Même si on parle surtout du Volontariat dans ce document, nous voulons mettre au centre de notre réflexion la personne du Volontaire, parce que notre attention est essentiellement tournée vers sa croissance humaine et chrétienne/religieuse et vers son insertion dans la vie sociale et ecclésiale. La dimension de l’être nous préoccupe plus que ses activités multiformes, pourtant nécessaires pour son service.

[3]Nous considérons chaque jeune comme un volontaire en puissance, ou bien une personne en croissance vers une vision de la vie comme don, comme vocation, et donc vers l’acquisition d’une disposition intérieure de service ; une personne qui est en formation permanente vers sa pleine maturité humaine et chrétienne/religieuse. L’engagement d’accompagner et de soutenir ce cheminement est la tâche normale de la PSJ. En conséquence, nous pensons qu’il faut nous référer au cadre général de la PSJ dans l’analyse spécifique de la croissance et des phases actives du Volontariat.

[4]Pour faciliter cette croissance humaine et chrétienne/religieuse du volontaire le Volontariat apparaît comme l’expression agissante d’une attitude intérieure de service et de solidarité. C’est pourquoi la dynamique du Volontariat, c.-à-d. toute l’organisation des différentes activités pour sa promotion, son évaluation et sa formation, ainsi que l’envoi et l’accompagnement du volontaire, doivent être orientés vers son développement intégral par la croissance de cette attitude intérieure et sa réalisation dans un engagement fructueux.

[5]Le Volontariat salésien ne se limite pas aux jeunes chrétiens pratiquants. Il s’ouvre aussi à toute personne de bonne volonté, baptisée non pratiquante ou appartenant à d’autres religions qui, dans un esprit d’ouverture envers les gens et les cultures, veulent créer un monde nouveau au moyen de l’action sociale, en partageant l’idéal salésien et sa méthode, au moins dans ses lignes essentielles. Les détails de ce qu’on dit des volontaires doivent donc leur être appliqués avec les adaptations nécessaires, sans réduire l’exigence du charisme et de la méthode salésienne.

Même si on le présente ici comme une réalité incorporée à la PSJ, le Volontariat est aussi ouvert aux jeunes qui ne font pas partie de ses structures et aux adultes qui désirent partager la mission salésienne.

Ce document a comme objectif de :

1. Offrir à toute la Congrégation les critères fondamentaux et communs sur la réalité et la pratique du Volontariat dans la mission salésienne : son identité, sa formation et l’animation du Volontariat salésien.

2. Promouvoir le Volontariat dans les Provinces comme parcours de formation promu par la PSJ, laquelle veut inculquer aux jeunes une attitude de service aux plus pauvres et aux abandonnés, en leur offrant des expériences révélatrices d’un engagement social et missionnaire qui les aide à mûrir une option de vocation chrétienne.

3. Déterminer les critères indispensables pour une évaluation salésienne, ecclésiale et sociale du volontaire ou des activités du Volontariat.

[7]Ce document est adressé à tous ceux qui doivent promouvoir le Volontariat dans les Provinces. Il est confié en particulier à ceux qui matérialisent la PSJ, aux animateurs de la dimension missionnaire, aux équipes provinciales ou interprovinciales et aux ONG/organisations salésiennes qui organisent la promotion des diverses propositions du Volontariat, parce qu’ils considèrent le Volontariat comme une expérience privilégiée à proposer aux jeunes et parce qu’ils veillent à ce que sa réalisation s’insère solidement dans le processus de maturation humaine et chrétienne/religieuse propre à la proposition éducative et pastorale salésienne.

Le sens du mot “Volontariat” dans la société et la culture est passablement plus large que l’expérience réalisée dans le monde salésien. C’est d’ailleurs une tendance sociale remarquable qui nous concerne. C’est pourquoi, avant de définir au plan salésien de quel Volontariat nous entendons parler dans ce document, il est bon d’examiner les aspects les plus caractéristiques de ce phénomène au niveau mondial, en en relevant les valeurs éducatives.

[9]De fait, dans presque tous les pays du monde, on trouve toujours plus chez les gens une plus grande conscience de la participation active à la vie sociale, qu’on définit justement comme du “Volontariat”.

Cette acception du mot “Volontariat” a une portée plus large et plus précise qui veut souligner la libre décision de chacun et des groupes organisés à devenir partie prenante de la vie sociale.

[10]Quelques caractéristiques du Volontariat dans le monde

• Il naît comme une libre décision de la personne

Il est le fruit de l’action libre de millions de personnes qui décident de consacrer une partie de leur temps, de leur vie, à améliorer la condition de personnes plus démunies.

[11] • Il a sa racine dans un cadre de valeurs

Il constitue donc un grand témoignage sur la valeur de la solidarité et de la gratuité dans un monde individualiste.

Il naît pour transformer la société ; pour contribuer à éliminer les causes qui engendrent pauvreté et injustice ; pour donner une réponse adaptée aux besoins d’un territoire, en accordant une attention prioritaire aux pauvres et aux marginaux.

[12] • Il encourage une nouvelle attitude envers la vie

C’est avant tout une attitude et un style de vie et d’action qui comprend l’ouverture aux autres, la générosité, la solidarité et le service gratuit et, pour le chrétien, un témoignage de l’Évangile de Jésus.

Mais il est aussi une collaboration organisée, une forme de participation sociale des personnes dotée d’une certaine continuité et de programmes partagés, au bénéfice d’une communauté.

Il développe la culture de la citoyenneté en développant la conscience des droits des personnes et la responsabilité de les assurer aux plus faibles, la valeur de l’engagement personnel et la force de l’initiative sociale de base.

[13] • Il se présente toujours davantage comme un sujet social

Le Volontariat devient un sujet social et politique différent de l’État et du marché, comme un “troisième secteur” qui dépasse la tension entre secteur “public” et “privé”, en développant un nouvel espace (le “privé social”), ne fonctionnant pas selon la logique du profit ni de l’obligation, mais qui suit le principe de la gratuité et de la participation volontaire. Le Volontariat développe ainsi un rapport d’association avec le monde du “Marché” (bénéfice, efficacité, échange…), avec le monde de l’“État” (minimums garantis à tous, sécurité, obligation…) et avec les centres vitaux des personnes et des communautés de base (don, proximité, implication personnelle…).

La pratique du Volontariat s’est largement répandue dans le cadre de l’Église, et les organisations qui l’encouragent se sont multipliées. Ceci, comme l’avait affirmé le Pape Jean Paul II “…constitue un vrai "signe" des temps et révèle une prise de conscience très vive de la solidarité qui unit les êtres humains les uns aux autres. En permettant aux gens de participer activement à la gestion des services dont ils sont les destinataires, et aux différentes structures et institutions, le Volontariat contribue à imprimer ce "supplément d'âme" qui les rend plus humaines et plus respectueuses de la personne”.¹

[15]Toujours en parlant aux jeunes en 1988, le Pape Jean Paul II avait déjà déclaré clairement le sens du Volontariat dans l’Église “Quant à votre rôle en tant que jeunes, je vous dis simplement : soyez indispensables, non pour ce que vous pouvez faire avec vos seules forces humaines mais pour ce que vous pouvez faire avec la foi dans le Dieu de la paix, qui se fait culture et engagement pour la paix. Mais vous ne pourrez être ce que les hommes attendent de vous que si vous décidez d’agir dès maintenant. Intervenez selon les situations. Le Volontariat, réalité merveilleuse de notre temps, est vivant parmi nous. Ayez seulement la pureté d’intention qui vous rendra transparents, le souffle de l’espérance qui vous aidera à être persévérants, l’humilité de la charité qui vous rendra crédibles. J’ose dire qu’un jeune de votre âge qui ne donne pas, d’une façon ou d’une autre, un temps prolongé au service des autres, ne peut se dire chrétien, quand on voit le nombre et toutes les variétés de demandes qui viennent des frères et des sœurs qui nous entourent”.²

[16] Le Volontariat dans l’Église, par sa valeur de témoignage, par son dynamisme en faveur de la vocation et par la force de son engagement au service de la libération intégrale de l’homme, est un signe du Royaume de Dieu. Il montre que l’amour se rend concret sur la terre à travers les croyants qui, poussés dans le plus profond de leur être par la force de la charité, consacrent tous leurs efforts à donner leur vie pour les autres.

Le rôle du Volontariat dans l’Église pourrait être compris de différentes façons.

[17]1.2.1 Comme développement de la vocation au baptême

Le Volontariat chrétien est un signe et une réalisation concrète de la vocation et de la mission des laïcs, qui, coresponsables par leur baptême de la mission de l’Église, sont appelés à contribuer à la venue du Royaume de Dieu, à la construction de la communauté humaine, à la transformation du monde selon le projet de Dieu³ comme ferment à l’intérieur des réalités temporelles.

La laïcité est une valeur chrétienne pleinement proclamée par Gaudium et Spes, répétée par tous les documents successifs de l’Église et en particulier par Christifideles laici. “L’homme est le premier chemin que l’Église doit parcourir pour accomplir sa mission”.⁴

Cette laïcité autorise le baptisé à annoncer un Évangile profondément incorporé aux réalités humaines terrestres.

Le service des volontaires trouve alors sa plénitude quand leur travail de promotion humaine est explicitement motivé et inspiré par leur choix chrétien et par le témoignage de leur charité.

[18] 1.2.2 Comme une motivation évangélique alimentée par une forte spiritualité chrétienne

Le Volontariat chrétien s’inspire de l’Évangile et s’en nourrit. Il se présente comme un projet alternatif de vie qui s’efforce de vivre et de proposer des valeurs jaillissant de l’Évangile, peu présentes ou totalement absentes dans sa communauté de vie ou de travail. Il est maintenant vécu avec une sensibilité et des modalités nouvelles, comme réponse à la situation historique actuelle et à la conscience ecclésiale développée dans Vatican II.

L'étude des problèmes complexes du développement des peuples, la recherche de solutions aux problèmes de caractère social, culturel, politique et technique, les engagements quotidiens du service gratuit aux gens, surtout aux plus pauvres… tout cela doit être soutenu, alimenté et transformé par une spiritualité forte centrée dans la prière, l’écoute de la Parole de Dieu, l’Eucharistie et dans la participation de chaque jour à la vie de la communauté chrétienne.

[19] 1.2.3 Comme expression du dynamisme missionnaire de la foi

Le Volontariat est aussi une manifestation efficace et qualifiée du dynamisme missionnaire de l’Église, tant dans l’engagement de la “nouvelle évangélisation” que dans l’annonce du Christ “ad gentes”. Il ne s’agit pas seulement de couvrir les nécessités matérielles concrètes des personnes les plus démunies mais de les amener à faire personnellement l’expérience de la charité de Dieu. Grâce au Volontariat, le chrétien devient un témoin de la charité divine ; c’est ce qu’il annonce et on peut la toucher à tout moment, dans la mesure où lui-même sent qu’il y est immergé et en vit.⁵

Les volontaires témoignent par leur service que “l’homme est aimé de Dieu”. “Telle est l’annonce si simple et si bouleversante que l’Église doit donner à l’homme. La parole et la vie de chaque chrétien peuvent et doivent faire retentir ce message (…). Cette nouvelle évangélisation, qui s’adresse non seulement à chaque homme, mais aussi à des groupes entiers de population dans la diversité de leurs situations, milieux et cultures, est destinée à former des communautés ecclésiales mûres (…). Les fidèles laïcs ont aussi leur rôle à jouer (…) par leurs élan et action missionnaires envers tous ceux qui n’ont pas encore la foi”.⁶

[20]1.3 Le Volontariat en milieu salésien

On constate que le Volontariat s’est aussi largement développé dans le milieu salésien au cours des dernières décennies au point que certaines œuvres salésiennes commencées dans ces dernières vingt-cinq années ne seraient pas ce qu’elles sont sans l’aide précieuse des volontaires.

[21] 1.3.1 Orientations des Chapitres Généraux

La Congrégation salésienne, dans ses derniers chapitres généraux, a porté beaucoup d’attention au Volontariat, en l’intégrant à sa mission et en le considérant comme un bon moyen pour la formation absolue des jeunes.

• Le CG21, sans signaler le Volontariat de façon explicite, parle de la participation directe des laïcs à la mission.⁷

• Le CG22 demande de donner vie au Volontariat salésien des jeunes en coordination avec les initiatives de la Pastorale des Jeunes.⁸

• Le CG23 parle du Volontariat dans le cadre de la spiritualité salésienne des jeunes comme d’un “service civil et missionnaire, pour collaborer avec les autres organismes à la promotion humaine et à l’évangélisation”,⁹ et comme un chemin concret “d’engagement et de service gratuit parmi les plus pauvres”, au sujet de l’orientation de la vocation des jeunes.¹⁰

• Mais c’est surtout le CG24 qui porte une attention toute spéciale au Volontariat :

  • il en fait un contrôle, tout en en reconnaissant le développement et la variété de ses formes, son apport incontestable à la vocation et à la formation, et son rôle positif pour les communautés salésiennes elles-mêmes qui reçoivent des volontaires.

  • Il signale aussi quelques problèmes, spécialement ceux qui se présentent au volontaire quand il revient de son expérience de Volontariat.¹¹

  • Le même chapitre propose aux communautés locales et provinciales des orientations pour faciliter l’évaluation et le développement du Volontariat dans la mission salésienne, pour l’accueil, la formation et l’accompagnement des volontaires, surtout à leur retour.¹²

[22] 1.3.2 Une éclosion d’expériences

Le Volontariat s’est développé au niveau mondial d’une façon admirable, spécialement chez les jeunes. Partout dans le monde, les Salésiens rencontrent des jeunes conscients et généreux qui se sentent attirés – par la grâce de Dieu – vers le Volontariat. Les jeunes y découvrent un espace de liberté et d’initiatives ; ils entrevoient un chemin qui les porte au service des autres ; ils voient la possibilité d’une “prophétie” qui devient contestation courageuse de la mentalité individualiste et de consommation qui sont un piège pour beaucoup de couches sociales. En s’engageant dans le Volontariat, les jeunes cherchent et peuvent trouver une voie qui rend leur vie authentique et leur permet d’annoncer, plus dans les faits que par la parole, qu’il ne sert à rien de vivre si on ne vit pas pour servir. Nous devons accueillir ce “signe des temps”, en en faisant voir les différentes possibilités, surtout pour l’éducation et la solidarité.

[23] Actuellement, une multitude d’expériences qui se considèrent comme un “Volontariat” existe dans le monde salésien. Il est difficile d’en faire une liste exhaustive. En voici les plus communes :

• le service gratuit des animateurs, catéchistes et autres collaborateurs dans les oratoires / centres de jeunes et dans les paroisses salésiennes. Certains offrent un service à temps complet, tandis que d’autres assurent un service régulier, mais intermittent.

• un Volontariat social parmi les plus pauvres.

• un Volontariat dans les structures éducatives.

• un Volontariat directement évangélisateur.

• un Volontariat dans une œuvre salésienne comme expérience spécifique de la vocation.

• un Volontariat comme choix de vocation pour toute la vie, sans limite de temps.

• des expériences de groupe, normalement hors du contexte ordinaire et pour une brève durée – de deux semaines à trois mois – pour réaliser un projet spécifique. Ces expériences se font souvent dans les contextes salésiens des pays en voie de développement.

• un Volontariat pour une période plus longue (un an environ) hors du contexte ordinaire dans les œuvres de la Province.

• un Volontariat pour une brève période (de 3 mois à un an) ou pour des périodes plus longues (un an ou plus) en d’autres pays dans les territoires de mission confiés à la Congrégation.

• un service civil (social) garanti par l’État, qui pourrait remplacer le service militaire.

Par la variété de cette liste, à laquelle on pourrait ajouter d’autres expériences, on voit bien que tous ne pensent pas à la même réalité en parlant de “Volontariat salésien”.

Nous sentons donc le besoin d’établir certains critères pour organiser et promouvoir ce phénomène riche et prometteur. En tant que salésiens, nous désirons en découvrir toute la richesse et en accueillir la provocation, en tenant compte de notre contexte social et ecclésial, à l’intérieur de l’histoire et des valeurs salésiennes.

PREMIÈRE PARTIE

L’IDENTITÉ DU VOLONTARIAT SALÉSIEN

[24]Clarifications

La description de l’identité du Volontariat salésien que nous proposons ici se veut pratique, en indiquant les choix les plus importants pour assurer la qualité éducative pastorale salésienne de l’expérience, pour faciliter une communication et une collaboration entre les diverses Provinces et les organisations salésiennes du Volontariat.

Dans ce Manuel, nous voulons d’abord clarifier une certaine terminologie et lui donner un sens précis.

[25]1. Le Volontaire

Comme nous l’avons déjà dit plus haut, nous voulons mettre l’accent sur la personne du Volontaire, parce que nous nous intéressons essentiellement à sa croissance humaine et chrétienne/religieuse et à son insertion dans la vie sociale et dans la communauté de foi. La dimension de son être nous préoccupe plus que ses nombreuses activités qui sont pourtant nécessaires pour son service.

Le Volontaire salésien est une personne laïque majeure, homme ou femme, jeune ou adulte, célibataire ou mariée qui, après s’être préparée comme il le faut, met au service désintéressé des jeunes et de la classe populaire, spécialement les plus pauvres et ceux qui sont “à risques”, sa spécialité ou d’autres dons et capacités personnelles, pour réaliser la mission salésienne, avec un engagement explicite et durable.

Ouvert à la mondialité, à l’échange entre cultures et avec un profond respect de la dignité de la personne humaine, il offre une réponse qualifiée, créatrice et durable aux besoins imprévus. En collaborant avec les institutions civiles et ecclésiales, il encourage la transformation de la société et l’élimination des causes de l’injustice selon le modèle évangélique et le système éducatif de Don Bosco, en s’inspirant de la spiritualité salésienne.

Par Volontariat, on entend un service désintéressé, pour une période déterminée, réalisé à travers un engagement durable. Cet engagement est à envisager comme durable dans le sens fort du terme (une période de temps prolongée sans interruption, six mois, une ou plusieurs années par ex.), ou dans le sens large (un service non-stop, même pour de nombreuses années, mais comportant un service quotidien ou hebdomadaire de quelques heures), qui se rend d’une façon programmée et structurée, en s’impliquant dans des associations, ONG, organismes provinciaux, etc.

Les expériences brèves, individuelles ou de groupe, qui ont des caractéristiques de Volontariat, sont considérées comme une préparation et une formation pour un vrai service de Volontariat.

Le service prêté par un volontaire est considéré comme Volontariat salésien quand il est encouragé par des communautés salésiennes ou réalisé dans un contexte salésien (œuvre/communauté), et de toute façon pour réaliser la mission salésienne.

Le Volontariat salésien est donc une réalité organisée réalisant pendant un certain temps un programme d’action volontaire, inspiré par les valeurs de la spiritualité salésienne et inséré dans un Projet Éducatif Pastoral Salésien.¹³

Don Bosco savait engager ses jeunes, même très jeunes, dans des tâches de Volontariat presque héroïques. Il suffit de rappeler les jeunes “volontaires” au moment du choléra. Il les aidait à faire mûrir la vocation de leur vie au moyen de ces engagements de service.

L’implication directe des jeunes eux-mêmes dans leur éducation et dans la transformation du milieu, fut pour Don Bosco une des clés fondamentales de son système d’éducation, tout en étant une véritable école de citoyenneté et de sainteté.

En pratique, Don Bosco réussit à créer au Valdocco un style de vie dont le centre était la présence amicale des éducateurs au milieu des jeunes, dans un climat de joie et de confiance dans les personnes et dans leur possibilité de croissance, dans leur rôle et leur collaboration, en faisant spécialement attention à ceux qui étaient le plus dans le besoin ou à risque.

Il a ainsi démontré une grande sensibilité pour le “social”, en sachant appeler et enthousiasmer beaucoup de personnes, des jeunes et des adultes, laïques ou consacrés, au service de l’éducation et de la promotion des jeunes sans ressources et du peuple, dans et en dehors des œuvres salésiennes.

Pour réaliser son projet éducatif et social, Don Bosco a donné origine à un vaste mouvement de personnes,¹⁵ qui l’ont aidé en partageant les valeurs de sa spiritualité.

Aujourd’hui, les Salésiens veulent réaliser plus largement ces intuitions de Don Bosco en encourageant le Volontariat. Celui-ci aide à proposer de nouveau une manière d’être profondément inspirée par une vision positive et évangélique de la personne et de la vie, qui puisse conduire les jeunes et les éducateurs eux-mêmes au développement complet de leur vocation humaine et chrétienne/religieuse.

En accord avec la mission salésienne et la spiritualité qui la nourrit, le Volontariat salésien se base sur les valeurs de l’Évangile. Il s’engage dans un projet de vie centré sur le service des personnes dans le besoin et de la société en général, en promouvant les droits de chacun, en participant aux efforts en faveur de la justice, de la solidarité et de la paix, et en collaborant de cette façon au développement intégral des peuples¹⁶. Pour les membres de l’Église, le Volontariat est aussi une invitation à partager leur propre foi grâce au témoignage et au service.

Le Volontariat crée ainsi une nouvelle mentalité, même s’il s’agit d’une phase temporaire dans une vie, qui transforme peu à peu la manière concrète d’envisager sa propre vie comme un engagement à créer un monde nouveau, grâce au service rendu à l’homme dans le besoin.

“Le développement d’un tel engagement représente pour les jeunes une école de vie éduquant à la solidarité, à la disponibilité pour offrir non pas simplement quelque chose, mais pour se donner soi-même. A l’anti-culture de la mort, qui s’exprime par ex. dans la drogue, s’oppose ainsi l’amour qui ne se recherche pas lui-même, mais qui, précisément en étant disponible à ‘se perdre’ pour l’autre (cf. Lc 17, 33 ss.), se révèle comme une culture de la vie”.¹⁷

[30]2.3 Caractéristiques fondamentales de la nouvelle mentalité

On peut mentionner deux caractéristiques, considérées comme fondamentales, de cette nouvelle mentalité qui devrait être le résultat d’un Volontariat salésien bien fait. Elles se vérifient pour n’importe quel volontaire, en faisant abstraction de sa foi ou de sa religion.

[31]2.3.1 Une vision du destin de la vie comme don et comme service

Le volontaire accepte une vision du but de sa vie conçue comme un don reçu gratuitement, et qu’il faut partager avec tous au service de la plénitude de la vie.

Cette culture de vocation devient une réalité vécue quand le volontaire finit par avoir des attitudes et des valeurs importantes comme la défense et la promotion du caractère sacré de la vie humaine, la confiance en soi et dans le prochain, l’intériorité qui permet de découvrir en soi et dans les autres la présence de l’action de Dieu, la disponibilité à se sentir responsable et à se laisser impliquer pour le bien des autres dans une attitude de service et de gratuité, le grand courage de rêver et de désirer le bien des autres avec audace.

Cette vision doit se développer pendant la formation des volontaires et doit inspirer leurs projets et leurs services de façon telle que l’expérience du Volontariat ne se réduise pas à une parenthèse, dans la manière d’affronter sa propre vie dans la société et dans l’Église.

[32]2.3.2 Une Attitude de service désintéressé et de solidarité

Le Volontariat devient une véritable école de vie, surtout pour les jeunes. Il contribue à les éduquer à une culture de la solidarité avec les autres, surtout ceux qui en ont le plus besoin, avec un esprit d’accueil, d’ouverture, et de don gratuit de soi.

Il constitue un facteur tout spécial d’humanisation : grâce aux formes variées de solidarité et de service qu’il encourage et rend concrètes, il rend la société plus attentive à la dignité de la personne humaine et à ses multiples attentes.

Grâce aux activités qu’il entreprend, le volontaire se rend compte que seul celui qui aime et se donne aux autres se réalise complètement comme créature humaine.

A l’“Oratoire” de Don Bosco, les jeunes et les collaborateurs adultes ont fait l’expérience de travailler avec lui pour l’éducation et le salut des jeunes. Ce “vécu charismatique” et communautaire, noyau de la Spiritualité Salésienne, éclaire le projet du Volontariat salésien. En voici quelques caractéristiques :

• l’amour préférentiel pour les jeunes, spécialement les plus pauvres, comme signes d’un amour spécial de Dieu pour eux ;

• la pédagogie de la bonté, comme expression d’une charité concrète à la mesure des jeunes, qui suscite en eux une réponse d’amour ;

• l’esprit de famille : un style de relation humaine sereine et accueillante portant à une vision positive de soi, construisant un milieu stimulant de formation et encourageant le travail en groupe et le sens de responsabilité dans l’engagement de leur croissance ;

• les engagements dans le quotidien comme réponse à la vocation humaine et chrétienne personnelle, et le lieu où nous travaillons ensemble pour développer la mission rédemptrice du Christ et transformer le monde ;

• l’optimisme et la joie de vivre : confiance dans la victoire du bien, ouverture aux valeurs humaines présentes en chaque homme, même les plus pauvres et les plus démunis, la pédagogie de la joie et de la fête.

Les grands défis actuels : mondialisation et développement des peuples, la paix et la défense de la nature, la nouvelle évangélisation, le rôle primordial des laïcs… nous obligent à surmonter la tentation de nous renfermer dans notre milieu ou notre projet, ou encore de considérer les autres comme des rivaux dont il faut se défendre.

Le salut des jeunes exige d’unir nos forces, de rechercher ce qui nous rassemble, de créer des liens d’aide et de soutien réciproques, d’abandonner les “premiers rôles” stériles qui nous divisent si souvent. Et cela en commençant par les communautés et les œuvres dans un territoire et, au sein de la Province, entre les différents milieux et services de la Pastorale des Jeunes. Une forme pleine de sens de cette coresponsabilité dans la mission salésienne est justement le Volontariat,¹⁸ qui est aussi pour les laïcs un chemin privilégié pour faire mûrir la vocation salésienne.

[35]Dans cet esprit, le Volontariat salésien ne se limite pas uniquement aux baptisés ou aux pratiquants. Il est aussi ouvert aux jeunes et aux adultes qui se sont éloignés de l’Église, aux pratiquants d’autres religions ou à des jeunes en recherche religieuse. Toutes les personnes de bonne volonté désirant travailler avec les Salésiens en partageant la vision et le projet éducatif de Don Bosco peuvent prendre part au projet du Volontariat salésien.

L’expérience du Volontariat pourrait constituer pour certains jeunes indifférents à la religion une occasion de découvrir leur propre foi et de s’ouvrir à une foi adulte, engagée, ecclésiale et missionnaire – un vrai chemin d’évangélisation.

[36]Pour s’orienter vers ce processus délicat de partage et de communion et garantir un vrai Volontariat salésien, il est important d’affermir des critères et des conditions. Celui qui veut entrer dans le Volontariat salésien doit manifester certaines qualités :

• une maturité humaine suffisante et une cohérence personnelle, qui sont nécessaires pour devenir une référence éducative pour les jeunes ;

• une sympathie pour Don Bosco et envers les salésiens ;

• une propension à l’éducation et une sensibilité envers la condition juvénile, surtout celle des plus pauvres ;

• l’acceptation du projet éducatif salésien et de la méthode éducative de Don Bosco ;

• l’ouverture à la recherche de Dieu et au respect pour la proposition de l’Évangile et pour les valeurs des autres religions et cultures.¹⁹

L’engagement missionnaire ad gentes fait partie intégrante du charisme salésien. Le Volontariat offre aux personnes intéressées la possibilité de s’engager à côté des salésiens pour la venue du Royaume de Dieu dans les différents contextes.

• il leur fait comprendre que tous les baptisés sont “envoyés” par le Seigneur pour annoncer la Bonne Nouvelle.

• il les provoque à s’ouvrir à la mondialité et à l’interculturalité, et à entrer dans une culture autre que la leur.

• il les introduit au dialogue interreligieux et œcuménique, qui valorise l’originalité des différentes expériences religieuses.

• il propose aux volontaires la formation d’une conscience critique.

• il leur offre des lieux directs d’engagement aux frontières de l’évangélisation, au moyen d’un service désintéressé et spécialisé selon leur profession.

• il leur propose des modèles qui les aideront à vivre la dimension laïque en solidarité avec les besoins les plus urgents, à lutter contre l’injustice, contre l’émergence de nouvelles divisions et de nouvelles pauvretés.

Le rôle du Volontariat ad gentes n’est pas seulement offert aux jeunes mais aussi aux adultes, à ceux qui sont seuls, en couples ou en familles.

Dans le vaste mouvement de personnes que Don Bosco a voulu réaliser pour le salut de la jeunesse, la Famille Salésienne tient une place privilégiée. Le Volontariat lui permet de proposer aux adultes et aux jeunes adultes une façon concrète de s’impliquer dans le charisme et dans la mission salésienne, des espaces pour un engagement plus créatif au service des plus pauvres, des formes concrètes pour devenir les premiers à transformer la société actuelle selon le style de Don Bosco.

Les membres de la Famille Salésienne sont invités à aider les volontaires à s’insérer dans un territoire concret en collaborant avec la mission salésienne et à favoriser le vaste mouvement salésien. Le Volontariat offre aussi des espaces de formation et de témoignage qui peuvent conduire à la maturation d’une vocation dans l’un des groupes de la Famille Salésienne.

La PSJ est l’expression agissante de la mission de Don Bosco, et la réalisation actuelle de sa mission éducative et évangélisatrice, dans le style du système préventif et animée par le dynamisme de la spiritualité salésienne. Son objectif est la promotion intégrale de la personne dans sa réalité d’être humain et dans sa vocation de fils de Dieu (citoyen et chrétien).²⁰

[40]Ce chemin de croissance intégrale de la personne, promu par la PSJ au moyen de différents itinéraires spécifiques de formation, développe et fait mûrir chez les jeunes les valeurs et les manières d’être du Volontariat²¹. Concrètement, ce processus renforce :

• l’insertion active et responsable dans la réalité sociale et culturelle, économique et politique, pour la transformer ;

• l’attitude de service et de solidarité dans la société et dans l’Église ;

• le développement de la dimension religieuse, qui ouvre la personne à la transcendance et à la “découverte de Dieu” ;

• l’expérience d’une vie chrétienne pleine de sens qui conduit à la rencontre de Jésus Christ et à un choix possible de vocation selon l’Évangile.

[41]Il est évident que la PSJ n’existe pas seulement en fonction du Volontariat car la promotion intégrale de la personne ne s’achève pas avec lui. Le Volontariat est cependant un signe efficace du succès de la PSJ. Après le parcours de formation donnée par la PSJ, l’engagement d’un jeune dans le Volontariat manifeste la personnalisation des valeurs recensées plus haut.

On voit aussi que des centaines de jeunes et beaucoup d’adultes s’offrent pour un engagement de Volontariat dans le cadre salésien, sans avoir suivi le parcours de la PSJ. Ils sont venus en contact avec la réalité salésienne de différentes façons, surtout par Internet. Qu’ils soient jeunes ou adultes, il faut organiser pour eux un temps de formation appropriée qui les aide à suivre ce chemin de croissance intégrale selon le style salésien, pour acquérir les valeurs indispensables d’un Volontariat salésien. Accueillir et former ces personnes, surtout les jeunes, est aujourd’hui un défi important et nouveau pour la Pastorale Salésienne des Jeunes.

La proposition du Volontariat aide le jeune à mûrir par la suite son parcours de formation réalisé dans la PSJ et il enrichit en même temps par ses valeurs la Proposition Éducative Pastorale. Concrètement, elle valorise :

• l’engagement éducatif et de promotion envers les plus pauvres et les plus démunis ;

• la participation des laïcs et l’étroite collaboration entre SDB et laïcs dans la mission éducative salésienne ;

• une présence efficace et pleine de sens sur le territoire, par le dialogue et la collaboration avec les autres institutions et agences éducatives ou de promotion ;

• le renouvellement du dynamisme missionnaire, en l’insérant dans la culture populaire, pour être plus humain et stimuler la libération personnelle et communautaire.

• un nouveau style de présence parmi les jeunes et les jeunes adultes, qui soit ouvert à la solidarité et aide à faire mûrir des options de vie grâce au service gratuit envers les autres.

[43]3.3 Le Mouvement Salésien des Jeunes : un terrain fertile pour la

promotion du Volontariat

Le MSJ, par son cheminement global et progressif organisé dans les groupes selon les âges, offre une participation efficace au Volontariat salésien. En effet, l’appartenance aux groupes du Mouvement et l’itinéraire de formation qui s’y déroule ainsi que l’expérience de leadership et d’animation qui se réalise en eux, développent les valeurs de la culture du Volontariat. Le MSJ offre ainsi la possibilité de faire mûrir des options plus difficiles dans ce domaine, qui seront réalisées ensuite dans le Volontariat librement assumé.

Comme on l’a déjà signalé, le Volontariat salésien est une réalité formant une unité, un cheminement ou un processus éducatif intégré organiquement dans la Pastorale Salésienne des Jeunes, qui les amène au don de soi et au bien des autres, et éventuellement vers un choix stable de vocation. On peut signaler comme étapes de ce cheminement :

1 UNE ÉDUCATION AUX VALEURS DU VOLONTARIAT 2 UNE ANIMATION ET UN ENGAGEMENT PERSÉVÉRANT DE SERVICE 3 DES EXPÉRIENCES DE VOLONTARIAT 4 UN VOLONTARIAT ADULTE

Le développement de la culture du Volontariat et la formation à ses valeurs (service désintéressé, ouverture à l’autre, solidarité…) tout au long du processus éducatif pastoral avec les jeunes et les adolescents. La formation au Volontariat grâce à différentes expériences de service généreux et désintéressé, comme l’animation, la participation active aux différentes associations ou expériences brèves du Volontariat. L’option d’un Volontariat organisé ou formel, que de jeunes adultes ou des adultes prennent pour un temps plus long. Tout au long de ce cheminement, et par ces expériences de Volontariat, les jeunes font mûrir leurs options de vocation conscientes et durables.

• Évangélique

Le Volontariat salésien propose les valeurs de l’Évangile du Christ par le témoignage d’un service désintéressé et solidaire, selon l’esprit salésien.

Il favorise l’engagement “missionnaire” d’annoncer l’Évangile dans des régions où il n’est pas suffisamment connu, en y collaborant.

Cette caractéristique pourrait être considérée comme une évidence quand il s’agit de volontaires baptisés et pratiquants, mais on peut difficilement l’appliquer à d’autres. Elle se réalise cependant aussi chez les autres, car un volontaire salésien de n’importe quelle foi s’engage à rendre effectives certaines valeurs évangéliques comme la gratuité, la solidarité, la justice, la paix… en participant à la mission salésienne. De fait, cette caractéristique leur offre la possibilité d’un chemin d’approfondissement religieux.

[47]• Éducatif

Le Volontariat salésien se préoccupe avant tout de la maturité personnelle et sociale du volontaire qui accepte le défi d’ “éduquer en s’éduquant soi-même”.

Il s’engage dans des programmes de développement humain des individus, en faisant très attention aux plus abandonnés et il marque ses interventions du style éducatif salésien ; il est ouvert à tous et favorise le dialogue interculturel et interreligieux.

[48]• Sociopolitique

Le Volontariat salésien s’insère activement et de façon responsable dans la réalité socio-culturelle, économique et politique et il s’engage à la transformer en collaborant avec les autres institutions civiles et ecclésiales.

[49]• Laïque

Le volontaire qui vit sa propre vocation humaine et religieuse dans les réalités de la famille, du travail, de la culture, de la politique, de l’économie… est au centre du Volontariat salésien. Il s’engage à transformer ces structures selon les valeurs de l’Évangile, en y mettant les propositions de la spiritualité salésienne et en offrant ainsi au monde un témoignage spécifique et évangélique.

[50]• Jeune

Le volontaire salésien est normalement un “jeune adulte” qui vit son service avec un esprit jeune et une harmonie profonde avec les jeunes au service desquels il est envoyé.

Il y a aussi beaucoup d’adultes qui offrent une contribution très appréciée à la mission et au projet salésien de promotion humaine, sociale et chrétienne des jeunes et des classes populaires.

[51]• Communautaire

L’aspect communautaire du Volontariat salésien est évident par le fait même que le volontaire est envoyé remplir un service par une communauté, après une préparation convenable, et qu’il est accueilli par une autre communauté. Des expériences de groupe, vécues avec l’esprit de famille inspiré de Don Bosco, aident à développer les valeurs du dialogue et du don de soi. Sans exclure que l’on puisse travailler dans des projets non salésiens, le volontaire s’insère normalement dans une Communauté Éducative Pastorale salésienne avec laquelle il collabore, et dont il partage le Projet Éducatif Pastoral.

Les secteurs de service auxquels le volontaire salésien apporte sa contribution varient en fonction de la professionnalité, de la foi personnelle, des compétences du volontaire et des contextes dans lesquels il est appelé à travailler. Les secteurs principaux sont trois :

4.2.1 Le secteur de l’évangélisation

Il comprend, entre autres :

• une annonce de la foi, de la catéchèse et des itinéraires d’éducation à la foi ;

• l’enseignement de la religion ;

• l’animation spirituelle (prières, liturgie, exercices et accompagnement spirituels) ;

• la formation de catéchistes, d’animateurs et d’agents pastoraux ;

• une animation dans le domaine de la vocation ;

• l’animation de groupes et d’associations.

[53]4.2.2 Le secteur éducatif et culturel

Il comprend, entre autres :

• des initiatives formatrices de type informel (alphabétisation, récupération scolaire, formation au travail…) ;

• des expériences de formation de type formel (scolaires et professionnelles) ;

• la promotion d’associations, dans leurs formes  multiples ;

• l’animation de la culture (sport, musique, art, théâtre) et du temps libre.

[54]4.2.3 Le secteur social

Il comprend, entre autres :

• un travail de promotion et de défense des droits de l’homme ;

• l’animation sociale sur le territoire (coopératives, associations, groupes
  structurés…) ;

• des interventions de prévention des phénomènes de désagrégation sociale ;

• des initiatives de récupération des marginalisés (enfants des rues, toxico-dépendants, immigrés…) ;

• des activités concernant le secteur de la santé ;

• des activités répondant aux besoins primaires (nourriture, eau, habitation…).

Le Volontariat salésien présente certaines valeurs et attitudes de fond qui constituent son style d’action²² :

• Un service désintéressé : en tant qu’attitude de don de toute la vie et de sa professionnalité pour construire un monde meilleur. On s’offre totalement sans considérer son profit ni ses convenances personnelles, pour réaliser un projet de développement humain. Son détachement s’attache aux besoins des autres plutôt qu’à ses intérêts à lui.²³

[56]• L’esprit communautaire : le volontaire met généreusement ses dons et ses qualités au service du projet et de la communauté où il travaille. Il évite de travailler individuellement ou en isolé. Il est ouvert au dialogue et à la confrontation, à la programmation, à la vérification et au travail en “équipe”.

[57]• Le style “oratorien” : le volontaire manifeste dans son action un “cœur oratorien” sachant rester avec les jeunes et se faire aimer, et qui tend à faire le premier pas pour partager leur vie, en créant une ambiance de famille qui accueille chaque jour les demandes des jeunes, des expériences de vie et les cheminements de la foi. Il accompagne les jeunes dans leurs parcours de formation élaborés à leur mesure et en respectant leur sensibilité.

[58]• Interculturalité et solidarité : avec une option claire et préférentielle pour les derniers, en particulier les pauvres et les marginaux, le volontaire s’efforce de découvrir, de respecter, d’apprécier et faire apprécier les valeurs culturelles du lieu où il travaille et d’apprendre la langue locale. Il coordonne le courage de la prophétie et la patience de l’attente. Il évite les extrémismes et contrôle la tendance à dominer, qui peut se cacher sous les apparences du service.

[59]• L’insertion critique et responsable dans la réalité sociale dans laquelle il travaille et dans la Pastorale de l’Église locale. Le volontaire acquiert une vision d’ensemble de la réalité sociale, il aide à éliminer les causes de l’injustice, il collabore à la construction du Royaume de Dieu et promeut les valeurs évangéliques de l’amour, du service, du pardon, du partage fraternel, de la confiance dans la bonté du Père. Il s’engage aussi dans la Pastorale organique de l’Église locale, en travaillant avec les organismes ecclésiaux locaux.

On peut distinguer quelques modalités de réalisation du Volontariat salésien.²⁴

4.4.1 Selon la durée et la qualité de l’engagement :

Il faut toujours le penser comme quelque chose de durable, de systématique et continu et non comme un ensemble d’expériences ponctuelles. Cela peut se faire :

• pendant les temps libres d’un travail professionnel ou des études (un service offert régulièrement, en part time, pendant une période régulière de temps) ;

• en s’y adonnant entièrement pendant un certain temps, comme dans le Volontariat dans d’autres pays.

[61]4.4.2 Selon le lieu de la réalisation de l’engagement :

On peut penser au :

• Volontariat local : dans le territoire où vit le volontaire.

• Volontariat national ou provincial : dans un autre territoire, soit dans son propre pays ou État, soit à l’intérieur de sa Province salésienne (en tenant compte du fait que certaines Provinces comprennent des zones culturelles et linguistiques distinctes dans leur pays ou dans d’autres).

• Volontariat international : dans un autre pays que le sien, dans une autre Province salésienne, souvent dans un pays en voie de développement.

[62]4.4.3 Selon la forme de son insertion dans le projet salésien :

On peut penser à un Volontariat :

• qui collabore directement au Projet Éducatif Pastoral d’une œuvre salésienne concrète ;

• qui collabore à l’évangélisation dans des pays de mission (Volontariat missionnaire) ; 

• qui soutienne l’activité salésienne avec une œuvre ou un service propres à l’organisation même du Volontariat.

[63]4.4.4 Selon la forme de son organisation :

On peut parler d’un Volontariat organisé :

• au moyen d’une organisation salésienne locale ou provinciale ;

• ou avec une organisation de Volontariat reconnue au niveau civil (ONG…), et insérée dans le projet salésien d’une Province ou d’une Région.

[64]4.4.5 Deux formes principales :

On pourrait affirmer que, en tant que réalité organisée, les différentes formes du Volontariat salésien se concentrent en deux formes principales de réalisation :

• Le Volontariat local

C’est la genre de Volontariat qui offre plus de possibilités de réalisation, parce qu’il y a beaucoup de jeunes et d’adultes qui consacrent avec générosité, pleinement ou en part time, leur temps et leur compétence au Volontariat, dans les contextes sociaux et dans les pays les plus divers.

Ce Volontariat local se développe dans le domaine de l’action éducative et sociale, et aussi dans le domaine évangélisateur et missionnaire.

Il y a aussi des États où les lois organisent pour les jeunes un “Service civil” d’une durée de 10 à 12 mois, dans des activités sociales d’utilité publique, auprès d’organismes expressément choisis. Bien préparé et accompagné, ce service civil en milieu salésien devient une possibilité de formation, avec les caractéristiques du Volontariat salésien.

[65]• Le Volontariat international

C’est une forme plus exigeante de Volontariat qui exige de fortes motivations, des objectifs bien déterminés, un projet de vie authentique que le volontaire a déjà mûri, une professionnalité obligatoire, des rôles et des tâches précis à accomplir pendant son service et des débouchés d’action et d’associations à son retour.

On préfère une période consistante d’un à trois ans pour ce Volontariat international.

Une forme concrète de Volontariat international est le Volontariat missionnaire, où le volontaire s’insère dans un projet de mission “ad gentes” de la Congrégation Salésienne.

Des adultes de plus en plus nombreux se présentent pour participer aux initiatives et aux engagements du Volontariat salésien. Certains appartiennent à la Famille Salésienne ou sont des collaborateurs de nos œuvres. D’autres ont connu les salésiens par leurs programmes d’éducation, de promotion et d’évangélisation.

Ils s’engagent dans l’évangélisation, dans le développement humain ou des tâches d’éducation pour une période de temps importante, par le témoignage de leur vie chrétienne et leur travail caritatif. Beaucoup d’entre eux enrichissent la qualité éducative et sociale du projet salésien grâce à leur profession et à leur expérience ; ils favorisent par ex. l’insertion sociale et politique du projet par leur pratique de la vie laïque ; leur enthousiasme et leur ferveur missionnaire sont souvent un soutien précieux pour l’engagement missionnaire de la communauté salésienne.

La plupart de ces adultes, en arrivant au Volontariat, n’ont pas suivi le processus de la Pastorale des Jeunes qui y prépare. La Province ou l’organisme qui les accueille devront donc programmer un plan de formation qui leur soit adapté et qui leur permette de connaître profondément la nature du Volontariat salésien, pour en assumer les attitudes de base et se préparer à y travailler, en étroite collaboration avec les communautés salésiennes et en participant activement au projet qui leur est confié.

Cet engagement peut devenir pour chaque volontaire adulte, quelle que soit sa situation, une occasion pour faire mûrir sa vocation humaine et chrétienne et pour développer en lui l’esprit salésien.

Cette expérience communautaire s’exprime et se vit à différents niveaux.

• Avec la communauté qui envoie

La communauté salésienne accueille et intègre, dans sa vie et dans son action, ceux qui s’offrent pour le Volontariat, en vue de les préparer à s’insérer dans leur contexte futur de Volontariat. Les candidats expérimenteront ainsi chez elle les valeurs de la pédagogie et de la spiritualité salésienne et les assimileront.

[70]• Avec la communauté salésienne qui accueille

Les volontaires assument les richesses humaines et évangéliques qu’ils découvrent dans la communauté salésienne qui les accueille, comme la vocation à l’éducation, la passion pour le salut des jeunes, la fraternité et le style de famille et une vie marquée par la profession des conseils évangéliques.

Leur présence enrichit la communauté salésienne d’une tonalité jeune, en la rendant plus sensible au monde des jeunes et en la motivant dans son enthousiasme apostolique. Les volontaires deviennent ainsi un stimulant pour les communautés salésiennes et un élément de renouveau pour une plus grande fidélité au charisme.

[71]• Avec la communauté éducative pastorale

Les volontaires s’insèrent dans la Communauté Éducative Pastorale et en partagent le Projet Éducatif Pastoral (PEP) ; ils y entretiennent des rapports personnels, la collaboration et la participation ; ils offrent aux jeunes et aux éducateurs une alternative de vie fondée sur le don gratuit de soi, sur l’acceptation et la valorisation de l’autre, sur le service, la collaboration et la solidarité.

[72]• Entre les volontaires eux-mêmes

Les rapports entre volontaires (ceux qui sont dans une seule communauté, et ceux qui se trouvent dans différentes communautés d’un même pays ou d’une même Province) s’inspirent du modèle de la famille propre à Don Bosco. Chacun apporte sa propre richesse humaine et spirituelle, pour créer une ambiance où on se sente écouté et aidé dans sa croissance personnelle. En partageant chaque jour les joies et les peines, le temps libre et le travail, les volontaires approfondissent le sens de la fraternité et de l’amitié. Ils s’acceptent, s’estiment et s’aiment. Ils ont des moments de rencontre, de communication, de prière, de détente comme aussi de repos et de recueillement personnel.

Le volontaire maintient aussi un rapport fréquent avec ceux qui l’ont envoyé, que ce soit la communauté salésienne ou l’organisme de Volontariat auquel il appartient.

Le volontaire doit savoir que l’esprit communautaire s’acquiert patiemment, chaque jour. Il acceptera donc les engagements qui en dérivent et apprendra à gérer les rapports interpersonnels.

Les moments de réflexion et de communication, de prière et de célébration en commun, ainsi que l’accompagnement et l’attention aux personnes sont indispensables pour cet effort. Cela peut se faire de plusieurs manières :

• des volontaires vivant seuls mais partageant avec d’autres volontaires et avec la communauté salésienne des moments réguliers de vie de famille, de réflexion et de prière en dehors de leur travail éducatif et apostolique ;

• des volontaires vivant ensemble dans un logement distinct de celui de la communauté salésienne, mais ayant des rapports réguliers de famille, de réflexion et de prière avec la communauté salésienne avec laquelle ils travaillent ;

• des volontaires insérés comme laïcs dans une communauté salésienne tout en partageant la vie quotidienne, sauf les moments qui appartiennent strictement à la communauté religieuse.

[74]Cette modalité concrète dépendra de nombreux facteurs variables comme la durée de la période de ce Volontariat, la maturité affective et l’état de vie du volontaire (célibataire ou marié, avec ou sans enfants), le nombre de volontaires présents dans une communauté, la présence ou non de salésiens (ou d’autres membres de la Famille Salésienne) etc.

[75]Cette modalité de l’insertion d’un volontaire dans une communauté salésienne ne peut être laissée au hasard mais doit faire l’objet, avant le début de ce service du Volontariat, d’une réflexion attentive et adaptée et d’un dialogue entre la communauté ou l’organisation qui envoie et celle qui accueille. Cela demande aussi une préparation adéquate de la part de la communauté qui accueille le volontaire, pour préciser le rôle du volontaire dans le Projet Éducatif Pastoral, et définir quelques normes précises et concrètes qui devront régler les rapports réciproques, en tenant compte de la différence entre l’option des volontaires et la vocation des religieux. Il faut définir clairement ces normes, avec leurs conditions, droits et devoirs, dans une convention écrite entre la Province ou l’organisation de Volontariat qui envoie le volontaire et la Province qui le reçoit, en accord avec la communauté où il devra s’insérer.

[76]Quelle que soit la modalité d’insertion et de collaboration des volontaires dans la communauté, il faut respecter et maintenir l’identité, la cohésion et l’intégrité de la communauté salésienne en tant que communauté religieuse, et l’état laïc non consacré du volontaire.

La communauté salésienne, locale ou provinciale, et les organismes qui soutiennent le Volontariat salésien, prennent soin de l’insertion progressive du volontaire dans la réalité de la communauté salésienne et dans les œuvres salésiennes. C’est pourquoi, il faut qu’il y ait un parcours de formation bien organisé comportant des contacts fréquents avec la communauté salésienne.

La communauté salésienne reçoit le volontaire avec un cœur ouvert et reconnaissant, en facilite l’insertion dans le projet de la Communauté Éducative Pastorale, respecte son identité laïque en valorisant ses qualités et son expérience pour le travail éducatif et apostolique, en lui offrant des possibilités de participation et de coresponsabilité.

La communauté est responsable de la formation et de l’accompagnement du volontaire et établit les normes essentielles pour la mise en place de sa vie communautaire et de son rôle apostolique.²⁵ Elle cherche à transmettre la richesse de la spiritualité salésienne et le style de la mission pour les jeunes, surtout grâce au témoignage. Elle ne néglige pas la possibilité de lui faire la proposition d’une vocation concrète d’adhésion à l’un des groupes de la Famille Salésienne.

L’option de vie consacrée demande aux salésiens de prendre l’initiative de construire la communion et de témoigner de la radicalité évangélique, dans un dialogue qui garantira la qualité éducative de l’expérience du Volontariat.

Pour établir un rapport positif de fraternité, de partage et de collaboration entre les volontaires et la communauté, on considère comme importantes les conditions suivantes :

• la connaissance réciproque, la capacité d’accueil et l’ouverture pour partager la mission. A l’offrande du service désintéressé de la part du volontaire doit correspondre la générosité de l’accueil de la part de la communauté, qui offre des informations et des communications réciproques, des moments réguliers de convivialité et un partage de vie et de foi.

• reconnaissance et accueil de la diversité des volontaires (âge, options de vie, pays de provenance…) et de la diversité des communautés salésiennes et des communautés éducatives et pastorales.

• le partage du projet du Volontariat de la part de la communauté salésienne et de la CEP, et du Projet Éducatif et Pastoral (PEPS) de la part du volontaire. Cela requiert la reconnaissance du rôle des laïcs dans la CEP, la clarté dans la détermination des responsabilités et des tâches du volontaire, des rencontres régulières de programmation et de vérification commune avec la communauté salésienne et la CEP.

• l’attention éducative de la part des SDB dans le rapport avec les volontaires : reconnaissance de la vocation personnelle de chaque volontaire, connaissance de leur cheminement de maturité humaine et religieuse, soin de leur formation et de l’assimilation de la pédagogie et de la spiritualité salésienne, disponibilité d’un salésien comme responsable et accompagnateur des volontaires…

• la disponibilité de collaboration réciproque pour favoriser et promouvoir la croissance du Volontariat local.

• un rapport plus étroit et plus riche entre SDB et FMA et les autres groupes de la FS, qui permette d’enrichir le rapport avec les volontaires.

[80]5.6Accueil des volontaires d’autres religions ou confessions religieuses,

et des volontaires en recherche religieuse

La communauté salésienne qui accueille des volontaires chrétiens non pratiquants,

des personnes en recherche religieuse ou des adeptes d’autres religions, doit à son tour :

• vivre et manifester sa fidélité à son charisme propre et à la totalité de la proposition éducative salésienne ;

• favoriser le dialogue de la vie par un accueil respectueux et par le partage sincère des valeurs humaines et laïques présentes dans le Système Préventif ;

• veiller au dialogue de l’action, en partageant l’engagement pour l’éducation et pour le développement humain, ainsi que pour la justice et la paix ;

• stimuler le dialogue sur l’expérience religieuse, impliquant le partage d’expériences de prière et de recherche de Dieu.²⁶

Dans le Volontariat salésien, la formation doit préparer le volontaire à travailler efficacement dans le domaine de l’éducation et de l’évangélisation des jeunes, surtout les plus pauvres, en contribuant à transformer la société selon l’esprit et la mission de Don Bosco.²⁷

Pour arriver à cet objectif général, le volontaire salésien s’engagera à devenir un témoin des valeurs du Royaume, un guide, un promoteur et un éducateur.

[83]Pour témoigner, il doit ÊTRE, en développant quelques attitudes attrayantes :

• une cohérence personnelle, pour devenir une référence éducative pour les jeunes ;

• un don total de sa vie et de sa professionnalité, animé par une profonde motivation vécue et partagée ;

• une conscience critique, unie à une capacité de dialogue et de discernement ;

• une capacité d’appréciation et de dialogue avec d’autres cultures et façons de penser, de vivre et d’agir ;

• un sens éducatif et une sensibilité pour comprendre les jeunes et vivre à leur diapason, surtout les plus pauvres ;

• une ouverture à la foi et la volonté de l’approfondir et d’en témoigner.

[84]Pour orienter, il doit SAVOIR, posséder les contenus socio-culturels, chrétiens/religieux, ecclésiaux, salésiens, en particulier sur :

• le système social où il travaille, avec ses qualités, ses déséquilibres et ses problèmes, etc. ;

• les attentes et les besoins spécifiques du territoire ;

• la langue et la culture dans laquelle il devra travailler ;

• les normes qui règlent le rapport avec l’organisation dans laquelle il est inséré.

[85]Pour promouvoir, il doit SAVOIR FAIRE, acquérir la capacité pour :

• agir avec compétence et qualification professionnelle ;

• se servir des “instruments” d’intervention et de participation les plus adaptés aux problèmes et aux situations des jeunes et de la population ;

• travailler avec les autres et en réseau.

[86]Pour éduquer, il doit SAVOIR ANIMER, en ayant la compétence pédagogique et pastorale pour :

• accueillir les jeunes, être avec eux et dialoguer avec eux ;

• amorcer des itinéraires d’auto-développement, en amplifiant et renforçant les possibilités des intéressés pour augmenter leurs capacités d’action, dans leur propre contexte, et en faisant des choix plus conscients ;

• susciter des collaborateurs et travailler en équipe avec eux ;

• connaître les principes et les techniques d’animation de groupe et de communauté.

Les contenus du processus de formation peuvent être répartis en cinq secteurs :

• Secteur du développement des motivations, où on approfondit sa propre identité humaine et chrétienne/religieuse en vue d’un engagement qualifié d’éducateur et où on développe les contenus fondamentaux d’un itinéraire d’évangélisation et d’éducation à la foi.

• Secteur de la connaissance et de la formation salésienne : pour connaître suffisamment la Congrégation salésienne, la Famille salésienne et ce que font les salésiens ; introduction au système éducatif et pastoral de don Bosco et au mode d’organisation d’une maison ou d’une œuvre salésienne.

• Secteur de la compétence technique : se réfère à la connaissance et à la compétence liées au service ou à l’activité exercés ; les aspects administratifs, juridiques et fiscaux nécessaires selon le secteur d’intervention ; les compétences pour des projets et des vérifications de programmes, etc.

• Secteur de la compétence en communication et en capacité relationnelle : ici se situe une demande de formation relative à la communication, à la connaissance de la langue et de la culture locale, à la gestion des conflits interpersonnels, aux modalités du travail de groupe et à savoir distinguer ses besoins personnels (comme groupe ou organisation) ; au plan plus strict de l’organisation, on fait aussi rentrer dans ce secteur les capacités et compétences (le savoir faire et le savoir être) relatifs à la gestion des ressources humaines internes.

• Secteur de la capacité d’agir au plan social : on y trouve les contenus de formation relatifs à l’identité et à la promotion du Volontariat, à la capacité de voir les besoins de la communauté et des usagers, à la capacité d’affronter les autres et de travailler en collaboration avec les autres membres de la communauté, avec les autres organisations de Volontariat et les organismes, associations et institutions sociales engagées sur place. Dans ce secteur, il est important aussi d’offrir aux jeunes volontaires des parcours d’éducation interculturelle et d’éducation à la mondialité, pour qu’ils deviennent des agents efficaces de l’éducation au développement dans leur patrie ou à l’étranger, des promoteurs d’une culture de la paix et de la solidarité internationale, même après leur service dans le Volontariat international.

Le processus de formation des volontaires salésiens se déroule en tenant compte de ces critères :

• sa durée et ses contenus dépendent du type de Volontariat et de sa durée ; les Provinces et les organisations qui accueillent et préparent les volontaires doivent les préparer à leur situation nouvelle et aux engagements qu’ils vont assumer ;

• il se déroule comme un chemin progressif de croissance personnelle, avec un itinéraire concret fait de moments de réflexion, d’expériences pratiques et de vérifications, qui aident le volontaire à devenir un “acteur” de sa propre formation et à résister à la tentation de trop accélérer les chemins de sa formation.

• il se fait dans la vie ordinaire de la famille, de la communauté, du groupe ; cela l’aidera à éviter le risque de la seule communication de contenus théoriques ou des “choses à faire”, et à approfondir ses motivations personnelles qui guident les options de chaque jour ;

• il facilite l’inculturation du volontaire dans le milieu où il sera envoyé, par la connaissance de la vie, de la langue, des ressources et des problèmes de la réalité qu’il trouvera, et par son ouverture aux autres cultures ; et cela, tout spécialement dans le Volontariat international.

• il approfondit la foi du volontaire et oriente son choix de vocation chrétienne dans la vie laïque, dans le ministère ordonné ou dans la vie consacrée, en veillant spécialement à faire une proposition de vocation dans la Famille salésienne ;²⁸

• il assure un accompagnement personnel systématique qui permettra de bien connaître le volontaire et ses motivations, et l’aidera à personnaliser les propositions de formation, en évitant de se limiter à des cours collectifs, ou à des rencontres de groupe ou des relations épistolaires ;

• il entame une formation permanente qui développera la persévérance dans les attitudes du don de soi et la croissance dans l’option de la vocation, en évitant de faire du Volontariat une “parenthèse” dans la vie.

[89]Comme nous l’avons déjà indiqué précédemment²⁹ pour ceux qui proviennent d’expériences externes à la PSJ, une insertion progressive dans la réalité salésienne sera nécessaire, en participant au projet d’une communauté salésienne pendant une période suffisante, avant de les envoyer comme volontaires.

Parmi les ressources disponibles pour la formation des volontaires, signalons en particulier :

• les itinéraires de formation qui aident le volontaire à trouver, graduellement et selon le rythme et la possibilité de chacun, les objectifs de formation fixés ; pour cela, on recommande des cours, des retraites, des journées d’étude, des rencontres et des expériences pratiques de brève durée.

• l’accompagnement personnel, spirituel et professionnel, qui aide le volontaire dans son processus de maturation personnelle et de sa vocation, dans son insertion dans le projet choisi et dans l’évaluation des résultats.

[91]• Le groupe

Le groupe d’appartenance offre ordinairement au volontaire :

- des moments de rencontre amicale pour partager les sentiments, les projets, la joie, les fêtes, différentes activités ;

- des temps consacrés à la formation, avec des conférences, des réflexions, des célébrations, des retraites ;

- des occasions pour exercer le leadership et différentes collaborations ;

- des possibilités de service concret de promotion humaine et d’évangélisation ;

- des animations missionnaires ;

- des expériences de brève durée dans des pays pauvres, des lieux de travail de la Province salésienne ou dans son pays, des vacances “investies”…

[92]• La communauté salésienne

Le volontaire se forme en interaction avec la communauté salésienne. Avec elle, au contact avec la pratique de Don Bosco, il apprend à être généreux et à aimer Dieu et les jeunes avec un “cœur oratorien”.

La communauté locale qui envoie :

• stimule le candidat à la solidarité, la gratuité et la responsabilité ;

• soutient le volontaire pendant son service ;

• assure une préparation suffisante du candidat au service et à la vie de communauté ;

• en facilite la réinsertion à son retour.

La communauté locale qui accueille :

• facilite l’insertion du volontaire dans son propre projet ;

• le soutient dans son engagement de service ;

• le fait entrer dans la communauté éducative et dans le territoire où il travaille ;

• l’accompagne dans son processus de formation au niveau culturel pédagogique et spirituel ;

La communauté provinciale, comme première responsable de la mission salésienne dans le territoire, incorpore le Volontariat à son Projet Éducatif Pastoral, en prévoyant un parcours de formation et en fournissant des formateurs et des accompagnateurs.

[93]• Les organisations du Volontariat

Les organisations salésiennes du Volontariat prennent en charge la formation et la qualification de leurs volontaires, lui assurent les informations et les ressources nécessaires pour réaliser leur service, et favorisent leur collaboration avec d’autres organismes de Volontariat, en particulier ecclésiaux et salésiens, qui appuient l’action du Volontariat à différents niveaux.

Chronologiquement, on peut distinguer différentes étapes dans la formation d’un volontaire :

• sa formation selon la situation propre du volontaire et le type de Volontariat auquel il est destiné ;

• la préparation immédiate à son envoi, à terminer par une célébration communautaire ;

• sa formation pendant son service, animée par la communauté à laquelle le volontaire est destiné ;

• l’évaluation de cette expérience lors de sa rentrée ;

• sa réinsertion dans son propre milieu.

La communauté salésienne locale est la première responsable de la mission salésienne dans le territoire et donc aussi du Volontariat salésien où il se réalise.

C’est pourquoi la communauté locale doit :

• bien connaître et partager la nature, l’identité et la méthodologie du Volontariat salésien ;

• élaborer un projet de Volontariat reconnu et en assurer la continuité ;

• savoir accueillir ceux qui demandent à faire une expérience de Volontariat, dans le pays ou à l’étranger, en créant un climat où ils puissent vivre et faire l’expérience de l’esprit salésien et partager la mission commune ;

• collaborer à la formation, à l’accompagnement et à l’animation spirituelle des volontaires de leur œuvre, sans négliger de leur proposer concrètement l’adhésion à l’un des groupes de la Famille Salésienne ;

• accompagner par un accueil fraternel les volontaires rentrant de l’étranger, mais aussi par une aide concrète pour leur réinsertion dans le travail, le social ou dans l’Église ;

• soutenir le responsable local du Volontariat et toutes les initiatives qui cherchent à élargir les espaces d’éducation où des volontaires puissent s’insérer de façon responsable.³¹

[98]Le directeur, comme animateur de la communauté, doit stimuler les responsables de la Pastorale des Jeunes pour promouvoir les valeurs du Volontariat et impliquer la communauté salésienne et la Communauté Éducative Pastorale (CEP) pour connaître et accueillir des volontaires.

[99]Le responsable local du Volontariat : il convient de confier à un confrère la responsabilité du Volontariat. En rapport étroit avec le responsable local de la Pastorale des Jeunes, celui-ci aura à cœur de développer les aspects suivants :³²

• Promouvoir le Volontariat

• en communion avec le directeur, il informe la communauté salésienne et la CEP pour les impliquer toujours davantage ;

• il sensibilise l’opinion publique avec les moyens de communication sociale disponibles, au sujet des espaces ouverts au Volontariat ;

• il collabore avec l’organisation salésienne du Volontariat de la Province ou de la Région, pour promouvoir le Volontariat et soutenir ceux qui travaillent sur le territoire ;

• en communion avec les autres structures éducatives, il se fait le représentant de cette sensibilité dans tous les milieux de jeunes et encourage leur intérêt pour le Volontariat.

• Favorise l’expérience communautaire des volontaires

• en veillant à faire l’expérience de l’esprit salésien de famille parmi eux, avec les SDB et avec les autres collaborateurs, par une éducation quotidienne à l’acceptation de la personne, au travail en équipe, à la communication de vie, au partage de la foi ;

• en créant des espaces et des temps de participation et de coresponsabilité dans la Communauté Éducative Pastorale, avec des modalités diverses selon le type du Volontariat.

• Veille à la formation des candidats au Volontariat

• et cultive des rapports personnels avec les candidats au Volontariat en prenant soin tout spécialement de leur accompagnement ;

• il aide le volontaire à faire mûrir son option de vocation pour sa vie, comme laïc engagé dans l’Église et dans la Famille salésienne, ou bien dans la vie religieuse ou sacerdotale ;

• il collabore à la sélection des candidats et à leur formation, en accord avec l’organisation du Volontariat et avec le responsable provincial ;

• il entretient des relations avec les familles des candidats.

• Soutient les jeunes après leur expérience de Volontariat

• en les accueillant et en les suivant fraternellement dans leur retour à la vie ordinaire ;

• en les aidant à faire une relecture critique de l’expérience qu’ils ont vécue ;

• en facilitant leur intégration dans les différents groupes, associations ou communautés qui vivent les valeurs du Volontariat ;

• en leur proposant de collaborer à la diffusion du Volontariat salésien et à la formation et l’animation d’autres volontaires.³³

Le Provincial avec son Conseil, est le premier responsable de la PSJ et de l’Animation Missionnaire dans la Province, et donc aussi du Volontariat salésien.

Dirigée par le Provincial, chaque Province fait ses choix concrets au point de vue du Volontariat salésien, avec un plan provincial inséré dans le Projet Éducatif Pastoral provincial, qui aide les confrères et les communautés à reconnaître l’importance du Volontariat pour la mission salésienne, et assure la continuité des projets du Volontariat.³⁴

Le Provincial avec son Conseil

• étudie et approuve les projets concrets de Volontariat, en veillant à leur insertion dans le Projet Éducatif et Pastoral provincial.

• garantit la disponibilité de SDB responsables et l’appui économique nécessaire.

• réfléchit sur les expériences de Volontariat existant dans la Province et en vérifie l’efficacité pastorale.

[101]L’animation et la coordination du Volontariat salésien au niveau provincial sont confiées au responsable provincial du Volontariat salésien, aidé par un groupe d’experts et de conseillers ; ce responsable fait partie de l’équipe provinciale de la Pastorale des Jeunes. Parmi ses fonctions, on souligne les suivantes :

• Promouvoir le Volontariat

• il sensibilise les SDB et les communautés sur les valeurs du Volontariat et leur fait comprendre l’importance et la nature du Volontariat salésien ;

• il facilite les contacts positifs des volontaires avec les communautés salésiennes ainsi que la connaissance et le partage des projets du Volontariat dans les différents groupes et associations existant dans la Province ;

• il encourage la proposition du Volontariat salésien dans la Communauté Éducative Pastorale et dans les groupes et associations du MSJ ; le milieu privilégié de cette proposition se trouve dans les oratoires-centres de jeunes et les œuvres sociales ;

• il maintient des rapports de collaboration et de communication avec les organismes civils et ecclésiaux du Volontariat.

• Veiller à la formation des volontaires

• en établissant un plan provincial de formation au Volontariat ;

• en accompagnant le processus de sélection et de préparation des volontaires ;

• en ayant un rapport direct et personnel avec les volontaires ;

• en orientant l’insertion des volontaires dans un projet concret, qui prendra en considération la préparation, la qualification et le niveau de maturité du candidat, et aussi le lieu et la possibilité des communautés pour accueillir des volontaires ;

• en accompagnant les volontaires quand ils commencent leur service, pour les suivre, leur rendre visite et, si possible, veiller à faire établir une convention entre les volontaires et la communauté qui les accueille.

• Coordonner le Volontariat au niveau provincial

• par l’animation et la coordination des responsables locaux du Volontariat ;

• en étant le point de référence et d’unité des volontaires et de l’organisation du Volontariat ;

• il visite périodiquement les communautés accueillant des volontaires ;

• il veille à ce qu’il y ait une communication complète et claire entre la Province, l’organisation qui envoie, et la Province ou communauté qui reçoit ;

• il veille à ce qu’il y ait une information constante et une coordination avec l’équipe de Pastorale des Jeunes, avec le délégué de la Famille Salésienne, celui des Missions et avec le Provincial et son Conseil ;

• il garde les archives mises à jour des candidats, des volontaires et de ceux qui sont rentrés du Volontariat.

• Soutenir ceux qui rentrent après l’expérience de leur Volontariat

• il maintient des rapports avec eux et les aide dans leur éventuelle insertion au travail dans la société et dans l’Église, spécialement dans la Famille Salésienne ;

• il les aide à faire une relecture critique de l’expérience qu’ils ont vécue et à élaborer un nouveau projet de vie à la lumière des nouveautés qu’ils retrouvent en eux-mêmes et dans le milieu qui les accueille maintenant ;

• il favorise l’insertion de ceux qui rentrent en équipes, pour éclairer les expériences du Volontariat, collaborer à la formation des jeunes volontaires et répandre la culture du Volontariat ;

• il favorise les contacts avec la communauté où les volontaires ont accompli leur service, pour que soit assurée la continuité de l’expérience.³⁵

Les responsables provinciaux d’un même pays ou d’un groupe de Provinces sont invités à se mettre d’accord sur un plan commun, en unifiant les critères, en collaborant pour la formation des volontaires, en partageant informations et moyens concrets, en se mettant ensemble pour réfléchir. Ils sont invités à créer un réseau et une banque de données, de volontaires ou de zones ou lieux nécessitant la présence de volontaires.

La promotion et l’animation du Volontariat, au niveau de la Congrégation, est une responsabilité partagée entre le Dicastère pour la Pastorale des Jeunes et le Dicastère pour les Missions.

Au niveau de la Direction Générale de la Congrégation, une personne est désignée pour coordonner chaque forme de Volontariat. Cette personne réalisera sa tâche en lien avec les Conseillers pour la Pastorale des Jeunes et pour les Missions. En particulier, elle

• suivra le développement du Volontariat salésien selon ses différentes formes ;

• animera la réflexion et l’étude sur ce sujet ;

• coordonnera les différentes réalités et organisations existantes dans les Provinces et les Régions, spécialement les ONG salésiennes qui s’occupent du Volontariat ;

• prendra soin de façon spéciale de la qualité de la formation des volontaires ;

• favorisera la réalisation d’une banque de données de la Congrégation, tant des volontaires que des lieux du Volontariat ;

• encouragera avec une attention particulière le Volontariat spécifiquement ad gentes ;

• cherchera un soutien économique pour promouvoir le Volontariat, par le biais de projets spéciaux.

Parmi les différentes formes de Volontariat salésien, il y a les ONG salésiennes qui encouragent le Volontariat salésien dans un contexte social, international et missionnaire.

Ce sont des associations sans but lucratif, reconnues par la société civile, qui veulent promouvoir la justice sociale, l’équité, le développement et la sauvegarde des droits de l’homme, sans lien institutionnel avec les gouvernements et leurs politiques ; ils œuvrent avec professionnalité dans leur domaine propre et cherchent, au moyen de projets adaptés, à répondre aux urgences de la société avec rapidité et efficacité.

Les ONG Salésiennes encouragent et soutiennent, dans le monde de la Congrégation et de la Famille salésienne

• l’éducation à la mondialité, à la solidarité et à la collaboration entre les peuples ;

• des campagnes de sensibilisation pour la justice sociale, l’équité, le développement et la promotion des droits de l’homme, en lien avec les autres associations de ce secteur ;

• la programmation, le financement et la réalisation de projets d’éducation et de développement humain et social des jeunes et des pauvres, en particulier des jeunes marginalisés dans les pays en voie de développement ;

• la sélection, formation, l’envoi et l’accompagnement des volontaires.

Pour réaliser ces objectifs, il est souhaitable que les ONG Salésiennes travaillent en lien étroit entre elles, en partageant des projets et en collaborant à la promotion, à la formation et au soutien des groupes et des projets de Volontariat dans les Provinces et les Régions.

[105]Il revient à ces ONG salésiennes de

• collaborer, avec les délégués provinciaux de la Pastorale des Jeunes et pour les Missions, à éduquer à l’esprit du Volontariat et à promouvoir le Volontariat provincial et national ;

• contribuer au choix, à la formation et à l’accompagnement des volontaires, spécialement pour ceux qui sont engagés dans un Volontariat international et missionnaire ;

• assurer aux candidats engagés dans les projets du Volontariat international les conditions juridiques, économiques, et des conditions de travail justes selon leur condition et leur état de vie ;

• établir avec les Provinces et les communautés qui reçoivent les volontaires une convention définissant les normes, les conditions, les droits et les devoirs des volontaires, que ce soit de la part de l’organisation qui envoie et de la Province, ou de la communauté qui accueille ;

• faciliter une plus grande communication et un “network” (réseau) entre eux et avec les autres organisations provinciales de Volontariat salésien, en favorisant l’échange d’informations, de matériel de formation, de programmes, etc.