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STUDI
L'AUDIENCE IMAGINAIRE DU MINISTRE LANZA
(FLORENCE, 22 JUIN 1871)
Francis Desramaut
Le récit des Memorie biografiche
Le 13 mai 1871, à Florence, le Parlement italien avait voté la loi dite des
Garanties, qui déclarait inviolable et sacrée la personne du pape, lui réservait des
honneurs souverains et lui accordait à perpétuité la jouissance des palais du
Vatican et de la villa de Castelgandolfo. Elle assurait au souverain pontife une
totale liberté de communication avec les catholiques du monde entier, ainsi que
l'immunité diplomatique des ambassadeurs étrangers accrédités auprès de lui et
la possibilité d'avoir ses propres représentants dans les divers pays. Le gouver-
nement espérait ainsi jeter les bases d'une réconciliation avec un pape à qui il
venait de prendre en septembre précédent la ville de Rome pour en faire la capi-
tale d'une Italie désormais entièrement réunifiée. Mais Pie IX, soutenu par un
entourage farouchement opposé à toutes mesures libérales, ne l'entendait pas de
cette oreille. Deux jours après le vote, il publiait l'encyclique Ubi nos arcano
Dei (15 mai 1871), par laquelle il résistait énergiquement à un décret imposé,
acte unilatéral d'un pouvoir illégitime et usurpateur. Il s'enfermait chez lui «pri-
sonnier au Vatican» et refusait l'argent de ses prédateurs. Pour n'avoir pas à
traiter avec ceux qui l'avaient volé, il ne procédait plus aux nominations d'évê-
ques pour les diocèses que la mort ou d'autres raisons privaient de leurs pasteurs.
Le désordre ainsi causé ne pouvait qu'alarmer les coeurs sincèrement reli-
gieux, celui de don Bosco en particulier, qui avait eu à s'occuper de problèmes
analogues dans les années précédentes. D'après le tome X des Memorie biogra-
fiche,1 que le père Angelo Amadei publia en 1939 sur les années 1871-1874 de
la vie de don Bosco, celui-ci aurait, dans les semaines qui sui-
1 L'épisode qui va être résumé a été raconté par don Amadei en MB X 422-428. Les
pages sur le colloque de Florence, au centre de cet épisode (MB X 425/5 à 428/21), ont été
reproduites en Annexe III, ci-dessous.

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Francis Desramaut
virent la promulgation de la loi des Garanties, pris l'initiative de tenter, pour ces
nominations, un accommodement entre le Saint-Siège et le gouvernement. Il
aurait rédigé un mémoire pour Pie IX, «dans lequel, après un exposé de l'état
misérable de tant et tant de diocèses, il disait clairement qu'à son avis la situa-
tion de Rome ne changerait pas de sitôt, et qu'il était donc disposé, non pas au
titre de chargé d'affaire officieux ni même confidentiel, mais en tant que per-
sonne privée et avec la permission du Saint Père, à explorer les intentions du
gouvernement sans que le pape dût en aucune manière entrer en relations avec
lui». Un messager très sûr aurait remis ce mémoire à Pie IX, qui, nous apprend-
on, «non seulement approuva la pensée du saint, mais lui ordonna d'agir dans le
sens de son écrit».2 Rassuré de ce côté, don Bosco se serait alors tourné vers le
gouvernement italien. Il aurait, selon don Amadei, jugé opportun de lui soumet-
tre un certain nombre de réflexions: «Après l'occupation de Rome, il devenait
nécessaire de donner satisfaction à tous les catholiques, d'atténuer leur indigna-
tion et de calmer leurs craintes; de démontrer par des faits que la loi des Garan-
ties n'était pas lettre morte et que le gouvernement entendait que le pape fût
pleinement libre dans l'exercice de son autorité spirituelle; qu'il appartenait es-
sentiellement à l'autorité spirituelle du souverain pontife d'élire les évêques et de
leur attribuer le gouvernement des diocèses; qu'il était de l'intérêt du gouverne-
ment de ne pas s'y opposer et, si le pape voulait y procéder, de ne pas assortir les
nominations de conditions difficiles et (donc) d'accorder leurs temporalités aux
nouveaux élus; que ce serait un geste de bonne politique».3 Il aurait écrit dans ce
sens au ministre de l'Intérieur Giovanni Lanza, qui était aussi président du
conseil des ministres. Et Lanza aurait immédiatement accepté d'étudier sa pro-
position, parce qu'il tenait «à démontrer à l'Italie et aux autres nations qu'une
conciliation avec le Saint-Siège n'était pas impossible».4
A cette époque, don Bosco avait l'intention de présenter lui-même, à Rome,
ses hommages à Pie IX qui, pape depuis vingt-cinq ans, célébrait son jubilé
pontifical. Il passerait par Florence. D'après nos Memorie, le 20 juin il aurait
reçu du ministre l'invitation de se trouver sans faute à Florence deux jours après.
Il partit donc de Turin le matin du 22, arriva en gare de Florence dans la soirée
de ce jour à 19 h. 35 (retenir cette heure) et se rendit immédiatement chez Lan-
za. Le colloque entre le prêtre et le ministre est narré en détail dans les Memorie.
Don Bosco était très solennel: «Excellen-
2 MB X 423/12-24.
3 MB X 424/28 à 425/4.
4 MB X 425/5-9.

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 11
ce, je vous remercie de m'avoir accordé audience. Vous aurez compris le motif
qui m'a conduit jusqu'à vous. Je désire le bien de l'Eglise et celui de l'Etat; mais
je crois que V. E. sait qui est don Bosco; vous saurez donc qu'avant tout je suis
catholique. — Oh, nous le savons, lui aurait gentiment répondu le ministre, que
don Bosco est plus catholique que le pape». Pour calmer les esprits enfiévrés, il
conseillait à Lanza: «Nous avons la loi des Garanties, ce ne doit pas être une
duperie. Il faut que les évêques puissent être librement élus par le pape et que le
gouvernement leur accorde leurs temporels; de la sorte, l'honneur de l'Eglise est
sauf et ses droits demeurent intacts. Au reste, nul problème, nul intérêt politique
n'est ici en question». L'entrevue se serait prolongée. A deux reprises, Lanza
s'absenta pour demander l'avis du conseil des ministres alors réuni «sous la pré-
sidence du Roi en personne», s'il vous plaît. Don Bosco refusa net d'intervenir
pour une nouvelle carte des diocèses, dont beaucoup, selon les gouvernants,
étaient trop exigus. Car il n'était pas l'ambassadeur extraordinaire du Saint-
Siège, il ne lui revenait pas de donner des conseils au souverain pontife, il s'en
tenait aux nominations épiscopales pour le bien de populations privées de pas-
teurs. L'entretien s'acheva à une heure que le biographe s'est gardé de préciser.
Don Bosco poursuivit son voyage. Mais il ne monta pas seul dans le train qui le
conduirait à Rome. Lanza avait (subitement!) décidé de se rendre lui aussi dans
cette ville. Nous avons droit à une scène incroyable: «Pour finir Lanza lui dit: —
Don Bosco, nous partons pour Rome? — Nous partons, répondit-il. Et Lanza en
voiture avec quelques messieurs, et don Bosco seul et à pied, se dirigèrent vers
la gare. Là, les premiers montèrent dans un wagon de première classe, lui dans
un wagon de seconde; et ils partirent».5 Selon les Memorie, les tractations sur
les nominations épiscopales continuèrent à Rome les jours suivants entre Pie IX
et le ministère, don Bosco faisant fonction de médiateur.
L'afflux des détails précis (date du voyage, heure du train, identité du mi-
nistre ...) est impressionnant. Les leçons politiques de don Bosco au président
Lanza témoignent chez lui d'une intelligence courageuse en des temps difficiles.
Mais la mariée ne serait-elle pas trop belle? A la réflexion, don Bosco semble
sûr de lui, les ministres bien soumis, Lanza bien impulsif. Et puis don Amadei
découvrit dans sa documentation une lettre gênante de don Bosco. Nous la lisons
nous-même quelque deux cent cinquante pages plus haut dans son volume des
Memorie au cours d'un premier récit abrégé
5 L'épisode de Florence en MB X 425/5 à 428/21.

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Francis Desramaut
de l'épisode. Voici ce passage, que don Amadei n'avait certainement pas oublié
quand il récrivait son histoire en détail.
«Don Bosco avait donc pensé se rendre à Rome aussitôt après la fête -de S.
Jean Baptiste pour présenter ses hommages au Saint-Père à l'occasion de son
jubilé pontifical. Il passerait par Florence, décidé — comme nous le dirons — à
tenter d'améliorer quelque peu les douloureuses conditions dans lesquelles
l'Eglise se trouvait. Il avait demandé un entretien au ministre Lanza; et, rendez-
vous ayant été accordé à une date antérieure à celle sollicitée, il anticipait son
départ, comme il l'écrivait au chevalier Uguccioni. «21-6-'71. - Très cher M.
Tommaso. - Je partirai demain matin dans la direction de Rome. A Florence je
ne m'arrêterai que pour deux heures d'attente entre 7 h. 35 et 10 h. du soir (A
Firenze mi fermerò soltanto le due ore d'aspetto dalle 7,35 alle 10 di sera). A
mon retour, s'il plaît à Dieu, je m'arrêterai une paire de jours dans votre ville
pour pouvoir présenter mes devoirs à votre très respectable famille. Par ailleurs
je ne manquerai pas de demander au Saint Père une bénédiction spéciale pour
toutes les personnes qui y sont rattachées.— Que Dieu nous bénisse tous et
croyez-moi avec la plus profonde gratitude, de Votre Seigneurie très chère. Le
très affectueux serviteur et ami. G. Bosco prêtre». A Florence, il eut le colloque
désiré et poursuivit aussitôt vers Rome, où, après de nouveaux colloques avec
Lanza et des audiences particulières du Saint Père, il parvenait à ses fins, c'est-à-
dire qu'il était pourvu aux nombreux diocèses vacants, surtout en Italie; car,
après la prise de Rome, aucun consistoire n'avait plus été tenu pour ces nomina-
tions».6
L'auteur de la lettre du 21 juin qui, lors de son voyage du lendemain de
Turin à Rome, se disposait, nous apprend-il, à une halte à Florence de 19 h. 35 à
22 h., n'envisageait pas sérieusement de rencontrer dans l'intervalle le président
Lanza dans son ministère. Or, d'après le récit complet, il avait été prévenu du
rendez-vous le 20 juin, à la veille de la lettre. On objectera qu'il tenait au secret
de l'entrevue. Mais pourquoi, dans ce cas, annoncer l'étape à un intime de cette
ville? La cachotterie eût, de toutes manières, été éventée. En outre, le train de
22 h. ne pouvait qu'être parti depuis longtemps quand Lanza et quelques mes-
sieurs «en voiture» et don Bosco «seul et à pied» s'étaient acheminés vers la
gare de Florence pour gagner Rome. Faisait-il encore nuit? Le jour ne s'était-il
pas levé? Don Amadei plonge son lecteur attentif dans une mer de «perplexi-
tés», pour reprendre un mot de Francesco Motto dans une note d'article qui va
être bientôt cité.
6 MB X 169/6-33.

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 13
Le Roman de la médiation dans les Documenti XII
La composition progressive du récit qui aboutit aux Memorie X va nous
éclairer peu à peu. On sait que le point de départ des trois biographes du
monument était toujours le recueil en quarante-cinq registres des Documenti per
scrivere, que don Lemoyne avait préparés entre 1885 et 1890 environ. Le
rédacteur des Memorie X trouvait dans le volume XIII de cette collection,
destiné à rassembler la documentation sur les années 1870 et 1871 de la vie de
don Bosco, deux chapitres consécutifs de la vingtcinquième partie qui
semblaient concerner les événements du milieu de 1871.7 Les sommaires
l'instruisaient sur le contenu. C'était, pour le premier chapitre: «La nouvelle
nomination des évêques. — Don Bosco et le Préfet de Turin. — Don Bosco à
Florence chez le ministre Lanza. — Don Bosco à Rome: le Pape, le
gouvernement, les journaux. — Don Bosco a pleins pouvoirs du Souverain
Pontife». Et, pour le deuxième chapitre: «Don Bosco retourne à Florence:
aimable colloque avec Lanza. —• Son toast aux chefs de la Révolution. Un fait
prodigieux. — Mort des jeunes Penati et Franzero. — Les toasts de don Bosco,
l'un d'eux au théologien Margotti».8 Don Amadei découvrit donc aux pages 146-
150 du registre documentaire une histoire de la médiation de don Bosco dans
l'affaire des diocèses vacants consécutive à Porta Pia.
Il est possible d'y distinguer quatre parties: 1) le projet d'intervention de
don Bosco auprès de Pie IX et du gouvernement italien pour la solution du
problème des nominations d'évêques après la promulgation de la loi des
Garanties, 2) l'entretien de Florence avec le ministre Lanza, 3) les démarches
successives de don Bosco à Rome entre le pape et le ministère, 4) le retour de
don Bosco à Florence marqué par un nouvel entretien avec Lanza. Toutefois,
une étude attentive du contenu doit compléter ce survol, dont le biographe des
Memorie biografiche X semble s'être contenté. Lui seul nous permettra de
caractériser ensuite ce genre de récit, qui n'a pas grand-chose à voir avec
l'histoire telle que nous la concevons.
Dans les Documenti, l'épisode s'ouvre par des considérations très générales
sur la situation du pape et du gouvernement italien après la disparition du
royaume temporel du souverain pontife durant les mois où Victor Emmanuel et
ses ministres résident encore habituellement à Florence. Il
7 En Annexe I, ci-dessous, la totalité du chapitre V, premier concerné, et le début du
chapitre VI de la XXVème partie des Documenti, qui sont centrés sur la médiation.
8 Les chapitres concernés en Documenti XII 146-153.

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Francis Desramaut
rappelle la «convention de septembre» (1864), par laquelle Napoléon III avait
garanti l'indépendance du pape et prétend que les Français continuaient d'y tenir
même après la chute du Deuxième Empire. Il ajoute que diverses puissances
considéraient d'un mauvais oeil l'usurpation de Rome par les Italiens et que l'Au-
triche ne renonçait pas à intervenir militairement. Cependant, la «Révolution»
(entendez: les maîtres de la nouvelle Italie), pour arborer un visage honorable
dans le concert des nations, proclamait hypocritement la loi des Garanties. Mais
elle gardait mauvaise mine, car plus de soixante diocèses italiens étaient privés
de pasteurs; et, inflexible, le pape, soutenu par de nombreux Romains, qui
croyaient encore à une tempête passagère, refusait de pourvoir aux diocèses
vacants. L'intervention spontanée de don Bosco tenait compte des convenances.
Il exposait d'abord son plan à Pie IX, qui l'approuvait, puis écrivait à Lanza, qui
le comprenait aussitôt et l'invitait à Florence par «un pli au préfet de Turin»,
dont on saurait bientôt qu'il avait nom Zoppi. L'action proprement médiatrice de
don Bosco allait commencer. Le préfet, récemment arrivé à Turin, le découvrait
non sans peine, car il ne le connaissait pas encore. Le pli ministériel disait: «Don
Bosco est prié, si possible, de se trouver sans faute après demain à Florence.
Lanza» (Don Bosco è pregato, se è possibile, di trovarsi infallantemente dopo
dimani a Firenze. Lanza). La considération du ministère pour le prêtre surpre-
nait le préfet. A la sortie de la préfecture, la concierge s'agenouillait pour de-
mander la bénédiction de don Bosco. Et, le soir même, celui-ci partait vers Flo-
rence. Là il rencontrait Lanza, le convainquait sans grand peine de ne pas s'op-
poser aux nominations épiscopales auxquelles le pape allait procéder, avait le
plaisir d'apprendre que le conseil des ministres rassemblé à proximité sous la
présidence du roi en personne approuvait son plan; et, en la compagnie du mi-
nistre Lanza et de quelques messieurs, partait sans délai à Rome. Là, don Bosco
voyait le pape, recevait ses avis et les communiquait au ministre. Il répétait plu-
sieurs fois le va-et-vient entre le Vatican et le ministère pour bien accommoder
les positions de l'une et l'autre partie. Malgré la mauvaise volonté d'un gouver-
nement qui faisait systématiquement traîner l'affaire en longueur, la solution
était en vue. Malheureusement des partisans du pape prenaient ombrage de l'ac-
tion de don Bosco. «Un journal catholique, la Voce della Verità, dirigé par Mgr
Nardi, osa écrire ce jour-là un long article violent dans lequel on disait qu'à
Rome on n'avait pas besoin d'un Piémontais pour apprendre aux Romains et au
Pape moins encore ce qu'il y avait à faire». En même temps qu'il oeuvrait à la
médiation, remarquait l'auteur du récit des Documenti, don Bosco se préoccupait
des affaires de sa congrégation, comme le prouvait un mémoire pour l'audience
pontificale du 28 juin 1871, qu'il recopiait de bout en bout.

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 15
Malgré les pressions et les atermoiements, le pape tenait bon dans ses choix
d'évêques. Don Bosco revenait alors à Florence pour s'y entretenir à nouveau
avec Lanza. Mais, épuisé, il s'endormait pendant la conversation; et le ministre
s'occupait dans l'attente de son réveil. Quand, enfin, don Bosco sortait du cabi-
net ministériel, le commandeur Buscaglione, «grand Orient de la franc-
maçonnerie» l'apercevait; et notre conteur mettait le lecteur dans le secret de son
échange sur don Bosco avec le ministre Lanza. Nous ne saurons rien de la der-
nière étape du voyage, Florence-Turin, car le récit des Documenti dérivait à cet
endroit dans des historiettes sur les toasts de don Bosco, ainsi que sur la guéri-
son d'un enfant de la famille Uguccioni, qui, à Florence lui était très attachée.
Remarquons surtout, à cette étape de l'analyse, que le voyage de la médiation est
unique: don Bosco part à l'invitation de Lanza, le rencontre à Florence, se rend à
Rome, s'arrête à nouveau à Florence où a un autre colloque avec le même minis-
tre. Son absence de Turin ne semble pas avoir excédé quelques brèves semaines.
La véritable histoire de l'action médiatrice de don Bosco entre 1871 et 1874
La comparaison de ces pages avec l'histoire maintenant suffisamment
connue de l'action médiatrice de don Bosco durant les années 1871-1874 va
nous permettre de dire que les Documenti ont produit là la dramatisation roman-
cée d'une histoire vraie, beaucoup plus complexe et surtout beaucoup plus lon-
gue. L'action médiatrice de don Bosco entre 1871 et 1874 a été soigneusement
reconstituée par Francesco Motto en 1987 et 1988 dans deux articles imposants:
«La mediazione di don Bosco fra Santa Sede e Governo per la concessione degli
Exequatur ai vescovi d'Italia (1872-1874)».9 et «L'azione mediatrice di don
Bosco nella questione delle Sedi vescovili vacanti in Italia».10 Pour la période
1871-1874, la chronologie des faits et l'identité des principaux acteurs dans la
médiation ont pu être déterminés avec précision à l'aide de pièces contemporai-
nes, surtout de lettres ou de mémoires administratifs, dont certains découverts
récemment par don Motto luimême. Nous reviendrons sur les mois de juin, juil-
let et août 1871, période que don Motto a décrite à l'aide des seules Memorie de
don Amadei. Durant la deuxième quinzaine d'août 1871, après que Pie IX eut
exprimé par
9 Piccola Biblioteca dell'Istituto Storico Salesiano 7, Rome, LAS, 1987, 84 p.
10 Piccola Biblioteca dell'Istituto Storico Salesiano 8, Rome, LAS, 1988, 84 p.

1.8 Page 8

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Francis Desramaut
lettre au roi Victor Emmanuel II son intention de pourvoir aux évêchés vacants
d'Italie, le président Lanza convoqua don Bosco à Florence par l'intermédiaire
du préfet de Turin. La conversation entre les deux personnages eut lieu à Flo-
rence le 11 septembre. Lanza expliqua à don Bosco la politique du gouverne-
ment sur les nominations projetées pour qu'il en fît part au Saint-Siège. De Flo-
rence, don Bosco poursuivit (seul) aussitôt son voyage jusqu'à Rome, où il s'en-
tretint avec le pape et le secrétaire d'Etat Antonelli. La liste des candidats qu'il
préconisait a été retrouvée. C'est alors qu'il recommanda l'évêque de Saluzzo
Lorenzo Gastaldi pour le siège de Turin, qui était vacant depuis la mort de l'ar-
chevêque Alessandro Riccardi di Netro le 16 octobre 1870. L'action médiatrice
proprement dite de don Bosco dans l'affaire des évêchés vacants en 1871 s'arrêta
là.
Elle reprit en février 1872, cette fois par son initiative, sur la question com-
pliquée des exequatur royaux indispensables aux évêques nommés pour entrer
en possession des biens attachés à leur fonction (leurs temporels). Par une lettre
du 11 février 1872, don Bosco exprima au président Lanza le mécontentement
des gens face à la situation d'évêques laissés par le gouvernement dans l'impos-
sibilité de vivre décemment. En 1872, ses efforts, que confirme pour nous une
correspondance avec Pie IX, demeurèrent vains, en partie à cause d'un certain
entêtement du côté du Saint-Siège. Mais le président Lanza ne l'oubliait pas. En
février 1873, il envoya une lettre à don Bosco qui s'était rendu à Rome pour les
affaires de sa congrégation (l'approbation définitive de ses constitutions), pour
l'inviter à son ministère en vue d'un accommodement sur I'exequatur désiré sans
succès par l'une et l'autre parties. Les échanges entre le Saint-Siège et le gouver-
nement à Rome même furent multiples au long de la première quinzaine de mars
1873. Un modus vivendi, en fait une manière de faire demander l’exequatur
royal pour les nominations sans le postuler ouvertement, fut alors accepté de
part et d'autre. Lanza promettait de passer à la phase exécutoire aux prochaines
vacances pascales ou, au plus tard, aux vacances de juin. Le 18 mars, don Bosco
prit congé de Pie IX; et, le 22, il quitta Rome avec l'impression d'avoir abouti
dans sa tâche de médiateur pour l'affaire des exequatur. Il se trompait. Le minis-
tère Lanza devait compter avec les soubresauts de l'opinion dans la rue et au
parlement. Au mois de mai, il sauva péniblement les supérieurs généraux et les
procureurs généraux des ordres et congrégations résidant à Rome, menacés par
l'application des lois antérieurement promulguées pour l'Italie: il fut houspillé
par la plèbe anticléricale. Puis l'application généralisée des lois de suppression et
de liquidation des biens religieux entraîna un nouveau raidissement du Saint-
Siège. Enfin le ministère Lanza tomba le 5 juillet de cette année 1873 sans que
le problème de l’exequatur des nomina-

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 17
tions d'évêques ait reçu une solution globale.
Cependant, à Turin don Bosco suivait l'évolution de l'affaire. Quatre jours
seulement après l'installation, le 10 juillet, d'un nouveau ministère que présidait
Marco Minghetti, il entra à nouveau en lice par une lettre à ce personnage (14
juillet 1873). Celui-ci confia le problème au garde des sceaux Paolo Onorato
Vigliani, qui avait la charge des cultes. Vigliani sera l'interlocuteur ministériel
de don Bosco au cours de cette nouvelle phase de sa médiation. Durant les der-
niers mois de 1873, un échange de lettres avec le secrétaire d'Etat Antonelli lui
permettait de soumettre au gouvernement les intentions du Saint-Siège. A la mi-
octobre Vigliani rencontra don Bosco à Turin. Les tractations étaient alors com-
pliquées par de nouvelles exigences d'Antonelli. On piétinait, les évêques s'im-
patientaient. Don Bosco passa à Rome près de quatre mois au début de l'année
1874. Uexequatur episcopal était l'une des deux affaires qui l'y avaient ramené.
En janvier, il multiplia les allées et venues de l'un à l'autre bord du Tibre, entre
le cardinal Berardi, le cardinal Antonelli, à l'occasion Pie IX du côté du Vatican,
et le garde des sceaux Vigliani de celui du Quirinal. L'issue paraissait immi-
nente. Malheureusement une campagne de presse anticléricale et aussi cléricale
freina et finit par bloquer les tractations. Le conseil d'Etat, appelé à trancher de
la légitimité de la procédure envisagée, se prit à hésiter. Mgr Nardi publia le 1er
février 1874 dans la Voce della Verità un article hostile à don Bosco. Et celui-ci
qui, à la mi-janvier, s'était cru au but d'après sa correspondance avec l'archevê-
que Gastaldi, dut bientôt avouer sa défaite. Elle était évidente quand il rentra à
Turin au début de la deuxième quinzaine d'avril.
Cette chronologie nous apprend par ricochet ce qu'il faut penser de l'histo-
ricité du récit des Documenti XII. Les deux affaire successives: les nominations
aux évêchés vacants d'abord, la question du temporel épiscopal lié à Y exequatur
royal ensuite, ont été ramenées à la seule affaire du choix des évêques pour les
évêchés vacants. Les deux interlocuteurs gouvernementaux de don Bosco, Lan-
za de 1871 à 1873, Vigliani en 1873 et 1874, ont été réduits au seul Lanza; tan-
dis que, du côté du Saint-Siège, on ne voit intervenir que le seul Pie IX, alors
que le cardinal Antonelli joua un rôle primordial dans les discussions. Les dé-
marches répétées de don Bosco à Rome entre les deux pouvoirs, en 1873
d'abord, en 1874 ensuite, sont supposées avoir suivi immédiatement la première
entrevue de Florence avec le président Lanza, que nous savons devoir dater de
septembre 1871 et n'avoir pas engendré des tractations particulières (sur les
choix épiscopaux). La campagne de presse de 1874, avec la malheureuse inter-
vention de Mgr Nardi contre le Piémontais Bosco dans son journal la Voce della
Verità, aurait

1.10 Page 10

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18 Francis Desramaut
aussi coïncidé avec les échanges consécutifs à l'entrevue de Florence. Cette
campagne aurait concerné les nominations épiscopales, alors que nous savons de
science certaine que le seul problème des demandes à'exequatur était alors en
jeu. Enfin, les différentes démarches qui, au fil de trois années, entraînèrent
toute une correspondance et surtout trois voyages de don Bosco à Rome (en
1871, 1873 et 1874) ont été réunies en un seul voyage de durée imprécise, mais
certainement plutôt brève, aller et retour de Turin à Rome via Florence. En ou-
tre, dans les Documenti, une grande place est accordée aux dialogues, rendus
pittoresques par la pauvre figure du ministre face à un don Bosco particulière-
ment sûr de lui. Concentration de l'action dans le temps et dans l'espace, drama-
tisation simplificatrice des événements, théâtralisation de l'ensemble, ces procé-
dés sont efficaces à qui veut communiquer ses informations à un public popu-
laire. Mais leur usage pour un récit supposé exact affaiblit évidemment
l'«historicité» dudit récit. Nous lisons dans les Documenti XII un récit contracté
sur quelques jours ou, au plus sur une ou deux semaines, d'une série d'événe-
ments plus ou moins romancés et théâtralisés, qui, au vrai, se sont échelonnés
sur trois années dans la vie réelle de don Bosco.
Le noyau primitif du récit des Documenti XII
Ce roman historique, qui est l'origine du récit de l'entretien LanzaBosco du
22 juin 1871, a abusé don Amadei. Le caractère composite du récit des Docu-
menti XII a altéré son jugement; il a été trompé par une compilation hétérogène,
qu'il n'a pas analysée.
Le memorandum de don Bosco pour l'audience pontificale du 28 juin 1871,
qui y apparaît soudain, fut certainement interpolé dans un texte antérieur de
nature tout à fait différente. Il est aussi probable que les considérations politi-
ques de la première partie servirent d'introduction à une histoire centrale, orga-
nisée autour du ministre Lanza: appel de don Bosco au ministre, convocation à
Florence, colloque de Florence, entretiens de Rome, nouveau dialogue à Flo-
rence.
Quelqu'un bâtit un jour cette pièce en cinq actes. Pareille mise en scène de
l'ensemble de l'activité médiatrice de don Bosco après Porta Pia suppose un
auteur porté à l'histoire romancée. Il a schématisé l'action; il a unifié son conte-
nu; il l'a rassemblé dans le temps et concentré sur un minimum de personnages
principaux, à savoir Pie IX, Lanza et don Bosco. Les caractères sont schémati-
sés: Lanza dit retors est naïf; le pape domine ses adversaires; don Bosco em-
porte l'adhésion des deux parties par sa souveraine habileté.

2 Pages 11-20

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2.1 Page 11

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 19
Ce gros noyau primitif a conféré au récit actuel des pages 146-150 des Docu-
menti XII l'allure d'un roman plus ou moins historique. Il fut composé au plus tôt
en 1874 et au plus tard en 1888. Il parle en effet de l'article de la Voce della
Verità de février 1874; et nous lisons au cours du deuxième chapitre sur l'affaire
et à propos de la guérison de l'enfant Uguccioni: «Il figlio vive ancora quest'an-
no 1888» (L'enfant vit encore en cette année 1888).11 L'auteur de cette histoire
primitive de la médiation sera probablement identifié un jour avec certitude,
quand toutes les sources de la grande biographie de don Bosco auront été réper-
toriées et éditées. Dans l'attente, hasardons une hypothèse. Au cours du texte,
une attestation sur l'épisode de la bénédiction de la concierge de la préfecture:
«Ciò attesta D. Francesia che avealo accompagnato» (C'est ce qu'atteste don
Francesia qui l'avait accompagné), oriente notre attention vers un sympathique
disciple de don Bosco. Giovanni Battista Francesia (1838-1930), latiniste res-
pectable, fut aussi un narrateur intarissable et souvent contesté, car il avait une
riche imagination, d'épisodes d'histoire salésienne, auxquels il consacra une
soixantaine de livres et de brochures pendant sa très longue vie.
Or les derniers alinéas du chapitre XXX de la Vita breve e popolare di D.
Giovanni Bosco, que Francesia publia en 1902,12 raconta les démarches de don
Bosco sur les nominations d'évêques italiens en 1871 selon un schéma à peu
près identique à celui des Documenti XII. Don Bosco prenait l'initiative, inter-
venait d'abord auprès du pape, puis auprès du ministre; alors que les recherches
nous interdisent aujourd'hui d'accorder quelque créance à cette séquence. On lit
en effet: «L'année suivante (en 1871, par conséquent), à la vue de nombreux
diocèses italiens privés de pasteurs, il désira promouvoir les élections des évê-
ques et chercha le moyen d'induire le gouvernement à y consentir tout en garan-
tissant les droits de l'Eglise. Après avoir exposé sa pensée au pape et obtenu son
approbation, don Bosco écrivit au ministère de Florence; il lui fit comprendre la
nécessité de nommer des évêques et proposa ses bons offices auprès du Saint-
Siège. Pour des raisons politiques, le ministère agréa sa proposition, fit appeler
don Bosco à Florence et, sur son conseil, renonça à sa regrettable intention de
supprimer plusieurs diocèses...» etc.13 En outre, ce chapitre de la Vita breve e
popolare de Francesia contenait deux anecdotes sur don Bosco et Lanza figurant
11 Documenti XII 151.
12 G. B. FRANCESIA, Vita breve e popolare di D. Giovanni Bosco, Turin, Ufficio delle
Letture Cattoliche, 1902, p. 302-305.
13 Voir, ci-dessous, Annexe IL

2.2 Page 12

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20
Francis Desramaut
l'une et l'autre dans ce que nous appelons le noyau primitif de l'histoire en Do-
cumenti XII: 1) don Bosco avance comme une locomotive à vapeur (pouf, pouf,
pouf),14 2) don Bosco s'endort durant l'audience.15 Mieux, dans la Vita breve e
popolare, Francesia se donnait lui-même comme le témoin auriculaire de don
Bosco racontant ce deuxième épisode. Et il ne semblait pas copier les Documen-
ti XII déjà composés en 1902, puisqu'il ignorait l'audience pontificale du 28
juin. Concluons que le fonds primitif du récit des Documenti XII et ces pages de
la Vita breve e popolare eurent la même origine. Francesia y intervenant comme
témoin principal à deux reprises, il est permis de lui attribuer le récit de base de
l'ensemble de l'affaire de la médiation dans les Documenti XII. A son habitude,
Francesia aurait dramatisé son histoire; il l'aurait enjolivée et rendue vivante par
l'introduction d'anecdotes et de dialogues plus ou moins gratuitement reconsti-
tués. Toutefois, il ne datait pas de juin 1871 un dialogue décisif de don Bosco
avec le ministre Lanza.
La fabrication laborieuse de l'entrevue de juin 1871 dans les Memorie bio-
grafiche
Nous retrouvons les Memorie biografiche X de don Amadei. Il aurait pu et
même dû vérifier le genre particulier de sa principale source d'information sur
l'entrevue avec Lanza. Des témoignages datés le mettaient en garde: pour le
moins, la lettre de don Bosco à Tommaso Uguccioni que nous connaissons, un
télégramme de don Bosco à don Rua le 11 septembre 1871 lui annonçant la
poursuite d'un voyage de Florence à Rome et un élément de récit Cerruti au
procès de canonisation de don Bosco fixant au mois de septembre de cette année
la convocation à la préfecture de Turin. Il lui fallait absolument introduire dans
l'histoire du mois de septembre 1871 une invitation de don Bosco à Florence
suivie d'un voyage dans cette ville, puis, aussitôt après, à Rome. Il aurait dû les
confondre avec les éléments parallèles de l'épisode des Documenti. Je suis
convaincu qu'il buta sur le memorandum d'audience daté du 28 juin, qui, d'après
sa place dans ces Documenti, paraissait l'obliger à situer l'entrevue Lanza avant
cette date. Le voyage de don Bosco à Rome par Florence en juin à l'occasion du
jubilé pontifical de Pie IX le confirma dans cette malheureuse hypothèse. Au
lieu de transférer en septembre la totalité de l'épisode de la première
14 Vita breve e popolare, p. 291. A rapprocher de Documenti XII 150.
15 Vita breve e popolare, p. 304-305. A rapprocher de Documenti XII 150.

2.3 Page 13

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 21
rencontre Lanza, il n'en sortit que le télégramme d'invitation et l'intermède du
préfet Zoppi, bénédiction de la concierge comprise, qui figuraient dans ce récit
particulier.16
Amputé de la sorte, le récit des Documenti XII fut logé en juin, époque du
voyage attesté par la lettre à Tommaso Uguccioni, laquelle annonçait, comme
nous savons, un arrêt en gare de Florence dans la soirée du 22 juin; et par une
lettre de don Bosco à don Rua datée de Rome le 1er juillet 1871. C'est la lettre à
Uguccioni qui fit dater l'entrevue du 22 juin. Elle permit aussi de préciser
l'arrivée en gare de Florence à 19 h. 35. Don Amadei reprit la structure du récit
des Documenti pour narrer l'épisode de Florence: invitation de Lanza par
dépêche, colloque avec le ministre, interruptions pour prendre l'avis du conseil
des ministres sur des propositions de don Bosco, enfin départ pittoresque du
président et de l'humble prêtre vers la gare de Florence pour monter dans le train
de Rome.17
Une difficulté particulière attendait ici notre biographe. Dans les Documenti,
le récit de l'entretien proprement dit avec Lanza s'ouvrait par un dialogue qu'il
savait très bien avoir figuré au tome VIII des Memorie biografiche dans une
conversation parallèle avec le président Ricasoli à Florence en décembre 1866.
Rapprochons les deux péricopes.
Documenti XII, 147
MB VIII, 533-534
«Andò direttamente al palazzo Pitti,
ove il ministro risiedeva. Appena fu
annunziato Lanza gli mosse incontro
premurosamente. Ma D. Bosco
fermatosi in mezzo alla sala prima di
sedersi disse: — Signor ministro?
Sappia che D. Bosco è prete! E come è
prete all'altare, in Confessionale, prete in
mezzo ai suoi giovani, prete a Torino,
così è prete a Firenze. Prete nella casa
del povero, prete nel palazzo del Re e dei
ministri. — Il ministro con ogni cortesia
rispose che stesse tranquillo: nessun
pensare a fargli proposte che fossero
contrarie alle sue convenzioni (lire:
convinzioni). E così sedutosi si entrò in
argomento».
«Don Bosco andò adunque al palazzo
Pitti, ove il Ministro aspettavalo.
Appena annunziato, Ricasoli gli mosse
incontro premurosamente, ma il
Venerabile, fermatosi in mezzo alla sala,
prima di sedersi, dichiarò: —
Eccellenza! Sappia che Don Bosco è
prete all'altare, prete in confessionale,
prete in mezzo ai sui giovani, e come è
prete in Torino, così è prete a Firenze,
prete nella casa del povero, prete nel
palazzo del Re e dei Ministri! Ricasoli
cortesemente gli rispose che stesse
tranquillo, poiché nessuno pensava di
fargli proposte che fossero contrarie alle
sue convinzioni. Ciò detto, ambidue
sedettero e si entrò in argomento».
16 Les retrouver en MB X 439/32 à 441/4.
17 MB X 425/10 à 428/23.

2.4 Page 14

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22
Francis Desramaut
Le texte des Documenti XII avait été évidemment recopié pour ainsi dire
mot à mot en MB VIII. Seul le nom du ministre avait changé: Lanza était devenu
Ricasoli.18 En 1939, don Amadei ne pouvait répéter dans l'entretien avec Lanza
les propos désormais célèbres en milieu salésien qu'en 1912 son prédécesseur
avait mis sur les lèvres de don Bosco saluant Ricasoli. Que faire? Amadei
réfléchit, puis se dit que don Lemoyne lui-même avait proposé une solution. Une
note marginale des Documenti X, 90, face à un bref récit de l'entrevue Ricasoli de
1866, contenait une autre version du dialogue. Au lieu de porter sur sa qualité de
prêtre, l'observation de don Bosco au ministre portait sur sa qualité de catholique.
Et il procéda à l'échange. Comme Lanza était devenu Ricasoli en MB VIII,
Ricasoli sera transformé en Lanza en MB X. Voici les deux termes de la
transformation.
Documenti X, 90, n. marg. ms
MB X, 425-426
«È così. Avendo saputo Ricasoli
ministro in quel tempo, come D. Bosco
fosse in Firenze lo mandò ad invitare di
venire al palazzo del ministero perché
desiderava parlargli. Voleva servirsi di
lui per iniziare le trattative per le
nomine dei Vescovi, conoscendo aver D.
Bosco molta confidenza con Pio IX. D.
Bosco andò e appena entrato nel
gabinetto disse al ministro: — Credo che
V. E. conosca chi è D. Bosco. Sappia
che prima di tutto io sono cattolico. —
Oh lo sappiamo, rispose il ministro, che
D. Bosco è più cattolico del Papa stesso.
Il Ministro espose i suoi progetti e lo
pregò di mettersi in relazione col
l’Antonelli incaricato a Roma per questo
affare. D. Bosco fece valere
l'importanza di essere fedele al trattato
Italo-Francese».
«Il Ministro, appena gli fu annunziato
che D. Bosco era in sala d'aspetto,
premurosamente gli mosse incontro, lo
fé' entrare nel gabinetto, e l'invitò a
sedersi. Il Santo, prima di accomodarsi,
si fermò in mezzo alla sala, e gli disse:
— Eccellenza, la ringrazio di avermi
accordato quest'udienza. Avrà inteso il
motivo che a lei mi conduce. Io desidero
il bene della Chiesa e dello Stato; ma
credo che V. E. conosca chi è Don
Bosco, perciò saprà che prima di tutto io
sono cattolico. — Oh! lo sappiamo,
gentilmente rispose il Ministro, che D.
Bosco è più cattolico del Papa! E s'iniziò
il colloquio delle trattative sui Vescovi e
sulle diocesi vacanti. Si parlò della
convenzione italofranca, e degli ultimi
avvenimenti in Roma, e il Ministro...».
18 Soit dit en passant, l'emprunt que fit don Lemoyne, pour la conversation avec Ricasoli,
de ce morceau du roman de la médiation devrait être un signe du peu de crédit à accorder à
l'échange d'introduction de décembre 1866 en MB VIII 533-534. Nous pouvons supposer qu'il
arriva à don Francesia, dans ses récits sur don Bosco, de loger la réflexion sur don Bosco prêtre
dans l'entretien avec Ricasoli de préférence à celui avec Lanza. D'où le transfert de don
Lemoyne en 1912 dans ses MB VIII.

2.5 Page 15

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 23
On le voit, don Amadei crut même bon de recueillir à la dernière ligne de la
note marginale de don Lemoyne une allusion à la convention de septembre 1864
entre l'Italie et la France. Explicable en 1866, elle l'était beaucoup moins en
1871!
Il étoffa encore l'entrevue par quelques réflexions probablement personnel-
les sur le comportement de don Bosco et sur la politique du gouvernement de
l'époque, ainsi que par un fragment de pièce officielle qui lui paraissait confirmer
un élément de son récit. Mais il ne disposait pas d'autres véritables sources, ainsi
que le fait comprendre l'analyse des neuf péricopes sur le voyage de Florence: 1)
les préliminaires;19 2) l'invitation de don Bosco à Florence, section très abrégée
par la disparition du texte du télégramme et de l'intermède du préfet de Turin
chargé d'avertir don Bosco;20 3) le digne comportement de don Bosco avec les
hommes politiques;21 4) le récit d'un dialogue antérieur de don Bosco avec Lanza
à partir de l'image de la locomotive à vapeur;22 5) l'ouverture du dialogue sur les
nominations aux sièges épiscopaux vacants, assortie de la déclaration solennelle
de don Bosco sur son caractère «catholique»;23 6) le dialogue lui-même, avec les
interruptions pour avis du conseil des ministres présidé par le roi;24 7) le contenu
du décret du 25 juin 1871 sur la nécessité de Y exequatur royal dans ces sortes
d'affaires;25 8) la politique gouvernementale de l'époque;26 9) le départ de Lanza
et de don Bosco vers la gare de Florence.27 Les apologistes de la construction de
don Amadei tentés de lui supposer un ou des canaux particuliers d'information
buteront toujours sur l'inventaire documenté de ses sources.
Certaines incohérences du montage firent certainement transpirer notre bio-
graphe. On a déjà remarqué qu'il préféra séparer dans son livre la lettre de don
Bosco à Tommaso Uguccioni du récit développé du voyage; qu'il transféra en
septembre l'anecdote sur le télégramme et le préfet de Turin et qu'il dut se rabat-
tre sur un élément alternatif pour l'ouverture de l'entretien entre le prêtre et le
ministre. Ajoutons pour être à peu près complet que,
19 MB X 425/5-9, d'après Documenti XII 146.
20 MB X 425/10-16, d'après Documenti XII 146-147.
21 MB X 425/17-26, vraisemblablement d'après les réflexions du biographe.
22 MB X 425/27-37, d'après Documenti XII 150, donc au début du chapitre suivant du
recueil.
23 MB X 425/38, à 426/13, d'après Documenti X 90, note marginale manuscrite.
24 MB X 426/13 à 427/22, d'après Documenti XII 147-148, dont certains propos au style
indirect ont été convertis au style direct en MB.
25 MB X 427/23 à 428/2, d'après la Gazzetta ufficiale, 13 juillet 1871.
26 MB X 428/3-15, vraisemblablement à partir de réflexions propres au biographe.
27 MB X 428/16-23, d'après Documenti XII 148.

2.6 Page 16

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24
Francis Desramaut
pour le séjour consécutif à Rome avec Lanza — sur lequel don Amadei ne trou-
vait rien pour l'excellente raison que Lanza n'avait pas accompagné don Bosco —
le biographe se crut autorisé à transférer en juin 1871 un trait d'une lettre Berto-
Lemoyne datée de Rome, le 12 mars 1873; malheureusement ledit trait était ex-
plicitement fixé au mois de mars de cette année 1873.28
Bref, la mixture de don Amadei en MB X, 425-430, amalgame hétéroclite et
doublet multiple de faits d'autres temps puisés pour la plupart dans un roman
historique très douteux, ne mérite aucun crédit. Don Bosco ne rencontra pas le
président Lanza le 22 juin 1871.
Le voyage de don Bosco à Rome en juin 1871
Et pourtant don Bosco se rendit vraiment à Rome via Florence en juin 1871.
Les méprises du biographe ont déformé une démarche réelle qu'il est aisé de re-
construire. Le récit fondé dénonce un peu plus l'inanité du récit imaginaire.
Don Bosco avait passé chez lui le vendredi 16 juin, jour exact du jubilé pon-
tifical de Pie IX. Son monde fêta dignement le vingt-cinquième anniversaire de
l'élection du pape. Le 13, il avait écrit au directeur de la maison (salésienne) de
Borgo San Martino: «Vendredi, jour solennel, grande fête. Le matin, communion
générale pour le pape. Au repas, un plat (pietanza) supplémentaire. Vacance toute
la journée. Le soir, prédication adaptée et, si possible, un peu d'illumination...».29
L'éclat de la fête d'un pape que les gouvernants humiliaient devrait être public
(illumination!). Don Bosco tint à être à Rome le 29 pour la fête des saints Pierre
et Paul. Parti de Turin dans la matinée du 22 juin, via Florence —- où il ne s'arrê-
ta qu'environ deux heures si les Ferrovie italiane de l'époque répondirent à ses
espérances — il fut vraisemblablement à destination à l'aube du 23 juin. Le 28,
nous apprend son memorandum, Pie IX le reçut en audience. L'aide-mémoire
commençait par la présentation de l'album des membres de sa société de S. Fran-
çois de Sales et de leurs élèves de Turin, Lanzo, Borgo San Martino, Cherasco,
Alassio, ainsi que des oratoires turinois San Luigi, Angelo Custode et San Giu-
seppe. Puis venaient diverses «faveurs», qu'il sollicitait soit pour lui-même, soit
pour des amis et bienfaiteurs. Si des questions de politi -
28 Voir MB X 429/14-19.
29 G. Bosco à G. Bonetti, Turin, 13 juin 1871; Epistolario II, p. 164.

2.7 Page 17

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 25
que religieuse ou nationale furent soulevées dans l'entretien, elles n'avaient pas
été prévues par don Bosco. En tout cas, personne ne lui avait encore demandé de
tenir un rôle médiateur dans les rapports difficiles entre l'Eglise et l'Etat de l'Italie
pleinement réunifiée. Que son éventualité ait été soulevée dans la conversation
est une pure hypothèse sans fondement assuré. La lettre du 1er juillet à don Rua
nous apprend que don Bosco rencontra le pape une autre fois pendant sa semaine
à Rome.30 Le 1er juillet, il entamait déjà son voyage de retour. Et, cette fois, il
faisait à Florence une véritable étape de deux jours, celle que prévoyait la lettre à
Tommaso Uguccioni, «pour, si possible, récolter quelques sous», selon ses dires
à don Rua. Le 4 juillet, il retrouvait Turin.
Mais, contrairement à une légende trop enracinée, pas plus à l'aller qu'au re-
tour, il n'avait eu à Florence une conversation quelconque avec le président Lan-
za. En juin, les gouvernants italiens n'espéraient guère un geste de bonne volonté
d'un pape très irrité par les «révolutionnaires» qui occupaient sa ville et réglaient
son sort sans le consulter. Le problème réel des nominations d'évêques s'aggravait
sans solution immédiate en vue. Don Bosco n'avait pas offert dans les règles ses
bons offices à Pie IX pour une affaire à laquelle nul ne lui demandait encore de se
mêler. Le mémoire qu'il lui aurait adressé n'a pas été retrouvé pour la raison suffi-
sante qu'il n'a jamais existé. Le colloque à rebondissements de don Bosco avec le
ministre à Florence, peut-être tolérable dans un recueil d'«histoires populaires» de
don Francesia, est ridicule à force d'invraisemblances dans les Memorie de don
Amadei. Son analyse montre au passage combien l'historicité de certains logia
attribués à don Bosco par ses biographes peut être sujette à caution. La véridicité
de l'échange sur don Bosco catholique n'est pas mieux assurée que celle sur don
Bosco prêtre. Ces grandes vérités ont très peu de chances d'avoir jamais été pro-
clamées aussi solennellement dans les bureaux ministériels. Le voyage impromp-
tu de Lanza vers Rome témoigne de l'extrême naïveté de celui qui l'a raconté avec
sérieux. Don Amadei a utilisé un récit des Documenti sans en déterminer la na-
ture, alors que le reste de sa documentation lui en offrait la possibilité. Il a daté
l'épisode Lanza du mois de juin 1871 pour la seule raison que, dans son texte de
référence, cet épisode précédait le memorandum du 28 juin de cette année. Il a de
la sorte introduite un doublet criant d'événements réels entre le 9 et le 13 septem-
bre qui suivirent, quand don Bosco recevait vraiment un rôle de médiateur offi-
cieux entre le Saint-Siège et le gouvernement de Victor Emmanuel II.
30 G. Bosco à M. Rua, Rome, 1er juillet 1871; Epistolario II, p. 166.

2.8 Page 18

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26
Francis Desramaut
A la décharge du pauvre Amadei, il faut peut-être ajouter qu'en 1939, à la
publication de son tome des Memorie, l'erreur était ancrée parmi les historiogra-
phes de don Bosco et, par conséquent, dans l'esprit de son public. L'année précé-
dente, pour la première édition de son beau livre San Giovanni Bosco nella vita e
nelle opere,31 le père Eugenio Ceria avait raconté — sobrement, il est vrai — les
mêmes démarches de don Bosco auprès de Lanza et les avait lui aussi datées de
la fin juin 1871, aussitôt après la promulgation de la loi des Garanties. Lui non
plus, qui, à la page suivante, parlait de l'action médiatrice de septembre 1871,
n'avait flairé le piège et évité le très regrettable doublet, qui, après cinquante ans
et davantage, continue de fourvoyer les historiens de don Bosco.
31 Turin, SEI, 1938, p. 215.

2.9 Page 19

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 27
ANNEXES
I
L'histoire de la médiation dans les Documenti XII (1888)
(p. 146) Al Papa era stato tolto il regno temporale. Vittorio Emmanuele ed i
ministri stavano abitualmente ancora a Firenze. Napoleone avea stretta coll'Italia la
famosa Convenzione, colla quale guarentivasi al Papa la sua indipendenza. E questa
non si teneva dalla Francia per cessata. Varie potenze non vedevano di buon occhio
l'usurpazione, e l'Imperatore Austriaco era sempre propenso a soccorrere colle armi
il Pontificato. La rivoluzione aveva interesse a coprirsi ancora per impedire compli-
cazioni Europee che le avrebbero potuto recare gran danno. Quindi conservava an-
cora un poco di maschera ipocrita, proclamando la legge sulle guarentigie. Intanto
più di 60 diocesi mancavano in Italia di Pastori con danno immenso delle anime,
causa l'indifferenza religiosa che si faceva largo fra i popoli.
D. Bosco che gemeva sul danno che ne veniva alla diocesi pensò di studiare un
rimedio e arditamente si mise all'opera. Esso vedea come il governo Italiano, benché
non aveva prima voluto accondiscendere alla proposta di Pio IX sulle diocesi vacan-
ti, pure ora si trovasse in gravi imbrogli. Nessuno di quelli che a Roma circondavano
Pio IX pensava a trovare un mezzo col quale, salvi i diritti e l'opera della S. Sede, si
potesse eleggere nuovi Vescovi. Molti dei Romani si illudevano che quella terribile
tempesta fosse passeggi era. Alcuni credevano che non si dovesse neppure apparen-
temente desistere da un'inflessibilità d'altra parte commendevole per l'ostinata ipo-
crisia dei nemici del Papa.
D. Bosco tutto da solo senza umani appoggi si accinse all'ardua impresa. Inco-
minciò a scrivere al sommo Pontefice chiedendo il suo consiglio e la sua licenza di
approvazione, esponendogli il suo piano. Era questo: D. Bosco come individuo
avrebbe esplorate le intenzioni di governo e senza dipendere da questo il Papa
avrebbe operato come credeva meglio. Pio IX approvò. Allora D. Bosco scrisse al
ministro Lanza a Firenze rappresentandogli, come dopo le guarentigie non era suo
interesse opporsi alla nomina del Vescovo, se il Papa avesse voluto procedere a que-
sta. D. Bosco proponeva interporre i suoi buoni uffici presso la S. Sede.
Il Ministro accettò subito la proposta, perché a lui accomodava far vedere alle
nazioni che non era impossibile una riconciliazione colla S. Sede, ed ecco giungere
un plico al Prefetto di Torino, incaricandolo di consegnarlo esso stesso in persona
a D. Bosco.
Il Prefetto che da poco tempo era stato proposto alla provincia di Torino, ma
non conosceva D. Bosco, si affrettò di mandare un suo usciere all'Oratorio in cerca
di D. Bosco, e latore di una sua lettera colla quale chiedevagli un abboccamento,
scusandosi se non era venuto in persona poiché non sapeva ancora in qual regione
della (p. 147) città fosse Valdocco.
Era meravigliato che il ministro Lanza potesse avere relazioni, che accennavano

2.10 Page 20

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28
Francis Desramaut
ad alti segreti con un Sacerdote qualificato nemico della rivoluzione.
D. Bosco si affrettò a visitare il Prefetto e gli disse subito: — Saprebbe che cosa
si vuole da me?
— Capisco, rispose il Prefetto, che sono cose delicate e non chieggo di che si
tratti, né lo so.
Intanto gli porgeva il plico ministeriale. D. Bosco ruppe il suggello e lesse queste
poche righe: — D. Bosco è pregato, se è possibile, di trovarsi infallantemente dopo
dimani a Firenze. - Lanza. Quindi volendo accaparrarsi l'animo del Zoppi gli mani-
festò in parte il segreto cui alludeva quel viglietto. Sapeva che ben presto sarebbe
stato a lui noto ufficialmente, conosceva l'importanza del non averlo avuto, e si
teneva sicuro con quella confidenza di indurlo al sicuro ad appoggiare le sue do-
mande, perché certamente il Ministero avrebbe poi chieste a lui informazioni sulle
persone da eleggersi alle sedi Episcopali.
Zoppi fu tanto contento dei modi di D. Bosco che volle presentarlo alla sua
Signora, alla quale D. Bosco non mancò di far conoscere il motivo che qui avealo
condotto. Essa pure gradì moltissimo di essere onorata con quel segreto e con suo
marito lodò altamente l'impresa alla quale accingevasi D. Bosco.
Nello scendere le scale del palazzo prefettizio, la portinaia fermò D. Bosco e
messosi in ginocchio gli chiese la benedizione. D. Bosco la benedisse e la buona don-
na esclamò: — Vedendo lei mi sembra di vedere Nostro Signore! — D. Bosco diven-
tò rosso in faccia a queste parole e le rispose: — Preghi per me! — Ciò attesta D.
Francesia che avealo accompagnato.
La stessa sera D. Bosco partì per Firenze e vi giungeva all'indomani verso notte.
Andò direttamente al palazzo Pitti, ove il ministro risiedeva. Appena fu annunziato
Lanza gli mosse incontro premurosamente. Ma D. Bosco fermatosi in mezzo alla
sala prima di sedersi disse: — Signor ministro? Sappia che D. Bosco è prete! E co-
me è prete all'altare, in Confessionale, prete in mezzo ai suoi giovani, prete a Torino,
così è prete a Firenze. Prete nella casa del povero; prete nel palazzo del Re e dei
ministri. — Il ministro con ogni cortesia rispose che stesse tranquillo: nessun pensa-
re a fargli proposte che fossero contrarie alle sue convenzioni. E così sedutosi entrò
in argomento. D. Bosco prese a dimostrare come il governo avesse interesse a non
esporsi in modo alcuno alle nomine che sarebbe per fare il Papa; in ossequio alla
Convenzione Italo-Franca e alla legge delle guarentigie, perché altrimenti sarebbe lo
stesso che dimostrare come la Convenzione fosse un trattato illusorio e le guarenti-
gie una burla. Il ministro ne convenne, anzi si dimostrò premuroso di entrare nelle
viste di D. Bosco.
Intanto il ministro fu chiamato. Erasi radunato per questo affare il consiglio dei
Ministri presieduto dal Re stesso in persona. D. Bosco rimase solo in quella sala per
lunga ora.
Lanza finalmente tornò e con quella gentilezza (p. 148) di modi della quale san
così bene usare questi Signori fece intendere a D. Bosco come il consiglio dei Mini-
stri nulla avesse in contrario all'elezione dei Vescovi, ma che però era prima meglio
trattare della circonscrizione delle diocesi, incorporando alle più grandi alcune più

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 29
piccole, come a dire abolendo Vescovadi di Susa, Fossano etc. etc.
D. Bosco rispose come esso non avrebbe mai preso impegno di trattare con una
simile condizione; che non era ambasciatore incaricato di fare proposte; e che non
toccava a lui dar consiglio al Santo Padre. Che perciò desistessero di simile delibera-
zione. Esser pronto nell'interesse delle popolazioni a presentarsi al Papa e che non
era onore del governo intromettersi in questioni che farebbero vedere a tutto il mon-
do come esso non tenesse in nessun conto i trattati e le leggi. Se il Consiglio dei mini-
stri intendeva diversamente, D. Bosco essere preparato a ritornare immediatamente a
Torino.
Il ministro lo pregò allora ad attendere, ritornò ove era radunato il Consiglio, si
deliberò di non più pensare all'abolizione dei varii vescovati; ma di aprir pratiche
per le Chiese vacanti per mezzo di D. Bosco.
Il ministro ritornò: —D. Bosco partiamo per Roma. —
— Partiamo —.
Essi in carrozza, D. Bosco a piedi andarono alla ferrovia. Quivi essi in prima
classe, D. Bosco in seconda salirono e partirono.
Si giunse a Roma. Pio IX aspettava l'amico suo. Si trattò con lui del grande af-
fare. Pio IX pianse quando D. Bosco gli presentò il quadro desolante di tante diocesi
senza pastore. D. Bosco andava e veniva. Dal Papa al luogo ove stava il ministro, dal
ministro al Papa. Il Papa per mezzo di D. Bosco conosceva gli ostacoli che contro
lui sorgevano; il governo si credeva di potere influire sull'animo del Papa per mez-
zo di D. Bosco. Pio IX per nulla si obbligava e non veniva a concessioni. Il governo
Italiano con politica macchiavellica intendeva protrarre le cose a lungo e così, mentre
dava le viste di trattare col Papa, volea nulla concludere e procedeva innanzi più
sicuramente nelle sue mire tenebrose.
Intanto a Roma era trapelato il segreto per cui D. Bosco era venuto. Alcuni in-
fluenti della parte papale si sdegnarono che D. Bosco osasse intromettersi nelle cose
della Chiesa, e quasi fossero più cattolici del Papa, osarono stigmatizzare la presunta
audacia di D. Bosco nel volere pretendere di dare consiglio al Sommo Pontefice. Un
giornale Cattolico, La voce della verità, diretto da Monsignor Nardi osò scrivere in
questo giorno un lungo articolo violento nel quale dicevasi che a Roma non vi era
bisogno che venisse un Piemontese ad insegnare ai Romani e molto meno al Papa
ciò che era da farsi.
Il Monsignore fu chiamato in Vaticano dove gli toccò un solenne avviso e al-
l'indomani sopra quel foglio comparve l'elenco dei libri stampati da D. Bosco, con
l'elogio di queste opere. Era una specie di ritrattazione.
(p. 149) Intanto Pio IX avea dato l'incarico a D. Bosco e ad altri di formargli
e presentarli una lista di coloro che per scienza santità e prudenza erano conosciuti
abili a reggere una diocesi. —
Si era pensato prima di cercare i varii personaggi adattati a reggere ciascuna
diocesi in particolare e poi nominarli. Ciò portava le cose per le lunghe, D. Bosco,
invece, consigliava diversamente il Papa: — Prima, diceva, si scelgano gli individui
meritevoli d'essere nominati Vescovi e poi ciascuno sia destinato, a quella diocesi cui

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30
Francis Desramaut
parrà meglio adattato. — Fu allora che Pio IX gli disse: — Datemi voi i Vescovi
belli e fatti ed io li approverò.
Ma D. Bosco mentre curava gli interessi della Chiesa in Italia si preoccupava
eziandio di ciò che riguardava la sua Pia Società e i suoi benefattori. Conserviamo
il suo manoscritto che recava all'udienza del Papa in quest'anno perché nessuno
affare fosse dimenticato.
«Udienza del S. Padre 28-6-1871.
Album sodalium et alumn. Sales. Lanzo - B. S. Martino - Cherasco - Alassio
- Torino - S. Luigi - Angelo Custode - S. Giuseppe.
Contessa Apiani près, della Soc. delle Chiese povere.
Comitato di Benef. e catechismi ecc.
Monache Madd. Refugio, S. Anna, Compagne di Gesù.
Madre e figlia Vicino
Collegno ecc. Alberto
Contessa Callori ecc.
Nostra Congregazione se meglio in Italia, nella Svizzera, Indie, Algeria, Egitto,
California.
Chiesa di S. Giovanni Evangelisa: bene Id. di S. Secondo — Bene.
Casa di Varazze. Concesso. là. di Trecate. Concesso.
Sei mesi di età (sic) per Vota.
Indulgenza plenaria ai benefattori e giovani sopravvenuti dopo l'anno passato:
Due volte al mese.
Dimissorie ad septennium.
Al Teol. Molinari. Casi della Penitenzieria e benedire medaglie, crocifissi ecc.
Ad quinquennium.
Al Comitato di leggere libri proibiti:
Messa e si può comunione, alla Dep. Concesso».
***
(p. 150) I nostri giornali ed eziandio i prussiani parlavano di queste pratiche
per le nomine dei Vescovi. Questa pubblicità piaceva forse al governo Italiano, per
far vedere la sua lealtà nell'esecuzione delle guarentigie; ma restava d'altra parte
imbrogliato neh'opporsi a visiera alzata. Il Papa invece era libero, poiché esso non
aveva trattato con nessuno del governo, e non aveva dato a D. Bosco missione uffi-
ciale di trattare. Aveva protestato a D. Bosco: — Non cambierò un solo dei nomi
messi in nota. E così fece.
D. Bosco presa ogni intelligenza col Papa ripartì per Firenze. Avendo viaggiato
tutta la notte, al mattino, stanchissimo come era, andò al ministero per parlare con
Lanza. Ivi incominciò ad esporre lo stato delle trattative, senonché mentre il ministro
parlava, esso addormentossi e dormì profondamente per un'ora e mezzo, tranquillo
come se si fosse trovato nel suo letto. Il ministro si mise allora a scrivere dan-

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 31
do corso a varie carte aspettando che D. Bosco si svegliasse. Svegliatosi D. Bosco si
ripresero i ragionamenti; ma si capiva che il governo cercava ogni pretesto per man-
dare le cose in lungo.
Mentre D. Bosco usciva dall'udienza, entrava Buscaglione, il grande Oriente
della framassoneria governativa, il fabbricante di dispacci all'agenzia Stefani, pro-
fessore, commendatore. Lanza gli disse:
— Conobbe quel prete che è uscito di qui or ora?
— Lo vidi, ma non l'ho guardato.
— Era D. Bosco!
— D. Bosco? Oh lo conosco da un pezzo. — E il Ministro ridendo gli narrò
come D. Bosco si fosse addormentato su quel seggiolone.
Un'altra volta aveva D. Bosco fatto ridere S. E. il Ministro dell'Interno, Presi-
dente del Ministero. Fra le cose che Lanza gli domandò una fu questa: Come fa ad
andare avanti senza crediti con tanti giovani? E D. Bosco: Vado avanti a vapore.
— Come sarebbe a dire?
— Il vapore va avanti facendo pouf, pouf. Così vado avanti a forza di fare
dei pouf.
E Lanza mettendosi a ridere rispose: — Anche noi andiamo avanti così. Rac-
contò pure ai suoi colleghi di Ministero questo episodio che eccitò il riso di tutti: —
Ho dimandato a D. Bosco, diceva loro, come faceva ad andare avanti senza mezzi
con tanti giovani; ed egli mi rispose che andava avanti come il vapore facendo pouf,
pouf... Ed io soggiunsi che anche noi andavamo avanti così. Ed egli fu contento che
l'ho paragonato al regno d'Italia.
D. Bosco era ammirabile nel sapere stringere, a sé, anche le persone di principii
contrarii senza che mai esso dissimulasse la verità.
Venne un giorno invitato ad un pranzo in cui si trovavano uomini di tutti i
colori e partiti: liberali, democratici, e forse increduli e ra(p. 151)zionalisti di ogni
genere. Dopo il pranzo ciascuno fece il suo brindisi. Chi lo faceva a Vittorio Emma-
nuele e chi a Garibaldi (...).
II
L'action médiatrice de don Bosco en 1871 selon G. B. Francesia (1902)
Vita breve e popolare di D. Giovanni Bosco, Turin, 1902, chap. XXX, p. 302-305.
(...) Nell'anno seguente, vedendo come molte diocesi italiane erano prive di
Pastori, de(p. 303)siderò di promuovere le elezioni dei vescovi, cercando modo di
indurre il governo ad accondiscendervi ed a lasciar salvi i diritti della Chiesa. Espo-
sto dapprima il suo pensiero al Papa, ed avutane l'approvazione, D. Bosco scrisse al
ministero in Firenze, facendo egli sentire la convenienza della nomina dei vescovi,

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Francis Desramaut
proponendo d'interporre i suoi buoni uffizi presso la Santa Sede. Il ministero per
mire politiche gradì la proposta, fece chiamare D. Bosco a Firenze, e per sua esorta-
zione desistette dal mal consiglio già preso di sopprimere parecchie diocesi, lascian-
do parola che non avrebbe fatto opposizioni alla nomina ed all'entrata dei nuovi
Vescovi nelle loro diocesi, ancorché in quei giorni instigato dalle sette, mancasse in
più casi alla promessa. Allora Don Bosco, con quella energia che soleva mettere
nelle cose del Signore, prese qua e là minute informazioni da persone pie e degne,
compose una nota di Ecclesiastici, che presentavano le più sincere guarentigie per
essere buoni Vescovi, e poscia ritornato a Roma la presentò al Papa, il quale per la
gran fiducia che aveva nell'uomo di Dio, approvò ogni cosa e fece la preconizzazio-
ne addì 27 ottobre 1871.
(p. 304) Il rapido andare e venire da Roma a Firenze, e da Firenze a Roma
aveva reso estremamente affaticato D. Bosco, che un giorno, mentre il ministro
Lanza, per fargli vedere i pericoli da cui si era attorniati, voleva menarlo attorno
alla grande politica del mondo, D. Bosco sorpreso dalla stanchezza si addormentò.
Appena il ministro se ne accorse si tacque, mettendosi ad accudire altro lavoro. Era
l'ora in cui i principali impiegati andavano dal ministro per la firma, e questi con il
miglior garbo possibile non aveva che a dire: «Fate piano, perché D. Bosco dorme».
E tutti sulla punta dei piedi andavano, venivano, stupiti nel vedere che il ministro
avesse tanto a cuore di non disturbare D. Bosco. Ognuno può immaginarsi la mera-
viglia che provò Don Bosco, quando, dopo poco più che mezz'ora, si svegliò. Girò
attorno gli occhi, e poi conosciuto dove si trovava, sorridendo, domandava scusa
al ministro. Questi, dopo averlo compatito per il tanto strapazzo, tutto festoso gli
disse: «Si vede che Lei D. Bosco ci conosce bene».
— Eccellenza, che cosa dice? Povero me, che scandalo avrà preso di me!
— Dico che Ella ci conosce a perfezione, (p. 305) e che è ben superiore alla
grandezza di cui ci copriamo, e sa che il tutto non è altro che vanità. Altri vengono
davanti al ministro, e sebbene persone d'importanza si confondono, si smarriscono,
e per poco non perdono la testa. Lei, D. Bosco, tranquillamente dorme! Quante cose
non mi disse questo suo sonno!
Quando D. Bosco ci raccontava questo episodio per ricrearci, pensavamo anche
noi alla tranquillità del suo spirito, che si riposa e dorme appena ha finito di parlare
della santa causa della religione, per cui aveva tanto lavorato in quei giorni.
III
L'audience du ministre Lanza dans les Memorie biografiche X (1939)
(p. 425) Don Bosco aveva già deciso recarsi a Roma, per ossequiare il S. Pa-
dre in occasione del suo Giubileo Pontificale, passando per Firenze per parlare col
Ministro Lanza, e il 20 giugno riceveva dal Ministro l'invito di trovarsi due giorni
dopo infallantemente a Firenze; ed egli partiva la mattina del 22, essendogli stato
fissato il colloquio per la sera di quel giorno.

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L'audience imaginaire du ministre Lanza 33
Giunse alle 19,35, e subito si recò dal Ministro. Ovunque si presentasse, era
sempre accolto don deferenza, anche dalle persone più autorevoli, perché il suo
contegno, che non aveva nulla di affettato, inspirava subito riverenza, e, schietto
e limpido nel parlare, sapeva conciliare la semplicità del tratto e delle parole col
dovuto rispetto alla loro dignità, ma senza cortigianeria; anzi talvolta diceva an-
che ad esse la verità con tanta franchezza, che, secondo l'umana prudenza si sa-
rebbe detta temerità, eppure ciò che diceva era sempre ben accolto.
Da tempo Lanza conosceva Don Bosco, e l'aspettava con piacere.
Memore di aver trattato con lui nel 1865, non aveva mai dimenticato una sua
risposta, che più d'una volta ripetè ai colleghi, eccitando il riso di tutti: — Ho
domandato a Don Bosco, diceva, come facesse ad andare avanti, senza mezzi,
con tanti giovani che aveva preso a mantenere; ed egli mi rispose che andava
avanti come il vapore, facendo pouf, pouf, ossia debiti. Ed io soggiunsi che anche
noi andiamo avanti così; ed egli fu contento che l'avessi paragonato col regno
d'Italia!
Il Ministro, appena gli fu annunziato che Don Bosco era (p. 426) in sala d'a-
spetto, premurosamente gli mosse incontro, lo fé' entrare nel gabinetto, e l'invitò
a sedersi. Il Santo, prima di accomodarsi, si fermò in mezzo alla sala, e gli disse:
Eccellenza, la ringrazio di avermi accordato quest'udienza. Avrà inteso il
motivo che a lei mi conduce. Io desidero il bene della Chiesa e dello Stato; ma
credo che V. E. conosca chi è Don Bosco, perciò saprà che prima di tutto io sono
cattolico.
— Oh! lo sappiamo, gentilmente rispose il Ministro, che Don Bosco è più
cattolico del Papa!
E s'iniziò il colloquio delle trattative sui Vescovi e sulle diocesi vacanti. Si
parlò della convenzione italo-franca, e degli ultimi avvenimenti in Roma, e il
Ministro esclamò: — Veda, Don Bosco! se non vi fossimo andati noi, la città
andava tutta in fiamme! — Oh! questo no! — rispose il Santo con franchezza; —
creda, Eccellenza, che anch'io conosco Roma, e posso assicurarla che non v'era
alcun pericolo, neppur remoto, di quanto ella mi ha detto; quindi cerchiamo di
attenuare l'impressione che quei fatti han prodotto in tutto il mondo cattolico.
— E in qual modo?
— Abbiamo la Legge delle Guarentigie, e non deve essere una burla. Biso-
gna che i Vescovi possano esser liberamente eletti dal Papa e sieno dal Governo
favoriti nelle temporalità, salvando così il decoro della Chiesa e lasciando intatti i
suoi diritti. D'altra parte qui non c'entra nessuna questione, nessun interesse poli-
tico...
Il Ministro parve convenire, anzi si mostrò premuroso di entrare nelle sue vi-
ste, e lo assicurò che da parte sua non avrebbe fatte opposizioni. Don Bosco l'e-
sortò anche a procurare che si desistesse dal voler sopprimere parecchie diocesi,
siccome si vociferava che si voleva venir all'odioso provvedimento, che sarebbe
stato un ostacolo di più al buon esito dell'affare. Egli, intanto, avrebbe procurato
d'interporre i suoi buoni uffici presso la Santa Sede, qualora fosse possibile venir
ad un accomodamento.
Nel frattempo venne chiamato il Ministro; erasi radunato per gravi affari il
Consiglio dei Ministri, presieduto dal Re (p. 427) stesso in persona; e Don Bosco
restò solo, nella sala, per più d'un'ora.

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Francis Desramaut
Finalmente Lanza tornò, e gli comunicava come il Consiglio dei Ministri non
aveva nulla in contrario alle elezioni dei Vescovi, ma prima si voleva trattare
delle circoscrizioni di varie diocesi, essendo alcune assai piccole, evidentemente
allo scopo d'incamerarne i beni.
Il Santo rispose nettamente: che, mai e poi mai, egli avrebbe trattato d'affari
di simil genere, e, se si volevano tali precedenti, avrebbe lasciato d'interessarsi
anche delle elezioni dei Vescovi; non esser egli un ambasciatore straordinario, e
tanto meno spettar a lui il dar consigli al Santo Padre! Egli s'interessava delle
nomine vescovili, per il bene di tante popolazioni, prive di Pastori; d'altronde,
non era onorifico, neppur pel Governo, intromettersi in tali intrighi, che
avrebbero mostrato al mondo intero che non teneva in nessun conto le leggi, né i
trattati; quindi, se il Consiglio era fermo nel suo parere, egli rinunciava ad ogni
tentativo.
Il Ministro lo pregò di attendere, e tornò in Consiglio, che deliberò di metter
da parte il progetto dell'abolizione di alcuni vescovati, e d'iniziar le pratiche per
le diocesi vacanti, mediante Don Bosco.
Ma, proprio di quei giorni, si veniva ad intricar la questione. Quanto abbiam
narrato avveniva la sera del 22 giugno, e, tre giorni dopo, Re Vittorio Emanuele
firmava, a Firenze, il decreto, col quale veniva disposto che «tutte le Bolle,
Decreti, Brevi, Rescritti e Provvisioni della Santa Sede, e parimente tutte le
Bolle, Decreti o Provvisioni degli Ordinari Diocesani concernenti destinazione
di beni ecclesiastici o collazioni di Benefizi maggiori o minori, eccetto della città
di Roma e delle Sedi Suburbicarie, per avere esecuzione» dovevano «essere
muniti i primi di Regio Exequatur e i secondi di Regio Placet». Così nel primo
articolo del Regolamento in esecuzione al R. Decreto del 25 giugno 1871 sul R.
Exequatur, pubblicato nella Gazzetta ufficiale (N° 189) il 13 luglio, firmato, dal
Ministro di grazia, giustizia e culti, Giovanni De Falco... (sic), mentre il 18 marzo
era stato dichiarato alla Camera che si sarebbe «mantenuta l'esclusione di ogni
ingerenza (p. 428) governativa nell'esercizio di tutti i culti professati nello Stato».
Don Bosco non sapeva che si sarebbe sancito di quei giorni tale decreto,
benché
prevedesse molti e gravi ostacoli alla santa impresa, perché il Governo -- e questo
era noto a tutti — dopo d'essersi dichiarato favorevole all'abolizione d'ogni
ingerenza governativa nell'esercizio del culto, poi, simulando ripugnanza, aveva
recesso quasi vi fosse costretto dal Parlamento. Comunque, fermo com'era nel far
i passi nel modo più conveniente, cercando di mantenersi libero da ogni
accalappiamento, con la sovrana prudenza del linguaggio, egli avrebbe
apertamente dichiarato a tutti che non si sarebbe arreso mai a transazioni, neppur
le più leggere, e, non ottenendo il più, avrebbe accettato il meno, anche
momentaneamente, per il bene della Chiesa.
Lanza in fine gli disse: — Don Bosco, partiamo per Roma? — Partiamo —
rispose.
E Lanza in carrozza con alcuni signori, e Don Bosco, a piedi e da solo, si
avviarono alla stazione, dove i primi salirono in un vagone di prima classe, egli
in uno di seconda, e partirono. Fino a quei giorni, anche dopo il trasposto della
capitale, i Ministri, da Roma a Firenze, andavano e venivano continuamente.