les investissements de ressources et de personnes dans le domaine éducatif. Il n’est pas non
plus temps d’interpréter et de conditionner les défis éducatifs sur des lignes idéologiques,
désormais dépassées parce qu’elles ont échoué.
Dans une culture géopolitique mondiale, où investir dans l’économie de la guerre devient
plus important que d’investir et de nourrir les pauvres et les affamés, il est urgent et
impératif de construire et de soutenir des processus éducatifs qui préparent au monde du
travail, de former les jeunes à assumer le bien de la société au niveau social, politique et
religieux. Grande est la responsabilité que nous avons devant nous.
Nous sommes appelés à éduquer les jeunes générations à une époque caractérisée par une
profonde recherche de sens. C’est là un des défis les plus complexes de notre temps. Nous
sommes appelés à reconnaître que nous vivons dans un monde marqué par l’indifférence et
le « désenchantement », où les systèmes traditionnels de sens ont été remis en question par
la rationalisation moderne, où le modèle économique libéral déplace l’attention de la
personne et de son bien intégral pour l’orienter dans une course effrénée vers le profit.
En tant que responsables du bien commun, ce qui doit nous faire réfléchir immédiatement,
c’est le fait que non seulement nous risquons d’oublier les réponses aux principales
questions sur la vie, mais pire encore, nous risquons d’oublier aussi les questions qui nous
poussent à agir correctement. Comme adultes et responsables du bien commun sous ses
diverses formes, éducative, spirituelle, culturelle et autre, nous risquons de communiquer
une vision défaitiste, un avenir sans espoir si nous perdons nous aussi la capacité de saisir
les questions, surtout celles des jeunes.
Don Bosco, à ce stade, nous laisse une leçon qui nous stimule et nous encourage encore
aujourd’hui. Chaque point de départ, même celui marqué par la pauvreté et la misère, ne
peut pas avoir le dernier mot. Le visage des jeunes, surtout s’il est marqué par la limite et la
misère, est une invitation à créer des alliances. Il faut que ceux qui ont à cœur le bien de
l’humanité, voient dans le visage des jeunes une ressource humaine qui demande à être
aidée pour pouvoir devenir actrice.
S’il n’est pas permis de considérer les jeunes comme un problème, il n’est pas non plus sage
de les considérer comme de pauvres mendiants. Ils vivent dans un espace défini par des
questions profondes. C’est à partir de ces questions que se construisent ensemble des
chemins et des parcours pour leur bien. Aujourd’hui, nous devons nous sentir interpellés par
cette base faite de bonté que Don Bosco nous rappelait en son temps.
Les jeunes ont une tension fondamentale vers la bonté. Les jeunes conservent une ouverture
naturelle aux valeurs les plus profondes, même lorsqu’ils ne savent pas l’articuler
conceptuellement. C’est de là que naît l’urgence d’avoir des éducateurs et des formateurs
qui, sachant saisir le bien qui habite le cœur des jeunes, parviennent à favoriser des espaces
et des expériences où cette bonté émerge. À travers des projets, des propositions, des
milieux et des expériences systématiques, le bien trouvera un environnement systémique