup à apprendre : ils nous évangélisent eux-mêmes, en nous montrant le visage jeune de l'Église dans lequel se reflète la jeunesse éternelle de Dieu.
58. Certaines des grandes questions anthropologiques d'aujourd'hui, en particulier, requièrent notre attention, parce qu'elles constituent un véritable défi pour notre proposition éducative et pastorale. Pensons en particulier aux transformations de la culture affective et sexuelle, qui concernent un domaine très sensible et délicat en croissance et nécessitent de nouvelles compétences pour accueillir et accompagner chaque personne avec délicatesse. Pensons à la culture numérique et à la manière dont elle modifie les processus d'apprentissage, la perception du temps, de l'espace, du corps, des relations interpersonnelles et, finalement, toute la façon de penser et d'être dans le monde. Pensons enfin aux phénomènes migratoires, souvent déterminés par des conflits et des injustices, qui exposent de nombreux jeunes à la précarité et à la nécessité de vivre selon des expédients, blessant leur dignité. Face à ces situations, nous comprenons avec une conscience encore plus grande que l'Évangile du Seigneur ne peut être annoncé sans prendre en charge les besoins éducatifs pressants des jeunes et qu'il n'est pas possible de leur montrer une espérance fiable sans leur indiquer la lumière de l'Amour qui vient de Dieu et qui aura sa plénitude dans le ciel. Comme le disait Don Bosco, nous voulons former « de bons chrétiens, d'honnêtes citoyens et, un jour, d’heureux habitants du ciel. » (La jeunesse instruite, 1847, p. 7).
59. Dans certains contextes, fortement sécularisés ou marqués par la méfiance à l'égard de l'institution ecclésiale, il y a une certaine difficulté à annoncer la foi et il y a le risque de renoncer à la transmission de la lumière de l'Évangile de manière joyeuse et proactive. Dans d'autres situations, en revanche, l'enseignement de Jésus est accueilli avec joie, comme une parole qui donne de l'espérance aux pauvres et aux humbles, qui renouvelle la société et qui ouvre au sens ultime de l’existence. La piété populaire, en particulier la piété mariale, est dans de nombreuses régions une ressource extraordinaire pour la transmission de la foi incarnée dans le contexte de la sensibilité d'un peuple. Là où une annonce explicite de Jésus-Christ n'est pas possible, notre présence en tant qu'éducateurs chrétiens prend une signification prophétique et sème la semence de la Parole de Dieu avec le témoignage de la vie et l'exercice de la charité. Certaines communautés œuvrent dans des contextes où les chrétiens connaissent non seulement des obstacles, mais aussi des persécutions : elles montrent que rien ne peut empêcher un témoignage passionné pour le Christ et son Évangile. L'engagement en faveur du dialogue entre les religions et de l'édification d'une véritable fraternité entre les hommes fait partie, selon l'enseignement actuel de l'Église, de la mission chrétienne. En tout cas, un cœur passionné pour le Christ n'a pas honte de parler de Lui et de partager la beauté de l'avoir rencontré. Comme l'a écrit le Pape François : « Parler du Christ, par le témoignage ou la parole, de telle manière que les autres n’aient pas à faire un grand effort pour l’aimer, voilà le plus grand désir d’un missionnaire de l’âme. Il n’y a pas de prosélytisme dans cette dynamique de l’amour : les paroles de l’amoureux ne dérangent pas, n’imposent pas, ne forcent pas. Elles poussent seulement les autres à se demander comment un tel amour est possible. Dans le plus grand respect de la liberté et de la dignité de l’autre, l’amoureux attend simplement qu’on lui permette de raconter cette amitié qui remplit sa vie. » (François, Dilexit nos, 210)
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14 Choix |
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60. À la lumière de l'écoute et de l'interprétation, nous choisissons de
Offrir des itinÉraires graduels et systÉmatiques d'Éducation À la foi et renouveler la pratique du systÈme prÉventif, en garantissant partout des milieux sÛrs.
Ce choix implique, pour les confrères, les communautés, les Provinces et le Gouvernement Central de la Congrégation, des engagements concrets dont nous donnons des exemples ci-dessous.
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14.1 La Communauté Éducative et Pastorale |
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promouvra des programmes graduels et systématiques d'éducation à la foi et prendra soin avec audace de la première annonce de l’Évangile ;
promouvra une planification partagée avec les jeunes, en leur offrant des espaces de participation active et de responsabilité dans la planification pastorale et éducative, selon la méthode de la synodalité.
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14.2 La Province |
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prévoira la création d'une école de formation pédagogique, spirituelle et charismatique pour que Salésiens, membres de la Famille Salésienne et laïcs connaissent et vivent le binôme Évangélisation et Éducation ;
développera des communautés missionnaires dans le monde numérique, composées de jeunes, laïcs et Salésiens, capables de créer des contenus éducatifs et d’évangélisation ;
accompagnera les Communautés Éducatives et Pastorales à acquérir le style synodal, en valorisant la conversation de l'Esprit et le discernement communautaire.
promouvra les vocations à la vie consacrée salésienne.
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14.3 Le Recteur Majeur avec son Conseil |
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promouvra une réflexion sur le binôme Éducation et Évangélisation qui tienne compte de la diversité des contextes géographiques, culturels et multireligieux;
renforcera au Conseil Général le travail par projets plutôt que par secteurs ;
promouvra la recherche et les études pour approfondir et relancer le Système Préventif en tant que spiritualité et méthode intégrale d'éducation et d'évangélisation
promouvra la révision et l'actualisation des textes sur la spiritualité salésienne des jeunes, en rendant plus explicite la dimension missionnaire et la valeur de l'accompagnement.
Nouvelles expressions du charisme
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15 Écoute |
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61. La vie de la Congrégation est riche d'expériences qui représentent de nouvelles expressions du charisme. Tant de présences sont d'authentiques lieux de salut pour les jeunes pauvres et marginalisés. Les Provinces répondent avec sensibilité aux besoins des plus pauvres : migrants, réfugiés, enfants des rues et discriminés. Dans de nombreuses maisons salésiennes, existent des expériences exemplaires d'accueil, par exemple avec la création de Bureaux de migrants qui coordonnent de multiples initiatives de solidarité. La collaboration avec des organisations gouvernementales et non gouvernementales a permis de partager des projets et de créer des réseaux en faveur des mineurs en situation de précarité.
En tant qu'éducateurs et évangélisateurs, nous sommes conscients des nouveaux défis que les jeunes nous posent : le manque de repères, la solitude et l'isolement, l'émergence de la fragilité psycho-affective, la propagation de dépendances de toutes sortes, l'augmentation du phénomène des NEET (Not in Education, Employment or Training) [Jeunes déscolarisés et sans emploi], le manque d'une éducation à la citoyenneté et à la pensée politique dans un monde radicalisé, la présence d'idéologies qui créent la désorientation.
62. Il y a des expériences prometteuses au sein de la Congrégation pour le renouveau de la vie communautaire, caractérisée par un plus grand partage avec les jeunes. Certains d'entre eux viennent vivre dans nos maisons, participant avec nous à la mission, à la vie fraternelle et à la prière. Il serait important de réfléchir à ces expériences, d'évaluer leur portée et de reconnaître comment elles peuvent enrichir nos vies, sans rester sporadiques et occasionnelles.
Dans l'histoire de nos Provinces, il y a eu des confrères qui ont lancé des initiatives pastorales innovantes, mais il n'a pas toujours été possible de parvenir à leur intégration dans le Projet Organique Provincial pour assurer la continuité. Lorsque la communauté est capable de faire place à de nouvelles intuitions, dans un dialogue humble et un discernement réfléchi, on fait l'expérience que le renouveau pastoral est possible et fructueux.
63. Nous reconnaissons l'urgence d'élaborer une approche plus systématique et plus critique de la culture numérique, qui a un impact profond sur la vision du monde et sur les relations. Si le monde numérique et le développement de l'intelligence artificielle présentent un grand potentiel de progrès, ils soulèvent également des questions d'ordre anthropologique et éthique et nous incitent à une réflexion pédagogique profonde. En plus d'offrir un grand potentiel de croissance, ils peuvent également causer des dommages et des blessures, tels que l'intimidation, la désinformation, l'exploitation sexuelle et la dépendance. Nos confrères en formation initiale sont maintenant des « natifs du numérique » : s'ils sont accompagnés et formés avec sagesse, ils peuvent aider toute la Congrégation à s'ouvrir à l'utilisation des nouvelles technologies pour la mission. Il y a déjà des expériences positives de « communautés numériques » dans la Congrégation, mais de nombreux éducateurs reconnaissent qu'ils n'ont pas une formation adéquate et qu'ils n'utilisent les espaces numériques qu'à des fins d'information.
64. L'écologie intégrale apparaît comme un domaine privilégié du travail éducatif et pastoral. Le Pape François a fait de ce thème une partie substantielle de son magistère : sa voix nous met au défi d'être plus actuels dans l'écoute du cri de la terre et des pauvres, et dans la promotion d'une authentique spiritualité écologique qui reconnaisse la création comme un don de Dieu et éduque à un regard contemplatif et à un style de vie sobre.
Dans les Communautés Éducatives et Pastorales, l'attention portée aux questions environnementales augmente, mais il y a souvent un manque de plan intégral et systématique ; pour cette raison, les initiatives risquent d'être de courte durée et de ne pas affecter le changement de mentalité. Nous apprécions les diverses propositions de formation dans ce domaine déjà présentes dans la Congrégation, mais nous reconnaissons la nécessité de mieux comprendre le changement de paradigme qu'implique l'hypothèse de l'écologie intégrale.
65. La dimension sociopolitique de l'éducation salésienne a besoin d'être revitalisée. Notre présence dans les arènes sociales, politiques et ecclésiales où sont prises les décisions qui affectent la vie des jeunes s'est accrue grâce à nos représentants dans les institutions et les organisations internationales. Cependant, nous ne sommes pas encore suffisamment engagés pour aider les jeunes à s'engager socio-politiquement, en leur offrant une formation adéquate selon la doctrine sociale de l'Église.
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16 Interprétation |
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66. Les expériences de partage de la vie avec les jeunes, en plus de refléter ce que Don Bosco a vécu au Valdocco, sont aussi une réponse à la demande qui a émergé dans le Synode pour que les jeunes offrent « un temps destiné à la maturation de la vie chrétienne adulte ». Cette proposition doit « être construite autour d’au moins trois piliers indispensables : une expérience de vie fraternelle commune avec des éducateurs adultes qui soit centrale, sobre et respectueuse de la maison commune ; une proposition apostolique forte et significative à vivre ensemble ; une offre de spiritualité enracinée dans la prière et dans la vie sacramentelle. » (XVème Assemblée générale ordinaire du synode des évêques. Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. Document final, n. 161)
67. Face à l'activité incontrôlée de l'être humain qui menace de détruire la nature, « Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. » (François, Laudato si' 13). Le cri exprimé dans l'Encyclique Laudato si' nous interpelle en tant qu'éducateurs et pasteurs des jeunes. Si, au CG23, nous avons décrit notre activité éducative à travers les trois noyaux de l'éducation à la conscience morale, à l'amour et à la dimension sociale de la charité, le temps est venu pour nous d'intégrer également la dimension de la spiritualité écologique. Cette nouveauté exige « le développement de nouvelles convictions, attitudes et formes de vie » (Ibid. 202).
Une écologie vraiment « intégrale » doit inclure « clairement les dimensions humaine et sociale » (Ibid. 147) considérées non pas séparément, mais dans leurs interactions : en ce sens, on peut parler d'une écologie sociale (cf. Ibid. 142). En effet, il n'y aura pas un nouveau rapport à la nature sans un nouvel être humain, à la lumière d'une anthropologie biblique. En somme, il s'agit de « continuer à faire de toute cette réalité l'objet de réflexion et de décisions pratiques dans chaque présence, en combinant les dimensions pastorale, formative, sociale, économique et environnementale. » (A.F. Artime, Rapport du Recteur Majeur au CG29, 27).
68. Nous reconnaissons que le monde numérique n'est pas seulement un outil, mais une culture qui façonne la manière dont les jeunes interagissent, apprennent et forment leur propre identité. Bien qu'il offre des opportunités éducatives, des connexions mondiales et un contenu religieux, il expose également les jeunes à la désinformation, à la cyberintimidation et à des comportements addictifs qui affaiblissent les relations. Sans une formation adéquate, nous risquons de laisser les jeunes seuls face à ces défis. L'appel du Pape François dans l'Encyclique Laudato Si' en faveur de la responsabilité écologique s'étend au monde numérique qui, comme l'environnement naturel, est pollué par la désinformation et la négligence éthique. Une solide préparation biblique, théologique, charismatique et technique est nécessaire pour s’engager non seulement à utiliser les espaces numériques, mais à les transformer autant que possible en lieux de vérité, de rencontre authentique et d'évangélisation. Cependant, une approche inadéquate peut aussi conduire à une moindre profondeur pastorale, à des interactions superficielles et à une négligence de la vie communautaire et de la prière. Sans discipline, l'engagement numérique peut progressivement changer les priorités, détourner l'attention de la mission principale et diluer l'essence de l'identité salésienne.
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17 Choix |
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69. À la lumière de l'écoute et de l'interprétation, nous choisissons de
Être prÉsents dans les nouvelles frontiÈres de la mission : l'environnement numÉrique, l'Écologie intÉgrale, les nouvelles expressions du charisme.
Ce choix implique pour les confrères, les communautés, les Provinces et le Gouvernement Central de la Congrégation des engagements concrets dont nous donnons des exemples ci-dessous.
La communauté
mènera une étude sur les formes de pauvreté de son quartier, en créant des plans d'action concrets avec sa Communauté Éducative et Pastorale pour y faire face ;
envisagera d'accéder aux énergies renouvelables dans la mesure du possible.
La Province
planifiera la spécialisation des Salésiens et des laïcs pour les nouveaux défis émergents pour la mission salésienne (intelligence artificielle, dialogue interreligieux, bioéthique, migrants, réfugiés, sauvegarde, etc.) ;
promouvra des œuvres pour les jeunes en situation de difficulté et de marginalisation, également avec les laïcs et avec les groupes de la Famille Salésienne ;
étudiera un projet concret pour des communautés plus ouvertes aux jeunes, en les invitant à partager la vie communautaire, également dans une perspective vocationnelle ;
expérimentera de nouvelles formes de communautés avec la Famille Salésienne, des familles, les jeunes, et assurera la vérification et la continuité des expériences novatrices déjà en place ;
promouvra la formation à l'écologie intégrale et à l'éducation écologique des jeunes, et la présence dans le monde numérique comme témoignage d’évangélisation et d’action éducative.
Le Recteur Majeur avec son Conseil
à travers les Secteurs de la Formation, de la Pastorale des Jeunes et de la Communication Sociale, offrira aux Provinces des lignes de formation et d'action pour leur présence dans le monde numérique ;
à travers les Secteurs de la Formation et de la Pastorale des Jeunes, élaborera des orientations pour l'éducation sociopolitique, écologique et économique dans les institutions salésiennes ;
promouvra une plateforme de partage des meilleures pratiques en matière d'écologie intégrale, d'évangélisation numérique et de réponses aux nouvelles formes de pauvreté présentes dans la Congrégation ;
encouragera la collaboration entre les Provinces pour un meilleur accompagnement des jeunes migrants et des personnes déplacées ;
renforcera notre présence institutionnelle dans les organismes civils et ecclésiaux, ainsi que dans les institutions gouvernementales à tous les niveaux (international, national, régional et local) pour promouvoir le plaidoyer en faveur des jeunes les plus pauvres.
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18 NOYAU 3 |
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19 UNE VÉRIFICATION ET UNE RÉVISION AUDACIEUSES DE LA GOUVERNANCE DE LA CONGRÉGATION |
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20 À TOUS LES NIVEAUX |
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