17-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XVII-Vol.7-Lettres


17-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XVII-Vol.7-Lettres



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ŒUVRES
DE
SAINT FRANÇOIS DE SALES
ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE
ET
DOCTEUR DE L'ÉGLISE
______
ÉDITION COMPLÈTE
D'APRÈS LES AUTOGRAPHES ET LES ÉDITIONS ORIGINALES
ENRICHIE DE NOMBREUSES PIÈCES INÉDITES
DÉDIÉE A SA SAINTETÉ LÉON XIII
ET HONORÉE DE DEUX BREFS PONTIFICAUX
PUBLIÉE SUR LES AUSPICES DE MGR L’ÉVÊQUE D'ANNECY
PAR LES SOINS DE RELIGIEUSES DE LA VISITATION
DU IER MONASTÈRE DANNECY
__________
TOME XVII
LETTRES VOLUME VII
ANNECY
Monastère de la Visitation
MCMXI
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Deuxième édition
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ŒUVRES
DE
SAINT FRANÇOIS DE SALES
ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE
ET
DOCTEUR DE L'ÉGLISE
_____
TOME DIX-SEPTIÈME
LETTRES
VIIme VOLUME
1615 1617
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Propriété [I]
_____
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ŒUVRES
DE
SAINT FRANÇOIS DE SALES
ÉVÊQUE ET PRINCE DE GENÈVE
ET
DOCTEUR DE L'ÉGLISE
______
ÉDITION COMPLÈTE
D'APRÈS LES AUTOGRAPHES ET LES ÉDITIONS ORIGINALES
ENRICHIE DE NOMBREUSES PIÈCES INÉDITES
DÉDIÉE A SA SAINTETÉ LÉON XIII
ET HONORÉE DE DEUX BREFS PONTIFICAUX
PUBLIÉE SUR LES AUSPICES DE MGR L’ÉVÊQUE D'ANNECY
PAR LES SOINS DE RELIGIEUSES DE LA VISITATION
DU IER MONASTÈRE DANNECY
__________
TOME XVII
LETTRES VOLUME VII
ANNECY
Monastère de la Visitation
MCMXI
Droits de traduction et de reproduction réservés [IV]
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Index OCR
Index OCR ................................................................................................................................... 7
Avant-Propos ............................................................................................................................. 20
Avis au Lecteur..........................................................................................................................26
Lettres de saint François de Sales - Année 1615 ....................................................................... 27
MLXXXVI. A Madame de la Fléchère. Le Saint n'agrée pas que ses amis se déchargent sur
lui d'une responsabilité qui leur incombe. Un précepteur difficile à trouver même chez les
rois. Qu'on s'abstienne d'accabler de devoirs les élèves. Défense d'un professeur.
Que faire quand le corps et l'esprit sont languissants. ........................................................... 27
MLXXXVII. Au Comte Prosper-Marc de Tournon (Inédite). Une absolution que l'Evêque
de Genève attend de la courtoisie de son destinataire. Remerciements pour
communication de manuscrits................................................................................................29
MLXXXVIII. A la Mère de Chantal, a Lyon. L'anniversaire d'une vocation. Une race
spirituelle que le Saint demande à Dieu de multiplier. Actions de grâces à la divine
Trinité..................................................................................................................................... 30
MLXXXIX. A Madame de Peyzieu. Ce qu'il faut éviter et réprimer dans les curiosités
d'outre-tombe, à propos de nos parents défunts. Pourquoi les chrétiens doivent modérer
leurs regrets ............................................................................................................................ 30
MXC. A Madame de la Fléchère. La lassitude du corps et les passions de l'âme. Dans
quel cas s'asseoir au temps de la prière. Les distractions et l'oraison. La vie en dehors
de Dieu est une mort. C'est au Saint-Esprit de pousser les âmes comme il lui plaît.........31
MXCI. A Madame de Ruans. Les visites du Saint-Esprit parmi les tribulations.
Exhortation à l'amour de la Croix. ......................................................................................... 33
MXCII. A Madame de la Croix d'Autherin. Dans la correction des défauts, ne pas séparer la
pratique de l'humilité de la fidélité envers Dieu. En quel cas le Bienheureux ne juge pas
mauvais qu'on soit un peu privé de la sainte Communion. Utilité des confessions
fréquentes. Annonce d'un voyage à Lyon et en Chablais. La lecture spirituelle. ........ 34
MXCIII. A la même. Vengeances et réparations. Quelle doit être l'attitude d'une personne
honorable en face des diffamations, et le meilleur moyen de répondre aux chansonneurs.
Dieu protège l'honneur des gens de bien................................................................................ 35
MXCIV. Au Cardinal Denis-Simon de Marquemont Archevêque de Lyon (Fragment).
L'intention de saint François de Sales en fondant un nouvel Ordre de Religieuses. Quelle
doit être leur unique prétention. ............................................................................................. 37
MXCV. A la Mère de Chantal, a Lyon. Le gouverneur de Lyon, commensal et ami du Saint.
L'union des âmes les rend présentes l'une à l'autre. Annonce d'un sermon d'amour ... 38
MXCVI. A la même, a Lyon (Billet inédit). Mémoire et visite pour une affaire .................. 39
MXCVII. A la même, a Lyon. Annonce d'un départ et d'une visite ...................................... 39
MXCVIII. Au Supérieur d'une Communauté. Charité compatissante du Saint en faveur d'un
Religieux expulsé de son Ordre ............................................................................................. 40
MXCIX. A la Mère de Chantal, a Lyon. Le retour de l'Evêque de Genève à Annecy ; la
présidente Le Blanc l'accompagne à Saint-Priest. Mme de Travernay à l'article de la mort ;
une petite histoire villageoise.................................................................................................41
MC. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de Montpellier (Inédite). L'importunité des
grandes villes. La paix après la guerre : courage militaire des princes de Savoie et de la
noblesse savoyarde ; force veuves et orphelins. .................................................................... 42
MCI. A M. Antoine des Hayes. Pourquoi le jeune des Hayes a fini par se ranger à la
discipline. Ce qu'il faudra faire s'il ne persevère pas. Tendresse et sollicitudes du Saint
pour le fils de son ami. Eloge du prince de Piémont. ....................................................... 43
MCII. A Madame de Travernay (Inédite). Paternel intérêt pour une jeune veuve malade,
nièce de la destinataire. .......................................................................................................... 45
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MCIII. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de Montpellier (Inédite). Les suites de la
guerre pour les deux partis. « La terre des tranchees » et « celle des tombeaux. » .......... 46
MCIV. A M. Etienne Dunant, Curé de Gex. Recommandation en faveur d'un catholique.
Les mariages que l'Evêque de Genève ne voulait pas autoriser.............................................47
MCV. A la Mère de Chantal, a Lyon (Inédite). Des Tiercelines de Toulouse en quête d'une
direction ; difficulté pour la Visitation de l'accepter. Expédient proposé pour contenter les
dames de Billom. Il vaut mieux refuser que d'entreprendre témérairement ..................... 48
MCVI. A la même, a Lyon. Affaires variées. Une mortification pour Mme de Charmoisy.
Salutations particulières du Saint à ses chères Filles. Souvenir de sa première rencontre
avec Marie-Aimée de Blonay ................................................................................................ 50
MCVII. A la sœur de Bréchard Assistante de la Visitation d'Annecy (Inédite). Une affaire
très heureusement engagée par le Saint. Dieu fait son bon plaisir malgré les petitesses et
l'amour-propre des hommes. Deux aspirantes à la Visitation...........................................52
MCVIII. A la même. Liberté de conscience laissée aux Religieuses de la Visitation. D'où
dépend véritablement la ferveur.............................................................................................53
MCIX. A Madame de Peyzieu. Charitable sollicitude pour la santé de la destinataire.
Conseils appropriés aux besoins de son âme. ........................................................................ 54
MCX. Au Prince de Piémont Victor-Amédée (Minute). On peut attendre de grands fruits de
l'établissement des PP. Barnabites à Thonon et de la restauration du culte qui sera faite par
eux dans l'église de Saint-Augustin. L'Evéque recommande au prince les affaires de la
religion catholique. ................................................................................................................ 55
MCXI. Au Chanoine Jean-François de Sales, son frère (Inédite). Instructions particulières
pour assurer la régularité d'un concours. La science seule ne suffit pas à l'exercice du
ministère pastoral. Nouvelles de la peste. Le Saint accepte de séjourner aux portes
d'Annecy à son retour du Chablais. Salutations et messages............................................57
MCXII. A MM. les Examinateurs pour les Concours (Inédite). Rappel d'une décision prise
pour assurer un revenu au pénitencier de la cathédrale. Recommandation en faveur d'un
concurrent. ............................................................................................................................. 60
MCXIII. Au Chanoine Jean-François de Sales, son frère. Regrets du Saint sur la mort de son
vicaire général, Jean Favre. Jean-François de Sales désigné pour lui succéder ; motif de
ce choix. La contagion à Genève ...................................................................................... 61
MCXIV. A la Mère Claudine de Blonay abbesse de Sainte-Claire d'Évian. Trois moyens de
perfection pour une Communauté religieuse. Le mien et le tien : deux mots qui ruinent la
charité. Danger de la liberté de propriété et avantage de la liberté des communications
spirituelles. ............................................................................................................................. 62
MCXV. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Recommandation en faveur d'un converti
qui se destine à l'état ecclésiastique. Eloge de sa piété et de sa constance dans la foi...... 65
MCXVI. A Madame de la Fléchère. Nouvelles diverses. Une fille spirituelle du Saint qui
donne espérance de bien servir Dieu. — Maladie de la Sœur de Bréchard ........................... 66
MCXVII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. L'introduction de « l'art de la soye »
avantageuse aux intérêts spirituels et temporels du peuple. Requête pour obtenir à cette
industrie la protection du prince ............................................................................................ 67
MCXVIII. A Monseigneur Pierre Fenouillet, Évêque de Montpellier. « Sans guerre, sans
nouvelles. » Fureur de la peste à Genève. Souhait apostolique du saint Evêque ........ 67
MCXIX. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Lyon. Dieu porte avec nous les
charges imposées par l'obéissance. Assurance paternelle de prières. .................................... 68
MCXX. A Madame de la Fléchère (Inédite). Actions de grâces pour la guérison de Charles
de la Fléchère. Prochain retour de la Mère de Chantal et quelques nouvelles. Une
question théologique .............................................................................................................. 69
MCXXI. A la Mère de Chantal, a Lyon. Convalescence de la Sœur de Bréchard. — Le
Général des Feuillants en visite chez le Saint. Appréhensions au sujet d'une personne
dont les voies semblaient extraordinaires .............................................................................. 70
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MCXXII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Affectueuse sollicitude du
Saint pour le cœur de sa chère Fille. — Les choses vont d'autant mieux qu'elles sont plus au
goût de Dieu et moins à notre gré. Ce qu'il faut faire parmi les difficultés. Messages
paternels. ................................................................................................................................ 71
MCXXIII. A M. Claude de Blonay (Inédite). Pourquoi les Pères Barnabites ne peuvent pas
encore s'installer à Thonon. Affaire du prieuré de Contamine. ............................................. 72
MCXXIV. A Madame de la Fléchère. Les dîmes et la volonté de Dieu. Mort d'un
religieux Feuillant. Arrivée très prochaine de la Mère de Chantal et de Mme de Charmoisy
................................................................................................................................................ 73
MCXXV. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de Montpellier (Inédite).
Recommandation en faveur d'un futur étudiant en médecine. Bruits de guerre en France
................................................................................................................................................ 74
MCXXVI. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Charité attentive du Saint pour la Mère de
Chantal ................................................................................................................................... 75
MCXXVII. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Lyon. Béatitude du
dépouillement intérieur. Le courage des filles du monde et celui des filles de Dieu.
Promesse d'union et de prières. Il ne faut point permettre « aux apprehensions
d'apprehender » notre cœur. — Recours aux saints Anges. — Sœur Marie-Renée ; souvenir
consolant de sa confession générale ...................................................................................... 75
MCXXVIII. A Madame de la Fléchère. La comtesse de Tournon malade ; son mari « un
petit fasché » contre le Saint. Gracieuse humilité de François de Sales qui s'entend peu
aux compliments et marche « a la bonne foy ». Nouvelles et messages .......................... 77
MCXXIX. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. L'Evêque de Genève s'excuse de
n'avoir pu conférer un bénéfice à un candidat recommandé par Son Altesse........................78
MCXXX. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de Montpellier (Inédite). Saint François
de Sales se porte garant du repentir d'un coupable. Souvenirs du séjour de Mgr de
Marquemont à Annecy, Genève décimée par la peste ...................................................... 79
MCXXXI. A Madame de Peyzieu (Inédite). Protestations de respectueuse affection pour la
destinataire et ses enfants ....................................................................................................... 80
MCXXXII. Au Marquis Sigismond de Lans. Justification loyale et ferme du Saint au sujet
des soupçons éveillés par la visite de l'Archevêque de Lyon. Il proteste de son
attachement inviolable à son légitime souverain. .................................................................. 81
MCXXXIII. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Le Saint promet à la Mère de Chantal
d'aller le lendemain recevoir sa confession annuelle ............................................................. 83
MCXXXIV. A la même (Inédite). Question d'argent à traiter avec le cousin de la Sœur de
Monthoux ............................................................................................................................... 83
MCXXXV. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Lyon. Tristesse témoignée par
la Mère Favre à une amie ; encouragements paternels. La « grande Fille »
particulièrement chérie des deux Fondateurs.........................................................................84
MCXXXVI. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Le Saint empêché d'écrire une lettre par
un appointement et un souper ................................................................................................ 85
MCXXXVII. A M. Guillaume de Bernard de Foras. Témoignages de très affectueuse amitié
au destinataire à son retour de Lorette. .................................................................................. 85
MCXXXVIII. A Madame de la Fléchère. Affaires épineuses que François de Sales voudrait
arranger à la consolation de Mme de Bressieu. Une tempête prévue au sujet de l'entrée de
deux postulantes à la Visitation. Haine mortelle du Saint pour le monde ennemi de
l'esprit de Dieu. Les projets de M. de Rességuier ............................................................. 86
MCXXXIX. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Aimable entente pour
l'échange des lettres. La Visitation féconde dès sa naissance. Les lis entre les épines et
les roses auprès des aulx. Conduite à tenir dans une tentation. Pour agréer à Notre-
Seigneur, le soin doit être humble, doux et tranquille. Dévotion généreuse que le
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Fondateur désire de ses Filles. Affectueux messages. Renouvellement des vœux le
jour de la Présentation............................................................................................................88
MCXL. A la Sœur de Blonay Maitresse des novices a la Visitation de Lyon. Céleste
nourriture des enfants de Dieu. Agir par obéissance, gage du secours d'En-haut. Quel
labeur il ne faut jamais fuir .................................................................................................... 91
MCXLI. Au Marquis Sigismond de Lans (Inédite). Discours de capitaines et discours de
Pasteurs de l'Eglise. Quelle « affaire d'Estat » s'est traitée entre Mgr de Marquemont et
l'Evêque de Genève................................................................................................................92
MCXLII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Sur l'ordre de son prince, François de
Sales explique le sujet du voyage en Savoie de l'Archevêque de Lyon. Eloge de ce Prélat.
Appel respectueux à la justice de Charles-Emmanuel ...................................................... 93
MCXLIII. A M. Claude-Amedee Vibod. Envoi d'une lettre pour le duc Charles-Emmanuel.
................................................................................................................................................ 94
MCXLIV. A Madame de la Fléchère. Vigilance du saint Evêque pour le maintien de la
justice et de la charité. Encore l'affaire de Mme de Bressieu, Tapage mondain autour
de deux vocations...................................................................................................................94
MCXLV. A Dom Sens de Sainte-Catherine général des Feuillants (Fragment). Consolation
donnée au Saint par la sage conduite de la Mère Favre ......................................................... 95
MCXLVI. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Couronnes des épouses et
soucis des mères. La Visitation est « une fontaine sacree. » Souhaits du Fondateur à
ses Filles.................................................................................................................................96
MCXLVII. A Madame de Vignod Religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherine. De grandes
fêtes qui, d'elles-mêmes, parlent divinement. Le silence de Jésus et de sa Mère ; qu'il dit
au Saint de grandes choses ! Contemplation. La crèche et l'autel. Saint Bernard et
la Nativité...............................................................................................................................97
MCXLVIII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Artifice du démon dans
une tentation de joie. Les Anges venant chercher le Ciel dans « la petite spelonque de
Bethlehem. » S'humilier profondément pour voir de plus près le Sauveur « abismé dans
le fin fond de l'humilité. » ...................................................................................................... 98
MCXLIX. A M. Jean-François du Martherey. Une affaire qui s'achèvera à la satisfaction du
destinataire. Jeunesse et oisiveté : deux mauvaises compagnes. Puissance de la «
hantise ». Réponse au sujet d'un mariage.......................................................................... 99
MCL. A M. Guillaume de Bernard de Foras. Un pacte d'amitié ......................................... 100
MCLI. A Monseigneur Hildebrand Jost, Évêque de Sion. Un désir de l'Evêque de Sion
difficile à satisfaire. Quel prédicateur il faut aux Valaisans. Persévérance d'un
converti. La peste à Saint-Maurice. Envoi d'un aspersoir et de lettres testimoniales.101
MCLII. A la Mère de Chantal (Inédite). Compte-rendu d'un entretien avec un prétendant de
Mlle de Chantal ..................................................................................................................... 102
MCLIII. A la Sœur de Chastel Religieuse de la Visitation a Lyon. Constance des saintes
affections. Parmi les sécheresses, attendre en paix la rosée céleste. « Rien au monde
pour nostre cœur que Dieu, ni pour Dieu que nostre cœur » ............................................... 103
MCLIV. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Lyon (Fragment). Le rang de la
Mère Favre dans le cœur du Saint et dans l'Institut ............................................................. 105
Année 1616..............................................................................................................................106
MCLV. A la Mère de Chantal. Souhaits de nouvel an pour la destinataire et la Congrégation.
Effusions d'amour à Jésus-Christ Notre-Seigneur. Le chercher uniquement et tout faire
pour lui ................................................................................................................................. 106
MCLVI. Au duc de Bellegarde. Vicissitude des années et permanence des affections
formées par Dieu. Les enfants pensent souvent à leurs pères ; les pères pensent toujours à
leurs enfants. L'alcyon sur les ondes...............................................................................107
MCLVII. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de Montpellier (Inédite). Efforts du
Saint pour amener une réconciliation. La peste, messagère de la miséricorde divine .... 108
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MCLVIII. A Madame de la Fléchère (Inédite). En route pour Samoëns ; une semaine d'hiver
.............................................................................................................................................. 109
MCLIX. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Ce que Dieu fera pour la
Visitation, et ce qu'il fera pour la Mère Favre. Souffrir en Dieu rend la souffrance
heureuse. Manifestations extérieures du zèle..................................................................110
MCLX. A Madame de la Fléchère. Un voyage arrêté par les neiges. Mme de Charmoisy
hors de danger. Pourquoi le Saint ne trouvait pas facilement un prédicateur pour Rumilly.
.............................................................................................................................................. 110
MCLXI. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de Montpellier. Une amitié toujours
heureuse de s'exprimer. Malades qui refusent les ordonnances du médecin. ................. 111
MCLXII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Une réponse à ce que Mgr de
Marquemont allègue contre la Visitation. Pourquoi le Fondateur eût préféré le titre de
simple Congrégation ; raisons de sa condescendance à faire de l'Institut naissant un Ordre
religieux. « Suavité nompareille » en son acquiescement. Ses réserves. Une
fondation est désirée à Chambéry ........................................................................................ 112
MCLXIII. A Madame de la Fléchère. Promesse d'une visite au retour de Mioncas.
François de Sales va dire la sainte Messe à la Visitation pour M. de la Fléchère malade ... 114
MCLXIV. A M. Philippe de Quoex (Fragment). Veuvage de Mme de la Fléchère. Eloge
de cette « parfaite brebis » d'un bercail affligé. ................................................................... 115
MCLXV. A Madame de la Fléchère. Affaires de tutelle. Prudence et sainte indépendance
en face du monde. Les prétentions et les plaintes de M. Guidebois. Un prédicateur de
Carême. Prochains arrangements à la cure de Rumilly .................................................. 116
MCLXVI. A Madame de Mieudry. Etre ce que Dieu veut : faibles de corps, mais siens de
cœur. — Nouvelles difficultés dans le service paroissial de Rumilly. L'Evêque se justifie
humblement, sans blâmer ses détracteurs. Les « caprices des hommes. » Soyons «
vaysseaux bien profons » pour recevoir les grâces de Dieu. ............................................... 117
MCLXVII. A M. Jacques de Cerisier (Billet inédit). Dispenses pour le Carême en faveur
d'un malade. ......................................................................................................................... 119
MCLXVIII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon (Fragments). Humbles
réponses qu'il faudra faire à l'Archevêque de Lyon. « L'esprit parfait et apostolique, »
propre esprit de la Visitation. Quel amour peut vivre sans anxiété ................................ 120
MCLXIX. A Madame de la Fléchère (Inédite). Où croissent les lis agréables à l'Epoux
céleste. L'ouvrage le plus doux, l'ouvrage le meilleur. Députer Charles de la Fléchère
vers le gouverneur de Savoie ............................................................................................... 121
MCLXX. Au Comte Prosper-Marc de Tournon (Inédite). Un prétendant au sacerdoce qui a
besoin d'étudier davantage. .................................................................................................. 122
MCLXXI. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Reconnaissance de la province envers
Son Altesse pour l'établissement des Barnabites à Annecy. Celui qui a planté un arbre le
doit arroser. Deux prieurés en ruine spirituelle et matérielle. Le collège d'Annecy
antagoniste de celui de Genève ............................................................................................ 122
MCLXXII. Au Cardinal Fréderic Borromée Archêveque de Milan. Remerciements pour un
envoi de reliques de saint Charles. Le culte du glorieux Cardinal s'accroît en France et en
Savoie................................................................................................................................... 124
MCLXXIII. A la Sœur de Chevron-Villette novice de la Visitation de Lyon. Des racines
qu'on ne peut arracher, mais qui ne doivent pas produire de fruits. Combattre sur terre, se
reposer au Ciel. N'être ni « pleureuse ni plaignante ». Remède à la colère. .............. 126
MCLXXIV. A une personne inconnue (Fragment). Moissons et moissonneuses ............... 127
MCLXXV. A Madame de la Fléchère. La succession de M. de la Fléchère. Au milieu des
ennuis, s'attacher, esclave d'amour, au pied de la Croix ...................................................... 128
MCLXXVI. A une dame. La meilleure saison pour la culture du cœur. — Gardons nos
résolutions en cette vie mortelle, et elles nous conserveront en l'éternelle. Conseils
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pratiques sur la fréquentation des Sacrements et les exercices de piété. Faire l'aumône de
sa propre main. Conduite à tenir avec « ceux du logis. » ............................................... 130
MCLXXVII. A Madame de la Fléchère. Divers conseils pour l'administration des biens
laissés par M. de la Fléchère Paternels avis pour la vente de ses chevaux ..................... 131
MCLXXVIII. A Don Juste Guérin, Barnabite. Nouvelles démarches auprès de la cour de
Savoie pour l'établissement des PP. Barnabites à Thonon...................................................133
MCLXXIX. Au Prince Cardinal Maurice de Savoie. Souhaits de l'Evêque de Genève pour la
canonisation du bienheureux Amédée. Confiance des peuples en l'intercession de ce
glorieux Prince. Les Barnabites à Thonon, moyen de donner un nouvel essor à la piété
populaire. ............................................................................................................................. 134
MCLXXX. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier (Inédite). Double droit de Son Altesse
sur Thonon. Difficultés pour la remise du prieuré de Contamine aux PP. Barnabites ... 136
MCLXXXI. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Encore Contamine et les PP. Barnabites
de Thonon. ........................................................................................................................... 137
MCLXXXII. A Madame de la Fléchère. Solution d'un cas de conscience..........................138
MCLXXXIII. Au duc de Nemours, Henri de Savoie (Inédite). Hommage d'obéissance et
souhaits de prospérité à l'occasion des fêtes pascales. ......................................................... 138
MCLXXXIV. A Don Juste Guérin, Barnabite (Inédite). Des lettres pour les Princes et une
mission auprès du comte de Verrua confiées au destinataire .............................................. 139
MCLXXXV. Au Père Dominique de Chambery, Capucin. Démarches pour l'établissement
des PP. Capucins à La Roche...............................................................................................140
MCLXXXVI. A la Sœur de Blonay assistante et maitresse des Novices a Lyon (Fragment).
La Visitation d'Annecy « racine petite, basse et profonde. »...............................................141
MCLXXXVII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Remerciements au souverain,
bienfaiteur de son peuple ..................................................................................................... 141
MCLXXXVIII. A M. Claude-Amédée Vibod. Le Duc autorise François de Sales à prêchera
Grenoble. Nouvelles explications au sujet des visites de prélats français à Annecy. ..... 142
MCLXXXIX. Au duc de Nemours, Henri de Savoie. Demande d'une faveur pour un
gentilhomme. ....................................................................................................................... 143
MCXC. A Madame de Bressieu (Inédite). Une affaire sur le point de se terminer. Céder
aux conseils des amis. .......................................................................................................... 144
MCXCI. A la Mère de Chantal (Fragment). Quelles amitiés sont indépendantes des
distances et des séparations..................................................................................................145
MCXCII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Retour d'un voyage en
Chablais. Mort du comte de Tournon. Deux sortes de bons désirs : ceux qui sanctifient
l'âme et ceux qui remplissent l'enfer ; comment les distinguer. Méthode très simple pour
la méditation des mystères de la Vie de Notre-Seigneur. Salutations affectueuses........145
MCXCIII. A Madame de la Fléchère. Affaires et nouvelles diverses. Réclamations de
créanciers ; comment les supporter. Quel ordre suivre dans le paiement des dettes.
Projet de séjour à Annecy pour Mme de la Fléchère ........................................................... 147
MCXCIV. A la même. Etre douce et civile envers les solliciteurs. M. Guidebois et ses
Bulles ................................................................................................................................... 148
MCXCV. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Requête contre Scaglia, le prétendant
de Contamine ....................................................................................................................... 149
MCXCVI. A un gentilhomme (Minute inédite). Un Mémoire dont on doit ignorer l'auteur.
La vie toute sainte et édifiante des Religieuses de la Visitation. Pourquoi François de
Sales n'a pas publié les Indulgences déjà obtenues en leur faveur ; celles qu'il désire. La
pension de M. Desplans. Réveil de la contagion à Genève. ........................................... 150
MCXCVII. A la Sœur de Blonay maitresse des Novices a la Visitation de Lyon. Parallèle
entre la vie selon l'esprit et la vie selon le sens humain.......................................................154
MCXCVIII. A M. Michel Favre. L' auteur du Traitté de l'Amour de Dieu réclame
humblement l'examen de son ouvrage. ................................................................................ 155
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MCXCIX. A la Mère de Chantal. Un malade qui suivra les ordonnances de la Mère de
Chantal ................................................................................................................................. 156
MCC. A Madame de la Fléchère. Un paiement à obtenir. Comment aider une âme tentée
contre sa vocation ................................................................................................................ 158
MCCI. A la Mère de Chantal (Inédite). Le saint Evêque rassure sa fille spirituelle au sujet de
sa santé ................................................................................................................................. 158
MCCII. A la même (Fragment). L'amour vrai, indépendant de toutes circonstances et
manifestations extérieures. Regarder et aimer le prochain dans la poitrine du Sauveur 159
MCCIII. A la même. Dépouillement intérieur auquel le Saint exhorte la Mère de Chantal.
Admirables renoncements....................................................................................................160
MCCIV. A la même. Bonheur de la possession de Jésus seul par le dénuement total du créé
.............................................................................................................................................. 161
MCCV. A la même. Vouloir les vertus selon que Dieu les veut de nous. Se reposer en
Notre-Seigneur ; en lui, oublier toutes choses. — L'intime du cœur du saint Evêque ........ 162
MCCVI. A la même. Les enfants portés entre les bras de Dieu. Souverain degré de la
pureté de l'amour..................................................................................................................163
MCCVII. A Madame Louise de Ballon Religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherine.
Pourquoi Dieu nous fait attendre la délivrance de nos imperfections. Petit exposé
doctrinal sur l'Eucharistie. Les Anges et le Saint-Sacrement. ........................................ 164
MCCVIII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Tendre au même but, sans
vouloir « faire tout ce que les autres font. » Se conduire selon la Règle, la grâce,
l'obéissance .......................................................................................................................... 165
MCCIX. A Madame de la Fléchère. Multiples démarches du Saint pour les affaires de sa
fille spirituelle. Encore Mme du Châtelard et sa vocation. Paternelles excuses ......... 166
MCCX. A la même. L'esprit humain en face da la tentation. Danger de retarder
l'exécution des bons désirs. Compassion affectueuse de François de Sales pour un
courage défaillant ; ses espérances ...................................................................................... 167
MCCXI. A Madame Colin (Inédite). Remerciements pour un beau présent.......................167
MCCXII. A Madame de la Fléchère (Inédite). Une rencontre qui ne serait pas à propos.
Différentes nouvelles ........................................................................................................... 168
MCCXIII. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Envoi de la Préface et de l'Oraison
dédicatoire du Traitté de l'Amour de Dieu...........................................................................169
MCCXIV. A la même. Un aumônier qui sera « bravement » remplacé par « un pauvre
Evesque » ............................................................................................................................. 169
MCCXV. A Madame de la Fléchère. Affaires et nouvelles. Une prétendante pour le
monde et une prétendante pour le cloître ............................................................................. 170
MCCXVI. A la Mère de Chantal (Inédite). Le « petit empressement il de Mme de la
Fléchère. Une visiteuse qu'il faudra bien accueillir ........................................................ 171
MCCXVII. A la Sœur Coton, Novice de la Visitation de Lyon. Désirer l'amour infiniment
désirable. La contrition doit toujours être accompagnée de confiance. .......................... 172
MCCXVIII. A M. Michel Favre (Inédite). Les retards d'un voiturin. Deux fautes notables
à corriger au Traittè de l'Amour de Dieu. Pourquoi le Saint redoute les excès de
courtoisie de M. Rigaud. Messages et commissions. Envoyer un exemplaire de
l'ouvrage à l'Archevêque de Vienne.....................................................................................173
MCCXIX. Au Cardinal Robert Bellarmin (Minute). Eloge des deux premières
Communautés de la Visitation. Un mot de saint Grégoire. Chant doux et grave des
Sœurs. — L'avis de l'Archevêque de Lyon ; condescendance du Fondateur. Trois
particularités qu'il faudrait faire approuver par le Saint-Siège. Raisons de ces demandes.
.............................................................................................................................................. 176
Autre minute de la lettre précédente (Fragment inédit) ................................................... 182
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2.4 Page 14

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MCCXX. A M. Melchior de Cornillon, son Beau-Frère. « La plus favorable condition » que
nous puissions attendre de la mort. Remercier Dieu quand il nous laisse ceux que nous
aimons ; acquiescer à sa volonté lorsqu'il nous les ôte. ....................................................... 186
MCCXXI. A M. Claude Feydeau Doyen de Notre-Dame de Moulins. Remerciements à un
protecteur du futur monastère de la Visitation de Moulins, auteur de « belles oraysons. » 187
MCCXXII. Au même (Fragment). Le Saint recommande ses Filles au délégué de
l'Archevêque de Lyon .......................................................................................................... 188
MCCXXIII. A la Mère de Bréchard Supérieure de la Visitation de Moulins. Un service
apostolique. Quand est bonne la défiance de soi ; quand redoutable. Dieu ne laisse
jamais succomber ceux qui se confient en lui. Accord de l'humilité, de l'obéissance et de
la simplicité. Avantages des infirmités corporelles. Quelle est la plus rare vertu.
Sur quoi doit se fonder la charité envers le prochain. Bénédiction paternelle................189
MCCXXIV. A la Soeur Bailly, Religieuse de la Visitation (Inédite). Bonheur, qualités et
vertus d'une fondatrice d'une Maison religieuse. ................................................................. 191
MCCXXV. A la Soeur Humbert, Religieuse de la Visitation. Assurance et remède contre les
tentations. Ne pas s'affliger de ce qui ne peut séparer de Notre-Seigneur. Souhaits et
bénédictions. ........................................................................................................................ 192
MCCXXVI. A la Soeur de la Croix, Religieuse de la Visitation. Pourquoi la destinataire a
été choisie pour une fondation, malgré sajeunesse. ............................................................. 193
MCCXXVII. Au Chanoine Roland Viot Prévot de l'hospice du Grand-Saint-Bernard. Un
accommodement dont le Saint espère bientôt la conclusion. .............................................. 193
MCCXXVIII. A Madame de la Fléchère. Troubles à Annecy. Arrivée de Bonfils.
Nouvelles de la Visitation .................................................................................................... 194
MCCXXIX. A la même. Le prince héritier de la couronne de Savoie. Deux visiteuses
attendues au monastère d'Annecy. Une heureuse novice. Arrestation de Bonfils ;
souhaits du Saint pour le prisonnier.....................................................................................195
MCCXXX. A la Mère de Chantal. Oraison du Saint la veille de l'Assomption. Marie,
morte d'amour, nous fasse vivre en l'amour ! Glorieuse date de la naissance de François
de Sales. Le rameau de la colombe au milieu du déluge ................................................ 197
MCCXXXI. Au duc Roger de Bellegarde. L'amour parfait exclut les défiances. La «
coustume des peres. » Un livre qui suppléera à la rareté des lettres. Eloge du prince de
Piémont ................................................................................................................................ 198
MCCXXXII. Au Prince de Piémont Victor-Amédée. Un dessein sur Genève ................... 199
MCCXXXIII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. L'avis du Saint sur un projet au
sujet de Genève. Témoignage en faveur de son auteur...................................................200
MCCXXXIV. Au même. François de Sales offre à son prince le Traitté de l'Amour de Dieu
.............................................................................................................................................. 200
MCCXXXV. A la Mère de Chantal (Fragment). Une des joies du Saint dans le Ciel.
Fleurs à jeter sur le berceau de Marie. ................................................................................. 201
MCCXXXVI. A la Mère de Bréchard Supérieure de la Visitation de Moulins. Les débuts de
la fondation du monastère de Moulins. — Quels sont les signes de la bonté d'une œuvre. —
La tentation des « anges terrestres. » Encouragements à la générosité et à la confiance201
MCCXXXVII. A Madame des Gouffiers, a Moulins. L'union, condition de la force. Les
renardeaux dans les vignes. Se garder de la prudence humaine ..................................... 203
MCCXXXVIII. A Sœur Françoise de Cerisier, Clarisse d’Annecy. Charitable intervention
du Saint dans une affaire. ..................................................................................................... 204
MCCXXXIX. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Démarche du Fondateur auprès des
syndics pour garantir les matériaux de l'église de la Visitation ........................................... 205
MCCXL. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de Montpellier (Inédite). La fidélité d'un
porteur de lettrés qui ne doit pas être suspectée. Nouvelles de guerre ........................... 206
MCCXLI. A Madame de la Fléchère. Départ du prince de Piémont, Condition pour
obtenir un bénéfice. Nouvelles différées ........................................................................ 207
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MCCXLII. A Madame des Gouffiers. Difficultés et épreuves de la Visitation de Moulins.
La présence de la Mère de Chantal indispensable à Annecy. Que Mme des Gouffiers
supporte courageusement le fardeau que sa bonne volonté lui a fait désirer. Pourquoi le
Fondateur ne veut pas multiplier les Maisons de sa Congrégation......................................208
MCCXLIII. A la Mère de Bréchard Supérieure de la Visitation de Moulins. La « plus
excellente leçon de la doctrine des Saintz. » Souhaits de François de Sales à une fille de
son cœur. .............................................................................................................................. 209
MCCXLIV. A M. Claude de Blonay (Inédite). Résolution prise dans une assemblée présidée
par le prince de Piémont. La communiquer au Conseil de la Sainte-Maison de Thonon
.............................................................................................................................................. 210
MCCXLV. A M. Laurent Scotto (Inédite). Pouvoirs spirituels donnés au destinataire. ..... 211
MCCXLVI. A M. Claude-Amédée Vibod. Le Saint réclame une lettre écrite par Charles-
Emmanuel au Vice-légat d'Avignon au sujet des étudiants au collège de Savoie. .............. 212
MCCXLVII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Contribution payée à Son Altesse
par le clergé du diocèse de Genève ...................................................................................... 213
MCCXLVIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Un fermier qui promet ce qui n'est pas
à lui. Supplique des Religieux de Talloires. ................................................................... 214
MCCXLIX. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Requête en faveur des étudiants
savoyards au collège d'Avignon........................................................................................... 214
MCCL. A M. Claude-Amédée Vibod. L'affaire du collège de Savoie à Avignon portée en
Cour de Rome. Message pour M. Boschi ....................................................................... 215
MCCLI. A un gentilhomme. L'Evêque de Genève expose ses motifs d'accéder aux volontés
de Son Altesse au sujet de l'impôt sur le clergé. .................................................................. 216
MCCLII. A Madame de la Fléchère. Aimable invitation de François de Sales à la
destinataire ........................................................................................................................... 217
MCCLIII. A M. Barthélémy Flocard. Préliminaires de la paix. Prochain départ du Saint
pour Grenoble. ..................................................................................................................... 218
MCCLIV. A Madame Guillet de Monthoux. Remplir son devoir de bon cœur, par amour,
mais sans empressement. Grand prix de la paix dans une famille. Faire ce que l'on
peut, et laisser le reste à Dieu...............................................................................................219
MCCLV. A Madame de la Fléchère. Une lettre écrite à l'improviste. Comment la Mère
de Chantal désignait Mme de la Fléchère. — « Tout pour Dieu : l'amour et le cœur qui ayme.
»............................................................................................................................................ 220
MCCLVI. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Entremise de l'Evêque de Genève en
faveur d'un ami.....................................................................................................................221
MCCLVII. A M. Annibal Boschi. Aumônes du prince de Piémont aux Clarisses et aux
Cordeliers d'Annecy. Un galérien qui doit payer sa grâce par des œuvres pies. ................. 222
MCCLVIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. La reconnaissance du Saint s'unit à
celle des Pères Barnabites. ................................................................................................... 223
MCCLIX. A Madame de la Fléchère. Une quittance à retrouver. Visite de Mme de Blonay
.............................................................................................................................................. 223
MCCLX. A M. Jean Massen (Inédite). Recommandation en faveur d'un étudiant en
théologie. .............................................................................................................................. 224
MCCLXI. A M. René Gros de Saint-Joyre. Remerciements et félicitations pour la
communication d'un ouvrage. La « tare » que la modestie du Saint y découvre ............ 225
MCCLXII. A la Mère de Chantal. Comment procéder pour l'achat de maisons nécessaires à
l'agrandissement du monastère de la Visitation ................................................................... 226
MCCLXIII. A la même (Inédite). Débuts de l'Avent à Grenoble. Messages d'un père pour
ses filles................................................................................................................................226
MCCLXIV. A la même (Inédite). Une lettre faite entre deux sermons. Les fruits
spirituels qui se préparent pour le prochain Carême. Salutations et souhaits affectueux227
15/355

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MCCLXV. A Monseigneur Fenouillet, Évêque de Montpellier (Inédite). Le duc de
Montmorency gagné par Mgr Fenouillet à l'estime de l'Evêque de Genève. Témoignages
qu'il en donne. Déplaisir du Saint de n'avoir pu, à son gré, le payer de retour.
Lesdiguières en route pour le Piémont.................................................................................228
MCCLXVI. A la Mère de Chantal (Inédite). Que doit faire une âme continuellement attirée
par Dieu à se reposer dans le sein de sa Providence. Le fondement de la joie paisible et
dévote ................................................................................................................................... 230
MCCLXVII. A la même (Fragment inédit) ......................................................................... 230
Année 1617..............................................................................................................................231
MCCLXVIII. A la Mère de Chantal. Le premier acte d'une journée fait selon l'inclination du
Saint ..................................................................................................................................... 231
MCCLXIX. Au Chanoine Denis de Granier (Inédite). Le destinataire est prié de vouloir bien
résigner sa place de chanoine en faveur d'un digne ecclésiastique. ..................................... 232
MCCLXX. A la Mère de Chantal. Affaires à régler entre les deux Fondateurs de la
Visitation .............................................................................................................................. 234
MCCLXXI. Au duc de Nemours, Henri de Savoie (Inédite). Regrets de l'Evêque de Genève
d'avoir quitté Annecy avant l'arrivée du prince. Le duc de Nemours, futur fondateur de
l'église des Barnabites. Dieu « donne sejour dans son temple æternel a ceux qui luy en
font icy bas des temporelz. » Reconnaissance des Religieux et du peuple.....................235
MCCLXXII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. L'imprudence d'un jeune homme.
Avis du Saint sur cette affaire. ............................................................................................. 236
MCCLXXIII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Des sujets fidèles méritent les
faveurs de leur Prince...........................................................................................................237
MCCLXXIV. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Changement de
confesseur au monastère de Lyon. Trois retraitantes en celui d'Annecy. Rapide
passage en ce monde d'une petite nièce du Saint ................................................................. 238
MCCLXXV. A la Mère de Chantal. Un souhait de Job et celui de François de Sales, à
propos d'un anniversaire ...................................................................................................... 239
MCCLXXVI. A la Mère Claudine de Blonay abbesse de Sainte-Claire d'Évian (Inédite). Le
saint Evêque s'excuse aimablement de son retard à écrire. Il promet de s'employer auprès
du prince de Piémont pour les Clarisses. Raisons divines des maladies et des guérisons.
Salutations affectueuses .................................................................................................. 239
MCCLXXVII. A une religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherine. En échange d'un bouquet.
Une prière que le Saint ne ferait pas. Le choix de sainte Catherine de Sienne. Chant
du rossignol dans son buisson. Envoi du Traitté de l'Amour de Dieu. Sentir des
répugnances à la vertu n'est pas manquer d'amour .............................................................. 241
MCCLXXVIII. Aux Chanoines de la Collégiale de Saint-Jacques de Sallanches. L'Evêque
promet aux Chanoines de tenir leur doyen en son devoir. ................................................... 242
MCCLXXIX. A la Mère de Chantal. On parle à Grenoble de l'établissement d'un monastère
de la Visitation. François de Sales a commencé « heureusement » ses prédications.
Les désirs de son cœur. — Messages paternels ................................................................... 243
MCCLXXX. A Madame des Gouffiers (Inédite). Les vertus qui doivent accompagner le
zèle. Fermeté et délicatesse du saint Directeur. Raisons de sa persistance à ne pas
multiplier les Maisons de sa Congrégation .......................................................................... 244
MCCLXXXI. A la Mère de Bréchard Supérieure de la Visitation de Moulins. Le vrai
chemin du Ciel ..................................................................................................................... 245
MCCLXXXII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. L'Evêque de Genève demande à
son prince l'autorisation de revenir prêcher le Carême suivant à Grenoble.........................245
MCCLXXXIII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Prétendantes
grenobloises pour la Visitation. Le saint Fondateur attend les nouvelles de Rome avant de
leur donner une réponse. Mme Le Blanc et sa famille ..................................................... 246
16/355

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MCCLXXXIV. Au Chanoine Jean-François de Sales, son frère (Inédite). Affaires
ecclésiastiques du diocèse de Genève. Au sujet d'une excommunication. Les armes du
duc de Savoie victorieuses ................................................................................................... 247
MCCLXXXV. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. L'Evêque de Genève sollicite la
confirmation de M. de Charmoisy dans une charge. ........................................................... 249
MCCLXXXVI. Au même. Le sieur Gillette en Piémont. Prière au prince de lui accorder
sa protection ......................................................................................................................... 250
MCCLXXXVII. Au même. Un ecclésiastique qui porte les armes et extorque des lettres de
faveur au duc de Savoie. Comment faire cesser un pareil abus ...................................... 250
MCCLXXXVIII. A la Mère de Chantal. Eloge du peuple de Grenoble. La part que les
hommes laissent aux femmes. Projet d'établissement d'une Maison de la Visitation :
sentiment du Saint à cet égard ............................................................................................. 251
MCCLXXXIX. A Madame de Grandmaison. Remplacer le jeûne corporel par la
mortification du cœur. — Moisson de belles âmes..............................................................252
MCCXC. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon. Grande erreur de croire que
l'oraison perfectionne sans l'obéissance. Suivre Notre-Seigneur crucifié, et non son
humeur et sa présomption. Sentence de saint Bernard. Que faire des gens qui veulent
se gouverner à leur guise. La sainte imprévoyance de la vraie servante de Dieu ........... 253
MCCXCI. A Madame de Vellepesle de Villeneuve. Le Saint promet de s'entremettre entre le
marquis d'Aix et la destinataire. ........................................................................................... 254
MCCXCII. A Madame de Blanieu. Se préparer à rendre compte à Notre-Seigneur.
Comment guider sa barque au milieu des vents...................................................................255
MCCXCIII. Aux Peres Barnabites réunis en chapitre général a Milan. Le Saint présente aux
Pères capitulaires un Mémoire concernant l'extension des Barnabites en Savoie. .............. 256
MCCXCIV. A la Présidente le Blanc de Mions. Conseils pour l'oraison. Comment «
accommoder cet exercice » avec la promptitude de l'esprit. Les larmes de dévotion et
l'usage qu'il en faut faire. La douceur et la tranquillité n'empêchent pas l'action, mais la
font réussir. Contre les tentations au sujet de l'état de vie où l'on est embarqué.
L'extérieur d'une fille de Dieu..............................................................................................258
MCCXCV. A Madame de Veyssilieu. La crainte excessive de la mort empêche l'âme de
s'unir à Dieu par amour. Dix remèdes indiqués pour s'en affranchir. .................................. 261
MCCXCVI. A Madame Cottin (Inédite). Assurance de paternelle affection. « Se
mortifier et faire toutes choses selon la volonté de Dieu. » ................................................. 263
MCCXCVII. Au Président Antoine Favre (Inédite). Une aspirante à la Visitation.
Mortalité à Chambéry. ......................................................................................................... 264
MCCXCVIII. A M. Benigne Milletot. Le Saint prie son ami d'appuyer une requête fondée «
sur la pieté et la justice. » M. de Charmoisy grand maître de l'artillerie. Engagement
pour le prochain Carême à Grenoble. .................................................................................. 265
MCCXCIX. Au Père Général des Barnabites. Prière instante de renvoyer le P. Fulgence
Chioccari en Savoie. ............................................................................................................ 266
MCCC. A la Comtesse de San Secondo. A quelles âmes François de Sales dédiait volontiers
son service. Envoi des Règles de la Visitation. Une instance en Cour de Rome.
Assurance de prières pour la Maison de Savoie. ................................................................. 267
MCCCI. A la Présidente le Blanc de Mions. Agir et parler sans regard sur le qu'en dira-t-on.
Est-ce hypocrisie « de ne pas faire si bien que l'on parle ? » Marcher « par le milieu
des belles vertus, » et non « par les extremités » des subtilités. Différents conseils sur
quelques points particuliers et sur l'oraison. La vocation de Mlle de Gérard. Pourquoi
les livres du Saint « ont treuvé de l'acces » en l'esprit de la Présidente. Salutations à
plusieurs dames de Grenoble. Une triste affaire. Folie des enfants du monde .......... 269
MCCCII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée. Nouvelles plaintes au sujet du doyen de
Sallanches. ........................................................................................................................... 272
17/355

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MCCCIII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Indifférence de l'Evêque de Genève
pour le choix de la ville où il doit prêcher. Le bon plaisir de son souverain décidera entre
Paris et Grenoble .................................................................................................................. 273
MCCCIV. A Madame de la Fléchère. La grâce d'un trépas. Difficultés au sujet d'un
mariage. Une pénitente du Saint. Messages et nouvelles .......................................... 273
MCCCV. A Madame de Granieu. Ce que François de Sales aimait « passionnement » dans
l'âme de la destinataire. Une vérité connue des enfants de Dieu avant la dernière heure.
Le repos dans la patrie .................................................................................................... 275
MCCCVI. Au Cardinal Robert Bellarmin (Minute inédite). Désirs et démarches du saint
Evêque pour l'érection d'un Séminaire.................................................................................276
MCCCVII. A la Mère de Chantal, a Lyon (Fragments inédits)...........................................277
Appendice ................................................................................................................................ 280
I. Lettres adressées a Saint François de Sales par quelques correspondants ....................... 280
A. Lettre de Mgr Denis-Simon de Marquemont, Archevêque de Lyon ............................ 280
B. Lettre de Mgr Pierre-François Costa, Nonce Apostolique a Turin...............................280
C. Lettre de Mgr Denis-Simon de Marquemont, Archevêque de Lyon ............................ 281
D. Lettres de la Mère de Chantal......................................................................................283
E. Lettre du Maréchal de Saint-Géran..............................................................................285
F. Lettre du Père Aignan Moreau, de la Compagnie de Jésus ......................................... 286
G. Lettre du Maire et des Échevins de Moulins ............................................................... 286
H. Lettre de Mgr Denis-Simon de Marquemont, Archevêque de Lyon ............................ 287
I. Lettre de M. Claude Boucard ........................................................................................ 288
J. Lettre de M. René Gros de Saint-Joyre ........................................................................ 289
K. Lettre du Cardinal Robert Bellarmin ........................................................................... 290
L. Lettre de Henri de Savoie, duc de Nemours ................................................................ 291
M. Lettres de la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon ................................... 291
N. Lettre du P. Louis de la Rivière, minime (Fragment) ................................................. 296
O. Lettre d'une dame ........................................................................................................ 297
II. René Gros de Saint-Joyre aux amans de l'amour parfaict (Extrait des pièces préliminaires
de la Mire de vie, etc.) ......................................................................................................... 297
Glossaire des locutions et des mots surannés ou pris dans une acception inusitee aujourd'hui
................................................................................................................................................. 299
Index des correspondants et des principales notes biographiques et historiques de ce volume
................................................................................................................................................. 306
Table de correspondance de cette nouvelle edition avec les précédentes et indication de la
provenance des manuscrits ...................................................................................................... 319
Table des matières ................................................................................................................... 337
18/355

2.9 Page 19

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2.10 Page 20

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Avant-Propos
_____
Nouveau joyau dans le trésor de la sainte Eglise, nouvelle perle dans l'écrin des Lettres
françaises, le tome XVII des Œuvres de saint François de Sales offre à ses lecteurs deux cent vingt-
deux lettres, s'échelonnant de juin 1615 à mai 1617 1.
Trois faits d'une importance majeure semblent ressortir avec un relief plus accentué sur le
fond si varié, si palpitant d'intérêt de cette correspondance de vingt-trois mois. C'est d'abord le
développement et la formation de l'Ordre de la Visitation ; puis, la grande retraite que fit sainte
Jeanne-Françoise de Chantal, en mai 1616, à la veille des premières fondations, sous la conduite
de son éminent Directeur ; et, en dernier lieu, les prédications de l'Avent et du Carême à Grenoble.
Le précédent volume se fermait au moment où l'Evêque de Genève allait se rendre à Lyon
auprès de Mgr de Marquemont. Entre ces deux grands hommes, d'intimes rapports ont commencé,
empreints dès l'origine d'un respect réciproque, d'une déférence profonde, d'une sainte et
affectueuse estime. « Il est le premier des Evesques de France, » disait de son collègue l'humble
François de Sales, « et moy le dernier de Savoye2. » Mgr de Marquemont, à son tour, l'appelle «
l'honneur et la coronne des [V] Prelatz3, » se tient près de lui pour « un escholier qui parle a son
maistre, un fils a son pere4, » et vient en novembre 1615 lui rendre la visite reçue en juin.
Les détails de l'une et l'autre visite sont pleins d'intérêt, très caractéristiques des mœurs du
temps. A Lyon, c'est l'Archevêque qui, « si tost que » les « Vespres » sont « dittes, » monte en
carrosse pour aller rendre ses premiers devoirs à l'illustre visiteur qui approche5 ; c'est le souper
auquel assiste le gouverneur de la cité, si charmé de la conversation du Saint qu'il demeure avec
lui « jusques pres d'onze heures, » et se résout d'aller écouter le lendemain le « sermon d'amour »
prêché à la Visitation6 ; c'est l'empressement de tous, avides de voir et d'entendre celui dont la
réputation s'étend de plus en plus en France. « Ces grandes villes sont importunes pour cela, gémit
doucement François de Sales, au moins pour les pauvres villageois comme moy, qui n'y sont pas
accoustumés7. »
A Annecy, c'est l'émoi causé par l'arrivée prochaine de l'Archevêque, la caravane de « huit
hommes a cheval » qui l'accompagne8 ; les « deux sermons » et la « petite exhortation » dont le «
bon peuple » demeurera « longuement consolé9 ; » enfin, la séance solennelle où, sans respect pour
la présence d'un tel hôte, l'ignorant candidat qui voulait emporter de vive force le bénéfice de
Scionzier, s'échappe en plaintes et en menaces contre son Pasteur10.
Mais que s'était-il traité dans ces deux entrevues de France et de Savoie ? Des langues
malignes semèrent à ce sujet des bruits calomnieux. François de Sales, de nouveau soupçonné
d'infidélité à son prince, accusé de vues humaines et de connivences secrètes avec l'étranger, [VI]
écrivit au marquis de Lans, au duc de Savoie et à son secrétaire Vibod, ces lettres mesurées et
dignes, où l'on retrouve la noble déclaration faite déjà en pareille occurence : « Je suis en toutes
façons savoyard, et de naissance et d'obligation... meshuy tantost envielly dans la naturelle et
1 Cinquante-cinq de ces Lettres sont inédites, sans tenir compte de plusieurs fragments et de quelques pièces qui
figurent à l'Appendice.
2 Lettre MCXXXII, p. 89.
3 Appendice I, p. 403.
4 Ibid., p. 405.
5 Ibid., p. 403.
6 Page 18.
7 Lettre MC, p. 25.
8 Page 89.
9 Page 86.
10 Voir note (339), p. 83.
20/355

3 Pages 21-30

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3.1 Page 21

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inviolable fidelité que j'ay voüee et juree a Son Altesse11. » Et défendant son honneur de fidèle
sujet, avec quelle noblesse sacerdotale il défend en même temps son honneur d'Evêque ! « Nous
estimons les discours des capitaines et soldatz indignes d'occuper le tems des Pasteurs de la
bergerie du Dieu vivant12. » « Nos visites ont esté, a la verité, pour une affaire d'Estat, » continue-
t-il13 : « a sçavoir, pour l'estat que nous devons constamment establir en la « republique de nostre
petite Congregation de la Visitation. » Tel était, en effet, le but de ce double voyage.
Depuis quelques mois, une première colonie, sous la conduite de la Mère de Chantal, était
allée implanter, comme un grain de senevé, la Visitation Sainte-Marie dans l'ancienne capitale des
Gaules. On vit alors ce qui ne s'était jamais vu en France : des Religieuses qui, sans vœux solennels,
enchaînées par le seul lien de la « dilection, » avaient des exercices semblables à ceux des
Monastères les mieux réformés et les plus fervents ; des Religieuses qui, tout en se livrant à la vie
contemplative, accordaient une part de leur temps très minime il est vrai au service du
prochain.
L'Archevêque, admirant avec son peuple la vertu, la pureté de vie des Sœurs de Sainte-
Marie, s'étonna toutefois de cette nouveauté ; de l'étonnement, il passa à la conviction que les
choses ne pouvaient demeurer ainsi. On sait le résultat. L'Evêque de Genève enferma ses filles
derrière des grilles impénétrables, ne leur laissa que l'apostolat tout puissant de la prière et du
sacrifice, et consentit à faire de son Institut un Ordre véritable, [VII] bien que « le tiltre de
Congregation n'estant pas si specieux ni honnoré, » lui plût « davantage14. »
Que conclure de ce changement ? A-t-on raison de dire ou d'écrire que l'homme de Dieu
n'a pas fait ce qu'il avait voulu ? Ce serait peu connaître le Saint et la réalité de l'histoire. L'intention
du Fondateur en créant son Institut nous est admirablement déclarée par lui-même15 : « Donner a
Dieu des filles d'orayson et des ames si interieures, qu'elles soyent treuvees dignes de servir sa «
Majesté infinie et de l'adorer en esprit et en verité. » « Que prætens-je en tout ceci, » dit-il ailleurs16,
« sinon que Dieu soit glorifié et que son saint amour soit reset pandu plus abondamment... ? » Or,
ce but unique, il ne le changera jamais, et le réalisera par des moyens qui semblent d'abord différer
de son premier plan. François de Sales est toujours avant tout l'homme de la pensée ; son souple
génie sait garder la substance en la revêtant de divers accidents, et peut-être ne le montra-t-il jamais
mieux qu'en cette importante circonstance. Il exécuta donc réellement ce que lui avait inspiré le
Saint-Esprit, donnant à Dieu des âmes de prière et ouvrant aux natures généreuses servies par des
corps débiles, un asile assuré. Mais il fut aussi l'instrument docile du Seigneur, à qui seul appartient
de faire réussir ses œuvres en la façon qu'il lui plaît ; de là, son admirable condescendance. Le
témoignage qu'il rend de lui-même17 n'est qu'un hommage à la vérité : « Monseigneur
l'Archevesque... ne treuvera point en moy un esprit contrariant « ni qui veuille surnager. » Et il
ajoute avec son incomparable humilité accompagnée de tant de bonne grâce : « Ne serois-je pas
un chetif homme, si je voulois m'estimer et relever mon esprit en comparayson des autres ? »
Toutefois, quand il a enveloppé son idée dans une forme définitive, quand il a fait à ses
contemporains des concessions qui n'altèrent pas essentiellement son [VIII] dessein, il demeure
inflexible sur les grandes lignes déjà tracées, et s'applique désormais à déterminer peu à peu d'une
façon précise les moindres points des Règles et Constitutions. Profond connaisseur de la nature
humaine, il sait la puissance de l'extérieur sur l'intérieur, et plus que nul Fondateur d'Ordre, peut-
être, il protegera son œuvre contre l'inconstance de la volonté et les bizarreries de l'esprit par une
infranchissable muraille.
Sur ce mur protecteur, François de Sales veut apposer un sceau : la parole du Pape. Il
multiplie pour cela lettres et démarches. Chose remarquable : lui qui souhaite ses filles si petites,
11 Lettre MCLXXXVIII. p. 186.
12 Lettre MCXLI, p. 107.
13 Ibid.
14 Page 140.
15 Lettre MXCIV, p. 16.
16 Lettre MCLXII, p. 139.
17 Ibid., pp. 139, 140.
21/355

3.2 Page 22

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si cachées, lui qui se défend avec une vraie ténacité de multiplier les Maisons de la Congrégation,
et dont le détachement va jusqu'à dire que « si elle pouvoit estre utile a establir plusieurs autres
Congregations de bonnes servantes de Dieu sans jamais s'establir elle mesme, elle n'en seroit que
tant plus aggreable a Dieu18, » il ne sait plus retenir son cœur et sa plume, ou mieux, il ne sait pas
tenir la vérité captive, quand il présente à Rome ces nouvelles épouses du Christ, pour leur obtenir
le baptême consécrateur qui s'appelle l'approbation du Saint-Siège. Comme il est éloquent auprès
du Cardinal Bellarmin, et quel éloge il fait des premières Mères choisies par la divine Bonté pour
être les colonnes de l'Institut naissant19 !
Tandis que le saint Fondateur s'occupe des grands intérêts de l'Ordre futur, il descend avec
ses filles dans le détail de leurs difficultés, les soutient dans leurs peines, les forme, en maître
consommé, à l'art si délicat du gouvernement. La Mère de Chantal, en quittant Lyon, laissait à la
Mère Favre la charge de supérieure. C'est le point de départ, entre notre Saint et sa « grande Fille
», d'une belle et active correspondance. Il ne se peut rien de plus instructif. On y trouve une sève
de tendresse paternelle et de mâle énergie qui surprend et charme à la fois. « Ma tres chere Fille,
» écrit le doux Evêque, « a mesure que ces deux ou troys journees de distance [IX] semblent nous
separer corporellement, de plus fort et avec plus d'affection je me joins spirituellement a vous20. »
« J'appreuve... que vous m'appellies Pere, puisque j'ay pour vous un cœur extraordinairement plus
que paternel21. » Et encore : « Vous sçaves bien que vous estes la grande fille bienaymee, et que
nul ne vous ostera le rang que vous tenes en mon cœur22. »
Mais avec quels accents ce Père relève le courage de la jeune Supérieure qui plie sous le
fardeau ! « Faites » votre « office pour l'amour de ce Sauveur qui vous y a appellee ; vous en serés
deschargee quand il luy plaira, « vous nous reviendres voir quand il en sera tems23. » « Il ne faut
pas... permettre a vostre esprit de se regarder soy mesme et de se retourner sur ses forces ni sur ses
inclinations ; il faut ficher les yeux sur le bon playsir de Dieu et sur sa providence24. » Et le bon
Saint résume en une phrase rapide et pittoresque sa doctrine d'oubli de soi et d'action quand même
: « Il ne faut pas s'amuser a discourir quand il faut courir, ni a deviser des difficultés quand il les
faut devider25. »
A son tour bientôt, la Mère de Bréchard reçoit à Moulins les encouragements du Fondateur
et ses austères conseils de support, de patience, de charité inaltérable envers l'étonnante dame des
Gouffiers. C'est, en effet, l'ancienne Religieuse du Paraclet qui introduit la Congrégation dans la
capitale du Bourbonnais, comme elle l'a introduite à Lyon précédemment. Cette histoire d'il y a
trois cents ans ne manque pas de piquant par sa propre originalité, et par les comparaisons qu'elle
suggère entre notre époque actuelle et ce temps lointain, où l'on cherchait avec tant d'ardeur « des
ouvrieres » pour « sy copieuse moisson que celle de la vie contemplative26. » [X]
L'empressement, du reste, était général. Toutes les provinces du royaume très chrétien
voulaient des Filles de Sainte-Marie ; chaque ville avait sa réserve d'âmes que la Philothée de
l'Evêque de Genève préparait, semence bénie, pour la nouvelle moisson ; de toutes parts on se
tournait du côté d'Annecy comme vers un foyer de lumière. A Toulouse, une Communauté en
désarroi réclame du secours : la Supérieure, la Mère Isabeau de Romillon, accompagnée du
président de Rességuier, veut chercher auprès de celui qui est vraiment l'oracle de son siècle, aide
et conseil. François, toujours disposé au service du prochain, mais d'une prudence consommée, ne
dissimule point son embarras : « Je suis en peine de « ce bon monsieur... de Ressiguier, » dit-il27,
« qui, comme homme de qualité,... aura sans doute fort a faire a supporter nos bassesses et
18 Lettre MCLXVIII, p. 150.
19 Lettre MCCXIX.
20 Lettre MCXXVII, p. 80.
21 Lettre MCXXXIX, p. 103.
22 Lettre MCLIV, p. 126.
23 Lettre MCXIX, p. 68.
24 Lettre MCXXII, p. 72.
25 Ibid.
26 Lettre des Echevins de Moulins au Saint, Appendice I, p. 413.
27 Lettre MCV, p. 35.
22/355

3.3 Page 23

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imperfections. » Une plus grande difficulté l'arrête encore. La fondatrice des Tiercerettes est une
âme extraordinaire, favorisée d'extases et de ravissements ; « si elle vient icy avec ces « especes
de choses inconneües, » écrit le Saint avec une bonhomie fine et charmante28, « en lieu de tirer de
la consolation de nous, elle nous donnera fort a faire, et nous tiendra empeschés a discerner si cela
est saint, si ceci est faint, et troublera grandement la pauvre petite trouppe de colombes innocentes
qui n'ont pretention a des choses si ravissantes. » Les voyageurs ne vinrent pas en Savoie, mais
Toulouse persista à vouloir une Visitation.
L'exemple est contagieux. Riom, Montbrison, Reims, Grenoble, Turin, etc., font à l'envi
des démarches dans ce même but. Le Fondateur s'en effrayerait plutôt que de s'en réjouir. Tout en
louant Dieu de ces saints désirs, il contient les ardeurs prématurées ; avant de permettre aux
branches de l'arbre de s'étendre, il veut enfoncer profondément les racines.
La racine, le cœur de l'Institut, n'était-ce pas la Fille [XI] unique en dilection comme elle
l'était en mérite, la grande coopératrice, l'aide que la Providence elle-même avait donnée au saint
Evêque, la Mère de Chantal ? Les fondations vont se succéder, plus nombreuses, moins connues,
tout aussi célèbres que celles de la Mère Thérèse en Espagne. C'est une immolation qui commence
pour la Sainte, un laborieux enfantement jusqu'à son dernier soupir. A cette heure solennelle, Dieu
semble la rejeter au moule, et sous l'impulsion de la grâce, la main de François de Sales, comme
celle de l'ouvrier habile et expérimenté, façonne de nouveau cette âme, et l'amène au point suprême
auquel vise toute sa doctrine pour les natures d'élite : le complet et parfait détachement de tout le
créé, une pureté d'amour pour Dieu et le prochain que seules peuvent comprendre les âmes
arrivées, comme il le veut, à « ensevelir » tout elles-mêmes « dans un eternel abandonnement29. »
Ces pages sublimes des 17, 18, 19 et 21 mai 1616 30, éclairées et complétées par celles de sainte
Jeanne-Françoise qui y correspondent31, seront lues avec bonheur et avec fruit par ceux qui aiment
à pénétrer dans le fond intime des Saints, par ceux qu'attire la haute spiritualité, par ceux encore
qui se sont passionnés pour l'étude de l'union suréminente créée par Dieu entre les deux
Fondateurs. Sujet divin, souvent incompris parce qu'on ne l'éclaire que des lumières d'ici-bas, au
lieu de le contempler inondé des clartés d'en-haut.
Si la Mère de Chantal a été le chef-d'œuvre de ce Maître des âmes, au-dessous d'elle, voici
la foule des Filles de la Visitation, des femmes du monde, des hommes même qui veulent être
honorés de sa paternité. Ce n'est pas seulement sa renommée qui s'étend au loin : ce sont de
nouveaux enfants spirituels que lui font naître son Introduction a la vie devote, son Traitté de
l'Amour de Dieu, naguère « mis en lumiere32. » Pour [XII] tous, il a la parole spéciale qui s'adapte
à leur situation et à leur caractère, sachant bien qu' « il ne se faut esbahir si chaque herbe et chaque
fleur requiert son particulier soin en un jardin33. » Mais il semble que pour tous jaillisse de son
cœur la même prière : « Hé ! Dieu, respandés sur » eux « l'esprit de douceur et de simplicité, l'esprit
d'amour et d'humilité, l'esprit d'obeissance et de pureté, l'esprit de joye et de mortification34. »
Ce dernier trait est à noter ; toutes les lettres de direction, nombreuses dans ce volume,
nous montreront le doux François de Sales entraînant vigoureusement à la lutte énergique, mais
tranquille, contre soi-même. Entendez ces mâles accents : « Qui ne gourmande jamais ses
repugnances, il devient tous-jours plus doüillet35. » « La paix n'est pas juste, qui fuit le labeur
requis a la glorification du nom de Dieu36. » « Cette vie est une guerre... le repos est reservé
pour le Ciel37. » Est-ce pour les seuls habitants du cloître qu'il a de tels enseignements ? Non ;
28 Lettre MCXXI. p. 71.
29 Lettre MCCIII, p. 215.
30 Lettres MCCII-MCCVI.
31 Voir à l'Appendice I, pp. 408-411.
32 Page 276. (Cf. la lettre d'une dame à saint François de Sales, Appendice I, p. 428.)
33 Page 81.
34 Page 114.
35 Page 341.
36 Page 106.
37 Page 161.
23/355

3.4 Page 24

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c'est à une femme du monde qu'il écrit ces fortes paroles : « Il faut fourrer nostre cervelle entre les
espines des difficultés et laisser transpercer nostre cœur de la lance de la contradiction ; boire le
fiel et avaler le vinaigre38. »
Mais ce ferme Directeur est en même temps Père tendre et dévoué. Signalons comme
exemple les lettres à Mme de la Fléchère au début de son veuvage. Rien n'est plus touchant que la
sollicitude affectueuse de ce grand Evêque, absorbé par les plus graves occupations, qui s'intéresse
aux moindres détails des affaires de succession et de tutelle.
A la fin du volume, nous entrons dans une société nouvelle. Ce n'est plus la Savoie un peu
austère, un peu [XIII] cérémonieuse ; ce n'est plus la vie de château avec sa solitude relative et sa
traditionnelle simplicité. L'aristocratie dauphinoise, brillante et digne, policée et savante, nous
apparaît subitement et sous un jour tout différent. A Grenoble et dans toute la province, la guerre
avait été acharnée, opiniâtre entre le catholicisme et la religion prétendue réformée, et la Ligue y
garda l'un de ses derniers boulevards. Le temps était passé, sans doute, des luttes sanglantes pour
la défense des opinions religieuges ; toutefois, les discussions ardentes, mais pacifiques, duraient
toujours. L'heure était propice pour l'Apôtre du Chablais, pour le Maître de la sainteté : il allait
trouver, parmi les hérétiques, des natures loyales, ayant le désir sincère de connaître la vérité, et
dans les familles des anciens ligueurs, une élite d'âmes prêtes à poser, sur le fondement d'une foi
éprouvée et invincible, l'édifice de la perfection chrétienne. Encore faut-il ajouter que ce peuple
qui, au sein même des troubles politiques et du bruit des combats, n'avait cessé de produire des
hommes de lettres et de science, aimait que le vrai et le bien lui fussent exposés dans un beau
langage. Aussi tous, catholiques et protestants le vieux Lesdiguières lui-même ! se
pressèrent-ils au pied de la chaire de Saint-André pour entendre l'Evêque savoyard, illustre déjà
par son renom d'éloquence et de vertu.
François de Sales se sent à l'aise au milieu de cet auditoire, le « plus docile, » le » plus
porté a la pieté39 » qu'il eût encore rencontré. Le Parlement est là tout entier, ravi de la doctrine et
du bien dire de l'orateur ; quelques-uns de ses membres saisissent même au vol ces discours pleins
d'onction et de lumière, ils les recueillent pour les méditer à loisir. Près des graves magistrats, les
nobles dames écoutent avidement, et attendent, impatientes, l'heure où elles pourront recevoir de
l'homme de Dieu les conseils plus intimes et les leçons de perfection qui ne se donnent pas à la
foule. « Icy, comme par tout « ailleurs, » dira le Saint avec un sourire, « les hommes laissent aux
femmes le soin du mesnage et de la [XIV] devotion40. » Des physionomies très sympathiques se
présentent alors à nous : la présidente Le Blanc de Mions, au bouillant caractère et à l'esprit si vif
; Mme de Granieu, déjà bien avancée dans les voies de la vertu quand l'Evêque de Genève prend la
direction de son âme ; la jeune Mme de Veyssilieu, dont les frayeurs de la mort nous ont valu
l'indication de remèdes salutaires contre cette commune faiblesse ; l'impétueuse Mme Cottin, et tant
d'autres que nous ne faisons qu'entrevoir et dont la correspondance à venir nous dessinera les traits.
Mais l'Evêque, pasteur transitoire de cet intéressant bercail, oubliait-il son propre troupeau
? Ecoutons le cri de son cœur : « Mon Eglise... que puis-je dire de plus affectionné41 ? » Pour elle,
ses pensées, ses sollicitudes ; de loin comme de près, il veille à ses intérêts, s'occupe de tous les
détails de l'administration, confiée pourtant au zélé et rigide Jean-François, son frère et futur
successeur. Qu'on lise la correspondance avec son vicaire général, les lettres aux princes au sujet
des abus à réprimer, des réformes à faire, des bonnes œuvres à promouvoir : partout se révèlent
une vigilance toujours en éveil, que rien ne déconcerte, un amour paternel qui veut constamment
le bien de ses ouailles.
Ceux dont l'attrait va davantage à l'étude du style trouveront de vraies perles dans ces pages.
Ils remarqueront celles qui s'adressent à Mgr Fenouillet. Avec ce lettré, François, semble-t-il, donne
38 Lettre MCCXCIV, à la présidente Le Blanc de Mions, p. 370.
39 Page 356.
40 Lettre MCCLXXXVIII, p. 356.
41 Lettre MCCXCVIII, p. 379.
24/355

3.5 Page 25

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plus d'ampleur à sa phrase et à sa pensée, tandis que les tristes nouvelles de la petite patrie qu'il
transmet à l'exilé de Montpellier lui inspirent des traits de véritable éloquence. Témoin cette
peinture des échappés de la guerre récente, au « sortir d'un grand travail, » prenant « le repos final
dans la sepulture ; » car n'ayant « pas eu le loysir de mourir » au milieu des combats, « au premier
tems qu'ilz ont de relasche, ilz font ce devoir42. » Quelle description [XV] encore faite à Bellegarde
de la rapidité et de la valeur du temps ! « Tenes vos yeux arrestés a cette sainte eternité a laquelle
nous allons par la course de ces annees, « qui, passant, nous passent comme de poste en poste, «
jusques a cette fin-la. En ces momens, pourtant, comme « dans un petit noyau, est enclose la
semence de toute « l'æternité43. »
Par contre, à chaque instant, on trouve sous la plume du saint et gracieux écrivain des
tournures alertes, vives : ces lettres « esgratignees » en « un quart d'heure44, » écrites hors d'haleyne
» pendant que l'ennemi est aux portes d'Annecy et que tout tremble dans la ville45, « ces quatre
motz le pied a l'estrier46, » se lisent avec un singulier plaisir. Et peut-on s'empêcher de sourire à
ces portraits tracés en deux ou trois lignes par le fin moraliste : le jeune page devenu écolier, qui
croit bien « contraire a sa reputation » de « se ranger a la discipline du college47 ; » « messieurs
les financiers. .. « gens grandement esveillés » pour saisir les occasions d'exiger les impôts48 ;
les deux ennemis qui « protestent fort de ne penser a point de mal, mais... en « un langage qui ne
veut pas du tout dire cela49. » Comme il connaît bien le cœur humain, et quelle touche délicate
quand il approche de ses misères !
Ailleurs, c'est la tendresse qui a des mots ravissants : Il « me semble que quand vous aves
du mal, je l'ay avec « vous50. » Et ce frais souvenir évoqué en passant : « Je n'ay garde d'oublier
ce soir... la petite cadette... « puisque je seray chez son pere, ou je la vis la premiere fois habillee
de blanc, avec un chapeau de de paille51. » On dirait une photographie d'enfance de la Sœur de
Blonay. [XVI]
Mais pourquoi vouloir tout signaler ? « Prenez et lisez, » chantait la voix d'en-haut à l'oreille
d'Augustin ; « prenez et lisez, » dirons-nous à chacun de nos lecteurs en leur présentant la nouvelle
série de Lettres du « plus français comme du plus aimable de nos Saints. » Dans ces pages, c'est
l'àme, l'âme vivante qui parle, c'est le cœur qui palpite, c'est la parole fixée sur le papier, avec son
émotion et ses bienfaisants effets.
LES EDITEURS.
Annecy, 26 avril 1911,
Fête de Notre-Dame du Bon-Conseil. [XVII]
42 Lettre MCIII, p. 31.
43 Lettre MCLVI, p. 129.
44 Lettre MCLXII, p. 138.
45 Lettre MCCXXVIII, p. 266.
46 Page 190.
47 Page 27.
48 Page 300.
49 Page 132.
50 Page 195.
51 Page 40.
25/355

3.6 Page 26

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Avis au Lecteur
_____
Des Lettres publiées dans ce volume, un grand nombre ont été revues sur les originaux. La
provenance indiquée à la fin de chaque pièce, est celle qui nous était connue au moment oit elle
nous a été communiquée. Lorsqu'un Autographe provient d'une Communauté française exilée ou
dispersée, nous donnons l'ancienne adresse de celle-ci.
Les Lettres qui ne sont suivies d'aucune indication sont celles dont, à défaut d'Autographes
ou de copies authentiques, on a dû emprunter le texte à des publications antérieures. Voir à la fin
de ce volume la Table de correspondance, et l'Avant-Propos du tome XI, pp. xxv-xxvij.
Les Editeurs sont seuls responsables de l'adresse et de la date qui précèdent chaque pièce
; l'une et l'autre sont répétées à la fin quand elles figurent sur l'original, ou qu elles sont
authentiques, quoique fournies par les textes imprimés. Les points remplaçant quelque
énumération de la date indiquent que cette partie de la date est donnée, mais fautivement, par
l'édition à laquelle notre texte est emprunté.
Quand la date attribuée à une lettre n'est pas absolument sûre, elle est insérée entre [ ].
Ces signes sont également employés pour les mots qu'il a fallu suppléer dans le texte.
Les divergences qui existent entre quelques minutes et le texte définitif sont données au bas
des pages. Le commencement de la variante est indiqué par la répétition en italique des mots qui
la précèdent immédiatement au texte ; la fin est régulièrement marquée par la lettre de renvoi. Les
passages biffés dans les Autographes sont enchâssés entre [ ].
Des points placés au commencement ou à la fin des lettres indiquent un texte incomplet.
Quand les Autographes ont subi quelque mutilation, nous l'indiquons chaque fois.
A la suite du Glossaire se trouve un Index, dans lequel il a été jugé à propos de fondre les
noms des destinataires avec les titres des principales notes historiques et biographiques. Toutes
les notes concernant le clergé de l'ancien diocèse de Genève sont tirées des Registres de l'époque
; elles sont désignées par les deux initiales R. E.
Sauf indication contraire, tous les renseignements relatifs à la noblesse savoisienne sont
empruntés au monumental ouvrage du Comte Amédée de Foras, si dignement continué par le
Comte de Mareschal de Luciane : Armorial et Nobiliaire de l'ancien Duché de Savoie. [XVIII]
26/355

3.7 Page 27

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Lettres de saint François de Sales - Année 1615
(Suite)
_____
MLXXXVI. A Madame de la Fléchère52. Le Saint n'agrée pas
que ses amis se déchargent sur lui d'une responsabilité qui leur
incombe. Un précepteur difficile à trouver même chez les
rois. Qu'on s'abstienne d'accabler de devoirs les élèves.
Défense d'un professeur. Que faire quand le corps et l'esprit
sont languissants.
Annecy, 1er juin 1615.
Ma tres chere Fille,
Les porteurs de vos precedentes lettres m'ont pris en un tems auquel j'estois si fort
embarassé de gens et d'affaires que je ne sçavois ou j'en estois, et ne pouvois me desrobber pour
vous faire response, laquelle d'ailleurs je ne sçavois comme vous faire, par ce que vous
presupposies que monsieur de Charmoysi mon cousin53 m'eust donné charge de pourvoir au
changement de maistre de vos enfans54, et jamais il ne m'en avoit fait un seul [1] mot, bien quil
m'eust escrit seulement le jour precedent. De sorte que, quand cet honneste homme que vous
m'envoyastes me vint parler de cela et que je vis la lettre de monsieur de Charmoysi, je fus tout
surpris et dis que je n'avoys point de charge de cela, et que mesme, m'estant enquis des Peres
Barnabites55 et de plusieurs autres sil y avoit du mal en M. Rosset56, pour lequel on le deust
renvoyer, je n'avois rien peu treuver qui meritast cela. Mays que, puisque monsieur de Charmoysi
et monsieur de Vallon57 estoyent icy, c'est a dire se devoyent voir le jour suivant, que c'estoit a eux
de le renvoyer, si bon leur sembloit. Et sur cela, M. de Vallon se chargea de rechef de s'enquerir
des deportemens du sieur Rosset, et en alla parler aux Peres Barnabites et a d'autres qui, comme il
me dit par apres, treuverent fort estrange qu'on parlast de ce changement ; et alla treuver monsieur
de Charmoysi qui m'escrivit une lettre par laquelle il me mandoit en termes generaux, que j'avois
tout pouvoir, et ne me disoit nulle resolution.
Sur quoy, je ne sceu que dire non plus, car vous ne m'avies rien marqué de particulier des
52 Madeleine de la Forest (voir tome XIV, note (40), p. 1).
53 Claude de Charmoisy (voir tome XII, note (510), p. 216).
54 Il s'agit des enfants de la destinataire, de MM. de Charmoisy et de Vallon, élèves des Barnabites d'Annecy : Charles
de la Fléchère (voir tome XV, note (258), p. 86), qui avait alors onze ou douze ans ; Henri de Charmoisy, né vers le
milieu de 1601, et Claude-François de Vallon, baptisé le 15 mai 1605. Outre les liens de parenté, une étroite amitié
unissait leurs familles ; en parlant d'eux à Mme de la Fléchère, le Saint pouvait donc lui dire « vos enfans. » A l'égard
des deux derniers, dont les parents avaient eu à subir tant de tribulations (cf. le tome précédent, note (69), p. 10, et
note (328), p. 100), nul doute que la châtelaine de Rumilly n'ait rempli l'office d'une vraie mère.
55 Voir le tome précédent, notes (611), p. 189, (734), p. 228, et (1150), p. 354. Les classes avaient été ouvertes le 2
novembre 1614.
56 Parmi plusieurs ecclésiastiques qui portaient à cette époque le nom de Rosset, on peut proposer Jean-François
Rosset, sous-diacre le 20 décembre 1614, diacre le r4 mars et prêtre le 4 avril 1615, institué le 15 août suivant, recteur
de deux chapelles dans les églises de Passy et de Saint-Gervais. Pourvu le 19 décembre 1616 d'un canonicat à la
Collégiale de La Roche, dont il fut le septième custode, il devint, le 6 juillet 1618, curé de la paroisse de Saint-Laurent-
sous-Cornillon. (R. E.)
57 Jacques de Gex, seigneur de Vallon (voir tome XII, note (582), p. 260, et tome XVI, note (327), p. 99).
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3.8 Page 28

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defautz de M. Rosset. En somme, je conclus a M. de Vallon qui m'apporta la lettre, qu'en leur
absence et la vostre je prouvoirois aux enfans, quand je m'appercevrois quil y eust chose qui
meritast que j'y misse la main, pour le devoir que [2] je leur avois a tous trois ; mais que les peres
et meres estans presens, c'estoit a eux de s'en accorder et de le faire ; et que je m'en remettois a
eux, puisque principalement monsieur de Charmoysi requeroit en la lettre que vous m'envoyastes,
des conditions en un maistre qu'on ne treuve pas mesme es maistres ou precepteurs des Roys : un
maistre qui n'eust rien a faire qu'apres les enfans, ni pour dire la Messe, ni pour estudier d'estude
particulier. Or en somme, il ne me sembloit pas raysonnable que les peres estans presens, je fisse
rien en cela, n'y ayant rien qui pressast (que je sceusse), et le parti de M. Rosset estant defendu par
tant de gens dignes de creance.
Voyla tout, ma tres chere Fille, sinon quil faut que je vous die que des-ja le changement de
M. Romain58 a M. Rosset fut treuvé mauvais, par ce que ceux la mesme qui parloyent en mal de
M. Rosset ont dit despuis quilz avoyent eu tort, et M. de Charmoysi le fit seulement pour ne vous
point desagreer, par condescendence. Certes, il ne faut pas craindre que les enfans perdent le tems
en ce College, ou le P. Prefect59 mesme fait des repetitions particulieres, nommement aux vostres,
desquelz il a un grand soin, et se contente fort de M. Rosset. Il ne faut pas aussi tenir tous-jours
pressé (sic) les enfans de besoigne nouvelle. Ilz ont deux grandes leçons le jour, ilz ont des
compositions a faire, ilz ont des repetitions frequentes : ilz ont, a mon advis, tout ce quil faut, et
beaucoup plus que nous n'avions de mon tems. Je voy vos enfans qui se font gentilz, et ne me
semble pas que vous en deves estre en peyne ; outre que M. Rosset, qui s'est veu a la veille d'estre
hors de sa condition avec quelque deshonneur, s'evertuera de faire tous-jours mieux. [3] Et il m'a
pleu de quoy il n'a pas nié l'accident qui luy arriva pour avoir mangé hors du logis.
Au reste, nostre Mere est guerie60, avec une grande consolation de voir arriver quantité de
damoyselles et dames vefves bien qualifiees, qui demandent place en la Congregation61. Elle vous
escrivit, et je vous envoyay sa lettre, ce me semble, dans le pacquet auquel je mis la clausule du
testament de feu M. Gavent62. Je desire bien de sçavoir si vous l'aves receue.
Il ne se faut point estonner si vostre cors estant inquiété d'infirmité, vostre esprit se treuve
aussi un peu languissant, selon la partie inferieure. Il suffit que vostre volonté soit bien debout et
resolue de tous-jours estre fidele. Dieu, a qui nous sommes, nous gardera et fera de plus en plus
profiter en son saint amour et au veritable mespris de nous mesme.
J'ay bien aussi envie de vous voir, mays quand vous seres remise. Je suis cependant, ma
tres chere Fille, tres parfaitement tout vostre, comme vous sçaves.
1er juin 1615.
A Madame
58 Sans doute, Antoine, fils d'Etienne Romain. Tonsuré le 22 février 1614, sous-diacre le 12 septembre suivant, diacre
le 14 mars 1615, il fut ordonné prêtre le 19 décembre de la même année. (R. E.)
59 Dans les Ada Collegii (Archiv. commun. d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Chappuisien), D. Vitalien Berretta,
qui résidait au collège depuis le 9 novembre 1614, est qualifié de « Préfet des écoles » à" la date du 11 novembre 1615
; l'était-il déjà au mois de juin, ou bien D. Simplicien Fregoso (voir tome précéd., note (740), p. 231) remplissait-il
encore simultanément en ce temps-là, les fonctions de supérieur et celles de préfet ? Il est difficile de le dire.
60 La Mère de Chantal, alors à Lyon. (Voir au tome précédent, les Lettres MLXXV, MLXXVIII, MLXXXI.)
61 Après la vêture de Mme d'Auxerre, première novice de la Visitation de Lyon (voir le tome précédent, note (778), p.
240, et Appendice III), vinrent les réceptions au saint habit de Jéronyme de Villette, 2 juillet 1615, de Jeanne-Françoise
Etienne, 15 août, de Catherine et Louise de Villars, Claude de la Martinière et Isabeau Chevalier, 23 août. Une
ancienne annaliste note qu'à cette époque « quelques demoiselles, non seulement de la ville de Lion, mais des
provinces voisines, s'empressoient a être receües en cette Maison. Nôtre Mere de Chantal, » ajoute-t-elle, « qui, entre
autres dons, avoit celui du discernement des esprits, accorda l'entrée de nôtre Maison a celles qu'elle jugea plus propres
a faire honneur a leur vocation. » (Hist. de la Fondation du 1er Monastère de Lyon, par la Sœur Gasparde de Saint-
Paul.)
62 Probablement, noble et spectable François Gavens ou Gavant, plus tard de Gavant, reçu docteur en droit par lettres
du 13 mai 1609. mort le 5 mai 1614. C'est le même, sans doute, qui avait épousé Dlle Perrine Salteur de la Salle, de
Rumilly. Son père, François Gavens, bourgeois de la même ville, notaire public en 1580, fut anobli par patentes du
31 octobre 1597.
28/355

3.9 Page 29

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Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. [4]
_____
MLXXXVII. Au Comte Prosper-Marc de Tournon63 (Inédite).
Une absolution que l'Evêque de Genève attend de la courtoisie
de son destinataire. Remerciements pour communication de
manuscrits.
Annecy, 5 juin 1615.
Monsieur,
Il est vray, j'ay sursis de vous escrire si souvent, pour le respect que je doy a vos affaires,
sans que pour cela j'aye laissé de desirer et demander souvent des asseurances de vostre santé. En
cette espece de manquemens, je prendray, sil vous plait, l'absolution de vous, que vous ne me
refuseres point, en vertu de vostre courtoysie, que j'implore des maintenant, en attendant lhonneur
de vostre praesence quand il vous plaira le nous donner. Et lhors, je vous protesteray de vive voix
ce que la haste de ce porteur ne permet d'escrire qu'en ce peu de motz, que je suis, Monsieur,
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
5 juin 1615.
Monsieur, je vous remercie tres humblement de la communication de ces belles
escritures64, desquelles je feray selon vostre desir.
A Monsieur
Monsieur le Comte de Tornon,
Gouverneur de Savoye,
commandant generalement en l'absence de S. E.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. Hartwell D. Grissell, à Oxford (Angleterre). [5]
_____
63 Voir tome XIII, note (1120), p. 336.
64 Le destinataire aimait les lettres (cf. ibid.), mais il est difficile de savoir quelles étaient « ces belles escritures, » si
elles sortaient de la plume du comte, ou si elles avaient pour auteur un autre personnage.
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3.10 Page 30

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MLXXXVIII. A la Mère de Chantal, a Lyon. L'anniversaire
d'une vocation. Une race spirituelle que le Saint demande à
Dieu de multiplier. Actions de grâces à la divine Trinité
Annecy, [14 juin 1615 65.]
A mesme que la tres souveraine bonté de la divine Trinité renvoye l'Esprit de son adoration
en la sainte Eglise, elle renouvelle, ce me semble, celuy de la sacree vocation de ma tres chere,
tres bonne et tres honnoree Mere, laquelle sortant de son païs sans sçavoir ou elle alloit, mais
croyant a Dieu qui luy avoit dit : Sors de ta terre et de ton parentage66, elle vint en la montagne
qui avoit pour son nom : Dieu la verra ; et Dieu l'a veüe, multipliant sa race spirituelle comme les
estoiles du ciel67.
O ! Dieu soit a jamais glorifié, ma tres chere Mere, avec laquelle je me res-jouis, ains au
cœur de laquelle mon cœur se res-jouit comme en soy mesme. O qu'il soit, ce cœur de ma Mere,
eternellement fiché au Ciel comme une belle estoile qui en ayt une grande trouppe autour. Est-il
possible que nous chantions eternellement le cantique de gloire au Pere, au Filz, au Saint Esprit ?
Ouy, l'ame de ma Mere le chantera es siecles des siecles. Amen. Et Dieu en sera beni en l'eternité
des eternités. Amen. VIVE JESUS !
Gloire soit au Pere, au Filz et au Saint Esprit, de l'assemblee qu'il a faite de tous ces cœurs
pour son honneur ; mais, helas ! que de confusion pour le mien qui a si peu fidelement cooperé a
une si sainte besoigne ! Or sus, cette mesme tressainte Trinité, qui est une tres souveraine bonté,
nous sera propice, et nous ferons des-ormais sa volonté. Amen.
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
MLXXXIX. A Madame de Peyzieu. Ce qu'il faut éviter et
réprimer dans les curiosités d'outre-tombe, à propos de nos
parents défunts. Pourquoi les chrétiens doivent modérer leurs
regrets
Ma tres chere Mere,
Annecy, [vers mi-juin] 1615 68.
Ayant receu vostre lettre et le message que l'on m'a fait de vostre part, je vous diray que je
connois fort distinctement les qualités de vostre cœur, et entre toutes, son ardeur et force a aymer
et cherir ce qu'il ayme : c'est cela qui vous fait tant parler a Nostre Seigneur de ce cher trespassé69,
65 D'après sa teneur, on voit que cette lettre a été écrite le jour ou la veille de la fête de la sainte Trinité. Le ton
affectueux et très confiant de ces lignes, l'allusion à la vocation de la Mère de Chantal semblent indiquer la date
proposée, sans exclure toutefois l'année qui suit.
66 Gen., XII, 1.
67 Ibid., XXII, 14, 17.
68 Les douloureuses préoccupations de la mère et les avis appropriés que le Saint lui donne indiquent pour destinataire
Françoise de Dizimieu, veuve de Peyzieu, qui avait appris depuis peu la mort d'un de ses fils. (Voir tome XV, note
(557), p. 181, et tome XVI, Lettre MLXXX à la même.)
On sent, à la lecture de la lettre, que le deuil est récent ; cette remarque a suggéré la date que nous lui
attribuons.
69 Louis de Peyzieu, seigneur de Sillignieu, tué par les Portugais, le 18 novembre 1614, dans l'île de Maragnan. (Voir
au tome précédent, les notes (238), (239), (1192), pp. 65, 66, 368.)
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4 Pages 31-40

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4.1 Page 31

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et qui vous porte a ces desirs de sçavoir ou il est.
Or, ma chere Mere, il faut reprimer ces eslancemens, qui procedent de l'exces de cette
passion amoureuse ; et quand vous surprendres vostre esprit en cet amusement, il faut soudain, et
mesme avec des paroles vocales, retourner du costé de Nostre'Seigneur et luy dire, ou cecy mesme
ou chose semblable : O Seigneur, que vostre providence est douce ! que vostre misericorde est
bonne ! Hé, que cet enfant est heureux d'estre tombé entre vos bras paternelz, entre lesquelz il ne
peut avoir que bien, ou qu'il soit.
Ouy, ma chere Mere, car il se faut bien garder de penser ailleurs qu'au Paradis ou au
Purgatoire, puisque, [7] graces a Dieu, il n'y a point de sujet de penser autrement. Retirés donques
ainsy vostre esprit, et apres cela, divertissés-le a des actions d'amour envers Nostre Seigneur
crucifié.
Quand vous recommanderes cet enfant a la divine Majesté, dites-luy simplement :
Seigneur, je vous recommande l'enfant de mes entrailles, mays bien plus l'enfant des entrailles de
vostre misericorde, engendré de mon sang, mays reengendré du vostre. Et passés outre ; car si vous
permettes a vostre ame de s'amuser a cet object proportionné et aggreable a ses sens et a ses
passions inferieures et naturelles, jamais elle ne s'en voudra oster, et, sous pretexte de prieres, de
pieté, elle s'estendra a certaines complaysances et satisfactions naturelles, qui vous osteront le
loysir de vous employer autour de l'object surnaturel et souverain de vostre amour. Il se faut sans
doute moderer en ces ardeurs des affections naturelles, qui ne servent qu'a troubler nostre esprit et
divertir nostre cœur.
Or sus donq, ma tres chere Mere, que j'ayme d'un amour vrayement filial, ramassons bien
nostre esprit dans nostre cœur et le rangeons au devoir qu'il a d'aymer tres uniquement Dieu, et ne
luy permettons aucun amusement frivole, ni pour ce qui se passe en ce monde, ni pour ce qui se
passe en l'autre ; mays, ayant departi aux creatures ce que nous leur devons d'amour et de charité,
rapportons tout a ce premier amour magistral que nous devons au Createur, et conformons-nous a
sa divine volonté.
Je suis tres affectionnement, ma chere Mere,
Vostre plus fidele et affectionné enfant,
F. [8]
_____
MXC. A Madame de la Fléchère. La lassitude du corps et les
passions de l'âme. Dans quel cas s'asseoir au temps de la
prière. Les distractions et l'oraison. La vie en dehors de
Dieu est une mort. C'est au Saint-Esprit de pousser les âmes
comme il lui plaît
Annecy. 20 juin 1615 70.
Et moy, ma tres chere Fille, j'ay esté grandement consolé desçavoir de vos nouvelles,
puisque mesme elles sont toutes fort bonnes ; car, quant a la chere fille71, c'est un signe desirable
pour sa future pieté que le cors se ressente des affections du cœur et quil en devienne las, car il en
print ainsy a Nostre Seigneur mesme72 et a plusieurs de ses plus grans Saintz. Vous l'aves bien
conseillee qu'elle s'assise, et il faut qu'elle le face avant que les maux de cœur la prennent ; c'est a
70 La date manque à la copie conservée à Turin, mais celle que donne Migne, tome VI, col. 984, d'après l'Autographe,
doit être juste.
71 Gasparde d'Avise, nièce de Mme de la Fléchère, qui commençait à sentir des attraits pour la vie religieuse. (Voir le
tome précédent, note (154), p. 40.)
72 Joan., IV, 6.
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4.2 Page 32

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dire qu'elle face toute l'orayson assise, ayant au paravant fait une adoration a genoux. Et quant aux
distractions, pourveu qu'ell'ayt le desir de prier un peu ardent, elles cesseront petit a petit ; et si
elles ne cessent pas, l'orayson en sera d'autant meilleure, comme faite sans goust ni interest, pour
le pur amour de plaire a l'Espoux.
Ce desir qui se presente en l'orayson et cette volonté qui luy vient tous les jours sont aussi
des bonnes marques ; mays le tems fera voir plus clairement a quoy elle se devra resoudre. Et ce
pendant, nostre bonne Mere viendra73, avec laquelle elle conferera et tirera d'elle beaucoup de
lumiere.
J'iray en Chablaix ce moys d'aoust74, Dieu aydant, ou j'auray toute commodité de la voir,
si elle y est, pourveu [9] qu'on ne s'apperçoive point des bonnes pensees dont il est question, car
ce sont choses que le monde contredit tous-jours.
Si nous sçavons le jour auquel la seur Gavent ira a Belloci, nous y ferons rencontrer des
gens pour l'assister et voir l'affaire75. Je feray ce quil faut pour chasser ces miserables femmes.
Nous benirons aussi l'eau ; mais vous ne me dites point a qui nous la donnerons.
Je loue Dieu du mari76 et suis son serviteur. Nous verrons du maistre77 ce que c'en sera. Ma
tres chere Fille, vives toute a Dieu, hors lequel la vie est une mort. Vous faites bien de ne point
pousser la fille78, c'est au Saint Esprit de luy donner les inspirations selon son bon playsir ; mais
pour moy, j'ay quelque esperance quil la rendra toute sienne tres parfaitement, et ne doute point
qu'au moins elle ne le soit suffisamment pour obtenir la verité, car cett' ame la est bien marquee.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.[10]
_____
73 La Mère de Chantal ne rentrait à Annecy qu'à la fin d'octobre.
74 De fait, saint François de Sales partit pour le Chablais vers le 18 août.
75 Jean-Jacques Gavens, docteur ès-droits, avocat au souverain Sénat de Savoie, avait épousé Prospère Dacquin ; le
contrat dotal est du 17 avril 1603. Par ce contrat, François Gavens son père (voir ci-dessus, note (62), p. 4) lui ayant
cédé un domaine à Versonnex, qu'il reprit en 1608, Jean-Jacques plaida pour obtenir une compensation sur d'autres
biens possédés par le même François à Bellossier. Mlle Gavens qui devait aller « a Belloci » pourrait être sa sœur ;
c'est assurément d'elle que le Saint écrivait le 30 avril 1617 à Mme de la Fiéchère : » J'ay dit louange en mon cœur a la
Providence celeste sur le trespas « de la pauvre Gavens. »
76 Claude-François de la Fléchère, mari de la destinataire.
77 Sans doute, Jean-François Rosset, précepteur de Charles de la Fléchère. (Voir ci-dessus, note (56), p. 2.)
78 Gasparde d'Avise.
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4.3 Page 33

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MXCI. A Madame de Ruans79. Les visites du Saint-Esprit parmi
les tribulations. Exhortation à l'amour de la Croix.
Annecy, 21 juin 1615.
Madame,
Je vous remercie de la confiance que vous aves en moy, qui reciproquement vous cheris
d'une affection toute particuliere, et ne cesse point de vous souhaiter les vrayes consolations du
Saint Esprit entre les tribulations desquelles sa Bonté vous visite, pour vous exercer en l'humilité
et patience. Je vous escris sans aucun loysir, mais non pas sans beaucoup de desir de vous servir.
Quand le livre dont vous me parles sera imprimé, qui ne peut estre de deux mois80, vous en
aures, Dieu aydant, que je prie cependant de vouloir estre luy mesme le livre de vostre cœur, dans
lequel vous lisies et apprenies a bien aymer sa tressainte Croix, delaquelle il vous fait participante.
Je suis de tout mon pouvoir,
Madame ma chere Fille,
Vostre plus humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXI juin 1615.
A Madame
Madame de Ruan.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Vitoria (Espagne). [11]
_____
79 Françoise, fille de Pierre de Simiane, seigneur de la Côte et de Moyrens, et de dame Marie de Baronnat, avait été
mariée (contrat dotal du 10 février 1603) à Léonard Michal, seigneur de Ruans, qui testa le 20 septembre 1614. La
destinataire mourut en septembre 1628. De ses quatre filles, Claire-Marguerite, l'une des sœurs du petit habit reçues
par les fondatrices de la Visitation de Chambéry, charma la Mère de Chantal par sa ferveur. (Voir ses Lettres, Paris,
Plon, vol. II, 1877, p. 244.)
80 Le Traitté de l'Amour de Dieu, qui ne fut livré à l'impression qu'en 1616. (Cf. le tome précédent, note (845), p. 261,
et tome IV, pp. XIV, XV.)
33/355

4.4 Page 34

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MXCII. A Madame de la Croix d'Autherin81. Dans la correction
des défauts, ne pas séparer la pratique de l'humilité de la fidélité
envers Dieu. En quel cas le Bienheureux ne juge pas mauvais
qu'on soit un peu privé de la sainte Communion. Utilité des
confessions fréquentes. Annonce d'un voyage à Lyon et en
Chablais. La lecture spirituelle.
Annecy, 23 juin 1615 82.
Je respons a vos deux lettres, ma tres chere Fille, vous conjurant avant toutes choses de ne
plus appeller importunité pour moy la reception de vos lettres, laquelle, en vraye verité, m'est tous-
jours extremement aggreable.
Je voy bien en la premiere, vostre cœur tous-jours plein de bons et vertueux desirs, car il
est de naturel fort bon ; mais, ce me dites vous, vous ne vous corriges pas asses puissamment de
vos imperfections. Vous sçaves que je vous ay souvent dit que vous devies estre affectionnee
esgalement a la prattique de la fidelité envers Dieu et a celle de l'humilité. De la fidelité, pour
renouer vos resolutions de servir la divine Bonté aussi souvent que vous les rompres, et vous tenant
sur vos gardes pour ne point les rompre ; de l'humilité, quand il vous arriveroit de les violer, pour
reconnoistre vostre chetifveté et abjection. Mays certes, il faut tout de bon avoir soin de vostre
cœur, pour le purifier et fortifier selon la multitude et grandeur des inspirations que vous en aves.
[12]
Et je ne treuve pas mauvais que vous soyes un peu privee de la tressainte Communion,
puisque c'est l'advis de vostre confesseur, pour voir si le desir de retourner a la frequentation
d'icelle vous fera point un peu prendre plus garde a vostre amendement. Et tous-jours feres vous
bien de vous humilier fort aux advis de vostre confesseur, qui void l'estat present de vostre ame,
lequel, quoy que je m'imagine asses sur ce que vous m'en dittes par vos lettres, si est-ce qu'il ne
me peut pas estre conneu si particulierement comme a celuy a qui vous en rendes conte. Or j'entens,
qu'encor que vous esloigneres un peu vos Communions, vous ne laisseres pas pour cela de bien
suivre la frequence des confessions, car de celles ci, il n'y peut avoir aucune rayson de les esloigner
; au contraire, elles vous seront utiles pour assujettir vostre esprit qui, de soy mesme, n'ayme pas
la sujettion, et pour l'humilier et luy faire mieux discerner ses fautes.
Je vay a Lion pour contenter Monseigneur l'Archevesque de ce lieu-la, qui vouloit venir
vers moy en toute façon si je ne me fusse resolu d'aller aupres de luy83, puisque c'estoit bien la
rayson que je le previnsse en cet endroit. Ce sera un voyage de 15 jours ou environ84, apres lequel
j'en veux faire un autre en Chablaix85, pour estre de retour de tous deux en septembre ; mais je
repasseray par icy86, et seray tous-jours bien ayse de vous escrire, si je puis.
81 Jeanne-Antoine de Chapot, femme de Charles-Sébastien de Pradel-Autherin, seigneur de la Croix. (Voir tome XV,
note (1011), p. 357.)
82 Migne, tome V, col. 915, place cette lettre en 1614, et en 1621 (d'après l'édition princeps) la suivante, écrite
évidemment le même jour et à la même dame que celle-ci. Or, ni 1614, ni 1621 ne s'accordent avec notre texte qui
mentionne deux voyages du Saint, l'un à Lyon, l'autre en Chablais ; ces voyages devaient se faire entre la fin dé juin
et septembre. En 1614 et en 1621, nous n'en voyons aucune trace entre ces deux mois, mais au contraire, tout se réunit
en faveur de 1615. Impossible donc de mettre en doute la date attribuée à cette lettre et à celle qui la suit.
83 « Le lendemain de la Nativité de sainct Jean Baptiste, » raconte Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII), « ce
bien-heureux Prelat partit d'Anicy pour aller voir le tres-vertueux Archevesque de Lyon, Denis Simon de Marquemont,
qui despuis a esté Cardinal, et lequel sçachant qu'il arrivoit, luy envoya soudain un prestre avec une lettre, par laquelle
il luy signifioit que tout aussi tost il luy seroit au devant, et l'invitoit en son archevesché, l'appellant l'honneur et la
couronne des Prelats. » (Voir cette lettre à l'Appendice I.)
84 Parti le 25 juin d'Annecy, saint François de Sales arriva à Lyon le 28, et y séjourna jusqu'au 10 juillet.
85 Voir ci-dessus, note (74), p. 9.
86 Par Annecy, d'où le saint Evêque ne s'absenta qu'après un grand mois.
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4.5 Page 35

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Retenes bien vostre esprit en Dieu ; lises le plus souvent que vous pourres, mais peu a la
fois et avec devotion. Aymes tous-jours mon ame qui cherit tres parfaitement [13] la vostre.
Resalues monsieur vostre mary87 de ma part, et l'asseures que je suis son serviteur.
Je vous respons a part, en la feuille ci-jointe88, a la demande que vous m'aves faite pour la
dame vefve89, affin que, si vous voules, vous puissies monstrer ma response ; et suis
invariablement, ma tres chere Fille, tout vostre et
Vostre serviteur plus humble,
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur une copie conservée à la Visitation d'Annecy.
_____
MXCIII. A la même. Vengeances et réparations. Quelle doit
être l'attitude d'une personne honorable en face des diffamations,
et le meilleur moyen de répondre aux chansonneurs. Dieu
protège l'honneur des gens de bien
23 juin 1615 90.
Madame,
Je respons a vostre derniere demande, en peu de paroles, que je n'ay pas changé d'advis
despuis que j'escrivis l'Introduction a la Vie devote91 ; au contraire, je me voy tous les jours affermi
en mon sentiment pour ce qui regarde le support des injures. La passion, a l'abord, nous fait tous-
jours desirer des vangeances ; mais quand nous avons un peu de crainte de Dieu, nous n'osons pas
les appeller vangeances, ains nous les nommons reparations.
Que cette bonne dame92 me croye, et qu'elle n'entre point en terme de proces pour ces
chansons, car ce ne seroit que multiplier le mal, en lieu de l'estouffer. Jamais [14] une femme qui
a le vray fondement de l'honneur ne le peut perdre ; nul ne croit ces infames diffamations, ni ces
chansonneurs : on les tient pour des meschans. Le meilleur moyen de reparer les ruines qu'ilz font,
c'est de mespriser leurs langues qui en sont les instrumens, et de leur respondre par une sainte
modestie et compassion.
Mays sur tout, certes, il n'y a point d'apparence que ce pauvre diffamateur se sousmettant
a reparer autant qu'en luy est l'injure, au jugement des parens, on aille prendre cet autre biais de
playdoyeries, c'est a dire de labirinthes et abismes de conscience et de moyens. Or, je ne
desappreuverois pas qu'il confessast sa faute, declairast son animosité et demandast l'oubly ; car
encor qu'il soit de peu d'authorité, ayant commis cet acte, si est ce pourtant que c'est tous-jours
quelque sorte de lumiere pour l'innocence, de voir ses ennemis luy faire hommage. Mays, plustost
que de venir par proces, elle devroit faire tout autre chose. J'ay une recente experience de la vanité,
ou plustost du dommage que les proces apportent en ces occasions, en une des plus vertueuses
dames du Maconnois93, qui s'est infiniment mal treuvee d'avoir quitté mon advis pour suivre
87 Noble Charles-Sébastien Autherin, seigneur de la Croix et de Césarches, fils de Claude de Pradel Autherin et de
Polixène Veillet. Il mourut le 16 novembre 1654, laissant plusieurs enfants. (Cf. tome XV, note (1011), p. 357.)
88 Epist. seq.
89 Impossible de découvrir son nom.
90 Pour la date de cette lettre, voir ci-dessus, note (82), p. 12.
91 Partie III, ch. VII.
92 Voir le dernier alinéa de la lettre précédente.
93 D'après la copie qu'à défaut de l'Autographe nous reproduisons ici. on voit que la lecture a fait hésiter entre de ma
connoissance et du Maconnois. Toutefois, nous croyons devoir préférer cette dernière leçon ; et de fait, la vertueuse
35/355

4.6 Page 36

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l'impetuosité de la passion de ses parens. Croyés moy, ma chere Fille, l'honneur des gens de bien
est en la protection de Dieu, qui permet bien quelquefois qu'on l'esbransle pour nous faire exercer
la patience, mais jamais il ne le laisse atterrer, et le releve soudain.
Vivés toute a Dieu, pour lequel je suis, Madame,
Vostre humble serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
Veille de saint Jean.
A Madame de la Croix d'Auterin.
Revu sur une copie conservée à la Visitation d'Annecy. [15]
_____
dame pourrait bien être Mme de Grandmaison, que le Saint avait dû consoler contre des pasquins calomnieux. (Voir le
tome précédent, Lettre CMXXX, p. 95.) Elle habitait le Mâconnais, dont son mari était gouverneur. (Voir tome XV,
note (806), p. 284.)
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4.7 Page 37

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MXCIV. Au Cardinal Denis-Simon de Marquemont Archevêque
de Lyon94 (Fragment). L'intention de saint François de Sales en
fondant un nouvel Ordre de Religieuses. Quelle doit être leur
unique prétention.
Annecy, [juin] 1615 95.
……………………………………………………………………………………………………..
C'est pour donner a Dieu des filles d'orayson et des ames si interieures, qu'elles soyent treuvees
dignes [16] de servir sa Majesté infinie et de l'adorer en esprit et en verité96. Laissant les grans
Ordres des-ja establis dans l'Eglise honnorer Nostre Seigneur par d'excellens exercices et des
vertus esclattantes, je veux que mes filles n'ayent autre pretention que de le glorifier par leur
abbaissement ; que ce petit Institut de la Visitation soit comme un pauvre colombier d'innocentes
colombes, dont le soin et l'employ est de mediter la loy du Seigneur97, sans se faire voir ni entendre
dans le monde ; qu'elles demeurent cachees dans le trou de la pierre et dans le secret des mazures98,
pour y donner a leur Bienaymé vivant et mourant, des preuves de la douleur et de l'amour de leurs
cœurs, par leur bas et humble gemissement99… [17]
_____
94 Denis-Simon, né à Paris le 1er octobre 1572 de Marie Rouillard et de Denis-Simon de Marquemont, secrétaire du
Roi et receveur des tailles de Paris, alla à Rome en octobre 1595. Il y avait suivi, en qualité de secrétaire, le duc de
Luxembourg et Jacques Davy du Perron, alors évêque d'Evreux, envoyés auprès de Clément VIII pour le remercier
de l'absolution accordée à Henri IV. Nommé bientôt après auditeur de Rote pour la France, il accompagna à Florence
M. de Sillery, chargé de négocier le mariage du Roi avec Marie de Médicis. L'Archevêque de Lyon, Claude de
Bellièvre, étant mort le 26 avril 1612, il obtint son siège, en prit possession par procureur le 1er février 1613, et en
personne, le 9 mars suivant. A la séance d'ouverture des Etats généraux, le 27 octobre 1614, Mgr de Marquemont eut
l'honneur de haranguer Louis XIII, et, deux mois après, celui de présider l'Assemblée du Clergé. Nommé en 1617
ambassadeur de France près le Saint-Siège, il reçut la pourpre, avec le titre de la Très Sainte Trinité in Pincio (19
janvier 1626), et mourut très pieusement à Rome le 16 septembre de la même année. On l'inhuma dans son église
cardinalice où l'on peut lire encore sa louangeuse, mais véridique épitaphe.
Ce fut un grand évêque. Sa science du droit, l'habitude des affaires, le crédit dont il jouissait à la cour
pontificale et à celle de France, servirent à souhait son cœur d'apôtre, qu'une piété tendre et agissante inclinait à toutes
les initiatives généreuses. Il eut sa part, et non la moindre, croyons-nous, dans cet admirable essor de rénovation
religieuse qui, dans les premières années du xvne siècle, fixa ou restaura les traditions chrétiennes de l'Eglise de Lyon.
C'est sous ses auspices, avec ses encouragements, que la ville et le diocèse se peuplèrent de nouveaux monastères et
que les anciens Instituts, débilités par les troubles et les guerres du siècle précédent, reprirent leur vigueur première.
On sait que Mgr de Marquemont eut de grandes relations d'amitié avec l'Evêque de Genève, et que son nom
demeure étroitement lié à l'histoire de la Visitation. La suite de la correspondance du Saint nous fournira l'occasion
de dire, avec plus d'exactitude qu'on ne l'a fait peut-être jusqu'ici, les circonstances qui amenèrent son intervention, et
en quel sens celle-ci modifia les destinées de tout l'Institut. (D'après Ciaconius, Hist. Pontif. et Card., tome IV ;
Péricaud, Notes pour servir à l'Histoire de Lyon, 1846, etc.)
95 « Je me souviens, » disait un jour à ses Filles sainte Jeanne-Françoise de Chantal, « que le Cardinal de Marquemont,
ayant demandé un jour à notre glorieux Père quelle intention il avait en fondant une nouvelle Religion de filles, puisque
déjà on en comptait un si grand nombre, notre aimable Saint lui répondit promptement : « C'est pour donner à Dieu,
» etc. (Sainte J.-F. Frémyot de Chantal, sa Vie et ses Œuvres, Paris, Plon 1875, tome II, p. 186.)
Cette réponse, que nous donnons ici, a dû être écrite, car autrement la Sainte ne l'aurait pu retenir si
parfaitement. D'ailleurs, nous savons que le Bienheureux lui communiquait souvent les lettres qu'il envoyait à Lyon
et qu'elle en prenait copie. Mais en admettant que cette réponse ait été faite de vive voix, on pourrait la dater des
derniers jours de juin.
96 Joan., IV, 13, 34.
97 Is., XXXVIII, LIX, 11.
98 Cant., II, 14.
99 Sa Sainteté Pie X, dans le Bref du 13 décembre 1909, donné à l'occasion du troisième centenaire de l'établissement
de l'Ordre de la Visitation, commente admirablement ces paroles du Fondateur.
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4.8 Page 38

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MXCV. A la Mère de Chantal, a Lyon. Le gouverneur de Lyon,
commensal et ami du Saint. L'union des âmes les rend
présentes l'une à l'autre. Annonce d'un sermon d'amour
Lyon, [2 juillet 1615 100.]
Le billet d'hier ainsy entrecouppé m'anonça bien quelle estoit mon ame. Hé, vive Jesus, et
mon ame vivra ! [17]
Monsieur d'Alincourt101 soupa hier ceans et y demeura jusques pres d'onze heures, resolu
de venir au sermon ce matin102, que je ne pensois estre qu'un sermon particulier. Ce soir je seray
aupres de vous et de nos Seurs, marri plus quil ne se peut dire que mon loysir s'en aille ainsy.
Pour Dieu, ma tres chere Mere, tenons nostre cœur en suavité, tous-jours inseparablement
present a soy mesme, puisque l'extraordinaire unité dont Dieu l'a doué peut bien faire ce coup, et
que la necessité du service de sa gloire requiert que nous employons cette grace a cela. O Seigneur,
a qui tout est present103, donnes a nostre esprit une telle presence de soy mesme comme vous luy
aves donné un'unité, affin quil vive autant consolé quil est requis pour vous bien servir en vostre
presence, Seigneur, et en la sienne de soy mesme. VIVE JESUS ! Amen.
Je m'en vay faire un sermon d'amour, le plus ardemment que je pourray.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Nancy. [18]
_____
100 La date de ces lignes est prouvée par les allusions qu'elles renferment. (Voir les deux notes suivantes.)
101 Charles de Neufville, marquis d'Alincourt (voir le tome précédent, note (831), p. 258). Saint François de Sales était
arrivé à Lyon le 28 juin (cf. ci-dessus, notes (83), (84), p. 13.) L'Archevêque, « accompagné de plusieurs Comtes » et
des principaux personnages, s'était porté au devant de lui et, dit Charles-Auguste (Histoire, etc.. liv. VIII), « aprés les
compliments faicts d'un costé et d'autre, le conduisit et receut tres-magnifiquement. Ce bien-heureux Evesque, »
ajoute-t-il, « fut tres-splendidement traicté et honnoré de la ville, prescha le jour de sainct Pierre et de sainct Paul,
confera avec ces bonnes dames et damoiselles qui desiroient d'embrasser l'Institust de la Visitation, conclut avec le
Reverendissime Archevesque d'eriger une Congregation à Lyon, et en fin jura une tres-saincte et tres-estroicte amitié
avec ce grand Prelat, qui ne luy permit point de se retirer qu'avec regret. »
Pour faire honneur à son hôte, Mgr de Marquemont invitait à sa table le premier personnage de la cité, et c'est
sans doute pour prolonger le charme qu'il goûtait en la compagnie d'un tel Saint, que le gouverneur de Lyon s'invitait
au sermon mentionné dans la présente lettre.
102 Le 2 juillet, fête de la Visitation, l'Evêque de Genève prêcha pour la vêture de Sœur Françoise-Jéronyme de Villette.
Nous savons par l'Année Sainte (tome VIII, p. 114) qu'il dit dans cette circonstance « des choses admirables sur l'état
religieux. » Ne serait-ce pas le « sermon particulier, » le « sermon d'amour » auquel M. d'Alincourt eut la pieuse
curiosité d'assister ? Rien de plus vraisemblable.
103 Cf. Heb., IV, 13.
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MXCVI. A la même, a Lyon (Billet inédit). Mémoire et visite
pour une affaire
[Lyon, 1er -9 juillet 1615 104.]
Il ny a pourtant remede ; on me dit quil faut que je presente le memorial, puys on me dit
quil ne faut pas l'attendre. Or sus, j'iray aujourdhuy voir ce seigneur105 : Dieu y mette sa main.
C'est l'escrit mesme que je donnay a M. Sedite106, quil faut faire voir et corriger.
Revu sur l'Autographe qui appartenait aux RR. PP. Missionnaires
de Saint-François de Sales, à Annecy.
_____
MXCVII. A la même, a Lyon. Annonce d'un départ et d'une
visite
[Lyon, 1er-9 juillet 1615 107.]
Ma tres chere Mere,
Avec mille bonsoir (sic), je vous avertis du depart du [19] P. Cordelier108, qui sera demain
un'heure devant jour ; si vous aves escrit, je feray le memorial. Mays en attendant, conserves vous,
je vous en supplie, ma tres chere et tres bonne Mere, que je verray, Dieu aydant, demain.
Bonsoir, ma tres chere Mere. Nostre Seigneur soit a jamais au milieu de nostre unique
cœur. Amen.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Poitiers. [20]
_____
104 Le « memorial » mentionné dans ces lignes faisait peut-être partie des pièces exigées pour la fondation du
Monastère de Lyon, et c'est à Lyon même, quand ils s'y trouvaient tous deux dans la première quinzaine de juillet
1615, que les Fondateurs durent se concerter pour rédiger et présenter ce document. C'est la seule conjecture qui nous
permette de dater ce billet et le suivant avec quelque probabilité.
105 Serait-ce M. d'Alincourt, gouverneur de Lyon ? (Cf. note (101) de la page précédente.)
106 Impossible d'identifier ce personnage, qui paraît être un secrétaire ou un official chargé d'enregistrer les actes.
107 Ici encore il est question d'un « memorial » ; ce billet a dû suivre à un jour près celui qui précède. Du reste, en
confrontant l'écriture, on retrouve dans les deux les mêmes caractères et le même mouvement de la main.
108 Ce Religieux ne nous est pas connu : peut-être devait-il se rendre à Annecy.
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4.10 Page 40

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MXCVIII. Au Supérieur d'une Communauté. Charité
compatissante du Saint en faveur d'un Religieux expulsé de son
Ordre
Annecy, 13 juillet 1615 109.
Mon Reverend Pere,
Le Frere N. vint a moy au plus fort de son affliction110, et puis dire qu'il estoit plus mort
que vif, tant sa desolation estoit extreme ; et je me resouvins de Celuy qui111 linum fumigans non
extinguit, et quod confractum est non conterit112. Il me presenta ses patentes de [20] demission,
ejection et expulsion de l'Ordre, et, par ses larmes, impetra aysement de moy le sejour de quelques
semaines en ce diocese, pendant lesquelles je fus a Lion pour y visiter Monseigneur l'Archevesque,
chez lequel le R. P. V. me parla. Et pour dire ma pensee, il me parla selon mon cœur, car il me
recommanda ce pauvre homme, prestre et lié par les vœux de Religion, affin qu'il fust aucunement
consolé.
Despuis, je fis encor plus volontier ce que je voulois faire en charité autour de cette ame.
Mais, mon Reverend Pere, ç'a tous-jours esté avec cette reserve, qu'elle respecteroit et honnoreroit
en toutes occurrences vostre Ordre, et se comporteroit humblement envers tous ceux qui en sont.
Et sur vostre advertissement, je tiendray encor plus fortement la main sur luy pour cela, tandis qu'il
demeurera dans mon diocese, ne desirant rien tant que de donner satisfaction aux Religieux, et
particulierement a ceux de vostre condition.
Mays, mon Reverend Pere, vous me proposes le retour de cette brebis en vostre parc. Je croy
qu'elle ne desireroit pas mieux, et sur tout, s'il vous plaisoit de l'asseurer que vous favoriseries sa
bonne intention de quelque doux accueil et de quelque moderation en la penitence que
peut estre vos Constitutions ordonnent a ceux qui reviennent. Que si vous prenes le soin de me
tenir adverti de vostre volonté pour ce regard, je coopereray a ce bon œuvre de tout mon cœur ;
duquel vous saluant bien humblement et vous souhaittant toute sainte benediction, je demeure,
Mon Reverend Pere,
Vostre tres humble frere et serviteur en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
D'Annessi, ce 13 julliet… [21]
_____
109 L'édition de 1641 date cette lettre de 1618, mais à tort ; c'est seulement en 1615 que le Saint fit un séjour un peu
prolongé à Lyon. L'erreur est facile à la lecture, entre 1615 et 1618.
110 Le Religieux qui inspirait de la compassion au Bienheureux habitait très probablement un monastère voisin du
diocèse de Genève ; il venait d'en être chassé, puisqu'il était « au plus fort de son affliction » en abordant le saint
Evêque. Alors comme aujourd'hui, les Dominicains, Capucins, Cordeliers, Chartreux, Minimes, Feuillants, etc.,
recevaient l'appellation de « Frères », même quand ils étaient prêtres et profès. Malgré de nombreuses recherches, il
ne nous a pas été possible de découvrir à quel « parc » appartenait la « brebis » égarée, et, par conséquent, de désigner
le destinataire de cette lettre.
111 n'éteint pas la mèche encore fumante et qui ne broie pas ce qui est brisé.
112 Is., XLII, 3 ; Matt. XII, 20.
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5 Pages 41-50

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5.1 Page 41

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MXCIX. A la Mère de Chantal, a Lyon. Le retour de l'Evêque
de Genève à Annecy ; la présidente Le Blanc l'accompagne à
Saint-Priest. Mme de Travernay à l'article de la mort ; une
petite histoire villageoise
Annecy, 14 juillet 1615.
Par cette premiere commodité, je vous rens conte de nostre voyage, ma tres chere Mere.
Certes, quand Monsieur l'Archevesque me laissa113, il me tesmoigna beaucoup d'amitié. Or, je
cultiveray la faveur que ce grand Prelat me fait, le plus soigneusement qu'il me sera possible.
Nous vinsmes donq ce jour-la a Saint Prix114, et tous-jours avec la bonne madame la
Presidente [Le Blanc] qui m'ouvrit son cœur, autant que l'occasion le luy permit, fort franchement.
C'est un bon cœur, en verité, et auquel je souhaitte beaucoup de vraye prosperité. Elle a grand
besoin d'estre assistee et appuyee bien doucement, pour la multitude des travaux que la vivacité de
son esprit luy donne, qui ne cesse guere de luy fournir des motifz pour aggrandir son mal115. Elle
demanda congé a Monseigneur l'Archevesque d'entrer vers vous, lequel le luy accorda, et luy
donna mesme esperance de luy permettre d'y coucher116. Quand cela arrivera, aydés-la bien, ma
[22] tres chere Mere, car elle le merite et en a besoin. Si elle vient icy l'annee prochaine, comme
elle en a fait le dessein117, alhors nous aurons plus de moyens de la bien consoler. Je vous escriray
un petit billet a part affin qu'elle le voye, ayant bien du desir qu'elle sache que je la cheris et estime,
pour la plus grande gloire de Dieu.
J'arrivay samedy a Sessel118, ou je preschay le dimanche matin, et vins coucher en cette
ville, et treuvay a mon arrivee nouvelles que madame de Treverney119 estoit en l'article de la mort.
Je partis hier de grand matin pour luy rendre mon dernier devoir, puisqu'elle estoit de mes filles.
A mon arrivee, elle s'eslança a mon col avec une joye bien extraordinaire a son humeur
melancholique, elle qui jamais ne me fit aucune caresse. En somme elle se remit tellement,
qu'encor que je ne pense pas qu'elle la fasse longue, si est-ce que je pense qu'elle vivra encor
plusieurs jours120.
Elle se confessa derechef a moy, pour sa consolation et non par necessité, car elle avoit
receu le jour precedent tous ses Sacremens, et mesme l'Extreme Onction, et fit la plus absolue
indifference que j'aye jamais veuë ; car ses domestiques et voysins la pressant de faire des vœux
pour guerir, jamais elle ne voulut, mays dit que ce que Dieu feroit luy seroit le plus aggreable et
qu'elle ne voudroit pas, par le moindre desir dû monde, demander a Dieu ni la vie ni la mort, luy
113 L'Archevêque de Lyon semble avoir accompagné le Saint jusqu'à sa première étape, et très probablement, ce fut le
vendredi, 10 juillet.
114 Saint-Priest, à douze kilomètres de Lyon.
115 Parmi les dames de qualité qui visitèrent la Mère de Chantal à Lyon, la femme du président Pierre Le Blanc de
Myons fut la première à lui découvrir son cœur. En possession de tous les avantages qui semblaient devoir lui assurer
une vie heureuse, elle en était venue, dit la Mère de Chaugy, à de tels ennuis intérieurs, qu'elle « soupiroit de jalouzie
sur le bonheur des bergers. » Mais, « des que cette bonne dame heut descouvert son ame a nostre unique Mere et,
quelque temps apres, a nostre bienheureux Pere quy fust faire un voyage a Lion, ces ingenieuses mains osterent de
son cœur toutes ces ronces. » (Hist. de la Fondation du Monastère de Grenoble.)
116 La Présidente dut profiter de la permission, car l'annaliste ajoute (ibid.) : « Comme elle demeuroit pour lors en l'un
de ses chasteaux aux champs, proche de Lion, et que la cloture n'estoit pas establie, nostre Institut n'estant encore
reduict en Religion formelle, elle alloit souvent raviver le feu de son amour divin en nostre Monastere, avec tant de
consolation, qu'elle se beignoit en toutes les pratiques de la vie religieuse... ainsy qu'une novice. »
117 Il semble que ce voyage à Annecy n'eut pas lieu, et sans doute par cause de maladie : au mois de septembre 1616,
la Mère de Chantal parle en effet à la Mère Favre (Lettres, 1877, vol. I, p. 140) d'une maladie de « Sœur Barbe-Marie.
» C'est ainsi que se faisait appeler Mme Le Blanc.
118 Samedi, 11 juillet, à Seyssel sur le Rhône.
119 Péronne de Montfalcon, dame de Travernay (voir tome XIV, note (955), p. 332).
120 Les prévisions du Saint furent dépassées ; la malade survécut plusieurs années à son bienheureux Père spirituel,
mais sans doute grâce à ses prières, qui parurent miraculeusement efficaces aux médecins eux-mêmes.
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5.2 Page 42

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laissant sans reserve sa vie entre ses mains, pour en faire a son gré ; et ce qu'il [23] luy plairoit
seroit aussi ce qu'elle vouloit. Mais elle disoit cela si fermement, que je voyois clairement que
c'estoit tout de bon que ce luy estoit tout un. Et, bien qu'elle dist que sa Françon, ma filleule121, luy
touchoit un peu le cœur parce qu'elle estoit encor si petite, neanmoins elle adjoustoit, non
seulement avec force, mays avec tendreté, que si Dieu la retiroit, il sçavoit bien ce qu'il feroit de
cette fille, et que, pour elle, elle ne vouloit nullement desirer de vivre, sinon tout ainsy que Dieu
le voudroit. En somme, je luy dis ce que je sceu, et tout a son gré. Je la laissay en paix, sans
apparence de mal, sans plainte, sans tesmoigner aucune sorte de passion, sinon de revoir son
mary122, qui estoit la seconde chose qu'elle avoit desiré avant son trespas. Ces petites histoires
villageoises me playsent et m'edifient, et c'est pourquoy je vous les raconte.
J'escris a Monseigneur l'Archevesque par honneur.
Ma tres chere Mere, je suis, comme vous sçaves vous mesme, tout vostre, sans reserve ni
difference quelcomque. Vivés toute genereusement et noblement joyeuse en Celuy qui est nostre
unique joye. Je salue du fond de mon cœur ma tres chere fille ma Mere et mes cheres Filles123,
avec nos cheres Novices124, entre lesquelles je cheris particulierement ma Sœur Françoise
Hieronime ma cousine, parce qu'elle est la cadette de Lion.
A Dieu, ma tres chere Mere, le doux Jesus soit a jamais nostre vie. Amen.
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 14 julliet 1615.
_____
MC. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de Montpellier125
(Inédite). L'importunité des grandes villes. La paix après la
guerre : courage militaire des princes de Savoie et de la noblesse
savoyarde ; force veuves et orphelins.
Annecy, 15 juillet 1615.
Monseigneur,
Convié par Monseigneur l'Archevesque de Lion, j'ay esté aupres de luy ces jours passés126,
et pensois bien de la vous bayser les mains, comme je fay maintenant tres humblement par lettre ;
mais je n'en eus jamais le loysir, a cause de l'empressement des visitari et visitare. Certes, ces
grandes villes sont importunes pour cela, au moins pour les pauvres villageois comme moy, qui
n'y sont pas accoustumés. Mais, si je n'ay peu vous escrire, je n'ay pas laissé de parler souvent de
vous avec ce digne Prelat, qui certes tesmoigne de vous honnorer et estimer grandement ; en quoy
je prenois grand playsir, comme vous pouves penser.
Au reste, nous voyci dans la paix, graces a Dieu, que je supplie la vouloir rendre longue et
121 Anne-Françoise, fille cadette de Mme de Travernay. (Voir tome XV, note (945), p. 332.)
122 Probablement, Balthazard de Mouxy, seigneur de Travernay, se trouvait encore en Piémont, où il avait été occupé
à la guerre. (Cf. le tome précédent, note (839), p. 260.)
123 Les Sœurs Favre, de Chastel et de Blonay.
124 Sœur Marie-Renée Trunel et Sœur Françoise-Jéronyme de Villette ; celle-ci sera plus tard destinataire. (Cf. ci-
dessus, les notes (61), (102) des pp. 4, 18.)
125 Voir tome XIV, note (47), p. 4.
126 Voir ci-dessus, note (101), p. 18.
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heureuse127. La guerre a esté courte, mais aspre tout ce qui se peut128, [25] et ou Son Altesse et les
Princes ses enfans ont fait paroistre leur vertu originaire des anciens Amé et Thomas129. Nous y
avons perdu plusieurs braves gentilz-hommes savoyards130, car nostre nation a esté la plus
employee et s'est grandement signalee en cette occasion ; de sorte que nous avons force vefves et
orphelins, desquelz les vœux rendront la paix durable.
Je prie la divine Bonté qu'elle vous comble de ses plus cheres faveurs, et suis
immortellement,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant frere et serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
15 julliet 1615, Annessi.
Revu sur une ancienne copie, conservée à la Visitation de Montpellier. [26]
_____
MCI. A M. Antoine des Hayes131. Pourquoi le jeune des Hayes a
fini par se ranger à la discipline. Ce qu'il faudra faire s'il ne
persevère pas. Tendresse et sollicitudes du Saint pour le fils
de son ami. Eloge du prince de Piémont.
Annecy, 15 juillet132 1615.
Monsieur,
Convié par Monseigneur l'Archevesque de Lion, j'ay esté ces jours passés aupres de luy,
ou je pensois treuver le loysir de demy heure pour vous escrire ; mays je ne sceu onques gaigner
cela sur la multitude des visites et de quelques autres occupations qui me furent donnees, outre
quelques predications. Maintenant je repare la faute, et vous diray hardiment le mal apres la
guerison.
127 La paix, ménagée surtout par la cour de France et négociée par le marquis de Rambouillet, son ambassadeur
extraordinaire, venait d'être signée le 21 juin, par le duc de Savoie et les mandataires de la France, de l'Angleterre et
de la République de Venise ; le lendemain, le marquis d'Ynoyosa, au nom de Philippe III, adhérait aux conditions du
traité. Celui-ci fut bientôt rompu ; l'Espagne et le duc de Mantoue n'en ayant pas rempli les clauses, Charles-Emmanuel
reprit les armes en 1616.
128 Elle avait duré deux mois, et pendant six semaines, depuis le 12 mai, date de la première journée d'Asti (voir le
tome précédent, note (1187), p. 366), jusqu'à la signature de la paix, 21 juin, à peine y avait-il eu suspension d'armes.
Même à partir de la seconde bataille d'Asti (20 mai), on combattit nuit et jour, sauf les trois fêtes de la Pentecôte, 7, 8
et 9 juin. (D'après la plaquette intitulée : Vera e succinta relatione de i successi tra le due armate di Spagna e Savoia
quest'anno 1615, sino che fit conclusa la pace. In Torino, per Luigi Pizzamiglio... 1615.)
129 Charles-Emmanuel paya beaucoup de sa personne pendant la guerre. Au combat d'Asti, il eut un cheval tué sous
lui, et un autre qu'il s'apprêtait à monter eut le même sort ; le matin même du jour où fut signée la paix, il incendia les
gabions ennemis. (Ibid.)
Ses deux fils, le prince Thomas-François, tige des princes de Carignan, et Victor-Amédée, qui devait succéder
à son père, se firent non moins remarquer par leur vaillance, en dignes descendants des comtes de Savoie, leurs
ancêtres, dont ils portaient les noms : Thomas (1188-1232), Amédée V (1285-1323) et Amédée VI (1343-1383),
connus dans l'histoire de la dynastie par leurs faits d'armes et leur valeur militaire.
130 On peut citer Louis de Seyssel, baron du Châtelard (voir le tome précédent, notes (1127), p. 346, (1152), p. 355, et
ci-après, note (142), p. 30).
131 Voir tome XII, note (573), p. 251.
132 Vivès et Migne, après Hérissant (Opuscules, 1767, tome IV, p. 60) datent cette lettre du 5 juillet, mais à tort. Elle
est écrite d'Annecy, or le Saint ne partit de Lyon que le 9 ; le soir du 12, il coucha à Annecy. La mention de « ces jours
passés » fait croire que ces lignes sont du 15 juillet.
43/355

5.4 Page 44

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Nostre filz133 a eu fort affaire a se ranger a la discipline du college, et luy estoit bien advis
que cela estoit contraire a sa reputation. La racine de son mal est en une certaine grace qu'il a de
gaigner les espritz et tirer les cœurs a soy, lesquelz par apreès le tirent a eux et luy donnent telles
impressions qu'ilz veulent. Il a eu pour cela prou de disputes avec ses maistres, qui le vouloyent
empescher de sortir et de prendre des libertés contraires aux regles du college. Et je l'ay encor plus
souvent reprimandé ; en quoy il m'a extremement obligé, par le sentiment qu'il a tesmoigné d'estre
marry de me desplaire, si que, en fin, pour l'amour de moy, il commence fort a se bien ranger ; et
par ce moyen, il tireroit encor mon cœur a soy, s'il ne luy estoit des-ja tout acquis. [27]
S'il persevere, nous aurons occasion de nous en contenter ; s'il ne le fait pas, il faudra user
de l'un de ces deux remèdes : ou bien le retirer dans un college un peu plus fermé que celuy ci, ou
bien luy donner un maistre particulier, qui soit homme et auquel il rende obeissance134. Car en fin,
cet enfant est vostre unique, et certes, grandement aymable ; neanmoins, le voyla en ses annees
perilleuses, que la nourriture de page rend encor plus dangereuses. Mays il ne se faut point lasser
de bien cultiver cette plante, car elle rendra sans doute de tres bons fruitz.
Il ne se peut dire combien nous sommes grans amis, ni combien il me respecte : cela, avec
un maistre particulier, suffira pour le bien conduire, si par adventure il ne perseveroit pas. Mais
j'espere qu'il le fera, car les Peres Barnabites et M. Peyssard135 m'asseurent grandement qu'il
observe maintenant fort exactement ce qu'il m'a promis. Je vous supplie de luy escrire que je vous
ay tesmoigné du contentement de luy, affin de luy donner courage de continuer.
La grande peyne que j'avois de luy, c'est a cause de l'eau, sur laquelle il se plaist
extremement ; et je craignois qu'il ne se pleust encor de se mettre dedans pour se baigner en
quelque endroit dangereux, parce que toutes les annees il s'y perd quelqu'un. Mais il m'oblige
infiment en cela, car il ne s'y met point. En somme, sachés, je vous supplie, Monsieur, que cet
enfant m'est cher comme mes yeux, et que, de son costé, il paternise excellemment a m'aymer ; et
si, j'espere que, passé ces annees perilleuses, on le verra encor paterniser en plusieurs autres
conditions, Dieu aydant. [28]
Nous avons la paix, graces a Nostre Seigneur136. Playse a sa divine Majesté qu'elle dure, et
qu'elle donne ouverture a quelque bonne intelligence et alliance pour le Prince de Piemont137, qui
est le plus sage, le plus courageux et le plus devot prince qui ayt esté il y a long tems.
J'escris sans aucun loysir ; c'est pourquoy je prendray la confiance de ne point escrire a
madame ma tres chere fille138, a laquelle indivisement avec vous, Monsieur, je souhaitte mille et
mille benedictions, demeurant pour jamais
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS E. de Geneve.
Annessi, le… julliet 1615.
A Monsieur
[Monsieur] des Hayes,
Conseiller et maistre d'hostel du Roy,
Gouverneur et Baillif du chasteau et ville de Montargis.
133 Louis des Hayes (voir le tome précédent, note (1112), p. 340, et p. 354).
134 Le jeune homme retourna à Paris à la fin de l'été de 1617.
135 M. Peyssard, « regent de la tierce classe du college » à la date du 1er mai 1607 (Reg. par. d'Annecy), reçu bourgeois
d'Annecy le 22 décembre suivant, avec son frère Thomas, chanoine de Notre-Dame, était encore chargé de la régence
le 14 octobre 1613. (Ibid. et Reg. des Délibérations municip.) Le 9 juin 1632, il dépose en ces termes au Procès du
Saint : « Je m'appelle Anthoyne, filz de feu Eustache Peyssard et de Michielle Jacquier, natif de Montlardier, parroesse
du Chastelard en Bauges, aagé de 60 ans. Ma profession a esté d'enseigner la jeunesse, comme je faict au college
d'Annessy. » (Process. remiss. Gebenn. (I), ad. 2um interrog.)
136 Voir ci-dessus, note (127), p. 25.
137 Victor-Amédée de Savoie, dont le mariage avec Marie-Christine ou Chrétienne de France, fille de Henri IV, fut
célébré le 10 février 1619. (Voir ci-après, note (199), p. 45.)
138 Marie Chapelle, femme du destinataire. (Voir tome XIV, note (552), p. 185.)
44/355

5.5 Page 45

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MCII. A Madame de Travernay139 (Inédite). Paternel intérêt pour
une jeune veuve malade, nièce de la destinataire.
Annecy, fin juillet ou commencement d'août140 1615.
J'ay de rechef beaucoup de consolation, ma tres chere Fille, de vous voir si contente aupres
de ce cher mari, [29] qui me fait beaucoup d'honneur de m'aymer, quoy que je ne le merite
nullement, si ce n'est par la fidele affection que je vous ay a tous deux.
Mays je suis, certes, grandement en peine de la maladie de madame du Chatelart141, a
mesure que je la cheris tendrement et d'un cœur vrayement paternel, selon qu'elle me fait lhonneur
de se nommer ma fille. Ces fievres continues sont tous-jours dangereuses, et mesme en une
personne attristee142. J'espere neanmoins que le benefice de nature qu'ell'a eü apres une si longue
retention, luy sera salutaire et que, moyennant les remedes que ce bon medecin, qui est fort
experimenté143, luy appliquera, le mal ne passera pas le septiesme, Dieu aydant, lequel nous
prierons ardemment pour elle.
Qu'a jamais son saint nom soit beni. Amen.
Je suis, Madame ma tres chere Fille,
Vostre plus humble tres affectionné compere et serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
………. 1615.
A Madame
Madame de Treverney.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Amiens. [30]
_____
139 Péronne de Montfalcon, femme de Balthazard dé Mouxy, seigneur de Travernay. (Voir tome XIV, note (955), p.
332.)
140 Par suite d'une déchirure, le mois et le quantième ont complètement disparu de l'Autographe ; il n'y reste que la
date de l'année. Quand saint François de Sales traça ces lignes, la destinataire se trouvait auprès de son mari ; or, le 13
juillet M. de Travernay était absent, comme l'écrivait le lendemain le Bienheureux à la Mère de Chantal. (Voir ci-
dessus, note (122), p. 24.) D'autre part, on voit par une lettre du 27 août 1615 à la Sœur de Bréchard , que Mme du
Châtelard songeait à prendre le voile de la Visitation. La présente lettre doit avoir été écrite avant cette date, et ainsi
se justifie celle que nous lui attribuons.
141 Jacqueline de Chauvirey, baronne du Châtelard, nièce de la destinataire. (Voir le tome précédent, note (1127), p.
346, et la note suivante.)
142 Allusion au veuvage précoce de la baronne. Son mari, Louis de Seyssel, avait été blessé, non à Asti en juin, comme
le disent La Maison de Seyssel et l'Armorial de Savoie, mais le 20 avril 1615, lorsqu'après la bataille de Bestagno (19
avril), où les Espagnols furent vaincus, le duc de Savoie ramenant ses troupes vers Asti, rencontra l'ennemi dans un
passage difficile. Peut-être le blessé mourut-il en cette ville, où Charles-Emmanuel arriva avec son armée le 26 avril.
(D'après la plaquette citée plus haut, note (128), p. 25 ; cf. le tome précédent, notes (1127), p. 346, et (1152), p. 355.)
143 Peut-être Jean Grandis, médecin d'Annecy (voir tome XV, note (90), p. 20), que le Saint envoyait volontiers vers
les malades auxquels il s'intéressait particulièrement.
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5.6 Page 46

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MCIII. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de Montpellier
(Inédite). Les suites de la guerre pour les deux partis. « La
terre des tranchees » et « celle des tombeaux. »
Annecy, 4 août 1615.
Monseigneur,
Ce n'est que pour me tenir en mon devoir et pour mieux m'asseurer du desir que j'ay que ce porteur
vous bayse les mains de ma part, que je luy donne ces quatre lignes affin quil les vous presente.
Car, dequoy vous pourrois je entretenir maintenant ? Chacun, en ce païs, se repose pour un peu,
comme gens qui ne font que de sortir d'un grand travail, et tous-jours quelques uns prennent le
repos final dans la sepulture, pour les extremes incommodités quilz ont souffertes en la guerre144,
en laquelle il semble quilz n'ont pas eu le loysir de mourir, et qu'au premier tems qu'ilz ont de
relasche, ilz font ce devoir. Mais, ce qui console les miserables, c'est que de ceux qui furent nos
ennemis, il en meurt beaucoup davantage145, comme s'ilz n'estoyent sortis de la terre des tranchees
que pour reentrer en celle des tombeaux.
Je m'en vay cependant en Chablais pour quelques [31] semaines, ou les affaires de ces
quartiers la m'appellent146 ; mais je demeure par tout a jamais,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
4 aoust 1615, Annessi.
Revu sur une ancienne copie, conservée à la Visitation de Montpellier.
_____
144 La guerre entre la Savoie et l'Espagne pour la succession du Montferrat. Comme on l'a dit plus haut, elle avait été
suspendue par le traité de paix conclu à Asti le 21 juin. (Voir notes (127), (128), p. 25.)
145 Les maladies et l'insalubrité des eaux firent de sérieux ravages parmi les troupes espagnoles. D'après la relation
contemporaine que nous avons citée à la note (128), p. 25, l'armée de Philippe III aurait été réduite de 40.000 hommes
à 16.000.
146 Le Saint partit en effet vers le 18 août, pour négocier et préparer à Thonon l'établissement des Barnabites dans la
Sainte-Maison de Notre-Dame de Compassion. (Voir ci-après, note (201), p. 46.)
46/355

5.7 Page 47

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MCIV. A M. Etienne Dunant, Curé de Gex147. Recommandation
en faveur d'un catholique. Les mariages que l'Evêque de
Genève ne voulait pas autoriser.
Annecy, 14 août 1615 148.
Monsieur le Curé,
Cette remarquable qualité de catholique que ce porteur possede, me fait luy desirer du
contentement149. Je desirerois neanmoins quil en eut sans prejudice de ma parole, et ne doutant
point que les sieurs Gay150 et Choudens151 ne s'accommodent volontier a mon intention, je vous
prie de faire avec eux quilz associent ce personnage [32] qui, pour l'appuy quil aura de monsieur
de Siccard152 et de monsieur de la Faye153, pourra beaucoup pour rendre la ferme plus utile. Que
si ilz ne s'accommodent pas a mon desir, je vous prie de surseoir et me venir voir.
Pour le mariage, je ne voy ni petite ni grande apparence que je le puisse treuver bon ou
advoüer sans declaration de la fille. Et ne sert a rien de m'alleguer des exemples, car les Evesques
qui les permettent peuvent avoir plus d'authorité que je n'ay pas ; et comm'ilz ont, je m'asseure
bien, dequoy respondre de leurs actions, aussi respondray-je, comme j'espere, des miennes. Je ne
doute point que les mariages des catholiques et hæretiques ne soyent bons quand ilz sont faitz ;
mais de les permettre et faire benir, le Pape mesme ne le fait pas. Je sçai quil arrive des
consequences peu desirables, mays je m'arreste a mon devoir.
Atant, vous priant d'avoir tous-jours bon courage parmi ces petitz tracas, je supplie Nostre
Seigneur quil vous comble de ses graces, et suis,
Monsieur,
Vostre plus humble confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Monsieur
Monsieur le Curé de Gex.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Reims. [33]
_____
147 Voir tomes XIV, note (188), p. 65, et XV, note (198), p. 63.
148 Cette date, donnée dans les éditions précédentes, n'a pas été mise par le Saint à la fin de sa lettre, mais on la trouve
au verso de l'Autographe, de la main du destinataire ; elle est juste à un jour près, car si le quantième, 14, indique
seulement le jour où la lettre fut reçue, celle-ci aura été écrite très probablement le 13.
149 Il est difficile d'avancer un nom ; s'agirait-il d'un candidat qui postulait l'emploi de fermier du Croset et Maconnex
? (Voir tome XV, note (1151), p. 395.)
150 Sans doute, Rd Jean Gay (voir ibid., note (957), p. 337).
151 François de Choudens, notaire à Gex. (Voir tomes XIV, note (618), p. 212, et XV, note (959), p. 338.)
152 Magistrat catholique du pays de Gex (voir tome XV, note (956), p. 337).
153 De nombreuses familles ont porté le nom de la Faye dans la Franche-Comté, le Lyonnais, le Dauphiné, etc. Les
documents font défaut pour déterminer à laquelle de ces familles appartenait le personnage dont parle ici le Saint.
Peut-être pourrait-on proposer celle des Lériget de la Faye, seigneurs de Condé, Saconnay et Savigny.
Il est possible encore que le nom soit modifié et qu'il s'agisse de M. de Fay de Gerlande, chevalier de Malte,
visiteur du mandement de Croset et Maconnex en octobre 1614. (Voir tome XV, note (1149), p. 394, et note (1155),
p. 396.)
47/355

5.8 Page 48

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MCV. A la Mère de Chantal, a Lyon (Inédite). Des Tiercelines
de Toulouse en quête d'une direction ; difficulté pour la
Visitation de l'accepter. Expédient proposé pour contenter les
dames de Billom. Il vaut mieux refuser que d'entreprendre
témérairement
Annecy, 16 ou 17 août 1615 154.
Quelle presse, ma tres chere Mere ! Hier, bien tard, je receu vos lettres ; ce jourdhuy, jour
de mon depart, je tasche de respondre entre mille embarassemens.
Or sus, comme je pourray, je vay dire premierement, que ces bonnes dames155 seront les
bienvenues apres [34] la [Toussaint156,] que vous seres icy, si vous treuves bon qu'on les reçoive
154 Le contenu de la lettre indique qu'elle a été écrite en 1615, pendant le séjour de la Sainte à Lyon et parmi la presse
d'un départ pour Thonon. C'est en effet de cette ville que, le 19 août, le Bienheureux mande à la Mère de Chantal : «
Je m'asseure que vous aures meshuy receu la response que je « vous fis sur la venue de cette bonne Mere Isabeau, »
celle-là même dont il est question ici. Ce rapprochement entre les deux lettres justifie la date proposée.
155 Ces « bonnes dames » étaient des Tiercerettes de Toulouse dont il faut raconter l'histoire pour expliquer leur
présence à Lyon, à cette date. En 1609, sur la prière de quelques Toulousains, Isabeau de Romillon et sa fille Françoise
de Berthelier, qui menaient les exercices de la vie dévote à l'Isle-sur-Sorgues, près Avignon, vinrent à Toulouse. Il
s'agissait de fonder un Monastère de filles qui garderaient la Règle du Tiers-Ordre de Saint-François et d'y annexer
une maison de retraite pour des veuves qui voudraient vivre en communauté, sous l'invocation de Saint-Louis et de
Sainte-Elisabeth. Bientôt on trouva l'emplacement, d'excellentes recrues, un généreux fondateur, Guillaume de
Rességuier. (Voir note (157) de la page suivante.) Les autorisations de bâtir et d'ériger canoniquement le monastère
furent accordées au mois de juillet 1610 par le Roi, et le 29 octobre 1611, par le Pape Paul V. Le 28 avril 1612, le
fondateur prenait les charges de son titre par une donation de 20.000 livres, confirmée par un acte du 7 juin 1613.
Cette même année, M. de Nesmond, premier président du Parlement de Bordeaux, fit au couvent, déjà fondé et doté,
un don de 60.000 livres, à la faveur duquel il se porta comme fondateur, usurpation qui eut plus tard de grandes
conséquences.
Le monastère fut béni sous le nom de Saint-Louis et de Sainte-Elisabeth et les Religieuses reçurent celui de
Tiercerettes, ou Filles du Tiers-Ordre de Saint-François ; elles étaient une vingtaine, parmi lesquelles les cinq filles de
M. de Rességuier. Toutes allaient faire profession, lorsque, malgré les expresses réserves des deux fondatrices, les
Pères du Tiers-Ordre revendiquèrent comme un droit la direction de la Communauté. Les dames de Romillon et de
Berthelier se rendirent à Paris pour se défendre ; au mois d'août, elles étaient à Lyon avec quelques-unes de leurs
compagnes et le président de Rességuier. Préoccupée sans doute de laisser sa petite Communauté de Toulouse sans
direction, la Mère Elisabeth ou Isabeau avait demandé à sainte Jeanne-Françoise de Chantal de vouloir bien lui donner
une de ses filles pour conduire les Tiercerettes orphelines. Les pourparlers se continuèrent jusqu'au milieu de
décembre, mais sans aboutir. Alors les Religieuses toulousaines sollicitèrent de Louis XIII la permission d'embrasser
la Règle de Notre-Dame du Mont-Carmel ; elle leur fut octroyée par lettres patentes du 3 février 1616. Déjà, le 31
janvier précédent, elles avaient adressé une semblable requête à Mgr Cospéan, administrateur de l'archevêché ; celui-
ci, après avoir obtenu l'assentiment de M. de Rességuier, rendit une ordonnance autorisant les Sœurs du Tiers-Ordre
à prendre au plus tôt l'habit des Carmélites réformées. La Mère Isabelle des Anges, prieure du Carmel de Bordeaux,
amenant avec elle cinq Religieuses de chœur, prenait possession et direction du Monastère le 4 juin 1616. Des vingt
postulantes qu'elle y trouva, dix seulement, parmi lesquelles les cinq filles de M. de Rességuier, furent jugées capables
de suivre la Règle.
Cette substitution des Carmélites aux Tiercerettes fut violemment contestée et combattue par dame Olive
d'Aste, veuve de M. de Nesmond ; à son opposition, s'ajoutait aussi celle des dames de Romillon et de Berthelier. La
Prieure du Carmel, au lieu de plaider, chercha à se loger ailleurs ; une nouvelle maison fut prête le 10 août 1625 (voir
note (158) de la page suivante), et dès lors, celle des Tiercerettes devenant libre, leur fut rendue : elles s'y établirent
le 14 septembre suivant. La Mère Isabeau de Romillon était morte à Paris quelque temps auparavant ; sa fille, Françoise
de Berthelier, revint à Toulouse et put enfin prononcer ses vœux dans le monastère fondé par elle, sans toutefois y
retrouver aucune des Sœurs qui l'avaient habité dès 1610. Ce monastère, qui a duré jusqu'à la Révolution, a été presque
entièrement démoli ; une place porte aujourd'hui encore le nom de Place des Tiercerettes. D'après La Chapelle du
Grand-Séminaire de Toulouse, notice... par un prêtre de Saint-Sulpice. Toulouse, Privat, et Paris, Picard,
MDCCCXCIII.)
156 La Mère de Chantal revint à Annecy la dernière semaine d'octobre ; il semble donc assez probable que le Saint ait
écrit : « apres la Toussaint. » Déchiré à l'endroit du pli, le papier n'a gardé que quelques traits représentant la partie
48/355

5.9 Page 49

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dans la Visitation pour le tems qu'elles demandent, et que vous pensies qu'elles doivent estre
edifiees de la conversation de nos cheres Seurs et de ma veüe ; car, ma chere Mere, vous qui les
aves veües, pourres mieux discerner cela que moy. Seulement, je suis en peine de ce bon monsieur
le president de Ressiguier157, qui, comme homme de qualité, sil [35] demeure tant parmi nous,
aura sans doute fort a faire a supporter nos bassesses et imperfections. Voyes un peu, ma chere
Mere, et penses ; et sil vous semble que c'est la gloire de Dieu, dites-leur qu'oüy, pour moy comme
pour vous mesme. Il faut, ma chere Mere, en telles occurrences me dire vostre advis ; car, moy qui
ne voy que par vos yeux comme par les miens, en ceci, comme puis-je bien juger sans vous ?
De l'autre projet, certes, je ne voy nulle apparence que nous employons nos filles pour les
monasteres du Tiers Ordre, car nous n'en avons pas de reste de filles qui puissent servir de
conductrices. Et puis, comme pourroyent elles servir en un Institut qu'elles [ne connaissent] pas ?
J'admire que cette bonne [dame refuse de convertir] ce dessein en Carmelines158 ; car, pour [le dire
à votre cœur] comme au mien propre, les Tiercelineslesquelles le sont d'un seul Ordre et qui
n'est encor [pas reconnu des] doctes, comme n'ayant que cinq ou six petitz monasteres.
Pour nostre Congregation, je ne voy pas qu'elle puisse tant faire tout a coup, ni mesme pour
ce que nostre chere grande Seur159 propose pour Billon160. [Il m'est [36] avis que] ce seroit un bon
expedient, que la Mere Elisabeth161 venant icy, amenast avec soy deux des plus capables de
Tholouze et autres deux de Billon, qui, en quatre ou cinq moys, pourroyent estre suffisamment
façonnëes pour retourner vers les autres et les mettre en train, avec l'assistence des lettres et des
visites de monsieur l'Aumosnier162 ou de quelqu'autre avec lequel nous confererions ; car en
somme, je ne voy rien en cette ville que ma Seur de la Roche163, pour le present, laquelle ne seroit
encor peut estre pas bonne toute seule.
Ma Seur de Gouffier pourroit, si son affaire estoit enteriné164. Mays quoy ? cela n'est que
deux ou trois au plus.
Si donq on ne veut pas prendre l'expedient d'envoyer icy les filles a l'apprentissage, et qu'on
ne veuille pas attendre au moins un an et demi, il est mieux de refuser humblement ce qu'on ne
supérieure de trois lettres. L'Autographe, en fort mauvais état, est incomplet ; il n'en reste que le premier feuillet,
et encore celui-ci est-il mutilé au bas de la page. L'écriture des premières lignes du verso est très oblitérée ; nous
ajoutons entre crochets [ ] les mots qu'il a été possible de suppléer ; quant aux autres lacunes, elles sont indiquées par
des points de suspension.
157 Guillaume de Rességuier, issu d'une famille du Rouergue, fils de Jean de Rességuier et de Françoise de la Forcade,
devint conseiller au Parlement de Toulouse en 1592, et le 3 juillet 1608, président de la seconde Chambre des
Enquêtes. De Jeanne de Sabatéry, qu'il épousa par contrat du 28 novembre 1592, il eut trois fils : François, Gabriel,
Pierre, et cinq filles : Marie, Jeanne, Jacquette, Adrienne et une autre Marie, qui entrèrent au couvent des Tiercerettes.
(Voir ci-dessus, note (55), p. 34.) Leur père, qui à la mort de sa femme avait embrassé l'état ecclésiastique, était déjà
prêtre en 1612. Vers 1619, il entre à l'Oratoire, devient ensuite curé de la Dalbade et quitte la Congrégation en 1626.
Il mourut vers 1630. (D'après la Notice citée, ibid.)
158 Comme on l'a vu ci-dessus, note (55), p. 34, malgré les oppositions de la Mère Isabeau et de ses amis, le Carmel
vint s'établir à Toulouse en 1616, dans le couvent des Tiercerettes. Quand la Mère Isabelle des Anges dut le quitter,
elle fit bâtir un monastère dans le voisinage de Saint-Sernin, près du collège Saint-Front de Périgord, et le 10 août
1625 elle y entrait avec ses Religieuses. Guillaume de Rességuier, assisté de son fils Pierre, donna une métairie d'un
rapport de 12.000 livres pour la dot de ses cinq filles.
L'église des Carmélites, classée parmi les monuments historiques, devint en 1810 la chapelle du Grand-
Séminaire ; elle a été attribuée à l'Académie de Toulouse depuis la loi de séparation.
159 Mme des Gouffiers.
160 A Biliom comme à Toulouse, un petit groupe s'était assemblé d'âmes choisies, désireuses de mener une vie de
perfection. « Vous avez bien fait avec ces bonnes filles de Billom, » écrivait la Mère de Chantal à la Mère Favre, le
30 avril 1616 ; « je les aime bien. Notre Péronne les irait bien servir six mois ou un an, car il ne leur faut que cela à
elles. » (Lettres, vol. I, p. 101.) Il s'agissait donc non pas de la fondation d'un monastère de la Visitation, mais de la
direction d'une Communauté commençante. Les Filles de Sainte-Marie ne devaient s'établir elles-mêmes à Billom
qu'en 1650.
161 La Mère de Romillon, fondatrice des Tiercerettes de Toulouse. (Voir ci-dessus, note (55), p. 34.)
162 M. de Sevelinges, aumônier de l'abbaye de Belleville et confesseur de la Visitation de Lyon. (Voir tome XV, note
(948), p. 333, et tome XVI, note (470), p. 150.)
163 Sœur Claude-Agnès Joly de la Roche (cf. tome XV, note (471), p. 158).
164 La déclaration de nullité de ses premiers vœux. (Voir le tome précédent, note (1144), p. 352).
49/355

5.10 Page 50

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peut pas bonnement entreprendre, que de l'entreprendre temerayrement. Et puis, en tous cas, il faut
attendre que nos Regles soyent [bien approuvées et] la Mayson de Lion bien establie par [l'autorité
de Mgr] l'Archevesque165. Et se faut bien garder de [vouloir s'établir] en aucun diocaese que
l'Evesque n'ayt [donné telle] resolution quil ny ait plus rien a dire de son costé ; car, si sur les166
Revu sur l'Autographe conservé à Milan, Archives Borromeo. [37]
_____
MCVI. A la même, a Lyon. Affaires variées. Une
mortification pour Mme de Charmoisy. Salutations
particulières du Saint à ses chères Filles. Souvenir de sa
première rencontre avec Marie-Aimée de Blonay
Thonon, 19 août 1615 167.
Le bon Frere Adrien168 part d'icy avec moy ; mais luy, ma tres chere Mere, pour aller ou
vous estes, et moy pour aller en Abondance169, ou vous n'estes pas encor, mais ou vous seres quand
j'y seray, puisque Dieu a voulu que nous ne fussions qu'une mesme chose en luy. Ce ne sera pas
sans parler de nostre bastiment d'Annessi avec ce bon Abbé170, si toutefois l'arrivee du Pere
General des [38] Feüillans171 qui, comme moy, y doit estre pour le jour de saint Bernard, ne nous
165 Mgr de Marquemont.
166 La suite manque (voir ci-dessus, note (156), p 35).
167 L'Autographe ne porte pas de date, mais celle que nous donnons est sûre. L'Evêque de Genève devait célébrer la
fête de saint Bernard, 20 août, à l'abbaye d'Abondance. Or, de Thonon où il écrivait ces lignes, il ne put partir que le
19, puisque ce jour-là même, en cette ville, il nomme Hilaire Vallier chanoine de Sallanches.
168 Adrien des Echelles était un Frère lai Capucin qui fit profession le 27 février 1596. Il se rendit agréable à la Cour
de Rome et à l'Evêque de Genève par un apostolat d'un nouveau genre. Pendant que les prêtres de son Ordre prêchaient
aux hérétiques et les détachaient de l'erreur, lui prenait soin des intérêts temporels des convertis en leur procurant du
travail. A cet effet, il avait introduit aux environs de Thonon des métiers de soie. En 1619, la Congrégation des Evêques
et Réguliers recommandait son intelligente initiative à saint François de Sales, en l'avertissant de lui prêter son
concours au point de vue spirituel. (Archiv. des Evêques et Reg., Regesta (Regulares) B. vol. 1619, 24 août.) Le 18
avril 1620, le Cardinal Borghese faisait une élogieuse mention du Frère Adrien. (Archiv. Vatic., Nunz. di Savoia, vol.
40). Ces encouragements portèrent leurs fruits, mais les succès du Capucin alarmèrent, semble-t-il, les fabricants de
soie. Nous voyons, en effet, que le 4 juin 1621 le sieur Magnin, de Lyon, se plaignait de lui aux syndics d'Annecy.
(Reg. des Délib. municip.)
169 A l'abbaye d'Abondance, qui avait été remise aux Feuillants en 1607. (Voir tome XII, note (938), p. 373.)
170 Le « bon Abbé, » c'est-à-dire Vespasien Aiazza (voir tome XIII, note (165), p. 48), restait toujours l'ami dévoué de
la nouvelle Congrégation. Le Fondateur aimait à déférer à ses avis ; quand Nicolas Baytaz, l'un de ses prêtres, eut
dressé vers 1619 le plan du monastère, ce Bienheureux, dit-il dans sa déposition (Process. remiss. Gebenn. (I), ad art.
43), « le fist encores examiner au Rd seigneur Aiazza, pour lhors abbé d'Abondance. »
171 Sans ou Sens Beauner, connu dans l'histoire monastique sous le nom de Dom Sens de Sainte-Catherine, originaire
d'Aurignac, dans l'Aquitaine, avait dix-sept ans quand il fit profession dans l'Ordre des Feuillants (1586). Il mourut à
Rome vers le 14 octobre 1629, après avoir exercé trois fois, entre 1607 et 1620, la charge du Généralat. (D'après
Morotius, Cisiercii reflorescentis... chronologica Historia, 1690, Pars II, III.)
L'éminent Religieux jouit en son temps d'une grande célébrité comme directeur spirituel. D'illustres
personnages lui confièrent leur conscience et les deux Fondateurs de la Visitation s'accordèrent à faire grand état de
sa haute piété et de l'excellence de ses ouvrages ascétiques. Les plus connus sont : Les Exercices spirituels distribués
en vingt méditations (Paris, Jean Henqueville, 1619), et Les Points d'humilité. Du premier, la Mère de Chantal
écrivait le 22 septembre 1622 : « J'estime qu'il sera très utile à vos filles que vous » le « fassiez lire à table... ; car,
comme m'a dit Monseigneur, il est ample et d'un style mouvant ; mais c'est le style des saints, fuyant l'immortification
et détestant les recherches de l'amour-propre. » (Lettres, vol. II, 1877, p. 63.) Le second ouvrage, souvent réimprimé
même en ce siècle sous le titre de Livre d'or, fut fort prisé de la bienheureuse Fondatrice. « Toutes, » disait-elle en
parlant à ses Filles, « peuvent bien avoir les Points d'humilité 1. » Et le 15 janvier 1632, elle ne craint pas d'affirmer
que l'auteur « était un des grands serviteurs de Dieu et des plus expérimentés en la conduite des âmes qu'on puisse
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6 Pages 51-60

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6.1 Page 51

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occupe en d'autres affaires que vous sçavés172. Nous y aurons monsieur de Charmoysi, et la petite
seur173 sera un peu mortifiee, qui me vouloit faire festin aujourdhuy. Je ne l'ay encor veu qu'une
seule petite fois en commun, car, comme vous sçaves, je ne fay pas ce que je veux a voir mes filles,
ni mesme, ce qui importe le plus, a voir ma Mere.
A mon retour, je vous escriray de rechef, si j'en treuve la commodité ; or, mon retour sera
d'icy a quatre jours. Je m'asseure que vous aures meshuy receu la response [39] que je vous fis sur
la venue de cette bonne Mere Isabelle, et sur l'envoye des filles174, et j'attendray de sçavoir vostre
sentiment.
Je salue toutes nos cheres filles ; mais permettes que ma chere niece175 sache que je suis
bien tout sien, et que ma chere Marie Peronne176 mecherisse particulierement avec la petite
cadette177, laquelle je n'ay garde d'oublier ce soir, puisque je seray chez son pere178, ou je la vis la
premiere fois habillee de blanc, avec un chapeau de paille.
Ma tres chere Mere, le tems me presse, car Monseigneur l'Archevesque d'Evian, mon
consecrateur, m'attend a disner, aagé de 86 ans179. En somme, je suis tres parfaitement et
inviolablement, comme vous sçaves vous mesme, tout vostre. Vive Jesus. Amen.
A Madame
Madame de Chantal, Supe de la Visitation.
A Ste Marie de Lyon.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Venise. [40]
_____
guère rencontrer. » (Lettres, vol. IV, 1879, p. 8.)
Dans une lettre adressée par François de Sales à la Mère Angélique Arnauld, en 1619, on trouvera un bel
éloge de D. Sens de Sainte-Catherine, et aussi des remarques fort discrètes qui montrent par quelles nuances
l'ascétisme du Général des Feuillants se distinguait de celui de l'Evêque de Genève. (Cf. tome XV, p. 390.)
1 Responses de nostre tres-honoree et digne Mere Jeanne Françoise Fremiot, sur les Regles, Constitutions et
Coustumier de nostre Ordre de la Visitation saincte Marie. A Paris, M.DC.XXXII. Response sur l'article vingt-
septiéme du Coustumier, p. 785.
172 Peut-être s'agit-il de la réforme du prieuré de Talloires ; on se rappelle que le Saint eût désiré y introduire les
Feuillants. (Voir le tome précédent, Lettres CMXXXVII, p. 113, CMLVII, p. 147, et Appendice, pp. 392, 397, 403.)
173 Mme de Charmoisy (voir tome XIII, note (481), p. 179), à qui la Mère de Chantal donnait le titre de « Sœur. »
174 Vid. Epist. præced.
175 Saint François de Sales se plaisait à donner ce nom à Sœur Marie-Jacqueline Favre. (Voir tome XV, note (554). p.
178.)
176 Sœur Péronne-Marie de Chastel (voir tome XV, note (408), p. 133).
177 Sœur Marie-Aimée de Blonay (voir ibid., note (826), p. 290).
178 Claude de Blonay, qui demeurait au château de Saint-Paul, tout près d'Evian. (Cf. tome XII, note (224), p. 124, et
La Vie de la Mere Marie Aymée de Blonay, par Charles-Auguste de Sales, 1655, chap. 1.)
179 Mgr Vespasien Gribaldi, archevêque démissionnaire de Vienne en Dauphiné, s'était fixé à Evian. (Voir tome XII,
note (51), p. 24.)
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6.2 Page 52

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MCVII. A la sœur de Bréchard Assistante de la Visitation
d'Annecy180 (Inédite). Une affaire très heureusement engagée par
le Saint. Dieu fait son bon plaisir malgré les petitesses et
l'amour-propre des hommes. Deux aspirantes à la Visitation.
Thonon, 27 août 1615.
181Cet autre mot tout [fin] seul a ma tres chere fille, que je remercie mille fois de sa chere
bienveuillance ; aussi suis-je tout sien. Le P. D. Juste182 viendra, je m'asseure, soudain icy, pour
achever un affaire que Dieu a tres heureusement acheminé par mon service183, et j'espere que luy
mesme fera encor l'accommodement des jardins, que vous aves tant de justes sujetz de desirer et
que nostre chere Mere affectionne tant184 ; je dis nostre Mere en tout ce qu'ell'est. Et je me suis
resouvenu du jardin, quand j'ay veu comme Dieu faisoit son bon playsir malgré la foiblesse des
espritz humains et les tenebres de l'amour propre. [41]
On m'escrit que nostre tres aymable Mme du Chastelard185 s'est declaree a sa grand mere186
en faveur du voyle sacré, pour forclorre toutes les recherches du monde. M. de Vallon187 [a aussi
une] brave fille qui poursuit icy, et on est [après à voir] ce que son pere pourra donner188.
et envoyer par la premiere commodité [le paquet] ci joint, et aymes [toujours bien mon]
ame, la recommandant a la [miséricorde] de Dieu, qui vous comble toute de ses benedictions.
Amen.
Je salue nos cheres filles tres aymees. En haste.
27 aoust 1615.
Revu sur deux copies conservées à la Visitation d'Annecy.
_____
180 Voir tome XIV, note (263), p. 86.
181 L'Autographe de cette lettre n'ayant pas été retrouvé, nous avons dû en emprunter le texte à deux copies de dates
différentes. La plus ancienne semble plus correcte, mais s'arrête à « M. de Vallon » (voir lig. 4 de la page suivante) ;
elle est reproduite jusque là. Les crochets [ ] encadrent les mots que nous avons pu rétablir, et les points de suspension
signalent les autres lacunes. Il est à peine besoin d'ajouter que nous ne saurions garantir la parfaite intégrité de ces
lignes.
182 D. Juste Guérin, Barnabite, le futur deuxième successeur de François de Sales sur le siège de Genève, gérait alors
la procure au collège d'Annecy. (Cf. le tome précédent, notes (611), p. 189, et (734), p. 228.)
183 L'affaire si bien acheminée était l'établissement des Barnabites à Thonon. (Voir ci-après, note (201), p. 46.)
184 Cet « accommodement des jardins, » qui se traitait depuis 1614 (voir le tome précédent, notes (729), (730), p. 227,
et (736), p. 228), préoccupait en effet la Mère de Chantal. De Lyon même, elle suivait les négociations et partageait
les espérances du Saint. (Voir sa lettre du 9 juillet 1615 à la Sœur de Bréchard, Lettres, vol. I, p. 47.) Ces espérances,
on le verra par la suite des Lettres, devaient être déçues.
185 Jacqueline de Chauvirey, veuve de Louis de Seyssel, baron du Châtelard. (Cf. ci-dessus, p. 50.)
186 Probablement sa grand'mère maternelle, Adriane du Breul ou Breuil, fille de Bertrand, seigneur de la Bâtie, et de
Louise du Châtelard. Devenue veuve de Jean de Châtillon-Michaille, seigneur du Châtelard en Semine, elle épousa
en secondes noces Jean de Montfalcon, baron de Flaxieu, gouverneur de Savoie. (D'après Guichenon, Hist. de Bresse
et de Bugey, 1650, Partie III, continuation.)
187 Guy Joly, seigneur de Vallon (voir tome XIV, note (1031), p. 355).
188 Dès 1610, Claudine de Vallon désirait entrer à la Visitation, mais elle ne put y être admise qu'en 1617. (Voir ibid.,
note (1029), p. 354.)
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6.3 Page 53

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MCVIII. A la même189. Liberté de conscience laissée aux
Religieuses de la Visitation. D'où dépend véritablement la
ferveur.
Thonon, [fin août ou commencement de septembre 1615 190.]
Je ne sçai rien de cette coustume, et nostre Mere191, [42] ou je suis le plus trompé du monde,
n'a pas eu intention en cela de se lier a faire ainsy toutes les annees, comme peut estre ell'a fait
deux ou trois fois au plus. Mays si quelques unes desirent de se confesser a quelque confesseur
autre que l'ordinaire, elles le peuvent sans difficulté et sans que les autres qui n'ont pas ce goust-la
soyent obligees a changer de confesseur. On peut le dire a M. Michel192 qui, comme je pense, est
capable de cela et de chose plus grande que cela. O Dieu, qu'il est vray que la ferveur ne depend
pas de la bouche des confesseurs differens, mays de la grace de Dieu et de la simplicité et humilité
du cœur ! Mays les Constitutions sont claires, qu'on peut appeller des confesseurs outre les quatre
fois, pour la consolation de celles qui le desirent193. Vous pourres donq appeller quelque Pere
Barnabite.
Bon jour et bonn'eternité, ma tres chere Fille.
VIVE JESUS !
Revu sur l'Autographe conservé à Beaufort (Maine-et-Loire),
chez les RRdes Sœurs hospitalières de Saint-Joseph. [43]
_____
189 Ce billet s'adresse à une Religieuse de la Visitation d'Annecy qui tenait la place de la Supérieure ; si notre date est
justifiée, la destinataire est bien celle que nous proposons.
190 L'écriture, l'absence du Saint et de la Mère de Chantal d'Annecy, la nouveauté de la pratique ici mentionnée, et les
conseils donnés pour s'en servir utilement, indiquent pour ces lignes une date plus proche que lointaine de la rédaction
des premières Constitutions et semblent désigner comme probable l'année 1615.
191 La Mère de Chantal, alors à Lyon.
192 M. Michel Favre, confesseur ordinaire de la Communauté.
193 Voici le texte des Manuscrits primitifs : « Quatre fois l'annee, la Superieure fera appeller quelque confesseur
extraordinaire, auquel toutes se confesseront, et outre cela, quand quelqu'une desirera de se confesser ou conferer de
sa conscience a quelque autre qu'au confesseur ordinaire, pourveu que ce soit a quelque personne de bonne condition,
la Superieure « le luy permettra volontiers. » Voir aussi la rédaction définitive, Constit. XX, Des Confessions
extraordinaires.
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6.4 Page 54

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MCIX. A Madame de Peyzieu194. Charitable sollicitude pour la
santé de la destinataire. Conseils appropriés aux besoins de
son âme.
[Août-septembre 1615 195.]
Ma tres chere Mere,
Si faut il que je vous salüe le plus souvent que je pourray. Je suis en peyne de vous, a cause
de ces maladies qui courent, qui sont populaires.
Mon Dieu, ma bonne Mere, que cette vie est trompeuse et que l'eternité est desirable ! Que
bienheureux sont ceux qui la desirent ! Tenons nous bien a la main misericordieuse de nostre bon
Dieu, car il nous veut tirer apres soy. Soyons bien debonnaires et humbles de cœur196 envers tous,
mais sur tout envers les nostres. Ne nous empressons point, allons tout doucement, nous supportant
les uns les autres. Gardons bien que nostre cœur ne nous eschappe : Helas, dit David197, mon cœur
m'a laissé. Mais jamais nostre cœur ne nous abandonne si nous ne l'abandonnons point ; tenons le
tous-jours en nos mains198, comme sainte Catherine de Sienne, et saint Denys sa teste.
Jesus Christ soit a jamais en nostre cœur, ma chere Mere. Je suis en luy,
Vostre filz,
F. [44]
_____
194 L'appellation de « Mere » et le ton de ces lignes permettent de désigner, avec beaucoup de probabilité, la
destinataire.
195 L'allusion aux « maladies qui courent » autorise la date approximative attribuée à cette lettre. (Cf. ci-après, note
(205), p. 47, et pp. 51, 56, 57.)
196 Cf. Matt., XI, 29.
197 Ps. XXXIX, 13.
198 Cf. Ps. CXVIII, 109.
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6.5 Page 55

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MCX. Au Prince de Piémont Victor-Amédée199 (Minute). On
peut attendre de grands fruits de l'établissement des PP.
Barnabites à Thonon et de la restauration du culte qui sera faite
par eux dans l'église de Saint-Augustin. L'Evéque
recommande au prince les affaires de la religion catholique.
Thonon, 3 septembre200 1615.
Monseigneur,
Suivant le commandement de Vostre Altesse, je suis venu icy pour procurer l'introduction
des PP. Barnabites [45] en la Sainte Mayson de Nostre Dame de Compassion, et en fin le traitté
de cette affaire est parvenu jusques a l'arresté cy joint201.
199 Victor-Amédée, deuxième fils de Charles-Emmanuel Ier et de Catherine-Michelle d'Autriche, né à Turin le 8 mai
1587, mourut à Verceil le 7 octobre 1637, après sept ans de règne. Ce prince n'hérita pas du'génie politique de son
père, mais il donna, dans sa vie privée, l'exemple des plus hautes vertus. Lorsque pour négocier son mariage avec
Christine de France, le Cardinal Maurice de Savoie vint à Paris (novembre 1618), François de Sales faisait partie du
cortège : il assista le 10 février 1619 à la cérémonie des noces que présida le Cardinal de la Rochefoucault. grand
aumônier de France. Une inclination très particulière de profonde estime attira de bonne heure le Saint vers le prince.
Et de fait, il semble qu'il veuille épuiser les termes de la louange quand il parle de sa sagesse et de sa piété, de son
âme « qui ne respire que le bien et la vertu, l'amour de son peuple et sur tout la crainte de Dieu. » (Lettre du 15 août
1616, au duc de Bellegarde ; cf. ci-dessus, p. 29.) « Je l'aime bien, » disait à son tour la Mère de Chantal ; « je prie
Dieu qu'il achève ce qu'il a commencé en sa belle âme, car je crois qu'il sera saint. » (Lettres, vol. IV, 1879, p. 431.)
En raison même de son attrait pour les choses de Dieu, Victor-Amédée professait une véritable vénération à
l'égard de l'Evêque de Genève ; afin de se l'attacher davantage, il l'avait fait nommer grand aumônier de la princesse
Christine. Grâce à son appui, la Visitation multiplia ses établissements en Savoie et essaima jusqu'en Piémont. C'est
lui qui intervint auprès de la cour de France pour obtenir au 1er Monastère d'Annecy le corps du saint Fondateur, que
les Lyonnais auraient bien voulu retenir. Deux heures avant d'expirer, il reçut les Sacrements avec des sentiments tout
dévots. Il laissait quatre filles et deux fils, François-Hyacinthe et Charles-Emmanuel II ; leur jeune âge les plaçait sous
la tutelle de leur mère. Pendant ses onze années de régence, Christine de France déploya d'admirables ressources
d'intelligence et de fermeté. Il est possible que les dons brillants de la fille de Henri IV aient atténué par leur voisinage,
dans l'esprit des historiens, les réels mérites et la gloire personnelle de Victor-Amédée.
200 L'édition de 1626 ne donne pas de date ; Hérissant (1758), tome III, p. 176, indique celle du 3 septembre. Nous
croyons pouvoir la maintenir, car la présente lettre a été certainement écrite l'un des premiers jours du mois. (Cf. note
(201) de la page suivante.)
201 Nous avons dit au tome XV, note (1116), p. 382, que la Sainte-Maison de Thonon, comportait quatre sections.
Celle qui embrassait l'instruction publique fut d'abord confiée aux PP. Jésuites qui dirigèrent le collège sous la conduite
du P. Monet. (Voir le tome précédent, note (468), p. 149.) Ces Religieux étaient principalement entretenus par la
libéralité du Souverain Pontife ; mais à la mort de Clément VIII (1605), ils durent se borner, faute de ressources, à
l'enseignement de la grammaire et des belles-lettres, et bientôt les exigences des bourgeois de Thonon les
contraignirent de se retirer. Le Conseil appela des régents laïques qui se montrèrent inférieurs à leur tâche ; alors
François de Sales songea aux Clercs réguliers de Saint-Paul, dont il avait déjà expérimenté le zèle et le savoir au
collège d'Annecy. (Cf. Lavanchy, La Sainte-Maison de Thonon, tome XXXIII des Mém. et doc. de l'Acad. Sales.,
1910.)
Pour négocier l'affaire, l'Evêque de Genève, sur le désir du prince de Piémont, était venu à Thonon à la fin
du mois d'août. L'un des premiers jours de septembre le 3 d'après Charles-Auguste 1 (Histoire, etc., liv. VIII), il
put signer une convention préliminaire avec la ville d'une part, et le mandataire des Barnabites, D. Juste Guérin, de
l'autre : c'est « l'arresté » que le Saint adresse à Victor-Amédée. L'une de ses principales clauses avait pour objet de
subvenir à l'entretien des nouveaux Religieux et d'affecter spécialement à cet usage les revenus du prieuré de
Contamine-sur-Arve. (Cf. tome XII, note (552), p. 241.) Or, la Communauté des prêtres séculiers de la Sainte-Maison
s'opposa à cette attribution qui les frustrait des dits revenus, assignés par le Saint-Siège à l'œuvre tout entière dès
l'origine. Ainsi s'explique une lettre écrite par François de Sales à Claude de Blonay, vers le 23 octobre suivant : « Le
traitté fait, » dit-il, « ne peut subsister. » (Voir ci-après, p. 74.) De nouvelles négociations s'ensuivirent ; il en sera
parlé au cours de la correspondance du Saint. L'installation officielle des PP. Barnabites à Thonon se fit le 12 avril
1616.
55/355

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Or, il ne se peut dire combien l'advancement des Peres Barnabites en ces contrees de deça
sera utile pour celuy de la gloire de Dieu, non seulement pour la confirmation de la foy parmi ces
bons peuples, qui, a la faveur de l'incomparable courage et rare pieté de Monseigneur, pere de
Vostre Altesse, ont esté remis dans le giron de la sainte Eglise catholique202, mays aussi pour la
confusion des ennemis de la foy qui environnent de toutes parts cette province, delaquelle il ne se
peut faire que le bien spirituel ne s'escoule petit a petit sur le voysinage, [46] qui, parce moyen,
pourra recevoir insensiblement des grandes dispositions pour se convertir et reduire au devoir.
Mais encor, Monseigneur, je ne puis me retenir que je ne tesmoigne la joye que je sens
dequoy, parla venue de ces bons Peres en cette ville, nous verrons refleurir le saint service divin
dans l'eglise de Saint Augustin, fondee par le fameux Amé, grand aïeul de Vostre Altesse203, et en
une ville honnoree de la naissance de cet excellent Serviteur de Dieu, le bienheureux Amé, duquel
nous respirons la canonization avec des desirs nonpareilz204, esperant que, par la publique
invocation de son secours, nous obtiendrons la fin de tant d'afflictions, de pestes et tempestes,
desquelles, despuis quelques annees, il a pleu a Dieu de visiter ce peuple205.
Vostre Altesse, Monseigneur, a pour le partage de la splendeur hereditaire et tous-jours
croissante de sa serenissime origine, la gloire des œuvres de sa douce et immortelle pieté ; et pour
cela, comme elle est l'un des fleurons de la couronne de Monseigneur son pere, elle est aussi l'une
des plus pretieuses colomnes du temple de Dieu206 le Pere eternel : dont, pour l'une et l'autre
qualité, je prens la confiance d'implorer la bonté de Vostre Altesse en toutes les occurrences qui
regardent les affaires de la sainte religion catholique, entre lesquelz celuy de l'amplification de ces
bons Peres Barnabites et le restablissement du service divin en tous les Monasteres de deça estant
l'un des plus importans, je le [47] recommande tres humblement au zele de Vostre Altesse, a
laquelle je fay tres humblement reverence, ne cessant point de luy souhaiter le comble des faveurs
celestes, et demeure, Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
1 L'historien confond dans son récit plusieurs faits qui ont eu lieu à des époques différentes ; de là notre doute pour la
date de la convention passée au commencement de septembre 1615.
202 Cf. la Préface du Traitté de l'Amour de Dieu, tome IV, p. 15.
203 Le duc Amédée VIII (Félix V) avait confié cette église, d'abord dédiée à saint Sébastien, aux Ermites de Saint-
Augustin qui en prirent possession le 28 juin 1429. Pendant la mission du Chablais, Mgr de Granier la rendit
momentanément au culte pour la célébration des Quarante-Heures, et en 1616, sous le vocable des Saints-Maurice-et-
Lazare, elle fut cédée aux Barnabites qui la desservirent jusqu'à la Révolution. Eglise du Petit Séminaire de 1840 à
1560, elle a été naguère démolie pour faire place à un hôtel des Postes. (Voir tome XIII, p. 346, la note d'Amédée
VIII, et cf. tome XVI, note (581), p. 183.)
204 Amédée IX, troisième duc de Savoie, ne fut béatifié qu'en 1677. (Voir tome XIV, notes (575), p. 198, (846), p.
299, et tome XVI, p. 308, Lettre MXLVII.)
205 La peste avait sévi en effet dans le Chablais et le Fa'ucigny en 1613 (voir le tome précédent, note (125), p. 30) ; le
fléau reparut en 1615, vers la fin d'août, dans cette dernière région. En septembre, il faisait de nombreuses victimes à
Genève. (Voir ci-après, pp. 51, 56.)
206 Apoc., III, 12.
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MCXI. Au Chanoine Jean-François de Sales, son frère207
(Inédite). Instructions particulières pour assurer la régularité
d'un concours. La science seule ne suffit pas à l'exercice du
ministère pastoral. Nouvelles de la peste. Le Saint accepte
de séjourner aux portes d'Annecy à son retour du Chablais.
Salutations et messages.
Thonon, 6 septembre 1615.
Mon tres cher Frere mon ami,
Le P. D. Juste partit hier et vous porta de mes [48] lettres208 ; mais despuis, je receu celle
que vous m'escrivies pour la difficulté qui doit arriver au concours209. Je ne sçai si celuy qui la doit
faire a sa dispense des deux irregularités, dont l'une luy est naturelle, estant nay hors le mariage,
et l'autre acquise, pour jugé, comm' il est a croire, in criminalibus. Le moindre memorial qu'on en
jettast sur la table le forclorroit du concours, et si on n'en jette point et quil fut jugé le plus sortable
pour avoir la cure, on ne le peut nullement recevoir a l'institution. Tout le mal donq en ce cas-la
consistera210 en la clabauderie, en laquelle il faut demeurer grave et tranquille, ne repliquant rien,
207 Jean-François de Sales, frère et premier successeur du Saint, naquit à Thorens en 1578 et reçut la tonsure le 22
décembre 1590. Novice chez les PP. Capucins pendant dix mois, sous la direction du bienheureux Jean de Maurienne
; clerc minoré le 22 septembre 1598, sous-diacre le 27 mai 1600, ensuite chanoine de Genève et diacre le 17 mars
1601, curé du Petit-Bornand l'année suivante, il fut ordonné prêtre par François de Sales le 22 février 1603 (R. E.), et
délégué par lui en 1606 pour faire à Rome la visite ad limina. En septembre 1615, il devint vicaire général (voir ci-
après, Lettre MCXIII). Par lettres patentes du 12 février 1620, Jean-François, étant déjà aumônier de Madame Royale,
fut nommé coadjuteur avec succession à l'évêché de Genève ; son sacre eut lieu à Turin le 17 janvier 1621, et dès lors
il porta le titre d'Evêque de Chalcédoine. Promu en 1633 grand Chancelier de l'ordre de l'Annonciade, le pieux Prélat
mourut le 8 juin 1635.
Lorsqu'au décès de son saint frère, il prit la direction du diocèse, Jean-François de Sales, déjà instruit par le
Bienheureux « comme il faloit manier la verge et la houlette d'un bon berger, fit merveille au bien de son troupeau...,
avec une force accompagnee de benignité et majesté fort grandes. Il fesoit la visite de son diocese sans y manquer,...
donnoit beaucoup de temps a la sainte lecture, surtout a feuilleter la Bible et les traités des quatre Docteurs, disant que
c'etoit la source et les quatre fleuves du paradis de la sainte Eglise. » (Histoire de la Fondation du 1er Monastère de
la Visitation d'Annecy, par la Mère de Chaugy.) Très libéral envers les pauvres, « il eclata singulierement en cette
vertu l'annee de la contagion » (1629-1630), non content de donner ses biens, l'Evêque se donna lui-même, exerçant
à l'égard des malades de telles actions de charité qu'elles arrachèrent ce cri d'admiration à la Mère de Chantal : « En
verité,.., si François a été un saint Confesseur, Jean François prend la voye de devenir un saint Martyr. » (De
Hauteville, La Maison naturelle de St Fr, de Sales, Paris, 1669, Partie I.) L'épidémie respecta le dévoué Pasteur et
Dieu prolongea sa vie jusqu'en 1635. La veille de sa mort, « nostre digne Mere luy envoya demander sa benediction,
laquelle il donna avec un tesmoignage d'affection toute paternelle envers les deux Communautés de cette ville... Il
manda aussi a nostre digne Mere qu'il avoit vescu et qu'il mouroit son fils. » (Hist. de la Fondation.)
Après avoir eu la consolation d'entreprendre et d'expédier à Rome le Ier Procès pour la Canonisation de
François de Sales, l'humble Prélat voulut être inhumé aux pieds de son saint frère dans l'église de la Visitation ; « et
je le veux, » dit-il, « pour faire voir à tout le monde que je n'ay jamais merité de baiser les traces des pieds de cet
homme de Dieu. » (De Hauteville, ubi sapra.) « En apparence Evesque, » écrit encore la Mère de Chaugy, Mgr Jean-
François « etoit en son cœur Capucin, poursuivant » auprès du Saint-Siège « pour se defaire de l'evesché et rentrer en
cette sainte Religion. »
208 D. Juste Guérin, procureur des Barnabites, venu à Thonon pour y traiter avec le Saint l'affaire de leur établissement
au collège de la Sainte-Maison. (Voir ci-dessus, note (201), p. 46.)
209 Ce concours, fixé au 9 septembre, devait pourvoir à la cure de Saint-Pierre de Gruffy, vacante depuis le mois de
juin par la mort de Mgr Jacques Maistret, évêque de Damas, qui avait reçu ledit bénéfice le 5 septembre 1607 ; il fut
conféré à Rd Blaise Durand. (R. E.)
210 Migne, tome VI, col. 1081, donne le reste de la phrase, qu'il fait suivre de quelques autres fragments de cette lettre,
en les mettant bout à bout avec des changements de style ; ce qui nous laisse le droit de regarder notre texte comme
inédit.
57/355

6.8 Page 58

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sinon : La plus part des voix est suivie. Mays sil avoit dispense, alhors encor auroit-il tort s'il
croyoit que la seule science donnast le prix en cette lice-lâ ; et tous-jours faudroit-il se tenir a la
pluralité des voix, qui est irreprochable a celuy qui les prend, sur tout sil n'en donne point. [49]
J'escris neanmoins a monsieur Grandis211, affin que sil pouvoit, il allast a l'ayde, mais j'ay
peu d'esperance quil puisse en ce tems. C'est pourquoy, je dis en fin, que si cette cure lâ peut estre
delivree au jour de l'assignation, j'en seray bien ayse et le desire fort ; que si les difficultés semblent
ne pouvoir estre surmontees, on pourra differer jusques a mon retour, qui sera le plus tost que je
pourray. Mays cette dilation ne doit estre faite qu'a l'extremité, et sur la difficulté des-ja esmëue
en l'assemblee, non pas sur l'apprehension de la difficulté. Je croy que ce sera pour monsieur
Chevrier qu'elle se fera212.
La pension pour le pœnitentier213 devroit bien empescher ces remuemens. Et a propos de
cette pension, il la faut establir en sorte que celuy a qui la cure sera adjugee, ne soit point mis en
possession qu'il n'ayt, par consentement mis au greffe, declaré quil prend le benefice avec cette
juste charge, imposee par mon authorité et par le conseil des examinateurs. Ains, il seroit expedient
que quand l'on ira mettre en possession, a mesme tems on assignast quelque corne de dixme pour
ladite pension du pœnitentier, sans quil eut rien a faire avec le curé ; car l'esprit humain est si
fascheux en tout ce qui regarde tant soit peu l'interest, que malaysement pourra on autrement
asseurer ce petit entretien au pœnitentier.
Si le curé de Miouxi est decedé214, on pourra bien [50] favoriser monsieur de Monfalcon,
a la charge quil mettra des vicaires de poids, tandis que, pour la poursuite de ses estudes, il sera
dispensé de sa residence215, car il faut des meilleurs vicaires ou les curés ne resident pas ; et le
Chapitre mesme, comme y ayant interest, pourroit reserver qu'ilz fussent examinés expres pour
cela216. Or, je dis ceci seulement par maniere de proposition, m'estant advis que la charité oblige
ces messieurs de gratifier, es occurrences, les plus pauvres d'entr'eux et ceux qui y ont des-ja esté
asses d'annees. J'escris a Messieurs du concours217, a toutes fins, pour la pension du pœnitentier.
Si la dame dont vous m'escrives chancele, elle sera bien tost resolue au parti du monde, car
211 Claude Grandis, chanoine de Saint-Pierre de Genève. (Voir tomes XI, note (685), p. 299, et XIII, note (522), p.
195.)
212 Il s'agit vraisemblablement d'Etienne Chevrier, ordonné prêtre le 19 décembre 1598, pourvu des chapelles du Saint-
Esprit à la Biolle, le 13 juin 1601, de Saint-Antoine au château de Montfalcon, le 14 juin de la même année, de Sainte-
Marie-Madeleine, encore à la Biolle, le 20 août 1613, et enfin, le 13 septembre 1615, de celle de Sainte-Marguerite à
Albens, vacante par le décès de Jean Favre. (Voir ci-après, note (235), p. 55.) Il mourut au mois de janvier 1624. On
peut mentionner, mais avec moins de probabilité, Louis Chevrier, ordonné prêtre le 29 mars 1614. (R. E ; cf. ci-après,
note (238), p. 55.)
213 D'après les prescriptions du Concile de Trente, toutes les cathédrales doivent avoir un grand pénitencier, nommé
par l'Evêque et dépositaire de ses pouvoirs. Dès 1607, le Chapitre de Saint-Pierre de Genève avait accommodé ses
statuts à cette ordonnance ; il s'agissait maintenant de pourvoir d'un revenu convenable celui qui exerçait la nouvelle
charge. (Voir la lettre suivante.)
214 Sans doute Mieussy (arrondissement de Bonneville). Etienne de Marignier, prêtre depuis le 22 février 1592, avait
reçu l'institution pour cette cure le 5 mai 1599. Par un acte du 1er avril 1632, il permute son bénéfice et l'annexe
d'Onnion avec une chapellenie. (R. E.) Sa mort n'arriva qu'en 1634 ; il fut inhumé le 27 avril, devant le maitre-autel
de l'église de Mieussy.
215 Né à Alby, petit bourg du Genevois, le 11 décembre 1588, Pierre de Montfalcon était fils de Barthélemy de
Montfalcon, capitaine au fort des Allinges, et de Claudine de Regard. Le 27 avril 1609, avant même sa promotion au
sous-diaconat (19 décembre, il recevait un canonicat à la cathédrale ; noble de père et de mère, le jeune clerc n'avait
pas besoin du titre de docteur pour entrer au Chapitre, ce qui explique « la poursuite de ses estudes » À laquelle le
Saint fait allusion. Prêtre le 22 décembre 1612, M. de Montfalcon desservit successivement les paroisses de la Chiésaz,
de Chessenaz et de Saint-Félix. En 1623 il devint curé de Rumilly et en demeura titulaire jusqu'à sa mort, 22 mai 1649.
(R. E.)
216 La paroisse de Mieussy était unie à la mense capitulaire depuis le 30 avril 1217. Le Chapitre de Saint-Pierre
possédait en outre sur ce bénéfice les droits de patronage et de personat ; il avait donc tout intérêt à le faire desservir
par des prêtres capables. (Cf. Mém. et doc. de l'Acad. Salés., tome XIV, Annecy, 1891, pp. 106 seq.)
217 Epist. seq.
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6.9 Page 59

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tout le monde mesme l'y portera218. Et alhors je feray (mais il n'en faut rien dire) tout ce que je doy
a ce cher ami, qui doit croire que je suis parfaitement tout sien.
Ne soyes nullement en peine pour moy, car il ny [a] nul danger en tout le Chablaix219, car
encor qu'a Lully220 soit morte de peste une fille sortie de Geneve et que sa mere en soit atteinte, si
est ce qu'ell' a esté resserree [51] si a propos, que cela ne peut aller plus avant, non plus qu'un autre
pareil accident arrivé avanthier aupres de Coudree221. Et quand le mal prendroit accroissement, je
feray en sorte que je ne courray nul danger, moyennant la grace de Dieu. Mays je croy bien quil
faudra advertir le magistrat de la santé avant mon retour, et quil desirera que j'arreste hors de la
ville en quelque mayson separee, quelque (sic) jours ; ce que je feray volontier et sans replique,
pour ne point donner sujet d'apprehension a personne, et tesmoigner le respect que l'on doit a la
conservation de la santé du païs.
Je vous prie, a la premiere commodité, d'escrire fermement a madame de Chantal qu'elle
ne se mette nullement en peine pour tous ces bruitz, beaucoup plus grans que le mal, ni pour moy,
qui suis bien sage et me garderay fort bien de peril, Dieu aydant.
Je salue tous nos messieurs222 et, tout a part, nos freres223 et ma seur du Vilarroget224, et
mon cousin M. le Prevost225 et messieurs les Collateraux226, marri de l'indisposition de monsieur
de Quoex, bien qu'elle ne soit perilleuse. En somme, faites mes honneurs, et je suis,
Monsieur mon Frere,
Vostre.
FRANÇS, E. de Geneve.
6 septembre 1615.
A Monsieur
Monsieur de Boysi227,
Chantre Chanoyne de Geneve.
Revu sur l'Autographe qui se conservait au Noviciat des RR. PP. Jésuites
d'Avignon. [52]
_____
218 Peut-être est-il question de Mme de Châteaufort qui, les premiers temps de son veuvage, avait songé à la vie
religieuse. (Voir le tome précédent, note (1126), p. 345.) Si cette conjecture a quelque fondement, on pourrait proposer
Pierre de Duyn comme le « cher ami » que le saint Evêque voulait servir. (Voir ibid.)
219 Voir ci-dessus, note (205), p. 47.
220 Petite localité de l'arrondissement de Thonon, non loin de Bons.
221 Près de Thonon, sur les bords du lac de Genève.
222 Les chanoines de Saint-Pierre de Genève.
223 Bernard et Janus se trouvaient probablement à Annecy à cette époque. Le Saint désigne aussi sans doute Louis de
Sales, dont la résidence était peu éloignée.
224 Jeanne du Fresnoy, veuve de Gallois de Sales, seigneur de Villaroget. (Voir tome XV, note (757), p. 263.)
225 Louis de Sales, prévôt du Chapitre. (Voir tome XII, note (22), p. 6.)
226 Barthélemy Floccard et Claude de Quoex.
227 Déjà en 1606, Jean-François de Sales ajoutait à sa signature le nom de Boisy, qu'il porta jusqu'à ce qu'il reçut en
1620, avec la coadjutorerie de l'évêché de Genève, le titre d'Evêque de Chalcédoine.
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6.10 Page 60

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MCXII. A MM. les Examinateurs pour les Concours228 (Inédite).
Rappel d'une décision prise pour assurer un revenu au
pénitencier de la cathédrale. Recommandation en faveur d'un
concurrent.
Thonon, 6 septembre 1615 229.
Messieurs,
Vous aures souvenance, je m'asseure, de la resolution que nous prismes, estant presque
tous ensemble, de reserver une portion pour le pœnitentier de nostre cathedrale a la premiere
vacance de quelque cure qui la pourroit porter ; resolution juste, equitable et conforme au
Concile230. C'est en cett'occasion de la vacance de Gruffy231 [que] je vous prie faire cette reserve
jusques a la somme de 200 florins ; et pour eviter les disputes que l'interest propre fait naistre en
pareilles occurrences, je desirerois qu'en la mise en possession de celuy qui sera curé, on assignast
une corne de dixme, telle quil seroit advisé, audit seigneur pœnitentier, laquelle il prendroit par ses
mains.
Je sçai quil arrivera aussi quelque difficulté sur la [53] reception de monsieur Jay au
concours, dautant que la rayson pour laquelle nous jugeasmes de le pouvoir excepter sans
consequence de la regie des resignans leurs cures, semble manquer de fondement, puisque le bien
publiq que nous desirions ne s'en est pas ensuivi. Mays d'autant quil n'a nulle coulpe en cela et quil
demeureroit grandement en perte, avec sujet de se plaindre d'avoir esté deceu en nostre parole, je
juge et desire quil soit admis comme les autres232. Dequoy j'ay pensé de vous devoir donner cet
advis, m'asseurant que vous le suivres, bien ayse aussi par cett'occasion, de me ramentevoir en vos
prieres, comme233
A Messieurs
[Messieurs] les Examinateurs234 pour les concours.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.
_____
228 Le nombre des Examinateurs dans chaque concours pouvait varier de trois à huit, mais neuf ecclésiastiques, au
moins, étaient nommés annuellement pour cet office et devaient, en cette qualité, prêter serment au Synode. Saint
François de Sales en choisissait six ou sept dans son Chapitre, et deux ou trois parmi les membres de la Collégiale de
Notre-Dame ; un seul de ces derniers, cependant, avait droit d'intervenir à l'assemblée.
Louis de Sales, Etienne de la Combe, Philibert Roget, Marc-Antoine de Valence, Janus des Oches, Pierre-
François Jay, Nicolas Gottry, Louis Jacquier, Nicolas Garnier, furent les Examinateurs désignés au Synode du 6 mai
1615. (R. E.)
229 La lettre précédente (p. 51) annonce celle-ci en ces termes : « J'escris a Messieurs du concours, a toutes fins, pour
la pension du pœnitentier. » Il est donc facile de rétablir la date, coupée dans l'Autographe ainsi que les clausules et
la signature.
230 Sess. XXIV, de Reform., c. VIII.
231 Voir ci-dessus, note (209), p. 49.
232 Le chanoine Pierre-François Jay, candidat pour la cure de Scionzier, en devint de fait titulaire par institution du 4
novembre 1615. (Voir le tome précédent, note (737), p. 229.) En échange de la cure de Bonneville (voir ibid., note
(738), p. 230), il avait obtenu plusieurs chapellenies ; mais leurs revenus, ajoutés à sa prébende canonicale, ne suffisant
pas à son honnête entretien, il fut autorisé à retenir le bénéfice du Bois-d'Hyot, sans préjudice de la cure de Scionzier
pour laquelle il posait sa candidature. C'est sans doute le fait que saint François de Sales rappelle ici. (Cf. ci-après, la
lettre du 8 novembre au duc de Savoie.)
233 Voir note (229) de la page précédente.
234 Le mot « Messieurs » mis entre [ ] et celui qui manque ici ont disparu à l'ouverture de la lettre. Du second, il reste
la fin, es, et un trait qui représente la queue d'un p : le Saint aurait-il écrit appellés ?
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MCXIII. Au Chanoine Jean-François de Sales, son frère.
Regrets du Saint sur la mort de son vicaire général, Jean Favre.
Jean-François de Sales désigné pour lui succéder ; motif de
ce choix. La contagion à Genève
Thonon, 8 septembre 1615.
J'ay regretté des hier au soir la perte que nous avons faite, mon cher Frere, de nostre bon
monsieur le [54] Vicaire235, car j'en sceu la nouvelle par une lettre de monsieur le premier
President236. L'amitié fraternelle que ce pauvre defunct nous portoit a tous, m'obligera a jamais de
cherir et honnorer sa memoyre et de prier souvent pour son ame, comme j'ay fait des aujourdhuy.
Il y a long tems que je prævoyois cet accident en la mauvaise conduite quil tenoit pour sa santé.
Et ayant pensé, despuys que j'ay sceu plus particulierement quil estoit en estat de nous quitter bien
tost, qui je pourrois rendre successeur en sa charge, en fin, apres plusieurs considerations, j'ay
resolu de vous y appeller237. Et ce seul motif vous suffira pour l'accepter, et a tout le monde pour
l'appreuver : que de cette charge depend une grande partie du bien de ce diocsese et de mon
honneur, dont nostre proximité vous pressera d'avoir plus de soin et de jalousie que nul autre n'en
sçauroit prendre. Ni vous ne deves pas alleguer au contraire que vous n'aves pas la connoissance
des choses des proces, car c'est la moindre des functions du grand vicaire, et pour le bon succes
delaquelle il suffit quil ayt de la vigilance et du zele pour faire que les autres officiers facent bien
leur devoir, et qu'il establisse un bon substitut et des bons assesseurs. Mays de cela, nous en
parlerons a mon retour, Dieu aydant.
Cependant, faites pour moy comme si des-ja vous esties establi, et sera bon de mettre la
cure de Boussi au concours au plus tost238. Je pense partir d'aujourdhuy en huit jours239, et d'arrester
trois ou quatre jours en chemin, estant prié par monsieur d'Angeville240 de passer [55] a La Roche
pour voir certain different quil a avec ses chanoynes241. La contagion ne fait nul progres, graces a
Nostre Seigneur, sinon dans Geneve, ou elle moysonne rudement242.
Dieu vous benisse, et je suis tout en luy,
Vostre plus humble frere et confrere,
F., E. de Geneve.
A Thonon, le 8 septembre 1615.
235 Jean Favre, vicaire général, était décédé à Chambéry le 5 septembre. (Voir tome XIII, note (713), p. 265.)
236 Le président Antoine Favre, frère du défunt.
237 Jean-François de Sales fut en effet nommé vicaire général et garda cette charge jusqu'à la mort de son saint frère.
(Voir ci-dessus, note (207), p. 48.)
238 Le concours pour la cure de Boussy, vacante par la mort de Jean Favre, se tint le 21 septembre de cette même
année. Rd Louis Chevrier (voir ibid., note (212), p. 50), d'abord économe de la paroisse, en devint curé le 9 mai 1616.
239 Saint François de Sales rentrait à Annecy le 14 septembre, sans s'être arrêté à La Roche, comme il se l'était d'abord
proposé.
240 Claude d'Angeville, primicier de la collégiale de La Roche. (Voir tome XI, note (358), p. 152.)
241 « Censeur rigide du clergé, sévère dans ses principes et austère dans sa conduite, » dit un historien (Vaullet, Histoire
de La Roche, 1874, chap. V, p. 380), le primicier d'Angeville ne manquait pas d'occasions de différends avec ses
chanoines. Après avoir réformé sa collégiale, il avait essayé sans succès d'introduire de nouveaux statuts, recourant
même, mais en vain, au Conseil du Genevois pour triompher des résistances. Le sujet de conteste entre le Chapitre de
La Roche et son chef, en 1615, était peut-être la suite de ces anciennes difficultés. (Cf. tome XIII, note (368), p. 129.)
242 Dans les Registres du Conseil de Genève de 1615, on trouve des mentions de la terrible épidémie. Dès le 23 août,
Jean Gervais, ministre, est établi « consolateur des pestiférés, sous le gage de cent florins par mois, » et l'on arrête de
brûler dans les rues du bois de genièvre pour purifier l'air. Le fléau continue jusqu'en novembre, et enfin, le 9
décembre, on prélève une contribution sur les deux cent cinquante-quatre chefs de famille qui se sont absentés de la
ville pendant la contagion. (Cf. ci-dessus, p. 51.)
61/355

7.2 Page 62

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Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Biblioteca Civica.
_____
MCXIV. A la Mère Claudine de Blonay abbesse de Sainte-
Claire d'Évian243. Trois moyens de perfection pour une
Communauté religieuse. Le mien et le tien : deux mots qui
ruinent la charité. Danger de la liberté de propriété et
avantage de la liberté des communications spirituelles.
Thonon, 12 septembre 1615.
Ne penses jamais, ma très chere Seur, que je puisse oublier vostre personne, ni les
nécessités temporelles de vostre Monastere, que j'ay treuvees, certes, encor plus [56] grandes qu'on
ne m'avoit dit244. Je prevoy seulement qu'il nous faudra attendre que ces soupçons de contagion
cessent245, pour faire faire plus fructueusement la queste ; ce pendant je feray faire les patentes
requises246.
Au reste, mon cœur amoureux de la sainteté de vostre assemblee, quoy que je ne l'aye veuë
qu'en passant, et plustost entreveuë que veuë, ne me permet pas de partir sans vous exhorter en
Nostre Seigneur de poursuivre constamment l'execution de la sacree inspiration que Dieu vous a
donnee, de perfectionner de plus en plus cette vertueuse compaignie par une pure et simple
privation de toute proprieté, par les exercices de la sainte orayson mentale et par une fervente
frequentation des divins Sacremens247.
Et ne doutés point, ma chere Seur, que le Pere Garinus ne vous soit favorable, si vous luy
representes naifvement et humblement vos dignes pretentions ; car c'est un docteur de grand
jugement et de longue experience248, grandement zelé aux Constitutions ecclesiastiques et a
l'establissement du Concile de Trente, comme sont tous les gens de bien. Vous luy pourres donq
confidemment dire que vous m'aves touché un mot de vos affaires ; car je [57] sçay bien qu'il ne
le treuvera pas mauvais, estant, comme il est, de mes meilleurs amis, et qui sçait bien que je n'ay
pas accoustumé de rien gaster et que je ne suis point un entrepreneur d'authorité, ains homme qui
ne trouble rien ; et pourres encor luy dire tout ce que je vous ay dit, dequoy, pour vous rafraischir
la memoyre, je vous feray une repetition.
Premierement, que le renoncement de toute proprieté et l'exacte communauté de toutes
243 Voir le tome précédent, note (659), p. 206.
244 C'est pendant son voyage en Chablais que François de Sales dut visiter le Monastère de Sainte-Claire d'Evian,
probablement à la fin du mois d'août, car le 20 il est à Abondance, s'y arrête un jour ou deux, et rentre à Thonon vers
le 27.
245 Cf. ci-dessus, pp. 51, 56.
246 On a vu au tome précédent (Lettre CMXIV, p. 71) l'intérêt plein de sollicitude que l'Evêque de Genève portait aux
Clarisses d'Annecy ; leurs Sœurs d'Evian le partagèrent avec elles plus spécialement à partir de 1615.
Malheureusement, les « patentes requises » pour la quête, qui en seraient un nouveau témoignage, ne nous sont pas
parvenues.
247 Cf. tom. præced., Epist. CMLXXXIX.
248 Entre 1603 et 1618, des Registres de finances conservés à Turin (Archives de la Chambre des Comptes et Archives
Camérales) mentionnent le P. Nicolas Garinus ou Garin, des Frères Mineurs de l'Observance, comme gardien du
couvent de Myans, duquel dépendaient les Clarisses d'Evian ; il exerçait encore cette charge en 1619. Théologien,
conseiller et prédicateur de Son Altesse, ce Religieux s'acquit une réputation étendue d'éloquence et de piété. « Au
temps de la corruption hérétique en France, il souffrit beaucoup pour la foi, » assure le P. Jean-François Rendu qui,
déposant au second Procès de béatification de saint François de Sales, invoque le souvenir de l'estime profonde que «
Maistre Garinus » faisait de l'Evêque de Genève (ad. art. 11, 22). Ils avaient pu mutuellement s'apprécier pendant les
premières années de sacerdoce du Bienheureux, le Franciscain étant alors au couvent d'Annecy.
62/355

7.3 Page 63

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choses est un point de tres grande perfection, et qui doit estre desiré en tous les monasteres et suivy
par tout ou les Superieurs le veulent ; car encor que les Religieuses qui n'en ont pas l'usage en leurs
maysons ne laissent pas d'estre saintes, la coustume les dispensant, si est ce qu'elles sont en extreme
danger de cesser d'estre saintes, quand elles contredisent a l'introduction d'une si sainte observance
tant aymable et tant recommandee par le Pere saint François et la Mere sainte Claire, et qui rend
les Religions riches en leur pauvreté et parfaitement pauvres en leurs richesses, le mien et le tien
estans les deux motz qui, comme disent les Saintz, ont ruiné la charité. Et ne sert a rien de dire «
nostre voile, nostre robbe, nos chemisettes, ou nos mutandes, » si en effect leur usage n'est pas
indifferent et commun a toutes les Seurs, les paroles estans peu de chose si les effectz ne
correspondent. Et comme peut estre dite commune une chose que nul n'employe que moy ?
Or, j'ay veu en un monastere ou j'avois une fort proche parente249, que toute la difficulté de
cet article estoit en la douilletterie de quelques Seurs en ce qui regarde les chemisettes et les linges
; et j'admiray que la lessive ne suffist pas pour ce sujet a des filles de celuy qui baysoit tendrement
les ladres et de celle qui baysoit les pieds des Seurs revenantes de dehors. Certes, qui est douillet
[58] de porter un linge et un drap lavé parce qu'il a esté, auparavant le lavement, porté par son frere
chrestien, je ne sçay pas comme il ose dire qu'il ayme son prochain comme soy mesme ; et faut
qu'il ayt un grand amour propre, qui le fasse estimer si net en comparayson des autres.
Or, la façon de mettre tout en commun est bien aysee quand tout est ensemble en un coffre
ou en une garderobbe, et qu'une distribue a toutes, selon leurs necessités, indistinctement ce qu'il
leur faut, sans avoir esgard a autre chose qu'a la necessité et a la volonté de la Superieure. En
quelques Congregations mesme, on change les chapeletz et tous les petitz meubles de devotion, au
sort, a chaque commencement d'annee250.
Quant a l'orayson et a la frequence des Sacremens, il n'y a point de difficulté, ce me semble,
sinon pour le dernier, de gaigner le Pere confesseur251, affin qu'il ne se lasse pas de faire la charité
aux Seurs, les oyant en confession quand il en sera requis par la Superieure.
Mays il y a un point d'importance, duquel je vous touchay un mot, que pour le bien de
vostre famille vous deves demander a vos Superieurs et qu'ilz ne peuvent en bonne conscience
vous refuser : c'est que, deux ou trois fois chaque annee, ilz vous ayent a offrir des autres
confesseurs extraordinaires (suivant le commandement du sacré Concile de Trente 252), qui oyent
les confessions de toutes les Seurs. Et la Congregation des Cardinaux a declaré que, les Superieurs
estans negligens en cet article, les Evesques le fassent eux mesmes, et que cela se fasse mesme
plusieurs autres foisl'annee s'il est requis253. Or, il est requis quand la Superieure void des Seurs
grandement troublees, et difficiles ou repugnantes a se confesser au confesseur ordinaire, pourveu
que ce ne [59] soit pas tous-jours, ains parfois seulement et sans abus. Mays pour ce dernier point,
il semble qu'il ne soit pas convenable de le demander, puisque l'ordre mis par le Concile suffit pour
la satisfaction de vostre Congregation.
Et ne faut nullement recevoir les allegations au contraire ; car rien ne se fait en ce monde
qui ne soit contredit par les espritz minces et fascheux, et de toutes choses, pour bonnes qu'elles
soyent, on en tire des inconveniens quand on veut picotter. Il se faut arrester a ce que Dieu ordonne
et son Eglise, et a ce que les Saintz et Saintes enseignent. Ni il ne faut pas dire que vostre Ordre
soit exempt des Constitutions du sacré Concile ; car, outre que le Concile est sur tous les Ordres,
249 La discrète réserve du Saint ne permet pas de désigner le monastère de Clarisses dont il parle ici, ni d'affirmer si la
« proche parente » était alors vivante ou décédée. Au couvent de Sainte-Claire d'Annecy, une Sœur Claudine de
Menthon, morte en 1606, était apparentée avec la famille de Sales ; de même encore la Sœur Adrienne de Chevron-
Villette qui, entrée en Religion dès 1603, vécut jusqu'en 1639 (voir tome XIII, note (928), p. 344), et la Sœur Françoise
de Cerisier, destinataire en 1616.
250 En écrivant ces lignes, saint François de Sales songeait sans doute à la Visitation, à laquelle il avait prescrit cette
pratique de parfait dégagement. (Voir tome XV, note (433), p. 144.)
251 Peut-être le P. de Coysia (voir le tome précédent, note (664), p. 208).
252 Sess. XXV, de Regular., c. X.(Cf. tom. præced., not. (665), p. 208.)
253 La Congrégation mentionnée ici est celle des Evêques et Réguliers (voir le tome précédent, note (460), p. 148).
Pour le décret auquel saint François de Sales fait allusion, on peut consulter Pellizzari, De Monialibus, cap. X, sect.
III, subsect. II, n. 254, p. 401 de l'édition romaine, 1755.
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7.4 Page 64

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s'il y a aucun Ordre qui doive obeir aux Conciles et a l'Eglise romaine, c'est le vostre, puisque le
Pere saint François l'a si souvent inculqué.
Mais, ce dit-on, il se pourroit faire qu'une fille sçachant qu'elle pourra avoir un confesseur
extraordinaire, elle gardera ses pechés jusques a sa venue, la ou, si elle n'avoit point d'esperance
d'autre confesseur, elle ne les garderoit pas. Il est vray que cela pourroit arriver ; mays il est vray
aussi qu'une fille qui sera si malheureuse que de faire des mauvaises confessions et des
Communions indignes pour attendre l'extraordinaire, elle ne fera pas grand scrupule d'en faire
plusieurs, et plusieurs mauvaises, pour attendre la mutation du confesseur ou la venue du
Superieur. Et en somme, cet inconvenient n'est pas comparable a mille et mille pertes d'ames que
la sujettion de ne se confesser jamais qu'a un seul peut apporter, comme l'experience le fait
connoistre ; et en somme, c'est une presomption insupportable a qui que ce soit, de penser mieux
entendre les necessités spirituelles des fideles et de s'imaginer d'estre plus sage que le Concile. Il
vous faut donq tenir bon a ce point et ne se laisser point emporter aux considerations de l'esprit
humain.
Reste les communications spirituelles, lesquelles aussi je vous dis estre fort utiles, pourveu
qu'elles soyent faites a propos. Et premierement, nul, comme je pense, ne les [60] vous peut
defendre ; car, tant que j'ay sceu voir en la Regie de saint François et de sainte Claire254, il n'y a
rien qui les empesche, ains seulement ce qui y est dit empesche toute sorte d'abus. Et je vous diray
comme on les fait entre les filles de la Mere Therese, qui sont, a mon advis, les plus retirees de
toutes. Elles se font donq en cette sorte : La fille qui desire communiquer quelque chose, le dit a
la Superieure ; la Superieure considere si la personne a laquelle l'on veut communiquer est de
bonne qualité et propre a consoler, et si elle est telle, on la mande prier de venir ; et estant venue,
on meyne la fille qui veut communiquer a la treille, et le rideau demeure sur la treille ; et puis, on
donne tout a l'ayse loysir de communiquer, chacun se retirant en lieu d'ou on ne puisse ouyr ce que
dit celle qui communique, pourveu seulement qu'on la puisse voir. Que si on void une fille qui
veuille trop souvent communiquer avec une mesme, passé trois fois on luy refuse, sinon que l'on
vist une grande apparence de beaucoup de fruit, et que les personnes fussent hors de soupçon de
vanité, meures d'aage et exercees en vertu.
Vous aures veu, je m'asseure, ce que la bienheureuse Mere Therese en dit255, et cela suffira
pour respondre a tous les inconveniens qu'on en pourroit alleguer. Et jamais ce ne fut l'intention
des Saintz de priver les ames de telles saintes conferences, qui servent infiniment a beaucoup de
vertus et sont sans danger, estant bien faites. C'est grand cas comme c'est une subtile tentation !
Nous voulons garder la liberté256 de la proprieté, qui est contre la perfection, et ne voulons pas
recevoir la liberté des communications, laquelle estant bien entendue, nous ayde a la perfection.
Nous treuvons des inconveniens ou les Saintz n'en treuvent point, et n'en treuvons point ou les
Saintz en treuvent tant.
Or, ces communications ne se doivent pas faire pour apprendre de diverses manieres de
vivre en un monastere, mais pour apprendre a mieux et plus parfaitement [61] prattiquer celle a
laquelle on est obligé ; et si, elles n'empeschent point les conferences publiques, ains elles servent
pour les mieux digerer et appliquer une chacune en son particulier.
J'avois oublié de dire que quand le confesseur extraordinaire vient, il faut que toutes les
filles se confessent a luy, affin que celles qui en ont besoin ne soyent point descouvertes et que le
malin ne seme point de reproches parmi la Mayson ; mais celles qui ne veulent pas prendre
confiance a l'extraordinaire, pourront, avant que de se confesser a luy, faire leur confession a
l'ordinaire, et par apres dire seulement quelques pechés ja confessés, a l'extraordinaire, pour servir
de matiere a l'absolution.
J'ay esté bien long, ma tres chere Seur, mais j'ay voulu en ceci vous bien declarer mon
sentiment, affin que vous le sceussiés plus distinctement. Et tenes bon hardiment pour introduire
254 Seraphicæ legislat. textus origin., Regula SClaraæ, c. V, n. 10, 14, et c. XII.
255 Le Chemin de la Perfection, ch. V, VI.
256 La suite de notre texte est donnée d'après une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin qui ne possède que
ce fragment de la présente lettre.
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7.5 Page 65

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en vostre Mayson la sainte et vrayement religieuse liberté d'esprit, et pour en bannir la fause et
superstitieuse liberté terrestre. Ramenés ces benites ames aux observances des saintz Conciles, et
vous seres bien heureuse. Nostre Maistre Garinus et tous vos Superieurs majeurs, gens discretz et
raysonnables, vous ayderont, je n'en doute point ; et mesme vostre bon Pere confesseur, qui est
bien vertueux et sage Religieux, ainsy que je puis connoistre, et qui entendra bien la rayson quand
elle luy sera bien remonstree.
Je vous salue mille et mille fois es entrailles de la misericorde de Nostre Seigneur, auquel
je vous supplie de me recommander continuellement, avec toute vostre chere et vertueuse
compaignie.
Vostre tres humble frere et serviteur,
F., E. de Geneve.
De Thonon, ce 12 septembre 1615.
A Madame ma tres chere Seur en N. Sr,
La Reverende Mere Abbesse de Ste Claire d'Evian. [62]
_____
MCXV. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier.
Recommandation en faveur d'un converti qui se destine à l'état
ecclésiastique. Eloge de sa piété et de sa constance dans la foi
Thonon, 14 septembre 1615.
Monseigneur,
Il y [a] six ou sept ans que jereceu au giron de la sainte Eglise le sieur de Corsier257, lequel
despuis a tant rendu de tesmoignages de vraye pieté, que tous ceux parmi lesquelz il a conversé en
ont esté grandement edifiés, dautant plus qu'en gaignant l'honnorable tiltre d'enfant de l'Eglise, il
a perdu tout le secours qu'il pouvoit prætendre en son païs, et estant demeuré extremement pauvre,
il a vescu riche de vertus. Or, Monseigneur, tous ses devanciers et son frere258, ayant tous-jours
esté tres affectionnés a l'obeissance de Vostre Altesse, il espere d'elle tout le soulagement qui luy
est requis pour estre relevé non de l'indigence, car ayant choysi la profession ecclesiastique il ne
pretend pas a cela, mais de la misere seulement.
Et moy, Monseigneur, j'intercede de tout mon cœur pour luy, marri de ne pouvoir rien,
pour le present, en [63] sa faveur que cela. Je supplie donq tres humblement Vostre Altesse de luy
estre propice et de me conserver la grace de sa bienveuillance, comme a l'homme du monde qui,
avec le plus de fidelité et sincerité, vivra tous-jours,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
257 Fils de noble Gabriel de Prez, seigneur de Corsier ou Corcelles, et de Dlle Antoine de Saint-Jeoire, Jean-Gaspard
fut converti à la vraie foi en 1609. Sur les instances de Mme de Charmoisy, il avait eu, avec le saint Evêque, une
première entrevue qui ébranla sa conscience. Sans repos pendant six semaines, il résolut de revenir du pays de Vaud
à Annecy pour s'éclairer auprès de l'homme de Dieu qui lui accorda, durant « six autres sepmaines..., chaque jour deux
heures de conference, » et reçut son abjuration le Jeudi-Saint. Après un essai infrutueux à la Grande-Chartreuse, le
nouveau catholique entra dans les rangs du clergé séculier. (D'après sa déposition, Process. remiss. Gebenn. (I), ad
art. 24 et 51.) Sous-diacre le 23 septembre 1617, il fut ordonné prêtre le 9 juin 1618 (R. E.), et mourut le 19 novembre
1636 à la Sainte-Maison de Thonon, où la protection de François'de Sales l'avait fait admettre depuis longtemps parmi
les membres du Presbytère.
258 Ferdinand de Prez, seigneur de Corcelles. (Voir tome XV, note (750), p. 261.)
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7.6 Page 66

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XIIII septembre 1615, a Thonon.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [64]
______
MCXVI. A Madame de la Fléchère. Nouvelles diverses. Une
fille spirituelle du Saint qui donne espérance de bien servir Dieu.
— Maladie de la Sœur de Bréchard
Annecy, 24 septembre 1615.
Nous nous sommes entretenus, le bon P. Commissaire259 et moy, ma tras chere Fille, et
conspirerons a bien faire, Dieu aydant. La chere seur260 est icy, ce soir elle fera sa reveüe.
Nous avons, ce matin, espousé M. et Mme de Monthouz, leur dispense estant venue en
bonne forme261. Il ne se peut dire combien j'ay treuvé le cœur de cette bonne femme a mon gré et
combien j'espere qu'elle servira bien Dieu. Elle s'est confessee avec un'extreme devotion [64] et
est toute ma fille ; ce que je vous dis affin que doucement et dextrement vous l'aydies.
La pauvre Seur de Brechard ne guerit point, nous tenant tous-jours entre l'esperance et la
crainte262. Elle est bien resignee, et les Seurs font merveilles a la servir tendrement, nul remede
n'ayant esté oublié. Dieu donq face sa tressainte volonté.
Je suis en luy, tout parfaitement tout vostre, ma tres chere et bienaymee Fille. Amen. Vive
Jesus !
24 septembre 1615.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
259 Le P. François de Chambéry, Capucin, qui, depuis 1614, était commissaire général de la Province de Savoie. (Voir
tome XI, note (419), p. 179, et cf. tome XVI, note (710), p. 220.)
260 Saint François de Sales désigne-t-il ici Ennemonde de la Forest, dame de Bressieu, ou bien Jeanne-Bonaventure,
Religieuse à Bons ? Il est difficile de le dire, car l'une et l'autre venaient souvent à Annecy.
261 Ignorant qu'ils étaient parents âu troisième degré, Gabriel Guillet de Monthoux et Claire-Marie de Maillard-
Tournon avaient été mariés le 10 novembre 1609. La dispense demandée par le saint Evêque dès 1613, ne fut accordée
qu'en 1615 par Sa Sainteté Paul V. (Cf. tome XV, note (48), p. 2.)
262 Pendant le séjour de la Mère de Chantal à Lyon, la Sœur Jeanne-Charlotte de Bréchard fut chargée de la conduite
de la Communauté d'Annecy comme Assistante et Maîtresse des Novices. Vers le milieu de septembre (cf. Lettres de
la Sainte, vol. I, p. 50), « Nôtre Seigneur, qui vouloit aussi bien tirer des preuves de sa fidelité dans les souffrances
que de sa prudence et dexterité dans ses actions, luy envoya une grande maladie qui la mit à l'extremité. et luy donna
lieu de pratiquer les vertus de patience et de soumission à la volonté de Dieu, » dont elle donna de très beaux exemples.
(Les Vies de quatre des premieres Meres, par la Mère de Chaugy, 1659-1892, Vie de la Mère de Bréchard, chap. X.)
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7.7 Page 67

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MCXVII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier.
L'introduction de « l'art de la soye » avantageuse aux intérêts
spirituels et temporels du peuple. Requête pour obtenir à
cette industrie la protection du prince
Annecy, 2 octobre 1615.
Monseigneur,
Il y a quelque tems qu'on a commencé d'introduire en ces païs de deça l'art de la soye263, et
ne se peut [65] dire combien le progres seroit utile au service de Dieu pour retirer plusieurs ames
d'entre les hæretiques, pour affoiblir Geneve, qui se soustient en bonne partie de ce traffiq, et pour
soulager les sujetz de Vostre Altesse qui gaigneroyent en ce commerce ce que nos ennemis
gaignent.
Pour ces raysons, Monseigneur, je conjure et supplie tres humblement vostre bonté et pieté
de favoriser puissamment ce bon œuvre, si heureusement acheminé264, pour la gloire de ce Sauveur
qui vous est si propice et qui maintient en tant d'honneur vostre couronne, vous en preparant une
eternelle en la vie future.
Monseigneur, je suis de Vostre Altesse Serenissime,
Tres humble, tres fidele et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS E. de Geneve.
2 octobre 1615, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [66]
_____
MCXVIII. A Monseigneur Pierre Fenouillet, Évêque de
Montpellier. « Sans guerre, sans nouvelles. » Fureur de la
peste à Genève. Souhait apostolique du saint Evêque
Annecy, 2 octobre 1615.
Monseigneur,
Je penserois faillir si a toutes occasions je ne vous representois mon tres humble service.
C'est le seul sujet que j'ay maintenant, car pour le reste, a mesme que, graces a Dieu, nous sommes
sans guerre, nous nous treuvons aussi sans nouvelles, hormis de nostre miserable [66] Geneve que
la contagion afflige cruellement265, sans qu'a 30 lieues a la ronde il y en ait aucun ressentiment ;
qui fait plus probable ce que plusieurs disent, qu'elle leur est venue par la puanteur de la foudre
qui y tumba prodigieusement cet esté. Pleut a Dieu que l'affliction leur donnast l'entendement266,
affin qu'ilz reconneussent aussi bien la peste spirituelle delaquelle ilz meurent et font mourir tant
de gens, comme ilz sont contrains de confesser la temporelle.
Dieu vous comble de bonheur, Monseigneur, selon les vœux de
263 Voir ci-dessus, note (168), p. 38.
264 Le duc de Savoie répondit aux désirs du Saint en accordant, le 10 mars de l'année suivante, des privilèges
considérables à Pierre Richard et à Pierre Bocquin, négociants en soie. (Cf. le tome précédent, note (1072), p. 330.)
265 Voir ci-dessus, note (242), p. 56.
266 Is., XXVIII, 19.
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7.8 Page 68

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2 octobre 1615, Annessi.
Vostre tres humble et tres obeissant frere et serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
A Monseigneur,
Monseigneur l'Evesque de Montpellier,
Conseiller du Roy en ses Conseilz privé et d'Estat.
Revu sur deux copies déclarées authentiques, conservées à Turin,
Archives de l'Etat, et à la Visitation de Montpellier.
_____
MCXIX. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de
Lyon267. Dieu porte avec nous les charges imposées par
l'obéissance. Assurance paternelle de prières.
Annecy, 4 octobre 1615.
Or sus, ma tres chere Fille, puisque vous voyla sous la charge avec un peu
d'apprehension268, oyés ce que [67] Nostre Seigneur dit en l'Evangile du jourd'huy269 : Apprends
de moy que je suis doux et humble de cœur, et vous treuveres du repos en vos ames ; car mon joug
est suave et mon fardeau leger270. Ma tres chere Fille, moyennant l'ayde de Dieu, nous ferons prou
; mais il faut, avec une courageuse humilité, rejetter toutes les tentations de desfiance en la tres
sainte confiance que nous avons en Dieu, Certes, vous deves croire que cette charge vous ayant
esté imposee par le choix de ceux a qui vous deves obeir, Dieu se mettra a vostre dextre271 et la
portera avec vous, ains la portera, et vous aussi.
Mais ne vous estonnés point, faites cet office pour l'amour de ce Sauveur qui vous y a
appellee ; vous en serés deschargee quand il luy plaira, vous nous reviendres voir quand il en sera
tems.
Pour moy, il y a long tems que je prie Dieu pour vous fort particulierement, estimant que
sa divine providence se serviroit de vous pour l'acheminement de l'edifice spirituel de cette petite
Congregation. Dieu soit a jamais au milieu d'e vostre cœur. Amen.
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 4 octobre 1615.
_____
267 Voir tome XV, note (554), p. 178.
268 Avant de rentrer à Annecy, la Mère de Chantal fut obligée de faire un voyage en Bourgogne. A son départ de Lyon
(premiers jours d'octobre), elle établit Sœur Marie-Jacqueline Favre dans la charge de Supérieure. « Il ne se peut dire,
» raconte la Mère de Chaugy (Les Vies de quatre des premieres Meres, 1659-1892, Vie de la Mère Favre, chap. VII),
« avec quelle douleur elle receut ce joug qui luy paroissoit insupportable, et que son humilité envisageoit comme une
croix incompatible avec la foiblesse et le peu de talent qu'elle croyoit être en elle. » Nous verrons que le Bienheureux
dut plus d'une fois encore encourager sa chère Fille, dont les grandes qualités et les rares aptitudes pour le
gouvernement n'étaient cachées qu'à elle-même.
269 L'Evangile qui se lit en la fête de saint François d'Assise.
270 Matt., XI, 29.
271 Cf. Ps. XV, 8.
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7.9 Page 69

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MCXX. A Madame de la Fléchère (Inédite). Actions de grâces
pour la guérison de Charles de la Fléchère. Prochain retour
de la Mère de Chantal et quelques nouvelles. Une question
théologique
Annecy, vers le 7 octobre 1615 272.
Je m'imagine que vous estes a Rumilly maintenant, ma tres chere Fille, et je vous escris ce
billet sans loysir, pour vous accuser la reception de la lettre que vous m'escrivistes l'autre jour de
la Flechere273, louant Dieu de la guerison de vostre Charles274, que vous aves maintenant, Dieu
aydant, sain pour long tems.
Madame de Chantal sera icy dans trois semaines pour le plus tard275, et, comme je pense,
la chere niece, ma fille276, aussi ; car Mme de Charmoysi, qui vous la doit ramener, fait estat de
venir pour la Toussaintz. Madame Favre est Superieure a Lion277 et exerce des-ja sa charge ; Mme
de Brechard est un peu mieux278, mais tous-jours en fievre et en flux. [69] La question de Mme de
Mieudry279 et de vous est aysee a resoudre, mais il n'est pas si aysé d'appayser toutes les allegations
et repliques qu'on a accoustumé de faire : c'est pourquoy je remettray cela pour quand nous aurons
du loysir. Il suffit que tous les chrestiens damnés ne le seroit (sic) pas si ilz mouroyent apres le
Baptesme ; mays Nostre Seigneur laisse ordinairement que les choses d'icy bas aillent leur cour
(sic) ordinaire et que nous usions de nostre libre arbitre a nostre gré. Que si nous en usons mal et
que nous soyions treuvés en mauvais estat lhors que, par les causes naturelles, 280
A Madame
Madame de la Flechere.
A Rumilly.
Revu sur l'Autographe conservé au 2d Monastère de la Visitation de Madrid.
_____
272 D'après l'annonce du retour de la Mère de Chantal dans « trois semaines, » on peut placer cette lettre aux premiers
jours d'octobre, la Sainte n'ayant regagné Annecy qu'à la fin du mois. (Cf. ci-dessus, p. 35, et la note (275) ci-dessous.)
Le 8, François de Sales, parlant de la maladie de la Sœur de Bréchard, donne des nouvelles meilleures que celles
mentionnées dans les présentes lignes ; la date que nous leur assignons semble donc justifiée.
273 La maison-forte de la Fléchère se trouvait à Vanzy, actuellement dans l'arrondissement de Saint-Julien ; elle existe
encore, un peu amoindrie, mais toujours d'aspect imposant.
274 Fils de la destinataire (voir tome XV, note (258), p. 86, et ci-dessus, note (54), p. 1).
275 La Mère de Chantal rentra vers le 26 ou le 27 octobre : on voit en effet, par une lettre adressée à la Mère Favre
(vol. I, p. 51), que son retour dut précéder de fort peu la venue de Mgr de Marquemont, qui arriva le 30 Annecy.
276 Gasparde d'Avise (cf. ci-après, pp. 74, 82).
277 Voir la lettre précédente.
278 Voir ci-dessus, note (262), p. 65, et la lettre suivante.
279 Gasparde de Cerisier, dame de Mieudry. (Voir tome XIV, note (260), p. 85.)
280 Le bas de l'Autographe est coupé.
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7.10 Page 70

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MCXXI. A la Mère de Chantal, a Lyon. Convalescence de la
Sœur de Bréchard. — Le Général des Feuillants en visite chez le
Saint. Appréhensions au sujet d'une personne dont les voies
semblaient extraordinaires
Annecy, 8 octobre 1615.
Vous estes raysonnable et n'attendres pas de moy, ma tres chere Mere, des grandes lettres
en ce tems auquel j'ay tant d'affaires sur les bras, que je n'en puis pas porter davantage. Je vous
diray seulement, qu'a mon advis, nostre Seur Jeanne Charlotte est maintenant toute hors de
danger281, bien qu'ell'ayt encor son flux, car c'est avec tant de diminution de fievre, quil ny paroist
presque plus, et si, elle commence fort a manger. [70]
Au demeurant, nous avons eu icy le P. General des Feüillans282, homme de grande vertu et
sainteté, lequel, sur certain propos, me parlant de la Mere Isabeau, delaquelle vous m'escrivites il
y a troys moys283, m'a dit qu'on luy en avoit mandé des merveilles de Paris a Romme, d'ou il vient.
Je dis, merveilles es accidens extraordinaires ou de ravissemens, ou d'illusions. Cela me met fort
en peine, car si elle vient icy avec ces especes de choses inconneües, en lieu de tirer de la
consolation de nous, elle nous donnera fort a faire et nous tiendra empeschés a discerner si cela est
saint, si ceci est faint, et troublera grandement la pauvre petite trouppe de colombes innocentes qui
n'ont pretention a des choses si ravissantes. C'est pourquoy, si vous sçaves que cela soit vray, vous
pourres la destourner, luy escrivant que je vous ay escrit que vous luy fissies sçavoir que, ne
sachant si je seray icy cet hiver, je desire qu'elle ne s'incommode point, ni monsieur le president
Resiguier284 ; mais si elle veut envoyer deux ou trois filles, vous les recevres et les garderes
volontier jusques apres Pasques. Que si il ny a pas tant de danger, vous la laisseres venir.
Bonsoir, ma tres chere Mere, de tout mon cœur. Vive Jesus ! Amen.
VIII octobre 1615.
A ma tres chere Mere en N. S.
Visitation285.
Revu sur l'Autographe conservé chez les Filles de la Croix,
à Guingamp (Côtes-du-Nord). [71]
_____
281 Voir ci-dessus, Lettre MCXVI, p. 65.
282 D. Sens de Sainte-Catherine (voir ci-dessus, note (171), p. 39).
283 La Mère Isabeau de Romillon, fondatrice des Tiercerettes de Toulouse, qui avait le projet de se rendre à Annecy.
(Voir ibid., Lettre MCV, et note (55), p. 34.)
284 Guillaume de Rességuier (voir ibid., note (157), p. 35).
285 Ce qui manque de l'adresse a dû disparaître à l'ouverture de la lettre.
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8 Pages 71-80

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8.1 Page 71

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MCXXII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de
Lyon286. Affectueuse sollicitude du Saint pour le cœur de sa
chère Fille. Les choses vont d'autant mieux qu'elles sont plus
au goût de Dieu et moins à notre gré. Ce qu'il faut faire parmi
les difficultés. Messages paternels.
Annecy, 12 octobre 1615.
Que fait le cœur de ma tres chere Fille, que le mien ayme en verité tres parfaitement ? Je
pense, certes, quil est tous-jours fort uni a celuy de Nostre Seigneur et quil luy dit souvent :
Le Seigneur est ma lumiere
C'est ma garde constumiere,
De qui sçaurois-je avoir peur ?
C'est l'Eternel qui m'appuye,
Ferme soustien de ma vie,
Qui peut estonner mon cœur287 ?
Ma tres chere Fille, jettes profondement vostre pensee sur les divines espaules du
Seigneur288 et Sauveur, et il vous portera289 et vous fortifiera. Sil vous appelle (et il est vray quil
vous appelle) a une sorte de service qui soit selon son gré, quoy que non selon vostre goust, vous
ne deves pas moins avoir de courage, ains davantage que si vostre goust concouroit a son gré ; car,
quand il y a moins du nostre en quelqu'affaire, ell'en va mieux. Il ne faut pas, ma chere amie ma
Fille, permettre a vostre esprit de se regarder soy mesme et de se retourner sur ses forces ni sur ses
inclinations ; il faut ficher les yeux sur le bon playsir de Dieu et sur sa providence. Il ne faut pas
s'amuser a discourir quand il faut courir, ni a deviser [72] des difficultés quand il les faut devider.
Ceignes vos reins de force290 et remplisses vostre cœur de courage, et puis, dites : Je feray prou,
non pas moy, mais la grace de Dieu avec moy291. La grace de Dieu, donques, soit a jamais avec
vostre esprit. Amen292.
293Ma tres chere Fille, salues tendrement ma chere Seur Peronne Marie294, qui est certes
toute dedans mon ame, et ma Seur Françoise Hieronime295 (je ne vay pas par ordre), et ma Seur
Marie Renee296 et ma Seur Anne Marie297, et toutes nos autres Seurs que je n'ayme pas moins pour
ne les connoistre que pour estre des servantes de Dieu et filles [tres cheres298] de Nostre Dame.
XII octobre 1615.
Revu sur l'Autographe conservé au 1er Monastère de la Visitation de Madrid.
286 Le carton sur lequel a été collé l'Autographe ne permet pas d'en voir l'adresse ; mais les encouragements que
contient cette lettre et les salutations finales ne laissent aucun doute sur la destinataire. Celle-ci est bien la Mère Favre,
qui venait d'être élue Supérieure à la Visitation de Lyon. (Voir ci-dessus, note (268), p. 67.)
287 Ps. XXVI, 1. (Version de des Portes ; voir tom. XIII, not. (614), p. 228.)
288 Ps. LIV, 23 ; I Petri, ult., 7.
289 Cf. Oseæ, XI, 3.
290 Prov., ult., 17.
291 I Cor., XV, 10.
292 Galat., VI, ult. ; Philip., IV, ult.
293 Ce dernier alinéa est inédit.
294 Sœur Péronne-Marie de Chastel. On remarquera l'absence de message pour la Sœur de Blonay ; à ce moment, en
effet, elle se trouvaiten Bourgogne avec la Mère de Chantal.
295 Sœur Françoise-Jéronyme de Villette, cousine du Saint, et voilée par lui le 2 juillet précédent. (Cf. ci-dessus, note
(102), p. 18.)
296 Sœur Marie-Renée Trunel, veuve d'Auxerre (voir le tome précédent, note (778), p. 240).
297 Mme Chaudon, née Bellet, qui, obligée'par diverses circonstances de retarder son entrée au noviciat, se faisait
appeler cependant Sœur Anne-Marie. (Voir ibid., note (112), p. 25.)
298 Ces deux mots sont oblitérés dans l'Autographe.
71/355

8.2 Page 72

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_____
MCXXIII. A M. Claude de Blonay299 (Inédite). Pourquoi les
Pères Barnabites ne peuvent pas encore s'installer à Thonon.
Affaire du prieuré de Contamine.
Annecy, vers le 23 octobre 1615 300.
Monsieur,
M'asseurant que vous viendres donq bien tost pour [73] amener madamoyselle d'Avise301,
je seray court, et vous diray seulement que les bons Peres Barnabites desireroit (sic) bien d'aller
la302 ; mais ilz n'oseroyent sans nouvelle licence du General303, puys que le traitté fait re peut
subsister304. Ilz ont envoyé deux jeunes hommes pour la 2. et 4. classe305.
Je ferois les lettres que vous desires si j'en avois le loysir. Monsieur Claude306 me promit
de me venir voir et il ne le fit pas, car ce fut en la rue ou je le rencontray. Vous aures fort a faire a
vous defendre pour Contamine, et a la fin vous verres quil faudra donner une grosse pension307 ;
ce que je ne dis pas le sachant, mais le presageant.
J'ay dit aux Dames de la Visitation que, a la venue de madame de Charmoysi308, vous leur
envoyeries de l'argeant, et elles s'y attendent309. Voyla une lettre pour [74] Mlle d'Avise, que
madame de la Flechere m'a envoyee aujourdhuy.
Cependant, aymes moy tous-jours, et me croyes, Monsieur,
Vostre plus humble, tres affectionné confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Monsieur
Monsieur de Blonnay, Prefect de la Ste Mayson.
A Thonon.
299 Voir tome XII, note (224), p. 124.
300 L'allusion à la prochaine venue de Mme de Charmoisy, qui se trouve dans cette lettre et la suivante, permet de croire
que toutes deux ont été écrites à peu près à la même date.
301 Gasparde d'Avise (voir le tome précédent, note (154), p. 40), alors chez sa sœur, mariée à Jacques de Blonay.
302 Au collège de Thonon (voir ci-dessus, note (201), p. 46).
303 Don Jean-Ambroise Mazenta, Général de la Congrégation depuis 1612. (Voir le tome précédent, note (613), p.
190.)
304 Voir ci-dessus, note (201), p. 46.
305 La Règle des Barnabites leur interdisait de professer les basses classes de latinité (cf. le tome précédent, note (614),
p. 190) ; aussi, en acceptant la direction d'un collège, se réservaient-ils de faire tenir ces classes par des régents laïques.
Les « deux jeunes hommes » étaient-ils destinés à Annecy ou à Thonon ? Les documents font défaut pour trancher la
question.
306 Sans doute Claude Magnin, prêtre de la Sainte-Maison, qui, d'après le chanoine Pierre Magnin, son neveu, y résida
environ vingt-quatre ans. (Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 11.) Il signe les Registres paroissiaux, de 1606 à 1624.
307 Chef de la Sainte-Maison de Thonon tout entière depuis 1613, M. de Blonay était supérieur immédiat des prêtres
séculiers du Presbytère, et se trouvait par là dans l'obligation de sauvegarder leurs intérêts. Aussi devait-il chercher à
se « defendre pour Contamine, » dont on voulait attribuer les revenus exclusivement aux Pères du collège. (Voir ci-
dessus, note (201), p. 46.) Sa résistance ne pouvait tenir cependant devant les désirs formels du duc de Savoie et du
prince Victor-Amédée, protecteur nommé des Barnabites de Thonon ; au reste, l'Evêque l'avertit qu'à défaut du prieuré,
il aura une « grosse pension à donner aux Religieux.
308 Voir ci-dessus, p. 69, et ci-après, p. 76.
309 L'argent ne fut reçu par la Visitation que « le 19 feuvrier 1616, de monsieur de Blonney, par les mains de M. le
Prieur son fils, et ce pour la pension echuee des le quinzieme d'ast (août) 1614, de nostre Seur, sa fille : 213 florins 2
sols. » (Livre des comptes du 1er Monastère de la Visitation d'Annecy, 1612-1616.)
72/355

8.3 Page 73

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Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Richard-Cottin, à Lyon.
_____
MCXXIV. A Madame de la Fléchère. Les dîmes et la volonté de
Dieu. Mort d'un religieux Feuillant. Arrivée très prochaine
de la Mère de Chantal et de Mme de Charmoisy
Annecy, 23 octobre 1615.
Vous aves rayson, ma tres chere Fille, d'estre bien franche au payement des dixmes, car
c'est la volonté de Dieu. Vous deves demeurer en paix sur ce que vous m'escrives, car il n'y a point
de hazart.
Le P. General des Feuillans partit lundi310 et laissa icy son compaignon malade, lequel
mourut hier au soir311 ; c'est pourquoy je croy qu'il reviendra ce soir pour estre a son enterrement,
car il laissa charge qu'on l'advertit sil trespassoit, affin de revenir. Mays je ne pense pas que pour
cela vous deussies attendre, si vous aves des affaires ailleurs, car peut estre ne repassera il pas vers
vous, encor que vous demeureres312.
Je me res-jouis des bonnes nouvelles du cher mari. [75] Nostre Mere313 viendra demain, ou
tout au plus tard passé demain, si rien n'est survenu despuis Dimanche qui la puisse empescher.
La chere cousine314 viendra aussi, soudain qu'elle le sçaura. Et moy je pense que parmi tout cela
on vous pourroit peut estre aussi bien [avoir], principalement si Charles est en estat de pouvoir
estre amené icy315.
Dieu vous benisse de ses plus cheres graces, ma tres chere Fille, et je suis en luy, tout
parfaitement vostre. Vive Jesus. Amen.
23 octobre 1615.
Je vous supplie d'envoyer les deux lettres ci jointes, toutes deux a monsieur le capitaine
Juge316.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
310 D. Sens de Sainte-Catherine était à Annecy depuis le commencement d'octobre (cf. ci-dessus, p. 71) ; il en partit le
19.
311 Les Registres paroissiaux d'Annecy ne contiennent pas l'acte de sépulture de ce Religieux ; il a donc été impossible
de l'identifier.
312 Probablement à Rumilly, où Mme de la Fléchère devait se trouver alors.
313 La Mère de Chantal (voir ci-dessus, note (275), p. 69).
314 Mme de Charmoisy (cf. ibid., pp. 69, 74).
315 Au collège d'Annecy. L'écolier, on s'en souvient, avait été malade quelques semaines auparavant. (Voir ci-dessus,
Lettre MCXX, p. 69, à la même.)
316 Maurice Juge, fils de Claude Juge, nommé capitaine et châtelain de la ville de Rumilly par patentes du 31 mars
1604, avait encore cette charge le 7 mai 1619. En récompense des services rendus à Son Altesse dans la profession
des armes, on le dispensa dès 1599 du paiement des impôts et il fut mis sur le pied des anciens nobles de Savoie.
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8.4 Page 74

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MCXXV. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de
Montpellier (Inédite). Recommandation en faveur d'un futur
étudiant en médecine. Bruits de guerre en France
Annecy, 24 octobre 1615.
Monseigneur,
L'honnorable reputation que j'ay d'estre tres particulierement vostre serviteur, a fait passer
ce jeune homme [76] de Moustier icy317, pour avoir de mes lettres a vous porter, affin quil puisse
plus favorablement vous faire la reverence et vivre en vostre Université, ou il espere faire emplette
de la science de medecine sous le bonheur de vostre protection318. Monseigneur l'Evesque de Saint
Paul319 me conjure fort de vous supplier d'aggreer quil s'advoüe des vostres ; dequoy je ne fay pas
difficulté, puisqu'estant enfant d'une bonne famille, il ne luy arrivera point de necessité qui le
puisse porter a vous donner aucune autre sorte d'importunité.
Je n'ay encor point entretenu nostre bon M. François320 a cœur joye ; ce sera, Dieu aydant,
a son premier loysir. [77]
Je suis tout fasché des bruitz qui courent de guerre par dela321 souhaitant tous-jours
beaucoup de bonheur a ce royaume, ou il y a tant de gens de bien. Dieu, par sa bonté, commandera
aux vens et a la mer, et la tranquillité se fera grande322.
Je suis,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
24 octobre 1615.
317 Le nom du jeune étudiant nous demeure inconnu, malgré les nombreuses recherches faites par des érudits aux
Archives de la Faculté de médecine de Montpellier.
318 L'Ecole de médecine de Montpellier, la première établie en Europe, fut très florissante dès le XIIe siècle ; en 1153,
saint Bernard en parle avec éloge. Ce n'était pourtant encore qu'un centre médical important, qui devint véritable Ecole
en 1220, lorsque le Cardinal Conrad, légat d'Honorius III, lui donna des statuts. Le 26 octobre 1289, le Pape Nicolas
IV l'unissait aux Facultés de droit et des arts, et fondait ainsi l'Université ou Studium generale ; il déclare dans sa Bulle
d'érection que « la cité de Montpellier est née apte aux études, spécialement à celles qui regardent la médecine. » En
effet, son enseignement pour cette science jouit d'une réputation universelle jusque dans les temps modernes. Au
XVIIIe siècle seulement, on voit l'Ecole de médecine de Paris lui disputer la prééminence. Celle de Montpellier
produisit une foule de docteurs célèbres, parmi lesquels étaient habituellement choisis les médecins des Papes et des
rois.
Mgr Fenouillet s'occupa beaucoup de l'Université de sa ville épiscopale. Il rétablit la Faculté de théologie et
fît valoir les anciens droits des évêques ses prédécesseurs, en mettant au concours deux chaires vacantes qu'il conféra
à des catholiques. En avril 1613, des patentes royales l'avaient déclaré chef de l'Université ; mais elles soulevèrent de
vives oppositions de la part des consuls, sous l'influence protestante, et ne furent enregistrées par le Parlement de
Toulouse que le 16 juillet 1615. Celui-ci décida qu'à l'Evêque de Montpellier appartenait, mais avec l'assistance des
magistrats, le droit de régler et réformer le collège de philosophie et des lettres humaines, d'en instituer et destituer les
régents et les professeurs. (D'après Germain, Hist. du Languedoc, tome VII, p. 609 ; Pélissier, Grande Encyclopédie,
et les notes de MM. Carbon et Bousquet, de Montpellier.)
319 Thomas Pobel, évêque de Saint-Paul-trois-Châteaux (voir tome XI, note (785), p. 356).
320 Deux frères de l'Evêque de Montpellier portaient le nom de François. L'un, diacre le 22 décembre 1607, fut nommé
curé d'Arenthon par Bulles du 4 février 1608, exécutées le 15 novembre. L'autre, très probablement celui dont parle
ici le Saint, et père de Michel, seigneur de Barraux (voir le tome précédent, note (1105), p. 339), épousa en secondes
noces Constance Arpaud ; il mourut avant le 28 avril 1624, date du contrat de mariage de sa fille Perrine avec Jacques
Valat, gouverneur du château de Montferrand.
321 A l'occasion des mariages espagnols (octobre 1615), Condé essaya de susciter la guerre civile et leva une armée de
six mille hommes. Mais tout se passa en simples manifestations, et l'année suivante Marie de Médicis traitait à Loudun
avec les rebelles.
322 Matt., VIII, 26.
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8.5 Page 75

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Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Montpellier.
_____
MCXXVI. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Charité attentive
du Saint pour la Mère de Chantal
Annecy, [vers le 26 ou le 27 octobre 1615 323.]
Ma tres chere Mere,
Croyes que si j'eusse eu ma liberté, je vous eusse envoyé vostre soupper plus tost ; mais en
somme, il ny a moyen [78] d'estre maistre de soymesme en ce monde. Mays sil arrive asses tost,
ne laisses pas d'en manger ; et je ne veux point que vous me respondies, ains seulement que je
sache si vous vous portes bien.
O Dieu, ma chere Mere, Dieu, dis-je, soit a jamais nostre vie. Amen.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de San Remo (Italie).
_____
MCXXVII. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de
Lyon. Béatitude du dépouillement intérieur. Le courage des
filles du monde et celui des filles de Dieu. Promesse d'union
et de prières. Il ne faut point permettre « aux apprehensions
d'apprehender » notre cœur. — Recours aux saints Anges.
Sœur Marie-Renée ; souvenir consolant de sa confession
générale
Annecy, fin octobre ou commencement de novembre324 1615.
Je le voy certes de mes propres yeux, ce me semble, et le sens de mon propre cœur, ma tres
chere Fille, que vous aves fait une prattique de tres grand despouillement. Mais, o que bienheureux
sont les nudz de cœur, car Nostre Seigneur les revestira de graces, de benedictions et de sa speciale
protection. Pauvres et chetifves creatures que nous sommes, en cette vie mortelle nous ne pouvons
quasi rien faire de bon qu'en souffrant pour cela quelque mal ; non pas mesme nous ne pouvons
quasi pas servir Dieu d'un costé que nous ne le quittions de l'autre, et souvent il nous convient
quitter Dieu pour Dieu, renonçant a ses douceurs pour le servir en ses douleurs et travaux.
Ma tres chere Fille, helas ! les filles que l'on marie renoncent bien a la presence des peres,
meres et leur [79] païs, pour se sousmettre a des maris bien souvent inconneus, ou au moins
d'humeurs inconneuës, affin de leur faire des enfans pour ce monde. Il faut bien que les filles de
323 Ces lignes semblent avoir été écrites au retour d'un voyage, plutôt qu'au début d'une convalescence. A la fin
d'octobre 1615, la Mère de Chantal revenait de Lyon après une absence de neuf mois ; rien d'étonnant que le Saint,
empêché d'aller la voir dès son arrivée (voir ci-dessus, note (275), p. 69), lui ait donné une marque spéciale de
paternelle affection. Si la date indiquée paraît très probable, nous ne la donnons cependant pas comme certaine.
324 Les premières éditions ne datent pas cette lettre ; Hérissant (1758) la place vers décembre 1615. Il est plus exact
de la rapprocher du retour de la Mère de Chantal à Annecy ; les allusions des deux premiers alinéas le demandent.
aussi bien que la mention de la mort de Sœur Marie-Renée Trunel. (Voir ci-après, note (331), p. 81.)
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8.6 Page 76

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Dieu ayent un courage encor plus grand que cela, pour former en sainteté et pureté de vie des
enfans a sa divine Majesté.
Mais avec tout cela, ma tres chere Fille, jamais nous ne nous pouvons quitter, nous que le
propre sang de Nostre Seigneur, je veux dire son amour par le merite de son sang, tient collés325
et unis ensemble. Certes, pour moy, je suis en verité si parfaitement vostre, qu'a mesure que ces
deux ou troys journees de distance semblent nous separer corporellement, de plus fort et avec plus
d'affection je me joins spirituellement a vous, comme a ma Fille tres chere. Vous seres la premiere
aupres de nostre Mere326 en mes prieres et en mes soucis : soucis pourtant bien doux, pour l'extreme
confiance que j'ay en ce soin celeste de la divine Providence sur vostre ame, laquelle sera bien
heureuse si elle jette aussi dans ce sein d'amour infiny toutes ses apprehensions327.
Or sus, ma chere Fille, tenés vos yeux haut eslevés en Dieu ; aggrandissés vostre courage
en la tressainte humilité, fortifiés-le en la douceur, confirmés-le en l'esgalité ; rendés vostre esprit
perpetuellement maistre de vos inclinations et humeurs, ne permettés point aux apprehensions
d'apprehender vostre cœur : un jour vous donnera la science de ce que vous aures a faire le jour
suivant328. Vous aves ci devant franchi plusieurs passages, et ç'a esté par la grace de Dieu ; la
mesme grace vous sera presente en toutes les occasions suivantes, et vous delivrera des difficultés
et mauvais chemins l'un apres l'autre, quand il devroit envoyer un Ange pour vous porter es pas
plus dangereux329.
Ne retournés point vos yeux devers vos infirmités et insuffisances sinon pour vous
humilier, et non jamais pour vous descourager. Voyés souvent Dieu a vostre dextre330 et les deux
Anges qu'il vous a destinés, l'un pour vostre [80] personne, l'autre pour la direction de vostre petite
famille. Dites-leur souvent, a ces saintz Anges : Seigneurs, comme ferons nous ? Suppliés-les
qu'ilz vous fournissent ordinairement les connoissances du vouloir divin qu'ilz contemplent, et les
inspirations que Nostre Dame veut que vous recevies de ses propres mammelles d'amour. Ne
regardés point cette varieté d'imperfections qui vivent en vous et en toutes les filles que Nostre
Seigneur et Nostre Dame vous ont confiées, sinon pour vous tenir en la sainte crainte d'offencer
Dieu, mays non jamais pour vous estonner ; car il ne se faut esbahir si chaque herbe et chaque fleur
requiert son particulier soin en un jardin.
J'ay sceu quelqu'une des graces que Dieu fit a nostre tres chere Seur Marie Renee sur son
trespas331. Elle estoit fort ma fille ; car lhors que je fus la, elle fit une reveuë de toute sa vie, pour
me donner connoissance de ce qu'elle avoit esté, avec une humilité et confiance incroyable et sans
grande necessité, avec une extreme edification pour moy quand j'y repense. La voyla maintenant
a prier pour nous et pour vous specialement, puis qu'elle est trespassee vostre fille et sous vostre
assistance.
Faites-moy la consolation, ma chere Fille, de m'escrire souvent, et me dire tous-jours en
confiance les choses que vous croires que je puisse utilement sçavoir de l'estat [81] de vostre cœur,
que je benis au nom de Nostre Seigneur de tout le mien, et suis en Dieu tout vostre.
325 Cf. I Reg., XVIII, 1.
326 La Mère de Chantal.
327 Cf. Ps. LIV, 23 ; I Petri, ult., 7.
328 Cf. Ps. XVIII, 3.
329 Matt., IV, 6 ; Luc., IV, 10, 11.
330 Cf. Ps. XV, 8.
331 Mme d'Auxerre, la vertueuse fondatrice du 1er Monastère de Lyon, portait le voile de la Visitation et le nom de Sœur
Marie-Renée depuis le 3 février. (Voir le tome précédent, note (778), p. 240.) Le 14 octobre, Notre-Seigneur la
rappelait à lui, après avoir comblé de grâces ses derniers jours. A un état de peines intérieures très intense, succéda
pour cette âme une joie extraordinaire d'aller voir son souverain Bien. Une extase de trois quarts d'heure suivit la
réception du saint Viatique, et Mer l'Archevêque de Lyon, qui daigna la visiter, « dit qu'il n'avoit veu personne aller a
la mort avec tant d'allegresse que cette chere mourante, et qu'elle recevoit bien a cette heure finale de sa vie la
recompense de tout ce qu'elle avoit fait au long d'icelle pour la gloire de Dieu... A l'instant de son trepas, l'on eut
plustost jugé qu'elle tumboit en un grand ravissement que dans les filets de la mort ; car, levant les yeux au ciel avec
un visage doux et riant, par un amoureux soupir, comme fesant une oraison jaculatoire, son ame fut delivree du sac de
cette mort, et alla... dans l'eternelle liberté des enfants de Dieu. » (Vie manuscrite de Sœur Marie-Renée Trunel, par la
Mère de Chaugy ; cf. aussi Les Vies de VIII venerables Veves, etc., Annessy, 1659, chap. VI.)
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8.7 Page 77

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_____
FRANCS, E. de Geneve.
MCXXVIII. A Madame de la Fléchère. La comtesse de Tournon
malade ; son mari « un petit fasché » contre le Saint.
Gracieuse humilité de François de Sales qui s'entend peu aux
compliments et marche « a la bonne foy ». Nouvelles et
messages
Annecy, 6 novembre 1615.
Je vous escris a la course, envoyant expres ce porteur pour apprendre des nouvelles de la
santé de Mme la Comtesse332, au service de laquelle je contribuerois volontier ma visite personnelle
si la maladie estoit de qualité que cela fut requis et quil luy tournast a consolation. Monsieur le
Comte333, pour dire ceci entre nous deux, est un petit fasché contre moy pour un sujet auquel je
n'ay point de coulpe ; mays sa bonté adoucira bien tout. Certes, je vay a la bonne foy, et qui voudra
m'estre si rigoureux que de remarquer mes imperfections et defautz, il ne m'aymera jamais guere
longuement, sur tout mes manquemens es civilités, complimens et autres choses de bienseance ;
car, outre que j'ay l'esprit fort lourd, je l'ay encor si chargé d'occupations selon ses forces, que je
ne voy pas tout ce quil faudroit.
Nostre Mere334 se porte bien et est toute vostre. Nostre chere cousine335 arrivera ce soir ou
passé demain, comme je pense, et avec elle, la chere niece, ma fille336. [82]
337Il ne se peut dire combien Monseigneur de Lyon nous a rempli d'honneur, de devotion
et de consolation338.
Si le cher mari est venu, salues-le bien amoureusement de ma part et l'asseures de mon
service. Dieu vous benisse en toute vostre ame, ma tres chere Fille, et je suis en luy parfaitement
tout vostre.
VI IXbre 1615, Annessi.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
332 Philiberte de Beaufort, comtesse de Tournon (voir tome XV, note (46), p. 1).
333 Le comte de Tournon.
334 La Mère de Chantal.
335 Mme de Charmoisy, qui était attendue à Annecy. (Cf. ci-dessus, pp. 69, 74, 76.)
336 Gasparde d'Avise (cf. ibid., pp. 69, 74).
337 La phrase suivante est inédite.
338 Mgr de Marquemont, arrivé à Annecy le 30 octobre, était probablement parti le 5 novembre. Pour les détails de son
séjour, voir ci-après, les Lettres MCXXX et MCXXXII.
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8.8 Page 78

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MCXXIX. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. L'Evêque
de Genève s'excuse de n'avoir pu conférer un bénéfice à un
candidat recommandé par Son Altesse
Annecy, 8 novembre 1615.
Monseigneur,
Sur la recommandation qu'il a pleu a Vostre Altesse de me faire en faveur du sieur du
Chatelard339, qui me [83] tient lieu de commandement, j'eusse grandement desiré de le pouvoir
prouvoir du benefice qu'il praetendoit ; mays d'un costé, il n'estoit pas en moy d'en disposer,
puisque le Chapitre de mon eglise en avoit la nomination, et d'autre part, tant ledit Chapitre que
moy, ne pouvons en sorte quelcomque nous departir des ordonnances du Concile de Trente340, que
nous avons juré d'observer ; et elles ne nous permetent pas de distribuer les benefices curés que
par le concours au plus capable, et faysans le contraire, nous nous exposerions a la disgrace de
Nostre Seigneur et a la damnation. Ce benefice la, Monseigneur, ne peut rendre au curé que
cinquante ducatons, et la charge des ames y est fort grande pour la multitude du peuple qui en
depend, lequel hante fort l'Alemaigne et a besoin d'un pasteur qui ayt grand soin de l'edifier et
conserver en la foy341. [84]
Certes, je souhaite tout bonheur audit sieur du Chatelard, qui fait profession d'aymer le
service de l'Eglise ; mais pour des benefices, je luy en desirerois d'autre nature que de ceux qui
portent charge d'ames, et ilz ne luy manqueront pas, sii plait a Vostre Altesse le favoriser es
occurrences.
Cependant, suppliant a jamais Dieu quii benisse de ses plus grandes benedictions vostre
personne et vostre coronne,
Monseigneur, je suis, de Vostre Altesse,
339 Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII) nous raconte l'histoire d'un « gentilhomme ecclesiastique, » qui, n'ayant
« salué les lettres que de bien loing, » ne laissa pas de se présenter au concours du 4 novembre 1615, auquel assistait
l'Archevêque de Lyon, et « se vantoit publiquement d'emporter » le « benefice a la faveur des... recommandations des
Princes. » Son échec fut éclatant : l'ignorance était notoire, et le saint Evêque, exact observateur des règles de l'Eglise,
conféra la cure à un « docteur d'une science éminente et d'une pieté tres-recognuë, » Pierre-François Jay. (Voir ci-
dessus, note (232), p. 54.) Le « pauvre homme ainsy rejetté, » recourut alors aux menaces ; il fit pire encore. « Un jour
de dimanche, pendant que l'on celebroit les divins Offices, » il « n'eut point de honte... de presenter au Bien-heureux
François... un libelle diffamatoire remply de mille injures et indignités. » « L'Office achevé, » dit le chanoine Etienne
de la Combe (Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 34), « le Serviteur de Dieu leust cest escript infame sans emotion.
» Le Chapitre voulait punir « une si grande impudence, » il s'y opposa ; et, non content de pardonner au coupable, lui
« tesmoignat du depuis une particuliere dilection. » C'est de ce personnage que le magnanime Evêque parle en termes
si modérés à cette date du 8 novembre.
Il avait nom Pierre-François de Rossillon, était fils de dame Péronne-Marie de Lambert et de Jacquemin de
Rossillon, dit de Châtillon, seigneur du Châtelard, du Bois, de la Naz, etc., et tenait à la famille de Sales par les deux
côtés paternel et maternel. Né vers 1578, Pierre-François fut minoré le 20 septembre 1597, et accompagna le Saint,
encore Prévôt, dans son voyage à Rome. Lors de sa prêtrise, 17 avril 1604, il était déjà chanoine de Saint-Pierre de
Genève. S'il n'eut pas de bénéfices portant « charge d'ames, » dont son Evéque le jugeait incapable, les titres d'honneur
ne lui manquèrent pas : chevalier grand-croix des Saints-Maurice et Lazare, conseiller, comte et commandeur des
Allinges, prieur commendataire de Notre-Dame de Faulcon à Barcelonnette, de Carruz au diocèse de Mondovi, M. du
Châtelard devient, le 21 novembre 1620, doyen de la Collégiale de Notre-Dame de Liesse, et résigne son canonicat le
10 mai suivant. Le Bienheureux, de son propre mouvement, le fit nommer aumônier de Madame Royale, et se montra
pour lui bon et généreux encore après sa mort. Pierre-François de Rossillon dépose lui-même dans le Ier Procès de
Béatification (ad art. ult.) : « Je baisois maintes fois » la main du vénérable défunt « et m'en touchay les yeux auxquels
j'avois une grande defluction, laquelle » passa par la vertu de ce saint attouchement.
M. du Chàtelard mourut le 19 décembre 1634, à Saint-Julien, chez son frère le commandeur du Bois.
340 Sess. XXIV, de Reform., c. XVIII.
341 Le bénéfice prétendu était la cure de Scionzier, au canton de Cluses, en Faucigny. Cette partie de la Savoie né subit
point le joug de la Réforme ; mais le voisinage de la Suisse protestante demeurait un danger perpétuel pour la foi de
ses habitants, qui avaient dû lutter à diverses reprises contre les Bernois et les Genevois.
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8.9 Page 79

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Tres humble, tres obeissant et tres fidele orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VIII novembre 1615, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [85]
_____
MCXXX. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de
Montpellier (Inédite). Saint François de Sales se porte garant du
repentir d'un coupable. Souvenirs du séjour de Mgr de
Marquemont à Annecy, Genève décimée par la peste
Annecy, 8 novembre 1615.
Monseigneur,
Voyla qu'en fin le sieur de Barraux342, repentant des il y a long tems, et corrigé de sa faute
par le loysir et les raysons qui luy ont bien fait sentir le devoir quil a de vivre sage et sous-mis a
vostre obeissance, il s'en va se jetter sous vostre protection, hors delaquelle il connoist bien quil
ne peut bonnement durer. Or il a desiré un passeport et sauf-conduit de moy aupres de vous, [85]
par ce que le bonhomme son beaupere343 luy a dit que vous m'avies confié l'asseurance que vous
pouves prendre de son amendement : qui m'a aussi fait entendre que je pouvois seul donner
ouverture a son restablissement en vostre service. C'est pourquoy, le voyant remis au bon chemin,
et d'ailleurs fort en peine pour le sujet quil vous dira, tres volontier je vous supplie, Monseigneur,
de le recevoir, esperant que des-ormais vous n'en aures que du contentement, ainsy quil m'a
solemnellement promis et protesté. J'ay les papiers de l'evesché quil avoit tres mal a propos
apportés, et les garderay pour en faire ainsy que vous me commanderés.
Monseigneur l'Archevesque de Lion m'a fait lhonneur de me visiter et demeurer six ou sept
jours ceans344, pendant lesquelz il a fait deux sermons et une petite exhortation avec tant de pieté,
que ce bon peuple en sera longuement consolé. Nostre Geneve est tous-jours extremement affligee
de contagion345, mays ell' endurcit sous le chastiment. On asseure que jusques a present il est mort
bien six mille personnes de ce mal, lequel par miracle ne s'est comme point espanché sur la Savoye.
Nostre paix est fort entiere maintenant, graces a Dieu, que je supplie la nous vouloir
conserver, et vous combler de toutes les faveurs celestes quil depart a ses plus grans serviteurs,
tandis que sans fin je suis et seray inviolablement,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VIII IXbre 1615, Annessi.
A Monseigneur
Monseigneur le Reverme Evesque de Monpelier.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Lamothe-Tenet, à Montpellier. [86]
342 Michel Fenouillet, seigneur de Barraux (voir le tome précédent, Lettre MLXIV, et note (1105), p. 339).
343 Claudin de Gruffy, seigneur de Barraux, d'une famille noble du Genevois sortie du notariat, qui apparaît au XVe
siècle. Il avait épousé Péronnette Portier de Charrières. (Cf. le tome précédent, note (1105), p. 339.)
344 Voir ci-dessus, note (338), p. 83, et la Lettre MCXXXII.
345 Voir ibid., note (242), p. 56.
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8.10 Page 80

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_____
MCXXXI. A Madame de Peyzieu (Inédite). Protestations de
respectueuse affection pour la destinataire et ses enfants
Annecy, 15 novembre 1615.
Madame ma tres chere Mere,
Ce m'a esté un grand contentement d'apprendre avec tant d'asseurance le bon estat de vostre
santé, et je vous escris ce billet seulement pour me ramentevoir en vostre bienveuillance, et
supplier vostre chere ame de me tenir tous-jours au rang quil vous a pleu me donner entre ceux qui
ont le bonheur d'estre aymés de vous. Certes, ma tres chere Mere, mon cœur est tout filial pour
vous, et ne cesse point de faire tous les bons souhaitz quil doit pour vostre consolation.
Il y a bien asses long tems que je n'ay point eu de nouvelles de ma seur madame de
Grandmayson346, mais j'en tireray un de ces jours, Dieu aydant, en luy escrivant par la commodité
de Lion. En somme, puis que je n'ay pas le loysir de m'estendre davantage, je veux dire en un mot,
que je vous cheris avec un honneur et respect tout parfait, et avec vous, tous messieurs mes freres
et mesdames mes seurs347, entre lesquelz je salue humblement ceux qui sont pres de vous. [87]
Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur, Madame ma tres chere Mere, et je suis de tout
le mien,
Vostre plus humble, tres fidele filz et serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
XIIIII novembre 1615, Annessi.
A Madame
Madame de Pezieu.
A Thuey348.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la marquise de Mailly,
château de la Roche-Mailly (Sarthe). [88]
_____
346 Hélène de Longecombe de Peyzieu, fille de la destinataire. (Voir tome XV, note (804), p. 283.)
347 Les enfants de Mme de Peyzieu : Balthazard (voir le tome précédent, note (353), p. 110), Jacques (tome XIII, note
(454), p. 165) et François, dont la notice sera donnée ultérieurement ; Hélène, dame de Grandmaison, Lucrèce, dame
de Saint-André de Cervières (tome XV, note (559), p. 182). Le Saint veut sans doute aussi désigner Jeanne Armuet
de Bonrepos, femme de Balthazard (voir le tome précédent, note (358), p. 111).
348 Ordinaire résidence de Mme de Peyzieu. (Voir tome XV, note (821), p. 288.)
80/355

9 Pages 81-90

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9.1 Page 81

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MCXXXII. Au Marquis Sigismond de Lans349. Justification
loyale et ferme du Saint au sujet des soupçons éveillés par la
visite de l'Archevêque de Lyon. Il proteste de son
attachement inviolable à son légitime souverain.
Annecy, 15 novembre 1615.
Monsieur,
Je respons a la lettre qu'il vous pleut de m'escrire hier, quatorziesme de ce mois, que je
reçoy tout presentement, et supplie Vostre Excellence de croire qu'en cette occurrence je regarde
Dieu et ses Anges, pour ne rien dire qu'avec l'honneur que je doy a la verité.
Des l'advenement de Monseigneur l'Archevesque de Lion en sa charge350, il m'escrivit une
lettre de faveur, par laquelle il me conjuroit d'entrer en une sainte amitié avec luy, a la façon des
anciens Evesques de l'Eglise, qui [88] n'avoyent qu'un cœur et qu'une ame351 et qui, par la
reciproque communication des inspirations qu'ilz recevoyent du Ciel, s'entr'aydoyent a supporter
leurs charges, mais principalement quand ilz estoyent voysins les uns des autres. Et parce que je
suis plus ancien en Ordre que luy, il m'escrivit des lhors qu'il me viendroit voir, pour se prevaloir
de ce que l'experience m'auroit peu acquerir en nostre profession ; avec plusieurs telles paroles,
excessives en humilité et modestie.
Despuis, il a tous-jours continué a vouloir me faire cet honneur, auquel n'estimant pas que
je me deusse laisser prevenir, puisqu'il est le premier des Evesques de France et moy le dernier de
Savoye, je l'allay voir a Lion352, comme Vostre Excellence sçait. Et luy, par sa courtoysie, a voulu
contreschanger ma visite sur l'occasion de celle qu'il faysoit de son diocese, a Lagnieu, Saint
André, Groslee et autres lieux qui en dependent, esquelz il avoit des-ja gaigné une journee des
trois qu'il y a d'icy a Lion. Et je ne sceu nullement d'asseurance sa venue, que le soir avant qu'il
arrivast ; car encor que six jours auparavant le sieur de Medio, originaire de ce païs, mais chanoine
de l'eglise de Saint Nizier de Lion353, m'eust escrit qu'il avoit quelque opinion que Monseigneur
l'Archevesque estendroit sa visite jusques icy, si est ce que, n'y faysant pas fondement, j'envoyay
un laquay pour le sçavoir, qui ne revint que le jeudy au soir avant le vendredy auquel Monseigneur
l'Archevesque arriva.
Or, il ne vint point a cachette, comme ont accoustumé de faire ceux qui traittent des affaires
odieuses, mays au veu et au sçeu de tout le monde, et amena avec soy huit hommes a cheval, entre
lesquelz il n'y en avoit point de [89] marque, sinon le sieur de Ville, docteur en theologie et grand
predicateur, originaire de Rossillon pres de saint Rambert354, et son aumosnier, nommé monsieur
349 Sigismond d'Est, marquis de Lans, gouverneur de Savoie. (Voir tome XV, note (162), p. 49.)
350 Mgr de Marquemont fit son entrée à Lyon le 9 mars 1613. (Voir ci-dessus, note (94), p. 16.)
351 Act., IV, 32.
352 Ce voyage s'était effectué à la fin du mois de juin. (Voir ci-dessus, notes (83), (84), p. 13, et note (101), p. 18.)
353 Jacques de Médio (voir tome XII, note (88), p. 49) avait pris possession de son canonicat à Saint-Nizier, le 27
février 1595. Au mois d'avril suivant, le jeune chanoine demandait aux « sieurs Capitulans de le dispenser de sa
residence pour aller aux estudes, » qu'il fit sans doute dans la ville même. Pourvu d'une prébende à Chalaronne, il la
permute en 1597 contre celle de la Madeleine, revient par condescendance sur cet acte en 1600 ; en 1613, le bénéfice
de Courteson lui est assigné. M. de Médio mourut le 14 octobre 1620. (Actes capitulaires de la Collégiale de Saint-
Nizier.)
354 Remarquable par son savoir et sa piété, Jean-Claude de Ville avait, le 22 décembre 1600, pris le grade de docteur
en théologie à l'Université de Toulouse. Il est prêtre en 1604, et, cette même année, reçoit canonicat et prébende à la
Collégiale de Saint-Paul de Lyon. M. de Ville s'adonna avec succès à la prédication, surtout dans le diocèse ; ses vertus
et ses services lui attirèrent l'estime et la confiance de son Chapitre. Son nom figure encore dans un acte du 31 octobre
1635. (D'après les Actes de la Collégiale de Saint-Paul.)
Le 20 mai 1616, le digne chanoine donnait une approbation pour l'impression du Traitté de l'Amour de Dieu.
81/355

9.2 Page 82

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Raymond355.
Estant icy, je vous asseure que nous n'avons ni fait ni dit, non pas mesme pensé, aucun
traitté, ni pour les choses du monde, qui, si je ne me trompe, nous sont a tous deux fort a degoust,
ni pour les choses ecclesiastiques, n'ayans rien eu ni a demesler ni a mesler ; mays seulement,
purement et simplement, nous avons parlé des devoirs que nous avons au service de nos charges,
de la façon des Offices ecclesiastiques et de telles choses entierement spirituelles.
Il fit deux excellentes predications, l'une en l'eglise cathedrale356, l'autre au College, le jour
de saint Charles357, pleines de pieté et de zele. Il celebra tous les jours la Messe en divers lieux, et
ne fut jamais parlé de chose [90] quelcomque sinon conformement a nos vacations. Vostre
Excellence ne m'obligera pas peu si elle en asseure Son Altesse, et je luy engage pour cela mon
honneur et ma reputation, et a Dieu qui le sçait, ma conscience et mon salut.
Que si Vostre Excellence me le permet, je luy diray avec esprit de liberté, que je suis né,
nourry et instruit, et tantost envielly, en une solide fidelité envers nostre Prince souverain, a
laquelle ma profession, outre cela, et toutes les considerations humaines qui se peuvent faire me
tiennent estroittement lié. Je suis essentiellement Savoysien, et moy et tous les miens, et je ne
sçaurois jamais estre autre chose. Je ne sçay pas donq comme je puis jamais donner aucun
ombrage, principalement ayant vescu comme j'ay fait.
Je me prometz de la faveur de Vostre Excellence que Son Altesse demeurera parfaitement
satisfaitte, et que rien ne se sçaura de cet ombrage, qui affligeroit le bon Monseigneur de Lion
beaucoup plus qu'il ne m'afflige pas moy, qui, par la suitte du tems et les evenemens, seray tous-
jours reconneu tres asseuré et tres fidele serviteur de Son Altesse, a laquelle je souhaitte toute
sainte prosperité. [91]
……………………………………………………………………………………………………
_____
355 Prêtre du diocèse de Langres et aumônier de l'Archevêque de Lyon, Nicolas Raymond fut pourvu par le Prélat, en
1616, de l'office de sacristain de Fourvière, qui comportait les fonctions curiales, et admis en cette qualité par le
Chapitre. Quoiqu'il ne remplît pas ses devoirs à la satisfaction de ses confrères et des paroissiens, il obtint, le 15
octobre 1620, la chanoinie de Saint-Nizier laissée vacante par Jacques de Médio, et en même temps, l'une des
prébendes de Sainte-Croix. Il résigna l'une et l'autre le 1er octobre 1630 ; l'année précédente (6 avril), un successeur
lui avait été donné à Fourvière. On ignore la date de la mort de M. Raymond. (D'après les Actes capitulaires des
Collégiales de Fourvière et de Saint-Nizier.)
356 Pour la fête de la Toussaint.
357 Les Acta Collegii (Archiv. commun. d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Chappuisien) relatent avec détails la
visite de l'Archevêque de Lyon chez les Pères Barnabites. Ils parlent de la nombreuse et noble assemblée écoutant
l'improvisation éloquente, et très élogieuse pour la Congrégation, que Mgr de Marquemont prononça, revêtu du sacré
pallium, le 4 novembre La cérémonie religieuse dura de 6 heures du matin à 11 heures, et l'après-midi fut occupée par
le concours public où se produisit l'incident raconté plus haut, note (339), p. 83.
82/355

9.3 Page 83

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MCXXXIII. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Le Saint
promet à la Mère de Chantal d'aller le lendemain recevoir sa
confession annuelle
Annecy, [vers le 20 novembre 1615 358.]
Ma tres chere Mere,
Voyla bien des lettres que j'ay ouvertes359 par ce que je suis vostre filz de confiance. Or,
bon soir cependant.
Je m'essayeray de gaigner demain le tems de vous voir avec le plus de loysir quil me sera
possible, pour la confession annuelle. Bon soir donq mille et mille fois, ma tres chere, tres bonne
et tres honnoree Mere, vrayement mienne, c'est a dire tous les jours plus, graces au Sauveur qui
vous benisse icy et la. Amen.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.
_____
MCXXXIV. A la même (Inédite). Question d'argent à traiter
avec le cousin de la Sœur de Monthoux
Annecy, 21 ou 29 novembre 1615 360.
Tandis que j'estois avec vous moymesme au parloir, [92] M. de Monthouz361 me vint
chercher, ce que je ne seu qu'en soupant ; et lhors je luy envoyay un billet par lequel je le priois ne
point partir quil ne vous parlast, affin d'arrester des affaires de sa cousine362. Or il fut treuvé chez
son hoste, ou il ny avoit ni papier ni encre ; c'est pourquoy il m'envoya dire quil feroit selon mon
billet.
Au reste, quand il ira vers vous, ne luy dites point de paroles qui le puisse (sic) estonner,
comme seroit celle que vous aves esté estonnee de quoy il s'en alloit ; mais simplement, que vous
estant apperceue quil s'en alloit, vous aves desiré d'arrester l'affaire, affin qu'a la profession il ny
ait rien a traitter, ains seulement a executer le traitté. Je croy bien quil ne treuvera pas trop de troys
mille florins.
Cependant, je vay pensant ce que je vous diray tantost. Dieu, qui sçait ce qui est requis a
vostre cœur mien et a ceux de nos Seurs, me veuille suggerer selon sa gloire. Amen. Bonjour mille
et mille fois.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Turin. [93]
358 L'écriture de ce billet est bien celle des lettres de 1615 ; le quantième nous est suggéré par la mention de la «
confession annuelle » faite sans doute aux approches du renouvellement des vœux qui, cette année-là, fut fixé pour la
première fois au 21 novembre. (Voir ci-après, note (404), p. 104.)
359 Probablement, ces lettres venaient de la Visitation de Lyon.
360 La profession religieuse de Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux eut lieu le 27 décembre 1615. (Cf. au tome
précédent, les notes (841), (910), des pp. 261, 279.) La présente lettre est donc de cette année, mais un peu éloignée,
semble-t-il, du jour de la cérémonie ; une absence du saint Evêque au commencement de décembre persuade de la
placer vers la fin de novembre : 21, fête de la Présentation, ou encore 29, premier dimanche de l'Avent, dates plus
probables pour le sermon annoncé dans ces lignes.
361 Claude-Louis Guillet (voir tome XV, note (177), p. 55).
362 Sœur Paule-Jéronyme de Monthoux, dont le sénateur avait favorisé l'entrée à la Visitation. (Cf. le tome précédent,
Lettres MXIII, MXIV.)
83/355

9.4 Page 84

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_____
MCXXXV. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de
Lyon. Tristesse témoignée par la Mère Favre à une amie ;
encouragements paternels. La « grande Fille »
particulièrement chérie des deux Fondateurs
Annecy, [vers fin novembre 1615 363.]
Dieu benisse eternellement vostre cœur, ma tres chere Fille, que le mien cherit plus qu'il
ne se peut dire. Dites [93] moy, ma chere Fille, mais dites le a mon cœur, c'est a dire bien
naifvement : quelle tristesse et quel regret monstrastes vous a madame la Comtesse de la N.364,
laquelle la depeint avec des couleurs si noires, que je croy qu'elle vous a pris pour une autre. Mays
je serois bien ayse de le sçavoir de vous mesme, pour, par apres, en oster plus hardiment la
compassion de ceux qui vous plaignent extremement sur ce sujet et en tirent des consequences a
leur gré. Or sus, le monde sera tous-jours monde et mourra monde, et nous, ma Fille, nous serons
tous-jours a Nostre Seigneur et vivrons a Nostre Seigneur365.
Au reste, il me faut appeller vostre Pere, et sans ceremonie ; je le suis de tout mon cœur, et
vous cheris plus, comme je croy, que les peres naturelz n'ont accoustumé de cherir leurs filles.366
Nostre Mere et moy, qui ne sommes pas deux, vous cherissons comme nostre grande premiere
fille, laquelle maintenant, moyennant la grace divine, en va faire d'autres pour l'eternité.
……………………………………………………………………………………………………..
Revu sur le texte inséré dans la Vie manuscrite de la Mère Favre, par la Mère de Chaugy,
conservée à la Visitation d'Annecy. [94]
_____
363 Ces lignes appartiennent sûrement aux débuts de la supériorité de la Mère Favre, ainsi que nous l'apprend la Mère
de Chaugy dans sa Vie manuscrite : « Jaçoit qu'elle se soubmit genereusement a l'obeissance » qui lui avait imposé le
fardeau, dit l'annaliste, « si est ce qu'elle ne pouvoit si bien emprisonner sa douleur en l'interieur qu'il ne parut au
commencement quelque chose a l'exterieur ; ce qui donna sujet a nostre Bienheureux Pere de luy escrire » les « douces
et paternelles paroles » reproduites par notre texte. Il est difficile toutefois de préciser la date ; celle que nous indiquons
est fondée sur l'étude comparative des lettres de cette période à la même destinataire.
364 Bien qu'elle ne portât aucun titre, Mme de Murat de la Croix, fille du comte de Tournon (voir le tome précédent,
note (274), p. 78), est celle qu'on peut proposer avec le plus de probabilité. De Rumilly en Berry, où elle allait visiter
son beau-père, elle passait par Lyon, et il n'est pas invraisemblable de placer son retour en Savoie, en l'année 1615. à
la fin de l'automne. Amie intime de la Visitation, elle méritait plus que toute autre la confiance de la Mère Favre.
Il est possible encore que « la Comtesse de la N. » soit Mme de la Croix de Chevrières, née Claudine de Chissé. Dès
l'origine de la fondation du 1er Monastère de Lyon, elle s'en était faite la bienfaitrice, et la Supérieure l'appelait « Mère
». Sa famille devait l'attirer assez fréquemment en Savoie.
365 Ce premier alinéa est inédit.
366 Ici, la Mère de Chaugy et les éditeurs qui l'ont suivie insèrent une phrase qui appartient à une lettre de 1620. Les
quatre dernières lignes auraient-elles aussi fait partie d'un autre texte ?
84/355

9.5 Page 85

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MCXXXVI. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Le Saint
empêché d'écrire une lettre par un appointement et un souper
Annecy, [novembre 1615 367.]
Je desirerois pouvoir escrire comme vous mesme368, ma tres chere Mere, mais je ne sçauray
pas le faire si le laquay part demain si matin, car je suis embarqué en un appointement et donn'a
souper a monsieur de Talloyre369. En tous evenemens, vostre lettre suffira, car j'ay des-ja escrit au
Pere Theodose370.
Certes, et moy et tout, j'ay grand desir que nous nous voyons un peu ; ce sera demain, Dieu
aydant. Et mille fois bon soir, ma tres chere Mere, J'escris sans loysir.
Revu sur l'Autographe conservé au 1er Monastère de la Visitation de Paris.
_____
MCXXXVII. A M. Guillaume de Bernard de Foras371.
Témoignages de très affectueuse amitié au destinataire à son
retour de Lorette.
Annecy, [novembre] 1615 372.
Et moy, monsieur mon tres cher Frere, je vay en esprit vous embrasser a ce retour, et vous
offrir ce cœur que [95] j'ay pour vous, tous-jours plus plein de toutes les affections plus sinceres
qu'un frere peut avoir pour un frere extremement aymé et presqu'autant aymé comm'aymable.
Mays non, mon tres cher Frere, je ne dis pas sinon presqu'autant, car je confesse qu'apres que je
vous ayme extremement, encor ne vous ayme-je pas asses selon vos merites.
Venes heureux, avec la benediction du Filz et de la Mere, dont vous venes de venerer la
sainte Mayson. Je suis
Vostre plus humble frere et serviteur,
F., E. de Geneve.373
Revu sur l'Autographe conservé au 2d Monastère de la Visitation de Rouen. [96]
_____
367 En rapprochant ce billet d'une lettre de la Mère de Chantal où elle parle à la Mère Favre d'une réponse à faire au «
Père Théodose » (Lettres, vol. I, p. 59, novembre 1615), on peut conjecturer approximativement la date de ces lignes.
368 Peut-être s'agissait-il d'une lettre pour Lyon.
369 Claude-Louis-Nicolas de Quoex, prieur claustral de Talloires (voir tome XIV, note (517), p. 172).
370 Sans doute le P. Théodose de Bergame, Capucin (voir tome XV, note (798), p. 281).
371 Voir le tome précédent, note (728), p. 226.
372 Au verso de l'Autographe de saint François de Sales, sa trouve un billet de son frère Jean-François (voir la note ci-
dessous), et, en travers, la note suivante, d'une ancienne écriture : « Ce billet est ecrit au Sr de Forax, au retour de son
voyage de Nostre Dame de Lorette en l'année 1615. » C'est la seule indication certaine que nous ayons pour la date.
D'après d'autres considérations, il semble possible de proposer le mois de novembre. En effet, M. de Foras se trouvait
à Annecy le 10 décembre, une lettre de sainte Jeanne-Françoise de Chantal en fait foi (vol. I, p. 66), et ici, l'Evêque
de Genève fait allusion à une entrevue prochaine.
373 De la main de Jean-François de Sales : « Voylla encor quattres lignes du frere, que je vais glisser dans mon pacquet,
par ce que je desesperois, voyant ses affayres, qu'il peut les escrire. Je l'avoys desja fermé, et voyci qu'il m'envoye ce
billet. Bon soir, cher Frere, il est extremement tard. » Ces lignes expliquent le commencement du billet du Saint : «
Et moy, » etc.
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9.6 Page 86

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MCXXXVIII. A Madame de la Fléchère. Affaires épineuses que
François de Sales voudrait arranger à la consolation de Mme de
Bressieu. Une tempête prévue au sujet de l'entrée de deux
postulantes à la Visitation. Haine mortelle du Saint pour le
monde ennemi de l'esprit de Dieu. Les projets de M. de
Rességuier
Annecy, 5 décembre 1615 374.
Si vous n'esties ma tres chere Fille, je m'excuserois d'avoir tant tardé a vous respondre a
plusieurs de vos lettres ; mais vostre cœur sçait bien que le mien prend playsir a vous escrire quand
il en a la commodité. J'ay esté un peu mal pour toute cette semaine, mais ce n'est rien maintenant,
que je m'en vay mesme, Dieu aydant, dire la Messe a la Visitation.
J'ayme trop nostre pauvre seur affligee375 et ne suis pas si douillet pour pouvoir estre
offencé de chose du monde de sa part. Mays je tarde d'aller a Chamberi, pour voir si nous pourrions
accomoder a l'amiable le différend criminel qu'elle et messieurs ses enfans376 ont avec Charriere377,
par ce qu'au prealable, je voudrois [97] qu'entre nous autres nous eussions pris les resolutions
convenables a cela, affin qu'a faute de ce, je ne fusse pas contraint de demeurer longuement a
Chamberi, ou je ne puis guere estre sans incommoder mes affaires. A cet effect, j'ay supplié
monsieur de Montmeilleur378 de persuader a nostre seur de venir jusques en ces quartiers, comme
pour voir sa fille379, et estans ensemble, nous verrons ce qui se pourra et devra faire ; puis, sil est
expedient, j'iray a Chamberi. Et par ce qu'a l'aventure elle craindra de laisser Bassin380, de peur
que monsieur de Bressieu son filz381 n'y aille faire quelque passade, j'ay tiré promesse de luy quil
ne bougera point tandis qu'elle sera de deça, de quoy encor monsieur de Montmeilleur est garand.
Certes, aussi par un mesme moyen, je serois bien ayse si nous pouvions mettre bien cet enfant avec
sa mere, a laquelle je souhaite une tres douce paix pour la consolation du reste de sa vie. Faites
374 Migne a daté cette lettre du 7 décembre 1615. L'année est juste, les affaires dont il est ici question ne permettent
pas d'en douter (voir ci-après, la lettre du 17 décembre à la même) ; mais le quantième est sûrement inexact, puisque,
en 1615, le premier samedi de l'Avent tombait le 5 et non le 7.
375 Ennemonde de la Forest, dame de Bressieu, sœur de la destinataire.
376 L'aîné des douze enfants de Mme de Bressieu, Pierre, avait été tué en duel avant la mort de son père, par Jean-
François Portier. Le chef de la famille était alors Nicolas (voir note (381) de la page suivante) ; venaient ensuite Aimé-
François, destiné à Malte dès 1600, capitaine au préside de Montmélian en 1631, et François, marquis de Vérel, comte
de Dullin, seigneur de la Bridoire, etc., gentilhomme de la Chambre et capitaine des gentilshommes archers de la
garde de S. A. R., qui épousa par contrat dotal du 3 juillet 1633, Anne de Michal : son testament est daté du 6 mars
1657. (D'après les Notes de M. le comte de Mareschal de Luciane.) Les deux autres fils devaient être trop jeunes en
1615 pour avoir leur part dans les affaires ; ils seront nommés plus tard, ainsi que leurs sœurs.
377 Parmi tous les bourgeois et nobles portant à cette époque le nom de Charrière, de Charrière et de la Charrière, il
est bien difficile de désigner celui qui avait un « differend criminel » avec la famille de Bressieu. Toutefois, la manière
dont le Saint en parle ici et dans une lettre du 7 avril 1616 permet de croire qu'il n'appartenait pas à la noblesse.
378 Prosper d'Avise, seigneur de Montmeilleur, était fils de Nicolas d'Avise et d'Antoinette de la Forest, sœur des
dames de Bressieu et de la Fléchère. A la rentrée du Sénat de Savoie le 14 novembre 1608, il figure au nombre des
nouveaux avocats, et le 13 novembre 1613 est reçu sénateur. (Mugnier, Les Reg. des Entrées du Sénat.) En décembre
1617, il contracte une première alliance avec Louise Milliet, fille d'Hector de Challes ; devenu veuf, il épouse en 1640
(contrat dotal du 8 novembre) Péronne de Montvuagnard, et teste le 1er septembre 1645, veille de sa mort.
379 Madeleine Roero de Bressieu, femme de Louis de Sales. (Voir le tome précédent, note (118), p. 27.)
380 Actuellement Bassens, à trois kilomètres de Chambéry. Là se trouvait la maison-forte de Bressieu, passée aux
Roero, avec le nom et les armes des Bressieu, par testament de noble Louis Gallier de Bressieu, dernier du nom, grand-
père maternel d'Emmanuel-Philibert, mari d'Ennemonde de la Forest.
381 Sans doute Nicolas, seigneur de Bressieu, de Bassin et de la Frénière en Bauges (cf. note (376) de la page
précédente). Il épousa, par contrat dotal du 2 mars 1628, Isabeau Garnerin, et fut le père de Charles, dont tous les fils
moururent sans postérité.
86/355

9.7 Page 87

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moy la grace, ma tres chere Fille, de faire un peu sçavoir tout ceci a cette chere seur, de vostre part
et de la mienne, car je n'ay nul loysir de luy escrire a present, ayant a faire un despeche a Thonon
par nostre bon monsieur de Blonnay382.
Mays je ne veux pas laisser de vous dire que nostre pauvre Visitation va bien avoir du bruit
pour ces deux [98] braves filles qui desirent, demandent et pressent d'y estre receües, et auxquelles
sans doute on ne refusera pas la porte quand elles viendront, ainsy que l'on leur [a] promis fort
saintement383. Pour moy, j'en seray tous-jours accusé, et si, je n'en puis mays ; car encor que je
prendrois a grand honneur d'avoir servi Dieu en cela, si est ce que sa Bonté a voulu le faire elle
mesme, par des inspirations venues de sa Providence dans ces ames lhors que la mienne n'y pensoit
point, et a la premiere connoissance que j'en ay eu, j'ay intimé le loysir et la dilation, pour voir si
c'estoit bien des inspirations. Or, puisque vrayement c'en sont, quel moyen y auroit il de n'estre
pas bien ayse du bien de ces cheres ames et de l'avancement de la gloire dé Dieu ? Et si, je confesse
a ma tres chere Fille, quil y a un peu de la malice dans mon cœur ; car je suis bien ayse encor que
le monde soit trompé et que ces filles, qui sembloyent estre en ses bonnes graces, se moquent de
luy, le quittent et le mesprisent, car en verité il le merite, d'autant quil ne vaut rien et quil mesprise
Dieu. Certes, je ne luy ay point fait de declaration, mais je ne laisse pas en mon ame de le hair a
mort, par ce quil hayt a mort l'esprit de Dieu et les enfans du Crucifix. O que bienheureuses sont
ces cheres filles, lesquelles sacrifient ces petitz momens de vie mortelle a la gloire et a l'amour de
Celuy qui leur donnera des eternités amoureuses en l'abondance de sa suavité ! Elles s'en vont
toutes braves et courageuses ; et Dieu soit a jamais au milieu de leur cœur et du vostre, ma tres
chere Fille bienaymee, que je salue de toute mon ame. Ce samedi de l'Advent.
Le premier President de Tholose384 m'escrit affin que [99] nous envoyons des Seurs de la
Visitation la, en un monastere tout basti, qui a cousté cent mille francz, et dix sept filles qui
attendent les nostres pour estre instruites385. L'odeur de la Mayson de Lion a operé cela, ainsy que
vous sçaures plus amplement a nostre premiere veue.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
382 Claude de Blonay, préfet de la Sainte-Maison de Thonon. (Cf. ci-dessus, note (307, p. 74.)
383 Il s'agit de Mme du Chàtelard et de Mlle Gasparde d'Avise, dont la Mère de Chantal écrit vers le 17 décembre (Lettres,
vol. I, p. 68) : Elles « étaient ici la semaine passée, qui ont requis avec une grande humilité et ferveur que l'on tirât les
voix pour etre admises à la probation, de sorte qu'elles les ont eues et viendront commencer en ces fêtes prochaines.
» Les deux prétendantes ne se rejoignirent pas à la Visitation ; Mme du Châtelard passa à de secondes noces (voir le
tome précédent, note (1127), p. 346), et Mlle d'Avise entra au noviciat vers le 2 juillet 1616.
384 Guillaume de Rességuier, président de la seconde Chambre des Enquêtes (voir ci-dessus, note (157), p. 35). C'est
la confusion du titre de « premier président » du Parlement avec celui de « premier président » de la Chambre des
Enquêtes qui a fait attribuer à tort à Gilles Le Mazuyer (tome XV, note (837), p. 295) les démarches de 1615 pour
l'établissement d'une Maison de la Visitation à Toulouse.
385 Ce monastère était celui des Tiercerettes, dont on a raconté l'histoire plus haut, note (55), p. 34.
87/355

9.8 Page 88

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MCXXXIX. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de
Lyon. Aimable entente pour l'échange des lettres. La
Visitation féconde dès sa naissance. Les lis entre les épines et
les roses auprès des aulx. Conduite à tenir dans une tentation.
Pour agréer à Notre-Seigneur, le soin doit être humble, doux
et tranquille. Dévotion généreuse que le Fondateur désire de
ses Filles. Affectueux messages. Renouvellement des
vœux le jour de la Présentation
Annecy, 13 décembre 1615.
Il est vray, ma tres chere Fille, nous avons bien tardé a vous escrire. Il y a aussi troys
semaines que, pour moy, je vay trainant entre la santé et la maladie386 ; mais ce n'est pas cela qui
m'a empesché d'escrire, c'est que nulle commodité ne s'en est presentee, ni petite ni grande. Dores
en avant, quand nous n'en aurons point icy, nous envoyerons a Chamberi, car la elles ne manquent
jamais.[100]
Mays vous, ma tres chere Fille, n'escrives pas tant de lettres a chasque fois ; il suffira, quand
vous aures bien tout escrit a la chere Mere387, de faire un seul petit billet au pauvre Pere, qui ne
die rien sinon quil est tout vostre.
Je suis consolé plus quil ne se peut dire de voir que vous cherisses ardemment vostre
vocation ; cela seul vous peut sanctifier, et rien sans cela. Graces a Dieu, nous voyons que sa divine
Providence s'en veut servir pour le bien de plusieurs ames en divers endroitz, ou l'on desire cette
Congregation388, laquelle par miracle est fœconde, ce semble, au propre instant de sa naissance. Je
pense bien que de ces filles qui veulent venir prendre la forme et la prattique des Regles, il en
faudra faire venir une partie icy389, affin que vous ne soyes surchargee d'un soin excessif, avec
nostre chere Seur Marie Aymee, que je voy des-ja, ce me semble, un peu tremblante sous le faix390.
Or, Dieu aggrandira son courage et luy donnera la force d'un zele genereux, sur le fondement d'une
humilité profonde.
J'ay veu vostre tentation. Helas ! ma tres chere Fille, il en faut avoir. Celle la embarasse
quelquefois le cœur, mais jamais elle ne le terrasse, sil est un peu sur ses gardes et hardi. Humilies
vous grandement et ne vous estonnes point. Les liz qui croissent entre les espines en sont plus
blancz, et les roses aupres des aux sont plus odorantes et deviennent musquees. Celuy qui n'est
point tenté, que sçait il391 ? [101]
Si la peine vous tient au sentiment, comme il me semble que vous le signifies, changes
d'exercice corporel quand vous en seres pressee ; si vous ne pouves bonnement changer d'exercice,
changes de place et de posture : cela se dissipe par ces diversités. Si elle vous tient en l'imagination,
386 Voir ci-dessus, p. 97.
387 La Mère de Chantal.
388 Charles-Auguste (La Vie de la Mere Marie Aymée de Blonay, 1655, chap. VII) assure que, dès le retour de Lyon
de la Mère de Chantal, le Saint devait conférer avec elle des fondations de Moulins, Grenoble, Bourges et Paris. En
1613 déjà, il avait été question d'un établissement dans cette dernière ville (voir le tome précédent, p. 92). Depuis
quelques mois on réclamait aussi des Filles de la Visitation à Toulouse, Riom et Biliom.
389 Il s'agit des « filles de Riom » et de Toulouse. (Cf. Lettres de la Sainte, vol. I, p. 68, et ci-dessus, Lettres MCV, p.
34, et MCXXI, p. 70.)
390 Après le départ de la Mère de Chantal. Sœur Marie-Aimée de Blonay avait été nommée Assistante et Directrice.
Cette double charge lui parut très lourde ; parler aux Novices, surtout, lui était un supplice. « J'espère en Dieu qu'elle
profitera néanmoins tous les jours davantage à ces chères filles, » écrivait la Sainte à la Mère Favre, « et par son bon
exemple, et par sa langue qu'elle déliera. » (Lettres, vol. I, p. 56.)
391 Eccli., XXXIV, 9.
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9.9 Page 89

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chanter, se tenir avec les autres, changer d'exercices spirituelz, c'est a dire passer de l'un a l'autre,
et les changemens de place encor vous ayderont. Sur tout, ne vous estonnes point, mais renouvelles
souvent vos vœux, et, vous humiliant devant Dieu, promettes a vostre cœur la victoire de la part
de la Sainte Vierge. Si quelque chose vous tient en scrupule, dites-le hardiment et courageusement,
sans faire aucune reflexion, lhors que vous alles a la Penitence. Mays j'espere en Dieu que, avec
un esprit noble, vous vous tiendres exempte de tout ce qui peut donner scrupule. Je veux bien que
vous porties une fois la semaine la haire, sinon que vous connoissies que cela vous rendit trop
paresseuse es autres exercices plus importans, comm'il arrive quelquefois.
Tenes bon, ma tres chere Fille, pour l'estroitte observance des Regles, pour la bienseance
de vostre personne et de toute la mayson ; faites observer un grand respect aux lieux et aux choses
sacrees. Le soin que vous aures en tout cela sera grandement aggreable a Nostre Seigneur, sur tout
si vous le prenes avec humilité, douceur et tranquillité.
Nos Seurs392 vous diront toutes nouvelles de deça, et de la reception de la baronne du
Chatelart et de Mlle d'Avise393. Cela fait un peu de mal au cœur des mondains, mais il ny a remede,
il faut que Nostre Seigneur soit servi.
Je dis a nostre Seur de Gouffie394 que je voulois meshuy m'essayer de donner de la
generosité a la devotion de nos Seurs, et en oster la tendreté que l'on a souvent sur soy [102]
mesme, cette petite doüilleterie qui oste le repos et nous fait desirer des particularités spirituelles
et interieures, nous fait excuser nos humeurs et flatter nos inclinations. Mays, ma tres chere Fille,
ce n'est pas besoigne faite, bien qu'en verité toutes s'y acheminent. Or je ne doute point que Dieu
ne vous donne les mesmes sentimens, puisque vous estes un seul esprit avec tous nous.
J'appreuve que vous continuies d'appeller nostre Mere, Mere, puisque c'est vostre
consolation, et que vous m'appellies Pere, puisque j'ay pour vous un cœur extraordinairement plus
que paternel. Saches, ma chere Fille, que despuis que vous estes en charge, vous m'estes tous-jours
si presente, que je suis, ce me semble, perpetuellement avec vous, non sans faire mille et mille
souhaitz sur vostre chere ame.
Pour Dieu, salues un peu Monseigneur l'Archevesque395 quelquefois de ma part ; vous ne
sçauries croire ce que je luy suis, et comme Dieu benit sa petite visite quil fit icy396. Je salue
monsieur de Saint Nizier397, du soin duquel vous vous loues tant. Dieu aggrandisse ses [103]
392 Les Sœurs de la Communauté d'Annecy.
393 Voir la lettre précédente, p. 99.
394 L'ancienne Religieuse du Paraclet (voir tome XV, note (972), p. 343) avait accompagné la Mère de Chantal à
Annecy lors de son retour de Lyon, fin octobre.
395 Denis-Simon de Marquemont, archevêque de Lyon. (Voir ci-dessus, note (94), p. 16.)
396 Voir ibid., pp. 83, 86, 89, 90.
397 Il s'appelait Nicolas Ménard, et était né à Angers en 1581, de Claude Ménard, conseiller au Présidial d'Angers, et
de Marie Vallier. D'abord étudiant à l'Université de sa ville natale, puis à celle de Paris, le jeune homme se rend ensuite
à Rome où il demeure sept ans. Là, il reçoit la prêtrise, fait connaissance avec M. de Marquemont, membre de
l'ambassade française, et avec M. Gauthier, solliciteur de l'abbaye de Fontevrault. Ce dernier lui fit accepter la charge
de secrétaire de l'Abbesse, Mme d'Orléans. Plus tard, M. de Marquemont ayant été élevé sur le siège épiscopal de Lyon
(1613), l'appela auprès de lui, le nomma chanoine et sacristain-curé de Saint-Nizier (30 juin 1614) et, bientôt après,
promoteur du diocèse et vice-gérant de l'officialité de la Primatie. Dans un acte du 21 juin 1621, il est qualifié de «
conseiller et aumosnier du Roy. »
Placé si près du grand Archevêque, M. de Saint-Nizier fut intimement mêlé aux diverses péripéties de
l'établissement de la Visitation de Lyon, dont il devint le premier Père spirituel. Il exerçait pour la seconde fois ces
fonctions quand François de Sales arriva d'Avignon, en 1622, à la suite de la cour de Savoie. « Le jour de saint
Estienne, » dit le P. de la Rivière (La Vie de l' Illme et Rme François de Sales, Lyon, Rigaud, 1625, liv. IV, chap. LIV),
le Bienheureux « disna au logis du Reverend monsieur Menard,... vicaire general substitué,... l'un de ses plus intimes
amis. » Le surlendemain, le pieux chanoine était auprès du lit de mort du saint Evêque, et recueillait, avec ses dernières
bénédictions, le bienfait de ses admirables exemples. Enfin, le 18 janvier 1623, suivi de son Chapitre de Saint-Nizier,
il accompagnait la sainte dépouille jusqu'aux portes de Lyon, où il prononça « une veritable, pieuse et devote harangue
panegirique sur les louanges et merites » de l'illustre défunt. (P. de la Rivière, Vie, etc., liv. IV, chap. LVI.)
En 1624 ou 1625, M. Ménard quitta la charge de Père spirituel du Monastère de la Visitation, sans que la
Mère de Chantal pût jamais oublier les services rendus par cet ancien ami. Vers cette époque il songea à rejoindre son
frère dans la solitude de la Chartreuse, mais les supérieurs de l'Ordre lui conseillèrent de demeurer au milieu de ses
ouailles. Le vertueux prêtre leur donna sa vie même, car il mourut victime de son dévouement aux pestiférés, en
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9.10 Page 90

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benedictions sur luy et sur nostre monsieur l'Aumosnier398. Item, je salue Mme la Presidente Le
Blanc399, quand vous la verres, et Mme Colin400 et Mme Vulliat401, laissant a part ma chere Seur
Marie Peronne402, a qui je suis tout, et a toutes nos bonnes Seurs. Je salue en fin vostre cœur, que
le mien cherit de toutes ses forces, et luy souhaite la benediction de celuy de Nostre Seigneur,
auquel soit gloire eternellement. Amen. Et a celuy de sa tressainte Mere Nostre Dame.
13 decembre 1615, 403 Annessi, ou je suis tout vostre sans reserve.
Vostre renouvellement n'ayant pas esté fait le jour de la Presentation, vous le pourres faire
le jour de l'an ou des Roys, ou comme Monseigneur l'Archevesque voudra ; car je croy bien que
vous voudres que ce soit luy qui le reçoive404. Nos Seurs d'icy dirent avant la Messe, tandis [104]
que je m'habillois, le Veni Creator ; et apres le renouvellement, Laudate Dominum omnes
gentes405, et prononcerent bien gravement leur renouvellement.
Ma tres chere Fille, helas ! je suis tout vostre.
A ma tres chere Fille en N. S.
Ma Seur Marie Jacqueline Favre,
Superieure de la Congregation de la Visitation.
A Lion.
406Le frere n'est pas dans cette ville.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Chambéry.
_____
novembre 1629. (D'après Letourneau, Les saints Prêtres français du XVIIe siècle..., 3e série, Prêtres Angevins, VII
(Angers, Germain et Grassin, 1898), et les Actes capitulaires de la Collégiale de Saint-Nizier.)
398 Claude de Sevelinges, aumônier de Belleville (voir tome XV, note (948), p. 333).
399 Elle sera plus tard destinataire. (Voir ci-dessus, pp. 22, 23.)
400 Isabeau Daniel, veuve de M. Colin. (Voir le tome précédent, note (779), p. 241.)
401 Voir ibid., note (606), p. 188.
402 Sœur Péronne-Marie de Chastel.
403 Cette phrase est inédite.
404 Le renouvellement de l'oblation se fit le dimanche dans l'octave de l'Epiphanie jusqu'en 1615 ; cette année-là, le
saint Fondateur modifia la formule de la profession et détermina que les Sœurs, au lieu d'une simple oblation, feraient
des vœux. Elles les prononcèrent pour la première fois le 20 novembre, et le lendemain, fête de la Présentation de
Notre-Dame, le Bienheureux leur déclara « qu'il avoit choisi ce jour et ce mistere de la sacree Vierge presentee au
Temple pour etre celui de » leurs « renouvellemens a la suite de la Reine des epouzes de Jesus. » (Ancien Ms. de
l'Année Sainte 21 novembre.)
405 Ps. CXVI.
406 Cette phrase, inédite, a été placée par le Saint tout au-dessous de l'adresse. « Le frere » est sans doute René Favre,
seigneur de la Valbonne et de Prémery, château tout voisin d'Annecy. (Cf. tome XIII, note (586), p. 217.)
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10.1 Page 91

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MCXL. A la Sœur de Blonay Maitresse des novices a la
Visitation de Lyon. Céleste nourriture des enfants de Dieu.
Agir par obéissance, gage du secours d'En-haut. Quel labeur
il ne faut jamais fuir
Annecy, [vers le 13 décembre 1615 407.]
Dieu vous suggerera, ma tres chere Fille, tout ce qu'il veut de vous, si en l'innocence et
simplicité de vostre cœur, avec une entiere resignation de vos inclinations, [105] vous luy
demandes souvent en vostre interieur : Seigneur, que voules vous que je face408 ? Et je suis consolé
que vous ayes des-ja ouy sa voix et que vous le servies en la nourriture de ces filles.
L'excuse aussi n'estoit pas bonne de dire : Je n'ay pas des mammelles409, je n'ay point de
lait ; car ce n'est pas de nostre lait ni de nos mammelles que nous nourrissons les enfans de Dieu ;
c'est du lait et des mammelles du divin Espoux, et nous ne faysons autre chose sinon les monstrer
aux enfans et leur dire : Prenes, succes, tires et vives. Tenes donq ainsy vostre cœur ouvert et grand
pour bien faire tout le service qu'on vous imposera.
A mesure que vous entreprendres, sous la force de la sainte obeissance, beaucoup de choses
pour Dieu, il vous secondera de son secours et fera vostre besoigne avec vous, si vous voules faire
la sienne avec luy. Or, la sienne est la sanctification et perfection des ames410. Travaillés
humblement, simplement et confidemment a cela ; vous n'en recevres jamais aucune distraction
qui vous soit nuysible. La paix n'est pas juste, qui fuit le labeur requis a la glorification du nom de
Dieu.
Vivés toute a ce divin amour, ma tres chere Fille, et sachés que c'est de tout mon cœur que
je cheris vostre ame bienaymee, et ne cesse jamais de la recommander a la misericorde eternelle
de nostre Sauveur, a laquelle je vous conjure de me recommander reciproquement fort souvent.
Je suis tout vostre, ma tres chere Fille.
FRANÇS, E. de Geneve. [106]
_____
407 S'il n'y a pas certitude absolue que cette lettre s'adresse à Sœur Marie-Aimée de Blonay (voir tome XV, note (826),
p. 290), au moins y a-t-il très grande probabilité. On sait les humbles appréhensions de la jeune Directrice en face de
sa charge (voir ci-dessus, p. 101). Le Saint, qui la voyait « tremblante sous le faix, » dut ne pas tarder à la soutenir de
ses conseils et de ses encouragements ; ces lignes ne peuvent donc être éloignées de celles envoyées à la Mère Favre
le 13 décembre. L'absence de messages pour la « chere cadette » dans la lettre de cette date à la Supérieure de Lyon,
ne permettrait-elle pas de supposer que le Fondateur lui écrivait le même jour ?
408 Act., IX, 6.
409 Cant., ult. 8.
410 Cf. I Thess., IV, 3.
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10.2 Page 92

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MCXLI. Au Marquis Sigismond de Lans (Inédite). Discours de
capitaines et discours de Pasteurs de l'Eglise. Quelle « affaire
d'Estat » s'est traitée entre Mgr de Marquemont et l'Evêque de
Genève
Annecy, 15 décembre 1615 411.
Monsieur,
Sur les plaintes que l'on a fait de moy412, je croy d'estre obligé a vous respondre non
seulement par la voix de ces messieurs, qui m'ont parlé de la part de Vostre Excellence413, mais
encor par ma plume. Je vous asseure que ceux qui fantasient et philosophent de si pres de mes
actions et sur mes actions se font plus de tort qu'a moy, car ilz ne peuvent blesser mon innocence
et ilz se chargent d'une noire malice. Pleust a Dieu, Monsieur, qu'ilz eussent esté auditeurs des
discours de Monseigneur de Lion et de moy ! et ilz auroyent veu et sceu que nous n'avons pas, que
je sçache, dit une parole qui ne tende a l'advancement de la gloire de Dieu dans nos troupeaux ; et
nous estimons les discours des capitaines et soldatz indignes d'occuper le tems des Pasteurs de la
bergerie du Dieu vivant.
Nos visites ont esté, a la verité, pour une affaire d'Estat ; a sçavoir, pour l'estat que nous
devons constamment establir en la republique de nostre petite Congregation de la Visitation414. Si
nous avons mal fait, [107] traittant cela, nous sommes coulpables ; sinon, l'on nous fait tort. Quant
a moy, je vous proteste que j'ignore les affaires d'Estat, et les veux ignorer a tel point, qu'elles ne
soyent ni en ma pensee, ni a mon soin, ni en ma bouche, sinon quil se presentast quelque occasion
de tesmoigner a Son Altesse que je suis son passionné et fidele sujet, et a Vostre Excellence,
Tres humble et affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation du 1er Monastere de la Visitation
d'Annecy.
_____
411 Le texte que nous reproduisons ne porte pas la date, mais elle est clairement indiquée par celle de la lettre suivante
au duc de Savoie.
412 Voir ci-dessus, Lettre MCXXXII au même destinataire.
413 Le gouverneur de Savoie était alors à Chambéry ; c'est donc de cette ville qu'il envoya des personnes de confiance
pour avertir François de Sales que les calomnies continuaient et pour le sonder sur ses véritables sentiments.
414 « En ce voyage, » dit Charles-Auguste parlant de la venue de Mgr de Marquemont à Annecy, « il fut traicté de
plusieurs choses entre ces deux grands Prélats, pour le bien et la perfection de la saincte Compagnie de la Visitation.
» (Histoire, etc., liv. VIII.) On discuta surtout, mais sans les résoudre encore, les graves questions de l'établissement
de la clôture et de l'érection de l'Institut en Ordre religieux.
92/355

10.3 Page 93

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MCXLII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Sur l'ordre
de son prince, François de Sales explique le sujet du voyage en
Savoie de l'Archevêque de Lyon. Eloge de ce Prélat.
Appel respectueux à la justice de Charles-Emmanuel
Annecy, 15 décembre 1615.
Monseigneur,
Il y a un moys que monsieur le Marquis de Lans m'escrivit de la part de Vostre Altesse,
que je luy fisse sçavoir les sujetz pour lesquelz Monseigneur l'Archevesque de Lion estoit venu en
cette ville et les particularités de ce que nous avons traitté ensemble. A quoy je respondis415 que le
sujet de cette venue n'estoit qu'une simple visite, laquelle ce Praelat avoit projettee des son
advenement en la charge qu'il tient, comm' il m'escrivit des l'hors, et que nous n'avions traitté de
chose quelcomque sinon de ce qui appartient a la devotion et conduite spirituelle des ames. Or,
Monseigneur, c'est la pure et vraye vérité : ainsy j'en proteste devant Dieu416 et ses Anges.
Et neanmoins, monsieur le Marquis de Lans m'a escrit pour la seconde foys417, que j'aye a
luy descouvrir dequoy [108] nous avons traitté, ce Prælat et moy. Et par ce que c'est de la part de
Vostre Altesse que cela m'est enjoint, c'est a elle aussi a laquelle maintenant je m'addresse,
conjurant en toute humilité sa douceur et bonté de croire que j'ay respondu en cett'occasion avec
toute franchise et simplicité. Que si, ou ce seigneur, ou autre quelcomque m'eut parlé de chose qui
eut tant soit peu regardé le service ou les affaires de Vostre Altesse, ou mesme de chose d'Estat, je
n'eusse point attendu de semonce pour la faire sçavoir ; car de moy mesme, par le mouvement de
mon inviolable fidelité envers la couronne de Vostre Altesse de laquelle je suis sujet, j'eusse
promptement rendu le devoir auquel la nature et le serment que j'ay presté m'obligent. Mays,
Monseigneur, Dieu m'a fait cette grace, que jamais personne ne m'a estimé homme d'affaires, ou
du moins, ne m'a accosté pour cela. Et ce bon Archevesque est tellement occupé en la pieté, que
quicomque le connoistra bien, jugera facilement que ses pensees ne sont nullement tournees du
costé du monde. Pleut a Dieu, Monseigneur, que l'Eglise eut plusieurs de telz Pasteurs, car le nom
de Nostre Seigneur en seroit bien mieux loué et sanctifié.
J'ay si souvent experimenté la debonaireté et equité de Vostre Altesse en toutes les
occurrences esquelles la calomnie a osé entreprendre sur mon innocence et candeur, que je
demeure fort paysible en celle ci, puisque mesme le tems, garend et protecteur de la verité, a des-
ja fait voir par longues annees, que je suis inviolable et immobile en la resolution que Dieu a
establie en moy de ne vivre qu'a ma profession et, en icelle, avoir tous-jours le cœur dedié a
l'obeissance de Vostre Altesse, a laquelle souhaitant sans fin mille et mille benedictions, je
demeure,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le XV decembre 1615.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [109]
_____
415 Epist. MCXXXII.
416 Cf. Galat., I, 20.
417 La lettre précédente est la réponse à ce second message du gouverneur de Savoie.
93/355

10.4 Page 94

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MCXLIII. A M. Claude-Amedee Vibod418. Envoi d'une lettre
pour le duc Charles-Emmanuel.
Annecy, 15 décembre 1615.
Monsieur,
J'escris a Son Altesse la lettre ci jointe419, et pour luy donner une plus seure addresse, je
vous supplie tres humblement de la luy remettre, bien que je n'aye pas lhonneur d'estre conneu de
vous, a qui neanmoins je suis de tout mon cœur,
Monsieur,
Plus humble, tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XV decembre 1615, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Biblioteca Civica. [110]
_____
MCXLIV. A Madame de la Fléchère. Vigilance du saint Evêque
pour le maintien de la justice et de la charité. Encore l'affaire
de Mme de Bressieu, Tapage mondain autour de deux
vocations
Annecy, 17 décembre 1615.
Ma tres chere Fille,
J'ay receu l'une et l'autre de vos lettres et ne pense pas avoir dit a M. le Curé420 quil ne
reconneut pas, mais ouy bien quil ne reconneut pas sans me communiquer la forme de la
reconnoissance qu'on luy demandoit, affin que je visse sil y avoit chose qui fut contre le droit divin
ou humain, comme il me semble qu'il y auroit si elle estoit telle qu'il me la descrivoit. Mais puysque
les differens sont sousmis a des si bons arbitres et superarbitres, je m'en rapporte a ce qu'ilz en
diront, sachant qu'ilz sont asses clairvoyans pour discerner de cela et de chose plus difficile, et
pour conduire ces deux espritz a une paysible concorde que je prie Dieu leur vouloir donner421.
418 Ce billet et la lettre du 4 avril 1616 sont certainement adressés au même personnage, que Migne et les autres
éditeurs désignent : Un gentilhomme de la cour du duc de Savoie. D'après l'étude des textes, il semble qu'on doive
songer plutôt à un secrétaire du prince, et, sous toutes réserves, nous proposons l'abbé Claude-Amédée Vibod ou Vibo,
destinataire en octobre 1616.
Issu d'une famille de Chambéry, il eut pour père Maurice Vibod et entra de bonne heure au service de Charles-
Emmanuel. Secrétaire de Son Altesse et de la grande Chancellerie, il recevait, déjà en décembre 1610, une pension
annuelle de 135 ducatons, pour avoir rempli la première de ces charges pendant vingt ans, « én toutes les occasions
tant de paix que de guerre, tant deçà que delà les monts. » (Turin, Archiv. de la Chambre des Comptes, Patenti, vol.
30, 24 décembre.) Des patentes du 26 mai 1635 lui conférèrent, et à son frère Pierre, le titre de comte et le fief de
Pontedassio. On le retrouve encore à son poste de confiance en 1645 ; il mourut donc dans un âge très avancé.
419 Epist. præced.
420 Jean Viret, curé de Rumilly (voir le tome précédent, note (836), p. 259).
421 Les deux esprits divisés seraient-ils M. Charvet et Jean-François de Blonay ? On a vu leurs noms joints ensemble
au mois de janvier 1615, au sujet d'un « tappis », objet de litige. (Ibid., Lettre MXXXIV, p. 292.) Il se pourrait aussi
que la mésintelligence fût entre Jean Viret lui-même et M. le Prieur. Au 6 novembre 1614, le Saint écrivait au comte
94/355

10.5 Page 95

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Or, je n'escriray donq pas a monsieur vostre cher mari pour ce regard, comme M. le Prieur422 s'est
imaginé, car je ne doute point que tous ces messieurs n'ayent et l'esprit et le cœur disposé a faire
chose juste.
Maintenant, parlons d'autre chose. J'attendray donq ma chere seur Mme de Bressieu, qui ne
m'oblige pas peu de venir, m'ostant par ce moyen de la necessité d'aller a Chamberi423, ou je ne
pouvois aller sans beaucoup [111] d'incommodité. Je vous prie de regarder un peu entre vous ce
qui se pourra bonnement faire, affin que, sil est possible, on prenne le bon biays pour accommoder
honnorablement les affaires. Et puisqu'elle ne peut pas aller a La Thuille, pour peu qu'elle nous en
donne la commodité, nous ferons venir une partie de La Thuille icy424 ; et je dis une partie, par ce
que le petit enfant, qui est le plus beau garçon du monde425, n'a garde de vouloir venir en ce tems.
Il y a grand bruit, certes, de toutes parts pour le dessein de la chere niece426 et de madame
du Chatelart427, et c'est bon signe que Dieu en sera glorifié. Les hommes sont admirables en leurs
cogitations humaines, mays Dieu est suradmirable es siennes divines, qu'il fera reuscir selon son
bon playsir.
Cependant je salue vostre cœur, ma tres chere Fille, et celuy de cette chere niece, vous
souhaitant de tout le mien mille et mille benedictions. Nostre Mere428, je pense, vous escrit. Je suis
Vostre plus humble serviteur,
F., E. de Geneve.
XVII decembre 1615.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. [112]
_____
MCXLV. A Dom Sens de Sainte-Catherine général des
Feuillants (Fragment). Consolation donnée au Saint par la sage
conduite de la Mère Favre
Annecy, vers le 18 décembre 1615 429.
……………………………………………………………………………………………………...
C'est mon extreme consolation de sçavoir que ma grande Fille marche avec sa petite
trouppe selon la divine volonté, ne se lassant point d'avancer en la divine dilection par un soin
de Tournon : « Le bon curé ne sçait ce quil demande en la proposition quil fait faire audit sieur de Blonnay, car il parle
contre Dieu et rayson. » (Ibid., Lettre MXII, p. 259.)
422 Jean-François de Blonay, prieur de Saint-Paul. (Voir tomes XII, note (666), p. 298 ; XV, note (1003), p. 354 ; XVI,
pp. 91, 102, 258, 292, 294.)
423 Voir ci-dessus, Lettre MCXXXVIII, p. 97.
424 Madeleine, fille de Mme de Bressieu, avait épousé Louis de Sales, seigneur de la Thuille. (Voir le tome précédent,
note (118), p. 27.) C'est sans doute l'un et l'autre que le Saint promet de faire venir à Annecy.
425 Ce « beau garçon » est François, premier enfant du second mariage de Louis de Sales, né au commencement de
mai 1614. (Voir ibid., note (571), p. 180.)
426 Gasparde d'Avise (cf. ci-dessus, pp. 98, 99, 102).
427 Jacqueline de Chauvirey, veuve du baron du Chàtelard. (Voir ibid.)
428 La Mère de Chantal.
429 Au dire de la Mère de Chaugy (Les Vies de quatre des premieres Meres, 1659-1892, Vie de la Mère Favre, chap.
VII), le Général des Feuillants, dans une lettre à saint François de Sales, lui parlait « fort advantageusement » de la
Mère Favre et louait surtout « la solide vertu dans laquelle il avoit remarqué qu'elle eslevoit ses filles. Sur quoy, »
ajoute l'annaliste, « ce grand Fondateur écrivit les paroles » que nous reproduisons ici. Bien que le destinataire ne soit
pas explicitement indiqué, il semble hors de doute que ces lignes s'adressent à D. Sens de Sainte-Catherine lui-même.
(Voir ci-dessus, note (171), p. 39.)
Quant à la date, on peut facilement la déduire de celle de la lettre suivante à la Supérieure de la Visitation de
Lyon.
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10.6 Page 96

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constant et paysible, parmi ces cheres ames que Dieu a choisies pour son honneur.
……………………………………………………………………………………………………...
Revu sur le texte inséré dans la Vie manuscrite de la Mère Favre, par la Mère de Chaugy,
conservée à la Visitation d'Annecy. [113]
_____
MCXLVI. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de
Lyon430. Couronnes des épouses et soucis des mères. La
Visitation est « une fontaine sacree. » Souhaits du Fondateur
à ses Filles.
Annecy, 18 décembre 1615.
Je croy que Dieu vous tient de sa main431, ma tres chere [113] Fille, car le Reverend Pere
General des Feuillans432 me l'escrit. Tenes vous donq bien a luy, et regardes deux ou trois fois le
jour si vostre main n'est pas tous-jours fermement attachee a la sienne.
Voyes vous, cette petite trouppe de filles, c'est une couronne que Dieu vous prepare et dont
vous jouires en la felicité eternelle ; mais il veut que vous la porties toute dans vostre cœur en cette
vie, et puis il la mettra sur vostre teste en l'autre.
Les espouses, anciennement, ne portoyent point de couronne et chappeau de fleurs au jour
de leurs noces qu'elles n'eussent elles mesmes amassees, liees et ajancees ensemble. Je veux dire,
ma chere Fille, ne plaignés point la perte de vos commodités spirituelles et des contentemens
particuliers de vos inclinations, pour bien cultiver ces cheres ames ; car Dieu vous en recompensera
au jour de vos noces eternelles.
Ne voyes vous pas, ma chere ame (car mon cœur me fait dire ainsy), que vostre petite
Congregation est comme une fontaine sacree en laquelle plusieurs ames puiseront les eaux de leur
salut433, et que des-ja plusieurs, a l'imitation de la vostre, veulent eriger d'autres pareilles
Congregations a la grande gloire de Dieu et a la grande facilité du salut pour plusieurs434 ? Ne vous
lassés donq nullement d'estre mere, quoy que les travaux et soucis de maternité soyent grans.
O ma Fille tres chere, que de benedictions mon ame souhaitte a la vostre ! Je salue nos
Seurs professes435, du cœur qu'elles sçavent, et nos Novices436, d'un cœur qu'elles ne sçavent pas.
Hé ! Dieu, respandés sur elles l'esprit de douceur et de simplicité, l'esprit d'amour et d'humilité,
[114] l'esprit d'obeissance et de pureté, l'esprit de joye et de mortification !
Ma Fille, mon cœur est tout vostre en ce mesme Sauveur. Dieu soit beny.
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 18 decembre 1615.
_____
430 Les éditeurs précédents ont adressé cette lettre à la Mère de Chantal ; erreur évidente : la Sainte se trouvait à Annecy
en décembre 1615, et, du reste, le ton de ces lignes ne lui convient nullement, tandis qu'il est en parfaite harmonie
avec la correspondance échangée entre le Fondateur et la Mère Favre à cette époque.
431 Cf. Ps. LXXII, 24.
432 D. Sens de Sainte-Catherine (voir la note du fragment précédent).
433 Cf. Prov., VIII, 35.
434 Cf. ci-dessus, pp. 99-101.
435 Les Sœurs Péronne-Marie de Chastel et Marie-Aimée de Blonay, professes d'Annecy.
436 Voir ci-dessus, note (61), p. 4. La dernière Sœur reçue au noviciat, le 8 décembre, était Anne-Catherine Darmesin.
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10.7 Page 97

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MCXLVII. A Madame de Vignod Religieuse de l'abbaye de
Sainte-Catherine437. De grandes fêtes qui, d'elles-mêmes, parlent
divinement. Le silence de Jésus et de sa Mère ; qu'il dit au
Saint de grandes choses ! Contemplation. La crèche et
l'autel. Saint Bernard et la Nativité.
Annecy, 24 décembre [1610-1615 438.]
Vous pouves penser, ma tres chere Fille, comme mon ame, qui ayme extremement la
vostre, s'imagine tous-jours de vous pouvoir escrire ; car en verité j'ay un playsir fort grand quand
je puis entretenir mon esprit avec le vostre. Mais ces grandes festes nous imposent silence, d'autant
que d'elles mesmes elles retentissent et parlent divinement du mystere qu'elles nous representent.
Je ne sçai certes que dire autour de ce divin Enfant, car il ne dit mot, et son cœur, plein de
faveur pour les nostres, ne se declaire point qu'avec des plaintes, des larmes et des douces œillades
; sa sacree Mere se taist presque tous-jours et admire ce qu'on luy dit439. Mon Dieu que ce silence
me dit des grandes choses ! Il m'apprend [115] a faire la vraye orayson mentale ; il m'apprend la
ferveur amoureuse d'un cœur qui est saisy d'affections que nourrissent ces douces pensees et qui a
peur d'en perdre la suavité s'il les prononce.
Tenés vous aupres de cette Mere, ce pendant, et ne l'abandonnes pas d'un seul moment
tandis qu'elle part de Nazareth et qu'elle va en Bethlehem ; tandis que, sans empressement, mays
non pas sans des ardens mouvemens, elle attend d'heure a autre de voir esclos de son sacré ventre
le bel oyseau du Paradis. Helas ! ma chere Fille, vous la verres, cette belle Dame, cette heureuse
fille de Sion, que, telle qu'elle est, Mere du Roy de gloire, elle va mendiant l'hospitalité en
Bethlehem440 ; elle n'en a nulle sorte de honte, ains elle s'honnore de cette sacree et bienheureuse
necessité.
Je vous prometz qu'en cette Messe de la minuit, en laquelle il me semblera voir une cresche
sur l'autel et le divin Poupon faysant ses doux yeux pleins de larmes plus pretieuses que des perles,
je l'offriray a Dieu son Pere avec le congé de sa Mere, et le demanderay pour vous, affin qu'il soit
a jamais le cœur de vostre cœur et l'unique Espoux de vostre ame. O ma Fille, tenes bien ce divin
Enfant entre vos bras et luy donnés vos mammelles. Il mange le lait441 de l'humilité et de la douceur
cordiale. Mon Dieu, que ce mystere est doux ! Le premier ravissement de vostre saint Bernard fut
d'une vision d'iceluy442, et par ce moyen il rendit son cœur et sa bouche pleine du lait de la Sainte
Vierge et des larmes de ce doux petit Enfant.
Salués la petite cousine443 de ma part et, a la pareille l'une de l'autre, si tost que vous verres
le grand petit Enfant né en vostre ame, dites luy fervemment que je luy sacrifie la mienne avec les
vostres eternellement. Amen.
FRANÇS, E. de Geneve. [116]
_____
437 La destinataire, à cause de certaines particularités du texte, semble devoir être une Religieuse de l'abbaye de Sainte-
Catherine, et probablement Bernarde de Vignod. (Voir tome XIII, note (299), p. 103.)
438 A ne tenir compte que des présences de saint François de Sales à Annecy pendant les fêtes de Noël, cette lettre peut
avoir été écrite entre 1610 et 1621, les années 1616-1618 exclues. Mais, si près de la fondation à Rumilly des
Bernardines réformées (voir ibid., note (334), p. 116), il y aurait sans doute quelque allusion au prochain établissement.
Ce silence fait écarter 1619-1621.
439 Cf. Luc., II, 17-19.
440 Cf. Luc., II, 4, 7.
441 Cf. Cant., V, 1.
442 Vita Ia, l. I, c. II, § 4.
443 Sœur Louise de Ballon (cf. tomes XIV, note (388), p. 129, et XVI, p. 126).
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10.8 Page 98

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MCXLVIII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de
Lyon444. Artifice du démon dans une tentation de joie. Les
Anges venant chercher le Ciel dans « la petite spelonque de
Bethlehem. » S'humilier profondément pour voir de plus près
le Sauveur « abismé dans le fin fond de l'humilité. »
Annecy, 25 445 décembre 1615.
Il faut donq bien faire ainsy, ma tres chere Fille : escrire seulement au Pere ou a la Mere
amplement, et a l'autre un seul petit billet.
La tentation de rire en l'eglise et a l'Office est mauvaise, quoy qu'elle ne semble que folastre
et badine, car, apres la charité, la vertu de la religion est la plus excellente ; car, comme la charité
rend a Nostre Seigneur l'amour qui luy est deu selon nostre pouvoir, aussi la religion luy rend
l'honneur et la reverence requise, et partant, les fautes qui se commettent contre elle sont
grandement mauvaises. Il est vray qu'en cela je ne voy pas grand peché, puisque c'est contre la
volonté ; mays il ne faut pas pourtant laisser cela sans quelque penitence446. Quand l'ennemy ne
peut pas rendre nos ames Marion, il [117] rend nos cœurs Robin ; et il ne s'en soucie pas, pourveu
que le tems se perde, que l'esprit se dissipe et que tous-jours quelqu'un soit scandalizé. Mais voyes
vous, chere Fille de mon cœur, n'espouvantes pas ces bonnes filles ; car d'une extremité, elles
pourroyent passer a l'autre, ce qu'il ne faut pas.
Je ne vous dis pas encor mes pensees sur le sujet dont vous m'aves escrit, parce que c'est
aujourd'huy Noël, jour auquel les Anges viennent chercher le Paradis en terre, ou certes aussi il est
descendu en la petite spelonque de Bethlehem, dans laquelle, ma tres chere Fille, je vous treuveray
tous ces jours suivans avec toutes nos cheres Seurs, qui sans doute feront leur residence, comme
des sages abeilles, autour de leur petit Roy447. Celles qui s'humilieront plus profondement le
verront de plus pres ; car il y est tout abismé dans le fin fond de l'humilité, mais humilité
courageuse, confiante et constante.
Ce doux Enfant soit a jamais la vie de vostre cœur, ma tres chere Fille, que je cheris
nompareillement, et qui est tous-jours present au mien, tant il plaist a Dieu que mon affection se
fortifie par cette petite separation de bien exterieur.
Ce . . decembre 1615. [118]
_____
444 Dans la première édition, la destinataire est désignée seulement par son titre de Religieuse de la Visitation ; mais
le début de la lettre ne permet pas de douter qu'elle ne soit adressée à la Mère Favre. (Cf. ci-dessus, p. 101.)
445 Le Saint disant positivement : « c'est aujourd'huy Noël, » il faut conclure à une erreur de l'édition de 1626 qui
donne pour quantième le 27 décembre. Nous ne saurions garantir que le texte soit tout entier de 1615 ; le second alinéa
pourrait bien être une interpolation. (Voir la note suivante.)
446 « Nos Sœurs joüissoient de cette sainte allegresse qui est communément le partage d'une ame qui n'a rien a se
reprocher et qui ne dispute rien a Dieu, » raconte la Soeur Louise-Gasparde de Saint-Paul (Hist. de la Fondation du
1er Monastère de Lyon). « C'est du coté de la joye que l'ennemi les tenta. On donna dans quelques legeretés au chœur
pendant l'Office... Pour corriger ce défaut... nôtre Mere Favre commanda que durant neuf jours on feroit apres Matines
amende honorable... la face contre terre. Cét ordre fut executé et la tentation prit la fuite. »
L'annaliste place le fait en 1619 ; si elle ne se trompe pas, il faudrait croire que ce passage appartient à une
lettre de cette année-là, (Cf. la note précédente.)
447 Vide tom. VIII hujus. Edit., Serm. XCV, sub finem.
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10.9 Page 99

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MCXLIX. A M. Jean-François du Martherey448. Une affaire qui
s'achèvera à la satisfaction du destinataire. Jeunesse et
oisiveté : deux mauvaises compagnes. Puissance de la «
hantise ». Réponse au sujet d'un mariage.
Annecy, 28 décembre 1615 449.
Monsieur du Marterey,
Je fay en partie ce que M. le Superieur450 et vous aves desiré, et ne me fusse pas arresté la,
n'eust esté qu'hier, ceux qui ont esté employés pour vostre affaire m'y vinrent obliger par leurs
remonstrances. Je croy que vous ne tarderes pas a les rendre satisfaitz, et je passeray plus outre et
vous contenteray.
Or, perseverés es saintes resolutions que nous avons prises : tenes vostre ame nette, esleves
souvent vostre [119] cœur, occupes le en la lecture des bons livres, ne demeures point oyseux, ains
faites tous-jours quelques bonnes besoignes, ou corporelles ou spirituelles. La jeunesse et
l'oysiveté sont deux mauvaises compaignes ; la derniere trahit et ruine la premiere.
Je croy bien, comme vous m'escrives, que la bonne madame de la Flechere451 vous ayde.
La hantise peut infiniment, soit en bien, soit en mal ; celle de cette dame ne peut estre que salutaire
a qui s'en veut et sçait prevaloir.
Il se faut bien garder de redonner la benediction matrimoniale a la sainte Messe, ni de
reprononcer ces paroles : Ego vos conjungo ; mais apres que ces gens la seront communiés, vous
pourres bien, apres la Messe et secretement, leur faire confirmer le consentement de leur mariage,
et dire sur eux les oraysons, qui sont dans le Missel, de la benediction.
Dieu soit vostre lumiere et vostre protection452 !
Vostre tres humble confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 28 decembre.
_____
448 Jean-François du Martherey naquit en 1590, de Mre Henri du Martherey, bourgeois de Chambéry, et de damoiselle
Bonnevie de Bourg-en-Bresse. De bonne heure chanoine régulier de Peillonnex, il dut quitter le prieuré par suite de
la misère des temps, sans toutefois se soustraire à l'autorité du prieur. (Voir tome XV, note (670), p. 232.) En 1614,
nous le trouvons prêchant le Carême à Bonne, où il est rappelé l'année suivante par les « scindicz, gentilzhommes et
borgeois » auxquels il avait « apporté grandes ediffications. » On le supplia même de demeurer après la station
quadragesimale pour « instruire la jeunesse aux lettres et pieté. » Le Religieux accepta cet emploi à titre d'essai,
attendant la permission de l'Evêque de Genève, et, de son prieur, la dispense de résidence à Peillonnex. Toutes choses
furent sans doute obtenues, car le 6 juillet 1615, Claude de Reydet, dit de Choisy, doyen de la collégiale de
Sallancheset curé de Bonne, constitue M. du Martherey vicaire perpétuel de la paroisse, avec charge de l'administrer
en son nom. Lorsque, par un acte du 29 avril 1616, émanant de l'évêché, cette institution fut ratifiée, l'ancien chanoine
ne dépendait plus de ses Supérieurs réguliers, car François de Sales raye de sa main la mention : « Religieux du prieuré
de Peillonex. » Le 8 juillet 1621, M. du Martherey résigne ses fonctions de vicaire perpétuel à Bonne, pour devenir,
le 24 septembre suivant, curé de Vétraz. En 1625, il est chargé de la paroisse de Ville-la-Grand, où il meurt en 1652.
(D'après les R. E., sa déposition, Process. remiss. Gebenn. (I), etc.)
449 Les premiers éditeurs donnent seulement le quantième ; les détails de la note précédente au sujet de l'institution de
M. du Martherey pour vicaire perpétuel de Bonne, justifient le millésime. Cette lettre, en effet, concerne cette affaire,
et a dû être écrite entre l'acte du 6 juillet 1615 et celui du 29 avril 1616.
450 Amé Rouge, sous-prieur de Peillonnex (voir tome XV, note (668), p. 232).
451 Madeleine de Saint-Michel, veuve de François de la Fléchère, dont l'Evêque de Genève écrira un jour à la Mère de
Chantal : « C'est une sainte. » (Lettre du 39 juin 1617 ; voir tome XI, note (456), p. 199.)
452 Cf. Ps. XXVI, 1.
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10.10 Page 100

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MCL. A M. Guillaume de Bernard de Foras. Un pacte d'amitié
Annecy, [fin 1615 453.]
En ce billet, je confirme le don que je vous ay fait, Monsieur mon Frere, de mes plus
sinceres affections [120] dediees a vostre honneur et service. Faites moy reciproquement le bien
de m'aymer selon la veritable qualité que je porte en mon ame, de
Vostre plus humble tres affectionné frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé au 2d Monastère de la Visitation de Rouen.
_____
453 Ce billet et celui qui fut écrit au retour d'un pèlerinage du destinataire à Lorette en 1615 (voir ci-dessus, p. 95), se
ressemblent par le format et l'écriture ; il n'est donc pas téméraire de les rapprocher aussi pour la date. Probablement,
le Saint remit ces lignes à son ami au départ de celui-ci ; on a vu plus haut (note (372), p. 95) que M. de Foras était à
Annecy en décembre 1615, nous ignorons s'il s'y trouvait encore au commencement de 1616.
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11 Pages 101-110

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11.1 Page 101

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MCLI. A Monseigneur Hildebrand Jost, Évêque de Sion454. Un
désir de l'Evêque de Sion difficile à satisfaire. Quel
prédicateur il faut aux Valaisans. Persévérance d'un converti.
La peste à Saint-Maurice. Envoi d'un aspersoir et de
lettres testimoniales.
Annecy, 31 décembre 1615.
455Illustrissime et Reverendissime
Illustrissime, Révérendissime et très
Præsul in Christo colendissime,
vénéré Prélat dans le Christ,
Quod me præcedentibus litteris
monuisti, desiderare te ut aliquem
concionatorem ad vos transmitterem, id ego
enixe cuperem me præstare posse. Verum ea
res minime sane facile fieri potest, tum quia
rarus est qui velit se [121] vitamque suam
addicere illi muneri semper in eodem loco
obeundo, tum quia non quolibet prædicatore
apud illos vestros Sedunenses opus esse
existimo, sed modestissimo, prudentissimo et
patientissimo. Multos autem invenire licet qui
scientiam habeant, qui autem scientiam cum
prudentia, hoc opus, hic labor est. Videbo
tamen si forte occurrat aliquis quem tuto
possim destinare, omnemque movebo lapidem
ut desideriis Illustrissimæ Dominationis
Vestræ satisfaciam.
Interim, non parum gavisus sum D.
Nicolaum remansisse, ratus illum errores suos
præteritos, vitæ futuræ integritate
deleturum456, cum alioquin vir sit, meo quidem
judicio, maturæ prudentiæ et sagacitatis.
Vous m'avez exprimé dans votre
dernière lettre le désir que je vous envoie un
prédicateur ; je souhaiterais de toute mon âme
le satisfaire. Mais la chose n'est nullement
facile, soit parce que rare [121] est celui qui
accepte de se consacrer à ce ministère toujours
dans le même lieu, soit parce que j'estime que
vos Valaisans ont besoin, non d'un prédicateur
quelconque, mais d'un homme qui excelle en
modestie, prudence et patience. Beaucoup, à la
vérité, possèdent la science, mais d'en trouver
un qui, à la science joigne la prudence, là est la
grave difficulté. Toutefois, je verrai si je
rencontre quelqu'un que je puisse vous
adresser, et je n'épargnerai rien pour satisfaire
Votre Seigneurie Illustrissime.
En attendant, je me réjouis
extrêmement que M. Nicolas soit resté,
persuadé qu'il effacera par l'intégrité de sa vie
ses erreurs passées. D'ailleurs, c'est à mon avis
un homme d'une prudence expérimentée et
d'un esprit pénétrant.
Doleo vero quod Agaunenses peste
J'apprends avec douleur que les
premantur457, [122] neque deero quin præcibus habitants de Saint-Maurice sont affligés de la
454 Voir le tome précédent, note (503), p. 158.
455 Le texte latin est inédit ; Migne, tome VI, col. 988, n'en a donné qu'une traduction.
456 Ce converti est Nicolas Bertolonio, que saint François de Sales avait ramené à la foi. (Voir tome XV, note (970),
p. 341.)
457 En Suisse, le fléau était devenu endémique au commencement du XVIIe siècle. On l'appelait peste noire, et, en
Valais, peste maculée, à cause des taches livides qui annonçaient aux malheureux la présence du mal terrible dont ils
étaient atteints. A la fin de 1615, la maladie reparut à Sion avec une nouvelle intensité et recommença à moissonner
des victimes à Saint-Maurice. « Comme on devait s'occuper d'affaires avec la France..., l'Evêque convoqua la diète à
Granges, où elle se tint sur la grande route le 6 février 1616. » L'épidémie s'aggravant, le 20 mars, une seconde diète
prit des mesures sévères pour arrêter la contagion. Au mois de mai suivant, le peuple valaisan était encore plus
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11.2 Page 102

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meorum illos adjuvem, pro mea erga omnes
Paternitatis Vestræ Illustrissimæ subditos
observantia et charitate.
Mitto aspersorium pro aqua benedicta
impertienda, quod vestra in me benevolentia
gratum habebit ; cuperem vero aliquid aliud
vestris meritis dignius habere, quo testatum
facerem me intimo corde Paternitatem
Vestram Illustrissimam venerari et colere.
Mitto denique litteras illas testimoniales de
consecrationis munere, me promovente et
assistente, Illustrissimæ Dominationis Vestræ
collato458.
Quod superest, Deum optimum
maximum impensissime rogo, ut te sospitem,
sancte pieque viventem, tuo gregi et mihi
conservet.
Illustrissimæ Dominationis Vestræ,
Humillimus et addictissimus in Christo frater
et servus,
FRANCS, Episcopus Gebennensis.
Annessii, XXXI decembris 1615.
peste, et je ne manquerai pas de les aider des
[122] prières de mes fidèles, selon la
considération et l'affection que j'ai pour tous
vos sujets.
Je vous envoie un aspersoir pour
donner l'eau bénite, votre bienveillance à mon
égard l'aura pour agréable ; j'eusse cependant
souhaité vous offrir un objet plus digne de vos
mérites, et qui témoignât mieux de ma
vénération profonde et cordiale pour Votre
Paternité Illustrissime. Enfin, vous trouverez
ci-joint les lettres testimoniales de la
consécration conférée à Votre Seigneurie, avec
mon concours comme prélat assistant.
Il me reste de prier ardemment le Dieu
très grand et très bon de vous conserver en
santé, sainteté et piété à l'affection de votre
troupeau et à la mienne.
De Votre Seigneurie Illustrissime,
Le très humble et très attaché frère et
serviteur dans le Christ,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
Annecy, 31 décembre 1615. [123]
Revu sur l'Autographe conservé à Milan,
Archives du prince Trivulzio. [123]
_____
MCLII. A la Mère de Chantal (Inédite). Compte-rendu d'un
entretien avec un prétendant de Mlle de Chantal
Annecy, [1613-1615 459.]
Ma tres chere Mere,
En vous donnant le bonjour de tout mon cœur, je vous diray que M. de Montrotier460 me
furieusement décimé. (Voir Grenat, Hist. moderne du Valais de 1536 à 1815, publiée par M. Lavallaz ; Genève,
Pasche, 1904, date de l'Avant-Propos.)
458 Ces lettres testimoniales ne nous sont pas parvenues.
459 En 1613 Françoise de Chantal avait quatorze ans, et l'on pouvait songer à l'établir ; d'autre part, une lettre de la
Sainte, du 4 janvier 1616, nous apprend qu'à cette époque il était question d'un mariage entre sa fille et M. de Foras.
Le projet de M. de Montrottier doit donc être placé entre les deux dates extrêmes que nous indiquons.
460 Deux frères portaient alors le titre de seigneurs de Montrottier. C'étaient les fils de Pierre de Montrottier et de
Françoise de la Chesnaye. L'aîné, Charles (voir tome XI, note (127), p. 44), avait épousé en 1597 Marie de Chastillon.
Nous ignorons la date de la mort de sa femme. Le second, Claude-Amédée, était chevalier de Malte. Lequel désigner
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11.3 Page 103

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vint entretenir hier au soir de son mariage et me dit quil vous iroit voir aujourdhuy. C'est pourquoy
il faut que je vous avertisse que je luy dis, sur divers discours, que pour vous, je vous y treuvois
asses disposee et que vous en avies escrit a M. de Bourges461. Et par ce quil me dit que vous luy
avies dit que la petite462 n'en sçavoit encor rien, ni personne, sinon mon frere de Thorens463 et moy,
je le laissay en cette opinion. Il me parla de la dote et quel expedient on pourroit treuver pour la
reputation. Je luy dis que vous avies mesuré les affaires de vos enfans il y a long tems, et que de
plus en plus vous treuvies quil ny avoit pas moyen de faire autrement. [124]
J'ay pensé, ma tres chere Mere, quil failloit vous avertir de tout ceci. Je luy dis un'autre
chose d'une response que la petite avoit faite a sa seur464 sur une proposition generale de mariage
; mais il ny a rien en cela qui porte coup, et je le vous diray peut estre ce soir.
Bonjour, ma tres chere Mere ; Jesus soit a jamais au milieu de nostre cœur.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la vicomtesse de Saint-Seine, au château de Saint-
Seine (Côte-d'Or).
_____
MCLIII. A la Sœur de Chastel Religieuse de la Visitation a
Lyon. Constance des saintes affections. Parmi les
sécheresses, attendre en paix la rosée céleste. « Rien au
monde pour nostre cœur que Dieu, ni pour Dieu que nostre cœur
»
Annecy, [décembre 1615-janvier 1616 465]
Il est vray que les amitiés et affections fondees sur la gloire de Dieu sont invariablement
inviolables, ma chere Fille, de sorte que ni le silence, ni les esloignemens, ni la variété des accidens
ne sauroyent desfaire ce que Dieu a fait. Vives donq tous-jours en cette parfaite asseurance, que
mon ame ne sçauroit pas seulement un seul moment oublier l'amour sacré et vrayement paternel
qu'il a pour la vostre.
Demeurés bien en paix parmi vos secheresses, et attendes en patience la rosee des
consolations celestes. [125] Il est bon que nous ne soyons pas tous-jours attachés aux mammelles
de nostre Dieu et que nous soyons un peu sevrés de sa douceur.
Taschés de rendre le bon odeur parmi le prochain la ou vous estes, affin qu'on loüe le
Parfumier celeste en la boutique duquel vous vives. Ah, quel bonheur est celuy que, changeant de
place, vous ne changes point de cœur466 ! Mon Dieu, ma Fille, puisque nostre cœur ne change point
de Dieu, pourquoy changeroit-il d'amour ? Aussi bien n'y a-il rien au monde pour nostre cœur que
Dieu, ni pour Dieu que nostre cœur. Tenes vous donques tous-jours bien ferme aux pieds du
pour le prétendant de Françoise de Rabutin ? Le plus jeune avait au moins cinquante ans, leur père étant mort en 1565.
Ni la généalogie de Menthon ni l'Armorial de Savoie n'indiquent d'autre personnage de ce nom à cette époque.
461 André Frémyot, frère de la Mère de Chantal et archevêque, de Bourges. (Voir tome XII, note (669), p. 299.)
462 Françoise de Rabutin-Chantal, fille cadette de la Sainte. (Voir ibid., note (906), p. 360.)
463 Bernard de Sales, qui avait épousé Marie-Aimée de Rabutin-Chantal. (Voir tome XIII, note (834), p. 307.)
464 Marie-Aimée, baronne de Thorens (voir tome XII, note (828), p. 328).
465 L'étude sérieuse du texte ne permet pas de laisser à ces lignes l'adresse donnée par Datta et les éditeurs qui l'ont
suivi. Saint François de Sales n'écrit certainement pas à une Dame, mais à une Religieuse de la Visitation, depuis peu
éloignée d'Annecy, et très probablement à la Sœur Péronne-Marie de Chastel (voir tome XV, note (408), p. 133). Ce
que nous savons de l'épreuve intérieure qu'elle subit peu après le départ de Lyon de la Mère de Chantal (voir sa Vie
par la Mère de Chaugy, dans Les Vies de quatre des premieres Meres, 1659-1892, chap. XVI), concorde avec les
conseils contenus dans cette lettre et justifie la date approximative qui lui est attribuée.
466 Cf. Tr. de l'Am. de Dieu, liv. XII, tom. IV.
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Crucifix.
Bon soir, ma chere Fille, recommandes moy bien tous-jours devotement a la misericorde
de Celuy pour lequel je suis sans fin vostre.
_____
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MCLIV. A la Mère Favre, Supérieure de la Visitation de Lyon
(Fragment). Le rang de la Mère Favre dans le cœur du Saint et
dans l'Institut
[Fin 1615 ou 1616 467.]
……………………………………………………………………………………………………...
Vous sçaves bien que vous estes la grande fille bien-aymee, et que nul ne vous ostera le
rang que vous tenes en mon cœur, apres et tout aupres de nostre tres chere Mere ; aussi estes vous
nostre seconde mere.
……………………………………………………………………………………………………...
Revu sur le texte inséré dans la Vie manuscrite de la Mère Favre, par la Mère de Chaugy,
conservée à la Visitation d'Annecy.
467 Préciser la date de ce fragment est bien difficile ; il semble appartenir aux premiers mois de la supériorité de la
Mère Favre.
105/355

11.6 Page 106

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Année 1616
_____
MCLV. A la Mère de Chantal. Souhaits de nouvel an pour la
destinataire et la Congrégation. Effusions d'amour à Jésus-
Christ Notre-Seigneur. Le chercher uniquement et tout faire
pour lui
Annecy, 1er janvier [1616 468.]
Vous seres la premiere, ma tres chere et tres bonne Mere, qui recevres de mes escritz en
cette annee nouvelle. La rayson, certes, le veut bien, qu'apres avoir fait hommage au Pere et a la
Mere celeste, je le rende aussi a la seule Mere que leurs Majestés m'ont donné pour cette vie.
Bonne et tres sainte annee a ma tres chere Mere de la part de son filz, qui luy souhaitte
l'abondance de la grace du Pere eternel, de la paix du Filz circoncis et de la consolation du Saint
Esprit469, dediant avec ce mesme cœur de ma tres chere Mere, le mien comme le sien a la gloire
de la divine Bonté, et luy consacrant tous les momens de cette nouvelle annee pour faire une entiere
circoncision de ce mesme cœur, et l'appliquer a recevoir purement et parfaittement l'amour sacré
que le celeste et divin nom de JESUS nous annonce escrit en sang sur la sainte humanité du
Sauveur470.
Je ne me puis promettre de vous voir avant mercredy, sinon de cette veuë perpetuelle de
laquelle mon ame [127] regarde et garde la vostre cherement dans le fond de nostre cœur471.
Ah, mon Dieu, ma chere Mere, que je desire d'amour divin a ce cœur, que je luy souhaitte
de benedictions ! Baysons mille fois les pieds de ce Sauveur et disons-luy : Mon cœur, o mon
Dieu, vous proteste, ma face vous desire ; ah ! Seigneur, ma face recherche vostre face472. C'est a
dire, ma chere Mere, tenons nos yeux en Jesus Christ pour le considerer, nostre bouche pour le
louer, et qu'en fin tout nostre visage ne respire que d'aggreer a celuy de nostre cher Jesus ; Jesus
pour lequel il nous faut humilier, entreprendre, travailler, souffrir et devenir, comme dit saint
Paul473, des brebis conduites a la boucherie, quand il plairoit a sa divine Majesté de nous rendre
deshonnorables pour son honneur et gloire.
Or sus, bonne et tres sainte annee a ma tres chere Mere, toute parfumee du nom de Jesus,
toute detrempee de son sacré sang. Que nul jour de cette annee, ains que nulle annee ni nul jour de
plusieurs annees, que je supplie Dieu vouloir donner a ma tres chere Mere, ne se passe qu'il ne soit
arrousé de la vertu de ce sang, et ne reçoive la douceur du vent de ce nom qui respand le comble
de toute suavité. Amen.
Ainsy puisse ce nom sacré remplir de son aggreable son toute la Congregation de nos Seurs,
et les gouttes du sang du petit Sauveur se convertir en un fleuve de sainteté qui res-jouisse474 et
rende fertiles tous les cœurs de cette chere trouppe, et sur tout celuy de ma tres chere Mere, que le
468 L'appellation de « Mere » indique une date postérieure à 1613. En 1616, le premier de l'an tombait un vendredi, et
en cette même année la Sainte écrit le 4 janvier : « Je le vois (Monseigneur) fort peu, et ne saurais dire le temps qu'il
y a que je ne lui ai parlé, tant il est accablé d'affaires. » (Lettres, vol. I, p. 73.) On n'aurait pas cependant de raisons
péremptoires pour écarter 1617.
469 Cf. I Tim., 1, 2 ; Act., IX, 31.
470 Cf. Luc., II, 21.
471 La lettre paraît se terminer ici ; ce qui suit doit être composé de plusieurs fragments de différentes dates, mais il est
impossible de leur assigner leur vraie place.
472 Ps. XXVI, 8.
473 Rom., VIII, 36 ; Ps. XLIII, 22.
474 Cf. Ps. XLV, 5.
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11.7 Page 107

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mien ayme comme soy mesme.
Vive JESUS, vive son sang ! Vive MARIE, vive son flanc, duquel Jesus a pris son sang !
FRANÇS, E. de Geneve. [128]
_____
MCLVI. Au duc de Bellegarde475. Vicissitude des années et
permanence des affections formées par Dieu. Les enfants
pensent souvent à leurs pères ; les pères pensent toujours à leurs
enfants. L'alcyon sur les ondes.
Annecy, 6 janvier 1616.
Monsieur,
A ce commencement de nouvelle annee, je vous represente mes vœux et mon obeissance,
dissemblables certes aux ans, en ce quilz perissent tous dans leurs vicissitudes et revolutions ; mais
l'infinie affection que j'ay a vostre gloire est ferme, permanente et exempte de tout autre
changement que de celuy de sa continuelle croissance. Aussi fut elle formee de la main eternelle
de Dieu, a mesme que la bienveuillance que vous aves pour moy fut creee en vostre esprit ; et si,
elle ne regarde aussi que l'eternité. Passion toute miraculeuse, qui, au dessus des loix de la nature,
m'a donné le bien de vous avoir pour filz, et a vous, Monsieur, le courage et l'humilité de m'advouer
pour pere.
O combien de foys, Monsieur mon cher Filz, ce nom et ce cœur de pere que je porte envers
vous me presse-il d'amour et de zele pour supplier la divine Bonté qui l'a volu comme cela, de
combler vostre ame de sa sainte dilection, establissant son royaume celeste en vous ! Je le sçai
bien que les bons enfans pensent souvent en leurs peres ; mays ce n'est pas souvent, c'est tous-
jours que les peres ont leurs espritz en leurs enfans.
Perseveres, Monsieur mon tres cher Filz, en cette grandeur de courage qui vous tient relevé
au dessus des choses temporelles, entre lesquelles vous passes comme un heureux alcyon476
surnageant aux ondes qui inondent ce siecle. Tenes vos yeux arrestés a cette sainte eternité [129]
a laquelle nous allons par la course de ces annees, qui, passant, nous passent comme de poste en
poste, jusques a cette fin-la. En ces momens, pourtant, comme dans un petit noyau, est enclose la
semence de toute l'æternité, et en ces menus travaux de la devotion que nous devons prattiquer est
enfermé le prix de l'infinité de la gloire477, et ce petit soin de servir Dieu produit le repos d'une
joye perdurable. Qu'a jamais le sang du Sauveur soit beni, qui nous a rendu le salut si aysé !
Il ne se peut dire, Monsieur mon Filz, combien j'ay de consolation de sçavoir que monsieur
vostre frere, ce digne et brave seigneur qui vous tient lieu de cher enfant, est enfin marié478 ; car je
475 Roger de Saint-Lary et de Termes (voir tomes XV, note (833), p. 293, et XVI, note (216), p. 58).
476 Vide Introd. a la Vie dev., Part. III, chap. XIV, et tom. XIII, p. 127.
477 Cf. II Cor., IV, 17.
478 Chevalier de Malte et grand prieur d'Auvergne, César-Auguste de Saint-Lary, seigneur de Termes, céda aux
instances de son frère Roger qui, n'ayant pas d'enfant, le pressait de se marier. Il épousa, en 1615, Catherine Chabot,
fille de Jacques, marquis de Mirebeau, et d'Anne de Coligny. C'était un vaillant soldat, sachant encore mieux la guerre
que son frère, au témoignage des contemporains, « brave seigneur, au cœur de lion et à la parole douce. » (Mercure
français, tome VII, p. 641.) On retrouve assez fréquemment son nom dans les lettres du président Favre au duc de
Savoie, car il servit ce prince dans les guerres de 1616 et 1617. Le baron de Termes finit sa brillante carrière le 22
juillet 1621 ; blessé au siège de Clairac en Guyenne, il avait été transporté aussitôt à Tonneins. Le P. Arnoux,
confesseur du Roi, le visita et le salua de la part de Sa Majesté : « Mon Pere, » dit le mourant, « il n'est plus temps de
me parler des rois de la terre à qui je suis meshuy trop inutile ; parlez-moy seulement du Roy du Ciel 1. » Louis XIII
vint lui-même le voir et honora de ses larmes la perte d'un si bon serviteur. François de Sales mêla ses regrets à ceux
de la cour et de l'armée : « O certes, il est vray, » écrivait-il le 21 septembre 1621, « la mort de M. de Termes m'a
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11.8 Page 108

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ne doute point que cela ne luy soit un grand moyen pour bien servir Dieu, a quoy il est asses porté
par la generosité de son courage, outre que je m'imagine que vostre contentement, Monsieur, en
est grand. Et si Dieu exauce mes souhaitz, ce mariage sera fleurissant en toute sorte de
benedictions, et rendra en son tems les fruitz479 d'une desirable et belle posterité. De faire des amas
de paroles sur ce sentiment pour en [130] tesmoigner la grandeur, je n'en ay pas l'art,
principalement escrivant avec ce cœur tout de bonne foy, a Vostre Grandeur, qui se contente de la
realité de mon affection. Mays, ce pendant, j'excede en longueur.
Vives a jamais en Dieu et pour Dieu, Monsieur, et aymes constamment
Vostre tres humble et obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
6 janvier 1616, Annessi.
A Monsieur
[Monsieur le Duc de] Bellegarde,
Marquis de Seurre et Versoix,
Chevalier des deux Ordres du Roy, grand Escuyer de France,
Gouverneur de Bourgoigne, Bresse et Beugey.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Saint-Céré.
_____
MCLVII. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de
Montpellier (Inédite). Efforts du Saint pour amener une
réconciliation. La peste, messagère de la miséricorde divine
Annecy, [14] janvier480 1616.
Monseigneur,
J'ay veu tout ce quil vous plaist de m'escrire touchant M. de Barraux481, que je treuve tres
bon, comme venant de vostr'esprit qui sçait mieux discerner que nul autre [131] ce qui est
convenable. J'ay commencé a luy parler, et puis a M. Garin482), du sentiment quilz ont l'un contre
l'autre, selon le mot quil vous pleust m'en toucher. Ilz protestent fort de ne penser a point de mal,
mais c'est en un langage qui ne veut pas du tout dire cela. Je m'essayeray de tenir a leur bien et
repos, qui despend de l'obeissance quilz doivent rendre a vos intentions, lesquelles, de mon costé,
je veux tous-jours respecter et suivre tres affectionnement.
Nous oyons parler de paix, et sentons tous-jours les effectz de la guerre. Nostre Geneve est
infiniment tourmenté le cœur. »
(Cf. Moreri, Hœfer, etc., et Oraison funebre sur le trespas de Monseigneur de Thermes, prononcée en l'église
des R. Peres Jésuites de Dijon le 28 aoust 1621, par F. J. Pétrigny, de l'Ordre des Carmes.)
1 Les dernières paroles de Monsieur le Baron de Thermes tenues à Sa Majesté. Bourdeaux et Paris, MDCXXI.
479 Ps. I, 3.
480 L'ancien copiste qui nous a conservé ce texte a fait certainement erreur en lisant à la date, 19 juin. L'étude
comparative des lettres où il est parlé de la peste de Genève et de l'affaire de M. de Barraux, oblige d'adopter le mois
de janvier. Pour le quantième il y a eu aussi confusion, car le 19 le Saint était absent d'Annecy.
481 Michel Fenouillet. seigneur de Barraux. (Voir ci-dessus, Lettre MCXXX, p. 85.)
482 En 1632, au mariage de Perrine Fenouillet, sœur du seigneur de Barraux, figure comme témoin leur beau-frère
Jacquelin Garin. Serait-ce l'irréconciliable ennemi de Michel Fenouillet, devenu son proche parent ? Il est question de
son mariage dans une lettre du Saint du 19 octobre 1617, et de la dispense nécessaire pour cette alliance ; il y avait
donc déjà entre eux un lien de famille.
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tous-jours dangereusement travaillee de contagion483, et, par merveille, jusques a present toute la
Savoye en est exempte, graces a ce bon Dieu qui, a l'adventure, par la peste temporelle, les veut
guerir de la spirituelle, ou bien les prendre du costé du Ciel, puisque du costé de la terre, les
hommes s'en empeschent les uns les autres.
Ce porteur a desiré ma recommandation aupres de vous, et puisquil est des vostres, je ne
luy sçaurois rien refuser de ce qui est en mon pouvoir. Je vous supplie de m'aymer tous-jours
constamment, puisque de tout mon cœur je suis,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
………. 1616, d'Annessi.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Montpellier. [132]
_____
MCLVIII. A Madame de la Fléchère (Inédite). En route pour
Samoëns ; une semaine d'hiver
Annecy, 23 janvier 1616 484.
Je partis lundi pour aller a Sales, ma tres chere Fille, pensant d'aller de la a Samoen. Mais
le mardi les eaux m'en empescherent ; mercredi et jeudi, la neige [était] si grande en ces contrees
de dela, qu'on ne pouvoit passer. Et en fin, la cousine est hors de tout danger485 ; qui m'a fait revenir
icy, ou je vous donne mille et mille benedictions, ma tres chere Fille, comm'estant tres parfaitement
tout vostre, et salue humblement monsieur le cher mari.
Vive Jesus ! Amen.
XXIII janvier.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. [133]
_____
483 Voir plus haut, pp. 67, 86.
484 La date de l'année est prouvée par la maladie de Mme de Charmoisy. On lit en effet dans le Compte de Me Brunet,
par lui rendu au seigneur de Charmoisi, 1615-1617 : « Item, ay payé a un nommé Guilliaume, pour le louage d'un
cheval quil auroit baillié a monsieur le medecin Grandis le 18e janvier dernier [1616], pour aller voir madame a
Samoen avec Monseigneur le Reverendissime, pour troys jours quil auroit gardé ledict cheval, jaçoit quil ne soit esté
audict Samoen : quattre florins, six sols. » (Archives de Mlle Adélaïde Vuy, à Carouge, Genève.)
485 Mme de Charmoisy, descendant de Marclaz à Annecy par Samoëns, fut arrêtée par la maladie chez sa belle-sœur
Mme de Vallon. « Hélas ! » écrit la Mère de Chantal le 17 janvier (Lettres, vol. I, p. 77), « ma pauvre sœur Mme de
Charmoisy... nous venant voir, est tombée malade à Samoëns. » Le Saint partit le 18, mais ne put franchir la région
des Bornes (voir ci-après, p. 135) ; il revint alors à Annecy, où, dès le 23, il apprenait la convalescence de sa fille
spirituelle.
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11.10 Page 110

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MCLIX. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon.
Ce que Dieu fera pour la Visitation, et ce qu'il fera pour la Mère
Favre. Souffrir en Dieu rend la souffrance heureuse.
Manifestations extérieures du zèle
Annecy, [janvier] 1616 486.
Ma tres chere Fille,
Je ne vous puis dire autre chose sur ce que vous m'escrives, sinon que Dieu fera plus que
les hommes ne peuvent penser pour cette Congregation, et spirituellement et temporellement ; et
n'en avons nous pas d'asses bons gages jusqu'a present ?
Ma tres chere Fille, vostre cœur tient un rang dans le mien qui me fait faire sans cesse mille
souhaitz pour vostre consolation et prosperité interieure. Hé, mon Dieu, puisque vous aves tiré ce
cœur de ma grande fille a vous, perfectionnes le en vostre saint amour. Il le fera, ma Fille
vrayement chere et bienaymee, n'en doutes point ; mais resveillés souvent les saintes affections et
resolutions que nous avons prises.
Ne vous troublés aucunement de vos infirmités, qui ne vous sont donnees que pour vous
affermir. Je compatis grandement a vostre peyne, quoy que je ne doute pas qu'elle ne soit aggreable
a vostre esprit, qui l'accepte comme venant de ce Pere celeste, lequel donne les tribulations avec
un amour nompareil aux enfans de sa providence. Souffrés toute vostre fievre en Dieu, et la
souffrance vous sera heureuse, ma tres chere grande Fille.
Je desire que le zele de la tres grande gloire de Dieu arde et regne continuellement en vostre
cœur, et qu'en [134] toute occasion il paroisse par modestie, douceur, humilité et devotion. Croyes
moy, ma tres chere Fille, je vous cheris tres pretieusement, et ne manque deux fois le jour de faire
orayson speciale a vostre intention. O que cet amour est doux, qui nous fait aspirer les uns pour
les autres au Ciel !
Dieu vous benisse a jamais, ma chere Fille.
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
MCLX. A Madame de la Fléchère487. Un voyage arrêté par les
neiges. Mme de Charmoisy hors de danger. Pourquoi le
Saint ne trouvait pas facilement un prédicateur pour Rumilly.
Annecy, 26 janvier 1616.
Il faut respondre courtement, ma tres chere Fille, puisque ce porteur m'a pris entre plusieurs
affaires que je ne puis laisser. Je m'estois mis en chemin pour aller voir la chere cousine488, mais
il ne me fut possible de passer les Bornes489 en ce tems, a cause de la nouvelle neige qui y estoit
tombee. Or, maintenant elle est du tout hors de danger, a ce que m'escrivit avant hier M. de
486 Les allusions à la maladie de la Mère Favre et aux difficultés que rencontrait la Visitation, permettent de rapprocher
ces lignes d'une lettre de la Mère de Chantal, datée du 10 janvier (vol. I, p. 83), où sont traitées les mêmes questions.
487 Nul doute pour la destinataire ; c'est bien Mme de la Fléchère, comme le prouvent les diverses allusions de la lettre
et le titre de « compere » qui se lit à la signature.
488 Mme de Charmoisy (voir ci-dessus, Lettre MCLVIII, p. 133).
489 Région montueuse entre Cruseilles et La Roche.
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12 Pages 111-120

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12.1 Page 111

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Vallon490. Dieu en soit loué, a la gloire duquel je m'asseure qu'elle destinera encor plus ardemment
le reste de sa vie.
Je me res-jouis aussi beaucoup de ce que vous me dites de la chere niece491, car tout en est
bon, et croy bien que Mme du Chastelard aura plus de peyne de s'eschapper492. Nous nous verrons
quand il plaira a Nostre Seigneur vous [135] en donner la commodité, et a moy cette particuliere
consolation.
Je suis en peyne de treuver un predicateur a propos pour Rumilli, puisque nos Peres
Capucins n'en ont point, et qu'on y est un peu delicat493. Je ne sçai si nous pourrions avoir quelque
Jesuite de Chamberi ; j'en escriray demain un mot au P. Recteur494. Si moins, nous en prendrons
icy quelqu'un, car nous en avons d'asses bons, pourveu qu'on ne fust pas si douillet comme l'on est
en ce tems, auquel tant de gens sçavent bien dire et fort peu bien faire.
Vives tout a Dieu, ma tres chere Fille, et cherisses tous-jours fortement mon ame qui vous
est toute dediee, comme je suis sans fin,
Vostre plus humble, tout affectionné serviteur et compere,
FRANÇS, E. de Geneve.
26 janvier 1616.
_____
MCLXI. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de
Montpellier495. Une amitié toujours heureuse de s'exprimer.
Malades qui refusent les ordonnances du médecin.
Annecy, 1er février 1616.
Monseigneur,
Je ne puis m'empescher de vous resaluer tous-jours [136] quand les commodités s'en
presentent, desireux de vivre continuellement en vos souvenirs et en la sainte bien-veüillance dont
vous m'honnores. C'est le seul sujet de ces quatre lignes ; car, quant au reste, ce porteur fidele496
vous dira toutes nos nouvelles, qui sont petites comme en tems de paix.
J'ay bien voulu essayer d'accommoder sa volonté avec celle du sieur de Barraux497, mais
ilz ont reciproquement refusé les ordonnances du medecin, disant qu'ilz n'estoyent pas malades ;
c'est a dire, ilz ont bien advoüé qu'ilz avoyent sujet de se vouloir l'un l'autre, mais qu'ilz n'avoyent
nulle intention de se rechercher pour en tirer satisfaction, pour le respect qu'ilz devoyent a la vostre,
laquelle je les exhorteray tous-jours de reverer comme le sanctuaire de leur bonheur. Et moy, je le
feray a jamais de tout mon cœur, comme estant sans fin,
Monseigneur,
490 Jacques de Gex, seigneur de Vallon, beau-frère de Mme de Charmoisy. (Voir tome XII, note (582), p. 260, et les
notes (327), (328), pp. 99, 100 du tome XVI.)
491 Gasparde d'Avise (cf. ci-dessus, pp. 99, 102, 112).
492 Jacqueline de Chauvirey ne put en effet « s'eschapper », comme on l'a dit plus haut, note (383), p. 99.
493 D'après la lettre du 19 février à Mme de Mieudry (voir ci-après, p. 148), il semblerait que le P. de la Rivière,
prédicateur du Carême de 1616 à Annecy, avait été refusé par les trop délicats habitants de Rumilly. Etaient-ils
devenus difficiles depuis qu'ils avaient eu le bonheur d'entendre François de Sales lui-même en 1608 ? (Voir tome
XIII, note (1013), p. 377.)
494 Le P. Claude Le Maire (voir tome XV, note (611), p. 209), qui devait être remplacé dans sa charge au mois de mars
suivant, par le P. Jean Brossard.
495 Le destinataire de cette lettre, que Hérissant et les éditeurs qui l'ont suivi adressent à un Evêque, est sûrement Mgr
Fenouillet ; les nouvelles de MM. de Barraux et Garin le démontrent avec évidence.
496 La suite du texte prouve que ce porteur est M. Garin. (Voir ci-dessus, note (482), p. 132.)
497 Michel Fenouillet (voir ibid., Lettre MCLVII, p. 131).
111/355

12.2 Page 112

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1er febvrier 1616, Annessi.
Vostre tres humble et tres obeissant serviteur et frere,
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
MCLXII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon.
Une réponse à ce que Mgr de Marquemont allègue contre la
Visitation. Pourquoi le Fondateur eût préféré le titre de
simple Congrégation ; raisons de sa condescendance à faire de
l'Institut naissant un Ordre religieux. « Suavité nompareille »
en son acquiescement. Ses réserves. Une fondation est
désirée à Chambéry
Annecy, 2 février 1616 498.
Que dires vous, ma tres chere Fille, voyant si peu de lignes de ma part, apres en avoir si
souvent receu de la [137] vostre beaucoup plus ? Or, dites, et ce sera la verité, dites quil faut bien
que le pauvre Pere ne puisse pas mieux faire ; car il ayme si fort sa toute chere fille, que sil pouvoit,
il ne se contenteroit pas de l'entretenir si peu.499
Je fay response a Monseigneur l'Archevesque, sur un grand papier quil m'a envoyé,
contenant tout ce quil luy plait d'alleguer contre l'institut de la Congregation500. Et sur deux partis
quil me propose, hors desquelz il ne veut nullement establir nostre pauvre Congregation en son
diocæse, je luy laisse le choix sans reserve quelcomque501, hormis celle de la principale fin de
nostre Congregation : que les vefves, au moins en leur habit vidual, y puissent estre par maniere
de retraitte jusques a ce que, desfaites de tous empeschemens, elles puissent faire la proffession et
prendre l'habit ; et que les femmes du monde y puissent avoir entree, pour s'exercer et resoudre a
la devotion, selon les occurrences.
Or, les deux partis quil propose sont : ou de laisser nostre Congregation en tiltre de simple
Congregation, avec la clausure, ou de la reduire en Religion formelle, sous la Regie de saint
Augustin502. Et quant au premier parti, il ne le propose qu'a contre cœur ; si que, voyant que
malaysement favorisoit (sic) il jamais la Congregation si on ne vient au second, je le luy laisse en
[138] liberté,503 estant chose indifferente que le bien de la Congregation se face ou en une sorte ou
en l'autre. Or, mon sentiment estoit quil se feroit mieux en tiltre de simple Congregation, ou la
498 C'est à tort que Migne, publiant pour la première fois ce texte (tome VI, col. 992), le date du 2 décembre 1615.
L'Autographe porte au-dessous de l'adresse, mais sans millésime, 2 febvrier. Le Saint aura écrit ce quantième après
avoir cacheté sa lettre, et ajouté en même temps, dans le sens vertical, les quelques mots concernant Sœur Françoise-
Jéronyme de Villette (voir ci-après, pp. 141, 142). Toutefois, l'année n'est pas douteuse, çar « legrand papier » de Mgr
de Marquemont auquel il est fait allusion est du 20 janvier 1616.
499 Je pensois estre plus pressé, mais on m'a laissé un quart d'heure pour esgratigner cette lettre precipitamment.
500 Le Mémoire de Mgr de Marquemont et la réponse de François de Sales seront donnés avec les Opuscules. On peut
consulter à l'Appendice I, la lettre de l'Archevêque qui accompagnait le long exposé de ses pensées sur la nouvelle
Congrégation.
501 L'édition de 1641 intercale les trois lignes précédentes et plusieurs autres passages de notre texte dans une lettre
qui est une vraie mosaïque ; ce qui en reste, après restitution des emprunts faits à cet Autographe et à une lettre de
1617, est donné ci-après, p. 150.
502 Ce dernier parti fut définitivement adopté deux ans plus tard. Le 9 octobre 1618, l'Evêque de Genève, au nom de
Sa Sainteté Paul V, érigeait la Visitation en Ordre religieux, sous la Règle de saint Augustin, et, de par l'Autorité
apostolique, en approuvait les Constitutions.
503 Ici commence la seconde coupure qui avait été insérée dans le texte bâti, mentionné à la page précédente, note
(501) ; elle se termine au mot « clausure ».
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12.3 Page 113

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seule charité et crainte de l'Espoux serviroit de clausure, avec la retraitte que la bienseance de telles
assemblees requiert, ainsy que nous l'avions mise es Regles. Mays, puisque du bon accueil que
Monseigneur l'Archevesque fera a cette Congregation en sa ville depend celuy qu'elle peut
prætendre en toute la France, j'acquiesce que l'on en face une Religion formelle, a la reserve de
ces deux pointz sus marqués, puisque, comm'il dit, on ne changera rien aux Regles, quil loue et
proteste estre « excellentes504 », car c'est son mot, que le fruit de cette Congregation est admirable,
mais que la racine n'en vaut rien ; combien que Nostre Seigneur die505 qu'un mauvais arbre ne
sçauroit produire bon fruit. Je voy aussi que, par ce moyen, on contentera une quantité de censeurs,
et les peres et parens des filles qui ne les veulent pas donner a Dieu que pour gaigner les portions
qu'elles emporteroyent silz les donnoyent a quelque chetif mari.
L'importance est, ma tres chere Fille (et je vous le dis de tout mon cœur qui vous parle en
simplicité et totale confiance, car en somme vous estes certes ma fille de mon cœur plus que vous
ne sçauries penser, ni moy dire), l'importance est que506 j'ay fait cet acquiescement avec une
douceur et tranquillité, ains avec une suavité nompareille. Et non seulement ma volonté, mais mon
jugement a esté bien ayse de se sousmettre et rendre l'homage quil doit a celuy de ce digne Prælat
; car, ma Fille, que prætens-je en tout ceci, sinon que Dieu soit glorifié et que son saint amour soit
respandu plus abondamment dans le cœur de ces ames qui sont si heureuses que de se dedier toutes
a Dieu ? Les Congregations et les Religions [139] ne sont point differentes devant la divine
Majesté, car, selon icelle, les vœux des unes sont aussi fortz que ceux des autres ; et le tiltre de
Congregation n'estant pas si specieux ni honnoré, m'en playsoit davantage. Mays, de bon cœur
(voyes vous, ma Fille, je dis tres suavement), j'acquiesce que ce soit une Religion, pourveu que,
par la douceur des Constitutions, les filles infirmes y soyent receues, les femmes vefves y aient
retraitte, et les femmes du monde quelque refuge pour leur avancement au service de Dieu. La
Regie de saint Augustin est beaucoup plus douce que les nostres, soit pour la clausure, soit pour
tout le reste ; de sorte que, gardans nos Regles, nous ferons plus que saint Augustin n'ordonne, et
le tiltre de la Regie saint Augustin honnorera nos Regles sans y rien adjouster.
Je voudrois bien vous dire beaucoup de choses sur ce sujet, affin que, quand Monseigneur
l'Archevesque vous parlera, vous sceussies un peu mieux l'entendre ; mays pour tout, il suffira que
vous l'asseuries quil ne treuvera point en moy un esprit contrariant ni qui veuille surnager. Ne
serois-je pas un chetif homme, si je voulois m'estimer et relever mon esprit en comparayson des
autres ?
Item, il faudra dextrement et doucement luy faire savourer le prix des entrees des seculieres
qui viennent pour rabiller un peu leurs espritz507. En Italie on n'en a pas tant besoin, ains nullement,
car il y a tant de compaignies de femmes vefves, mariees, filles, ou les exercices se font ; les
maysons et quartiers de femmes, si retirés du reste de leur mesnage ; plusieurs Congregations libres
ou elles se retirent, et mille autres telles commodités. Joint qu'en Italie, sur tout a Romme, l'esprit
des femmes y est tellement soupçonné, que non seulement on ne permet pas aux hommes de parler
aux Religieuses a la treille sans expresse et tres rigoureuse licence, mais mesme on ne le permet
pas aux femmes sans cette mesme licence ; on rie permet pas aux prestres, [140] quelz qu'ilz
soyent, fussent ilz Jesuites, Capucins et tout ce qu'on voudra, d'y aller dire Messe, s'il n'a licence
par escrit. Or, de deça, les Carmelines mesme ne font pas ces misteres, par ce que les meurs et
humeurs ne requierent pas tant de barricades ni de desfiances. C'est pourquoy, sil plait a
Monseigneur de Lyon, on pourra aysement moderer cette rigueur pour l'entree des dames et autres
bonnes femmes qui, pour une si sainte fin, voudront entrer.
508On parle fort de faire une Congregation a Chamberi509, on en demande en plusieurs
504 Mémoire de Mgr de Marquemont.
505 Matt., VII, 18.
506 Ce qui suit jusqu'à « toutes a Dieu » (dernière ligne) se trouvait interpolé dans la lettre indiquée note (501) de la
page précédente.
507 Voir plus loin la lettre du 10 juillet au Cardinal Bellarmin.
508 L'alinéa suivant est inédit.
509 Cette fondation de Chambéry fut retardée jusqu'au 17 janvier 1624. Elle se fit par la Mère de Chantal elle-même,
accompagnée de quelques Religieuses d'Annecy.
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12.4 Page 114

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endroitz510 ; c'est pourquoy je supplie Monseigneur l'Archevesque de terminer cet affaire, en sorte
qu'on puisse imprimer les Regles bientost511.
Ma tres chere Fille, pries Dieu quil remplisse mon cœur de son amour ; j'en fay de mesme
pour le vostre, qui me semble, certes, estre vrayement mien, comme le mien est tout vostre.
Je respondray a la difficulté des desirs a la premiere commodité512. Je salue nos cheres
Seurs, sur tout les deux nostres513. Il ny a pas grand hazard que le livre de l'Amour de Dieu soit
retardé ; je le fay cependant revoir514.
Je salue M. l'Aumosnier, que j'espere voir parmi ce Caresme515.
516Tout maintenant je viens de recevoir une lettre de [141] ma Seur Françoise Hieronime517
; je respondray a la premiere commodité, car il faut donner les lettres.
A ma tres chere Fille en N. S.
Ma Seur Marie Jaqe Favre,
Superieure de la Congregation de la Visitation.
A Lion.
518Le 2 febvrier.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Lyon-Fourvière.
_____
MCLXIII. A Madame de la Fléchère. Promesse d'une visite au
retour de Mioncas. François de Sales va dire la sainte Messe
à la Visitation pour M. de la Fléchère malade
Annecy, 9 février 1616.
Hier, une heure de nuit, vostre lettre me fut rendue. Ce matin j'ay envoyé pour sçavoir si
M. Faber estoit parti519 ; on m'a fait dire qu'oüy, cependant le voyla encor. Or il ne se faut point
estonner, ma chere Fille, car, Dieu aydant, ce ne sera rien. Nous prierons a cett'intention ; et je
m'en vay aujourd'huy a Mionnaz520, d'ou je repasseray vers vous tout en passant, au retour, affin
de visiter vostre malade, et rendray par mesme moyen le compliment avec M. le Comte qui est
gueri521. [142]
510 Voir ci-dessus, note (388), p. 101, et ci-après, pp. 162, 163.
511 Les Règles et Constitutions ne purent être imprimées qu'en 1619.
512 C'est dans sa lettre du 17 avril que le saint Fondateur résout la « difficulté des desirs. »
513 Sœur Péronne-Marie de Chastel et Sœur Marie-Aimée de Blonay.
514 Dès le 28 mars 1616, Pierre Rigaud s'était muni du Privilège d'imprimer, et n'attendait plus que la communication
du manuscrit. Celui-ci fut porté à Lyon au commencement de mai, par M. Michel Favre. (Cf. notre Introduction au
Traitté de l'Amour de Dieu, tome IV, p. XV.)
515 Claude de Sevelinges, aumônier de Belleville et confesseur de la Visitation de Lyon (voir tome XV, note (948), p.
333), ne vint à Annecy qu'au début de l'été.
516 Voir ci-dessus, note (498), p. 137.
517 Sœur Françoise-Jéronyme de Villette (voir ci-après, Lettre MCLXXIII, p. 159).
518 Voir ci-dessus, note (498), p. 137.
519 Jean Favre, médecin d'Annecy (voir tome XV, note (438), p. 147), qui devait se rendre à Rumilly pour visiter M.
de la Fléchère, gravement malade. (Voir la lettre suivante.)
520 Seigneurie d'Amé de Montfort, près de Rumilly. (Cf. le tome précédent, note (221), p. 60.)
521 Fils de Philibert de la Forest et de Madeleine Fléard, et frère de Mme de la Fléchère, Charles de la Forest était baron
de la Bâtie-d'Albanais, d'Apremont, etc., et, depuis février 1594, comte de Verel et Dullin. Par ses exploits militaires,
il mérita les faveurs de son souverain, dont il devint conseiller et chambellan. D'abord marié à Claudine de Bellegarde
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Je vay dire la sainte Messe a la Visitation, ou je feray la recommandation du malade, que
je prie Dieu vouloir benir de sa sainte main, avec vostre cœur et toute vostre mayson. Je suis tout
parfaitement vostre.
9 febvrier 1616.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin Archives de l'Etat.
_____
MCLXIV. A M. Philippe de Quoex522 (Fragment). Veuvage de
Mme de la Fléchère. Eloge de cette « parfaite brebis » d'un
bercail affligé.
Annecy, vers le 12 février523 1616.
J'appris au soir la nouvelle du deces de nostre bon monsieur de la Flechere524. O Dieu, avec
quelle ardeur sa chere vefve va-elle sacrifier le sacrifice de toute justice525 a Dieu ! Quand je
n'aurois que cette parfaite brebis en mon bercail, je ne me sçaurois fascher d'estre Pasteur de cet
affligé diocese. Apres nostre madame de Chantal, je ne sçai si j'ay fait rencontre d'une ame plus
forte en un cors feminin, d'un esprit plus raysonnable et d'une humilité plus sincere.
Je ne doute nullement, Monsieur mon cher Confrere, [143] que passant si proche d'elle,
vous ne l'allies visiter. Portes luy l'asseurance que mes prieres luy sont acquises pour le repos de
son cher defunct et pour sa consolation particuliere, que je m'asseure estre toute en ces deux motz
: Le nom de Dieu soit beni526, sa volonté soit faite527.
……………………………………………………………………………………………………..
Revu sur le texte inséré dans la Vie manuscrite de la Sœur Madeleine de la Forest de la
Fléchère, parla Mère de Chaugy, conservée à la Visitation d'Annecy.
de Montagny, veuve de Pierre de Maillard, le comte épousa en secondes noces (contrat dotal du 28 mai 1612)
Marguerite de Seyssel-la-Chambre, et mourut en décembre 1629.
522 Philippe de Quoex (voir tome XII, note (57), p. 30) est indiqué pour destinataire dans la Vie de Mme de la Fléchère
par la Mère de Chaugy, d'où notre texte est tiré.
523 Il est difficile de préciser exactement la date de ce fragment, ignorant celle de la mort de M. de la Fléchère. Le 8
février, l'Evêque de Genève apprit la maladie du gentilhomme (voir la lettre précédente) ; le 17, il écrit à sa veuve : «
Les sentimens de l'absence du defunct ne peuvent pas si tost passer » (voir ci-après, p. 145) ; le décès était donc
survenu déjà depuis plusieurs jours.
524 Voir tome XIV, note (166), p. 55.
525 Ps. IV, 6.
526 Job, I, 21.
527 Matt., VI, 10, XXVI, 42.
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12.6 Page 116

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MCLXV. A Madame de la Fléchère. Affaires de tutelle.
Prudence et sainte indépendance en face du monde. Les
prétentions et les plaintes de M. Guidebois. Un prédicateur
de Carême. Prochains arrangements à la cure de Rumilly
Annecy, 17 février 1616.
Ma tres chere Fille,
Hier au soir seulement je receus vostre lettre et je respons ce matin, jour des Cendres. Il
m'est advis que ces formalités de tuteur a vos enfans sont superflues, puisque tout est vostre et
qu'aussi bien vostre Espoux nouveau ne vous demandera point de dote. Neanmoins, vous sçaves
quel homme je suis pour les affaires du monde ; certes, je n'y entens rien du tout. C'est pourquoy
je vous conseille de croire le neveu528, qui, estant de la profession et ayant l'affection quil a pour
vous, ne peut en cela que vous bien conduire. Mays il faudra pourtant bien faire sçavoir au monde
vostre bonne intention envers vos enfans ; autrement il criera a la Philothee comme au loup
garou529, et sera bien ayse de prendre ce sujet : a quoy vostre protestation obviera suffisamment.
Que sil ne s'en contente, il le faudra laisser crier et braire tant quil voudra, puisque le nouvel
Espoux ne tient aussi point de conte de son tesmoignage530. [144]
En verité, il faut ayder M. Guydeboys531 affin quil ayt sa pension tant que nous pourrons,
car le pauvre homme seroit miserable sans cela et auroit grand sujet de se plaindre ; et vous pouves
penser de quel air il le feroit, puisque il le fait des a present avec un'extreme doleance. Vous
m'envoyeres donq les papiers et je vous renvoyeray ce que vous me marqueres, et l'assisteray en
ce que je pourray, affin quil ne soit pas frustré de sa juste pretention. Et M. le Comte532 n'en sçaura
rien, ou sil le sçait, il n'aura point d'occasion de vous en sçavoir mauvais gré.
Les sentimens de l'absence du defunct533 ne peuvent pas si tost passer ; il suffit que, en la
pointe de l'esprit, nous soyons bien resignés au bon playsir de Dieu, et que nous taschions de nous
unir de plus en plus parfaitement au second Espoux. Demeures bien toute en luy et vives bien toute
pour luy, ma tres chere Fille, et je suis tout parfaitement
Tout vostre.
Nous avons un brave prædicateur534, je m'en res-jouis [145] grandement. Vous l'ouires un
528 Prosper d'Avise (voir ci-dessus, note (378), p. 98).
529 Cf. Introd. a la Vie dev., Part. IV, ch. I.
530 Cf. Joan., II, ult.
531 Les Guy de Boex, Guideboex ou Guidebois, originaires de Cluses en Faucigny, y apparaissent déjà en 1356. Nobles
régulièrement en 1585, ils sont réhabilités de noblesse en 1610.
Jean-Jacques Guidebois, notaire, fut père, le 1er juin 1586, de Jean-François-Melchior, celui-là même dont le
Saint parle ici, et qui devint, le 20 novembre 1603, prieur commendataire de Notre-Dame de Vion. Moins de deux ans
après (18 février 1605), il résigna ce bénéfice, uni aux biens ecclésiastiques des Chevaliers des saints Maurice et
Lazare, en faveur de Claude-François de la Fléchère, mari de la destinataire. M. Guidebois gardait la charge de
pourvoir au service religieux du prieuré et à l'hospitalité des pauvres et des lépreux. En 1610, il reçut les trois Ordres
majeurs, les 5 juin, 18 septembre et 18 décembre. (D'après les Mém. de l'Acad. Salés., tome XI (1888), pp. 77, 230,
l'Armorial de Savoie et les R. E.)
532 Charles de la Forest, frère de Mme de la Fléchère. (Voir ci-dessus, note (521), p. 142.)
533 M. de la Fléchère (voir la lettre précédente).
534 En 1616, le Carême fut prêché à Annecy par le P. Louis de la Rivière, de l'Ordre des Minimes, alors supérieur du
couvent de Valence. Le Conseil ce Ville déclare, à la date du 4 avril, que « pour tant de belles doctrines et predications
quil nous a fourny, il est raisonnable de recognoistre tant de peine, puis quil s'est trouvé tres rare en cest estat, et [a]
contenté la Ville. » On convient de lui donner « soixante ducatons, » et de le faire accompagner « trois lieues loing
par l'ung des scindics, assisté de quelques conseillers, et jusques a la disné que sera faicte a la charge et despense de
la Ville. » Reg. des Délib. municip.) Annecy rappela l'année suivante le P. de la Rivière pour la station quadragésimale.
Le pieux Minime put donc voir de près François de Sales ; il demeura émerveillé de ses hautes vertus. Prenant congé
de ses auditeurs (avril 1616), il fit un éloge public de leur Evêque, ce qui lui attira les reproches du Serviteur de Dieu.
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12.7 Page 117

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peu sur la fin535, et madame la Comtesse536, a laquelle j'ay bien envie de donner de la moderation
en ses affections, selon le besoin que j'en voy par la demesuree ardeur qu'ell'a en la sollicitation de
faire M. Nacot537, vicaire. Or bien, nous sommes apres a donner un fort bon coadjuteur au curé538,
et alhors tous ces inconveniens cesseront.
Dieu soit a jamais au milieu de nos cœurs. Je salue la [146] chere compaigne539 et la tres
chere niece540, quand vous luy escrires.
Jour des Cendres.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MCLXVI. A Madame de Mieudry541. Etre ce que Dieu veut :
faibles de corps, mais siens de cœur. — Nouvelles difficultés
dans le service paroissial de Rumilly. L'Evêque se justifie
humblement, sans blâmer ses détracteurs. Les « caprices des
hommes. » Soyons « vaysseaux bien profons » pour recevoir
les grâces de Dieu.
Annecy, 19 février 1616.
Et moy certes, ma tres chere Fille, j'oubliay a vous dire542 que, sans nulle difficulté, vous
« Vous ayez toue gaté aujourd'hui en me flatant et en me louant avec exageration, » lui dit-il ; « attendez, mon cher
Pere, attendez que je sois mort pour me louer. » (Ancien Ms. de l'Année Sainte.) Le Religieux obéit à ce
commandement, et en 1623 revint en Savoie, employant plusieurs semaines « pour s'instruire pleinement de tout ce
qui pouvoit appartenir à l'histoire de nôtre Bien-heureux... ; et ainsi bien informé de tout... se retira au Monastere de
son Institut à Lyon, où il composa son livre 1. » (Charles-Auguste, Le Pourpris hist. de la Maison de Sales, Annessy,
1659, p. 42.) Après trois siècles, cette Histoire du saint Evêque de Genève, au style antique et chargé d'images, se fait
encore lire avec un charme tout particulier. L'auteur, passionné pour son héros, épuise toutes les comparaisons pour
l'exalter ; quand il parle de ses vertus, on sent qu'il a pénétré bien avant dans cette âme de saint où Dieu avait fait
surabonder ses dons de nature et de grâce. (Voir à l'Appendice I le fragment d'une de ses lettres à l'Evêque de Genève.)
Le P. de la Rivière, Minime de Grenoble, était originaire de Romans. Il fut supérieur dans différents couvents de son
Ordre, entre autres Montmerle ; on lui confia aussi les charges de Procureur pour la nation française à Rome, de
Visiteur général en France et de Collègue général ; il reçut ce dernier titre au 24e Chapitre général tenu â Rome en
1617. Il vivait encore en 1654. Lanovius le qualifie de « docte, célèbre, pieux orateur et théologien. » (Chronicon
generale Ordinis Minimorum 1417-1627, etc., Parisiis, 1635 ; Rochas, Biographie du Dauphiné, etc., Paris, 1860.)
1 Il parut sous ce titre : La Vie de l'Illustrissime et Reverendissime François de Sales, de tres-heureuse et glorieuse
memoire, Evesque et Prince de Geneve, et Fondateur de l'Ordre des Dames de la Visitation ; où sont contenues ses
principales Actions, Vertus et Miracles. Par le R. P. Louys de la Riviere, de l'Ordre des Minimes. A Lyon, chez Pierre
Rigaud et Associez, ruë Merciere, au coing de ruë Ferrandiere, à l'Enseigne de la Fortune, 1625.
535 Mme de la Fléchère avait sans doute le projet de passer la fin du Carême à Annecy.
536 Philiberte de Beaufort, comtesse de Tournon (voir tome XV, note (46), p. 1).
537 Rd Nicolas Nacot, ecclésiastique prébendé à Rumilly. (Voir ibid., note (47), p. 1, et la lettre suivante.)
538 Au curé de Rumilly, Jean Viret. (Voir le tome précédent, note (836), p. 259, et ci-après, p. 148.)
539 Probablement Mme de Mieudry. (Voir la lettre suivante.)
540 Gasparde d'Avise.
541 Gasparde de Cerisier (voir tome XIV, note (260), p. 85).
542 Le saint Evêque avait passé à Rumilly vers le 10 février (voir ci-dessus, Lettre MCLXIII) et visité la destinataire ;
sa lettre est comme une suite de leurs entretiens.
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12.8 Page 118

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mangeassies, avec M. vostre pere543 et vos enfans544, de la chair ; vostre complexion est asses lasse
sans autre abstinence. Il faut estre ce que Dieu veut que nous soyons : foibles, vilz, abjectz, mais
siens de cœur, d'intention et de resolution. Pour M. vostre mari545 et le reste, vous en feres ce que
[147] vous estimerés a propos ; je croy bien que ce ne sera pas trop de luy donner des conseilz,
attendu quil craint Dieu, et quil faut avoir soin de bien nourrir ceux qui nourrissent bien cette sainte
crainte, encor que ce soit avec imperfection.
Le vicariat de Rumilly depend du curé546 ; ce que j'ay fait pour condescendre a l'extreme
instance qui m'a esté faite, c'est de luy permettre quil employast M. Nacot, si bon luy sembloit547,
sans pour cela empescher que l'on employast M. Charvet548 a cet exercice, pour ceux qui n'auroyent
pas agreé l'autre. Il se peut bien faire que j'aye mal fait en cela, et ce ne seroit pas un grand miracle
; mais je ne le pense pas pourtant, a cause de la consideration pour laquelle je l'ay fait et la liberté
que chacun a de se prsevaloir des autres prestres ; outre que cela ne durera comme rien, Dieu
aydant. Ne vous mettes nullement en peine de respondre a ceux qui m'en blasmeront ; car encor
que je ne le pense pas, peut estre ont ilz rayson. Et pour vous, il vous suffit que je vous assisteray
bien et ne vous tromperay point, ains vous conduiray le droit chemin de la pieté, avec un' affection
et un zele tres invariable.
Je considere les caprices des hommes sur le sujet du bon M. de Valence549 : nous
l'escoutons icy de tres bon cœur, et moy, qui ay plus estudié en theologie que tous ceux de Rumilly
ensemble, je treuve qu'en verité il presche bien et utilement ; on seroit bien ayse en des plus grandes
villes de l'avoir550. Il faut avoir patience, et prier Dieu quil nous face tous humbles, affin que, [148]
comme vaysseaux bien profons, nous soyons capables de recevoir ses graces en abondance.
Je suis en vraye verité tout vostre, ma tres chere Fille, et Dieu soit la vie de vostre ame.
Le XIX febvrier 1616.
A Madame
Madame de Mioudry.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
543 Jacques de Cerisier (voir la lettre suivante).
544 Mme de Mieudry eut trois enfants : Charles, cornette du seigneur du Marest, d'après Guichenon fut tué au siège de
Montmélian (1630) ; Madeleine, héritière du château de Mieudry, épousa par contrat dotal du 13 avril 1632, Noël-
Jean-François de Bellegarde, seigneur des Marches et d'Entremont ; Claude-Philiberte, à qui échut la maison d'Argis
en Bugey, la porta en dot (10 mai 1632) à noble Jacques de Montmayeur, seigneur du Monet et de Macognin. Elle
mourut avant le 2 mai 1663.
545 Sébastien Portier, seigneur de Mieudry et d'Argis, fils de Claude-Lambert Portier et de Guillermine de Loche.
Marié à Gasparde de Cerisier le 5 février 1602, il était, en 1612, lieutenant de la compagnie colonelle de Philibert de
la Villiane. Douze ans plus tard, on le trouve gentilhomme de bouche du duc de Savoie, et capitaine en son fort et
préside de Montmélian. Resté veuf le 10 août 1616, il meurt avant le 39 août 1633.
546 Rd Jean Viret (cf. la lettre précédente, p. 146).
547 Voir ibid.
548 Charles Charvet (voir le tome précédent, note (942), p. 293).
549 Le P. Louis de la Rivière, que saint François de Sales désigne ainsi, parce que, comme on l'a dit ci-dessus, note
(534), p. 145, il gouvernait à cette époque les Minimes de Valence.
550 Cf. ci-dessus, p. 136.
118/355

12.9 Page 119

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MCLXVII. A M. Jacques de Cerisier551 (Billet inédit). Dispenses
pour le Carême en faveur d'un malade.
Annecy, 19 février 1616.
Monsieur mon Cousin,
Prenes, au nom de Dieu, tout ce qui sera requis pour vostre nourriture552. La grandeur de
vostre maladie ne permet aucune reserve de viandes pour vous, a qui je ne cesseray jamais de
souhaiter toute sainte prosperité, et a madame ma cousine553, ni d'estre de tout mon cœur,
Monsieur mon Cousin,
Vostre plus humble, tres affectionné cousin et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
3e Jour du Caresme 1616.
A Monsieur
[Monsieur] de Cirisier.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la comtesse d'Asnières de Sales,
à Metz (Annecy). [149]
_____
551 Jacques de Cerisier, écuyer, seigneur d'Argis en Bugey, qui fut capitaine du château de Miolans. Par contrat dotal
du 6 mars 1598, il épousa en secondes noces Claudine Portier, sœur de son gendre, le seigneur de Mieudry. (Voir ci-
dessus, note (545), p. 147.)
552 Cf. Epist. præced.
553 La femme du destinataire, Claudine, fille de Claude-Lambert Portier et de Guillermine de Loche. Elle teste le 18
mars 1632.
119/355

12.10 Page 120

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MCLXVIII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de
Lyon (Fragments). Humbles réponses qu'il faudra faire à
l'Archevêque de Lyon. « L'esprit parfait et apostolique, »
propre esprit de la Visitation. Quel amour peut vivre sans
anxiété
Annecy, [février] 1616 554.
Ma tres chere Fille,
……………………………………………………………………………………………………..
Si Monseigneur l'Archevesque555 vous dit ce qu'il m'a escrit, vous luy respondres que vous
aves esté laissee la pour servir a l'establissement de vostre Congregation de tout vostre petit
pouvoir ; que vous tascheres de bien conduire les Seurs selon les Regles de la Congregation ; que
s'il plaist a Dieu, apres cela, que cette Congregation change de nom, d'estat et de condition, vous
vous en rapportes a son bon playsir, auquel toute la Congregation est entierement voûee ; et, qu'en
quelle façon que Dieu soit servi en l'assemblee ou vous le serves maintenant, vous seres satisfaite.
En effect, ma tres chere Fille, il faut avoir cet esprit la en nostre Congregation, car c'est
l'esprit parfait et apostolique. Que si elle pouvoit estre utile a establir plusieurs autres
Congregations de bonnes servantes de Dieu sans jamais s'establir elle mesme, elle n'en seroit que
tant plus aggreable a Dieu, car elle seroit moins sujette a l'amour propre.556
……………………………………………………………………………………………………...
Croyesmoy, ma chere Fille, j'ayme parfaitement nostre pauvre petite Congregation, mays
sans anxieté, sans [150] laquelle l'amour n'a pas accoustumé de vivre, pour l'ordinaire ; mays le
mien, qui n'est pas ordinaire, vit, je vous asseure, tout a fait sans cela, et avec une tres particuliere
confiance que j'ay en la grace de Nostre Seigneur, que sa main souveraine fera plus pour ce petit
et humble Institut que les hommes ne peuvent penser.557 Et je suis, plus que vous ne sçauries croire,
vostre.558
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation dit 1er Monastère de la Visitation
d'Annecy.
_____
554 Ces lignes sont extraites d'un texte absolument bâti, placé par tous les éditeurs, depuis 1641, en octobre 1617. (Cf.
note (556) ci-dessous.) On ne peut douter que les décisions données ici par le saint Fondateur n'aient suivi de près la
lettre du 1 février 1616 à la même destinataire.
555 Mgr Denis-Simon de Marquemont, archevêque de Lyon.
556 Ici, l'édition de 1641 avait interpolé un assez long passage composé de plusieurs fragments de la lettre du 2 février
1616 à la Supérieure de la Visitation de Lyon. (Voir ci-dessus, les notes (501), p. 138, (503) et (506), p. 139.)
557 La phrase suivante ne se lit pas dans le texte que nous reproduisons, conforme du reste à celui de 1641, sauf
quelques divergences de style qui sont maintenues comme plus authentiques.
558 Après cette finale, les anciens éditeurs ajoutent un alinéa sur la mort de la jeune baronne de Thorens. On le
retrouvera à sa vraie place, en septembre 1617.
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13 Pages 121-130

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13.1 Page 121

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MCLXIX. A Madame de la Fléchère (Inédite). Où croissent les
lis agréables à l'Epoux céleste. L'ouvrage le plus doux,
l'ouvrage le meilleur. Députer Charles de la Fléchère vers le
gouverneur de Savoie
Annecy, 24 février 1616.
Je vous voy, ma tres chere Fille, selon ce que vous m'escrives, toute jettee sur les espines.
O prenes courage, je vous en conjure ; c'est la ou les lis aggreables a vostre Espoux croissent559 et
se nourrissent mieux, et le mouton que Dieu volut luy estre immolé au lieu d'Isaac estoit arresté
entre les espines560. Travailles fidelement, ma tres chere Fille, avec la pointe superieure de vostre
volonté, parmi ces tenebres et secheresses ; une once de l'ouvrage fait en cette sorte vaut mieux
que cent livres de celuy qu'on fait entre les consolations et sentimens, et bien que celuy ci soit plus
doux, l'autre neanmoins est meilleur.
Je communiqueray de vostre affaire avec une bonne [151] cervelle et tres bonne
conscience, et vous escriray son advis561, combien que tous-jours il faille croire monsieur vostre
neveu562. J'appreuve bien que vous envoyes vostre filz563 faire la reverence a Son Excellence564,
puisque elle ne vous fait nulle response, ni a moy, a qui neanmoins ell'a respondu sur un'autre point
dont je luy escrivois ; et selon que vous la verres inclinee, vous pourres par apres recourir a Son
Altesse, tandis que la memoire est fraische du defunct565.
Je suis sans fin, tout parfaitement vostre, ma tres chere Fille, dans le cœur delaquelle vive
a jamais et regne Jesus. Amen.
XXIIII febvrier 1616.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Riom.
_____
559 Cf. Cant., II, 2.
560 Gen., XXII, 13.
561 Voir ci-après la lettre du 1er mars à la même.
562 Prosper d'Avise (voir ci-dessus, note (378), p. 98, et p. 144).
563 Charles de la Fléchère (voir ci-après, p. 165).
564 Le marquis de Lans. Sigismond d'Est, gouverneur de Savoie.
565 M. de la Fléchère, mari de la destinataire, de son vivant gentilhomme ordinaire de la Chambre de Son Altesse le
duc de Savoie. Sa veuve désirait sans doute que leur fils recueillît, avec 200 pistoles promises au défunt, la succession
des bonnes grâces et de l'amitié du prince. (Voir pp. 169, 170.)
121/355

13.2 Page 122

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MCLXX. Au Comte Prosper-Marc de Tournon566 (Inédite). Un
prétendant au sacerdoce qui a besoin d'étudier davantage.
Annecy, 27 février 1616.
Monsieur,
Ce porteur a esté le bien venu pour le contentement que [152] j'ay eu de sçavoir de vos
nouvelles et le desir que j'aurois de servir son Ordre ; mais il a si peu de lettres, que je ferois grande
conscience de luy donner l'Ordre de prestrise sil n'estudie beaucoup davantage567. C'est pourquoy
je luy ay fait sçavoir quil ne revint pas qu'avec cette provision-la. Au reste, il vous rendra
tesmoignage de la santé de madame ma cousine568 et de tout ce que vous aves de plus cher de deça.
Ainsy puissies vous jouir heureusement d'une bonne et longue prosperité, selon le souhait,
Monsieur, de
Vostre plus humble, tres affectionné parent et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXVII febvrier 1616.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Bourg-en-Bresse.
_____
MCLXXI. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier.
Reconnaissance de la province envers Son Altesse pour
l'établissement des Barnabites à Annecy. Celui qui a planté
un arbre le doit arroser. Deux prieurés en ruine spirituelle et
matérielle. Le collège d'Annecy antagoniste de celui de
Genève
Annecy, 29 février 1616.
Monseigneur,
Il y a deux ans que par commandement de Vostre Altesse les Peres Barnabites ont esté
receus en cette ville pour la direction du college569, et ne se peut dire combien de fruit spirituel ilz
y ont fait et en toute cette province ; qui a donné un grand sujet aux gens de [153] bien de souhaiter
plus ardemment toute sorte de prosperité a Vostre Altesse, de laquelle l'authorité nous avoit
prouveus de ce bonheur.
Mais, Monseigneur, puisque la providence de Vostre Altesse a planté ce bon arbre fruitier
en cette province, c'est a elle mesme de l'arrouser, affin que, par la grace de Dieu, il puisse croistre.
Ce college est extremement pauvre pour la grandeur des charges qui y sont ; et si on ne le secourt
par addition de quelques revenus, ces bons Peres y vivront avec tant d'incommodités, que non
566 L'adresse manque à l'Autographe, mais le ton de ces lignes, les nouvelles de « madame ma cousine », le titre de «
parent » que le Saint prend à l'égard du destinataire, désignent sûrement le comte de Tournon, alors à Turin.
567 Il est impossible de dire quel était ce Religieux protégé par le comte.
568 La comtesse de Tournon, femme du destinataire.
569 Le collège Chappuisien, cédé aux Barnabites par le contrat du 5 juillet 1614, et dont les Pères n'avaient pu prendre
possession qu'au mois d'octobre suivant. (Voir le tome précédent, note (734), p. 228.)
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13.3 Page 123

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seulement ilz ny pourront pas faire les progres que leur pieté et les necessités de ce païs requierent.
Or, les moyens de leur accommodement seront fort aysés, pour peu quil playse a Vostre
Altesse d'affectionner cette sainte œuvre ; car nous avons icy deux prieurés ruraux, dont le plus
grand n'excede pas la valeur de cent ducatz annuelz, par l'union desquelz ce college seroit fort
soulagé. Et, ce qui est plus considerable, comme ces prieurés seroyent utiles a l'entretenement de
ces Peres, ces Peres seroyent reciproquement extremement utiles a l'entretenement des prieurés,
qui, comme la pluspart des benefices reguliers de ce païs, s'en vont en ruines quant aux choses
temporelles devant les hommes, et quant aux services spirituelz devant Dieu, qui sans doute en est
grandement offencé : 570 Et non est qui recogitet corde571.
L'un de ces prieurés s'appelle Silingie572 et l'autre Saint Clair573, tous deux a une lieuë d'icy,
fort propres [154] a l'intention que je represente a Vostre Altesse, laquelle je supplie tres
humblement, et sous l'adveu de sa bonté je la conjure, par l'amour qu'elle porte au service de Dieu
et de l'Eglise et par la paternelle affection qu'elle a envers ce païs, de vouloir estroittement
embrasser et presser le bien de ce pauvre college, qui est au cœur de la Savoye et vis a vis, comme
antagoniste, de celuy de Geneve574, et qui est la premiere retraitte que cette venerable Congregation
des Peres Barnabites a eue deça les monts, sous les favorables auspices de Vostre Altesse, laquelle
en aura beaucoup de gloire en ce monde entre les serviteurs de Dieu, et en l'autre encor davantage
entre les Anges et les Saintz de Paradis. [155]
Ce pendant, sur cet heureux presage, je fay tres humblement la reverence a Vostre Altesse,
comme estant,
Monseigneur,
Son tres humble et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le 29 febvrier 1616.
570 Et il n'y a personne qui le prenne à cœur.
571 Jerem , XII, 11.
572 En 1039, Sigibold, seigneur burgonde, et sa femme Udtona, donnèrent à l'abbé de Cluny l'église de Sillingy en
Genevois et une manse au même lieu. Le prieuré de Bénédictins ainsi établi, passa vers la fin du siècle sous la
dépendance de celui de Contamine-sur-Arve. Parmi les prieurs de Sillingy figurent le célèbre Cardinal de Brogny ;
François de la Fléchère, parrain de saint François de Sales (voir tome XI, note (37), p. 3), et Bérard Portier, de Rumilly,
qui, en vertu d'un Décret apostolique, remit son prieuré aux moines de Talloires (1630). Ceux-ci le desservirent par
deux Religieux, un prieur et un sacristain jusqu'en 1766, où D. Gibal d'Arcollières, dernier prieur, fut rappelé à son
monastère. (D'après les Notes de M. le chanoine Gonthier.)
573 Connu jadis sous le nom de prieuré de La Cluse-Saint-Bernard, ou simplement de La Cluse, le prieuré de Saint-
Clair avait été fondé à une époque reculée par les comtes de Genève, qui y appelèrent des Religieux de Gigny en
Franche-Comté. Le monastère était situé dans un défilé du Fier, à côté d'un rocher sur lequel les Romains avaient
autrefois élevé un temple, dédié, selon les uns à Mercure, selon d'autres à Jupiter. Après les comtes de Genève, les
principaux bienfaiteurs furent les seigneurs de Menthon. Deux personnages de cette maison, Robert et Rodolphe,
oncle et neveu, élus successivement prieurs (1458-1523), restaurèrent à grands frais les bâtiments et méritèrent à leur
famille le droit de nomination.
La demande de l'Evêque de Genève au duc de Savoie eut plus de succès pour Saint-Clair que pour Sillingy.
Malgré de nombreuses oppositions, François de Sales, fort de l'autorisation de Charles-Emmanuel, après une enquête
de commodo et le consentement de son Chapitre, décréta, le 18 novembre 1621, l'union du prieuré au collège des
Barnabites d'Annecy. Il déclara toutefois que cette union n'aurait son effet qu'au décès du prieur Sonnerat. Celui-ci
mourut en octobre 1641. (D'après les Notes de M. le chanoine Gonthier.)
574 Décrété par arrêt du Conseil général de Genève, le 28 février 1428. et bâti en 1429 aux frais d'un riche et pieux
négociant. François de Versonnex, cet établissement porta longtemps le nom de « Grande Eschole. » L'enseignement
y était absolument gratuit, et la seule redevance exigée des élèves était la récitation quotidienne d'un Pater et d'un Ave
Maria pour le salut de l'âme du fondateur. Lorsque le protestantisme fut adopté comme religion d'Etat, les Conseils
de Genève cherchèrent à mettre l'instruction publique en harmonie avec les principes de la Réforme. Le recteur avait
quitté la ville et la désertion s'était mise parmi les élèves. L'Ecole fut alors transférée (1535) au couvent des Cordeliers
de Rive, laissé libre par le départ de ses habitants ; mais le local étant délabré, la construction d'un nouvel édifice fut
résolue et s'exécuta en 1558 dans les jardins attenant à l'Hôpital du Bourg-de-Four. Calvin eut l'initiative de cette
seconde translation de l'Ecole Versonnex. Il s'occupa aussi de réformer les études, et rédigea des règlements qui furent
promulgués en grande cérémonie, le 5 juin 1559, dans l'ancienne cathédrale de Saint-Pierre, transformée en temple
protestant. Théodore de Bèze fut nommé « recteur de l'Académie et principal du Collège. » (D'après l'Histoire du
Collège de Genève, Ire Partie, par Thévenaz ; Genève, 1896.)
123/355

13.4 Page 124

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Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin.
_____
MCLXXII. Au Cardinal Fréderic Borromée Archêveque de
Milan575. Remerciements pour un envoi de reliques de saint
Charles. Le culte du glorieux Cardinal s'accroît en France et
en Savoie.
Annecy, 29 février 1616.
Illustrissimo et Reverendissimo Signor
Mon très honoré, Illustrissime et
Padron mio colendissimo,
Révérendissime Seigneur,
Suavissima è stata verso di me la carità
santa di Vostra Signoria Illma che si è degnata
di conservar memoria [165] di sogietto tanto
indegno come io sono, et di darne un segno
tanto amabile come è stato il dono sacro delle
venerandissime reliquie del gran San Carlo,
ricevute da me per via di Monsignor di Belley,
Prælato di gran virtù576. Et non sô come io
possa mai ringratiarne come si conviene
Vostra Signoria Illma, senon facendoli
humilissima riverentia et restando nel silentio
Combien suave a été pour moi la
charité sainte de Votre Seigneurie
Illustrissime, puisqu'elle a daigné garder le
souvenir d'un [156] sujet aussi indigne que je
le suis, et m'en donner un si précieux
témoignage par le présent sacré des vénérables
reliques du grand saint Charles, reçues par
l'entremise de Monseigneur de Belley, Prélat
de grande vertu. A la vérité, je ne sais comment
en remercier dignement Votre Seigneurie
Illustrissime, si ce n'est en lui offrant mes tres
575 Issu comme saint Charles, son cousin-germain, d'une famille patricienne du Milanais, Frédéric naquit le 18 août
1564, de Jules-César Borromée et de Marguerite Triulzio. Il aspira jeune encore à l'état ecclésiastique, et aurait même
embrassé la vie religieuse si sa santé le lui eût permis. Des mains de son saint parent il reçut l'habit clérical et la
tonsure, et alla étudier successivement à Bologne, à Pavie et enfin à Rome, où Dieu lui ménagea la grâce d'avoir pour
directeur de sa conscience saint Philippe de Néri et d'assister à son bienheureux trépas. Sixte-Quint le créa Cardinal
en décembre 1587, déclarant en plein Consistoire qu'il répondait ainsi au vœu général ; car si Borromée était jeune
d'années, il était déjà consommé en vertu. A la mort de Gaspard Visconti, premier successeur de saint Charles, le Pape
nomma au siège de Milan le Cardinal Frédéric. Celui-ci, malgré les résistances de son humilité, dut obéir, et fit son
entrée solennelle dans sa ville archiépiscopale le 27 août 1595. Héritier du titre et de la dignité de son glorieux cousin,
le nouvel Archevêque sembla faire revivre encore sa haute sainteté. Comme lui, il se montra énergique défenseur des
droits de l'Eglise, observateur fidèle des sacrés Canons, protecteur des Religieux et vrai père de son peuple, surtout
dans les temps de famine et de peste. Pour enlever tout soupçon de favoritisme de famille, le pieux Prélat refusa
longtemps de travailler à la canonisation de saint Charles ; mais, blâmé à ce sujet par Clément VIII, il consentit à
s'occuper de cette Cause avec ses évêques suffragants, au septième Concile provincial tenu en 1609.
A la sainteté, Frédéric Borromée joignit une science éminente ; très économe de son temps, il put écrire un
grand nombre d'ouvrages, publiés seulement après sa mort. Seule, la fondation de la Bibliothèque Ambrosienne
suffirait à immortaliser son nom ; il l'ouvrit le 8 décembre 1605 et la dota à grands frais de rares et précieux manuscrits.
Riche de mérites, il mourut en réputation de sainteté le 20 septembre 1631 ; sa dépouille mortelle repose dans le Dôme
de Milan, devant une image vénérée de la Madone. (D'après Rivola, Vita del Card. Federico Borromeo (Milano,
Ripamonti, 1656), et Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, Venezia, vol. VI, 1840.)
Le Cardinal Frédéric Borromée avait apprécié de bonne heure François de Sales, car il fut l'un des témoins
de cet examen mémorable où le jeune Prévôt ravit par la profondeur de sa doctrine le Souverain Pontife lui-même
(1599). En 1613, quand le Saint se rendit en pèlerinage à Milan, le successeur de saint Charles lui prodigua les
témoignages de son estime et de sa vénération. (Voir le tome précédent, note (32), p. 1.)
576 Mgr Jean-Pierre Camus (voir tome XIV, note (426), p. 139).
124/355

13.5 Page 125

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quanto a questo, con darglie però questo grato
raguaglio, che in questi [157] paësi di qua et
per tutta la Francia si dilata et amplifica
excellentemente la gloria et divotione di quel
beatissimo Santo, con ammiratione et stima
cordialissima della sua perfettissima santità.
Et qui in particolare, il giorno della sua
festa, Monsignor Arcivescovo di Lione
essendo venuto per favorirme della sua
præsenza, fece il sermone nella chiesa de'
nostri Padri Barnabiti con tanta eloquentia
apostolica, che tutti ne restassimo rapiti di
dolcezza et suavità577, et non si può dire con
che gusto furono sentite le laudi di quel Santo.
Et col mezzo delle reliquie sue sonno seguite
gratie in molti infermi, il che fa credere che
Iddio vuole che la veneratione di quel suo
Servo cresca e fiorisca in queste bande.
Se io havessi copia et uso maggiore
della lingua italiana et non temessi di esser
importuno a Vostra Signoria Illma, mi stenderei
in altre particolaritâ ; ma è anche ragionevole
che io stia nelli termini del respetto dovuto
all'excellentissima dignità sua, et che
basciandoli humilissimamente le sacratissime
mani et preghandoli ogni [158] vera prosperità,
finisca protestando di restar eternamente,
Di Vostra Signoria Illma et Rma,
Humilissimo et divotissimo servo,
FRANCO, Vescovo di Geneva.
XXIX di febbraio 1616, in Annessi.
humbles hommages et en me renfermant dans
le silence à cet égard. Je vous donnerai
néanmoins une agréable nouvelle,
Monseigneur : dans ces pays et par toute la
France, la [157] gloire et le culte de ce
bienheureux Saint s'accroissent et s'étendent
merveilleusement, et sa parfaite sainteté est
toujours plus admirée et estimée.
Ici, en particulier, le jour de sa fête,
Monseigneur l'Archevêque de Lyon qui
m'avait favorisé de sa visite, prononça le
sermon dans l'église de nos Pères Barnabites
avec une telle éloquence apostolique, que tous
nous en demeurâmes ravis de douceur et
suavité ; l'on ne saurait dire avec quelle
satisfaction furent écoutées les louanges de ce
Saint. Des grâces pour beaucoup de malades
ont été obtenues au moyen de ses reliques ; ce
qui fait croire que Dieu veut que la vénération
pour son Serviteur croisse et fleurisse de nos
côtés.
Si j'avais plus de connaissance et
d'usage de la langue italienne et si je ne
craignais de me rendre importun à Votre
Illustrissime Seigneurie, je m'étendrais sur
d'autres particularités ; mais il est bien
raisonnable que je demeure dans les termes du
respect dû à sa très haute dignité. Aussi,
baisant très humblement vos mains sacrées
[158] et vous souhaitant toute vraie prospérité,
je termine par la protestation de vouloir
demeurer à jamais,
De Votre Seigneurie Illustrissime et
Révérendissime,
Revu sur l'Autographe conserve à Milan, à la
Bibliothèque Ambrosienne.
Le très humble et très dévoué serviteur,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
29 février 1616, à Annecy.
_____
577 Voir ci-dessus, note (357), p. 90.
125/355

13.6 Page 126

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MCLXXIII. A la Sœur de Chevron-Villette novice de la
Visitation de Lyon578. Des racines qu'on ne peut arracher, mais
qui ne doivent pas produire de fruits. Combattre sur terre, se
reposer au Ciel. N'être ni « pleureuse ni plaignante ».
Remède à la colère.
Annecy, [fin février ou mars] 1610.
Je me represente vostre lettre, ma tres chere Fille, en laquelle avec tant de sincerité vous
me descrives vos [159] imperfections et vos peines, et voudrois bien pouvoir correspondre au desir
que vous aves d'apprendre quelque remede de moy. Mays, ni le loysir ne le permet, ni, comme je
pense, vostre necessité ne le requiert pas ; car certes, ma tres chere Fille, la pluspart de ce que vous
me marques n'a point d'autre remede ordinaire que la suite du tems et des exercices de la Regie en
laquelle vous vives. Il y a mesme des maladies corporelles desquelles la cure depend du bon ordre
de la vie.
L'amour propre, l'estime de nous mesmes, la fause liberté de l'esprit, ce sont des racines
qu'on ne peut bonnement arracher du cœur humain, mais seulement on peut empescher la
production de leurs fruitz, qui sont les pechés ; car leurs eslans, leurs premieres saillies, leurs
rejetons, c'est a dire leurs premieres secousses ou premiers mouvemens, on ne peut les empescher
tout a fait tandis qu'on est en cette vie mortelle, bien qu'on puisse les moderer, et diminuer leur
quantité et leur ardeur par la prattique des vertus contraires, et sur tout de l'amour de Dieu. Il faut
donq avoir patience, et petit [160] a petit amender et retrancher nos mauvaises habitudes, dompter
nos aversions et surmonter nos inclinations et humeurs selon les occurrences ; car en somme, ma
tres chere Fille, cette vie est une guerre continuelle579, et n'y a celuy qui puisse dire : Je ne suis
point attaqué. Le repos est reservé pour le Ciel, ou la palme de victoire nous attend. En terre, il
faut tous-jours combattre entre la crainte et l'esperance, a la charge que l'esperance soit tous-jours
plus forte, en consideration de la toute puissance de Celuy qui nous secourt.
578 Esprit très vif, naturellement hautain et indépendant, selon son propre témoignage, Sœur Françoise-Jéronyme de
Villette eut plus d'une lutte à soutenir au début de son noviciat. Le Saint semble répondre ici à ses difficultés, et peint
si bien son caractère que, selon toute apparence, cette lettre lui a été adressée. La date approximative se déduit de
diverses remarques faites sur la correspondance de cette époque entre le Fondateur et la Supérieure de la Visitation de
Lyon. (Cf. ci-dessus, pp. 141, 142.)
Parente de François de Sales et de la Mère Marie-Jacqueline Favre, Jéronyme était née en 1595 de Pierre de
Chevron-Villette, seigneur de la Couz, de la Bavoysière, etc.. et de Simonne, dame de Bussy et Gevressia. L'enfant
avait à peine trois ans quand son père, envoyé en Suisse comme ambassadeur du duc de Savoie, fut empoisonné par
les hérétiques. Plus tard, au moment où le monde allait l'entraîner, l'Introduction à la Vie devote tomba entre les mains
de la jeune fille, et lui inspira, avec une solide piété, le désir de la vie religieuse. Sa mère s'étant établie à Lyon, Mlle
de Villette fut des premières à visiter les Sœurs fondatrices de la Visitation, des premières aussi à se joindre à elles.
Le 2 juillet 1615, Mgr de Marquemont, en présence de saint François de Sales, lui donna le voile des Filles de Sainte-
Marie. (Voir ci-dessus, note (102), p. 18.) Deux ans après, la Novice prononçait ses vœux. Elle resta peu à Lyon ; au
mois d'août 1620, on la trouve Assistante et Directrice à Moulins ; en 1622, elle est Supérieure de la fondation de
Saint-Etienne. A peine y a-t-elle terminé ses six ans de gouvernement, qu'elle succède à Dijon à la Mère Marie-
Marguerite Michel, établit deux nouvelles Maisons, Beaune (1632) et Semur (1633), et va fonder à Chalon-sur-Saône
le 22 janvier 1636. Deux triennaux à Rouen (1643-1650), deux à Melun (1650-1656) et deux encore à Chalon (1657-
1663), complétèrent ses quarante années de supériorité. Cette grande ouvrière du Père de famille entra en 1665 dans
le repos éternel qu'elle avait si bien mérité. (Archives de la Visitation d'Annecy.)
La Mère Françoise-Jéronyme de Villette a une physionomie à part au milieu des premières Supérieures de
l'Institut. Faite pour l'action, soucieuse de garder intact le dépôt des Règles, rigide dans son zèle pour l'observance,
elle sut se faire toujours estimer et respecter de ses inférieures ; mais peut-être rappela-t-elle un peu sévèrement à
l'ordre de vénérables Supérieures dont elle ne pouvait, de loin, apprécier exactement la conduite. Si besoin était, elle
se justifierait elle-même par cette parole qu'elle se plaisait à répéter : « J'aime mieux qu'on m'estime sévère que
relâchée. » (Voir sa Vie dans l'Année Sainte, tome VIII, p. 112.)
579 Job, VII, 1.
126/355

13.7 Page 127

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Ne vous lasses donq point de travailler continuellement pour vostre amendement et
perfection. Voyés que la charité a troys parties : l'amour de Dieu, l'affection a soy mesme et la
dilection du prochain. Vostre Regie vous achemine a bien prattiquer tout cela.
Jettés maintes fois la journee tout vostre cœur, vostre esprit et vostre soucy en Dieu580 avec
une grande confiance, et luy dites avec David581 : Je suis vostre, Seigneur, sauves moy.
Ne vous amuses point beaucoup a penser quelle sorte d'orayson Dieu vous donne, ains
suives simplement et humblement sa grace. En l'affection que vous deves avoir pour vous mesme,
tenés vos yeux bien ouvertz sur vos inclinations desreglees pour les desraciner. Ne vous estonnes
jamais de vous voir miserable et comblee de mauvaises humeurs. Helas ! traittés vostre cœur avec
un grand desir de le perfectionner ; ayés un soin infatigable pour doucement et charitablement le
redresser quand il bronchera. Sur tout, travaillés tant que vous pourrés pour fortifier la superieure
partie de vostre esprit, ne vous amusant point aux sentimens et consolations, mays aux resolutions,
propos et eslans que la foy, la Regie, la Superieure et la rayson vous inspireront.
Ne soyes point tendre sur vous mesme : les meres tendres gastent les enfans. Ne soyes point
pleureuse ni plaignante ; ne vous estonnes point de ces importunités et violences que vous sentés,
que vous aves tant de peine a declairer. Non, ma Fille, ne vous en estonnes point ; Dieu les permet
pour vous rendre humble de la vraye [161] humilité, abjecte et vile en vos yeux. Cela ne doit point
estre combattu que par des eslans en Dieu, des diversions d'esprit de la creature au Createur, et
avec de continuelles affections a la tres sainte humilité et simplicité de cœur.
Soyes bonne au prochain, et nonobstant les soulevemens et saillies de la colere, prononcés
es occurrences fort souvent ces divines paroles du Sauveur : Je les ayme, Seigneur, Pere eternel,
ces prochains, parce que vous les aymes, et vous me les aves donnés pour freres et seurs582, et vous
voules que, comme vous les aymes, je les ayme aussi. Sur tout, aymés ces cheres Seurs avec
lesquelles la propre main de la Providence divine vous a associee et liee d'un lien celeste ; supportes
les, caresses les et les mettes dans vostre propre cœur.
Ma tres chere Fille, sçachés que j'ay une tres particuliere affection a vostre avancement,
Dieu m'y ayant obligé.
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
MCLXXIV. A une personne inconnue (Fragment). Moissons et
moissonneuses
Annecy, [fin février ou mars] 1616 583.
……………………………………………………………………………………………………..
Vrayement la moisson est bien grande ; il se faut confier que Dieu donnera des ouvrieres584.
580 Cf. Ps. LIV, 23.
581 Ps. CXVIII, 94.
582 Joan., XVII, 6 et passim ; cf. Matt., XII, ult.
583 La date de ce fragment est déterminée par celles des premières démarches faites pour les fondations dont il est ici
parlé.
584 Matt, IX, 37, 38 ; Luc., X, 2.
127/355

13.8 Page 128

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Voyla Tolose qui veut de nos Filles de Sainte Marie585, Moulins586, [162] Riom587, Montbrison588,
Reims589 ; et c'est grand cas, par tout l'on veut la Mere.
……………………………………………………………………………………………………..
Revu sur le texte inséré dans le Ms. original des Mémoires, etc., par la Mère de Chaugy,
conservé à la Visitation d'Annecy.
_____
MCLXXV. A Madame de la Fléchère. La succession de M. de
la Fléchère. Au milieu des ennuis, s'attacher, esclave
d'amour, au pied de la Croix
Annecy, 1er mars 1616.
Ainsy que je pensois vous renvoyer vos papiers590 [163] par mon laquay591, ma tres chere
Fille, ces deux cousins592 arriverent, qui en seront les porteurs. J'ay consulté vostre affaire, et ay
treuvé que le conseil de monsieur vostre neveu593 est extremement bon et quil le faut suivre, sinon
585 Voir ci-dessus, p. 34, note (55), et pp. 99, 101. La question de l'établissement de Toulouse ne put se terminer alors
; reprise en 1635 par la duchesse de Montmorency, elle aboutit enfin en 1647. L'essaim fondateur sortit de Montpellier,
ayant à sa tête la Mère Anne-Catherine de Beaumont-Carra, professe d'Annecy.
586 Ce fut encore Mme des Gouffiers qui eut l'initiative de cette fondation. Les détails en seront donnés au cours des
lettres de 1616.
587 Nous retrouvons à Riom quelque chose de semblable à ce qui se passa à Toulouse. « Un venerable personnage, »
nommé Jacques de Murat, « doué d'une extraordinaire pieté, comme aussi madamoiselle sa femme, » Fleurdelys de
Nevrezé, « voyant qu'il n'avoit poinct d'enfans, se conseilant au Sainct Esprit, se resoulut de faire Nostre Seigneur
heritier d'une partie de ses biens, et considerant qu'en sa ville il n'y avoit encores poinct de couvant de Religieuses, il
desira d'y en fonder un qui seroit la saincte retraicte des filles de sa patrie. » (Hist. de la Fondation, par la Mère de
Chaugy.) On le voit par les Lettres de la Sainte, quelques bonnes âmes s'étaient déjà réunies dans le dessein de se
consacrer à Dieu (cf. ci-dessus, notes (388), (389), p. 101), lorsque M. de Murat demanda à Mgr de Marquemont des
Sœurs de la Visitation pour les diriger : l'Archevêque le renvoya au Fondateur. Les pourparlers se poursuivirent
longtemps avec espérance de succès ; on pensait même que la Mère de Chantal irait établir cette nouvelle Maison ; en
octobre 1616, le départ était projeté pour le printemps suivant, « mais deux choses destornerent ce dessein, » continue
l'ancien Manuscrit : « l'une, des troubles et mouvemens de guerre entre les François et les Savoyardz, qui rendirent
les chemains dangereux ; » l'autre, la fondation du monastère de Moulins qui avait dépouillé Annecy de ses meilleurs
sujets. M. de Murât, ne pouvant avoir des Filles de Sainte-Marie, appela celles de sainte Thérèse, et le Carmel s'établit
à Riom le 28 janvier 1618. La Visitation eut son tour en 1623, fondée par la vénérable Mère Jeanne-Charlotte de
Bréchard. qui y décéda le 18 novembre 1637 en odeur de sainteté. (Cf. tome XIV, note (263), p. 86.)
588 Ce Monastère, le quatre-vingt-dix-neuvième de l'Ordre, ne fut érigé qu'en 1642.
589 La fondation projetée dans cette ville dès 1616, devait se réaliser seulement en 1826.
590 Le Saint les avait demandés dans sa lettre du 17 février. (Voir ci-dessus, p. 145.)
591 Plusieurs des domestiques de l'Evêque de Genève eurent l'honneur de déposer au Procès de Béatification de leur
maître. Nous connaissons ainsi les deux valets de chambre, François Favre et Germain Pilliod, et le cuisinier, Pierre
Genet. Guichard Rosset, qui déclare être demeuré environ vingt ans au service du Bienheureux, serait-il ce « laquay
vestu de tanné avec les bords de violet, » complétant le personnel dont parle le P. de la Rivière (Vie, etc., 1625, liv.
IV, chap. 1) ? Né à La Roche, en juin 1593, de François Rosset et de Mathie Teste, Guichard entra fort jeune dans la
maison du saint Prélat. Pendant le voyage de Paris (1618-1619), il est de la suite de François de Sales, l'accompagne
à Maubuisson et partout où le conduit son zèle. Partout aussi l'humble serviteur observe attentivement l'homme de
Dieu, et plus que d'autres peut-être, il paraît frappé du rayonnement extérieur de sa sainteté. Jamais il ne le voit réciter
son chapelet ou son Office qu'il ne soit lui-même « esmeu a la devotion. » A bien des années de distance, il tressaille
encore au souvenir de cette « face angellicque, » de ces « yeux estaincellantz comme un solleil, » de ce visage « tout
enflammé » qui annonçaient la présence des dons surnaturels dans l'âme de son bon maître. Guichard Rosset n'assista
pas à son trépas, mais il fut le témoin de ses funérailles à Annecy et de nombreux miracles opérés à son tombeau.
(D'après sa déposition, Process. remiss. Gebenn. (I), passim.)
592 MM. de Charmoisy et de Vallon, cousins de Mme de la Fléchère et de François de Sales.
593 Prosper d'Avise, seigneur de Montmeilleur (voir ci-dessus, note (378), p. 98, et pp. 144, 152).
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que vous fussies fort asseuree quil n'y eut es biens de feu monsieur vostre mari que ce quil faut
pour vos droitz, auquel cas il seroit plus court de les retenir pour iceux droitz et ne point faire
heriter les enfans. Mays puisque vous penses d'aller a Chamberi, vous resoudres tout cela
bravement.
Vous y treuveres madame de Chasteaufort et Mme du Chatelard ; je vous prie de les bien
saluer. Elles sont toutes deux fort affectionnees a nostre Visitation, et en seront, l'une par effect,
comme je pense, estant libre594, et l'autre d'affection, estant retenue par ses enfans595. [164]
Le bon M. de Guydeboys596 s'est fort lamenté d'estre demeuré despouillé, a ces deux
cousins. Ne faites pas semblant que je vous en aye adverti, mays je seray bien ayse que vous
justifiies vostre bonne intention pour luy, attendu quil est si proche de vostre feu mari.
Au reste, ma pauvre tres chere Fille, entre les ennuys que vostre imagination vous fournit,
jettes souvent vostre cœur entre les bras du cher Espoux nouveau ; attachés vous comme un'esclave
d'amour au pied de sa sainte Croix, et souvienne vous que bienheureux sont ceux qui n'ont rien,
pourveu qu'ilz ayent ce grand Tout hors lequel tout n'est rien pour nous.
Si vous voules aller a Chamberi et y conduire le petit597 pour faire la reverence a M. le
Marquis598, peut [être] l'un de ces deux cousins fera bien l'office, ou avec vous ou sans vous, selon
que vous aviseres.
Ma tres chere Fille, je suis infiniment tout vostre. Nous parlons souvent, nostre Mere599 et
moy, de vous ; ell'a un amour nompareil. Ce cousin600 va en intention de ne point voir M. le
Comte601 ; je ne sçai si le sachant a moytié malade, cela luy fera point changer de dessein.
De rechef, je vous salue de tout mon cœur, ma tres chere Fille, que je souhaite toute sainte
en Nostre Seigneur.
Le 1er mars 1616.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. [165]
_____
594 On a vu déjà (tome précédent, note (1127), p. 346, et ci-dessus, note (383), p. 99) ce qu'il advint de la vocation de
Jacqueline de Chauvirey, baronne du Chatelard.
595 De son mariage avec Pierre de Grôlée, coseigneur de Châteaufort, Anne de Clermont (voir le tome précédent, note
(1126), p. 345) avait eu cinq filles. Trois entrèrent en Religion : Claudine, à Notre-Dame de Vernayson ; Philiberte, à
la Visitation de Chambéry ; Louise, à l'abbaye de la Trinité de Caen. Les deux autres héritèrent par moitié de leur
père. Claire-Françoise, dame d'Hauteville, épousa d'abord le fils aîné du second mari de sa mère, Jean-Baptiste de
Duyn-Mareschal (1er juillet 1623) ; mais ce mariage ayant été annulé, elle contracta une nouvelle alliance avec Pierre
de Montfaucon de Rogles. Marguerite, baronne de Châteaufort, épousa (contrat dotal du 26 avril 1633) Charles-
Emmanuel de Mareste, baron de Chevelu.
596 Rd Jean-François-Melchior (voir ci-dessus, note (531), p. 145).
597 Charles de la Fléchère, fils de la destinataire. (Cf. ci-dessus, p. 152.)
598 Le marquis de Lans.
599 La Mère de Chantal.
600 Sans doute M. de Charmoisy.
601 Charles de la Forest, frère de Mme de la Fléchère. (Voir ci-dessus, note (521), p. 142.)
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MCLXXVI. A une dame602. La meilleure saison pour la culture
du cœur. — Gardons nos résolutions en cette vie mortelle, et
elles nous conserveront en l'éternelle. Conseils pratiques sur
la fréquentation des Sacrements et les exercices de piété.
Faire l'aumône de sa propre main. Conduite à tenir avec «
ceux du logis. »
Annecy, 5 mars 1616.
Ne pensés pas, je vous prie, ma tres chere Niece, ma Fille, que ç'ayt esté faute de
souvenance ou d'affection si j'ay tant tardé a vous escrire ; car, a la verité, le bon desir que j'ay veu
en vostre ame de vouloir servir fort fidellement Dieu, en a fait naistre un extreme dans la mienne
de vous assister et ayder de tout mon pouvoir, laissant a part le devoir que je vous ay d'ailleurs et
l'inclination que j'ay tous-jours eu pour vostre cœur, a cause de la bonne opinion que j'en ay des
vostre plus tendre jeunesse.
Or sus donq, ma chere Niece, il faut donq bien soigneusement cultiver ce cœur bienaymé
et ne rien espargner de ce qui peut estre utile a son bonheur ; et quoy que en toute sayson cela se
puisse faire, si est-ce que celle ci en laquelle vous estes est la plus propre. Ah, que c'est une rare
grace, ma chere Fille, de commencer a servir ce grand Dieu tandis que la jeunesse de l'aage nous
rend susceptibles de toutes sortes d'impressions, et que l'offrande est aggreable, en laquelle on
donne les fleurs avec les premiers fruitz de l'arbre !
Tenés tous-jours ferme au milieu de vostre cœur les [166] resolutions que Dieu vous donna
quand vous esties devant luy aupres de moy603 ; car si vous les conservés en toute cette vie mortelle,
elles vous conserveront en l'eternelle. Et pour non seulement les conserver, mays les faire
heureusement croistre, vous n'aves pas besoin d'autres advis que ceux que j'ay donné a Philothee
dans le livre de l'Introduction, que vous aves ; mais toutesfois, pour vous aggreer, je vous veux
bien specifier en peu de paroles ce que je desire principalement de vous.
1. Confessés vous de quinze en quinze jours pour recevoir le divin Sacrement de la
Communion, et n'alles jamais ni a l'un ni a l'autre de ces celestes misteres qu'avec une nouvelle et
tres profonde resolution de vous amender de plus en plus de vos imperfections, et de vivre avec
une pureté et perfection de cœur tous-jours plus grande. Or, je ne dis pas que si vous vous treuves
en devotion pour communier tous les huit jours, vous ne le puissies faire, et sur tout, si vous
remarques que par ce sacré mistere vos inclinations fascheuses et les imperfections de vostre vie
s'aillent diminuant ; mais je vous ay marqué de quinze en quinze jours affin que vous ne differies
pas davantage.
2. Faites vos exercices spirituelz courtement et fervemment, affin que vostre naturel ne soit
point difficile a vous y rendre par l'apprehension de la longueur, et que, petit a petit, il s'apprivoyse
avec ces actes de pieté. Par exemple, vous deves inviolablement faire tous les matins l'exercice du
matin qui est marqué en l'Introduction604. Or, pour le faire courtement, vous pourres en vous
habillant remercier Dieu, par maniere d'oraysons jaculatoires, dequoy il vous a conservee cette
602 En 1616, François de Sales n'avait pas de propres nièces mariées. Cette lettre s'adresse donc à une jeune femme
qui n'appartenait au Saint que par alliance d'affection. Les différents traits qui, d'après le texte, la caractérisent,
paraissent bien convenir à Marie d'Avise, devenue dame de Blonay au mois de novembre 1613 (voir le tome précédent,
note (151), p. 40). Elevée près de sa tante, Mme de la Fléchère, elle avait dû être connue de bonne heure par l'Evêque
de Genève, et mériter de sa part, comme sa sœur Gasparde, l'appellation affectueuse de nièce. Les notes qui vont
suivre sont données d'après la supposition très probable que Marie d'Avise est la destinataire, supposition que toutes
ces notes confirment.
603 L'année précédente, au mois de septembre, le Saint avait fait un voyage en Chablais ; c'est sans doute à cette
occasion que Mme de Blonay se mit spécialement sous sa conduite et commença une vie de plus grande piété.
604 Partie II, chap. X.
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nuict la, et faire encor le deuxiesme et le troysiesme point, non seulement en vous habillant, mays
au lit ou ailleurs, sans difference de lieu ou d'actions quelcomques ; puis, tout aussi tost que vous
pourres, vous vous mettres a genoux et feres le quatriesme point, commençant a faire cet eslan de
cœur qui est marqué : « O Seigneur, voyla ce pauvre et miserable [167] cœur. » J'en dis de mesme
de l'examen de conscience, que vous pouves faire le soir en vous retirant, par tout ou vous vous
treuveres, pourveu qu'on face le troysiesme et quatriesme point a genoux, tandis qu'aucune maladie
ne vous empesche.
Ainsy, en l'eglise, oyés la Messe avec une contenance d'une vraye fille de Dieu, et plustost
que de vous relascher de cette reverence, sortés de l'eglise et vous en retirés.
3. Apprenés a faire souvent des oraysons jaculatoires et des eslancemens de vostre cœur en
Dieu.
4. Ayes soin d'estre douce et affable a tout le monde, mais sur tout dans le logis.
5. Les aumosnes qui se font chez vous, soyent aussi faites par vous tous-jours, quand vous
le pourres ; car c'est un grand accroissement de vertu que de faire l'aumosne de sa main propre,
quand il se peut bonnement faire.
6. Visités les malades de vostre bourgade605 fort volontier ; car c'est une des œuvres que
Nostre Seigneur regardera au jour du jugement606.
7. Tous les jours lises une page ou deux de quelque livre spirituel pour vous tenir en goust
et devotion, et les festes un peu davantage, qui vous tiendra lieu de sermon.
8. Continués a beaucoup honnorer vostre beaupere607, parce que Dieu le veut, le vous ayant
donné pour second pere en ce monde ; et aymés cordialement le mary608, luy rendant, avec une
douce et simple bienveuillance, tout le contentement que vous pourres ; et soyés sage a supporter
les imperfections de qui que ce soit, mais sur tout de ceux du logis.
Je ne voy pas pour le present que j'aye a vous dire autre chose, sinon que lhors que nous
nous reverrons, vous me dires comme vous vous seres conduitte en ce chemin de devotion ; et s'il
y a quelque chose a adjouster, [168] je le feray. Vivés donq toute joyeuse en Dieu et pour Dieu,
ma tres chere Fille, ma Niece, et croyes que je vous cheris tres parfaitement, et suis infiniment,
Madame,
Vostre plus humble oncle et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 5 mars 1616.
_____
MCLXXVII. A Madame de la Fléchère. Divers conseils pour
l'administration des biens laissés par M. de la Fléchère
Paternels avis pour la vente de ses chevaux
Annecy, [vers le 6 ou le 7] mars 1616 609.
Je pensois vous envoyer mon laquay610 demain, ma tres chere Fille, pour vous respondre a
souhait sur vos trois dernieres lettres ; mays puisque ce garçon s'est presente, je m'en vay vous
605 Saint-Paul, en Chablais, seigneurie de la famille de Blonay.
606 Matt., XXV, 36.
607 Claude de Blonay (voir tome XII, note (224), p. 124).
608 Jacques de Blonay (voir le tome précédent, note (152), p. 40).
609 Migne place cette lettre vers le 25 février, mais elle est évidemment postérieure à celle du 1er mars (Lettre
MCLXXV). A cette dernière date, en effet, les « deux cousins » de Charmoisy et de Vallon se rendent auprès de la
nouvelle veuve pour l'aider dans l'arrangement de ses affaires ; ici, revenus déjà vers l'Evêque de Genève, ils lui ont
rendu compte de leur mission d'amitié et de dévouement.
610 Guichard Rosset (voir ci-dessus, note (591), p. 164).
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escrire sur tous les pointz que vous m'aves touchés.
Quant a la façon avec laquelle vous vous deves comporter en l'administration des biens
delaissés par feu monsieur vostre mari (que Dieu absolve), monsieur de Charmoysi m'a dit que
vous en avies pris toutes les resolutions convenables, et que vous feries un inventaire non solemnel
pour plus grand esclarcissement de vos droitz, affin qu'a l'advenir rien ne vous fut imputé. Et a
cela, je ne sçaurois rien adjouster.
Pour les deux cens pistoles que monsieur le Marquis611 [169] avoit promis de faire payer,
M. de Vallon m'a dit quil vous instruiroit de ce que Son Excellence a respondu ; c'est a sçavoir,
que maintenant il n'y a moyen, faute de finances. Pour moy, je croy quil faudra obtenir une lettre
de Son Altesse qui ordonne que cette somme soyt payee, non obstant le deces de celuy a qui il
l'avoit ouctroyee612. Pour la paye du filz613, je croy quil en faudra faire de mesme, car Son
Excellence mesnage avec un soin et un' espargne nompareille l'argent du maistre.
Sur ce point, il m'est venu en l'esprit d'ouvrir la lettre de M. de Vallon, et j'ay treuvé quil
vous disoit du seigneur Roc614 ce que je vous allois escrire ; de sorte quil ne sera pas besoin que
vous envoyies encor a Grenoble pour cela. Je dis a M. de Vallon que M. le Marquis d'Aix615 desiroit
un des chevaux, et il me dit que la preference luy estoit deüe. Quant a M. de Saint Jeoire616, sil
vous asseure bien l'argent, je pense quil seroit bon de luy donner l'autre, car il sera difficile de
treuver qui achette tout ensemble ; joint que ce sont chevaux vieux, ainsy qu'on m'a dit, et desquelz
l'entretien coustera beaucoup : de sorte qu'a la premiere rencontre d'un prix raysonnable que vous
en feres, il sera bon de les vandre. Le seigneur Roc ne pense pas de vous y pouvoir servir,
Monseigneur de Nemours son maistre ne prenant des chevaux que grandement praetieux ;
toutefois, il fait estat de vous aller voir au premier jour.
Il n'y a eu nul poison en vostre cher mari, car [170] M. Faber617, qui entend extremement
bien et est homme de grande experience, m'en a fort asseuré ; de sorte quil vous faut oster toute
sorte de soupçon et d'imagination pour ce regard, ma tres chere Fille. Nostre voyage sera court, et
nous serons eternellement au Ciel et benirons Dieu.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
611 Le marquis de Lans.
612 Voir ci-dessus, note (565), p. 152.
613 Charles de la Fléchère.
614 L'écuyer du duc de Nemours, Roch Calcagni. (Voir tome XIV, note (850), p. 302.)
615 Louis de Seyssel-la-Chambre (voir tome XIV, note (270), p. 89). L'une de ses soeurs, devenue comtesse de la
Forest, était belle-sœur de Mme de la Fléchère. (Voir ci-dessus, note (521), p. 142.)
616 La baronnie de Saint-Jeoire appartenait alors à Melchior de Mouxy, fils de Pierre-Marc, seigneur de Travernay, et
d'Antoinette de Saint-Jeoire (cf. tome XV, note (984), p. 348) ; un arrêt de la Chambre des Comptes, en date du 31
mars 1615, avait ordonné qu'il en jouît comme héritier de son oncle, le baron d'Hermance. Melchior mourut sans
alliance et ab intestat, avant le 14 décembre 1618, jour où le procureur du domaine du duc de Genevois fut mis en
possession de ses biens. La seigneurie de Saint-Jeoire passa pourtant à sa nièce, Anne-Françoise de Travernay.
617 Jean Favre, médecin d'Annecy. (Voir ci-dessus, p. 142.)
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14.3 Page 133

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MCLXXVIII. A Don Juste Guérin, Barnabite618. Nouvelles
démarches auprès de la cour de Savoie pour l'établissement des
PP. Barnabites à Thonon.
Annecy, 10 mars 1616.
Mon Reverend Pere,
Nos bons Peres d'icy ont esté d'advis que je fisse une [171] recharge a Son Altesse et a
Messeigneurs les Princes619, pour les affaires de Thonon ; ce que je fay fort a propos, ce me semble,
sur l'occasion que Monseigneur le Prince Cardinal m'a donnee de le remercier de l'advis qu'il m'a
envoyé du bon commencement qu'il y a en la negociation faite pour la canonization du bienheureux
Amé620 ; car, d'autant que ce bienheureux Prince naquit a Thonon, je prens sujet de recommander
l'introduction des Peres en ce lieu-la621. J'en fay de mesme avec Son Altesse et Monseigneur le
Prince622, me treuvant obligé de leur tesmoigner la joye que j'ay en l'esperance de cette
canonization. [172]
618 Balthazard Guérin vit le jour en 1578, à Tramoy (Bugey), alors du diocèse de Lyon, mais des Etats de Savoie. Ses
parents, Claude Guérin et Jeanne Bajard, de condition modeste, le destinèrent cependant au barreau et l'envoyèrent à
l'Université de Turin qu'il abandonna bientôt pour celle de Pavie. L'horreur du vice et du monde détermina le jeune
homme à entrer, le 11 décembre 1599, au noviciat des PP. Barnabites à Monza. Le 20 février suivant, des mains du
Général, Bonaventure Asinari, il reçut l'habit religieux avec le nom de Juste ; profès un an après (24 février), il partait
pour suivre le cours de théologie à Pavie. En revenant de cette ville, il était sous-diacre ; le diaconat lui fut conféré à
Milan, par le Cardinal Frédéric Borromée, (18 décembre 1604), et la prêtrise par Mgr Cittadini, le 24 septembre 1605.
(Acta Collegii de Saint-Alexandre de Milan.) Désigné pour coopérer à la fondation de la Maison de Turin, le nouveau
prêtre s'attira promptement, par ses éminentes qualités, une renommée qui pénétra jusqu'à la cour. Les Infantes Marie
et Catherine le choisirent pour directeur de leur conscience, et leur sainteté devint un éclatant témoignage de celle de
leur Père spirituel, que le Duc et les princes vénéraient à l'envi.
Une amitié plus illustre encore honora l'humble Religieux. En 1613, à Turin, François de Sales le vit pour la
première fois, et dès lors, « par une céleste sympathie, s'attacha fortement à lui. « L'année suivante, avec un de ses
confrères, il prenait possession du collège d'Annecy. (Voir le tome précédent, notes (611), p. 189, et (740, p. 231.) «
On ne saurait exprimer, » dit son historien, « l'estime et l'affection » que le grand Evêque « avait pour lui ; il l'aimait
si tendrement, que quand on lui disait que le P. D. Juste était dans son antichambre, il quittait ses plus sérieuses
occupations pour l'aller embrasser et l'introduire dans son cabinet, où il lui ouvrait les derniers replis de son cœur. »
(Arpaud, Vie de Mgr D. Juste Guerin, Anneci, 1837, et Milan, 1859, liv. I, chap. XII, XIV.) La Mère de Chantal, à son
tour, regardait le pieux Barnabite comme un homme de Dieu et un sûr conseiller. Elle se réjouit quand, après la mort
de son bienheureux Père, les poursuites pour sa canonisation furent confiées à D. Juste, jugeant que cette grande affaire
ne pouvait être en meilleures mains. On suit, dans ses Lettres, les travaux que soutint le zélé Promoteur au service de
la sainte Cause, qui toutefois n'aboutit que le 28 décembre 1661, date du Décret de Béatification.
Après avoir refusé l'archevêché de Turin et l'évêché de Mondovî, un ordre formel du Pape le contraignit
d'accepter celui de Genève. Son sacre eut lieu à Turin le 25 juin 1639, et son entrée solennelle à Annecy le 27 août
suivant. La mitre et la crosse ne servirent qu'à donner plus d'éclat à la modestie et à l'austérité du Religieux, tandis que
l'établissement des Pères de la Mission, des retraites des Ordinands, la fondation de deux chaires de théologie au
collège Chappuisien, furent les précieux fruits de son épiscopat. Mgr Guérin prépara aussi la création d'un séminaire,
tant désirée par saint François de Sales ; les règlements élaborés par le pieux Prélat régissent encore aujourd'hui celui
d'Annecy. Accablé d'infirmités plus que d'années, l'Evêque ayant obtenu pour coadjuteur Charles-Auguste de Sales,
se retira à Rumilly et y vécut quelques mois dans la prière et la solitude, au milieu des Fils de saint François. Le 3
novembre 1645 il retournait à Dieu, laissant son peuple dans les larmes. En avril 1862, ses ossements vénérables furent
découverts dans l'ancien caveau des PP. Capucins ; on en fit la translation solennelle le 12 août 1866, en présence de
cinq évêques et d'un concours de quinze mille fidèles. Un modeste monument, à Notre-Dame de l'Aumône, consacre
la mémoire d'un des plus saints évêques de Genève. (D'après Arpaud, ubi supra, et Fleury, Hist. de l'Eglise de Genéve
depuis les temps les plus anciens jusqu'en 1802 ; Genève, Grosset, 1880, tome II, chap. X.)
619 Le Cardinal Maurice de Savoie et le prince de Piémont, Victor-Amédée.
620 Vide Epist. seq.
621 Voir ci-dessus, note (201), p. 46, et ci-après, note (634), p. 177.
622 Vid. Epist. MCLXXX, MCLXXXI.
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14.4 Page 134

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Que si vous mesme donnes les lettres623, vous pourres adjouster que l'an passé, sur
l'eminent danger auquel Thonon fut de la contagion624, quand je dis a ce peuple la confiance qu'il
devoit avoir aux prieres du bienheureux Prince, de la naissance duquel leur ville avoit esté
honnoree, ilz en tesmoignerent tous un ressentiment et esperance extreme.
Fratanto625, me recommandant a vos oraysons et bonnes graces, je suis sans fin de tout
mon cœur,
Mon Reverend Pere,
Vostre tres humble et tres affectionné confrere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
10 mars 1616, Annessi.
Au R. P. en Nostre Seigneur,
Le Pere D. Juste Guerini,
de la Congregation de Saint Paul.
A [San] Dalmazzo626. [173]
_____
MCLXXIX. Au Prince Cardinal Maurice de Savoie627. Souhaits
de l'Evêque de Genève pour la canonisation du bienheureux
Amédée. Confiance des peuples en l'intercession de ce
glorieux Prince. Les Barnabites à Thonon, moyen de donner
un nouvel essor à la piété populaire.
Annecy, 10 mars 1616.
Monseigneur,
Je loüe Dieu et benis son saint nom du bon acheminement qu'on a donné a la canonization
du glorieux et bienheureux Amé628. Nul, comme je pense, ne sçauroit desirer la perfection de ce
saint project avec plus d'affection que moy, qui prevoy que tout ce peuple de deça en recevra une
extreme consolation et un grand accroissement de devotion, mays specialement a Thonon, lieu de
la naissance de ce saint Prince, ou l'annee passee, lhors des premieres apprehensions de la peste de
Geneve, je remarquay un mouvement universel de confiance es intercessions de ce bienheureux
ami de Dieu, lors que je leur representay le juste sujet qu'ilz en avoyent, pour lhonneur que leur
air avoit eu d'avoir servi a la premiere respiration de ce grand Prince629.
Et pleut a Dieu, que le tressaint Pere eût esté supplié d'accorder une troysiesme Messe
623 Par la lettre du 18 mars au même destinataire, on voit que les messages destinés aux princes ne leur furent envoyés
qu'à cette date.
624 Voir ci-dessus, note (205), p. 47, et pp. 51, 56.
625 En attendant,
626 Des documents gardés aux Archives de Moncalieri démontrent que l'église de San Dalmazzo existait en 1228 ; elle
appartint dès 1271 aux Chanoines hospitaliers de Saint-Antoine de Ranverso. Entièrement reconstruite en 1530, par
les soins de Mgr Antoine de la Rovere, elle fut érigée en paroisse avant 1584. Vingt-cinq ans plus tard, le duc Charles-
Emmanuel l'offrit aux Barnabites, et ces Religieux en sont demeurés possesseurs jusqu'à présent. Des réparations
considérables et des embellissements modernes, qui se continuent encore, transforment l'église San Dalmazzo en une
véritable merveille artistique. Elle garde toujours la tombe du frère de saint François de Sales, Bernard, baron de
Thorens.
627 Voir tome XIII, note (934), p. 345.
628 Cf. ci-dessus, note (204), p. 47.
629 Cf. la lettre précédente.
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14.5 Page 135

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solemnelle, avec l'Indulgence pleniere, pour ce lieu la, car je m'asseure qu'en cette contemplation,
Sa Sainteté l'eut volontier accordee630. Mays puis que cela n'a pas esté fait, je veux esperer en la
bonté et equité de Vostre Altesse, que nous ne serons pas laissés en oubli pour la distribution des
medailles. [174]
Et cependant, Monseigneur, je la supplie tres humblement d'embrasser fermement la
protection de l'introduction des Peres Barnabites en la Sainte Mayson de ce lieu-la de Thonon et
au prieuré de Contamine631. Vostre Altesse fera sans doute en cela un'oeuvre grandement aggreable
a la divine Majesté, et laquelle il me semble que le bienheureux esprit du glorieux Prince Amé luy
recommande des le Ciel tres saintement ; estimant que, comme par ses prieres Dieu fortifia le cœur
de Son Altesse pour establir la foy en ce lieu la, aussi, par ses merites, Dieu animera l'esprit de
Vostre Altesse pour ayder efficacement a y bien establir la tressainte devotion par le moyen de ces
bons Religieux, qui assisteront et arrouseront les vieux arbres affin quilz multiplient en fruitz de
pieté, et esleveront les enfans comme jeunes plantes a ce que la posterité devance, s'il se peut, leurs
prœdecesseurs, et sachent tant mieux reverer leur saint Prince Amé et obeir en toute sousmission
au sceptre et a la coronne qu'il a laissé en sa serenissime Mayson, que Dieu veuille a jamais
prosperer,
Monseigneur, selon les souhaitz continuelz du
Tres humble et tres obeissant orateur
et serviteur de Vostre Altesse,
FRANÇS, Evesque de Geneve.
X mars 1616, Annessi.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mlle Hélène de Thiollaz, au château de Monpont, près
Annecy. [175]
_____
630 Dans une lettre datée de Turin, 21 février 1616, le Cardinal Maurice informait l'Evêque de Genève de la permission
concédée par Paul V, de célébrer à Turin et à Verceil une Messe en l'honneur du bienheureux Amédée de Savoie, et
de travailler au Procès de canonisation. (Bulletin d'autographes, d'Etienne Charavay, Paris, juillet 1897, n° 40630.)
631 Voir ci-dessus, notes (201), p. 46, (307), p. 74, et ci-après, notes (634), p. 177, et (644), p. 181.
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14.6 Page 136

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MCLXXX. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier (Inédite).
Double droit de Son Altesse sur Thonon. Difficultés pour la
remise du prieuré de Contamine aux PP. Barnabites
632Monseigneur,
Annecy, 12 mars 1616.
Vostre Altesse ayme sans doute le pauvre Thonon ; aussi est il doublement sien, d'autant
qu'elle en est le souverain Prince, et par ce qu'elle luy a donné une nouvelle vie par le soin paternel
qu'elle eut de remettre tout ce peuple dans le sein de l'Eglise633 : obligation non seulement
immortelle, mais eternelle, puisque elle regarde un bienfait qui doit durer es siecles des siecles.
Or, Monseigneur, pour la perfection de ce saint ouvrage, Vostre Altesse me commanda, il
y a environ un an, de procurer l'introduction des Peres Barnabites en ce lieu, et cela reuscit par le
moyen de la remise que la Sainte Mayson fit du prieuré de Contamine auxditz [176] Peres. Mays
despuis, sont survenues des difficultés que nul ne peut surmonter que la pieté et le cœur invincible
de Vostre Altesse634, que j'implore, en toute humilité sous la faveur du glorieux et bienheureux
632 [Nous avons deux textes de cette lettre : l'un inédit, c'est la rédaction définitive ; l'autre, publié dès 1626 et reproduit
par les éditions postérieures, c'est la minute donnée ci-dessous.]
Monseigneur,
Vostre Altesse ayme sans doute cherement son pauvre Thonon, et elle a rayson, car il est doublement sien,
puis qu'il la doit reconnoistre pour son souverain Prince, comme fait tout cet Estat, et pour son tres honnoré et tres
aymable Parrain, puis que c'est entre ses bras paternelz que ce peuple perdu par l'heresie a fait une nouvelle naissance
dans le giron de la tressainte Eglise : obligation non seulement immortelle, mais eternelle, puisqu'elle prend son origine
d'un bienfait qui demeure es siecles des siecles.
Or, Monseigneur, pour la perfection de ce bon œuvre, Vostre Altesse me commanda de procurer
l'introduction des PP. Barnabites en ce lieu-la ; ce qui fut traitté ce mois de septembre passé, par le moyen de la remise
du prieuré de Contamine auxditz Peres, pour l'entretenement du College et autres exercices propres a leur vocation et
a l'affermissement de ce bon peuple en la religion. Mays du despuis, sont survenues des difficultés que nul ne peut
vaincre que la pieté et le cœur invincible de Vostre Altesse, laquelle je supplie en toute humilité de faire reuscir ce
tres bon et pieux projet, et mesme en consideration du glorieux et bienheureux Duc Amé, duquel la canonization, que
tout ce païs attend en grande devotion, comblera bien tost de consolation et benediction toute la serenissime Mayson
de Vostre Altesse, et lequel prit naissance et fut eslevé en ce lieu la.
633 Cf. ci-dessus, p. 46.
634 La note (201), p. 46, raconte les préliminaires de l'établissement des Barnabites à Thonon, et les oppositions que
rencontra, de la part des prêtres séculiers de la Sainte-Maison, le traité de septembre 1615. Le prince Victor-Amédée,
délégué pour cette affaire, s'y employa avec zèle, et le 11 mars 1616, il écrivait à l'abbé d'Abondance, lui
recommandant de ne rien épargner pour la faire réussir. De son côté, Charles-Emmanuel, après réception de la présente
lettre de François de Sales, intima à D. Juste Guérin de manifester au Conseil de la Sainte-Maison sa volonté expresse
que les Barnabites prissent possession du collège sous les conditions consenties l'année précédente. Ils devaient jouir
de l'église des Saints-Maurice-et-Lazare (voir plus haut, note (203), p. 47), percevoir annuellement 1000 ducatons de
7 florins, avoir au Conseil voix délibérative, chanter les Offices divins, administrer les Sacrements, prêcher la parole
de Dieu, entretenir trois régents pour les classes de grammaire, et d'autres encore pour l'enseignement de la rhétorique,
philosophie, etc.
Les articles qui fixaient ces clauses furent exhibés par D. Guérin, le 10 avril 1616, au Conseil de la Sainte-
Maison de Thonon assemblé à l'hôtel du marquis de Lullin, et le 12 avril, dans la même salle, on dressa le contrat qui
donnait aux conventions préliminaires force de loi. Etaient présents, d'une part : Mgr Gribaldi, ancien archevêque de
Vienne, l'abbé d'Abondance, Vespasien Aiazza, Claude de Blonay, six prêtres séculiers de la Sainte-Maison, Claude
Marin, procureur fiscal du Chablais, le P. Vincent de Ceva, gardien des Capucins de Thonon, avec un de ses confrères
; et d'autre part, D. Juste Guérin, député par son Ordre, D. Cécile Ferreri, Barnabite. Comme témoins, François de
Sales, Jean-François de Blonay, etc. Ce même jour, les PP. Barnabites étaient officiellement installés. (Voir Charles-
Auguste, Histoire, etc., liv. VIII, et le contrat publié dans les Mém. et doc. de la Soc. Sav. d'hist. et d'archéol.,
Chambéry, 1862, tome VI, pp. 178 seq.)
Le 3 septembre suivant, à Annecy, dans la résidence épiscopale de l'Evêque de Genève, un Sommaire des
revenus de la Sainte-Maison, avec le bilan des charges ordinaires qui lui incombaient annuellement, fut dressé et lu
en présence du Saint, des Capucins François de Chambéry et Séraphin, des Barnabites D. Chrysostôme Marliano et
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14.7 Page 137

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Prince Amé, [177] qui nasquit en ce lieu, de la canonization duquel j'augure toute sainte prosperité
a la coronne de Vostre Altesse, delaquelle je suis infiniment,
Monseigneur,
Tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, Evesque de Geneve.
XII mars 1616, Annessi.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Boarelli di Verzuolo, à Saluces (Piémont). [178]
_____
MCLXXXI. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée635. Encore
Contamine et les PP. Barnabites de Thonon.
Annecy, 12 mars 1616.
Monseigneur,
Je sçai que la charité et pieté de Vostre Altesse est bien ferme au projet que elle a pour
l'introduction des Peres Barnabites a Thonon636, a laquelle est attachee la conservation du prieuré
de Contamine a la Sainte Mayson de ce lieu-la, pour l'usage et entretenement desditz Peres et de
leur college. Neanmoins, puisque c'est mon devoir, je fay de rechef ma tres humble supplication a
Vostre Altesse pour ces mesmes fins, luy ramentevant seulement que Thonon est le lieu de la
naissance du bienheureux Amé, de la prochaine canonization duquel je me res-jouis [178]
infiniment, præsageant en icelle beaucoup de tressaintes benedictions sur la coronne qu'il porta en
ce monde et sous laquelle il alla si heureusement estre coronné en l'autre.
Je fay tres humblement la reverence a Vostre Altesse, et suis immortellement,
Monseigneur,
Son tres humble, tres-obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, Evesque de Geneve.
XII mars 1616, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
D. Fulgence Chioccari, et de Pierre Gillette. La pièce, revue d'abord par le prince de Piémont, et signée par les mêmes
le lendemain, devait être soumise à l'approbation de Mgr Vespasien Gribaldi, lequel y apposa également sa signature.
(D'après l'original conservé à Turin, Archives de l'Opera pia Barolo, Paquet 221, n° 10.)
Ainsy prie-je la divine Majesté qu'elle prospere vostre coronne, delaquelle je suis infiniment, [Reprendre au
texte, lig. 4.]
635 Datta (tome II, p. 150), suivi par Vivès et Migne, adresse ces lignes au Duc de Savoie. Nul doute, cependant, que
le prince de Piémont n'en soit le destinataire. Cette lettre est en effet la troisième de celles qu'annonce le Saint à D.
Juste Guérin le 10 et le 18 mars (voir ci-dessus, p. 172, et ci-après, p. 181) ; les deux autres étant destinées au Cardinal
Maurice et à Charles-Emmanuel, il reste certain que celle-ci a été écrite à Victor-Amédée.
636 Cf. Epist. MCX.
137/355

14.8 Page 138

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MCLXXXII. A Madame de la Fléchère. Solution d'un cas de
conscience
Annecy, [vers le 10 ou le 15 mars] 1616 637.
Vous pouves jurer, ma tres chere Fille, en saine conscience, puisque ce que vous dites est
vrayement vostre et que les juges ne vous peuvent demander le serment que pour les choses
laissees par le mary, qui sont a luy ; et vous n'estes aussi obligee de respondre que sur cela. Il n'y
a point de difficulté en cela.
Dieu vous benisse a jamais, ma tres chere Fille, et nostre Mere638 vous salue cherement.
Vive Jesus ! Amen.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. [179]
_____
MCLXXXIII. Au duc de Nemours, Henri de Savoie639 (Inédite).
Hommage d'obéissance et souhaits de prospérité à l'occasion des
fêtes pascales.
Annecy, 16 mars 1616.
Monseigneur,
La sainteté de ces jours prochains640 m'excite a renouveler les vœux de mon obeissance
envers Vostre Grandeur, et ceux de mes foibles prieres a Dieu pour la conservation et prosperité
de vostre personne, Monseigneur, vous suppliant tres humblement d'accepter l'une et l'autre
offrande et le tesmoignage que j'en fay sur ce papier, comme venant d'un cœur qui est invariable
en la fidelité avec laquelle il veut et doit vivre a jamais,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVI mars 1616, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Orléans. [180]
_____
637 Le serment dont il est question devait sans doute se prêter devant les juges de Chambérv. Or, on voit par la lettre
du 1er mars (p. 164), que Mme de la Fléchere projetait un voyage dans cette ville ; celle placée vers le 6 ou le 7. (p.
169) nous apprend qu'il n'était pas encore effectué. Il semble donc que ce billet soit d'une date postérieure.
638 La Mère de Chantal.
639 Le feuillet qui portait l'adresse a été enlevé, mais au verso de l'Autographe on lit la note suivante, d'une ancienne
écriture : « Lettre ecrite de la main de notre Bx Pere a Monseigneur le Duc de Nemours. » Les titres de « Monseigneur
» et de « Vostre Grandeur » donnés au destinataire ne permettent d'ailleurs aucune hésitation. (Voir tome XII, note
(495), p. 211.)
640 Le 16 mars tombait, en 1616, le mercredi de la quatrième semaine de Carême.
138/355

14.9 Page 139

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MCLXXXIV. A Don Juste Guérin, Barnabite (Inédite). Des
lettres pour les Princes et une mission auprès du comte de
Verrua confiées au destinataire
Annecy, 18 mars 1616.
Mon Reverend Pere,
Je vous escris par le sieur Gilette641, et ay mis avec cela trois lettres pour les Princes642, en
leur recommandant les affaires de Thonon et Contamine. Despuis, j'apprens que le prieuré de
Contamine est tres propre et sera tres utile a plusieurs choses ; c'est pourquoy, plus tost que de le
laisser eschapper, il seroit bon de tenter M. le Comte de Verrue643, d'une petite pension jusques a
cent pistoles644.
Cependant, estant merveilleusement hasté, je me recommande a vos saintes prieres et vous
supplie, sil se [181] peut, de me faire recouvrer les livretz dont je vous ay ci devant escrit. Je suis,
mon Reverend Pere,
Vostre plus humble, tres affectionné
confrere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVIII mars 1616, Annessi.
Au R. Pere en N. S.,
Le P. D. Justin Guerini, de la Congregation de St Paul.
St Dalmas. Thurin.
Revu sur l'Autographe conservé au Grand-Séminaire de Malines.
_____
641 Pierre Gillette (voir tome XIV, note (119), p. 37).
642 Epist. MCLXXIX, MCLXXX, MCLXXXI.
643 La note de Philibert-Gérard Scaglia, second comte de Verrua, a été donnée au tome XII, p. 105. Ajoutons ici qu'il
était fils d'Alexandre Scaglia et de Ginevra Ferrero, marquise de Masserano. A ses fonctions diplomatiques, il joignit
les charges de conseiller du Conseil secret et de grand-maître de la Maison des Princes, et devint chevalier de
l'Annonciade en 1608. De son mariage avec Blanche, fille du comte César Ponte di Scarnafigi, il eut trois enfants que
nous retrouverons dans la suite. (D'après des notes recueillies à Turin, Archives Centrales et Camérales, et
Bibliothèque royale.)
644 Le 23 octobre 1615, se présentait à Contamine « Me Dominique Ellia, se disant notaire apostolique et ducal, »
délégué par le « Rme seigneur Alexandre Scaglia, abbé de Staffarde, » pour prendre en son nom possession du prieuré,
en remplacement du commendataire démissionnaire, Philippe Buccio (voir tome XII, note (21), p. 5). Quels étaient
les droits du prétendant. D. Marin, représentant de la Sainte-Maison, ne put le savoir et dut se contenter de dresser un
acte d'opposition. Un procès s'ensuivit ; il était pendant devant le Sénat de Savoie quand François de Sales chargea D.
Juste Guérin de « tenter M. le Comte de Verrue, » père d'Alexandre Scaglia, d'une pension de « cent pistoles. » Avec
ce sacrifice pécuniaire, on pouvait espérer faire cesser les prétentions de l'abbé de Staffarde sur Contamine. (Voir
Bouchage, Le Prieuré de Contamine-sur-Arve, Chambéry, 1889, pp. 105 seq.)
139/355

14.10 Page 140

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MCLXXXV. Au Père Dominique de Chambery, Capucin645.
Démarches pour l'établissement des PP. Capucins à La Roche.
Annecy, 28 mars 1616.
Mon Reverend Pere,
Le desir ardent de la ville de La Roche, tesmoigné par les lettres ci jointes, a esté
longuement desiré par moy qui ay tous-jours creu que si vous avies un convent en ce lieu la, vous
en auries autant de contentement que de nul autre que vous puissies avoir de deça, puisque l'air y
est extremement bon, le voysinage fertile et abondant en force bons villages, au passage de Thonon
en [182] cette ville, esloigné de quatre lieües de tout autre convent de mendians, et ou, en verité,
j'ay reconneu le peuple extremement enclin a la devotion. J'adjouste le continuel commerce de
ceux de Geneve, qui leur donnera commodité de s'edifier par la residence des bons Religieux qu'ilz
y verront. Et en somme, de quel costé que je regarde ce dessein, je le treuve tout aymable, sans
inconvenient et avec esperance de beaucoup de fruit.
C'est pourquoy, contribuant mes vœux a ceux de ce bon peuple, je vous supplie, et les Peres
de la Province646, de vouloir accepter les bonnes volontés presentes et d'en moyenner les effectz
par les voyes convenables, affin qu'au plus tost on voye reuscir ce projet, plus desiré qu'il ne se
peut dire et, comme je pense, grandement desirable647. A quoy la promptitude de la resolution sera
fort utile, que, vous recommandant de rechef, je prie Dieu de favoriser, et de vous combler de
bonheur selon les souhaitz, mon Reverend Pere, de
Vostre plus humble, tres affectionné confrere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXVIII mars 1616, Annessi.
Au R. Pere en N. S.,
Le P. F. Dominique de Chamberi,
Vicecommissaire en la Province de la Mission.
A Chamberi.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Arestan, à La Roche (Haute-Savoie). [183]
_____
645 Entré dans l'Ordre de saint François en 1596, le P. Dominique y fit profession le 11 mai 1597. Dès que les couvents
de Savoie furent séparés de la Province de Lyon pour former celle de la Mission de Thonon (1611), il reçut la charge
de définiteur, qu'il exerça longtemps. Vicaire-provincial de 1618 à 1621, provincial en 1628, il mourut à Chambéry
en 1630. « Religieux d'une sainteté éprouvée, supérieur ferme et vigilant pour la régulière observance et missionnaire
zélé, Dieu le récompensa par le don de prophétie. » (Nécrologe... des FF. Mineurs Capucins, 1611-1902, par le P.
Eugène de Bellevaux.) Le P. Dominique avait résidé au couvent d'Annecy et beaucoup connu le saint Evêque. Etant
à Rome, en qualité de Custode pour le Chapitre général (1624), il fit par écrit une déposition, complétée plus tard par
des pages pleines de charme et d'originalité, qui nous montrent le pieux Capucin pénétrant dans l'intimité de la vie du
bienheureux Prélat.
646 Les Pères de la Province de la Mission de Thonon. (Voir tomes XV, note (501), p. 167, et XVI, note (858), p. 264.)
647 Ce projet fut exécuté l'année suivante. Plusieurs habitants de La Roche, entre autres noble Michel Saultier de la
Balme, premier syndic, se firent les bienfaiteurs du nouveau couvent, établi définitivement le 3 avril 1617. Les PP.
Capucins avaient obtenu d'utiliser pour leurs constructions les débris du château, détruit à la fin du XVIe siècle. Forcés
de s'exiler au moment de la grande Révolution, les Religieux revinrent en 1821, et purent racheter leur ancien
monastère. De nouveau, ils ont dû l'abandonner en 1905. (D'après le Nécrologe cité, et Vaullet, Hist. de la ville de La
Roche, Annecy, 1874.)
140/355

15 Pages 141-150

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15.1 Page 141

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MCLXXXVI. A la Sœur de Blonay assistante et maitresse des
Novices a Lyon (Fragment). La Visitation d'Annecy « racine
petite, basse et profonde. »
Annecy, [janvier-mars] 1616 648.
……………………………………………………………………………………………………..
Ma Fille, faites que cette lumiere vous serve pour toute vostre vie. Dites ce que vous aves
veu, enseignés ce que vous aves ouÿ a Annessi. Helas ! cette racine est petite, basse et profonde ;
mais la branche qui s'en separera perira sans doute, sechera et ne sera bonne que pour estre coupee
et jettee au feu649. [184]
……………………………………………………………………………………………………...
_____
MCLXXXVII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier.
Remerciements au souverain, bienfaiteur de son peuple
Annecy, 1er avril 1616.
Monseigneur,
La charité et bonté que Vostre Altesse a tesmoignee envers ces bons peuples de deça, par
le soin qu'elle a eu de faire reuscir les projetz de l'introduction de l'art de la soye en ces pais650 et
des Peres Barnabites a Thonon651, ne peut jamais estre asses dignement remerciee. Mays, a la
faveur de la sainteté de ce jour, j'en fay neanmoins tres humblement la reverence et l'action de
graces a Vostre Altesse, la suppliant de continuer sa dilection et protection sur cette province, en
laquelle l'avancement de la gloire de Dieu est de si grande consequence et plein de merite pour
Vostre Altesse, que sa divine Majesté face a jamais prosperer es benedictions que luy souhaite,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le Vandredi Saint 1616, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [185]
648 Sœur Marie-Aimée de Blonay exerçait au monastère de Lyon la charge de Directrice depuis octobre 1615 (voir ci-
dessus, note (390), p. 101). Au rapport de Charles-Auguste, elle inculquait souvent à ses novices « que les maximes
particulieres de l'esprit de la Visitation doivent estre communes à tout l'Institut, quand il y auroit mille millions de
Monasteres, comme l'Evangile de Jesus-Christ est et doit estre tousjours le fondement universel de nostre creance et
de nostre obeïssance, quand mesme il y auroit un million de nouveaux mondes et autant qu'il y a de momens que
l'Evangile est en cettuy-ci. » La jeune Directrice « ayant communiqué cette pensee a son bien-heureux Fondateur, il
en fut touché, et ordonna que quand on feroit de nouveaux establissements, l'on insereroit dedans les permissions et
dans les premiers actes des fondations, que les Sœurs alloient s'establir pour vivre selon les Regles, Constitutions et
Coustumes du Monastere d'Annessy. » (La Vie de la Mere Marie Aymée de Blonay, 1655, chap. VII.)
Le fragment que nous reproduisons appartient à la réponse que le saint Evêque envoya sur ce sujet à la
Maîtresse des novices ; il est daté approximativement d'après l'étude des lettres du commencement de cette année
1616.
649 Joan., XV, 6.
650 Voir ci-dessus, Lettre MCXVII, p. 65, et note (264), p. 66.
651 Voir ibid., note (201), p. 46, et les Lettres MCLXXIX-MCLXXXI.
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15.2 Page 142

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_____
MCLXXXVIII. A M. Claude-Amédée Vibod652. Le Duc autorise
François de Sales à prêchera Grenoble. Nouvelles
explications au sujet des visites de prélats français à Annecy.
Annecy, 4 avril 1616.
Monsieur,
J'ay receu la lettre de Son Altesse, par laquelle elle tesmoigne d'aggreer que je face les
sermons du Caresme venant a Grenoble653, et ay veu par celle qu'il vous a pleu m'escrire, le soin
que vous aves eü de lire ce que j'escrivois a sadite Altesse654 sur le sujet de la venue de
Monseigneur l'Archevesque de Lyon en cette ville655 ; dont je vous rens graces, Monsieur, d'autant
plus affectionnement et humblement, que ces bons offices n'ont origine que de vostre bonté et
courtoysie, laquelle je vous supplie de vouloir exercer en toutes telles occasions qui m'arrivent
plus souvent que je ne desirerois pas, plusieurs Praelatz de France me faysant l'honneur de m'aymer
et de me vouloir visiter, encor qu'ilz ne me connoissent pas, ains peut estre par ce qu'ilz ne me
connoissent pas.
Mays, Monsieur, ce sont visites de simple pieté et affection spirituelle, n'ayant, graces a
Dieu, jamais rien eu a demesler avec homme du monde, ni ne m'estant jamais meslé de chose
quelcomque qui regarde les affaires seculieres. Et en verité, onques il ne m'est advenu d'avoir esté
seulement essayé par homme qui vive, ni qui ayt esté, de ce costé lâ ; qui me rend d'autant plus
estonné quand on me dit que les visites de ces seigneurs ecclesiastiques sont considerees comme
suspectes, ne pouvant seulement deviner ni pourquoy ni en quoy, puisque mesme je suis en toutes
façons savoyard, et de naissance et d'obligation, qui n'ay, ni n'eu jamais, ni pas un des [186] miens,
ni office, ni benefice, ni chose quelcomque hors de cet Estat, et qui ay vescu tellement lié aux
exercices ecclesiastiques, qu'on ne m'a jamais treuvé hors de ce train, et qui suis meshuy tantost
envielly dans la naturelle et inviolable fidelité que j'ay voüee et juree a Son Altesse.
Or, Monsieur, je vous donne la peine de lire tout ceci, affin que sil vous plait de me
favoriser en ces occurrences, vous sachiés ces generalités de mes conditions, qui sont fondaments,
comme je croy, bien solides pour bastir sur iceux les defenses dont j'auray besoin si ce malheur
continue, qui m'a des-ja si souvent fasché, tous-jours sans ma coulpe, graces a Dieu, ainsy que le
tems a fait voir, qui, de plus en plus, descouvrira l'invariable ingenuité et franchise que j'ay en mon
devoir de sujettion naturelle envers la coronne sous laquelle je suis nay et nourri.
Ces jours passés Monseigneur l'Archevesque de Bourges, estant a Nantua656, vint icy me
visiter et une seur Religieuse quil y a ; dequoy j'advertis soudain monsieur le Marquis de Lans, et
je croy qu'il aura fait passer l'advis vers Son Altesse. Tout cela, Monsieur, sont offices d'amitié, de
civilité et de pieté rendus a la bonne foy par ces Praelatz, et que je ne puis empescher par aucune
sorte de legitime prætexte, puisque je n'oserois seulement penser de leur faire semblant de la peine
que mon esprit a dequoy leur visite me fait regarder. Vostre charité, Monsieur, me protegera, sil
luy plait, et je l'en conjure par celle de Nostre Seigneur, que je supplie vous estre propice et vous
combler de ses benedictions, demeurant pour tous-jours,
652 Pour le destinataire indiqué, voir ci-dessus, note (418), p. 110.
653 Suivant la coutume du temps, le saint Evêque commença sa mission à Grenoble par les prédications de l'Avent
1616 ; nous en verrons plus loin les détails, et ceux de la station quadragésimale.
654 Epist. MCXLII.
655 Il y arriva le 30 octobre 1615. (Voir ci-dessus, les Lettres MCXXXII, MCXLI.)
656 André Frémyot, archevêque de Bourges, était prieur commendataire de Saint-Pierre de Nantua en Bugey. (Voir
tome XIII, note (453), p. 165.)
142/355

15.3 Page 143

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Monsieur,
IIII avril 1616, Annessi.
Vostre tres humble, tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [187]
_____
MCLXXXIX. Au duc de Nemours, Henri de Savoie657. Demande
d'une faveur pour un gentilhomme.
Annecy, 7 avril 1616.
Monseigneur,
Je joins ma tres humble supplication a celle que monsieur le baron de Vilette658 vous va
faire, puisque celuy le bien duquel elle regarde est egalement mon parent comme a luy659. Vostre
Grandeur jugera bien que je voudrois avoir un plus aggreable sujet d'implorer sa bonté ; mays
puisque celluy ci me presse, je ne laisse pas de me confier en elle que je ne seray pas esconduit,
selon lhonneur que j'ay d'estre avoué,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VII avril 1616, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Paris, Archives de l'Archevêché. [188]
_____
657 Bien que l'Autographe ne porte point d'adresse, il ne saurait y avoir de doute pour le destinataire.
658 Amédée de Chevron-Villette (voir tome XI, note (761), p. 341).
659 Ignorant la grâce demandée, il est presque impossible de désigner, entre les nombreux gentilshommes, parents
communs des familles de Sales et de Chevron-Villette, celui qui avait besoin de la faveur du duc de Nemours.
143/355

15.4 Page 144

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MCXC. A Madame de Bressieu660 (Inédite). Une affaire sur le
point de se terminer. Céder aux conseils des amis.
Annecy, 7 avril 1616.
Madame ma tres chere Seur,
Je receu l'autre jour une lettre de monsieur le Marquis d'Aix661, par laquelle il me dit que
le sieur Charriere662 se resoult a vous rendre toutes les satisfactions possibles, telles qu'elles seront
advisees par ceux qui prendront la peine de vouloir terminer l'affaire663 ; et que sur cela, il vous
avoit fait prier de vouloir ouïr les propositions, selon que je luy avois fait entendre que vous les
ouïries, et feries ce que vos principaux parens et amis vous conseilleroyent ; qui est, a mon advis,
ce que nous resolusmes lhors que nous eusmes le bien de vous voir. Je vous supplie donq qu'il
vous playse faire ainsy, puisque vous ne pouves jamais faillir de vous rapporter a vos amis, et que
cela obligera quantité de personnes a croire de vostre cœur beaucoup de bien et les contentera.
[189]
Je pars, et vous escris ces quatre motz le pied a l'estrier664, mais vous jugeres bien que c'est
avec l'affection,
Madame, ma tres chere Seur, de
Vostre plus humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VII avril 1616.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. Alexis Vollon, peintre collectionneur, à Paris. [190]
_____
660 L'affaire traitée dans cette lettre prouve qu'elle a été écrite à Mme de Bressieu.
Fille de Philibert de la Forest et de Madeleine Fléard, et sœur aînée de Mme de la Fléchère, Ennemonde avait
épousé (contrat dotal du 26 février 1583) Emmanuel-Philibert, de la famille piémontaise des Roero, devenu seigneur
de Bressieu comme héritier de son grand-père maternel. (Voir ci-dessus, note (380), p. 98.) Douze enfants naquirent
de ce mariage (voir ibid., note (376), p. 97), et Mme de Bressieu, restée veuve vers 1610, eut beaucoup à faire, soit en
Savoie, soit en Piémont, pour soutenir d'ennuyeux procès et débrouiller d'inextricables difficultés. Elle eut, pour
l'aider, les conseils, la persévérante et paternelle sollicitude de François de Sales ; plus d'une fois nous en retrouverons
les preuves dans la suite de la correspondance du Saint.
661 Louis de Seyssel-la-Chambre (voir tome XIV, note (270), p. 89).
662 Voir ci-dessus, note (377), p. 97.
663 Voir ibid., Lettres MCXXXVIII, p. 97, et MCXLIV, p. 111.
664 Le saint Evêque partait pour installer les Barnabites à Thonon.
144/355

15.5 Page 145

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MCXCI. A la Mère de Chantal (Fragment). Quelles amitiés sont
indépendantes des distances et des séparations
Annecy, [7 avril 1616 665.]
……………………………………………………………………………………………………..
Au demeurant, ma tres chere Mere, demeurés avec la paix et consolation de Nostre
Seigneur ; et moyennant sa grace, dans huit jours au fin plus tard je seray icy, d'ou pourtant je ne
penseray jamais sortir tandis que Dieu m'y tiendra en moy mesme. Vous mesme, ma tres chere
Mere, sçavés bien que la sainte unité que Dieu a faite est forte plus que toute separation, et que les
distances des lieux n'ont point de pouvoir sur elle. Ainsy, Dieu vous benisse a jamais de son saint
amour. C'est un cœur qu'il nous a fait, unique en esprit et en vie.
Bon jour, ma tres chere Mere ; conserves moy, je vous supplie, et je vous conserveray bien,
Dieu aydant. [190]
_____
MCXCII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon.
Retour d'un voyage en Chablais. Mort du comte de Tournon.
Deux sortes de bons désirs : ceux qui sanctifient l'âme et
ceux qui remplissent l'enfer ; comment les distinguer.
Méthode très simple pour la méditation des mystères de la Vie
de Notre-Seigneur. Salutations affectueuses
Annecy, 17 avril 1616.
Je revins hier de Chablaix, ma tres chere Fille, ou, graces a Dieu, j'ay laissé les Peres
Barnabites establiz, selon le commandement de Son Altesse et du Prince Cardinal666. Demain je
vay consoler madame la Comtesse de Tornon sur le trespas de son mari667, y estant obligé par le
parentage qui est entre nous et par les obligations que j'ay a la memoire du decedé. C'est pour vous
dire, ma tres chere Fille, que je vous escris sans loysir, et neanmoins je vous veux respondre aux
deux questions que vous m'aves faites ci devant668, car je voy bien que pour neant j'attens les
commodités de mieux faire, puisque je suis destiné au continuel accablement du tracas.
Ma tres chere Fille, il y a deux sortes de bons desirs : l'une, de ceux qui augmentent la grace
et la gloire des serviteurs de Dieu ; l'autre, de ceux qui n'operent rien. Les desirs de la premiere
sorte s'expriment ainsy : Je desirerois de faire, par exemple, l'aumosne, mais je ne la fay pas, par
ce que je n'ay pas dequoy. Et ces desirs accroissent grandement la charité et sanctifient l'ame ;
ainsy desirent les ames devotes le martire, les opprobres et la croix, quilz (sic) ne peuvent
neanmoins obtenir. [191]
665 La lettre précédente nous montre le Saint sur son départ ; le 10 avril il était à Thonon, et rentrait le 16 à Annecy.
C'est sans doute à l'occasion de ce voyage que ces lignes furent écrites. La peste qui, au printemps de 1616, sévissait
encore à Genève (cf. ci-après, p. 204), pouvait donner des appréhensions à la Mère de Chantal, et augmenter sa peine
de voir s'éloigner le saint Evêque. Toutefois, nous ne donnons pas la date comme certaine, bien que les autres absences
de François de Sales pendant les séjours de la Fondatrice à Annecy semblent, par leurs circonstances, concorder moins
avec la teneur de ce fragment.
666 Voir ci-dessus, note (634), p. 177.
667 On lit aux Registres paroissiaux de Rumillv, année 1616 : « Le 15 du mois d'avril a esté ensepulturé noble et
puissant seigneur Prosper de Maillard, gouverneur de Savoye et comte de Tournon. »
668 Le Saint avait promis une réponse à la première question dans sa lettre du 2 février. (Voir ci-dessus, p. 141.)
145/355

15.6 Page 146

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Les desirs de la seconde sorte s'expriment ainsy : Je desirerois de faire l'aumosne, mais je
ne la veux pas faire. Et ces desirs ne sont pas empeschés par l'impossibilité, mais par la lascheté,
tiedeur et defaut de courage ; c'est pourquoy ilz sont inutiles et ne sanctifient point l'ame, ni ne
donnent nul accroissement de grace : dont saint Bernard dit669 que l'enfer en est plein.
Il est vray que pour l'entiere resolution de vostre difficulté il faut que vous remarquies quil
y a des desirs qui semblent estre de la seconde sorte, qui sont toutefois de la premiere, comme au
contraire il y en a qui semblent estre de la premiere et sont de la seconde. Par exemple, nul serviteur
de Dieu ne peut estre sans ce desir : O que je desirerois bien de mieux servir Dieu ! helas ! quand
le serviray-je a souhait ? Et par ce que nous pouvons tous-jours aller de mieux en mieux, il semble
que les effectz de ces desirs ne sont empeschés que faute de resolution ; mays il n'est pas vray, car
ilz sont empeschés par la condition de cette vie mortelle, en laquelle il ne nous est pas si aysé de
faire que de desirer. C'est pourquoy ces desirs en general sont bons et rendent meilleure l'ame,
l'eschaufant et affectionnant au progres.
Mays quand en particulier il se presente quelque occasion de profiter, et en lieu d'en venir
a l'effect on en demeure au desir, comme par exemple : il se presente occasion de pardonner une
injure, de renoncer a la propre volonté en quelque particulier sujet, et en lieu de faire ce pardon ou
renoncement, je dis seulement : Je voudrois bien pardonner, mais je ne sçaurois ; je voudrois bien
renoncer, mais il ny a moyen ; qui ne void que ce desir est un amusement, ains quil me rend plus
coulpable d'avoir une si forte inclination au bien et ne la vouloir pas effectuer ? Et ces desirs ainsy
faitz semblent estre de la premiere sorte, et sont de la seconde.
Or, maintenant il vous sera aysé de vous resoudre, comme je croy ; que sil vous reste
quelque difficulté, escrives-la moy, et tost ou tard je vous respondray de tout mon cœur, qui est
certes tout vostre, ma tres chere Fille. [192]
Celles qui sont tendres des imaginations messeantes, es meditations de la Vie et de la Mort
du Sauveur, doivent, tant qu'elles peuvent, se representer les misteres simplement par la foy, sans
se servir de l'imagination. Par exemple : Mon Sauveur a esté crucifié, c'est une proposition de la
foy ; il suffit que je l'apprehende simplement, sans m'imaginer comme son cors pendoit sur la
croix. Et lhors que les imaginations deshonnestes veulent naistre, il faut se revancher et destourner
par des affections procedantes de la foy. O Jesus crucifié, je vous adore, j'adore vos tormens, vos
peines, vostre travail ! Vous estes mon salut670. Car, ma tres chere Fille, de vouloir pour ces sales
representations quiter la meditation de la Mort et Vie de Nostre Seigneur, ce seroit faire le jeu de
l'ennemi, qui tasche par ce moyen de nous priver de nostre plus grand bonheur. Il faut donq gauchir
et se destourner ainsy par le moyen de la simple foy.
En verité, j'escris sans haleine, mais vous suppleeres par vostre douceur. J'escriray un'autre
fois a ma Seur Peronne Marie671 et puis a ma Seur Marie Aymee672, et ce pendant je salue leur
dilection, que je prie de me bien recommander a Nostre Seigneur, comm'aussi ma Seur Françoise
Hieronime673 et toutes les autres Seurs que je cheris extremement en la Croix du Sauveur. Je salue
monsieur l'Aumosnier674 et suis tout sien.
A Dieu, ma tres chere Fille, a Dieu soyons nous eternellement pour l'aymer et benir sans
cesse.
Annessi, le 17 avril 1616.
Je salue humblement M. de Saint Nizier675, et le R. P. Philippe676 ; et vous prie, quand vous
verres le [193] R. P. Recteur677, de l'asseurer de ma tres humble et sincere affection. Je salue
669 Serm. III in Temp. Resur., § 3 ; Serm. XIX in Cant. Cf. Soliloq., inter Op. S. Bern., § 1.
670 Ps. XXXVII, ult.
671 Sœur Péronne-Marie de Chastel.
672 Sœur Marie-Aimée de Blonay (voir ci-après, Lettre MCXCVII, p. 205).
673 Sœur Françoise-Jéronyme de Villette (voir ci-dessus, note (578), p. 159).
674 Claude de Sevelinges (cf. ci-dessus, p. 141).
675 Nicolas Ménard, sacristain de l'église Saint-Nizier, à Lyon. (Voir ci-dessus, note (397), p. 103.)
676 D. Philippe de Saint Jean-Baptiste Malabaila, Feuillant (voir le tome précédent, note (776), p. 240).
677 Le P. Charles Mallians, recteur des Jésuites de Lyon. (Voir le tome précédent, note (1083), p. 333.)
146/355

15.7 Page 147

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mesdames Vulliat678 et Colin679.
A ma tres chere Fille en N. S.,
Ma Seur Marie Jaqueline Favre,
Superieure de Ste Marie.
A Lion.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mlle Boissat, à Albens (Savoie).
_____
MCXCIII. A Madame de la Fléchère. Affaires et nouvelles
diverses. Réclamations de créanciers ; comment les
supporter. Quel ordre suivre dans le paiement des dettes.
Projet de séjour à Annecy pour Mme de la Fléchère
Annecy, 21 avril680 1616.
Ma tres chere Fille,
Je vous escris emmi les affaires du Sinode, c'est a dire precipitamment. Je fus lundi voir
Mme la Comtesse681, marri de n'y treuver que ma chere filleule de chez vous682. J'escriray ce soir a
M. Bonfilz683, par le seigneur [194] Roc684, du sujet que vous desires, et parleray a M. de
Monregard685 si tost que je pourray le voir. M. de Galles, medecin de Sessel686, m'a envoyé la lettre
ci jointe que vous verres, comme aussi M. Guydeboys687 cett'autre.
Ma tres chere Fille, il n'y a remede, il faut a ce commencement estre accablee de demandes
et souffrir qu'on se plaigne rudement de vous. Mays il se faut garder, tant que vous pourrés, de
contrister personne par vos responses, ains il faut tascher de rendre rayson a un chacun des refus
ou retardemens que vous estes contrainte de faire. Et quant aux effectz, il faut s'essayer de payer
premierement les dettes privilegiés, comme je pense estre celuy des medecins, qui, comme
mercenaires, demandent leurs gages, entant quil se treuvera deu. En somme, ma Fille, croyes que
678 Mme Vulliat, femme du contrôleur Mamert Vulliat. (Voir ibid., note (606), p. 188.)
679 Isabeau Daniel (voir ibid., note (779), p. 241).
680 La copie porte le quantième du XIX avril, mais il faut certainement XXI. Le Synode, en effet, commença le 20 ;
de plus, ces lignes ont été écrites, non le lendemain du 18 (lundi), mais au moins deux ou trois jours après. Enfin, le
voyage du « seigneur Roc » (voir la lettre suivante) achève de fixer la date.
681 La comtesse de Tournon (voir ci-dessus, p. 191).
682 Françoise de la Fléchère, fille cadette de la destinataire. (Voir tome XIV, note (167), p. 56.)
683 Originaire de Nice, Horace Bonfils avait succédé en 1612 à François de Moyron dans la charge de trésorier général
du Genevois. Ses fonctions, peut-être aussi l'amitié spéciale de Henri de Nemours (cf. le tome précédent, note (636),
p. 199), le rendirent suspect au duc de Savoie, quand le prince vassal se révolta contre son suzerain. Bonfils,
emprisonné au mois d'août 1616, libéré bientôt, puis disgracié par son maître, fut réintégré dans sa charge. Une seconde
arrestation en 1620 précède une nouvelle période de faveurs. Conseiller d'Etat, second président de la Chambre des
Comptes de Savoie, il devint en 1623 président en chef et général des Finances de Piémont. (D'après Capré, Traité
historique, et Carutti, Cariche del Piemonte, etc., Torino, 1798, tome III, etc.)
684 Roch Calcagni, qui se rendait auprès du duc de Nemours. (Cf. ci-dessus, p. 170.)
685 Fils de Philippe Cristan, de Thônes, et de Philippine Juge, noble François Cristan, seigneur de Montregard et
coseigneur de la Val-des-Clets, épousa Charlotte de Michaille, qui teste le 19 avril 1630, et en secondes noces Louise
de Dalmaz (contrat dotal du 14 août 1631), veuve de Jean Brunet, seigneur de Doucy. (Voir le tome précédent, note
(586), p. 184.)
686 Son nom ne figure pas dans l'Histoire de Seyssel par Fenouillet, et les recherches faites pour retrouver sa trace n'ont
pas abouti.
687 Rd Jean-François-Melchior Guidebois (voir ci-dessus, note (531), p. 145).
147/355

15.8 Page 148

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je compatis avec vous, et me semble que quand vous aves du mal je l'ay avec vous. Un peu de
patience surmontera tout.
M. de Charmoysi688 est d'advis que vous venies faire vostre sejour en cette ville, et dit quil
vous le signifia lhors quil vous vit, tant pour estre plus pres du filz689, que pour avoir meilleur et
plus promt advis es occurrences de vos affaires. Vous pouves penser si ce seroit mon inclination ;
mays a loysir nous en resoudrons. [195]
Pour maintenant, Dieu vous benisse, ma tres chere Fille. Vive Jesus ! Amen.
XIX avril 1616.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MCXCIV. A la même. Etre douce et civile envers les
solliciteurs. M. Guidebois et ses Bulles
Annecy, 22 avril 1616.
Ce matin le sieur Roch est parti de cette ville690, ma tres chere Fille, et j'ay escrit par luy a
M. Bonfilz, qui est a Lagnieu691, pour vostre affaire692, puisqu'il n'y a pas apparence de le voir si
tost, et ledit sieur Roch m'a dit quil y contribueroit son credit.
Il faut tenir bon en la douceur et cordiale civilité envers ceux qui demandent, et Dieu vous
assistera et fera que vos affaires se demesleront honnestement et plus tost que vous ne sçaures
esperer. Quand le sieur Guydeboix aura ses Bulles693, vous accommoderes le reste, non pas
aysement, mais tout bellement, selon vostre promesse, et on le rendra capable. Je pense que vous
aves bien fait de vandre le cheval, car c'est une dangereuse garde694. [196]
Vivés tous-jours toute a Nostre Seigneur, ma tres chere Fille, et me tenes pour tout vostre
en luy, car je le suis plus que vous ne sçauries dire. Vive Jesus ! Amen.
XXII avril.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
688 On l'a vu déjà, Claude de Charmoisy s'occupait activement des affaires de la veuve de son cousin. (Cf. ci-dessus,
pp. 164, 169.)
689 Charles de la Fléchère, qui continuait ses études au collège d'Annecy.
690 Voir la lettre précédente.
691 Au milieu du XIVe siècle, Lagnieu avait passé de la couronne de France à celle de Savoie, et en 1571, comme
membre du marquisat de Saint-Sorlin, était devenu apanage de la Maison de Savoie-Nemours.
692 Etait-ce l'affaire des deux cents pistoles promises au défunt (cf. Lettre MClXXVII, p. 169), ou bien s'agissait-il
d'arrérages sur les « 752 livres de gaiges » dues à M. de la Fléchère comme « gentilhomme servant » du duc de
Nemours ? (Voir Mugnier, Histoire du Président Favre, Paris, Champion, 1903-1903, note (4), p. 171.)
693 Les Bulles pour la prise de possession de la commanderie de Notre-Dame de Vion. (Voir ci-dessus, note (531), p.
145.)
694 Cf. ci-dessus, Lettre MCLXXVII, p. 170.
148/355

15.9 Page 149

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MCXCV. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Requête
contre Scaglia, le prétendant de Contamine
Annecy, 26 avril 1616.
Monseigneur,
Les graces que la bonté de Vostre Altesse nous a faites me donnent confiance d'en requerir
tous-jours des nouvelles, puisque mesme elles tendent toutes a la gloire de Dieu, que vostre pieté
ne se lasse jamais de servir et accroistre. Les Peres Barnabites sont establiz a Tonon695 ; reste de
les y conserver, et pour cela il est requis que le prieuré de Contamine, sur lequel leur entretenement
est principalement assigné, soit mis en asseurance pour eux et delivré de la conteste que le seigneur
Abbé Scaglia en fait696 ; ce que la prudence de Vostre Altesse fera fort aysement par les moyens
convenables. [197]
Dieu soit a jamais au milieu du cœur de Vostre Altesse pour le remplir de benedictions, et
je suis invariablement,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres fidele et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXVI avril 1616, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
695 Voir ci-dessus, note (634), p. 177, et cf. p. 191.
696 Abbé de Saint-Just, près de Suze, et de Staffarde, poursuivant encore le bénéfice de Contamine, Philibert-Alexandre
Scaglia, second fils de Philibert-Gérard, comte de Verrua, et de Blanche Ponte di Scarnafigi (cf. ci-dessus, notes (643),
(644), p. 181), avait, comme son père, embrassé la carrière diplomatique. Depuis le mois d'août 1614, il était
ambassadeur du duc de Savoie à Rome. Sa mission finie, en 1623, il partit pour la France ; envoyé ensuite aux Pays-
Bas et en Espagne, il s'acquit la réputation de diplomate des plus adroits et subtils. « L'histoire des négociations de
l'abbé Scaglia i Londres, Paris et Bruxelles, » dit un auteur, « et celles de Barocci son secrétaire, feraient un portrait
agréable et instructif, quoique peu édifiant, du temps et des hommes. » (Carutti, Storia della diplomazia della Corte
di Savoia, 1876, vol. II, p. 264.) Philibert-Alexandre mourut à Anvers, en 1641.
149/355

15.10 Page 150

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MCXCVI. A un gentilhomme697 (Minute inédite). Un Mémoire
dont on doit ignorer l'auteur. La vie toute sainte et édifiante
des Religieuses de la Visitation. Pourquoi François de Sales
n'a pas publié les Indulgences déjà obtenues en leur faveur ;
celles qu'il désire. La pension de M. Desplans. Réveil de
la contagion à Genève.
Annecy, 27 avril 1616.
Molto Illustre Signore mio
Mon très Illustre et très honoré
osservandissimo,
Seigneur,
Mando a V. S. il Memoriale circa il
modo di procurare la conversione delli
heretici698 che a me pare convenevole ; ma
presupone in ogni modo che i Principi siano in
[198] pace, et per questo non è tempo di
proponerlo adesso, et pregho V. S. che mai si
sappia che da me sia uscito tale Memoriale. Ma
con V. S. tratto con tutta fiducia, chè io non
vorrei celarle cosa veruna, perchè se ben io non
l'ho conosciuta in faccia, tuttavia so che il suo
zelo verso la religion catholica è tanto puro,
che io non posso dubitar della sua carità. Et
sopra questo fundamento, vengho a supplicar
V. S. molto Illustre che si degni aiutar, anzi far
un'opera pia quale io desidero molto et laquale
io non so come fare riuscire, non essendo più
che tanto conosciuto in quella Corte699. Il
negotio non è grande in se, ma, per quanto mi
vien detto, non lascia d'esser difficile.
Habbiamo qui in questa città d'Annessi
una devotissima et veramente santissima
Congregatione di donne, vedove et vergini,
lequali la maggior parte sono nobilissime, et
non solamente savoyarde, ma ancora di
Borgogna et di Francia. Vivono tutte insieme
et in commune, sotto l'ubidientia di una
J'envoie à Votre Seigneurie le Mémoire
touchant le mode qui me semble plus
convenable pour obtenir la conversion des
hérétiques ; toutefois, comme il présuppose de
toute façon que les princes jouissent [198] de
la paix, ce n'est pas le moment de le proposer :
aussi, je vous demande que jamais personne ne
sache que ce Mémoire est venu de moi. Mais
avec Votre Seigneurie je traite en toute
confiance, je ne voudrais rien vous céler ; car,
bien que je ne vous connaisse pas
personnellement, votre zèle pour la religion
catholique est si pur que je ne puis douter de
votre charité. Sur ce fondement, je viens
supplier Votre très Illustre Seigneurie qu'elle
daigne aider, voire même accomplir une œuvre
de piété que je désire beaucoup, sans
néanmoins savoir comment la faire réussir,
n'étant guère connu en cette Cour. La chose
n'est pas considérable en soi, mais à ce que l'on
me dit, elle ne laisse pas d'être difficile.
Nous avons en cette ville d'Annecy une
très dévote et vraiment très sainte
Congrégation de femmes, veuves et vierges,
qui pour la plupart sont de très noble
extraction, non seulement de la Savoie, mais
697 Quel est le gentilhomme auquel le Saint adresse une lettre si confiante ? De nombreuses et minutieuses recherche
? faites à Turin et aux Archives Vaticanes n'ont pas réussi à nous donner son nom. Il a été également impossible de
retrouver les différentes pièces mentionnées dans ces pages, sauf le Mémoire sur la conversion des hérétiques.
698 Cf. le tome précédent, note (892), p. 273.
699 Des membres du Sacré-Collège que François de Sales avait connus personnellement en 1599, il ne restait plus à
Rome que le Cardinal Borghese, devenu Paul V, et Bellarmin. Il n'en est pas moins vrai, cependant, que son mérite et
ses vertus n'étaient point ignorés à la Cour pontificale.
150/355

16 Pages 151-160

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16.1 Page 151

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Superiora che esse eleggono ogni terzo [199]
anno ; osservano quella obedientia
strettamente, fanno ogni giorno l'oratione
mentale, fanno visitare et aiutare, per alcune
deputate, le povere donne malate della città,
con una carità incredibile. Hanno una
gentilissima chiesa attaccata alla loro casa, et
hanno un coro interiore nel quale ogni giorno
cantano l'Officio della Madonna Santissima,
con un canto tanto pio et suave, che mettono in
devotione ognuno che le sente. Et fra le altre
cose usano questa carità, che ricevono nella
loro Congregatione le donne che per debolezza
di complessione et infermità corporali non
possono entrare nelle altre Religioni, purchè
habbiano la mente buona et il cuor sincero700.
Et posso dire in verità che sono di buonissimo
odore a tutti, et etiandio alli heretici, che
vedendo o vero sapendo come vivono in quella
Casa, confessano che tal vita non può essere se
non dal Spirito Santo. Et esse pregano
particolarmente per la santa Chiesa et per la
conversione delli heretici.
Hora, furono concesse dalla Santità di
Nostro Signore alcune Indulgenze a queste
Signore et Sorelle701, le [200] quali però io non
ho voluto che fossero pubblicate, poichè mi è
parso che tali Indulgenze siano state concesse
come se questa Congregatione fosse una
Società, Confraternita, overo Compagnia di
donne che vivessero ognuna in casa sua ; il che
non è vero, perchè vivono insieme con tanta
osservanza religiosa, che non si può nè anco
col pensiero imaginare una osservanza più
pura et perfetta nella castità, ubedientia et
povertà in commune. Et dico in commune,
perchè non mendicano nè direttamente, nè
indirettamente, anzi vivono di quello che
apportano seco702.
Onde adesso desiderando io di farli
havere l'Indulgenze conforme all' Instituto
loro, non so chi adoprare se non la carità di V.
S. molto Illustre, la quale, dove bisognasse,
potrà se gli piace farne anco particolar supplica
encore de Bourgogne et de France. Elles vivent
toutes ensemble et en communauté, sous
l'obéissance d'une Supérieure élue par elles
tous les trois ans ; observent strictement cette
obéissance, s'adonnent [199] chaque jour à
l'oraison mentale, font visiter et secourir avec
une charité incroyable, par quelques-unes
d'entre elles, les pauvres femmes malades de la
ville. Une gracieuse église est attenante à leur
maison, avec un chœur intérieur, où elles
chantent chaque jour l'Office de la Très Sainte
Vierge d'un air si pieux et si doux, qu'elles
donnent de la dévotion à tous ceux qui les
entendent. Entre autres choses, la
Congrégation pratique cette charité, de
recevoir les femmes qui, pour la faiblesse de
leur complexion ou pour des infirmités
corporelles, ne peuvent entrer dans les autres
Ordres, pourvu qu'elles aient l'esprit bon et le
cœur sincère. En vérité, je puis dire qu'elles
sont de très bonne édification pour tous et pour
les hérétiques eux-mêmes, lesquels, voyant ou
sachant comment elles vivent en cette Maison,
confessent que leur genre de vie ne peut venir
que de l'Esprit-Saint. Aussi prient-elles
particulièrement pour la sainte Eglise et pour
la conversion des hérétiques.
Or, Sa Sainteté a accordé à ces Dames
et Sœurs certaines Indulgences, que je n'ai
cependant pas voulu faire publier, parce qu'il
[200] m'a semblé qu'elles avaient été
concédées comme si cette Congrégation eût été
une Association, Confrérie ou Compagnie de
femmes vivant chacune dans sa maison ; ce qui
n'est pas, car elles demeurent au contraire
toutes ensemble, avec une observance
religieuse telle, qu'on ne saurait, même par la
pensée, imaginer une fidélité plus pure et
parfaite en chasteté, obéissance et pauvreté qui
réduit tout en commun. Et je dis en commun,
parce qu'elles ne mendient point, ni
directement ni indirectement, mais vivent de
ce qu'elles apportent en entrant.
Je désire donc maintenant leur faire
700 Cf. Constit. de la Visitation, De la fin pour laquelle cette Congregation a esté instituee.
701 Voir le tome précédent, note (467), p. 149, et la note (697) ci-dessus, p. 198 ; cf. ci-après, p. 204.
702 Cf. tom. præced., pp. 105, 107.
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16.2 Page 152

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a Nostro Signore, acciò si degni favorire detta
Congregatione. Et per questo mando a V. S. la
copia dell' Indulgenze che io non ho voluto far
pubblicare et la copia dell'Indulgenze che si
desiderano, con un Memoriale dell'instituto di
questa Casa pia703, acciò sappia ogni cosa che
a questo negotio sarà necessaria ; dove poi
aggiungo [201] un articolo che è importante.
Et è che questa Congregatione non havendo i
tre voti solenni di ubedientia, castità et povertà,
quantunque osservi queste tre virtù
strettissimamente, per questo non è una
Religione formata, anzi una Congregatione di
Oblate. Et forse che Sua Santità haverebbe a
piacere che se ne facesse una Religione
formata, con obbligo alla clausura secondo
l'ordine dato dal Concilio di Trento704 ; et
questo sarebbe a me facilissimo da fare, purchè
Sua Santità si contentasse che le cose
passassero secondo il Memoriale705.
Hora, che cosa dirà V. S. che io con
tanta fiducia vado adoprando la carità sua ?
Dica pur, se gli piace, che charitas omnia
sustinet, omnia facit et omnia sperat706.
Ho poi sino adesso ricevuti li 75
ducatoni mandati per il signore Desplans707, et
quando havrò ricevuti li altri [202] 25,
mandarò un certificato della ricevuta delli 100
et del sborso che io n'havrò fatto708.
Io mi smenticavo che io scrivo all'
Illustrissimo Cardinal Bellarmino709 et si
scrive anco dalli nostri Padri Barnabiti al
Procurator generale dell' Ordine loro710, acciò,
avoir des Indulgences conformes à leur Institut
; mais je ne sais qui employer pour cela, sinon
la charité de Votre très Illustre Seigneurie, qui
pourra, si bon lui semble, adresser même une
supplique particulière au Saint-Père, pour qu'il
daigne favoriser cette Congrégation. Dans ce
but, je vous envoie une copie des Indulgences
que je n'ai pas voulu faire publier et une copie
de celles qu'on souhaite, avec un Mémoire de
la fondation de cette pieuse Maison, afin que
vous sachiez tout ce qui sera requis en cette
affaire. J'ajoute encore un point très important
: cette [201] Congrégation, n'ayant pas les
vœux solennels d'obéissance, chasteté et
pauvreté, bien que ces trois vertus s'y
observent strictement, n'est pas un Ordre
religieux formel, mais une Congrégation
d'Oblates. Sa Sainteté aimerait peut-être qu'on
en fît un Ordre religieux, avec l'obligation de
la clôture selon les prescriptions du Concile de
Trente ; cela me serait très facile, pourvu
qu'Elle voulût bien agréer que les choses
fussent déterminées suivant le Mémoire.
Mais, que direz-vous, Monsieur, de ce
que j'emploie votre charité avec tant de
confiance ? Dites hardiment, s'il vous plaît, que
la charité supporte tout, fait tout et espère tout.
J'ai reçu jusqu'ici les soixante-quinze
ducatons pour M. Desplans ; [202] lorsque
j'aurai reçu les vingt-cinq autres, j'enverrai une
attestation de la réception et du déboursement
que j'aurai fait de ces cent ducatons.
J'oubliais de dire que j'écris à
703 Voir note (697) ci-dessus, p. 198.
704 Sess. XXV, de Reform., c. V.
705 Cf. plus haut, Lettre MCLXII, p. 137, et ci-après, celle du 10 juillet au Cardinal Bellarmin.
706 I Cor., XIII, 7.
707 Famille genevoise de barbiers-chirurgiens, les Desplans arrivèrent à la noblesse par la charge de syndic confiée à
l'un d'eux. Quand vint la Réforme, ils s'exilèrent pour garder la foi catholique, mais quarante ans plus tard, ayant
adhéré au protestantisme, ils rentrèrent à Genève, réclamant le titre de bourgeois. Louis Desplans naquit dans cette
ville en 1581. Il était fils d'André et de sa première femme Jeanne Panissod. (D'après les Notes de M. Eugène Ritter.)
Dans les dernières années du pontificat de Clément VIII, Louis est à Rome où il abjure l'hérésie et entre dans les
Ordres. Paul V le pourvut en 1614 d'un canonicat au Chapitre de Saint-Pierre de Genève, et d'une pension dont saint
François de Salés eut plus d'une fois à s'occuper. (Cf. lettre du Cardinal Borghese au Nonce de Savoie, 12 juillet 1614,
Archives Vaticanes, Borghese I. 909.)
708 Voir à l'Appendice I une lettre du Nonce de Savoie au Saint, qui fait aussi mention de M. Desplans et de sa pension.
709 Cette lettre ne nous est pas parvenue.
710 Depuis le Chapitre général de 1614, le procureur général des Barnabites était le P. Tobie Corona. Né en 1566 à
Monza d'une noble famille, et profès le 8 octobre 1583, il avait occupé des charges importantes à Bologne, Casal,
Montferrat, Rome et Naples. Diverses missions auprès de Charles-Emmanuel Ier et de Louis XIII lui furent confiées,
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16.3 Page 153

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dove fosse bisogno, aiutassero il negotio di
quelle Indulgenze ; et spero che la Serenissima
Infante Duchessa di Mantova711 farà scrivere
all' Imbasciatore di Sua Altezza712 acciò faccia
anche egli ufficio, essendo essa molto
affettionata a detta Congregatione. Et a V. S.
s'invieranno tutte le lettere acciò le impieghi
secondo che vederà esser necessario.
Et faccio tutte queste diligentie, perchè
essendo costì il [203] signor Philippo de
Quoex, che ottenne dette Indulgenze713, egli ci
scrisse che era cosa difficilissima di ottenere
Indulgenze in altro modo ; sebbene io non vedo
che vi sia causa veruna legitima di tante
difficoltà, poichè se si concedono liberamente
Indulgenze alle Compagnie pie, molto
maggiormente si dovranno concedere ad una
Congregatione di tanta perfettione.
La peste è di nuovo svegliata nella città
di Geneva714 et tutto il paese vicino sta
benissimo, parendo che Iddio voglia castigare
quel populo, nemico del suo santo nome et
servitio. Utinam castigatio det intellectum715 !
Et con questo, pregando sua divina
Maestà che a V. S. molto Illustre dia ogni vera
felicità, resto eternamente
Suo divotissimo et humile servitore,
FRANCO, Vescovo di Geneva.
In Annessi, alli XXVII d'Aprile 1616.
l'Illustrissime Cardinal Bellarmin et que nos
Pères Barnabites écrivent également au
Procureur général de leur Ordre, afin que, s'il
en était besoin, ils aidassent pour l'affaire des
Indulgences. J'espère aussi que la Sérénissime
Infante, duchessse de Mantoue, qui affectionne
si fort la Congrégation, fera écrire à
l'ambassadeur de Son Altesse de s'employer
dans le même but. Toutes ces lettres seront
envoyées à Votre Seigneurie pour qu'elle les
utilise selon qu'elle le jugera nécessaire.
Je prends toutes ces mesures parce que
M. Philippe de Quoex, [203] qui obtint ces
Indulgences, nous manda de Rome qu'il était
très difficile d'en obtenir d'autre façon.
Cependant, je ne vois pas qu'il y ait une cause
légitime pour soulever ces difficultés ; car,
puisqu'on accorde si libéralement des
Indulgences aux Associations pieuses, à plus
forte raison devra-t-on les concéder à une
Congrégation d'une si grande perfection.
La peste s'est de nouveau réveillée à
Genève, tandis que tout le pays avoisinant n'est
nullement atteint ; aussi semble-t-il que Dieu
veuille châtier ce peuple, ennemi de son saint
nom. Ah ! si du moins le châtiment lui donnait
l'intelligence !
Sur ce, priant la Majesté divine de
combler Votre très Illustre Seigneurie de tout
vrai bonheur, je demeure à jamais
Son très dévoué et humble serviteur,
Revu sur le texte inséré dans le Ier Procès de
Canonisation. [204]
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
Annecy, le 27 avril 1616. [204]
_____
et les Papes le comblèrent d'honneurs. Urbain VIII le nomma conseiller et théologien de l'Ordre de Saint-Jean de
Jérusalem et administrateur de la province romaine. Il mourut en 1656, à Naples, où il secondait le Cardinal François
Boncompagni. Tobie Corona était grand ami des lettres et auteur lui-même ; nombre d'historiens ont loué sa science
et son mérite. (D'après Ungarelli, Bibliotheca scriptorum e Congregatione Cler. reg. S. Pauli, Romæ, 1836.)
711 Marguerite de Savoie, fille de Charles-Emmanuel, protectrice de la Visitation. (Voir le tome précédent, note (344),
p. 104.)
712 L'abbé Philibert-Alexandre Scaglia (voir ci-dessus, note (696), p. 197).
713 A la fin de l'année 1613. (Voir le tome précédent, p. 149.)
714 Cette recrudescence de l'épidémie dura un mois, ainsi que l'indique une lettre des syndics de Genève (12 juillet
1616) au seigneur de Monthoux. Ils demandent la liberté de commerce en Savoie parce que Genève était « libre de
pestilence depuis le 17 mai. » (Archives de Giez.)
715 Cf. Is., XXVIII, 19.
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16.4 Page 154

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MCXCVII. A la Sœur de Blonay maitresse des Novices a la
Visitation de Lyon. Parallèle entre la vie selon l'esprit et la vie
selon le sens humain
Annecy, [fin avril ou commencement de mai] 1616 716.
Qu'il est bien raysonnable, ma tres chere Fille, que je vous escrive un peu ; et que je le fay
de bon cœur ! Pleust a Dieu que j'eusse l'esprit necessaire a vostre consolation.
Vivre selon l'esprit, ma bienaymee Fille, c'est penser, parler et operer selon les vertus qui
sont en l'esprit, et non selon les sens et sentimens qui sont en la chair717. De ceux ci il s'en faut
servir, il les faut assujettir, et non pas vivre selon iceux ; mais ces vertus spirituelles, il les faut
servir et leur faire asservir tout le reste.
Mays, que sont ces vertus de l'esprit, ma chere Fille ? C'est la foy, qui nous monstre des
verités toutes relevees au dessus des sens ; l'esperance, qui nous fait aspirer a des biens invisibles
; la charité, qui nous fait aymer Dieu plus que tout et le prochain comme nous mesmes718, d'un
amour non sensuel, non naturel, non interessé, mays d'un amour pur, solide et invariable, qui a son
fondement en Dieu.
Voyes vous, ma Fille, le sens humain appuyé sur la chair fait que maintes fois nous ne nous
abandonnons pas asses entre les mains de Dieu, nous estant advis que, puisque nous ne valons rien,
Dieu ne doit tenir conte [205] de nous, parce que les hommes qui vivent selon la sagesse humaine
mesprisent ceux qui ne sont point utiles ; au contraire, l'esprit appuyé sur la foy s'encourage emmi
les difficultés, parce qu'il sçait bien que Dieu ayme, supporte et secourt les miserables, pourveu
qu'ilz esperent en luy. Le sens humain veut avoir part en tout ce qui se passe, et il s'ayme tant, qu'il
luy est advis que rien n'est bon s'il ne s'en est meslé ; l'esprit, au contraire, s'attache a Dieu et dit
souvent que ce qui n'est pas Dieu ne luy est rien, et comme il prend part aux choses qui luy sont
communiquees, par charité, aussi quitte-il volontier sa part es choses qui luy sont celees, par
abnegation et humilité.
Vivre selon l'esprit, c'est aymer selon l'esprit ; vivre selon la chair, c'est aymer selon la
chair, car l'amour est la vie de l'ame, comme l'ame est la vie du cors. Une Seur est bien douce et
aggreable, je la cheris tendrement ; elle m'ayme bien, elle m'oblige fort, et je l'ayme
reciproquement pour cela : qui ne void que je l'ayme selon les sens et la chair ? car les animaux,
qui n'ont point d'esprit et n'ont que la chair et les sens, ayment leurs bienfaiteurs et ceux qui leur
sont doux et aggreables. Une Seur est rude, aspre, incivile, mays, au partir de la, elle est tres devote
et mesme desireuse de s'adoucir et civiliser ; et je fay tout, non pour playsir que j'aye en elle ni
pour interest quelcomque, mays pour le bon playsir de Dieu ; je la cheris, je l'accoste, je la sers, je
la caresse : cet amour est selon l'esprit, car la chair n'y a point de part.
Je suis719 une pauvre chetifve cadette qui, par ma condition naturelle, suis craintifve,
honteuse et desfiante de moy mesme, et pour cela, je voudrois bien qu'on me laissast vivre selon
cette inclination, a part, parce qu'il faut faire beaucoup de violence a cette honte impertinente que
j'ay et a cette crainte superflue. Qui ne void que ce n'est pas vivre selon l'esprit ? Non certes, ma
chere Fille, car tandis que j'estois encor bien jeune et [206] n'avois pas encor d'esprit je vivois des-
716 Quelques phrases et plusieurs mots supprimés dans l'édition de 1626, et que nous a conservés un ancien manuscrit
gardé à la Visitation de Bourg-en-Bresse, désignent avec certitude Sœur Marie-Aimée de Blonay pour destinataire.
Quant à la date, il semble qu'on puisse la déterminer, non seulement par la comparaison de ces lignes avec les autres
lettres à la jeune Directrice de Lyon, mais encore par la promesse du Saint à la Mère Favre, le 17 avril (voir ci-dessus,
p. 193) : « J'escriray un'autre fois... a ma Seur Marie Aymee. » Peut-être ce message fut-il emporté par M. Michel se
rendant à Lyon au commencement de mai. (Voir la lettre suivante.)
717 Cf. Rom., VIII, 5, 13 ; Galat., V, 16, 17, 25.
718 Matt., XXII, 37-39 ; Luc., X, 27.
719 Phrase inédite (voir la note précédente).
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16.5 Page 155

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ja ainsy ; mais, quoy que selon mon naturel je sois honteuse, craintifve, apprehensifve comme une
taupe, neanmoins je me veux essayer de surmonter ces passions naturelles, et, petit a petit, faire
tout ce qui appartient a la charge que l'obeissance procedante de Dieu m'a imposee. Qui ne void
que c'est vivre selon l'esprit ?
Ma chere Fille, vivre selon l'esprit, c'est faire les actions, dire les paroles et faire les pensees
que l'esprit de Dieu requiert de nous. Et quand je dis faire les pensees, j'entens des pensees
volontaires. Je suis triste, et partant je ne veux pas parler : les charretiers et les perroquetz font
ainsy ; je suis triste, mais puisque la charité requiert que je parle, je le feray : les gens spirituelz
font ainsy. Je suis mesprisee et je m'en fasche : si font bien les paons et les singes ; je suis mesprisee
et je m'en resjouis : les Apostres faisoyent ainsy720. Vivre donq selon l'esprit, c'est faire ce que la
foy, l'esperance et la charité nous enseignent, soit es choses temporelles, soit es choses spirituelles.
Vives donq toute selon l'esprit, ma tres chere Fille, demeures doucement en paix. Soyes
toute asseuree que Dieu vous aydera, reposes vous en toute occurrence entre les bras de sa
misericorde et bonté paternelle. Dieu soit a jamais vostre tout, et moy je suis en luy tout vostre,
vous le sçaves bien.
Monsieur vostre pere721 se porte bien et tout ce qui vous appartient selon le sang ; ainsy en
soit il de ce qui vous appartient selon l'esprit. Amen. [207]
_____
MCXCVIII. A M. Michel Favre722. L' auteur du Traitté de
l'Amour de Dieu réclame humblement l'examen de son ouvrage.
720 Act., V, 41.
721 Claude de Blonay (voir tome XII, note (224), p. 124).
722 Sur la fin de 1608, un jour que François de Sales allait monter à l'autel, un seul de ses aumôniers se trouva présent
pour l'assister. Un tout jeune prêtre était dans l'église ; on le revêtit d'un surplis, et il servit la Messe du saint Prélat.
Celui-ci le pria ensuite de venir dîner à son logis ; il obéit, et, n'osant s'en aller sans l'ordre de l'Evêque, l'Evêque ne
songeant pas à lui donner congé, il demeura ainsi trois jours. Enfin le Bienheureux, charmé de la modestie sacerdotale
de cet ecclésiastique et de la sincérité de son âme, lui fit cette question : « Monsieur Michel, voudries vous bien vous
charger de la conscience d'un Evesque ? » « Il pensa un peu, » raconte la Mère de Chaugy, « et puis repondit aussi
sagement qu'humblement : « Ouy da, Monseigneur, d'un Evesque fait comme vous ; autrement je craindrois le faix. «
Dès ce jour, Michel Favre devint aumônier, et bientôt confesseur et secrétaire de saint François de Sales.
Il était né à Doucy (Savoie), d'Eustache Favre et de Michelette Raffin, et, dès l'âge de dix ans, avait reçu la
tonsure. Sous-diacre le 22 septembre 1607, diacre le 22 décembre suivant, il fut ordonné prêtre par le Saint le 28
septembre 1608. Sa santé avait rendu infructueux un fervent essai chez les Capucins. A ses importantes fonctions
auprès du bienheureux Evêque, il joignit bientôt celles de confesseur des Religieuses de la Visitation, que le Fondateur
ne craignit pas de confier à ce prêtre de vingt-cinq ans, dont la sagesse et la prudence lui étaient connues. M. Michel
se dévoua totalement et avec un désintéressement absolu aux Filles de son très cher Maître et Père. Après la mort de
celui-ci, un vœu spécial l'engagea à ce service ; dette sacrée envers celui qui l'avait honoré de son affection, et dont,
mieux que personne, il avait pu connaître la sainteté éminente. Vivre toujours auprès de François de Sales, c'était une
grâce et un bonheur qui excitèrent souvent une légitime envie. « J'aymerois mieux estre M. Michiel que Royne de
France, » lui disait-on un jour à Grenoble. Lui-même cite cette parole dans sa déposition (ad art. 51) ; et pourtant, il
avoue humblement (ibid.) qu'il était, à cause de son « humeur melancholique, » de « ceux la qui contrarioient le plus
» le Bienheureux. Mais, ajoute-t-il, « je n'avois jamais plus de repos et soulagement que de me voir au pres de luy, luy
parler ou regarder, parce que sa presence dissipoit tous mes ennuys et chagrins. » Il suivit le Saint en divers voyages,
alla de sa part à Rome en 1621, mais n'eut pas la consolation d'assister à sa précieuse mort, accompagnant alors la
Mère de Chantalà Grenoble. Privé de son bien aimé Maître, M. Michel se rendit plus complètement fils spirituel de la
vénérable Fondatrice, et « tira de son humilité une petite regie quil observoit avec une fidelité aussi exacte qu'un
Religieux. » Ce vertueux prêtre n'avait pas quarante-huit ans lorsque, le 25 mars 1633, il expira dans une paix
admirable. Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, qui l'estimait profondément, le pleura « comme pere et comme fils
tout ensemble. » (D'après sa déposition, Process. remiss. Gebenn. (I), passim ; les R. E. et l'Hist. de la Fondation du
1er Mtère de la Visitation d'Annecy, par la Mère de Chaugy.)
Les Approbations du Traitté sont des 20 et 25 mai 1616. Or, il semble que « cette instruction, » écrite « de
sa main » par l'auteur (ancien Ms. de l'Année Sainte), dut être remise à M. Michel au moment de son départ pour
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16.6 Page 156

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Annecy, commencement de mai 1616.
Monsieur Michel, mon Ami,
Vous remettres nos pauvres cahiers aux pieds de [208] Monseigneur l'Archevesque723, s'il
est au lieu et en loysir, et s'il veut s'appliquer a cette lecture ; sinon, vous les remettres entre les
mains de monsieur de Ville, docteur en sainte theologie, deputé pour l'approbation des livres724.
Et par son advis, vous presenteres ces cahiers a monsieur Meschatin la Faye, vicaire general en
l'archevesché de Lion725, et a d'autres Docteurs726 ; car, comme je me connois et suis tres fautif, et
que j'ay peu [209] de loysir pour revoir mes petitz ouvrages, certainement je desire et supplie tres
instamment qu'ilz soyent veus a loysir et charitablement examinés par les doctes serviteurs de
Dieu.
Revu sur le texte inséré dans un ancien Ms. de l'Année Sainte,
conservé à la Visitation d'Annecy.
_____
MCXCIX. A la Mère de Chantal. Un malade qui suivra les
ordonnances de la Mère de Chantal
Annecy, [12 ou 13] mai 1616 727.
Bon soir, ma tres chere Mere. Tenes, voyla des lettres venantes de Lion ; sil y a chose qui
merite, vous m'en feres part.
Je me porte fort bien, ne sentant ni mal ni chose qui le ressemble ; seulement, je me treuve
tellement sans appetit, que n'ayant pris qu'un petit bouillon, je voudrois volontier ne rien prendre
davantage aujourdhuy, me reservant toutefois de faire ce que ma chere Mere voudra, laquelle je
conjure au nom de Dieu, qui sçait bien que je ne mens point, de ne point se mettre en peine de
Lyon, ou le suivre de très près. Supputant le temps du voyage et celui que les « Docteurs » employèrent à examiner le
manuscrit, il reste très vraisemblable d'indiquer le commencement du mois pour date de ces lignes.
723 Denis-Simon de Marquemont, archevêque de Lyon.
724 C'est en effet en cette qualité que « Jehan Claude Deville » donne l'approbation du Traitté de l'Amour de Dieu.
(Voir tome V, p. 349.) Complétons las renseignements de la note (354), p. 90, sur ce vertueux ecclésiastique, en
disant qu'il fut nommé curé de Saint-Michel de Lyon en 1619 ; c'est lui que Charles-Auguste désigne sous ce titre
dans son récit des funérailles de saint François de Sales. L'acte de décès de M. de Ville, consigné aux Registres
paroissiaux de Sainte-Croix, est daté du 15 février 1650 et le qualifie de « premier custode » de cette église, de «
chanoine de Saint-Paul, lieutenant de l'officialité » et « vicaire general substitué. »
725 Vicaire général dès 1612, Thomas de Meschatin La Faye, comte de Lyon, remplit cette charge jusqu'à son décès,
19 août 1636. C'est dire la confiance qu'il inspira aux trois archevêques qui se succédèrent durant ce laps de temps, au
Chapitre de la cathédrale et aux évêques d'Autun, administrateurs de la Régale pendant les vacances du siège de Lyon.
Originaire du Bourbonnais par son père Claude de Meschatin, gentilhomme de la maison du Roi, aussi bien que par
sa mère, Anne de Saint-Hilaire, Thomas était devenu chanoine de Saint-Jean, le 19 octobre 1585 ; ordonné sous-diacre
à Metz le 22 février 1587, il reçut la prêtrise à Lyon le 21 avril 1612. En 1613, il échangeait la dignité de chantre qui
lui avait été conférée en 1604, contre celle de chamarier de son Chapitre. A deux reprises il exerça les fonctions de
recteur de l'Aumône générale, et fut encore conseiller au Parlement des Dombes et prieur de Saint-Pourcain. (D'après
les Notes de M. Beyssac, érudit lyonnais.)
726 Les autres docteurs auxquels le manuscrit du Traitté fut présenté sont : Frère Etienne Carta, de l'Ordre des Carmes,
et Frère Robert Berthelot, Religieux du même Ordre, évêque de Damas et suffragant de Lyon. (Voir tomes V, p. 349,
et XIV, note (1101), p. 384.) Tous deux avaient déjà donné leur approbation à l'édition princeps de l'Introduction à la
Vie divote (voir tome III, p. 11*).
727 Les nouvelles que le Saint donne ici de sa santé indiquent le début de la maladie qu'il souffrit en mai 1616. Le
quantième est déterminé approximativement par les dates des lettres suivantes.
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16.7 Page 157

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moy, car je me sers (sic) le mieux du monde, hors ce reume qui me fait tousser quelquefois728.
Bon soir donq, ma tres chere Mere, a qui je suis certes, comm'elle sçait, tout parfaitement
elle mesme. Vive Jesus ! Amen.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le comte de Roussy de Sales,
à Thorens-Sales (Annecy). [210]
_____
728 Ce qui n'était encore qu'un rhume, devint bientôt une grave indisposition. « Notre très-bon et cher Seigneur se porte
bien, » écrit le 28 mai sainte Jeanne-Françoise à la Mère Favre, « autant toutefois que le peut permettre le mal qu'il a
eu, lequel fut court, mais très dangereux : c'était une grande inflammation de gosier dans lequel on craignait qu'il ne
se format un apostème qui l'eût peut-être étranglé. Vous pouvez penser, ma Fille toute chère, si cela me fut une bonne
mortification en ma solitude. » (Lettres, vol. I, p. 119.)
157/355

16.8 Page 158

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MCC. A Madame de la Fléchère. Un paiement à obtenir.
Comment aider une âme tentée contre sa vocation
Annecy, 15 mai 1616.
Je vous escris sans loysir, seulement pour vous dire, ma tres chere Fille, que j'ay receu vos
lettres. Si vous venés pour toute cette semaine, ou du moins parmy les festes729, je pense que vous
treuveres M. Bonfilz730 ; si moins, il me faudroit envoyer la cedule, et je verrois si je pourrois tirer
le payement que vous desirés731.
Nous parlerons, si vous venes, de la chere fille732. Helas, que je la regrette si elle se laisse
emporter a cette bouffee de tentation ! Mays il ne se faut pas haster, ains il luy faut, sil se peut,
laisser autant rouler dans son ame la tentation avant que de l'advoüer, comme on luy a laissé
ruminer l'inspiration avant que de la recevoir ; et faut en cela user de charité et de dexterité a ne
faire pas semblant de se desfier de sa perseverance. Des plus grans courages que le sien ont esté
esbranlés en pareilles occasions ; je ne treuve nullement estrange cette petite atteinte. Dieu fera
son ouvrage et en fin, avec sa grace, nous le servirons tous un jour fidelement.
Je suis, ma tres chere Fille,
Vostre plus affectionné, plus humble, fidele
serviteur et compere.
XV may 1616.
A Madame
Madame de la Fleschere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. [211]
_____
MCCI. A la Mère de Chantal (Inédite). Le saint Evêque rassure
sa fille spirituelle au sujet de sa santé
Annecy, 14-16 mai 1616 733.
Ma tres chere Mere,
Vous series bien brave si vous esties un peu bien paysible et bien douce sur cette petite
incommodité. Elle consiste toute en ce que j'ay le palais de la bouche fort enflé, et qui me donne
de la douleur quand je crache ou que j'avale. Cela m'a donné la fievre encor ce soir, avec beaucoup
d'inquietude ; mais ce matin je me porte bien de tout le reste, hormis de la bouche, et en somme je
sens perceptiblement que ceci n'est rien et, pour un peu de retraitte, j'en seray quite. Le bouillon
va bien ; je le prendray autant amer qu'on voudra.
729 Les fêtes de la Pentecôte ; le dimanche tombait le 22. Cette fin d'alinéa est inédite ; les clausules de la lettre ont
été également supprimées par Migne.
730 Horace Bonfils (voir ci-dessus, note (683), p. 194).
731 Voir ibid., note (392), p. 196.
732 Gasparde d'Avise. Victorieuse des poursuites du monde, la nièce de Mme de la Fléchère entra au monastère de la
Visitation d'Annecy dans les premiers jours de juillet. (Voir le tome précédent, note (154), p. 40.)
733 Ce billet est daté d'après l'étude comparative des lettres de cette période, des circonstances de la maladie de saint
François de Sales et de la retraite de la Mère de Chantal. (Voir ci-dessus, Lettre MCXCIX, ci-après, note (737), p.
214, et à l'Appendice I, les lettres de la Sainte.)
158/355

16.9 Page 159

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Demeures bien en paix avec Nostre Seigneur, qui seul doit estre le tout de nostre seul734
cœur. Amen.
Revu sur l'Autographe conservé au Grand-Séminaire de Montréal (Canada). [212]
_____
MCCII. A la même (Fragment). L'amour vrai, indépendant de
toutes circonstances et manifestations extérieures. Regarder
et aimer le prochain dans la poitrine du Sauveur
Annecy, [15-17 mai] 1616 735.
……………………………………………………………………………………………………...
Quand sera ce que cet amour naturel du sang, des convenances, des bienseances, des
correspondances, des sympathies, des graces, sera purifié et reduit a la parfaite obeissance de
l'amour tout pur du bon playsir de Dieu ? Quand sera ce que cet amour propre ne desirera plus les
presences, les tesmoignages et significations exterieures, ains demeurera pleinement assouvi de
l'invariable et immuable asseurance que Dieu luy donne de sa perpetuité ? Que peut ajouter la
presence a un amour que Dieu a fait, soustient et maintient ? Quelles marques peut on requerir de
perseverance en une unité que Dieu a creee ? La distance et la presence n'apporteront jamais rien
a la solidité d'un amour que Dieu a luy mesme formé.
736Quand sera ce que nous serons tous destrempés en douceur et suavité envers nostre
prochain ? Quand verrons-nous les ames de nos prochains dans la sacree poitrine du Sauveur ?
Helas ! qui regarde le prochain hors [213] de la, il court fortune de ne l'aymer ni purement, ni
constamment, ni esgalement ; mays la, mays en ce lieu la, qui ne l'aymeroit ? qui ne le supporteroit
? qui ne souffriroit ses imperfections ? qui le treuveroit de mauvaise grace ? qui le treuveroit
ennuyeux ? Or, il y est ce prochain, ma tres chere Fille, il y est dans le sein et dans la poitrine du
divin Sauveur ; il y est comme tres aymé et tant aymable, que l'Amant meurt d'amour pour luy,
Amant duquel l'amour est en sa mort et la mort en son amour.
……………………………………………………………………………………………………...
734 L'Autographe ne porte ici que la lettre s ; nul doute qu'elle ne représente le mot seul, dont la répétition est tout à
fait selon le style du Saint.
735 Cette lettre, ou plutôt ce fragment, a été publié pour la première fois par le P. de la Rivière (Vie, etc., 1625, liv. IV,
chap. VI, p. 381). Avant de le citer : « Finissons ce discours, » dit-il, « mettant en avant un beau traict » que le
Bienheureux « manda dans un billet, il y a environ huict ans, à une sienne fille de cœur, » etc. Il fixe ainsi la date (son
livre fut composé en 1624) et la destinataire. La Mère de Chantal, dans sa déposition (Process. remiss. Gebenn. (I),
ad art. 27), insère en effet le second alinéa comme lui étant personnellement adressé.
Nous complétons la date en ajoutant à 1616 : 15-17 mai. Ces lignes ne seraient-elles pas un prélude aux lettres
écrites à sainte Jeanne-Françoise, pendant la grande retraite où Dieu la fit entrer dans une voie de dépouillement absolu
? Tout porte à le croire. (Voir les lettres suivantes.)
736 Cet alinéa et la première phrase de ce fragment ont été interpolés dans l'Entretien de la Simplicité, avec des
modifications notables. (Voir tome VI, p. 219.)
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16.10 Page 160

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MCCIII. A la même. Dépouillement intérieur auquel le Saint
exhorte la Mère de Chantal. Admirables renoncements
Annecy, 18 mai 1616 737.
Ma tres chere Mere,
Je sçai bien qu'il me faudra demeurer encor aujourd'huy738 en solitude et silence, et peut
estre demain : si cela est, je prepareray mon ame, comme la vostre, ainsy que je vous dis.
739Je veux bien que vous continuies l'exercice du despouillement de vous mesme, vous
laissant a Nostre Seigneur et a moy. Mais, ma tres chere Mere, entrejettés, [214] je vous prie,
quelques actions de vostre part, par maniere d'oraysons jaculatoires, en approbation du
despouillement, comme par exemple : Je le veux bien, Seigneur, tirés, tirés hardiment tout ce qui
revest mon cœur. O Seigneur, non, je n'excepte rien, arrachés moy a moy mesme. O moy mesme,
je te quitte pour jamais, jusques a ce que mon Seigneur me commande de te reprendre. Cela doit
estre fortement, mays doucement entrejetté.
Encor ne faut il pas, s'il vous plaist, ma tres chere Mere, prendre aucune nourrice ; ains,
comme vous voyes, il faut quitter celle que neanmoins vous aures, et demeurer comme une pauvre
petite chetifve creature devant le throsne de la misericorde de Dieu ; et demeurer toute nue, sans
demander jamais ni action ni affection quelcomque pour la creature, et neanmoins vous rendre
indifferente a toutes celles qu'il luy plaira vous ordonner, sans vous amuser a considerer que ce
sera moy qui vous serviray de nourrice ; car, comme vous voyes, si vous prenies une nourrice a
vostre gré, vous ne sortiries pas de vous mesme, ains auries tous-jours vostre conte, qui est
neanmoins ce qu'il faut fuir sur toutes choses.
Ces renoncemens sont admirables : de sa propre estime, mesme de ce que l'on estoit selon
le monde (qui n'estoit en verité rien, sinon en comparayson des miserables), de sa propre volonté,
sa complaysance en toutes creatures et en l'amour naturel, et en somme tout soy mesme, qu'il faut
ensevelir dans un eternel abandonnement, pour ne le voir ni sçavoir plus comme nous l'avons veu
et sceu, ains seulement quand Dieu le nous ordonnera et selon qu'il le nous ordonnera. Escrivés
moy comme vous treuveres bonne cette leçon740.
Dieu me veuille a jamais posseder. Amen. Car je suis sien ici et la, ou je suis en vous,
comme vous sçaves, tres parfaitement ; car vous m'estes indivisible, hormis en l'exercice et
prattique du renoncement de tout nous mesmes pour Dieu. [215]
_____
737 Depuis Hérissant (1758), les éditeurs ont daté les quatre lettres suivantes du mois d'août 1619. Cette erreur a été
réfutée dans le Ier volume des Lettres de sainte Jeanne-Françoise de Chantal, note (1), p. 109. Les quelques lignes
adressées à la Mère Favre, citées ci-dessus, note (728), p. 210, suffisent, par leur propre date, à dissiper tous les doutes.
C'est en 1616, et pendant la semaine préparatoire à la Pentecôte, que la Fondatrice fit une retraite et que François de
Sales fut malade.
738 La Pentecôte tombant le 22 mai, « aujourd'huy », 18, était donc le mercredi.
739 Les trois alinéas suivants sont donnés d'après le texte inséré dans un ancien recueil manuscrit conservé dans les
Archives de la Visitation d'Annecy, le même dont il est fait mention au tome XIV, note (298), p. 103.
740 Voir à l'Appendice I la réponse de la Mère de Chantal.
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17.1 Page 161

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MCCIV. A la même. Bonheur de la possession de Jésus seul par
le dénuement total du créé
Annecy, 19 mai 1616.
O Jesus, que de benediction et de consolation a mon ame de sçavoir ma Mere toute desnuee
devant Dieu ! Il y a long tems que j'ay une suavité nompareille quand j'oys chanter ce respons741 :
Nu je suis sorty du ventre de ma mere, et nu je retourneray la. Le Seigneur me l'a donné, le
Seigneur me l'a oste : le nom du Seigneur soit beni742.
Quel contentement a saint Joseph et a la glorieuse Vierge allant en Egypte, lhors qu'en la
pluspart du chemin ilz ne voyoient chose quelcomque sinon le doux Jesus ! C'est la fin de la
Transfiguration, ma tres chere Mere, de ne voir plus ni Moyse, ni Elie, ains le seul Jesus743. C'est
la gloire de la sacree Sulamite de pouvoir estre seule avec son seul Roy, pour luy dire : Mon
Bienaymé est a moy, et moy je suis a luy744. Il faut donq demeurer a jamais toute nue, ma tres chere
Mere, quant a l'affection, bien qu'en effect nous nous revestions ; car il faut avoir nostre affection
si simplement et absolument unie a Dieu, que rien ne s'attache a nous. O que bienheureux fut
Joseph l'ancien, qui n'avoit ni boutonné ni aggrafé sa robbe, de sorte que, quand on le voulut
attraper par icelle, il la lascha en un moment745.
J'admire avec suavité le Sauveur de nos ames, sorti nu du ventre et du sein de sa Mere et
mourant nu sur la croix, puis tout nu remis dans le giron de sa Mere pour [216] estre enseveli.
J'admire la glorieuse Mere qui naquit nue de maternité et fut desnuee de cette maternité au pied de
la croix, et pouvoit bien dire : Nue j'estois de mon plus grand bonheur quand mon Filz vint en mes
entrailles, et nue je suis quand, mort, je le reçoy dans mon sein. Le Seigneur me l'a donné, le
Seigneur me l'a osté : le nom du Seigneur soit beni746.
Je vous dis donq, ma chere Mere : que beni soit le Seigneur qui vous a despouillee ! O que
mon cœur est content de vous sçavoir en cet estat si desirable ! et je vous dis comme il fut dit a
Isaïe747 : Marchés et prophetisés toute nue ces troys jours748. Perseverés, en cette nudité, de
demeurer aupres de Nostre Seigneur ; il n'est plus besoin que vous facies des actes, s'il ne vous
vient au cœur, ains que seulement vous chanties, si vous pouves, doucement le cantique de vostre
nudité : Nue je suis nee du ventre de ma mere749, et ce qui s'ensuit. Ne faites plus aucun effort ;
mais, fondee sur la resolution d'hier750, allés, ma tres chere Fille, et oyés, et inclines vostre aureille
; oubliés toute la peuplade des autres affections, et la mayson de vostre pere, car le Roy a convoité
vostre nudité et simplicité751. Demeurés en repos la, en esprit de tres simple confiance, sans
seulement regarder ou sont vos vestemens ; je dis, regarder avec attention ou soin quelcomque.
Bon jour, ma tres chere Mere. VIVE JESUS, desnué de pere et de mere sur la croix ; vive
sa tressainte nudité ! VIVE MARIE, desnuee de filz au pied de la croix !
Faites doucement les insensibles acquiescemens de vostre nudité ; ne faites plus d'effortz,
741 De Exequiis, Responsor. II 1.
1 Rituale Sacramentorum ad præscriptum Sanctæ Romanæ Ecclesiæ, jussu Reverendissimi Patris Francisci de Sales,
Episcopi et Principis Gebennensis, editum. In quo non tantum ritus, sei etiam canones ac regulæ Sacramentorum rité
administrandorum, aliaque plurima documenta ad munus pastorale recté obeundum, continentur. Lugduni, apud
Joannem Charvet, 1612. (Cf. tome XV, note (663), p. 228.)
742 Job, I, 21.
743 Matt., XVII, 8.
744 Cant., II, 16.
745 Gen., XXXIX, 12.
746 Ubi pag. præced.
747 Cap. XX, 2, 3.
748 On était au jeudi, et la Sainte devait terminer sa retraite trois jours après, c'est-à-dire à la fête de la Pentecôte.
749 Vide pag. præced.
750 Ce fut le mercredi, 18 mai, que la Mère de Chantal, ainsi qu'elle le consigne dans son « petit livret, » fit entre les
mains de Dieu, l'entier dépouillement de tout elle-même. (Cf. la lettre précédente.)
751 Ps. XLIV, 11, 12.
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17.2 Page 162

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soulagés vostre cors suavement. VIVE JESUS ! Amen.
_____
FRANÇS, E. de Geneve. [217]
MCCV. A la même. Vouloir les vertus selon que Dieu les veut
de nous. Se reposer en Notre-Seigneur ; en lui, oublier toutes
choses. L'intime du cœur du saint Evêque
Annecy, 21 mai752 1616.
Tout cela va fort bien, ma tres chere Mere. C'est la verité, il faut demeurer en cette sainte
nudité jusques a ce que Dieu vous reveste. Demeures la, dit Nostre Seigneur a ses Apostres, jusques
a ce que d'en haut vous soyes revestus de vertu753. Vostre solitude ne doit point estre interrompue
jusques a demain apres la Messe.
Ma tres chere Mere, il est vray, vostre imagination a tort de vous representer que vous
n'aves pas osté et quitté le soin de vous mesme et l'affection aux choses spirituelles ; car n'aves
vous pas tout quitté et tout oublié ? Dites ce soir que vous renonces a toutes les vertus, n'en voulant
qu'a mesure que Dieu vous les donnera, ni ne voulant avoir aucun soin de les acquerir qu'a mesure
que sa Bonté vous employera a cela pour son bon playsir.
Nostre Seigneur vous ayme, ma Mere ; il vous veut toute sienne. N'ayes plus d'autres bras
pour vous porter que les siens, ni d'autre sein pour vous reposer que le sien et sa providence ;
n'estendes vostre veuë ailleurs et n'arrestes vostre esprit qu'en luy seul ; tenes vostre volonté si
simplement unie a la sienne754 en tout ce qu'il luy plaira faire de vous, en vous, par vous et pour
vous, et en toutes choses qui sont hors de vous, que rien ne soit entre deux. Ne penses plus ni a
l'amitié ni a l'unité que Dieu a faite entre nous, ni a vos enfans, ni a vostre cors, ni a vostre ame,
en fin a chose quelcomque ; car [218] vous aves tout remis a Dieu. Revestes vous de Nostre
Seigneur crucifié755, aymes le en ses souffrances, faites des oraysons jaculatoires la dessus. Ce
qu'il faut que vous facies, ne le faites plus parce que c'est vostre inclination, mais purement parce
que c'est la volonté de Dieu.
Je me porte fort bien, graces a Dieu. Ce matin j'ay fait commencement a ma reveuë756, que
j'acheveray demain. Je sens insensiblement au fond de mon cœur une nouvelle confiance de mieux
servir Dieu en sainteté et justice tous les jours757 de ma vie ; et si, je me treuve aussi nu, graces a
Celuy qui est mort nu pour nous faire entreprendre de vivre nus. O ma Mere, qu'Adam et Eve
estoyent heureux tandis qu'ilz n'eurent point d'habitz !
Vivés toute heureusement paysible, ma tres chere Mere, et soyes revestue de Jesus Christ
Nostre Seigneur. Amen.
FRANÇS, E. de Geneve.
752 Voir à l'Appendice I la lettre de la Mère de Chantal à laquelle le Saint répond par celle-ci, qui paraît avoir été écrite
dans la matinée du samedi, 21, et la suivante le soir.
753 Luc., ult., 49.
754 Ce membre de phrase, jusqu'à « hors de vous, » omis dans l'édition princeps, est restitué d'après les « papiers
intimes » de la Sainte. (Cf. Sainte J.-F. Frémyot de Chantal, sa Vie et ses Œuvres, Paris, Plon, 1875, tome II, p. 62.)
755 Rom., XIII, ult.
756 La revue de sa conscience. Saint François de Sales faisait aussi sa retraite annuelle.
757 Luc., I, 74, 75.
162/355

17.3 Page 163

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MCCVI. A la même. Les enfants portés entre les bras de Dieu.
Souverain degré de la pureté de l'amour
Annecy, 21 mai 1616.
Je n'escris pas, non, car apres le repas cela ne se doit pas, ma tres chere Mere ; mais je vous
donne tres affectionnement le bon soir, priant Dieu que, vous ayant reduit a l'amiable tressainte
pureté et nudité des enfans, il vous prenne meshuy entre ses bras comme saint Martial758, pour
vous porter a son gré a l'extreme perfection de son amour759. Et prenés courage, car s'il vous a
[219] desnuee des consolations et sentimens de sa presence, c'est affin que sa presence mesme ne
tienne plus vostre cœur, mays luy et son playsir ; comme il fit a celle qui, le voulant embrasser et
se tenir a ses pieds, fut renvoyee ailleurs : Ne me touche point, luy dit il, mais va, dis le a Simon
et a mes freres760. Or sus, nous en parlerons. Bienheureux sont les nus, car Nostre Seigneur les
revestira.
Cette Bonté ne veuille plus permettre que j'aye si peu de sainteté en une profession et en
un aage ou j'en devrois tant avoir. Ma Mere, vivés toute gaye devant Dieu, et le benisses avec moy
es siecles des siecles. Ainsy soit il.
FRANCS, E. de Geneve.
_____
758 Plusieurs fois déjà, François de Sales nous a rappelé dans ses écrits la tradition qui désigne saint Martial comme
l'heureux enfant caressé par Notre-Seigneur. Voir en particulier ce qu'il en dit au Traitté de l'Amour de Dieu, liv. I,
chap. IX, liv. VII, chap. II, et dans un Sermon, tome IX, p. 473.
759 Jusqu'ici, le texte est pris sur un fragment autographe conservé à la Visitation d'Annecy ; les deux premières lignes
sont inédites.
760 Joan., XX, 17.
163/355

17.4 Page 164

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MCCVII. A Madame Louise de Ballon Religieuse de l'abbaye
de Sainte-Catherine761. Pourquoi Dieu nous fait attendre la
délivrance de nos imperfections. Petit exposé doctrinal sur
l'Eucharistie. Les Anges et le Saint-Sacrement.
Annecy, Fête-Dieu [fin mai-juin 1613-1616.]
Vostre cœur sera pur, ma chere petite Fille, puisque vostre intention est pure, et les pensees
vaines qui vous [220] surprennent ne le sçauroyent souiller en sorte quelcomque. Demeures en
paix et supportes doucement vos petites miseres. Vous estes a Dieu sans reserve, il vous conduira
bien. Que s'il ne vous delivre pas si tost de vos imperfections, c'est pour vous en delivrer plus
utilement et vous exercer plus longuement en l'humilité, affin que vous soyes bien enracinee en
cette chere vertu.
Qui reçoit la tressainte Communion, il reçoit Jesus Christ vivant : c'est pourquoy son cors,
son ame et sa divinité sont en ce divin Sacrement ; et d'autant que sa divinité est celle la mesme
du Pere et du Saint Esprit, qui ne sont qu'un seul Dieu avec luy, qui reçoit la tressainte Eucharistie
reçoit le cors du Filz de Dieu et, par consequent, son sang et son ame, et par consequent, la
tressainte Trinité. Mays neanmoins, ce divin Sacrement est principalement institué affin que nous
receussions le cors et le sang de nostre Sauveur, avec sa vie vivifiante : comme les habillemens
couvrent principalement le cors de l'homme, mais parce que l'ame est unie au cors, ilz couvrent
par consequent l'ame, l'entendement, la memoire et la volonté. Alles bien simplement en cette
croyance, et salues souvent le cœur de ce divin Sauveur qui, pour nous tesmoigner son amour, s'est
voulu couvrir des apparences de pain, affin de demeurer tres familierement et tres intimement en
nous et pres de nostre cœur.
Voyons bien en esprit les saintz Anges qui environnent ce tressaint Sacrement pour
l'adorer, et en cette sainte [221] octave762 respandent plus abondamment des inspirations sacrees
sur ceux qui, avec humilité, reverence et amour, s'en approchent. Ma chere Fille, ces divins Espritz
vous apprendront comme vous feres pour bien celebrer ces jours solemnelz, et sur tout l'amour
interieur qui vous fera connoistre combien est grand l'amour de nostre Dieu qui, pour se rendre
plus nostre, a voulu se donner en viande pour la santé spirituelle de nos cœurs, affin que, les
nourrissant, ilz fussent plus parfaitz.
FRANÇS, E. de Geneve.
761 D'après les éditeurs de 1626, cette lettre fut adressée à une Religieuse de Saint Bernard. On peut indiquer en toute
assurance Sœur Louise de Ballon ; l'appellation « ma chere petite Fille » rappelle la manière affectueuse dont François
de Sales la désigne toujours en écrivant à Sœur Bernarde de Vignod, Religieuse de la même abbaye. — Quant à la
date, il est fort difficile de la préciser. Des indices sérieux permettent de supposer ces lignes antérieures à la retraite
que fit la Sœur de Ballon en juin 1617, à la Visitation. D'autre part, ce fut en 1608 que la jeune Cistercienne se plaça
sous la conduite de l'Evêque de Genève ; mais le Saint ne semble pas parler ici à une débutante dans la vie intérieure,
c'est pourquoi on exclut 1609-1612.
Louise-Blanche-Thérèse de Ballon, fille de Charles-Emmanuel Perrucard de Ballon et de Jeanne de Chevron-
Villette (cf. tome XIV, note (388), p. 129), naquit au château de Vanchy le 5 juin 1591. Prévenue dès l'enfance de
grâces insignes, entrée à sept ans dans l'abbaye cistercienne de Sainte-Catherine (voir tome XIII, note (334), p. 116),
professe neuf ans plus tard, elle puisa dans ses relations avec sainte Jeanne de Chantal et ses Filles, et surtout dans la
direction de saint François de Sales, son parent, l'idée et les premiers désirs d'une vie plus parfaite. Quatre autres de
ses compagnes embrassèrent son généreux dessein, mais le petit groupe, malgré sa ferveur, ne put entraîner le reste
de la Communauté ; il dut quitter Sainte-Catherine et vint s'installer à Rumilly, le 8 septembre 1622. Tels furent, sous
les auspices des deux Fondateurs de la Visitation, les débuts de la Congrégation des Bernardines réformées. Mais c'est
la Sœur Louise de Ballon qui en fut l'âme et qui réussit à l'établir en Savoie et en France, où, de son vivant, l'Institut
compta de nombreuses Maisons. La vénérable Mère mourut saintement à Seyssel, dans un monastère de son Ordre
(14 décembre 1668). Ses rares vertus, ses grandes épreuves, ses travaux lui assurent une place, et non la dernière,
parmi les illustres réformatrices du XVIIe siècle. (Voir Grossi, La Vie de la Vile Mere de Ballon, Annecy, Fontaine,
1695.)
762 L'octave de la Fête-Dieu.
164/355

17.5 Page 165

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_____
MCCVIII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon.
Tendre au même but, sans vouloir « faire tout ce que les autres
font. » Se conduire selon la Règle, la grâce, l'obéissance
Annecy, juin 1616 763.
Ma tres chere grande Fille,
Selon mon advis, il n'y aura point d'inconvenient de laisser communier cette bonne Seur ;
ains il faut, s'il est possible, arracher aux Seurs de la Congregation cette imperfection ordinaire
aux femmes et filles, de la vaine et jalouse imitation. Il les faut affermir, s'il est possible, a ne
vouloir pas toutes faire tout ce que les autres font, ains seulement a vouloir tout ce que les autres
veulent : c'est a dire, a ne faire pas toutes les mesmes exercices, fors ceux de la Regie, ains que
chacune marche selon le [222] don de Dieu764 ; mais que toutes ayent cette unique et simple
pretention de servir a Dieu, ayant ainsy toutes une mesme volonté, une mesme entreprise, un
mesme projet, avec une grande resignation d'y parvenir une chacune selon les moyens que la
Superieure et le Pere spirituel jugeront expediens. En sorte que celles qui communient plus souvent
n'estiment pas moins les autres qu'elles, puisqu'on s'approche maintes fois plus pres de Nostre
Seigneur en s'en retirant avec humilité, qu'en s'en approchant selon nostre goust propre ; et celles
qui ne communient pas si souvent, ne se laissent point emporter en la vaine emulation. Il est vray
qu'il ne faut pas permettre que la Regie soit outrepassee, sinon rarement, et pour des sujetz pareilz
a celuy cy.
Ma tres chere Fille, que nous serons heureux si nous sommes fideles ! Man ame salue
cordialement vostre esprit, que Dieu benisse de sa tressainte main. Amen.
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
763 La permission accordée par le saint Evêque à la Sœur Jeanne-Marie Coton de communier tous les jours, fixe cette
lettre aux premières semaines du noviciat de Mme d'Aix. (Voir ci-après, note (803), p. 232.) Sur une question si
importante, la Mère Favre dut consulter au plus tôt le Fondateur, sans attendre pour cela le voyage qu'elle fit en Savoie
au mois de juillet.
764 I Cor., VII, 7.
165/355

17.6 Page 166

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MCCIX. A Madame de la Fléchère. Multiples démarches du
Saint pour les affaires de sa fille spirituelle. Encore Mme du
Châtelard et sa vocation. Paternelles excuses
Annecy, 11 juin 1616.
Ma tres chere Fille,
J'ay bien receu toutes vos lettres, et eusse respondu si ceux qui les ont apportees m'en
eussent donné la commodité. J'ay parlé a M. de la Roche765, mais il partit tost apres, sans pouvoir
voir M. de Monregard766. Je m'asseure que M. Flocard767 vous fera response. [223]
Voyla le monitoire que vous desiries. Je parleray a M. Bonfelz768 quand il viendra. J'ay
escrit un billet a la dame Ennemonde769 ; je verray si on pourroit loger son filz770.
Mme du Chastelard est a la Visitation, qui proteste grandement de n'avoir jamais eu un seul
brin de pensee contraire a la sainte inspiration qu'elle avoit eue et laquelle elle sent plus forte que
jamais771 ; et vrayement, c'est une bonne ame qui est en une bonne voye. Elle attend monsieur de
Mont Saint Jean772 pour prendre le tems de sa retraitte, et cependant elle sera icy encor quelques
jours.
J'escris un billet sur le sujet de la chere fille773, et m'en vay ce mesme matin a Sainte
Catherine774. Ma tres chere Fille, il faut bien supporter le Pere qui ne fait pas trop bien son devoir
paternel, quoy qu'il aye un cœur non pareil pour sa tres chere fille, a laquelle il souhaite toutes
saintes benedictions.
Je m'asseure que nostre Mere775 vous escrira qu'il faut faire traitter Charles776 par les
medecins, affin que l'enfleure de son ventre ne prenne pas suite ; pour le reste, il se porte bien.
11 juin 1616.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à la Visitation d'Annecy. [224]
_____
765 Sans doute Jean Joly, seigneur de la Roche et d'Alery (voir tome XIII, note (977), p. 364).
766 François Cristan, seigneur de Montregard, mentionné ci-dessus, p. 195.
767 Le collatéral Barthélemy Floccard, destinataire plus loin.
768 Horace Bonfils (voir ci-dessus, p. 194, note (683), et p. 196).
769 Mme de Bressieu, sœur de la destinataire (voir ibid., note (660), p. 189). Le billet dont parle le Saint ne nous est pas
parvenu.
770 Probablement le fils aîné, Nicolas Roero de Bressieu, qui donnait bien des sollicitudes à sa mère. (Voir ibid., note
(381), p. 98.)
771 Voir ci-dessus, note (383), p. 99, et cf. p. 164.
772 Jean-Claude de Clermont Mont-Saint-Jean, qu'Anne de Montfalcon, mère de Jacqueline de Chauvirey, avait épousé
en secondes noces. Il sera destinataire plus tard.
773 Gasparde d'Avise. (Voir la lettre suivante.)
774 A l'abbaye cistercienne de Sainte-Catherine, tout près d'Annecy. (Voir tome XIII, note (334), p. 116.)
775 La Mère de Chantal.
776 Charles de la Fléchère, étudiant au collège d'Annecy.
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17.7 Page 167

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MCCX. A la même. L'esprit humain en face da la tentation.
Danger de retarder l'exécution des bons désirs. Compassion
affectueuse de François de Sales pour un courage défaillant ; ses
espérances
Annecy, 11 juin777 1616.
Quant a la chere fille778, je ne m'en metz pas fort en peine, quoy que je luy desire fort le
bonheur auquel elle a esté appellee ; car d'un costé, j'espere que Dieu luy redonnera le courage
necessaire a l'execution de son inspiration, n'estant pas grande merveille que son ame se soit un
peu ralentie parmi les tracas que les mondains luy ont donné, et qu'elle se soit ressentie de la
commune condition de l'esprit humain, sujet a la tentation de varier et chanceler lhors quil donne
loysir a l'ennemi de l'attaquer ; et d'autre part, sil arrivoit que la tentation l'emportast, j'espere
qu'elle ne l'emporteroit jamais du tout hors de la resolution qu'ell'a faite de servir fort
affectueusement Dieu. Et en ce cas, bien que je serois tous-jours marri de la voir un peu ravalee
de son plus parfait dessein, si est ce que je ne laisserois pas de l'aymer tres cherement, et il me sera
toute ma vie impossible de m'empescher de l'affectionner parfaitement en Nostre Seigneur.
Mays, comme je vous dis779, si les plus fortz espritz, lhors qu'ilz different beaucoup
l'execution de leurs bonnes resolutions, sont tentés de les quiter, il ne faut pas s'estonner que cette
chere fille ayt esté touchee de cette attaque, a laquelle j'ay neanmoins bonne esperance qu'elle ne
cedera pas enfin ; ains, ayant un peu repris haleyne, elle viendra plus forte, plus resolue et plus
ardente que jamais. Salues-la, si vous le treuves bon, de ma part, quand vous la verres ou luy
escrires. [225]
Vives cependant toute a Dieu pour le louer a toute eternité, ma tres chere Fille. Amen.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MCCXI. A Madame Colin780 (Inédite). Remerciements pour un
beau présent.
Annecy, 13 juin 1016.
Madamoyselle,
Je vous remercie bien humblement de la souvenance que vous aves de moy, tesmoignee
par vostre lettre et vostre beau present, lequel certes, estant de prix, j'ay disputé en mon esprit si je
devois l'accepter ; et ne l'eusse nullement fait, si ce n'eut esté de peur de contrister vostre charité,
laquelle neanmoins en cela je treuve excessive et vous supplie de la moderer, au moins envers
moy, qui, au demeurant, vous porteray a jamais dedans mon esprit pour vous souhaiter le comble
de toutes benedictions, et a tout ce que vous cherisses le plus.
777 Ce billet est certainement celui qu'annonce le Saint dans la lettre précédente ; il est donc de la même date.
778 Gâsparde d'Avise.
779 Cf. ci-dessus, Lettre MCC à la même, p. 211.
780 Isabeau Daniel, veuve Colin (voir le tome précédent, note (779), p. 241). Le feuillet sur lequel se trouvait l'adresse
a été détaché. Celle qui est imitée sur le taffetas collé au verso de l'Autographe porle Coim ; nous croyons cependant
qu'il faut lire Colin. L'erreur a pu facilement se produire, pour peu que la tète de la lettre l ait été oblitérée, ainsi qu'on
peut s'en convaincre en examinant ce même nom écrit de la main du Saint.
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Vives toute a Nostre Seigneur, ma chere Fille, et me croyes en luy,
Vostre humble, tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XIII juin 1616, Annessi.
A Madamoyselle
Madamoyselle Colin.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le chanoine Collonge,
aumônier de la Visitation de Chambéry. [226]
_____
MCCXII. A Madame de la Fléchère (Inédite). Une rencontre qui
ne serait pas à propos. Différentes nouvelles
Annecy, 25 juin 1616.
Ma tres chere Fille,
Je ne pense pas quil fust a propos de faire cette premiere veuë ainsy courtement781, outre
que ces filles782 ne font quasi que de partir d'icy, ou elles ont demeuré 15 jours, et chacun voudroit
sçavoir le pourquoy de leur retour ; et puisque vous reviendres icy bien tost, nous en parlerons
avec la Mere783, et on verra ce qui sera plus expedient.
J'ay esté, de vray, entre sain et malade quelques jours, mais je n'ay pourtant eu qu'un acces
de fievre. Je seray bien ayse d'accommoder ces deux parties dont vous m'escrives, mais je ne puis
les faire venir s'il n'y a requeste de l'une des parties, ou de toutes deux, pour cela.
Vives tous-jours toute a Nostre Seigneur, ma tres chere Fille, et me recommandes souvent
a sa misericorde et bonté. Je suis inviolablement vostre.
J'escrivis a M. Cochet784, et a madame la Comtesse785 [227] aussi, pour la petite seur
Gavent786, mais la responce n'est qu'une remise.
Je suis a jamais vostre, ma tres chere Fille. Amen.
XXIIIII juin 1616, Annessi.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin.
_____
781 Mme de la Fléchère caressait le projet d'une alliance entre Prosper d'Avise, son neveu, et Françoise de Chantal.
(Voir ci-après, les Lettres MCCXV, MCCXVI.)
782 Sans doute la baronne de Thorens et Mlle de Chantal qui devait être, à cette date, auprès de sa sœur.
783 La Mère de Chantal.
784 Le 22 juillet 1609, nous trouvons, remplissant à Rumilly l'office de parrain, Antoine Cochet, avocat au Sénat de
Savoie. (Reg. par.) C'est lui très probablement que le Saint désigne ici. Il épousa Jeanne Rosset, et mourut après 1641,
car son nom figure encore à cette date au registre des Entrées du Sénat.
785 Philiberte de Beaufort, comtesse de Tournon.
786 Mlle Gavens, dont il est parlé dans la lettre du 20 juin 1615. (Voir ci-dessus, note (75), p. 10.)
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MCCXIII. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Envoi de la
Préface et de l'Oraison dédicatoire du Traitté de l'Amour de
Dieu
Annecy, vers le 27 juin 1616 787.
Voyla la Preface et le projet de l'Orayson : voyes la et me la renvoyes ; que je l'aye a un'
heure et demi pour le plus tard, affin que je la face transcrire. Escrives moy vostre petit sentiment.
Dieu vous benisse, ma tres chere Mere. Amen.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. l'abbé Sérioh, curé de Saint-Vit (Doubs). [228]
_____
MCCXIV. A la même. Un aumônier qui sera « bravement »
remplacé par « un pauvre Evesque »
Annecy, [mai-juillet 1616 788.]
Penses, ma bien chere Mere, si je fus hier bien mortifié que n'eu pas seulement le loysir de
vous envoyer un petit bon soir. Du moins, bonjour pour ce matin, ma tres chere Mere, et je vous
demande si vous pourres avoir un P. Barnabite, car M. Roland est a conter de l'argent789. Que sil
ne se peut bonnement, renvoyes moy, et je vous prouvoyeray bravement, et, tout au fin pis, ce sera
d'un pauvre Evesque que vous aymes comme vous mesme ; aussi est il en tout, vostre.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Alzano (Italie).
_____
787 La Préface du Traitté de l'Amour de Dieu est datée du 29 juin ; d'après la lettre du 8 juillet (voir ci-après, p. 234),
elle devait partir pour Lyon « la veille de saint Pierre. » C'est donc au plus tard le 27 que le saint auteur consulte la
Mère de Chantal, avant de faire « transcrire » son manuscrit.
788 C'était M. Michel Favre qui célébrait ordinairement la Messe à la Visitation ; ce billet, où nulle mention de lui n'est
faite, fut donc écrit pendant une de ses absences. Or, la seule qui coïncide avec la présence des deux Saints à Annecy
est son séjour à Lyon de mai à juillet 1616. (Voir ci-dessus, note (722), p. 208.)
789 Le chanoine Georges Rolland était économe de la maison épiscopale. (Voir tomes XI, note (273), p. 117, et XVI,
note (437), p. 141.)
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MCCXV. A Madame de la Fléchère. Affaires et nouvelles.
Une prétendante pour le monde et une prétendante pour le
cloître
Annecy, commencement de juillet 1616 790.
Vous n'aures pas si tost monsieur de Charmoysi791, ma tres chere Fille, car il est si galleux
et plein de foroncles [229] quil ne peut bouger. Or, Dieu vous aydera en tout, sans doute, puisque
vous aves toute vostre confiance en luy.
M. Bonfilz792 est a Chamberi. Le P. Commissaire793 vous escrit la ci jointe par laquelle
vous verres ce quil desire.
Je croy bien quil se pourra faire que Mlle de Chantal vienne quand on vestira Mlle d'Avise794,
et seroit a propos de faire la veue795 ; mays je n'ay point veue (sic) nostre Mere796 despuis vostre
depart qu'une seule fois a la Messe, et je luy parleray et vous advertiray asses a tems. Elle fait prou,
la pauvre chere niece, et je croy qu'on l'a mis des hier a l'essay pour commencer tous les exercices.
Je ne receu qu'hier bien tard vostre lettre et celle de monsieur de Mont Saint Jean797, et des-
ja l'autre jour que nostre Mere me le fit sçavoir, je luy escrivis en un billet ce quil me sembloit
estre a propos de respondre, et je croy qu'elle vous l'aura communiqué.
Je vous escris par cette mauvaise commodité qui me presse sans merci. Dieu soit a jamais
au milieu de vostre cœur, ma tres chere Fille.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy. [230]
_____
790 L'entrée au noviciat de Mlle d'Avise, qui eut lieu les premiers jours de juillet 1616, détermine la date de cette lettre.
791 Il était alors à Annecy.
792 Horace Bonfils, trésorier général du Genevois. (Voir ci-dessus, pp. 194, 196, 224.)
793 Le P. François de Chambéry, commissaire général de la Province des Capucins de Savoie. (Voir tome XI, note
(419), p. 179, et cf. tome XVI, note (712), p. 220.)
794 Elle prit l'habit religieux le 8 septembre suivant.
795 L'entrevue de Mlle de Chantal avec Prosper d'Avise qui prétendait à son alliance. (Voir ci-dessus, Lettre MCCXII.)
796 La Mère de Chantal.
797 Jean-Claude de Clermont Mont-Saint-Jean (cf. ci-dessus, note (772), p. 224).
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18.1 Page 171

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MCCXVI. A la Mère de Chantal (Inédite). Le « petit
empressement il de Mme de la Fléchère. Une visiteuse qu'il
faudra bien accueillir
Annecy, commencement de juillet 1616 798.
Ma tres chere Mere,
Vous verres par ces deux lettres le petit empressement que Mme de la Flechere a pour marier
son neveu a nostre fille ; il luy est advis qu'il ne faut qu'estre filz de nostre Mere pour estre bien
heureux. Or, elle m'en escrit comme si je luy avois promis quelque chose, ou qu'elle se fut fort
avancee avec moy en paroles ; et il y a au fin moins 6 moys que je n'en ay rien appris. Mays il faut
treuver bon tout cela, et qu'elle s'addresse plus tost a moy qu'a vous, car aussi faut-il. Toutefois je
ne sçai que luy dire sur sa proposition, si vous ne le me dites. Je vous expliqueray sa premiere
lettre demain a quelqu'heure, Dieu aydant. Ce pendant, escrives moy vostre conception, affin que
je face repartir le laquay, lequel est arrivé tandis que j'estois occupé parmi cetté bonne compaignie
que nous avons eu a disner.
Si la bonne Mme de Rochefort799 vous va voir, faites-la entrer et caresses-la bien, car cet
(sic) une bonne fille ; ma Seur Claude Simplicienne800 est sa voysine, et [231] Mme de la Forest801,
de sa connoissance. Je ne sçai si Mme de la Forest vous aura point parlé de ces amours que la bonne
seur802 affectionne si fort.
Or, bon soir, ma tres chere Mere ; Dieu vous comble de benedictions comme moymesme.
Amen.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Nice. [232]
_____
798 La question du mariage de M. d'Avise et de Mlle de Chantal autorise à rapprocher cette lettre de la précédente et à
lui assigner la même date approximative.
799 Seconde femme de Prosper de Menthon, baron de Rochefort, Charlotte de Migieu était fille de Marin de Migieu,
écuyer, et de Péronne de Malet. En entrant dans la famille de Menthon, elle était devenue l'alliée de saint François de
Sales.
800 Originaire du Bugey et de très humble extraction, Sœur Claude-Simplicienne Fardel avait pris l'habit au monastère
d'Annecy le 2 juillet 1614, et prononcé ses vœux le 6 août 1615 ; son extrême simplicité avait gagné à sa cause les
deux Fondateurs. Dieu, qui révèle ses secrets aux petits, combla si bien cette âme de ses lumières, qu'on la jugea
capable d'en éclairer les autres. Elle exerça la charge de Directrice au monastère de Belley, dont elle fut l'une des
fondatrices, le 20 août 1622. La Mère de Chantal, peu auparavant, l'avait fait passer du rang des Sœurs domestiques à
celui des Sœurs associées. Chacun sait les détails de la dernière entrevue du bienheureux Evêque de Genève avec sa
« chere fille Simplicienne, » et la prédiction qu'elle lui fit de sa mort prochaine (octobre 1622). Revenue à Annecy en
1625. elle y édifia la Communauté par ses vertus jusqu'au 14 septembre 1629, jour de sa précieuse mort. (Voir sa
biographie par la Mère de Chaugy, dans Les Vies de VII Religieuses de l'Ordre de la Visitation Sainte Marie, Annessy,
Jacques Clerc, 1659 ; cf. tome VI, pp. 397 seq.)
801 Bonaventure de la Forest, Religieuse à l'abbaye de Bons. (Voir tome XIV, note (600), p. 204.)
802 Mme de la Fléchère.
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18.2 Page 172

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MCCXVII. A la Sœur Coton, Novice de la Visitation de Lyon803.
Désirer l'amour infiniment désirable. La contrition doit
toujours être accompagnée de confiance.
Annecy, juillet 1616.
VIVE JESUS !
Je fus certainement consolé, ma tres chere Seur, de la lettre que vous m'escrivistes l'autre
jour, y voyant de [232] bonnes marques du desir que vous aves d'aymer Dieu de toute vostre ame.
Que vous puis-je dire, sinon que vous perseveries a desirer l'amour qui ne peut jamais estre asses
desiré, estant infiniment desirable ?
Pour l'absolution de vos pechés de tant d'annees que vous me demandies, ma tres chere
Fille, vous deves sçavoir que Dieu, par sa bonté, les aura effacés au mesme instant que vous luy
voulustes donner vostre cœur, par la resolution que son inspiration vous fit prendre de ne vivre
plus que pour luy. Neanmoins, ma chere Seur, vous pourres utilement repeter souvent la priere de
ce Penitent qui disoit804 : Seigneur, laves moy davantage de mon iniquité et me nettoyes de mon
peché ; pourveu que ce soit avec une vraye et simple confiance en cette souveraine Bonté, vous
asseurant que sa misericorde ne vous manquera pas.
Soyes donq bien toute a Dieu, marches en simplicité dans le chemin ou la Providence vous
a mise ; elle vous tiendra de sa main et vous conduira au port que vous desires de l'aymable eternité,
pour laquelle vous aves esté creee. Pries reciproquement pour mon ame.
FRANÇS, E. de Geneve.
Dieu soit beni. [233]
_____
803 Sœur du célèbre confesseur de Henri IV, Jeanne-Marie Coton avait été mariée, après la mort de son père, à
Guillaume de la Chaise, seigneur d'Aix. La vie du monde n'eut aucune influence sur cette âme prévenue dès l'enfance
de grâces spéciales, et les affaires extérieures ne pouvaient la retirer de son union avec Dieu. Les faveurs
extraordinaires qu'elle recevait furent soumises à l'examen de M. de Bérulle, et le P. Coton, qui reconnaissait lui-
même l'action divine en sa sœur, écrivit à son beau-frère pour le rassurer sur ces voies singulières. Guillaume de la
Chaise admirait et respectait sa femme comme une sainte, et lui donnait toute liberté de suivre ses attraits de pénitence
et d'oraison. En 1615, il la laissa veuve avec deux jeunes enfants. Mme d'Aix les confia à son frère aîné, Jacques,
seigneur de Chenevoux, et vint se présenter en 1616 à la Visitation de Lyon ; elle y prit l'habit le 24 juin. Une difficulté
sérieuse l'empêcha de poursuivre son noviciat : habituée à la Communion journalière, elle obtint d'abord de continuer
cette pratique (cf. ci-dessus, Lettre MCCVIII, p. 222) ; mais quand on voulut ensuite éprouver sur ce point son
obéissance et sa démission de jugement, on ne les trouva point aussi parfaites que le demande l'esprit de la Visitation.
On ménagea donc doucement sa sortie, avec l'agrément et par le conseil du P. Coton. (Voir à l'Appendice I, la lettre
de la Mère Favre au Saint, 26 janvier 1617.) Retirée à Roanne, Mme d'Aix y mena une vie exemplaire, couronnée par
une très sainte mort. (D'après le P. d'Orléans. La Vie du P. Pierre Coton, de la Compagnie de Jesus, Paris, Michallet,
1688, pp. 288 seq.)
Au témoignage du P. d'Orléans (ibid.), l'adresse de cette lettre portait : A la Sœur Jeanne Marie Coton ; la
pieuse veuve avait donc commencé son noviciat, mais le texte même indique qu'elle était encore au début ; ainsi est
justifiée la date mise en tête de ces lignes.
804 Ps. L, 4.
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18.3 Page 173

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MCCXVIII. A M. Michel Favre (Inédite). Les retards d'un
voiturin. Deux fautes notables à corriger au Traittè de
l'Amour de Dieu. Pourquoi le Saint redoute les excès de
courtoisie de M. Rigaud. Messages et commissions.
Envoyer un exemplaire de l'ouvrage à l'Archevêque de Vienne
Annecy, 8 juillet 1616.
Monsieur Michel, mon Ami,
Je suis marri de la peine en laquelle monsieur Rigaud805 s'est mis pour la Præface806, que
je m'asseure vous aurés recëue des maintenant par un voiturin qui porte une charge de soye a M.
Magnin807, qui m'a promis de faire rendre le paquet soudain quil seroit arrivé. Et vous treuveres
les lettres et la Præface mesme de longue datte, par ce que tout estoit prest des la veille de saint
Pierre808, que le mesme voiturin devoit partir, mais alla despuis retardant jusques a mardi passé809
; et si j'eusse treuvé commodité plus tost, la chose eut encor esté plus avancée. Mays ce que
monsieur Rigaud m'avoit assigné la fin de l'impression au 20 de ce moys, m'a empesché d'aller
plus viste ; mays il me pardonnera bien cette faute.
Et a propos de faute, il y en a deux notables au livre, dont l'une est de l'imprimeur, qui a
obmis une ligne entiere ; l'autre est de moy, qui ne sçai ou j'avois l'esprit quand j'escrivis les
[quatre] vers [qui sont810] en la page 725, ligne 8, desquelz je vous envoye la correction, et vous
prie qu'en toute façon on les oste pour y mettre [234] ceux que je vous envoye ; car ces vers ainsy
quilz sont, sont capables de fascher plusieurs lecteurs et les degouster811.
J'ay encor fait un' autre faute remarquable et digne de mon inadvertence ordinaire : c'est
qu'au septiesme Livre, le tiltre du Livre et le tiltre du premier chapitre sont de mesme (en la page
369), la ou le tiltre du chapitre devoit estre :
COMME L'AMOUR FAIT L'UNION DE L'AME AVEC DIEU EN L'ORAYSON812.
Mays pour celleci, il n'importe pas tant comme de celle des vers, a laquelle il faut tout a fait
remedier. Il y a bien quelques autres-fautes, mais il en faut remettre la correction a la 2e impression
que, Dieu aydant, l'on fera813.
805 Pierre Rigaud, libraire lyonnais. (Voir tome XIV, note (1100), p. 383.)
806 La Préface du Traitté de l'Amour de Dieu, dont M. Michel Favre surveillait l'impression. (Voir ci-dessus, Lettre
MCXCVIII.)
807 Négociant en soie, à Lyon. Il sera plus tard destinataire.
808 Cf. ci-dessus, Lettre MCCXIII.
809 C'est-à-dire jusqu'au 5 juillet.
810 Les mots entre crochets [ ] sont entièrement oblitérés ; nous les rétablissons d'après le sens.
811 Ces vers dont le saint auteur demandait la correction, sont, à n'en pas douter, ceux qui ont été reproduits au tome
V de notre Edition, p. 326, variante (922). Dans l'édition de 1616, le quatrain corrigé se trouve bien à la p. 725, mais
à la neuvième ligne, et non à la huitième.
Il est à regretter que les remarques si intéressantes contenues dans la présente lettre n'aient pu être utilisées
pour notre Introduction au Traitté ; l'Autographe n'a été découvert qu'après la publication.
812 C'est en effet de cette manière que le titre du premier chapitre du Livre VII a été modifié. (Voir tome V, p. 1.)
813 La deuxième impression du Traitté parut en 1617, chez Rigaud ; elle fut suivie de plusieurs autres, sans que François
de Sales pût les revoir et corriger. Signalons une particularité curieuse de celle de 1616. Le libraire lyonnais, prévoyant
le succès de l'ouvrage, fit faire deux tirages : l'un, in-8° et plus soigné, destiné à la clientèle riche ; l'autre, in-12 et sur
papier moins bon, pour les bourses plus modestes. Le second compte beaucoup plus de fautes typographiques que le
premier, dont l'Evêque revit en partie les épreuves. Tous deux sortirent des presses d'Amy de Polier, maître imprimeur,
natif d'Annecy, installé à Lyon en 1585 et qui, dès 1595, travaillait pour la maison Rigaud. (D'après les Notes de M.
Baudrier, érudit lyonnais.)
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18.4 Page 174

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Salues bien fort monsieur Rigaud, lequel, quoy que je desire bien de voir pour l'amitié quil
me porte, neanmoins je ne voudrois pas d'ailleurs quil prit la peine de venir, de peur de son
incommodité.
Nous vous attendrons donq dans dix ou douze jours, et nos cheres Seurs814, que je salue de
tout mon coeur.
Je voudrois bien avoir un livre intitulé : Adagia [235] sacra Martini del Rio, Societatis Jesu
; je croy que M. Cardon les a imprimés815.
J'ay sceu la courtoysie que M. Rigaud use a l'endroit des serviteurs de ceans ; cela m'oblige
fort, mais j'ay peur quil n'en face trop, et cela me tiendra retenu a ne demander pas certains autres
livres que je desirois, lesquelz je ne sçaurois pas cotter par ce que je ne sçai pas leur tiltre, dautant
que ça esté le P. Grangier816 qui m'en a donné l'envie lhors quil passa icy.
Si je ne vous escris plus avant vostre depart, je vous prie de saluer le R. P. Recteur817 et le
P. Grangier, et les PP. Monet818 et Fichet819 ; item, le P. Philippe820, monsieur de Saint Nizier821 et
tous ceux qui me font la faveur de m'aymer.
Je vous escrivis pour avoir un petit Combat spirituel [236] de ceux qui sont imprimés a
Paris, par ce que tout y est, car si ilz estoit (sic) imprimés a Lyon avec tout le mesme, ce me seroit
tout un822.
Si monsieur de Medio823 n'avoit pas achetté les litz pour mes nieces, je le prie de ne les pas
achetter encor jusques a ce que je luy escrive824. Cependant, salues-le tres fort de ma part, et
814 La Sœur Péronne-Marie de Chastel, rappelée à Annecy pour raison de santé, devait être accompagnée par sa
Supérieure, la Mère Marie-Jacqueline Favre. Les voyageuses arrivèrent le soir du 16 juillet.
815 Horace Cardon, marchand libraire à Lyon, acquit dans son commerce une fortune considérable ; il en fit le plus
noble usage. Tout dévoué à Henri IV, il fut assez heureux pour empêcher un corps de ligueurs de s'emparer de Lyon,
fait qui se trouve relaté dans les lettres patentes à lui octroyées en 1605. Cardon fut échevin pour les années 1610 et
1611 ; il acheta le château de la Roche, dont ses héritiers prirent le nom, et décéda le 21 juin 1641, laissant tous ses
biens à son frère Jacques. Marie Dupin, qu'il avait épousée en 1598, ne lui avait donné qu'une fille, morte en bas âge.
(D'après la notice d'Horace Cardon, à paraître dans la Bibliographie lyonnaise du XVIe siècle de MM. Baudrier.)
L'ouvrage du P. Martin-Antoine del Rio avait été en effet imprimé chez Cardon en 1612, et réimprimé par le
même, en deux volumes in-4º, en 1614 Il est intitulé : Adagialia sacra Veteris et Novi Testamenti. Saint François de
Sales le cite dans un plan de sermon pour le 5 décembre 1616, deuxième lundi de l'Avent. (Voir tome VIII, p. 217.)
816 Pierre Grangier, S. J. (voir le tome précédent, note (111), p. 25).
817 Le P. Charles Mallians, recteur du Collège de Lyon de 1612 à 1616. (Voir ibid., note (1083), p. 333.)
818 Philibert Monet (voir ibid., note (468), p. 149).
819 C'était le frère de la Sœur Marie-Adrienne, alors Religieuse à la Visitation d'Annecy (voir tome XV, note (70), p.
12). Né au Petit-Bornand (Haute-Savoie), le 2 février 1588, Alexandre Fichet entra dans la Compagnie de Jésus le 22
juin 1607, et y fit profession des quatre vœux le 25 avril 1625. Le 30 mars 1659, il mourut saintement à Chambéry,
après avoir soutenu longtemps de glorieux combats contre les hérétiques. Le P. de Guilhermy assure qu'il fut « l'un
des plus vaillants défenseurs de la foi romaine dans les provinces du Midi, sous les règnes d'Henri IV et de Louis XIII.
» (Ménologe de la Cie de Jésus, Assistance de France, Ire Partie, Paris, 1892 ; Hamy, Chronologie biographique, etc.,
Prov. de Lyon, 1582-1762, Paris, 1900.)
820 D. Philippe de Saint-Jean-Baptiste Malabaila, Feuillant (voir le tome précédent, note (776), p. 240).
821 Nicolas Ménard (voir ci-dessus, note (397), p. 103).
822 Sans doute le Saint veut parler ici de l'édition du Combat spirituel en soixante chapitres, traduite par M. de Santeuil
en 1608, et dédiée à l'Evêque de Genève lui-même. (Voir tome III, note (55), p. XXXVII ; tome XII, note (221), p.
122, et tome XIV, p. 384.) Parmi les deux cent soixante éditions du petit volume citées par Vezzosi (I scrittori de'
Chierici regolari detti Teatini, Roma, 1780), il ne s'en trouve aucune de la version française entre 1608 et 1616.
823 Jacques de Mèdio, chanoine de Saint-Nizier. (Voir ci-dessus, note (353), p. 89.)
824 Le 24 mai 1616, le saint Evêque avait donné le voile de la Visitation à deux de ses proches parentes. L'une, Jeanne-
Françoise, était fille de son frère Gallois (voir tome XV, note (756), p. 263). La seconde, Françoise-Agathe, filleule
et cousine du Saint, était née le 15 janvier 1596, de Gaspard de Sales, dit de la Feuge, coseigneur de Brens, et de
Nicoline de la Faverge. Elle fit profession le 39 septembre de l'année suivante avec sa cousine. En 1625, on l'envoya
en qualité d'Assistante à la fondation d'Evian, transférée deux ans plus tard à Thonon. Elle mourut dans cette ville le
18 mars 1652. Ses vertus caractéristiques furent une humilité profonde et une générosité parfaite au milieu de longues
et pénibles infirmités.
François de Sales s'était chargé des frais d'ameublement de cellule pour les deux nouvelles novices, et la
Mère de Chantal, écrivant à la Mère Favre, recommandait l'économie dans cette emplette, car, dit-elle, « vous savez
que notre bon Seigneur n'a pas trop d'argent. » (Lettres, vol. I, p. 104.)
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18.5 Page 175

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madamoyselle Colin825 et madame Vulliat826.
Je voudrois bien que l'on envoyast de ma part un livre a Monseigneur de Vienne, mon
Archevesque827, car il prendroit avec rayson en mauvaise part si, luy estant ce que je luy suis, je
ne luy en offrois pas un. A cett' intention, je vous envoye une lettre pour luy, que monsieur de
Medio prendra la peine de luy faire tenir. Pour les autres a qui je desire qu'on en presente, comme
la [237] Reyne828 et quelques Princesses, cela se fera a loysir, et suffit que ce soit avant que ces
Traittés se publient a Paris829.
Si monsieur Rigaud veut absolument venir, nous le traitterons avec tout le cœur, car en
verité, il m'oblige fort. Dieu soit avec vous. Amen.
Le 8 juillet 1616.
A Monsieur
[Monsieur] Michel Favre.
Chez monsieur Rigaud.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Venise.
_____
825 Isabeau Daniel, veuve Colin (voir le tome précédent, note (779), p. 241).
826 Voir ibid., note (606), p. 188.
827 L'Archevêque de Vienne, métropolitain de l'Evêque de Genève, était alors Jérôme de Villars. Troisième fils de
François de Villars et de Françoise de Gayant, il avait d'abord été conseiller au Parlement de Paris, chanoine et
archidiacre de Vienne. Son frère Pierre lui laissa en 1599 son siège archiépiscopal (voir tome XIV, note (378), p. 124),
et le sacra de ses propres mains dans l'église Saint-Maurice. Jérôme, à son tour, s'adjoignit comme coadjuteur, en I612,
son neveu Pierre de Villars, et mourut le 18 janvier 1626.
828 La Reine mère Marie de Médicis.
829 Paris et la cour apprécièrent promptement le nouvel ouvrage de François de Sales : on peut voir à ce sujet la lettre
donnée à l'Appendice I.
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18.6 Page 176

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MCCXIX. Au Cardinal Robert Bellarmin830 (Minute). Eloge des
deux premières Communautés de la Visitation. Un mot de
saint Grégoire. — Chant doux et grave des Sœurs. — L'avis de
l'Archevêque de Lyon ; condescendance du Fondateur. Trois
particularités qu'il faudrait faire approuver par le Saint-Siège.
Raisons de ces demandes.
Annecy, 10 juillet 1616.
Illustrissime et Reverendissime
Illustrissime et Révérendissime
Domine in Christo mihi colendissime,
Seigneur, et par moi très vénéré dans le Christ,
Urbi et orbi ignotus, orbi et Urbi
notissimum et amantissimum [238]
Cardinalem, secundum eam quæ in Christo est
charitatem, precibus confidenter aggredior.
Ignoré de Rome et du monde, je viens,
selon la charité qui est [238] dans le Christ,
présenter à un Cardinal très connu et très aimé
du monde et de Rome une confiante prière.
Habemus hic et Lugduni unam et
alteram virginum et [239] viduarum
Congregationem, quæ, licet verius Oblatæ
quam veri nominis Religiosæ aut Moniales
censendæ sint, tamen castitatem ac sacram
Nous avons, tant ici qu'à Lyon, deux
Congrégations de vierges [239] et de veuves
qui, bien que méritant plus exactement le nom
d'Oblates que celui de Religieuses ou de
Moniales, ne laissent pas de pratiquer très
830 Quand le célèbre Cardinal reçut cette lettre de l'Evêque de Genève, il était dans sa soixante-treizième année. Depuis
cinquante-cinq ans, il honorait par sa sainteté et sa science la Compagnie de Jésus, et le Sacré Collège depuis seize
ans. Né à Montepulciano d'une noble famille, et neveu du Pape Marcel II par sa mère Cynthia Cervin, Robert Bellarmin
était entré jeune encore dans la milice de saint Ignace, espérant ainsi échapper à tout jamais aux dignités
ecclésiastiques. Successivement professeur à Florence, à Mondovi, à Louvain et à Rome, il devint Père spirituel au
Collège Romain, et eut sous sa direction l'angélique Louis de Gonzague. Nommé ensuite recteur, il ne quitta cette
charge que pour le provincialat de Naples. Après la mort du Cardinal Tolet, son éclatant mérite le fit choisir comme
théologien par Clément VIII ; ce fut le premier pas vers les honneurs qu'il avait tant redoutés. Un ordre formel du Pape
lui imposa la pourpre (3 mars 1595) ; en 1602, l'obéissance l'obligeait aussi d'accepter l'archevêché de Capoue ; trois
ans plus tard, s'inclinant encore devant la volonté du Souverain Pontife, il y renonça et se fixa à Rome. Le 17 septembre
1621, le Vénérable Bellarmin quittait la terre pour le Ciel, « sa maison, » comme il se plaisait à l'appeler.
Il serait superflu de parler ici des travaux et des vertus de l'éminent Prince de l'Eglise. Rappelons seulement
l'estime, la vénération réciproques de Bellarmin et de François de Sales. Après la Bible, l'arme principale de l'Apôtre
du Chablais contre la Réforme avait été le livre des Controverses de celui qu'on surnommait le « marteau des
hérétiques, » et que François de Sales qualifie toujours dans ses écrits de « grand, docte, tres excellent Docteur. »
S'aimant déjà sans se connaître, les deux saints personnages se rencontrèrent dans la solennelle séance où le futur
coadjuteur de Genève força l'admiration de Clément VIII et de ses examinateurs. Sur une question longuement
débattue, tous deux se trouvèrent de même avis ; dans l'avenir il devait toujours en être ainsi, sauf une seule fois où,
sans se séparer d'opinion, ils jugèrent diversement de l'opportunité d'une discussion. (Voir tome XV, note (280), p.
95.) A l'entrevue publique succédèrent les visites intimes qui unirent étroitement le Jésuite vieilli dans la lutte et le
jeune Prélat. De loin en loin, les lettres continuèrent leur commerce d'amitié ; on déplorera à jamais la perte d'une
bonne partie de cette correspondance, reçue de part et d'autre avec une joie et un respect dont tous leurs historiens
nous ont gardé le souvenir. Que de fois on entendit les deux amis faire leur éloge mutuel I Bellarmin protestait que
François de Sales semblait n'avoir point péché en Adam ; à son tour, François assurait que l'illustre Cardinal n'ignorait
rien tant que le mal. Ils « étaient faits l'un pour l'autre, » dit l'historien du Vénérable, « et Dieu avait voulu que leur
apostolat eût de grands traits de ressemblance. Ils ont eu tous deux la force toute puissante de la douceur, de
l'innocence, de la limpide franchise du langage. » (Couderc, S. J., Le Vble Card. Bellarmin, Paris, 1893, tome II, liv.
VI, chap. 1.)
La cause de béatification de Bellarmin fut introduite de bonne heure ; sous Benoit XIV, elle sembla près
d'aboutir, mais des difficultés d'ordre extérieur en entravèrent la conclusion.
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18.7 Page 177

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pudicitiam sanctissime colunt, obedientiam
simplicissime amplectuntur, paupertatem
religiosissime sequuntur. Et quamvis ex earum
ritu clausuræ non sint addictæ, eam
nihilominus ex animi fervore propemodum
servant perpetuam, quandoquidem nunquam,
nisi gravissimis et piissimis causis
impellentibus, extra domum pedem efferunt ;
sed statutis horis, iisque apte per totum diem
dispositis, Officium parvum Beatissimæ
Virginis simul in choro recitant, cantu ad
pietatis regulas tam fœliciter formato, ut vix
dici queat, num gravitatem suavitas, vel
suavitatem gravitas superet. Orationi vero illi
angelicæ, quam mentalem vocant, duabus item
horis, una matutina, alia vespertina, maximo
cum fructu operam navant, ac, ut uno verbo
concludam, illas mihi referre videntur fœminas
de quibus Sanctus Gregorius Nazianzenus ad
Hellenium tam magnifice loquitur831, ut eas
cœlestia et pulcherrima Christi sidera
nominare non vereatur. [240]
Verum, cum non ita pridem
Reverendissimum Dominum Archiepiscopum
Lugdunensem salutandi gratia adiissem832,
verbaque simul de rerum nostrarum
ecclesiasticarum statu misceremus, incidit
inter alia sermo de istis duabus
Congregationibus mulierum, quarum odor
suavissimus est in utraque diæcesi, ut proinde
earum recta gubernatio maximi omnino
videatur esse momenti.
Cumque ille suggereret operæ pretium
fore, ut imprimis eas ad Regulam aliquam
religiosam ex iis quæ ab Ecclesia approbatæ
sunt, et ad clausuram ac vota solemnia
amplectenda induceremus, ego quoque in eam
sententiam facile descendi, tum ob viri
singularem in me auctoritatem, atque
perspectam omnibus peritiam et pietatem, tum
ob nominis Religioni splendorem, quem
magno ornamento istis, alioquin piissimis,
Congregationibus futurum existimabam. Ita
ergo inter nos statutum est, atque ubi id aggredi
cœpimus, miram in eis et suavissimam ad
saintement la chasteté et la céleste pureté,
d'embrasser en toute simplicité l'obéissance et
de suivre très religieusement la pauvreté. Sans
que leur Règle les assujetisse à la clôture, la
ferveur de leur âme la leur fait observer
presque perpétuelle, car il leur faut des raisons
très graves et très saintes pour mettre le pied
hors de leur maison. Par contre, à des heures
diversement et convenablement réparties le
long de la journée, elles récitent ensemble, au
chœur, le petit Office de la Bienheureuse
Vierge, et avec un chant si heureusement
adapté aux règles de la piété, qu'il serait
difficile de dire si la douceur l'emporte sur la
gravité, ou la gravité sur la douceur. Quant à
cette prière angélique qu'on appelle oraison
mentale, elles y consacrent pareillement, et
avec le plus grand fruit, deux heures, l'une le
matin, l'autre le soir. Et, pour conclure d'un
mot, elles me paraissent rappeler ces femmes
dont saint Grégoire de Nazianze parle en
termes si magnifiques à Hellénius, n'hésitant
pas à les appeler de célestes et très belles
étoiles du Christ. [240]
Or, il n'y a pas bien longtemps, étant
allé saluer Mgr le Révérendissime Archevêque
de Lyon, et nous étant tous deux entretenus de
l'état de nos affaires ecclésiastiques, la
conversation tomba, entre autres choses, sur
ces deux Congrégations de femmes, qui sont
en si bonne odeur dans l'un et l'autre diocèse,
qu'il semblerait de toute importance de leur
donner une constitution régulière.
Et comme l'Archevêque faisait
remarquer l'avantage qu'il y aurait à les amener
tout d'abord à embrasser une Règle religieuse
parmi celles que l'Eglise a approuvées, avec la
clôture et les vœux solennels, je me suis, moi
aussi, facilement rallié à cette opinion, tant à
cause de l'autorité particulière qu'a sur moi ce
grand personnage, de son expérience et de sa
piété bien connues de tous, qu'à cause de la
gloire attachée à ce titre d'Ordre religieux dont
il semble que ces Congrégations, d'ailleurs très
pieuses, recevraient un grand lustre. Ainsi fut-
831 Carm., l. II, sectio II, poema 1 (pro Mon. exhortat.), vv. 261, 262.
832 A la fin de juin 1615 (voir plus haut, notes (83), (84), p. 13, et (101), p. 18.)
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18.8 Page 178

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obediendum animorum promptitudinem et
facilitatem invenimus.
Tria tantum habent in usu peculiaria
pietatis officia, [241] quæ summopere illis
cordi sunt ; et quæ si ab Apostolica Sede
concedantur, nihil in hac status mutatione
durum, nihil insuave futurum est. Ea autem
sunt ejusmodi, quæ, quantum existimo, cum
clausura, aut statu religioso mulierum minime
pugnent ; quæque peritis rerum nostrarum
Gallicarum æstimatoribus non solum non
imminuere, sed etiam plurimum promovere
pietatem videantur.
833Primum est, ut ad Officium clericale
quod magnum vocant non obligentur, sed
tantum ad Officium parvum Beatissimæ
Virginis. Hujus autem earum desiderii ratio
est, quia in illis Congregationibus plerumque
recipiuntur mulieres jam adultæ, quæ Officium
magnum, cum illius rubricis, vix ac ne vix
quidem addiscere possent. Deinde, quia breve
illud Officium Beatæ Virginis magna vocum,
accentuum pausarumque distinctione
celebrant, quod nequaquam, si longius
Officium recitandum foret, præstare possent.
Quod ideo maxime consideratione dignum est,
quia inter omnes totius orbis mulieres, nullæ
sunt quæ [242] ineptiore latini sermonis
pronunciatione utantur quam Gallicæ834, quas
proinde impossibile esset accentuum
quantitatum et rectæ pronunciationis leges in
tanta Officiorum, Lectionum et Psalmorum
varietate observare835. Unde dolendum est
tantam in plerisque monasteriis mulierum
pronunciationis imperitiam audiri, ut etiam
alioquin cordatis auditoribus interdum risum,
sciolis vero et hæresi infectis cachinnum
moveant et scandalum.
Secundum est, quod viduas interdum
etiam aliquot annis, in habitu seculari, sed
tamen modestissimo836, secum ad
Congregationis pia officia exercenda habitare
il donc décidé entre nous. Et nous étant mis à
l'œuvre, ce fut merveille que la douce et facile
inclination de cœur vers l'obéissance que nous
rencontrâmes chez les Sœurs.
Les devoirs religieux qui remplissent
leur vie n'ont que trois [241] particularités,
mais qui leur tiennent extrêmement à cœur, et
dont la concession par le Siège Apostolique
enlèverait à ce changement d'état tout ce qu'il
pourrait avoir de dur ou d'amer. Or, ces
particularités sont de telle nature, qu'à mon
avis, elles ne s'opposent nullement à la clôture
et à l'état religieux des Instituts de femmes, et
que, si nous en croyons les gens les plus au
courant de notre situation en France, elles y
auraient pour effet, non d'amoindrir la piété,
mais plutôt de l'exciter grandement.
Le premier point, c'est de n'être pas
obligées à l'Office des clercs, à savoir au grand
Office, mais seulement au petit Office de la
Bienheureuse Vierge. Et voici le motif de ce
désir : ces Congrégations admettent fort
souvent des personnes déjà d'un certain âge,
qui ne pourraient qu'à grand'peine s'habituer au
grand Office avec toutes ses rubriques. En
outre, ce petit Office de la Sainte Vierge est par
elles récité avec une scrupuleuse observance
des tons, accents et pauses, ce qu'elles ne
pourraient absolument pas s'il leur fallait
réciter un Office plus long. Cela est d'autant
plus digne d'être pris en considération, que, de
toutes les femmes du monde entier, il n'en
[242] est point qui prononcent le latin aussi
défectueusement que les françaises, à qui il
serait vraiment impossible, dans une telle
variété d'Offices, de Leçons et de Psaumes,
d'observer exactement les lois de
l'accentuation et de la prononciation. C'est en
effet une grande pitié que la prononciation que
l'on entend dans la plupart des monastères de
femmes, et dont l'étrangeté va jusqu'à exciter
le rire chez des auditeurs d'ailleurs bien
disposés, et la moquerie, sinon le scandale,
833 [A partir d'ici jusqu'à la p. 245, (843), notre texte est donné d'après l'Autographe appartenant à M. le chanoine
Collonge, aumônier de la Visitation de Chambéry.)
834 Gallicæ, [ut difficillimum siteas...]
835 observare. [Ac sane quam inepte in plerisque ut...]
836 modestissimo. [excipiant et intra earum claustra excipere possint...]
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permittant. Verum, non sane quidem omnes
viduas, sed eas tantum quæ cum Religionem
ingredi cupiant, interim dum de nuncio seculo
ac nuptiarum interpellatoribus remittendo
serio cogitant, thæsaurum castitatis, quem in
vasis fictilibus portant837, abscondere
prudenter quærunt, ne in manibus illum
portantes in conspectu filiorum hominum,
latronum deprædationi objiciant838. [243]
Hujus autem desiderii ratio est, quia in
istis regionibus tanta libertate viri839 viduas,
quamvis piissimas, colloquiis et irritamentis
secularibus infestant, ut quæ veram viduitatem
colere volunt, vix id tuto præstare possint ;
quibus hac via optime consulitur. Cumque
hujusmodi viduæ obedientiam et exactam
propemodum clausuram observent (vix enim
semel bisve quotannis ad domestica negocia
componenda illis egredi contingit), nihil
omnino dispendii, plurimum vero compendii
huic consuetudini inesse existimandum est.
Imo vero multo minus ea periculum habet,
quam quæ in plerisque piissimis monasteriis
viget, ut Sorores conversæ negociorum
gerendorum gratia egredi et regredi possint,
neque multo plus difficultatis quam illa, quæ
tamen satis trita est, ut puellæ educationis
gratia in monasteriis recipiantur. Quid enim
interest num puella educationis, vel vidua
castitatis gratia, in monasterio degat ? Quæ
omnia maxime vera existimabit quisquis
harum regionum Gallicarum mores et ingenia
recte perspexerit. [244]
Tertium est, quod non solum viduas
hujusmodi quæ serio seculo renunciare
intendunt, sed interdum alias etiam conjugatas
admittunt ; eas, scilicet, quœ cum velint novam
in Christo vitam instituere840, atque adeo
confessiones, quas vocant generales, præviis
aliquod exercitiis spiritualibus facere, opus
habent in remotum a secularibus locum
tantisper aliquot diebus secedere841. Et sane,
quam uberes fructus hæc sacra paucorum
chez les demi-savants et les hérétiques.
Un second point, c'est la permission
qu'elles accordent à des veuves de venir,
pendant des années parfois, habiter avec elles,
en costume séculier, très modeste il est vrai,
pour se livrer aux pieux exercices de la
Congrégation ; et cela, non pas sans doute à
toutes les veuves, mais à celles-là seules qui,
désireuses d'entrer en Religion, et, en
attendant, songeant d'une manière sérieuse à
donner congé au siècle et aux sollicitations
matrimoniales, cherchent prudemment à
cacher ce trésor de la chasteté, qu'elles portent
dans des vases fragiles, de crainte que, le
portant en leurs mains sous le regard des
enfants des hommes, elles ne l'exposent à
devenir la proie des voleurs. [243]
Et voici la raison de ce désir : telle est,
dans ces pays-ci, la liberté hardie des hommes
à harceler les veuves, même les plus pieuses,
de leurs conversations et provocations
mondaines, que celles qui veulent pratiquer la
véritable viduité, ont de la peine à le faire en
toute sécurité ; à quoi on obvie très
heureusement par ce moyen. L'obéissance et la
clôture presque complète à laquelle ces veuves
s'astreignent (car à peine leur arrive-t-il de
sortir une ou deux fois par an pour régler leurs
affaires domestiques), nous autorisent à croire
que la pratique dont nous parlons, loin d'avoir
des inconvénients, offre au contraire plusieurs
avantages. Elle présente même beaucoup
moins de péril que celle qui, dans la plupart des
monastères les plus pieux, permet aux Sœurs
converses d'aller et de venir pour des raisons
d'affaires ; et la difficulté n'y est guère plus
grande que dans la coutume, pourtant
généralement admise, de recevoir des jeunes
filles dans les monastères pour y faire leur
éducation. Qu'importe-t-il, en effet, qu'une
jeune fille soit reçue dans un couvent pour y
être instruite, ou une veuve pour y conserver la
chasteté ? Ce sont là des considérations
837 II Cor., IV, 7.
838 Cf. Matt., VI, 19, 20 ; XIII, 44. Vide S. Gregor. Mag., homil. II in Evang.
839 viri [mulieres etiam devotissimas...]
840 Cf. Coloss., III, 3.
841 Cf. Marc., VI, 31.
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dierum hospitalitas afferat, nemo satis pro
merito dixerit ; per eam enim non quieti
tantum, sed et pudori, verecundiæ ac honestati
mulierum consulitur, dum ad fenestellam
craticulis ferreis munitam, pro confessionibus
Sororum audiendis efformatam, confessarios
accerserunt, ibique documenta salutis audiunt,
quæ postea per quietem cum aliqua842 ex
Sororibus animo revolvunt.
Porro, si aliqua causa pia subsit propter
quam interdum mulieres Monialium claustra
ingredi possint (sunt autem aliquot), hæ duæ
inter præcipuas843 numerandæ sunt ; [245]
quas tamen ita obtinere æquum est, si ab
Ordinario ejusve Vicario generali scripto
probentur, et quamdiu ex hujusmodi praxi nihil
detrimenti disciplinæ regulari accedet. Quod si
ex præteritis de præsentibus et futuris
conjectura sumenda sit, nihil omnino sanctius,
nihil utilius ; quinimmo, quia res omnino
fœlicissimum hactenus habuit successum, in
posterum eumdem quoque habituram
sperandum est.
Cæterum, habet Reverendissimus
Dominus Archiepiscopus Lugdunensis
intercessorem potentissimum, Christianissimi
scilicet Regis oratorem844. Habent etiam
Sorores hujus civitatis validissimas preces
Serenissimæ Ducis Mantuæ viduæ845, quæ eas
plurimum diligit. Ego vero, Cardinalis
amplissime, te unico intercessore utor, [246]
tum quia te solum ex augustissimo illo
Apostolico Collegio novi846, tum quia de rebus
istis nostris cismontanis optime judicare potes,
et plerisque illud suggerere, aliter hic, aliter ibi,
rem divinam esse promovendam, pro morum
auxquelles souscrira quiconque sera bien au
courant des mœurs et des habitudes de nos
régions françaises. [244]
Troisième point. Outre les veuves dont
nous venons de parler et qui se proposent
sincèrement de renoncer au siècle, il leur arrive
aussi d'admettre des femmes engagées dans les
liens du mariage, qui, voulant entreprendre une
vie nouvelle dans le Christ, et faire, avec la
préparation de quelques exercices spirituels, ce
qu'on appelle une confession générale, ont
besoin de se retirer pour plusieurs jours en
quelque lieu éloigné des bruits du monde.
Quels fruits abondants produit cette sainte et
courte hospitalité, on ne saurait assez le dire ;
car ce n'est pas là seulement une question de
repos, mais de condescendance au sentiment
de pudeur, de réserve et d'honnêteté, naturel à
leur sexe, que l'on ménage en les mettant en
rapport avec leurs confesseurs par une petite
fenêtre munie d'un treillis de fer, pratiquée tout
exprès pour les confessions des Sœurs ; là,
elles reçoivent des enseignements salutaires
qu'elles peuvent ensuite, avec quelqu'une des
Sœurs, méditer à loisir.
Or, s'il existe des raisons de piété qui
autorisent les femmes à franchir de temps en
temps la clôture des couvents de Religieuses
(et il en existe), il convient de compter ces
deux-là parmi les [245] principales, à
condition toutefois qu'on n'en use qu'avec
l'approbation écrite de l'Ordinaire ou de son
vicaire général, et pour autant que ces
pratiques ne porteront aucun préjudice à la
discipline régulière. Que s'il est permis de tirer
du passé des conjectures pour le présent et pour
842 cum aliqua [Sororum meditantur...]
843 [Fin de la partie autographe.]
844 Dès le début de 1614, avait succédé à Savary de Brèves, comme ambassadeur auprès de la Cour romaine, François-
Juvénal des Ursins, marquis de Tresnel, baron de Neuilly, seigneur de la Chapelle, etc., chevalier des Ordres du Roi.
Il était né vers 1570, de Christophe-Juvénal des Ursins et de Madeleine de Luxembourg. Fort peu goûté du Cardinal
Borghese qui regrettait son prédécesseur, traité d'ignorant par Richelieu dont la fortune commençait, jugé plus
sévèrement encore par la Reine mère, le marquis de Tresnel fut rappelé de Rome au mois de mai 1617. On lui confia
cependant une ambassade en Angleterre. Il mourut le 9 octobre 1650, léguant son nom et ses biens à son petit-neveu,
François de Harville ; de son mariage avec Guillemette d'Orgemont, il n'avait eu qu'une fille, Charlotte, morte jeune.
(D'après Moreri, 1740, tome VI ; De Stefani, La Nunziatura di Francia del Cardinale Guido Bentivoglio, Lettere a
Scipione Borghese ; Firenze, Le Monnier, 1863, vol. I, etc.)
845 Marguerite de Savoie (voir le tome précédent, note (344), p. 104).
846 Cf. ci-dessus, note (699), p. 199.
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19.1 Page 181

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ac regionum varietate ; tum quia de tua erga
hujus diæcesis miserabilis commiseratione
libri tui Controversiarum847, de tua vero erga
pias animas benevolentia, novissimus ille et
amabilis nimis tuus Benjamin848, dubitare non
sinunt. Quare, de eximia illa Illustrissimæ
Dominationis Vestræ in bonos bonorumque
conatus propensione confisus, eam enixe rogo
et obtestor, ut pro sua prudentia, negotium, sua
qua pollet auctoritate, promoveat et
conficiat849. [247]
Vale, clarissime, amplissime et
Illustrissime Præsul, et me pro Christi amore
excusatum et amatum velis, rogo supplex et
obtestor.
F., E. Gebennensis.
Annessii Gebennensium, X Julii850.
l'avenir, il n'est certainement rien de plus saint,
rien de plus utile ; aussi faut-il espérer que,
n'ayant eu jusqu'à ce jour que les plus heureux
résultats, il en sera de même dans la suite.
Au reste, Mgr le Révérendissime
Archevêque de Lyon possède un intercesseur
d'un très grand crédit dans la personne de
l'Ambassadeur du Roi très chrétien ; et les
Sœurs de cette ville peuvent elles-mêmes
compter sur les prières très puissantes de la
Sérénissime Duchesse douairière de Mantoue
qui les aime beaucoup. Pour moi, très éminent
Cardinal, c'est à votre unique intercession que
j'ai [246] recours. Vous êtes, en effet, le seul
membre de cet auguste Collège apostolique
que j'aie l'honneur de connaître ; et étant à
même d'apprécier parfaitement nos affaires de
ce côté des Alpes, vous pouvez faire entendre
aux autres que le progrès des choses divines
doit être procuré, ici d'une manière, là d'une
autre, selon les différences de mœurs et de
pays. Enfin, comme garant de votre
commisération à l'égard de ce pauvre diocèse,
j'ai vos livres des Controverses, et, pour gage
de votre bienveillance à l'égard des âmes
dévotes, j'ai votre dernier-né et tant aimable
Benjamin ; ce qui ne me laisse aucun doute.
Aussi, me confiant aux excellentes
dispositions de Votre Illustrissime Seigneurie
pour les gens de bien et leurs efforts pour le
bien, je lui demande instamment et la supplie,
m'en rapportant à sa prudence, d'appliquer à la
poursuite et au bon succès de cette affaire toute
l'autorité qu'elle possède. [247]
Adieu, très célèbre, très grand et très
illustre Prélat ; veuillez, pour l'amour du
847 Disputationes Roberti Bellarmini Politiani, de Controversiis Christiana fidei. Editio secunda, Ingolstadii,
Sartorius, 1588-1593.
848 Le Saint désigne certainement sous ce nom le premier des cinq Opuscules du Cardinal, celui que l'auteur appelait
lui-même son Benjamin. Il a pour titre : De ascensione mentis in Deum per scalas rerum creatarum, opusculum
Roberti Cardinalis Bellarmini. Ad Illustriss. et Reverendiss. D. Card. Aldobrandinum, S. R. E. Camerarium. Romæ,
apud Jacobum Mascardum ; Antwerpiæ, ex Officina Plantiniana, apud Balthasarum et Joannem Moretos, M.DC.XVI.
Dans sa Préface du Traittè de l'Amour de Dieu, François de Sales assure que ce « petit livret... ne peut estre
qu'admirable, partant de cette tres « sçavante main et tres devote ame. »
849 Voir à l'Appendice I, la réponse de Bellarmin.
850 Les anciennes éditions donnent la date du 10 juillet, sans millésime. Hérissant, le premier, a ajouté 1616, qui est
certainement juste, puisqu'il est question dans cette lettre de deux Maisons de la Visitation. Le 22 juillet de cette année
1616, partaient d'Annecy les fondatrices du troisième Monastère de l'Institut, celui de Moulins. (Voir ci-après, note
(885), p. 258.)
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Christ, m'excuser et m'aimer : je vous en prie
et supplie humblement.
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
Annecy en Genevois, 10 juillet.
_____
Autre minute de la lettre précédente851 (Fragment inédit)
Illustrissime et Reverendissime Domine
Illustrissime et Révérendissime
in Christo colendissime,
Seigneur, très vénéré dans le Christ,
Orbi et Urbi ignotus, ego qui minime
sum dignus vocari Episcopus852 et simpliciter
ambulans853 omnium mihi totique orbi
notissimum et illustrissimum Cardinalem, [248]
secundum eam quæ in Christo est854 charitatem,
aggredior confidenter.
Ignoré du monde et de Rome, très
indigne d'être appelé évêque, mais marchant
en simplicité, j'aborde avec confiance, selon
la charité [248] qui est dans le Christ, un
Cardinal, de tous le plus illustre, et le plus
connu de moi et du monde entier.
Habemus hic quamdam855 viduarum ac
virginum Congregationem, quæ licet verius
Oblatæ quam proprii nominis Moniales esse
videantur, tamen tantam pietatem undique
spirant, ut quemadmodum de similibus Sanctus
Gregorius Nazianzenus olim asseruit856, ego
quoque de istis dicere non verear : Mihi quidem
etsi parvus est hujusmodi mulierum numerus,
cælestibus pulcherrimisque Christi syderibus
adeo gestio atque exulto, ut pro paucis his de
virtutis præstantia, cum multo pluribus
contentionem venire non dubitem.
Colunt857
omnes
castitatem
sanctissime858, obedientiam simplicissime,
paupertatem religiosissime ; nam meum et tuum,
frigida illa verba, non solum inter eas nemo
audit, sed nec etiam in cor earum ascendit.859 Et
modestiam ac verecundiam christianam tanta
Nous possédons ici une Congrégation
de veuves et de vierges qui, bien qu'elles
semblent être en vérité plutôt des Oblates que
des Moniales proprement dites, respirent
pourtant une telle piété, que je ne crains pas
d'en dire ce que saint Grégoire de Nazianze
affirmait jadis de leurs pareilles : N'ayant dans
mon diocèse qu'un petit nombre de ces
femmes, je suis tellement fier et joyeux de
posséder ces célestes et très belles étoiles du
Christ, que, pour l'excellence de la vertu, je ne
redouterais pas la comparaison de ma petite
troupe avec d'autres bien plus nombreuses.
Elles observent très rigoureusement la
chasteté, très simplement l'obéissance, très
religieusement la pauvreté. Le mien et le tien,
ces froides paroles non seulement on ne
les saisit pas sur leurs lèvres, mais elles
851 Voir l'Avant-Propos du tome XI, p. 25.
852 I Cor., XV, 9.
853 Cf. Prov., X, 9.
854 est [dilectionem]
855 hic [piam] quamdam [mulierum]
856 Ubi supra, p. 240.
857 Colunt [enim etiam ex voto...]
858 castitatem [religiosissime... candidissime]
859 ascendit. [Et sunt illis omnia adeo communia, ut illis omnibus sint cor unum et anima una, id est, Dei voluntas.
Et clausuram modestiamque...]
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animi contentione complectuntur, ut quamvis
clausuræ ex earum [249] ritu non sint alligatæ,
clausuram nihilominus ex animi fervore
propemodum servent perpetuam, cum
nunquam, nisi ex gravissimis et piissimis causis
extra domum pedem860 effectant (sic), nunquam
autem sine urgentissimis, necessariis et a nobis
scripto probatis causis viros in domum
admittant.
Habent861 ecclesiam et in ea altare
exterius ad Missarum celebrationem, et chorum
interius in quo quotidie statutis horis Officium
Beatissimæ Virginis simul [concinunt], cantu862
ad pietatis regulas tam fœliciter formato, ut vix
dici queat num psalmodiæ gravitatem suavitas,
vel suavitatem gravitas superet.
Sunt præterea addictissimæ orationi illi
angelicæ quam mentalem vocant et, ut paucis
concludam,863 sponsæ Christi sunt antiquas illas
Paulas, Marcellas, Eustochios, Melanias
imitatione representantes. [250]
Tria autem, aut quatuor habent in usu
pecularia (sic), quæ plerisque viris rerum
nostrarum
transmontanarum
peritis
æstimatoribus864, maxime ad pietatem
promovendum conducere videntur.
Primum, mulieres seculares in suam
domum interdum admittunt, non passim omnes,
sed eas tantum quæ cum velint generales
confessiones et865 exercitia quæ vocant
spiritualia facere, opus habent in remotum a
negotiis secularibus locum tantisper aliquot
diebus secedere. Et sane, quam uberes fructus
istarum hæc sacra hospitalitas866 afferat, nemo
satis exprimere queat ; magna enim libertas qua
in istis regionibus viri mulieribus mixti vivunt,
plerumque impedit mulieres ne rite ad
contritionem intimamque pœnitentiam per
exercitia se inter domesticos præparare valeant,
n'arrivent pas à leur cœur. Et elles embrassent
[249] d'une telle ardeur la modestie, la réserve
chrétienne que, bien que non obligées à la
clôture par une Règle, elles n'en gardent pas
moins, par suite de leur ferveur d'esprit, une
clôture presque perpétuelle. Jamais, en effet,
sans des motifs très graves et très pieux, elles
ne mettent le pied hors de leur maison ; et
jamais non plus elles n'en permettent l'entrée
à aucun homme, sauf des cas d'extrême
urgence et nécessité, reconnus tels par un écrit
de notre main.
Elles ont une église, et dans cette
église un autel extérieur pour la célébration de
la Messe, et, à l'intérieur, un chœur où elles se
réunissent chaque jour à des heures fixées
pour chanter en commun l'Office de la
Bienheureuse Vierge. Leur chant est si
heureusement adapté aux règles de la piété,
qu'on ne saurait dire si, dans leur psalmodie,
la douceur l'emporte sur la gravité, ou la
gravité sur la douceur.
En outre, elles sont très adonnées à
cette prière angélique qu'on appelle oraison
mentale. Pour conclure en peu de mots, ce
sont des épouses du Christ, vivantes images
de ces illustres dames de l'antiquité chrétienne
: les Paule, les Marcelle, les Eustochium, les
Mélanie. [250]
Cependant, trois ou quatre usages leur
sont particuliers, qui semblent fort propres, au
jugement de la plupart de ceux qui
connaissent nos mœurs de ce côté-ci des
monts, à promouvoir la piété.
Premièrement, elles admettent parfois
chez elles des séculières, non pas toutes et au
hasard, mais seulement celles qui, voulant
faire des confessions générales et vaquer aux
exercices qu'on appelle spirituels, ont besoin,
860 pedem [ponant... mittant]
861 Habent [chorum... oratorium]
862 cantu [non quidem secundum musicam composito, sed suavissimo pariter...]
863 concludam, [e collegio liliorum ac rosarum veræ Christi familiæ sunt et]
864 æstimatoribus [probatissima, propter quæ cum de eis ad Religionem proprii nominis adducendis cogitarem,
hærere et tantisper expectare visum est... debere censui.]
865 et [propositum]
866 hospitalitas [exerceatur]
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quibus propterea hac via867 succurritur. Deinde
prospicitur etiam earum pudori ac verecundiæ
dum peccata sua ad craticulas et fenestellas pro
confessionibus Sororum Oblatarum [251]
audiendis868 confessarios constitutas accersunt,
neque quicquam in ea re istis869 maxime in
partibus periculi unquam esse posse videtur.
Secundum est, quod viduas870 interdum
etiam aliquot mensibus secum habitare
permittunt, sed eas tantum quæ cum veræ viduæ
esse velint, dum de nuntio seculo ac
nuptiarum871 interpellatoribus remittendo
cogitant, thesaurum quem in vasis fictilibus
portant872, abscondere quærunt, ne in manibus
illum portantes, a latronibus illas depredari
contingat873. Atque in hac etiam hospitalitate
cum nihil periculi, plurimum sane compendii,
attenta harum regionum conditione esse
compertum est.
Tertium, non Officium ecclesiasticum,
sed tantum Officium Sanctissimæ Deiparæ
recitant, quod ideo faciunt quia plerumque inter
eas recipiuntur jam ætatis provectæ quæ
Officium magnum vix addiscere possent ;
deinde, quia breve illud Officium, magna874
vocum pausarumque [252] distinctione adhibita
facile observant : quod nequaquam in magno
Officio recitando præstare possent.
Quartum est, quod incorrigibiles ejicere
possunt, ea tamen lege ut prius Episcopum
moneant, ejusque decreta expectent, et quicquid
propter ejiciendam receperint, eidem restituant
: quod quidem nunquam hactenus contigit.
Cætera vero omnia, nihil omnino habent
peculiare.
Illa autem ita proposui quia875, si istis
servatis, vellet Summus Pontifex eas veri
nominis Religionem amplecti, ego nullo
dans ce but, de se retirer durant quelques jours
dans un endroit éloigné des tracas du monde.
Et certes, quelle abondance de fruits produit
cette sainte hospitalité, nul ne saurait
l'exprimer. En effet, la grande liberté qui unit
la vie des hommes, en ces contrées, à celle des
femmes, empêche le plus souvent celles-ci de
se préparer, dans l'intérieur de leur famille,
par des exercices convenables, à la contrition
et à une intime douleur de leurs fautes. On
leur rend ainsi service. De plus, on pourvoit
également à leur modestie et à leur réserve ;
car, aux confesseurs appelés, elles accusent
leurs péchés à travers les grilles et les petites
fenêtres [251] arrangées à cette fin pour les
confessions des Sœurs Oblates. En cela,
aucun danger, surtout en ces pays-ci, ne
semble à craindre.
Le second usage est qu'elles
permettent parfois à des veuves d'habiter chez
elles, même durant plusieurs mois ; à des
veuves, dis-je, qui, voulant être des veuves
véritables, cherchent à cacher, pendant
quelque temps, pour dire adieu au monde et
aux solliciteurs en mariages, le trésor qu'elles
portent dans des vases d'argile ; de peur que,
le portant dans leurs mains, au vu de tous, il
ne leur arrive d'en être dépouillées par des
larrons. Et dans ce genre d'hospitalité non
plus, comme on n'a trouvé (vu les mœurs de
ces régions) aucun péril, on y a aussi trouvé
beaucoup d'avantages.
Le troisième point consiste en ce
qu'elles ne récitent pas l'Office ecclésiastique,
mais seulement celui de la Très Sainte Mère
de Dieu : ce qu'elles font, parce qu'on reçoit
fréquemment chez elles des sujets d'âge
avancé, qui pourraient bien malaisément
apprendre le grand Office. D'autre part, elles
867 hac [hospitalitate]
868 audiendis [in ecclesia Oblatarum...]
869 istis [in regionibus]
870 quod viduas [quæ veræ viduæ sunt...]
871 ac nuptiarum [proxenetis remittere...]
872 II Cor., IV, 7.
873 Vide supra, p. 243.
874 magna [gravitate ac devotione...]
875 quia [cum nobilissima sint omnes propemodum istius Congregationis Oblatæ, illustribusque locis ortæ et tanta
pietate præditæ...]
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negotio rem totam peragerem, eas Regulæ
Sancti Augustini subjiciendo, et ad clausuram
secundum Concilii Tridentini placita
reducendo.
récitent ce petit Office facilement, marquant
avec une parfaite netteté les mots, les accents
[252] et les pauses ; ce qui leur serait
impossible dans la récitation du grand Office.
Sin minus, Sua Sanctitas, quæ, quia
omnium curam habet, omnibus omnia fieri
debet876, eas earumque Ecclesiam dignetur
Indulgentiis cohonestare, et ad majores in
pietate progressus excitare sua paterna et
Apostolica Benedictione, cum earum mulierum
ac virginum maxima pars sit nobilissima, et
illustribus parentibus [253] ortarum et tota illa
Congregatio etiam hæreticis sit in honore, dum
illius pietas omnem etiam pietatis
inimicorum877 pervicaciam superet.878
…………………………………………………
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le
chanoine Collonge, aumônier de la Visitation
de Chambéry.
En quatrième lieu, elles peuvent
rejeter les sujets incorrigibles, à la Condition
toutefois d'avertir préalablement l'Evêque,
d'attendre sa décision, et de restituer à la
personne renvoyée tout ce qu'elles en avaient
reçu. Ce fait d'ailleurs ne s'est jamais produit
jusqu'à ce jour. Tout le reste de leurs
observances n'offre absolument rien à
signaler.
J'ai proposé tout ceci parce que, si,
tout en maintenant ces diverses prescriptions,
le Souverain Pontife voulait qu'elles se
constituassent en Ordre religieux, je
réaliserais facilement son désir en les
soumettant à la Règle de saint Augustin et en
les réduisant à la clôture selon l'esprit du
Concile de Trente.
Que du moins Sa Sainteté, qui a la
charge de tous et doit se faire tout à tous,
daigne leur accorder des Indulgences et en
enrichir leur église ; qu'Elle daigne les
encourager à progresser dans la piété par sa
paternelle et Apostolique Bénédiction ; car la
plupart de ces femmes et de ces vierges sont
de haute noblesse et issues de parents [253]
illustres, et cette Congrégation tout entière est
respectée des hérétiques eux-mêmes, tant sa
piété sait triompher de l'obstination des
ennemis même de la piété.
………………………………………………
876 I Cor., IX, 22.
877 inimicorum [calumnias]
878 [La suite manque.]
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MCCXX. A M. Melchior de Cornillon, son Beau-Frère879. « La
plus favorable condition » que nous puissions attendre de la
mort. Remercier Dieu quand il nous laisse ceux que nous
aimons ; acquiescer à sa volonté lorsqu'il nous les ôte.
Annecy, 13 juillet 1616,
Monsieur mon cher Frere,
La longueur du tems que monsieur vostre pere a vescu880 et les dernieres langueurs qui
vous ont, il y a quelque tems, annoncé son trespas et menacé de son absence future, vous auront
donné sujet de vous resoudre en la perte du bonheur que vous avies de le sentir encor [254] en ce
monde ; car en somme, puisque nul n'est exempt de la mort, la plus favorable condition que nous
puissions avoir d'elle, c'est quand elle nous laisse longuement jouïr de ceux a qui nous appartenons.
Il faut donq loüer Dieu et le benir de la faveur qu'il vous a faite de vous avoir longuement
maintenu ce pere, et acquiescer a la volonté par laquelle il vous l'a osté maintenant. Pour moy, je
ne veux point icy user des termes ordinaires avec vous ; le lien qui me tient attaché a vostre amitié
et service vous servira de gage et d'asseurance que je rendray bien mon devoir a prier pour le
defunct et honnorer sa memoire, et, quant au reste, je suis,
Monsieur mon Frere,
Vostre plus humble frere et fidelle serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 13 julliet 1616, Annessi.
_____
879 D'après les particularités du texte, on peut en toute sûreté indiquer pour destinataire le fils de Raymond-Charles de
Cornillon et de Philiberte de Thoyre, Melchior, seigneur de Meyrens. De Hauteville (La Maison naturelle de St Fr. de
Sales, 1669, Ier Partie, p. 224) raconte à la suite de quelle chevaleresque aventure il était devenu, en 1595, l'époux de
la jeune Gasparde de Sales, sœur du saint Evêque de Genève. Il survécut à sa femme, et, « pour le grand respect qu'il
portoit à sa chere défunte, » il ne voulut jamais se remarier. Lui-même descendit dans la tombe le 29 octobre 1641.
880 Raymond-Charles de Cornillon (voir tome XIV, note (1055), p. 364) devait avoir environ quatre-vingts ans.
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MCCXXI. A M. Claude Feydeau Doyen de Notre-Dame de
Moulins881. Remerciements à un protecteur du futur monastère de
la Visitation de Moulins, auteur de « belles oraysons. »
Annecy, 17 juillet 1616.
Monsieur,
Ces bonnes Seurs de la Visitation qui iront la commencer une nouvelle Congregation, ne
pourront qu'estre [255] grandement consolees, puisque vous les protegeéres au nom de
Monseigneur l'Archevesque de Lyon, par l'authorité episcopale ; et loue Dieu de l'affection que
vous tesmoignes a ce bon œuvre, duquel j'espere que vous aures contentement882. [256]
881 « Mon fils Claude Feydeau nasquit le jeudy, 20me jour de mars, l'an 1559, vers onze heures du soir. » C'est ainsi
que Jean Feydeau, seigneur de Cluzor, lieutenant particulier au Presidiai de Moulins, libelle la naissance du seigneur
des Espineaux, que lui avait donné sa femme, Catherine de la Croix. Claude ayant embrassé l'état ecclésiastique, fut
reçu docteur en droit canonique à la Faculté de Paris. Il n'était encore ni chanoine ni prêtre, quand, les premiers jours
de juin 1593, il fut nommé doyen de la Collégiale de Moulins. Cette élection irrégulière suscita des oppositions ; le
10 avril 1596, M. Feydeau dut céder sa place à Rémy de Beauvais, qui cependant la lui rendit le 10 mars 1608. Déjà,
il possédait la dignité de théologal et grand pénitencier de la cathédrale de Bourges. Son mérite et sa capacité l'avaient
élevé aux honneurs ; pendant trente-deux ans le digne doyen soutint sa réputation et força l'estime de tous ses
contemporains, car « il n'avait pas seulement la science du prêtre, il en possédait les vertus et en pratiquait avec rigidité
tous les devoirs. » (Ancien Bourbonnais, Moulins, Desrosiers, 1837, tome II, p. 281.)
On verra dans les notes suivantes la part que M. Feydeau prit à la fondation du monastère de la Visitation de
Moulins, et les intimes rapports qu'il eut avec les Filles de saint François de Sales. En 1640, le 19 mai, il résigna son
décanat en faveur de Louis Feydeau, son parent, et mourut le 27 mai 1643. (D'après les Notes de M. Francis Pérot, de
Moulins, membre de plusieurs Sociétés savantes.)
882 A cette date du 17 juillet, la fondation de la Visitation à Moulins était déjà un fait accompli, bien que les Sœurs
fondatrices fussent encore à Annecy. L'entreprenante Mme des Gouffiers, à elle seule, avait tout organisé, tout conclu.
Au mois de janvier, elle avait quitté Lyon pour aller terminer définitivement l'affaire de sa rupture avec le Paraclet, et
revenir ensuite se ranger sous les lois du nouvel Institut. Une recrudescence extraordinaire de l'hiver la retint à
Moulins. Elle songea bientôt à utiliser son séjour dans cette ville, et « comme elle n'avoit au cœur que nostre
Bienheureux Pere et sa chere petite et humble Congregation, » elle ne cessait d'en entretenir son hôtesse, une dame
veuve de grande vertu. Peu à peu l'idée d'un établissement des Filles de l'Evêque de Genève germa dans les esprits ; «
quantité de dames et damoiselles s'assembloit journellement pour ouïr » Mme des Gouffiers qui, avec sa grande
puissance de persuasion, gagnait toutes les volontés et triomphait de toutes les incertitudes. Au mois de mars, cette
hardie initiatrice annonce à Annecy ses négociations nouvelles. Elles y causèrent une très médiocre joie ; la Mère de
Chantal déclarait, le 3 avril, qu'en vérité on ne pouvait « donner des Filles pour faire des Maisons. » Cependant, le 14,
elle confiait à la Mère Favre qu'on ne refusait pas « tout à plat d'aller à Moulins, » et faisait envoyer une copie des
Règles à Mme des Gouffiers. Ce fut pour celle-ci comme une acceptation officielle de la fondation. Elle ne se mit plus
en souci de communiquer avec la Savoie, et, pendant quatre mois, garda le silence ; si bien que la Mère de Chantal la
crut à Paris, « à la poursuite de son affaire. » Apprenant toutefois, par des voies indirectes, sa persistance à travailler
au projet de Moulins, la Fondatrice s'en désole : « J'admire ma Sœur de Gouffier, » écrit-elle le 6 juin, « elle perd son
temps... Oui, elle perd son temps. » L'intrépide femme était bien loin de le perdre ; encore un mois, et elle allait toucher
au but de ses désirs. Aidée de son frère, le baron d'Anlezy, des PP. Capucins et Jésuites, et surtout du Recteur, le P.
Aignan Moreau, elle avait obtenu l'approbation des principaux de la ville, du maréchal de Saint-Géran, gouverneur de
la province, et de l'Archevêque de Lyon, administrateur du diocèse d'Autun par droit de régale. Forte de toutes ces
permissions, Mme des Gouffiers prépare une chapelle dans la maison qu'elle venait d'acheter et l'orne de son mieux.
Le samedi, 25 juin, le modeste oratoire se remplit de la plus noble assemblée. Le Chapitre de Notre-Dame s'y était
rendu processionnellement, ainsi que tous les Corps réguliers ; le gouverneur et sa famille, le maire et les échevins, le
baron d'Anlezy et un grand nombre de seigneurs les y avaient suivis. M. Claude Feydeau, doyen de la Collégiale,
délégué par Mgr de Marquemont, « donna la benediction episcopale suivant le pouvoir qu'il en avoit reçu, celebra la
Messe et fit un discours tres pathetique sur le sujet de la ceremonie, » qui se termina par le chant du Te Deum.
La fondation était faite ; il ne restait plus qu'à obtenir des fondatrices. Mgr de Marquemont, de passage à
Moulins le 4 juillet, écrivit à l'Evêque de Genève pour les demander, ainsi que le maréchal de Saint-Géran et les
échevins de la ville. (Voir ces lettres à l'Appendice I.) On peut juger de la surprise de François de Sales et de sa digne
coopératrice, la Mère de Chantal ! Mais il n'y avait plus moyen de reculer, « Certes, » écrit la Sainte à Mme des
Gouffiers le 17 juillet, « si la gloire de Dieu et votre réputation n'eussent été fort mêlées en cette occasion, nous
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19.8 Page 188

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Cependant je vous rens graces des belles oraysons que vous m'aves communiquees, et du
tiltre des beaux livres que vous aves ornés de vostre labeur883, lesquelz je m'essayeray de voir, et,
en correspondant a vostre dilection, tesmoigner, si jamais j'en ay le pouvoir, que je suis,
Monsieur,884
A Monsieur
Monsieur Feydeau, Docteur en Theologie,
Doyen de N. Dame de Moulins.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Orléans. [257]
_____
MCCXXII. Au même (Fragment). Le Saint recommande ses
Filles au délégué de l'Archevêque de Lyon
Annecy, vers le 22 juillet885 1616.
Puisque Monseigneur de Lyon vous a establi son vicaire pour l'establissement et le progres
de la Congregation de la Visitation de Moulins, c'est donq a vous, Monsieur, que j'addresse ces
quatre lignes, affin que sous vostre authorité spirituelle886, elles servent a ce dessein Dieu, qui,
comme je l'espere, benira leur bonne volonté et leur desir
Revu sur le texte inséré dans les Annales de la Visitation de Moulins,
conservées au Monastère de Nevers.
_____
n'eussions nullement fait » ce « coup. » Quelques jours après, la Mère de Bréchard, à la tête d'une petite et courageuse
troupe, partait d'Annecy. (D'après l’Histoire de la Fondation et les Lettres de Ste J.-F. de Chantal, vol. I.)
883 Le doyen de Moulins avait sans doute envoyé à l'Evêque de Genève son Oraison funebre de Claude Duret,
président du Presidiai de Moulins, et son Panégyrique sur la paraphrase des CL Pseaumes de David, par Antoine de
Laval, sieur de Bel-Air. Ces deux ouvrages réunis furent imprimés pour la première fois en 1608, et réimprimés en
1619.
Un des « beaux livres » mentionnés par le Saint pourrait être le savant Thresor des langues, de Claude Duret,
publié après sa mort, en 1613 ; la préface, datée du 2 mars 1612, est de Claude Feydeau.
884 Dans l'Autographe, ont été coupées signature et date ; mais cette dernière est indiquée par l'Histoire de la Fondation
du Monastère de Moulins.
885 La date approximative de ce fragment s'appuie sur celle du départ des fondatrices de la Visitation de Moulins,
porteuses de la lettre. (Voir note (887) de la lettre suivante.)
886 M. Feydeau devint en effet Père spirituel de la nouvelle Communauté ; jusqu'en 1633, il figure avec ce titre dans
le Livre du Couvent et le Livre du Chapitre de l'ancien Monastère.
188/355

19.9 Page 189

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MCCXXIII. A la Mère de Bréchard Supérieure de la Visitation
de Moulins. Un service apostolique. Quand est bonne la
défiance de soi ; quand redoutable. Dieu ne laisse jamais
succomber ceux qui se confient en lui. Accord de l'humilité,
de l'obéissance et de la simplicité. Avantages des infirmités
corporelles. Quelle est la plus rare vertu. Sur quoi doit se
fonder la charité envers le prochain. Bénédiction paternelle
Annecy, 22 juillet887 1616.
Le service que vous alles rendre a Nostre Seigneur et a sa tres glorieuse Mere, est
apostolique ; car vous alles [258] assembler, ma tres chere Fille, plusieurs ames en une
Congregation, pour les conduire, comme une nouvelle bande, a la guerre spirituelle contre le
monde, le diable et la chair, en faveur de la gloire de Dieu ; ou plustost, vous alles former un
nouvel essaim d'abeilles qui, en une nouvelle ruche, fera le mesnage du divin amour, plus delicieux
que le miel888.
Or, alles donq toute courageuse, en une parfaite confiance en la bonté de Celuy qui vous
appelle a cette sainte besoigne. Quand est ce qu'aucun espera en Dieu et qu'il fut confus889 ? La
desfiance que vous aves de vous mesme est bonne tandis qu'elle servira de fondement a la
confiance que vous deves avoir en Dieu ; mais si jamais elle vous portoit a quelque
descouragement, inquietude, chagrin et melancholie, je vous conjure de la rejetter comme la
tentation des tentations ; et ne permettes jamais a vostre esprit de disputer et repliquer en faveur
de l'inquietude ou de l'abbattement de cœur auquel vous vous sentires penchee, car cette simple
verité est toute certaine : que Dieu permet arriver beaucoup de difficultés a ceux qui entreprennent
son service, mays jamais pourtant il ne les laisse tomber sous le faix tandis qu'ilz se confient en
luy. C'est, en un mot, le grand mot de vostre affaire, de ne jamais employer vostre esprit pour
disputer en faveur de la tentation du descouragement, sous quel pretexte que ce soit, non pas
mesme quand ce seroit sous le specieux pretexte de l'humilité.
L'humilité, ma tres chere Fille, fait refus des charges, mais elle n'opiniastre pas le refus ; et estant
employee par ceux qui ont le pouvoir, elle ne discourt plus sur son indignité quant a cela, ains croit
tout, espere tout, [259] supporte tout avec la charité890 ; elle est tous-jours simple. La sainte
humilité est grande partisane de l'obeissance, et comme elle n'ose jamais penser de pouvoir chose
quelcomque, elle pense aussi tous-jours que l'obeissance peut tout ; et comme la vraye simplicité
refuse humblement les charges, la vraye humilité les exerce simplement.
Vostre cors est imbecille, mays la charité, qui est la robbe nuptiale891, couvrira tout cela.
Une personne imbecille excite a un saint support tous ceux qui la connoissent et donne mesme une
tendreté de dilection particuliere, pourveu qu'elle tesmoigne de porter devotement et amiablement
887 Les fondatrices du monastère de Moulins, raconte la Mère de Chaugy (Hist. de la Fondation), « allerent prandre la
benediction de nostre Bienheureux Pere avant que partir. Ce sainct et debonnaire Prelat leur donna a chacune un papier
ou il avoit escrit quelque devote instruction selon leur particulier besoin. » Les quatre lettres qui suivent sont les
précieux avis confiés à la Mère de Bréchard et à ses compagnes, les Sœurs Françoise-Gabrielle Bailly, Marie-Avoye
Humbert et Jeanne-Marie de la Croix.
Elles sortirent d'Annecy le 22 juillet, selon le témoignage du Saint, qui écrit quelques jours après (voir p.
267) : « Les Seurs partirent vandredi ; » or, le vendredi tombait le 22. Il est vrai que la profession de la Sœur de la
Croix, qui se fit le jour du départ, est datée au Livre du Couvent du 24 ; mais ce quantième, il est facile de s'en
convaincre, a été ajouté après coup, et peut n'être exact qu'à deux jours près.
888 Psalm. XVIII, 11 ; Eccli., XXIV, 27.
889 Eccli., II, 11 ; cf Ps. XXXI, 1, et alibi.
890 I Cor., XIII, 7.
891 Matt., XXII, 11.
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sa croix. Il faut estre egalement franche a prendre et demander les remedes, comme douce et
courageuse a supporter le mal. Qui peut conserver la douceur emmi les douleurs et
alangourissemens, et la paix entre le tracas et multiplicité des affaires, il est presque parfait ; et
bien qu'il se treuve peu de gens, es Religions mesmes, qui ayent atteint a ce degré de bonheur, si
est ce qu'il y en a pourtant et y en a eu en tout tems, et faut aspirer a ce haut point.
Chacun presque a de l'aysance a garder certaines vertus et de la difficulté a garder les autres,
et chacun dispute pour la vertu qu'il observe aysement et tasche d'exagerer les difficultés des vertus
qui luy sont malaysees. Il y avoit dix vierges, et n'y en avoit que cinq qui eussent l'huyle892 de la
douceur misericordieuse et debonnaireté. Cette egalité d'humeur, cette douceur et suavité de cœur
est plus rare que la parfaite chasteté, mais elle n'en est que plus desirable. Je la vous recommande,
ma tres chere Fille, parce qu'a icelle, comme a l'huyle de la lampe, tient la flamme du bon exemple,
n'y ayant rien qui edifie tant que la charitable debonnaireté.
Tenes bien la balance droitte entre vos filles, a ce que les dons naturelz ne vous facent point
distribuer iniquement vos affections et bons offices. Combien y a-il de personnes maussades
exterieurement, qui sont tres aggreables aux yeux de Dieu ! La beauté, la bonne grace, le bien
parler donnent souvent des grans attraitz aux personnes qui vivent encor selon leurs inclinations ;
la [260] charité regarde la vraye vertu et la beauté cordiale, et se respand sur tous sans particularité.
Alles donq, ma chere Fille, a l'œuvre pour laquelle Dieu vous a esleuë. Il sera a vostre
dextre, affin que nulle difficulté ne vous esbranle893 ; il vous tiendra de sa main, affin que vous
suivies sa voye894. Ayés donq un grand courage, non seulement grand, mais de grande haleine et
de grande duree, et pour l'avoir, demandés-le souvent a Celuy qui seul le peut donner ; et il le vous
donnera, si en simplicité de cœur vous correspondes a sa grace. L'amour, paix et consolation du
Saint Esprit soit a jamais en vostre ame895. Amen.
Vous estes ma fille, et d'une dilection paternelle je vous donne la sainte benediction. De
Dieu benite soyes vous en allant, en demeurant, en servant Dieu, en servant le prochain, en vous
humiliant jusques dans vostre neant, en vous relevant jusques dedans vostre Tout ; et Dieu soit
uniquement vostre tout, ma tres chere Fille. Amen.
FRANCS, E. de Geneve.
_____
892 Ibid., XXV, 1, 4.
893 Cf. Ps. XV, 8.
894 Cf. Ps. LXXII, 24.
895 Act., IX, 31.
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MCCXXIV. A la Soeur Bailly, Religieuse de la Visitation896
(Inédite). Bonheur, qualités et vertus d'une fondatrice d'une
Maison religieuse.
Annecy, 22 juillet 1616.
Vous estes bien heureuse, certes, d'aller servir a la fondation d'une nouvelle Congregation
de servantes de [261] Dieu, car c'est un office angelique. Contribues y donq de bon cœur vostre
personne et tout ce qui en depend ; joignés l'humilité a la sainte confiance et allegresse d'esprit,
vous resouvenant qu'en l'ancienne Loy on recevoit au Tabernacle l'offrande de ceux qui, n'ayans
autre chose, presentoyent de bon cœur des poilz de chevre897 pour faire le cilice duquel le
Tabernacle estoit couvert898. Alles joyeusement donq, et, telle que vous estes, offres-vous
humblement a ce saint service de Nostre Seigneur.
Aymés perseveramment vostre propre abjection ; cherisses le mespris et caresses les croix
que Dieu peut estre permettra vous arriver. Tenes vous ferme en la sainte douceur, et Dieu vous
benisse a jamais, ma tres chere Fille, comme en son nom je vous benis. Amen, ainsy soit il.
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Rome. [262]
_____
896 Après avoir été pendant onze ans un modèle de piété filiale envers son vieux père infirme, Mlle Bailly s'était retirée
chez Mme de Château-Rouillaud. S'associant ensuite à Mme d'Escrilles, elle entra à la Visitation d'Annecy, où toutes
deux prirent l'habit le s juillet 1614 (voir le tome précédent, note (914), p. 280). Moins d'un an après sa profession,
qu'elle fit le 6 août 1615, Sœur Françoise-Gabrielle fut choisie pour la fondation du monastère de Moulins. Elle y
partagea les épreuves de la vénérable Mère de Bréchard, et eut l'occasion de faire briller sa délicate prudence et son
humilité ; ces vertus lui furent encore plus nécessaires à Bourges, où les Fondateurs l'envoyèrent en mars 1619 pour
seconder dans l'administration du temporel la Mère Anne-Marie Rosset. En 1622, elle succéda dans la charge de
Supérieure à cette vertueuse Mère, et, pendant six ans, fit la joie et l'édification de sa Communauté au milieu d'un
dénuement total de secours pécuniaires. « Quel bonheur de pouvoir être martyres de la sainte pauvreté ! » lui écrivait
la Mère de Chantal en apprenant la détresse extrême du Monastère de Bourges. (Lettres, vol. II, p. 208.) Quelques
années après sa déposition, le 21 mars 1634, elle allait recevoir la récompense d'une vie de souffrances et de vertus.
Cette sainte Religieuse mérite d'être mentionnée parmi les premières de l'Institut qui ouvrirent la voie à la dévotion au
Sacré-Cœur ; elle reçut de Dieu, assurait sainte Jeanne-Françoise, des grâces semblables à celles qui furent départies
à sainte Catherine de Gênes. (Voir sa biographie par la Mère de Chaugy, dans Les Vies de VII Religieuses de l'Ordre
de la Visitation Sainte Marie, Annessy, Jacques Clerc, 1659.)
897 Exod., XXXV, 26.
898 Ibid., XXXVI, 14.
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MCCXXV. A la Soeur Humbert, Religieuse de la Visitation899.
Assurance et remède contre les tentations. Ne pas s'affliger
de ce qui ne peut séparer de Notre-Seigneur. Souhaits et
bénédictions.
Annecy, 22 juillet 1616.
A ma tres chere Fille, ma Seur Marie Avoye Humbert.
Ne vous troubles nullement pour ces imaginations et pensees estranges ou terribles qui
vous arrivent, car, selon la veritable connoissance que j'ay de vostre cœur, je vous asseure devant
Nostre Seigneur que vous n'en pouves encourir aucun peché. Et pour vous affermir en cette
creance, a la fin de vostre exercice du matin, desadvoués par une courte et simple aversion toutes
sortes de pensees qui sont contraires a l'amour celeste, comme disant : Je renonce a toutes
cogitations qui ne sont pas pour vous, o mon Dieu ; je les desadvoue et rejette a jamais. Puys, lhors
qu'elles vous attaquerons (sic), vous n'aures rien a dire, sinon par fois : O Seigneur, je les ay
rejettees, vous le sçaves. Quelquefois, vous bayseres vostre croix, ou feres quelqu'autre signe que
vous confirmes vostre desaveu. Et ne vous fasches point, ne vous tormentes point, puisque tout
cela non seulement ne vous separe point de Nostre Seigneur, mais vous donne sujet de vous unir
de plus en plus a sa misericorde.
Alles donq doucement et suavement en paix, servir Dieu et Nostre Dame ou vous estes
appellee par leur volonté, et la grace et consolation de son Saint Esprit soit a jamais avec vous900.
Amen.901 [263]
Ma très chere Fille, vives en Dieu doucement et simplement, avec un continuel amour de
vostre propre abjection, et un grand courage a servir Celuy qui, pour vous sauver, est mort en la .
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Nevers.
_____
899 Sœur Marie-Avoye (Hedwige) Humbert, douzième Religieuse de l'Institut (voir le tome précédent, notes (227), p.
61, et (228), (229), p. 62), fut un si fidèle miroir d'observance, que la Mère de Chantal « avoit acoutumé de dire que
si nos Reigles et Coutumes estoient perdues, on les referoit facilement en » considérant « sa conduitte. » (Livre du
Couvent, du 1er Monastère d'Annecy.) Elle persévéra toute sa vie dans cette exactitude, malgré des épreuves intérieures
très pénibles, et mourut le 22 décembre 1657, au monastère de Moulins qu'elle n'avait pas quitté depuis 1616.
900 Act., IX, 31 ; Col., IV, ult.
901 La signature a été coupée.
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MCCXXVI. A la Soeur de la Croix, Religieuse de la
Visitation902. Pourquoi la destinataire a été choisie pour une
fondation, malgré sajeunesse.
Annecy, 22 juillet 1616.
VIVE JESUS !
Vous estes employee bien jeune a de grandes œuvres : cela vous doit faire humilier
profondement, et vous faire resoudre a fidellement obeir aux Regles et a vostre Superieure ; car
c'est pour [ce] service qu'on vous a choisie, affin que, comme d'autres serviront de bon exemple
aux filles plus avancees en aage qui se rangeront a la Congregation, vous servies aussi de patron
aux plus jeunes ; ce qui est extremement important, car Dieu ayme tres particulierement les
premices des annees et desire qu'elles luy soyent consacrees903. Alles donq bien sagement, ma
chere Fille ; faites que vostre humilité, obeissance, douceur et [264] modestie serve de miroir aux
jeunes et de consolation aux autres.
Dieu soit a jamais avec vous et vous veuille benir de sa dextre. Amen. Vive Jesus !
FRANÇS, E. de Geneve.
A ma tres chere Fille,
Ma Seur Jeanne Marie de la Croix, ma Niece.
_____
MCCXXVII. Au Chanoine Roland Viot Prévot de l'hospice du
Grand-Saint-Bernard904. Un accommodement dont le Saint
espère bientôt la conclusion.
Annecy, 23 juillet 1616.
Monsieur,
Encor qu'en l'assemblee que nous avons tenue maintenant, le different que nous avons n'ayt
pas esté du tout terminé, si est ce toutefois que l'accommodement en a esté tellement acheminé,
902 Fille de Jacques de Vincent de la Croix et de Blanche-Diane de Valence de Gruffy (voir le tome précédent, note
(887), p. 271, et notes (888), (889), p. 272), et spécialement chère à son saint parent François de Sales, Sœur Jeanne-
Marie de la Croix n'avait que seize ans quand elle suivit la Mère de Bréchard à Moulins. Elle coopéra en 1619 et 1626
aux fondations des deux monastères de Paris, et revint en 1635 à Annecy pour servir à l'établissement de la seconde
Maison de cette ville, où elle décéda le 3 novembre 1668. La Sœur de la Croix « a porté, » dit le Livre du Couvent
(Archives de la Visitation d'Annecy), « les principalles charges... avec un esprit religieusement regulier,... se tenant
au pied de la lettre de toutes » les « saintes observances. » (Voir sa Vie dans l'Année Sainte, tome XI, p. 155.)
903 Cf. Eccli., VI, 18 ; Apoc., XIV, 4.
904 L'hospice du Mont-Joux, ou Grand-Saint-Bernard, était desservi par des Chanoines réguliers, dont le prévôt résidait
habituellement au prieuré de Saint-Jacques ou Jaqueme (diocèse d'Aoste). Roland Viot avait d'abord été coadjuteur
d'André de Tillier (8 novembre 1604) ; il fut son successeur en 1611 et garda la charge jusqu'à sa mort, 16 août 1644.
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qu'il sera aysé, au premier rencontre, de le parachever905, ainsy que monsieur Pergod906 et le sieur
Enpio907 vous en feront plus amplement le [265] recit. A quoy servira beaucoup le desir extreme
que j'ay de vous honnorer et conserver vostre amitié, laquelle je vous supplie me departir
continuellement, puisque, vous souhaitant toute sainte benediction, je veux estre toute ma vie,
Monsieur,
Vostre plus humble, tres affectionné confrere et serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
23 julliet 1616.
A Monsieur
Monsieur le Prevost de St Bernard.
Revu sur l'Autographe conservé à l'Hospice du Grand-Saint-Bernard.
_____
MCCXXVIII. A Madame de la Fléchère. Troubles à Annecy.
Arrivée de Bonfils. Nouvelles de la Visitation
Annecy, 24 ou 25 juillet 1616 908.
Ma tres chere Fille,
Je vous escris hors d'haleyne, allant dire la Messe solemnelle et prescher.
Nous avons icy M, de Charmoysi et M. de Vallon, et sommes grandement embarassés de
ces troubles909. [266] M. Bonfilz s'estoit retiré a Sessel aupres de Sa Grandeur, mais il revint hier
905 On a vu déjà au tome XII, note (940), p. 376, l'origine du différend entre l'Evêque de Genève et le prévôt du Mont-
Joux, à l'occasion de la cure des Allinges et de Mesinges. André de Tillier avait, en 1608, fait appel de la sentence de
Claude de Granier qui annulait l'élection de Nicolas Perret, nommé curé par le prévôt. L'Archevêque de Tarentaise,
juge de l'affaire, donna raison aux Chanoines de Saint-Bernard ; cette sentence ne fut pas acceptée par l'officialité
diocésaine. En 1611, nouveau débat devant le Sénat de Savoie ; enfin « l'accommodement » commencé dans
l'assemblée du 23 juillet 1616, se termina le 21 mai 1618. La nomination au vicariat perpétuel de la paroisse des
Allinges était laissée au prévôt du Mont-Joux, sauf examen et institution du candidat par l'Evèque de Genève. (D'après
les Mss. Besson.)
906 Noël-Hugon Pergod (voir tome XIII, note (526), p. 197).
907 Claude Empioz ou Empiouz, nommé dans la transaction du 21 mai 1618, comme procureur du prévôt de Saint-
Bernard et de Nicolas Perret, le prétendant à la cure des Allinges.
908 Les détails donnés dans la note suivante précisent la date de ce billet à un jour près. La Messe solennelle et le
sermon pouvaient avoir lieu le dimanche, 24, mais plus probablement encore le 25, fête de saint Jacques.
909 Trois compagnies françaises, commandées par Crémeaux de la Grange, colonel du duc de Nemours (voir le tome
précédent, note (821), p. 254), se présentaient, le 22 juillet, « feu en main et basle en bouche, » aux portes d'Annecy,
déjà occupé militairement par les troupes du duc de Savoie. Cette fois, le grand feudataire du Genevois était en révolte
ouverte contre son souverain. Charles-Emmanuel, toujours menacé par les Espagnols, infracteurs du traité d'Asti,
s'était mis en état de défense, et avait réclamé de son cousin les renforts promis depuis longtemps. Obéissant en
apparence, Henri de Nemours leva une armée et fit partir d'abord le régiment de Poligny. Mais celui-ci reçut bientôt
l'ordre de rebrousser chemin : le duc de Genevois cédait à ses vieilles rancunes (cf. ibid., note (631), p. 197 ; Lettre
MXII, p. 257, et note (883), p. 269), et, comptant sur l'argent et les troupes d'Espagne pour soustraire son apanage à
la domination du duc de Savoie, passait du côté de l'étranger. La noblesse et le peuple ne furent point complices de sa
trahison. Tandis que Louis de Sales battait les soldats de Poligny et les conduisait à Conflans, Annecy refusait le
passage au colonel de la Grange et le forçait à se replier sur Annecy-le-Vieux. Pour apaiser son courroux, on lui
envoya des présents, qu'il ne voulut pas accepter. Alors les syndics avisèrent à remédier « aux impostures qui
pourroient avoir esté dictes » au prince de Nemours sur cette affaire et à prévenir sa vengeance ; on députa M. Garin
« pour luv reciter le tout au vray. » (Reg. des Délib. municip., 23 juillet.)
Pendant ces jours de troubles, « le Bien-heureux François fust la seule esperance de ses pauvres enfans, » dit
Charles-Auguste (Histoire, etc., liv. VIII). Il refusa d'abandonner la ville, promit que « ceste levee de boucliers »
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bien tard, et croy que c'est pour apporter quelque parole et s'entremettre a l'accommodement de ce
mal heur910.
Les Seurs partirent vandredi911, le reste se porte bien et la niece triomphe912.
Dieu nous veuille donner l'esprit de son saint et pur amour. Amen. Je salue de tout mon
cœur vostre chere compagne913, et tres humblement madame la Contesse et sa digne trouppe914.
VIVE JESUS !
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme la comtesse Balbo, à Turin. [267]
_____
MCCXXIX. A la même. Le prince héritier de la couronne de
Savoie. Deux visiteuses attendues au monastère d'Annecy.
Une heureuse novice. Arrestation de Bonfils ; souhaits du
Saint pour le prisonnier
Annecy, 14 août 1616.
Ma tres chere Fille,
Je vous escrivis des-ja l'autre jour la lettre ci jointe, mais l'homme qui accompaigna
monsieur de Monthouz915, qui m'avoit rendu la vostre, ne vint point prendre ma lettre, que je sache.
Despuis, comme vous aves sceu, Monseigneur le Prince vint icy916, a la bonté duquel je suis
infiniment obligé, et avec tout le reste du païs je dois mille et mill'actions de graces a la divine
Providence qui nous a donné un homme tant plein de vertu et de benedictions pour dominer un
jour entre nous. Il failloit que mon cœur rendit ce tesmoignage a celuy de ma tres chere fille, de la
consolation que j'ay de voir ce Prince tant rempli de la sainte crainte de Dieu.
Vous pourres venir icy a vostre gré917, car nostre Mere918 n'aura point de plus grand playsir
que de vous voir, et ne croy pas quil y ayt aucun danger en chemin ; et ne faut non plus faire
s'évanouirait, et que « ces grands Princes » s'accorderaient « assez, le sang se » conformant « au sang. » Prophétie qui
se vérifia, comme nous le verrons dans la suite.
910 Le trésorier du duc de Nemours (voir ci-dessus, note (683), p. 194), député par son maître pour accommoder la
Grange et la ville d'Annecy, réussit sans doute dans sa mission, car le capitaine français et ses troupes se retirèrent dès
le 25 juillet.
911 Pour la fondation de Moulins. (Voir ci-dessus, note (887), p. 258.)
912 Gasparde d'Avise, entrée depuis peu au noviciat de la Visitation. (Voir ibid., p. 230.)
913 Mme de Mieudry.
914 La comtesse de Tournon et ses filles : Claude-Françoise, veuve de Salomon de Murat de la Croix (voir le tome
précédent, note (274), p. 78) ; Marguerite (voir ibid., note (654), p. 204) ; sans doute aussi Claire-Marie, dame Guillet
de Monthoux (voir tome XV, note (1070), p. 372, et ci-dessus, p. 64).
915 Probablement, Gabriel Guillet de Monthoux, marié à Claire-Marie de Maillard-Tournon (cf. ci-dessus, note (261),
p. 64), qui devait se rendre assez souvent à Rumilly, chez sa belle-mère.
916 Le prince de Piémont, Victor-Amédée, avait été envoyé par le Duc son père afin de rétablir l'ordre dans le Genevois,
et de traiter avec Henri de Nemours. Arrivé à Chambéry le 11 août, il en repartit le 12 pour Annecy, dont les quatre
députés le rencontrèrent près d'Alby. Il descendit d'abord chez l'Evêque, et eut une longue conférence avec lui et ses
deux frères, Louis et Janus de Sales.
917 A la Visitation.
918 La Mère de Chantal.
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difficulté pour madamoyselle de Beaufort919. Mays voÿés vous, ma tres chere Fille, [268] vous
sçaves bien cela, que la Visitation est toute vostre, et nostre Mere et toutes les Seurs, et a
madamoyselle de Beaufort, ainsy que vous le jugeres a propos.
La chere niece920 est si grandement consolee, que son ame est comme une petite pouponne
aux mammelles de la douceur caeleste. Je ne luy ay point parlé qu'une fois il y a trois semaines,
mais je n'ay pas laissé de connoistre la bonté que Dieu exerce en elle. En somme, Dieu est bon, et
bienheureux est le cœur qui l'ayme.
Le sieur Bonfilz a esté saysi ce soir passé, environ les onze heures, et mené prisonnier a
Chamberi ou Miolans, par ordre de Monseigneur le Prince921. On a quant et quant cacheté ses
coffretz et son logis ; cela rendra plus malaysé vostre payement922. Je parleray a Messieurs de la
justice, pour voir ce qui se pourroit faire pour vostre payement. Ce bon homme ne me voyoit point,
des il y a quelque tems, et avoit protesté a Sessel de ne me vouloir jamais aymer, sans quil eut ni
rayson ni sujet quelcomque de faire telle declaration ; c'est pourquoy, quoy que diverses fois il fut
venu icy, je n'avois pas eu moyen de luy parler de vostre affaire. Hier seulement, en passant, il me
saluâ et moy luy. Helas, ma tres chere Fille, Dieu sçait si je luy souhaite les biens infinis de la
paix, consolation et grace du Saint Esprit923. Mays a vous, ma tres chere Fille, cela ne se peut dire
[269] combien mon ame en souhaite, et a nostre chere seur de Mieudri924.
Annessi, le XIIII aoust 1616.
Je salue tres humblement madame la Comtesse et mesdames ses filles et les miennes925,
car il faut dire ainsy.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.
_____
919 Née à Ugine avant 1593, Jeanne-Aimée était fille de Jean de Beaufort, coseigneur d'Héry, de Cornillon et de
Marthod, et d'Etiennette de Beaufort, dame de Salagine. Héritière des seigneuries de Salagine, de la Villette, de
Pierrecharve, etc., et de la maison-forte de Beaufort à Rumilly, elle les porta en dot à François de Longecombe, qu'elle
épousa le 5 novembre 1622. Nous aurons à raconter plus tard la part active que le bienveillant Evêque de Genève prit
à la conclusion de ce mariage qu'il bénit lui-même. Jeanne-Aimée teste le 26 mai 1641 ; elle veut être enterrée dans
la chapelle des Beaufort, en l'église de Rumilly, et fait divers legs à la Visitation de cette ville, dont elle entend être
l'une des fondatrices, à la charge de faire mettre les armoiries des Beaufort sur le portail de l'église du monastère.
920 Gasparde d'Avise.
921 Horace Bonfils, trésorier et favori du duc de Nemours (voir ci-dessus, note (683), p. 194), allait et venait de Seyssel
à Annecy, servant d'intermédiaire entre son maître et la ville fidèle au duc de Savoie. Victor-Amédée jugea opportun
d'arrêter ce suspect personnage, ainsi que le procureur fiscal Barfelly. Après le traité de paix entre Charles-Emmanuel
et Henri de Nemours (14 novembre 1616), Bonfils fut relâché.
922 Voir ci-dessus, pp. 169, 170, et note (692), p. 196.
923 Act., IX, 31 ; CI. Galat., V, 22.
924 Gasparde de Cerisier, dame de Mieudry.
925 La comtesse de Tournon et ses filles (voir ci-dessus, note (914), p. 267).
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MCCXXX. A la Mère de Chantal. Oraison du Saint la veille de
l'Assomption. Marie, morte d'amour, nous fasse vivre en
l'amour ! Glorieuse date de la naissance de François de Sales.
Le rameau de la colombe au milieu du déluge
Annecy, 15 août 1616 926.
Ma tres chere Mere,
Je considerois au soir, selon la foiblesse de mes yeux, cette Reyne mourante d'un dernier
acces d'une fievre plus suave que toute santé, qui est la fievre d'amour, laquelle, desseehant son
cœur, en fin l'enflamme, l'embrase et le consomme, de sorte qu'il exhale son saint esprit, lequel
s'en va droit entre les mains de son Filz. Ah ! veuille cette Sainte Vierge nous faire vivre, par ses
prieres, en ce saint amour ! Qu'il soit a jamais le tres unique objet de nostre cœur ; que puisse
nostre unité rendre a jamais gloire a l'amour divin, qui porte le sacré nom d'« unissant927. »
Je n'ay pas une si heureuse naissance, ma tres chere [270] Mere, que d'avoir paru en ce
monde au jour auquel la tres sainte Vierge nostre Reyne parut au Ciel
En son beau vestement de drap d'or recarne,
Et d'ouvrages divers a l'esquille semé928,
ainsy que nous dirons Dimanche, jour auquel je nasquis, avec cette gloire que ç'a esté entre les
octaves de cette grande Assomption929. Ah Dieu ! ma tres chere Mere, que je veux approfondir
creusement nostre cœur devant cette Dame eslevee, affin qu'il luy playse le remplir de cette
surabondante rosee d'Hermon930, qui distille de toutes parts de sa sainte plenitude de graces.
Oh, quelle perfection toute souveraine de cette colombe931, au prix de laquelle nous
sommes des corbeaux ! Helas ! parmi le deluge de nos miseres, j'ay souhaitté qu'elle treuvast le
rameau de l'olive932 du saint amour, de la pureté, de la douceur, de l'orayson, pour le rapporter en
signe de paix a son cher Colombeau, a son Noé.
VIVE JESUS, VIVE MARIE, le support de ma vie ! Amen.
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
926 Cette lettre fut écrite une année où le 21 août, anniversaire de la naissance de François de Sales, tombait un
dimanche. Depuis l'établissement de la Visitation, cette particularité se rencontre en 1611, 1616, 1622. Si l'appellation
de « Mere » fait exclure la première date, l'absence de tout détail rend le choix difficile entre les deux dernières ;
cependant, le ton de ces lignes indique, semble-t-il, que les Fondateurs n'étaient pas éloignés l'un de l'autre : voilà
pourquoi nous adoptons 1616, la Sainte se trouvant à Paris en 1622.
927 S. Dionys. Areopag., De Div. Nom., c. IV. Cf. Tr. de l'Am. de Dieu, l. I, c. IX (tom. IV, p. 53).
928 Ps. XLIV, 10. (Version de des Portes ; voir tom. XIII, not. (614), p. 228.)
929 François de Sales naquit le 21 août 1567, un jeudi, entre neuf et dix heures du soir.
930 Ps. CXXXII, 3.
931 Cant., VI, 8.
932 Gen., VIII, 10, 11.
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20.8 Page 198

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MCCXXXI. Au duc Roger de Bellegarde. L'amour parfait
exclut les défiances. La « coustume des peres. » Un livre
qui suppléera à la rareté des lettres. Eloge du prince de
Piémont
Annecy, 15 août 1616.
Il ne faut jamais, certes, Monsieur, puisque j'ay lhonneur que vous soyes mon tres cher filz,
il ne faut point faire d'excuses quand vous ne m'escrives pas ; car je ne puis non plus douter de
vostre amour filial envers moy, que je ne puis vivre sans sentir continuellement dedans mon cœur
les eslans de l'amour paternel envers vous. Les defiances n'ont point de lieu ou l'amour est parfait.
[271] Mays il est vray toutefois, Monsieur mon Filz, que vos lettres m'apportent tous-jours une
delectation extreme, y voyant, ou du moins entrevoyant, les traitz de vostre bonté naturelle et de
la sainte charité de vostre ame, qui produit et nourrit la douceur de vostre dilection filiale que vous
respandes sur moy et qui me remplit de suavité. Faites donq, Monsieur mon Filz, faites souvent,
je vous supplie, cette grace a mon esprit, mais seulement pourtant, quand vous pourrés bonnement
sans vous incommoder ; car, quoy que vos lettres me soyent plus delicieuses que je ne puis dire,
si elles vous coustoyent de l'incommodité elles me seroyent douloureuses, aymant plus vostre
playsir que le mien, selon la coustume des peres.
Et moy ce pendant, Monsieur mon tres cher Filz, affin de suppleer en quelque sorte les
defautz que le manquement de commodités me pourroyent (sic) faire faire de vous escrire souvent,
je vous envoye le livre de l'Amour de Dieu que j'ay n'a guere exposé aux yeux du monde933 ; et
vous supplie que si quelquefois l'affection que vous aves pour moy, vous donnoyt quelque desir
d'avoir de mes lettres, vous prenies ce Traitté et en lisies un chapitre, vous imaginant que s'il y a
point de Theotime au monde auquel s'addresse (sic) mes paroles, vous estes celuy entre tous les
hommes, qui estes mon plus cher Theotime.
Le libraire a laissé couler plusieurs fautes en cet œuvre, et moy aussi plusieurs
imperfections934 ; mays sil se treuve des besoignes parfaites en ce monde, elles ne doivent pas estre
cherchees en ma boutique. Si vous lises celle ci de suite, elle vous sera plus aggreable a la fin.
Nous avons icy despuis trois jours Monseigneur le Prince de Piemond, qui me fit lhonneur
de venir descendre chez moy tout a l'improuveu, estant venu par les postes, luy septiesme ;
despuys, il a esté logé au chasteau935. C'est le plus doux, gracieux et devot Prince [272] qu'on
puisse voir ; un cœur plein de courage et de justice, une cervelle pleine de jugement et d'esprit,
un'ame qui ne respire que le bien et la vertu, l'amour de son peuple et sur tout la crainte de Dieu.
Vous sçaures, je m'asseure, avant la reception de la presente, les causes de sa venue936.
Reste, Monsieur mon tres cher Filz tres honnoré, que je vous souhaite toutes les
benedictions celestes ; et c'est la respiration ordinaire de mon cœur, puisque j'ay la faveur et le
bonheur d'estre advoüé vostre Pere, et que je dois estre et suis a jamais,
Vostre tres humble, tres dedié et tres obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XV aoust 1616, Annessi.
Monsieur, c'est tout a la haste que j'escris, et je m'asseure que de Lyon vous recevres un
autre livre937, selon l'ordre que j'en avois donné. O mon Dieu, que je me res-jouis de la grossesse
933 Il avait été achevé d'imprimer le 31 juillet.
934 Voir ci-dessus, Lettre MCCXVIII, p. 234.
935 Au château des ducs de Nemours. Le prince n'avait logé chez le Saint Evêque qu'un ou deux jours. (Voir ci-dessus,
note (916), p. 268.)
936 Voir note (916), p. 268. Victor-Amédée pouvait, d'Annecy, surveiller mieux les mouvements des troupes du duc
de Nemours et ses agissements avec la France. Il lui était plus facile aussi de préparer les voies à une réconciliation
sur les terres mêmes du prince révolté.
937 Un autre exemplaire du Traitté de l'Amour de Dieu.
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20.9 Page 199

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de madame vostre seur938, qu'on m'asseure.
Revu sur l'Autographe qui se conservait à Evian, chez les Missionnaires
de Saint-François de Sales. [273]
_____
MCCXXXII. Au Prince de Piémont Victor-Amédée. Un dessein
sur Genève
Annecy, 23 août 1616.
Monseigneur,
Vostre Altesse aura memoire que je luy dis dans sa chambre939, qu'il y avoit un homme
lequel, des quelques annees, avoit desiré de proposer quelque dessein pour Geneve a Son
Altesse940. Maintenant donq il est revenu a moy, qui le rens porteur de cette lettre, affin que si
Vostre Altesse le treuve a propos, elle l'escoute sur ce sujet ; car a cette seule intention je l'ay
renvoyé vers [274] elle, a laquelle faysant tres humblement la reverence, je suis,
Monseigneur,
Tres humble et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve,
23 aoust 1616, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
938 Catherine Chabot, femme de César-Auguste de Saint-Lary, baron de Termes, frère du duc de Bellegarde. (Voir ci-
dessus, note (478), p. 130.) L'enfant attendu à cette date mourut jeune. En 1621, madame de Termes eut une fille,
Marie-Anne, que son oncle Roger maria, avec dispense, au fils de sa sœur, Jean-Antoine de Pardaillan de Gondrin,
marquis de Montespan.
939 Le prince de Piémont était au château d'Annecy. (Voir ci-dessus, note (919), p. 268).
940 Un an plus tard, le 5 août 1617, le président Favre écrivait à Victor-Amédée : « J'ay esté adverty par Monseigneur
l'Evesque de Geneve... que certain gentilhomme bourguignon, nommé Delaborde, qui se presenta l'an passé a V. A.
S. a Necy et fut par elle remis au sieur de la Tuille, va rodant par les environs de ce païs, s'estant laissé entendre a
quelques uns qu'il avoit une entreprise sur Geneve, ou, de fait, il a demeuré plus de quinze jours soubs pretexte de
quelques affaires qu'il disoit y avoir, pendant lequel tems on dit qu'il a mesuré et compassé tous les fossés, bastillons
et autres forteresses de la ville, comme grand et excellent geometrien qu'il est, à ce qu'on dit. Mais ayant commencé
d'estre decouvert et soupçonné, il s'est sauvé n'y a pas plus de huit jours. » (Mugnier, Correspondance du Président
Favre, tome II, publié par la Société savoisienne, etc., 1905.) En effet, à la date du 24 juin, le Conseil de Genève s'était
ému de la présence de l'étranger dans ses murs : « Il résulte des informations prises sur le sieur de la Borde, » consigne-
t-il dans ses Registres, « qu'il a sa maison auprès de Blois, est seigneur de trente mille livres de rente, papiste, versé
aux mathématiques et entendu au fait des pétards ; qu'il n'a jamais servi l'Espagne, mais qu'au contraire il a dépensé
20.000 écus pour lever un régiment dans l'armée des Princes, lequel s'est débandé ; qu'il veut en lever un autre pour
le service de Savoie ; que si son dessein manque, il ira vers les Vénitiens, et que si cela lui manque aussi, il ira vers
l'Empereur. Sur quoi, arrêté de lui signifier que son séjour ici a été assez long. » (Reg. du Conseil d'Etat de la Rép. de
Genève.)
Il est évident que le sieur de la Borde est le personnage que François de Sales présente, le 23 août 1616, au
prince de Piémont.
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MCCXXXIII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. L'avis
du Saint sur un projet au sujet de Genève. Témoignage en
faveur de son auteur
Annecy, 29 août 1616.
Monseigneur,
Il y a deux ans que ce porteur m'a communiqué un dessein qu'il a pour le service de Vostre
Altesse, et sur la commodité de la presence de Monseigneur le Prince, il le luy a declaré941 ; et
croy que mesme il aura receu commandement de le representer a Vostre Altesse, bien qu'a mon
advis il ne soit pas tems de rien toucher du costé auquel le dessein vise. Mays, en toute façon,
j'atteste en bonne foy que despuis que j'en ay eu la communication, ce porteur n'a cessé de desirer
de le proposer, et s'est engagé en la trouppe delaquelle il est, expres pour avoir sujet et moyen
d'approcher Vostre Altesse, ainsy qu'il m'a tous-jours asseuré et qu'il a desiré que je fisse sçavoir
a Vostre Altesse, a laquelle je fay tres humblement la reverence et suis,
Monseigneur,
Tres humble et tres obeissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXIX aoust 1616, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [275]
_____
MCCXXXIV. Au même. François de Sales offre à son prince le
Traitté de l'Amour de Dieu
Annecy, 6 septembre 1616.
Monseigneur,
J'offre a Vostre Altesse un Traitté de l'Amour de Dieu que j'ay mis en lumiere ces jours
passés ; non que je l'estime digne des yeux d'un si grand Prince, mays affin qu'en ce que je puis, je
face hommage a Vostre Altesse luy presentant les fruitz de mes labeurs, comme issus d'une
personne qui ne pensera jamais d'avoir rien de plus cher en ce monde que l'honneur d'estre advoüé,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 6 septembre 1616.
_____
941 Voir la lettre précédente et la note qui l'accompagne.
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21.1 Page 201

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MCCXXXV. A la Mère de Chantal942 (Fragment). Une des joies
du Saint dans le Ciel. Fleurs à jeter sur le berceau de Marie.
Annecy, 7 septembre 1616.
……………………………………………………………………………………………………..
Je vis en esperance, ma tres chere Fille, que si mon ingratitude ne me forclost point du
Paradis, je jouiray un [276] jour par complaysance de la gloire eternelle en laquelle vous vous
plaires par jouissance, apres avoir saintement porté la croix en cette vie, que le Sauveur vous a
imposee, du soin de le servir fidellement en vostre personne et en la personne de tant de cheres
Seurs, qu'il veut estre vos filles en ses entrailles.
Je les salue, ces tres cheres filles, en l'amour de la tres sainte Vierge, sur le berceau de
laquelle je les invite de jetter tous les matins des fleurs pendant cette sainte octave : des saintz
soucys de la bien imiter, des pensees de la servir a jamais, et sur tout des lis et des roses de pureté
et ardente charité, avec les violettes de la tres sacree et tres desirable humilité et simplicité943.
……………………………………………………………………………………………………...
FRANÇS, E. de Genève.
Ce 7 septembre 1616.
_____
MCCXXXVI. A la Mère de Bréchard Supérieure de la
Visitation de Moulins. Les débuts de la fondation du monastère
de Moulins. Quels sont les signes de la bonté d'une œuvre. —
La tentation des « anges terrestres. » Encouragements à la
générosité et à la confiance
Annecy, 19 septembre 1616 944.
Je n'ay receu aucune de vos lettres, ma tres chere Fille, despuis vostre depart ; cela, je vous
prie, que veut il dire ? Or, je sçai bien neanmoins que vostre charité est invariable.
Mays j'apprens par lettres venues de Lyon, que vous estes malade, et un peu mesme
estonnee de n'avoir pas [277] treuvé les choses en si bons termes comme nostre desir nous le
faysoit imaginer945. Voyla, ma tres chere Fille, des vrays signes de la bonté de l'œuvre : l'acces y
942 Nous n'avons ici, évidemment, qu'un texte tronqué, peut-être même composé de deux fragments ; cependant, il
semble que la Supérieure de la Visitation donnée comme destinataire dès 1626 soit la Mère de Chantal. En septembre
1616, elle partageait ce titre avec les Mères Favre et de Bréchard ; mais le début de la lettre suivante ne permet pas de
songer à la Supérieure de Moulins, et le petit défi spirituel proposé dans celle-ci paraît s'adresser aux plus proches
Filles du saint Fondateur.
943 Cf. tom. VIII huj. Edit., Serm. XCVIII, p. 146.
944 Hérissant, le premier, a donné à cette lettre adresse et date : A la Mère de Chantal, fin janvier 1615 ; mais il s'est
trompé dans ses conjectures. La lecture attentive du texte suffit à convaincre qu'il s'agit ici de la Mère de Bréchard et
des épreuves qu'elle eut à supporter à la fondation du monastère de Moulins. La date se déduit du rapport étroit de ces
lignes avec celles qui furent écrites le 19 septembre 1616 à Mme des Gouffiers. (Voir la lettre suivante.)
945 Les difficultés avaient commencé de bonne heure pour les fondatrices : « Elles souffrirent beaucoup dans le voyage,
» raconte l'Histoire de la Fondation, « parce que, ayant compté sur les grands secours que » Mme des Gouffiers « avait
promis, elles n'avaient fait aucune provision et n'avaient que trois pistoles pour les frais » de route. Arrivées dans la
capitale du Bourbonnais, ce fut pire encore. « Deux ou trois jours apres l'establissement » (24 août 1616), continue
une autre annaliste, « Nostre Seigneur visita ceste petite maison comançante, affligeant la bonne Mere de maladie, en
sorte qu'elle fut pres de deux mois dans le lict. Elle souffrit beaucoup de disettes, car nostre Congregation ayant
commancé dans une totale pauvreté, » on « ne peut pas fournir cette fondation que fort petitement... veü mesme que
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21.2 Page 202

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est tous-jours difficile, le progres un peu moins, et la fin bienheureuse. Ne perdes point courage,
car Dieu ne perdra jamais le soin de vostre cœur et de vostre trouppe, tandis que vous vous
confieres en luy. La porte des consolations est malaysee ; la suite sert de recompense. Ne vous
degoustes point, ma chere Fille, et ne laisses point affoiblir vostre esprit entre les contradictions.
Quand fut ce que le service de Dieu en fut exempt, sur tout en sa naissance ?
Mais il faut que je vous die naïfvement ce que je crains plus que tout en cette occurrence :
c'est la tentation des aversions et repugnances entre vous et nostre [Sœur des Gouffiers946], car
c'est la tentation qui arrive ordinairement es affaires qui dependent de la correspondance de deux
personnes ; c'est la tentation des anges terrestres, puisqu'elle est arrivee entre les plus grans Saintz,
et c'est nostre imbecillité, de tous tant que nous sommes enfans d'Adam, qui nous ruine, si la charité
ne nous en [278] delivre. Quand je voy deux Apostres se separer l'un de l'autre pour n'estre pas
d'accord au choix d'un troisiesme compaignon947, je treuve bien supportables ces petites
repugnances, pourveu qu'elles ne gastent rien, comme cette separation-la qui ne troubla point la
mission apostolique. Si quelque chose de tel arrivoit entre vous deux, qui estes filles, cela ne seroit
pas estrange, pourveu qu'il ne durast pas. Mays neanmoins, ma tres chere Fille, rehausses vostre
esprit, et voyes que vostre action est de grande consequence. Souffrés, ne despités point,
adoucisses tout, regardes que c'est la besoigne de Dieu a laquelle cette dame948 s'employe selon
son sentiment, et vous selon le vostre, et que toutes deux vous deves entreporter et entresupporter
pour l'amour du Sauveur. Deux ou trois annees se passent bien tost, et l'eternité demeure.
Vostre maladie corporelle sert de surcharge, mais l'assistance promise aux affligés949 vous
doit grandement fortifier. En somme, gardes vous bien des descouragemens. Croyes-moy, il faut
semer en travail, en perplexité, en angoisse, pour recueillir en joye950, en consolation, en bonheur,
et la sainte confiance en Dieu adoucit tout, impetre tout et establit tout.
Je suis tout vostre, certes, ma tres chere Fille, et je ne cesse point de prier Dieu qu'il vous
face sainte, forte, constante et parfaite en son service. Je salue tres cordialement nos cheres
Seurs951, et les conjure de prier Dieu pour mon ame, inseparable de la vostre et des leurs en la
dilection qui est selon Jesus, nostre Sauveur952.
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
l'on fesoit esperer des grands advantages temporels a Molins, desquels il ne se parla point quand on-fut sur le lieu. »
(Hist. de la Fondation, par la Mère de Chaugy ; voir aussi Les Vies de quatre des premieres Meres, 1659-1892, Vie
de la Mère (je Bréchard, chap. XI.)
946 Nul doute que « nostre N. » des éditions antérieures, ne soit « nostre Sœur des Gouffiers. » Les différents récits de
la fondation la désignent clairement, tout en voilant discrètement son nom. « Notre très honorée Mère Jeanne-Charlotte
partit, » disent-ils, « sous la conduite d'une dame qui, s'étant mêlée de procurer la fondation, prit tellement le dessus,
que la bonne Mère n'osait sonner mot. » (Vie manuscrite, par la Mère de Chaugy.) Les lettres de sainte Jeanne de
Chantal (vol. I) révèlent aussi les peines sans nombre que suscita « le terrible esprit » de l'ancienne Religieuse du
Paraclet.
947 Act., XV, 37-40.
948 Il semble que le texte du Saint ait été changé ici : il a dû très probablement nommer Mme des Gouffiers. ou lui
donner l'appellation de « Sœur ».
949 Cf. Matt., XI, 28.
950 Cf. Ps. CXXV, 5.
951 Les Sœurs Françoise-Gabrielle Bailly, Marie-Avoye Humbert et Jeanne-Marie de la Croix, coopératrices de la
nouvelle fondation.
952 Cf. Ephes., V, 2.
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21.3 Page 203

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MCCXXXVII. A Madame des Gouffiers, a Moulins953. L'union,
condition de la force. Les renardeaux dans les vignes. Se
garder de la prudence humaine
Annecy, 19 septembre 1616.
Cette grande chere Fille qui n'escrit point meriteroit qu'on la laissast aussi en son silence ;
mays mon affection ne le permet pas. Et que vous diray-je donq, ma tres chere Fille ? Je vous
recommande la confiance en Dieu, la parfaite simplicité, la sincere dilection.
Vous aves la ces pauvres cheres Seurs, lesquelles sont sous vostre credit, et dependent de
vostre assistance au progres du service pour lequel elles sont allees954 : unissés vos cœurs et foibles
forces, car par l'union vous prendres des forces invincibles.
Nostre Mere955 vous dira peut estre, si elle en a le lovsir, la crainte que j'ay que les
renardeaux n'entrent dans cette petite nouvelle vigne pour la demolir956 ; je veux dire les aversions
et repugnances, qui sont les tentations des Saintz. Estouffés les en leur naissance ; tenes vostre
charité bandee et tenes pour suspect tout ce qui sera contraire a l'union, au mutuel support, a la
reciproque estime que vous deves avoir les unes envers les autres. Gardes vous de la prudence
humaine, que Nostre Seigneur estime folie957, et travaillés en paix, en douceur, en confiance, en
simplicité.
Si tost que vous aures fait ce que vous aves a faire, vous feres bien d'achever vostre affaire
particuliere958. [280] Vives toute dans les entrailles de la charité divine, ma tres chere Fille, a qui
je suis de tout mon cœur
Vostre serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
Le 19 septembre 1616.
_____
953 Le titre de « grande Fille » a fait errer les éditeurs précédents, qui ont cru reconnaître dans la Mère Favre la
destinataire de cette lettre. Le Saint s'adresse ici à Mme des Gouffiers ; le second alinéa ne permet pas d'en douter, non
plus que l'allusion finale à l'« affaire particuliere. »
954 Les Sœurs du monastère de Moulins. On se rappelle les circonstances de la fondation qui en faisaient l'œuvre de
Mme des Gouffiers, et mettaient les Religieuses véritablement sous son « credit. » (Voir ci-dessus, note (882), p. 256.)
955 La Mère de Chantal.
956 Cant., II, 15.
957 I Cor., III, 19.
958 C'était sa rupture définitive avec le Paraclet.
203/355

21.4 Page 204

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MCCXXXVIII. A Sœur Françoise de Cerisier, Clarisse
dAnnecy959. Charitable intervention du Saint dans une affaire.
Annecy, 26 septembre 1616.
Ma tres chere Cousine,
J'ay parlé au R. P. Gardien960, par le commandement de Son Altesse961, et il m'a dit quil
attendoit dans peu de jours le P. Provincial962, a la venue duquel la resolution se fera sans replique,
et Son Altesse luy recommandera l'affaire, selon que ce matin elle me l'a dit. Pour moy, je treuve
bon que vous voyies une fin de cette poursuite, et il ne tiendra pas aux prieres que j'en feray au P.
Provincial et au P. Gardien.
Vives tous-jours toute a Dieu, et me recommandes [281] souvent a sa misericorde et a la
charité de la Rde Mere963, afin qu'elle me face part de ses prieres, et a celle des autres Seurs.
Vostre tres humble cousin et frere en N. S.,
FRANCS, E. de Geneve.
XXVI septembre 1616.
Seur Françoise de Cerisier,
Religieuse de Ste Claire.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Dole.
_____
959 Françoise de Cerisier, fille d'Antoine, coseigneur de Marthod et Cornillon, entra au couvent de Sainte-Claire
d'Annecy en 1603, et y mourut en 1629. L'obituaire porte qu'elle « a fait bonne fin. » (Archiv. de l'Acad. Salés. ; voir
Mém. et doc., 1881, tome III.)
960 Déjà en 1615, le gardien des Cordeliers d'Annecy était Claude Saulnier ou Saunier, « homme d'un grand mérite,
aimé de Dieu et des créatures, » dit un ancien registre. Il décéda confesseur des Clarisses, le 10 août 1629. (Archiv.
de l'Acad. Salés. ; voir ibid.)
961 Le prince de Piémont, que François de Sales avait entretenu des intérêts des Maisons religieuses. (Cf. ci-après,
Lettre MCCXLIV, p. 290.)
962 Frère Didier Richard, profès du couvent de Bar-sur-Aube, docteur de Paris, maître célèbre de scholastique chez les
Cordeliers de cette ville, élu provincial de la Province de Saint-Bonaventure (cf. le tome précédent, note (860), p. 264)
en l'année 1616, au Chapitre de Clermont. Il reçut de nouveau cette charge au Chapitre de Chalon en 1623, et l'exerça
quatre ans. (Mém. pour l'Hist. de la Prov. des Cordeliers dite de St-Bonaventure, Bibl. de Lyon, Ms. n° 1422.)
963 L'Abbesse de Sainte-Claire d'Annecy était alors Charlotte de la Ravoire. Admise au monastère le 5 janvier 1590,
elle le gouverna de 1615 à 1620, et de 1636 jusqu'au 25 avril 1637, date de sa mort. (Archiv. de l'Acad. Salés. ; vide
ubi supra.)
204/355

21.5 Page 205

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MCCXXXIX. A la Mère de Chantal (Billet inédit). Démarche
du Fondateur auprès des syndics pour garantir les matériaux de
l'église de la Visitation
Annecy, commencement d'octobre 1616 964.
Nous ferons parler aux scindiques965, ma chere Mere ; car, quant a Son Excellence966, il ne
faut pas, en cette [282] presse, l'incommoder. Pour la chaux et le sable, il sera malaysé de la
garentir, mais il faudra la faire appretier. Sil failloit employer quelqu'un pour le bois du clocher,
ce seroit M. de Monthouz967 ; mais je m'en vay envoyer parler aux scindiques.968
……………………………………………………………………………………………………...
Revu sur l'Autographe appartenant à M. l'abbé Routier, curé de Saint-Nizier, à Lyon.
_____
964 Nous lisons aux Registres des Délibérations du Conseil de Ville, en date du 30 septembre 1616 : « Les sieurs
scindics ont receu estroict commandement de S. A. et... de S. E.... de reparer promptement les murailles de la ville. »
On verra ci-après (note (972), p. 284) à quelle occasion étaient prises ces mesures de prudence. Sans retard, la Mère
de Chantal avertit le saint Evêque des difficultés qu'elles soulevaient pour les Religieuses de la Visitation, alors en
pleine construction de leur église : « Comme garderons-nous le bois de notre clocher,... que messieurs de la Ville
veulent prendre, » écrit la Fondatrice, « comme aussi toute notre chaux et sable ? Et ils disent encore qu'ils nous feront
refaire leur muraille. Nous avions pensé de prier M. de Travernay d'aller trouver Son Excellence pour cela, afin qu'elle
nous garantit ; mais je désire, mon très cher Père, de savoir si vous l'agréerez, et comme nous pourrons mieux faire. »
(Lettres, vol. I, p. 94.) François de Sales répond évidemment ici à ces lignes, et la date que nous donnons n'est pas
douteuse.
965 Les syndics élus le 1er mai 1616 étaient : Jacob Garin, docteur ès-droits, Jean Crochet, Guillaume Méclard et Jean-
Louis Favre. (Registre des Délib. municip.)
966 Sigismond d'Est, marquis de Lans.
967 Claude de Monthoux, fils de François de Monthoux et de Claudine de la Lée ou l'Alée, gentilhomme ordinaire de
la chambre de Son Altesse, avait épousé en 1612 Péronne de Rossillon. Le 23 août 1616, il fut élu capitaine de la ville
d'Annecy, et devint, en 1625, « coronel » du régiment de Genevois. Quand il mourut, en 1651, il était âgé d'environ
soixante-quinze ans.
968 Le bas de l'Autographe est coupé.
205/355

21.6 Page 206

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MCCXL. A Monseigneur Pierre Fenouillet Évêque de
Montpellier (Inédite). La fidélité d'un porteur de lettrés qui ne
doit pas être suspectée. Nouvelles de guerre
Annecy, 5 octobre 1616.
Monseigneur,
Ce jeune homme de cette ville allant a Tolose pour y estudier en droit969, je ne puis que je
ne vous salue tres [283] humblement par la commodité quil me donne de vous faire presenter ces
quatre lignes970, auxquelles je joins une lettre de nostre grand amy971, que j'aurois bien
apprehension d'envoyer avec les marques d'avoir esté declose (comme en effect elle me fut rendue
telle), si je n'estois asseuré de la confiance que vous aves en ma fidelité. Je l'ay donq fait fermer
de mon cachet, affin que, si d'adventure le paquet s'ouvroit, comme fit celuy dans lequel elle me
fut addressee, elle ne fust pas ouverte par le froissement du port ; car c'est ainsy qu'elle fut declose,
et non par la malice du porteur, qui me rendit tout le paquet debiffé, mais en sorte que je conneus
quil ny avoit point touché.
Nous sommes a la veille de recevoir bravement nos ennemis, silz sont resolus, comm' on
nous menace, de venir a nous, et esperons que Dieu regardera nostre innocence972. On ne laisse
pas pourtant de travailler a la reunion des Princes, sous le credit desquelz on nous dit que tout ce
malheur nous est preparé973. [284]
Dieu, par sa bonté, nous veuille donner sa tressainte paix, et vous conserver a longues
annees, Monseigneur, a qui je suis,
969 En 1229, le traité de Paris, qui mettait fin à la guerre des Albigeois, imposa au comte de Toulouse l'obligation
d'entretenir pendant dix ans des maîtres de théologie, de droit et de grammaire, afin d'assurer aux clercs des régions
méridionales un enseignement orthodoxe. Ainsi furent jetés les premiers fondements de l'Université, officiellement
érigée quelques années plus tard (1233) par le Pape Grégoire IX. La Faculté de droit, organisée dès l'origine,
comprenait l'enseignement du droit canon et du droit civil, et se consacrait spécialement à l'étude du droit romain en
vigueur dans ces contrées. Au milieu de la décadence des autres Facultés, décadence qui commença dès la fin du XIVe
siècle, elle garda seule un peu de vie et c'était toujours parmi ses membres qu'on choisissait le recteur. Elle comprenait
six chaires, auxquelles on nommait à la suite d'un concours et sous l'approbation du Parlement. Le procès-verbal d'une
enquête faite en 1668 nous apprend que, depuis quatre-vingts ou cent ans, les Ecoles de droit canon et droit civil
étaient réunies en une seule : trois professeurs enseignaient le matin et trois l'après-dînée, chacun pendant une heure,
(D'après des Notes de M. Léon Le Grand, archiviste aux Archives Nationales.)
970 Le porteur de cette lettre était Jean-Claude d'Amidoux, né à Cluses, de Nicolas, seigneur de Symond, et de Jeanne
de Bieux. (Mém. de l'Acad. Salés., 1888, tome XI, pp. 219, 220.) C'est le seul étudiant savoyard que mentionnent,
comme arrivant à cette époque, les Registres de la Faculté de droit de Toulouse ; il ensuivit les cours de janvier 1617
au 11 février 1622, date des testimoniales qui lui furent accordées. (Archiv. de la Faculté, Reg. 24, fol. 48.) Cette
même année, il apparaît parmi les nouveaux avocats du Sénat de Savoie à la rentrée du 14 novembre.
971 Antoine des Hayes.
972 Le duc de Nemours, pour gagner à sa cause la cour de France, avait député à Paris, vers la fin d'août, Guillaume de
Bernard de Foras. Pendant que ce gentilhomme traitait auprès de la Reine mère et des princes français, Henri de
Savoie, encouragé par les subsides déjà reçus de don Pedro de Tolède, gouverneur de Milan, se préparait à entrer en
campagne. Le prince de Piémont, de son côté, organisait activement la défense, et la rencontre des deux armées
devenait de jour en jour imminente. Plus que toute autre ville, Annecy avait à redouter l'approche du duc de Nemours,
irrité de sa courageuse résistance du 22 juillet (voir ci-dessus, note (909), p. 266) et de l'occupation de son château par
Victor-Amédée.
973 Ce fut le 26 octobre, dans la vallée de Chésery, qu'eut lieu la rencontre des troupes de Nemours et de Savoie. Le
prince de Piémont fut victorieux, et Henri ne songea pas à continuer la guerre. L'accommodement entre les deux
branches de la Maison de Savoie, préparé par Fresia, l'ambassadeur savoyard à Paris, par de Lassey, Bellegarde et
Lesdiguières, fut rapidement conclu. C'est qu'en effet les circonstances commandaient à Charles-Emmanuel des
ménagements envers un vassal de la couronne de France. Les deux princes se réunirent le 14 novembre près du pont
de Grésin, et le traité de paix fut signé à des conditions plus avantageuses que Nemours n'aurait dû s'y attendre.
(D'après Ducis, Annecy et les Ducs de Genevois et de Nemours, Annecy, 1883 ; Mugnier. Hist. du Président Favre,
Paris, 1902-1903, chap. XIX.)
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5 octobre 1616.
Tres humble et tres obeissant confrere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Montpellier.
_____
MCCXLI. A Madame de la Fléchère. Départ du prince de
Piémont, Condition pour obtenir un bénéfice. Nouvelles
différées
Annecy, 6 octobre 1616.
Ma tres chere Fille,
Le Prince part aujourdhuy974 et M. de Charmoisy le suit pour la conduite de l'artillerie975.
Au retour, je tireray quelque resolution du tems auquel on pourra terminer l'affaire que vous aves
avec M. de Monregard976. Cependant, ces bons Peres vous consoleront977, et j'escris [285] a M.
Rivolat quil s'exerce a faire la Doctrine chrestienne ; cela le disposera a pouvoir obtenir quelque
benefice et a le servir978.
Je vous salue de tout mon cœur, lequel, comme vous sçaves, souhaite mille et mille
benedictions au vostre, auquel je diray a nostre premiere veue deux nouvelles pour Rumilly qui
luy seront des plus aggreables979. Mays il y faut tant de secret, que je ne les veux pas escrire.
Ce VI octobre 1616.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
974 Victor-Amédée, prince de Piémont, qui avait séjourné à Annecy depuis le 12 août. (Voir ci-dessus, note (916), p.
268.)
975 Depuis le commencement des troubles, Claude de Charmoisy avait été l'un des plus intelligents et dévoués
serviteurs du duc de Savoie ; son mérite, après ses longues disgrâces passées, se faisait jour enfin, et lui obtenait
l'importante charge de grand maître de l'artillerie.
976 François Cristan, seigneur de Montregard (voir ci-dessus, note (685), p. 195).
977 Ce même jour partaient à pied d'Annecy pour Rumilly le P. Simplicien Fregoso, supérieur des Barnabites, et le P.
Vitalien Berretta. Ils allaient publier l'Indulgence plénière accordée, le 22 décembre 1615, par un document pontifical
dont ils étaient porteurs. Pendant cinq jours, ils se livrèrent avec zèle au ministère de la chaire et du confessionnal, et
l'on compta environ six cents personnes qui s'approchèrent des Sacrements à cette occasion. (Acta Coliegii, Archiv.
commun. d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège Chappuisien.)
978 Sans doute François Rivollat, né à Rumilly, qui avait reçu la tonsure le 22 mars 1608. Tout autre renseignement
nous fait défaut.
979 Il s'agissait très probablement de nouvelles concernant le service divin à Rumilly, où il était si difficile au saint
Evêque de l'établir selon ses désirs. François de Sales on le voit par une lettre du 6 avril 1617 avait parlé au
prince de Piémont d'une fondation de Barnabites dans cette petite ville ; peut-être était-ce l'une des bonnes nouvelles.
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MCCXLII. A Madame des Gouffiers. Difficultés et épreuves de
la Visitation de Moulins. La présence de la Mère de Chantal
indispensable à Annecy. Que Mme des Gouffiers supporte
courageusement le fardeau que sa bonne volonté lui a fait
désirer. Pourquoi le Fondateur ne veut pas multiplier les
Maisons de sa Congrégation
Annecy, 8 octobre 1616.
980 ……………………………………………………………………………………………….
vigne ; et voyla que ces infirmités se sont interposees, qui la tiennent au lit et hors du train
requis ; et a cela surviennent des aversions et repugnances, [286] infirmités spirituelles981. Or sus,
embarqués pourtant que l'on est, il ne faut pas perdre courage, mais user de toute la dexterité
possible pour empescher que nos imbecillités ni (sic) scandalisent point ceux du monde. Et puis
que le P. Recteur982 propose un expedient, il le faut prendre tel quil le dit, hormis qu'apres avoir
envoyé a vostre choix ce qui sera plus propre pour cette Mayson-la et pour Rion983, vouloir encor
faire faire des absences a nostre Mere984, c'est dire quil faut demanteler cette Mayson et la laisser
a la merci des vens ; car, comme vous sçaves, il y a peu de Meres et beaucoup de filles, [287] dont
les unes sont des-ja venues, les autres viendront au premier jour985, et il faut une Mere icy qui
suffise a tout ; laissant a part les grandes bonnes affaires qui sont par deça pour cette Congregation,
ausquelles nostre seule Mere peut respondre986.
Ce pendant donq, supportes, ma tres chere Fille, le fardeau que vostre bonne volonté au
980 Le haut de l'Autographe a été coupé. Selon toute apparence, la lettre n'avait qu'une page, avec l'adresse au verso.
981 On a parlé déjà (voir ci-dessus, notes (945) et (946), p. 278) de la maladie qui arrêta la Mère de Bréchard dès le
début de la fondation, et de l'impérieuse autorité qu'exerçait Mme des Gouffiers. Celle-ci avait si bien pris le
gouvernement de la maison, qu'elle « était tenue pour la Mère, » raconte Sœur Jeanne-Marie de la Croix, « et l'on fut
plusieurs mois sans que la très chère Mère Jeanne-Charlotte eût vu presque personne de la ville. » (Vie manuscrite de
la Mère de Bréchard.) On conçoit que cette manière d'agir pouvait exciter les « aversions et repugnahces » des Sœurs
de la petite ét pauvre Communauté, tandis que les infirmités de la vénérable Supérieure renouvelaient en Mme des
Gouffiers ses désirs d'avoir à Moulins la Mère de Chantal elle-même.
982 Depuis 1611, le P. Aignan Moreau était recteur du collège de Moulins. Né à Chartres, en septembre 1571, il entra
dans la Compagnie de Jésus le 28 juin 1593, à Verdun ; devint profès des quatre vœux le 30 octobre 1611, à Paris, et
mourut à Blois le 12 août 1642. Pendant les quarante-neuf ans de sa vie religieuse, on le trouve successivement
professeur, recteur, père spirirituel, etc. Il fut partout un homme de grande édification, vivant exemplaire de
l'observance régulière. Arrivé à la vieillesse, le fervent Jésuite ne se relâcha en rien de sa fidélité et de son exacte
pratique de la vie commune. Très assidu à entendre les confessions, c'est à ce poste de dévouement que le mal de la
mort le surprit. Il ne s'arrêta qu'un jour, l'employa tout entier à se préparer au dernier passage, et s'endormit
paisiblement dans le Seigneur. (D'après les Notes du R. P. Hafner, S. J., archiviste général de la Compagnie.)
Le P. Moreau fut un de ceux qui aidèrent Mme des Gouffiers à négocier là fondation de la Visitation de
Moulins (cf. ci-dessus, note (882), p. 256, et sa lettre à l'Appendice I). Il devint dans la suite le plus ferme appui de la
Mère Jeanne-Charlotte de Bréchard au milieu des difficultés sans nombre qu'elle rencontra. « Ce m'est un grand repos
de vous sentir le secours et support de ce bon Père, » écrivait la Mère de Chantal à sa fille. Et encore ; « Oh ! certes,
l'on connaît par ses lettres qu'il marche en sincérité et qu'il a l'esprit de Dieu. » (Lettres, vol. I, pp. 171, 173.)
983 La fondation de Riom était imminente à cette époque (voir ci-dessus, note (590), p. 163). Le 4 septembre, sainte
Jeanne de Chantal annonce que « si ceux de Riom persévèrent, » on leur enverra au mois de mai « Sœur Marie-
Madeleine » de Mouxy, « avec la petite Paule-Jéronyme » de Monthoux « et une brave novice. » (Lettres, vol. I, p.
141.)
984 La Mère de Chantal.
985 « Si les troubles n'empêchent, » écrit la Fondatrice le 22 septembre, « nous aurons une douzaine de novices cette
année. » (Lettres, vol. I, p. 146.) Parmi ces futures Soeurs, on peut citer Hélène Le Blanc, Anne de Beaumont-Carra,
Claudine de Vallon.
986 On travaillait beaucoup en ce moment pour obtenir de Rome les autorisations nécessaires à l'établissement définitif
de la Congrégation. Pour le règlement d'une foule de questions, l'avis de la Sainte était urgent.
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21.9 Page 209

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service de Dieu vous a fait desirer et prendre sur vos espaules, lesquelles seront asses fortes pour
cela si vous vous appuyes un peu sur la Croix de Nostre Seigneur, en laquelle il a porté sur les
siennes le faix de tant d'iniquités et miseres. Si vous juges avec le P. Recteur quil soit expedient
que vous venies vous mesme987, nous vous verrons, et parlerons plus clairement des raysons que
nous avons de ne vouloir pas meshuy multiplier les familles de cette Congregation, jusques a ce
que nous ayons des meres de famille convenables. Mays tenes vostre cœur en charité, c'est a dire,
supportes le prochain, car ce support est la charité, et la charité, ce support.
Pries bien Dieu pour moy, et saches que je suis invariablement vostre, de toute mon
affection.
Le VIII octobre 1616.988
A ma tres chere Fille en N. S.,
Madame de Gouffiez.
A Moulins.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Reims. [288]
_____
MCCXLIII. A la Mère de Bréchard Supérieure de la Visitation
de Moulins989. La « plus excellente leçon de la doctrine des
Saintz. » Souhaits de François de Sales à une fille de son
cœur.
Annecy, 8 octobre 1616.
Ma tres chere Fille,
……………………………………………………………………………………………………..
Les aversions et repugnances dequoy on nous escrit nous exercent un peu. O Dieu ! quand
sera-ce que le support du prochain aura sa force dans nos cœurs ? C'est la derniere et plus excellente
leçon de la doctrine des Saintz : bienheureux l'esprit qui la sçait. Nous desirons du support en nos
miseres, que nous treuvons tous-jours dignes d'estre tolerees ; celles du prochain nous semblent
tous-jours plus grandes et pesantes.
Dieu vous face sainte, ma tres chere Fille, et toute vostre chere troupe. Dieu soit exalté en
vos miseres, sur le throsne de sa bonté et le theatre de vostre pure et sincere humilité. Dieu vous
face tout faire pour sa gloire, affin qu'un jour vous en soyes couronnee.
Ma tres chere Fille, vous estes la fille de mon cœur, et je ne laisseray jamais de souhaiter
que vous soyes la fille du cœur de Dieu, qui nous a donné des cœurs affin que nous fussions ses
enfans, en l'aymant, benissant et servant es siecles des siecles.
VIVE JESUS !
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 8 octobre 1616. [289]
987 Malgré le désir des Fondateurs, qui comprenaient la nécessité de retirer de Moulins Mme des Gouffiers, celle-ci ne
vint pas à Annecy.
988 Ici, la Mère de Chantal ajoute de sa main quelques lignes à la lettre du Saint : « Je ne voy pas comment vous
puissies avoir des filles qu'en les venant choisir vous mesme ; l'utillité et nesaisité le requiert ainsi. Il m'est permis de
vous dire cecy, et que je suis toute vostre, vous supliant derechef d'asurer le R. Pere Recteur que sa charité m'oblige
d'estre a jamais toute sa tres humble fille et servante en N. S. VIVE JESUS. »
989 Cette lettre, de même date et traitant du même sujet que la précédente, est certainement écrite à la Mère de Bréchard.
Selon toute apparence, le texte a été mutilé.
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21.10 Page 210

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MCCXLIV. A M. Claude de Blonay (Inédite). Résolution prise
dans une assemblée présidée par le prince de Piémont. La
communiquer au Conseil de la Sainte-Maison de Thonon
Annecy, 10 octobre 1616.
Monsieur,
Il y a quelques jours que Son Altesse fit un' assemblee pour prendre les resolutions
convenables a la reparation des Monasteres, tant en ce qui regarde les bastimens temporelz qu'aussi
en ce qui regarde l'edifice spirituel de la discipline reguliere990.
Et quant a la premiere, sadite Altesse a ordonné que, venant a vaquer des prebendes, on les
retienne vaquantes jusques a ce que autrement soit prouveu. Je le dis au P. D. Fulgence avant son
depart991 ; mais sachant quil y a une place vacante maintenant992, je vous prie de la [290] retenir
vacante, c'est a dire, de faire que le Conseil993, auquel il appartient de prouvoir, sursoye. Et pourres,
sur cette lettre que je vous fay, en parler audit Conseil de la part de Son Altesse, puisqu'elle m'a
commandé d'y tenir main, et que je le prie tenir…, suppliant Monseigneur lArchevesque994 de le
faire, comme je fay par la lettre ci jointe, en vous tesmoignant que je desire que vous y ayes l'œil
entant quil vous compete, vous parlant de la part de Son Altesse, et au Conseil par vostre entremise,
et n'adjoustant plus rien, sinon que je suis,
Monsieur,
Vostre plus humble confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
X octobre 1616, Annessi.
Monsieur
Monsieur de Blonnay,
Prefect de la Ste Mayson.
Revu sur une copie conservée à Rome, dans les Archives des RR. PP. Barnabites995. [291]
990 Profitant du séjour de Victor-Amédée à Annecy, le saint Prélat avait conféré longuement avec lui sur les moyens
à prendre pour la réforme des Monastères d'hommes et de femmes de la Savoie. Il lui présenta même un mémoire
écrit de sa main sur cet important sujet, et le « tres-religieux Prince... luy bailla parole » de « faire executer, quand il
en verroit estre le temps, » les mesures proposées. (Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. VIII.)
991 Le P. Fulgence Chioccari, originaire de Novare, venait d'être nommé supérieur des Barnabites de la Sainte-Maison
de Thonon. Depuis le 9 novembre 1614, il faisait partie de la petite Communauté d'Annecy qu'il revint gouverner du
8 juillet 1620 au 22 juin 1623. Après avoir dirigé ensuite le collège de Saint-Alexandre de Milan, D. Fulgence fut mis,
en 1632, à la tète de la Province de Savoie-Piémont, puis devint assistant du Père Général. Dans toutes ces charges, il
se conduisit avec une parfaite humilité et modestie ; son dévouement pour sa Congrégation lui fit entreprendre de
fréquents et longs voyages en Italie, en France et en Allemagne. Il mourut à soixante et onze ans, le 28 septembre
1651, au collège de Milan. (D'après les Acta Collegii, Archiv. commun. d'Annecy, Série GG, Fonds du Collège
Chappuisien, et la Vie de Mgr Guérin, traduction italienne, Milan, 1859, p. 255.)
992 Serait-ce une des prébendes monacales du prieuré de Contamine dont il s'agirait ici ?
993 Le Conseil de la Sainte-Maison était composé de l'Evêque du diocèse, des prêtres du Presbytère et des Religieux
prédicateurs, des seigneurs magistrats de Son Altesse et de quelques autres laïques. Après 1677, la composition de ce
Conseil fut déterminée d'une façon plus précise.
994 Vespasien Gribaldi, archevêque démissionnaire de Vienne. (Voir tome XII, note (51), p. 24.)
995 Plusieurs erreurs se remarquent dans la copie reproduite ci-dessus ; quelques-unes ont été facilement rectifiées,
mais nous ne pouvons garantir la parfaite exactitude du texte.
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22.1 Page 211

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MCCXLV. A M. Laurent Scotto996 (Inédite). Pouvoirs spirituels
donnés au destinataire.
Molto
Reverendo
osservandissimo,
Signor
Annecy, 12 octobre 1616.
Très Révérend et très honoré Seigneur,
Io non son huomo di ceremonie,
massime con V. S. molto Reverenda, laquale
io credo certo che me voglia bene
sinceramente, sì come io desidero di servirla di
cuore. Onde non accadeva usar meco scuse
sopra la sua inopinata partenza997.
Si prevaglia poi dell'authorità che Iddio
mi ha concessa, per le confessioni et
assolutioni di quelle anime, [292] chè io
volontieri con lei la communico e glie ne dò
quella parte che secondo la prudenza sua
giudicarà esser necessaria per gloria di Dio e
salute del prossimo, acciochè con maggior
animo Ella adopri il sacro talento che dal
Signor gli è stato dato.
Et fratanto, pregandogli ogni vero
contento, resto
Suo affettionatissimo fratello et servitore in
Christo,
FRANCO, Vescovo di Geneva.
XII ottobre 1616, in Annessi.
Je ne suis pas homme de cérémonies,
surtout avec Votre très Révérende Seigneurie
qui, j'en suis sûr, m'aime sincèrement, de
même que, de tout cœur, je désire la servir.
C'est pourquoi, vous n'aviez nul besoin d'user
d'excuses avec moi pour votre départ inopiné.
Veuillez donc vous prévaloir, pour les
confessions et absolutions de ces âmes, de
l'autorité que Dieu m'a donnée, et que très
volontiers [292] je vous communique et dépars
dans la mesure où votre prudence le jugera
nécessaire à la gloire de Dieu et au salut du
prochain, afin qu'avec plus d'ardeur vous
employiez le talent sacré que le Seigneur vous
a confié.
Sur ce, vous souhaitant tout vrai
bonheur, je demeure
Votre très affectionné frère et serviteur dans
le Christ,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
12 octobre 1616, à Annecy.
A l'Illustre et très Révérend Seigneur,
All' Illustre et molto Rdo Sigr,
Monsieur Laurent Scoto, Chapelain de S. A
Il Sigr Lorenzo Scoto, Cappellan di S. A. Sma, Sme,
996 Fils d'Antoine Scotto ou Scoto, Laurent était à cette date aumônier du prince de Piémont ; il garda cette charge
quand Victor-Amédée monta sur le trône, et la reprit en 1643 auprès de Charles-Emmanuel II. Dans les patentes
données à cet effet par la régente Christine de France (2 mars 1643) elle le qualifie « conseiller et aumônier du Roi,
mon seigneur et frere, et le nôtre. » Protonotaire apostolique, grand maître des cérémonies de l'Ordre de l'Annonciade,
il reçut (1631) la commende de l'abbaye cistercienne de Sainte-Marie de Chésery, en succession de Gaspard Perrucard
de Ballon, mort en 1629. L'abbé Scotto fut un ami des belles-lettres ; poète lui-même, il conquit les éloges de ses
contemporains, et quelques-unes de ses œuvres, en effet, ne manquent pas de valeur. Il mourut en 1664, à l'âge de
soixante-seize ans. (D'après Claretta, Storia della reggenza di Cristina di Francia, Torino, Civelli, 1869, tom. II, pp.
478 seq., etc.)
997 Laurent Scotto avait dû accompagner Victor-Amédée à Annecy, et en repartir avec lui le 6 octobre. (Voir ci-dessus,
Lettre MCCXLI.)
211/355

22.2 Page 212

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che Dio salvi.
A Clermont998.
Revu sur une ancienne copie conservée à la
Visitation de Turin. [293]
_____
que Dieu sauve.
A Clermont. [293]
MCCXLVI. A M. Claude-Amédée Vibod999. Le Saint réclame
une lettre écrite par Charles-Emmanuel au Vice-légat d'Avignon
au sujet des étudiants au collège de Savoie.
Annecy, 13 octobre 1616.
Monsieur,
Je vous supplie de me faire la charité que je puisse avoir la lettre que Son Altesse a accordee
au Vice Legat d'Avignon1000, en recommandation de l'affaire que la Sainte Mayson de Thonon,
mon Chapitre et moy y avons, sur le sujet des places du college d'Annessi, ou de Savoye, fondé
audit Avignon, qui appartient a la nation de Savoye, affin que nous soyons remis en possession de
les avoir1001. [294]
Je vous envoyeray le Memorial, et M. Boschiz1002 me fit la faveur de me promettre
l'expedition de ladite lettre, laquelle nous desirons avoir, affin de faire partir au plus tost le
998 Clermont en Genevois (voir le tome précédent, note (951), p. 294), où lé prince de Piémont se retira en quittant
Annecy.
999 L'adresse que nous donnons est justifiée par celle de la lettre du 29 octobre au même destinataire.
1000 Jean-François Guidi di Bagno naquit à Florence, de Fabrice, marquis de Montebello, et de Laura Colonna. Honoré
de la prélature à dix-huit ans, il commença sa carrière diplomatique en France, à la suite du cardinal-légat
Aldobrandini. En 1614, Paul V lui confia la vice-légation d'Avignon qu'il garda sept ans ; Grégoire XV et Urbain VIII
l'envoyèrent à deux reprises, comme nonce extraordinaire et ordinaire, à Paris et aux Pays-Bas. Evêque de Cervia en
1627, il fut créé peu après cardinal-prêtre du titre de Saint-Alexis. Résignant son premier évêché, Mgr Guidi gouverna
celui de Rieti de 1635 à 1638 ; fixé depuis à Rome, il y mourut en 1641, à l'âge de soixante-trois ans, d'après l'épitaphe
de son mausolée dans son église cardinalice. Comme évêque, Guidi di Bagno se fit remarquer par sa vigilance
pastorale ; prince de l'Eglise, il sut faire un noble usage de ses revenus et se montra protecteur des lettres ; partout on
s'édifia de son désintéressement et de sa piété. (D'après Ciaconius, Hist. Pontif. et Card., 1677, tome IV ; Moroni,
Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, Venezia, 1845, vol. XXXIII.)
1001 Peu après sa nomination à l'évêché de Genève (3 décembre 1423), le célèbre Cardinal de Brogny songea à doter
sa ville episcopale d'une Université. La secrète jalousie des Genevois contre les ducs de Savoie, nommés conservateurs
des privilèges du futur établissement, les empêcha d'accepter cette offre honorable. Le Cardinal, alors, fonda dans son
palais d'Avignon le collège de Saint-Nicolas pour l'entretien gratuit de vingt-quatre pauvres étudiants en droit, dont
seize de la Savoie. Les évêques des diocèses privilégiés choisissaient les boursiers ; le roi de France, le duc de Savoie,
le Parlement, étaient protecteurs et même propriétaires du collège. Outre les legs considérables qui assuraient l'avenir
de son œuvre, le fondateur lui donna encore sa bibliothèque, riche de plus de sept cents manuscrits.
Cette fondation passa par de grandes vicissitudes ; les intentions du Cardinal de Brogny furent méconnues,
les Savoyards n'eurent plus les places qui leur étaient réservées, et l'étude de la théologie finit par être substituée à
celle du droit. Réclamations fréquentes, démarches, recours à Rome : tout demeura inutile. Le collège, cependant,
subsista jusqu'à la Révolution française, et possédait encore à cette époque quarante mille livres de rente. (Voir
Gonthier, Œuvres historiques, Thonon, 1903, tome III, pp. 208-210.)
Par lettres patentes du 5 janvier 1602, Charles-Emmanuel avait ordonné que le « college de Savoy e... en la
ville d'Avignon, soit tellement annexé a la Sainte Maison » de Thonon, « que desormais il despende immediatement
d'icelle, luy cedant a ces fins tous les droictz qu'y avons et pouvons pretendre, comme chose unie a la nation, et donnant
plein pouvoir et authorité d'iceux poursuivre, partout et par devant qui sera de besoin. » (Chambéry, Archives du
Sénat, Reg. des Edits-Bulles, 1598-16o6, fol. 198.)
1002 Annibal Boschi (voir ci-après, note (1044), p. 309).
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22.3 Page 213

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personnage que nous envoyons pour faire la sollicitation1003.
Ce pendant, je vous conjure de m'aymer tous-jours, de me tenir en la bonne grace dudit
seigneur Boschiz, que je salue humblement, et de me croire,
Monsieur,
Vostre bien humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 13 octobre 1616, Annessi.
_____
MCCXLVII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier.
Contribution payée à Son Altesse par le clergé du diocèse de
Genève
Annecy, 21 octobre 1616.
Monseigneur,
Ce clergé s'est accommodé avec toute sorte d'humilité et de respect a ce qu'il a pleu a Vostre
Altesse de me commander, marris que nous sommes tous de ne pouvoir asses dignement
tesmoigner l'infinie affection que nous [295] avons a son service1004. Dieu neamoins la sçait, et la
void es continuelz souhaitz que nous faysons, affin quil luy playse de combler Vostre Altesse de
prosperité, et sur tout que sa dilection regne a jamais au milieu de vostre cœur.
Monseigneur, c'est le souverain bonheur que peut demander pour Vostre Altesse,
Son tres humble, tres fidele et tres obéissant orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
21 octobre 1616.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
1003 Il n'a pas été possible de trouver le nom de ce personnage.
1004 Pressé par les nécessités de la guerre où il se trouvait engagé, Charles-Emmanuel avait obtenu de Rome un Bref
lui permettant d'étendre aux privilégiés et exempts la levée d'impôts ordonnée en septembre à tous les sujets de Son
Altesse. « Un soir, » raconte le P. de la Rivière (La Vie de l' Illme et Rme Fr. de Sales... Quatriesme edition, reveuë et
augmentee, Rouen, Loudet, 1631, liv. IV, chap. XVII), « estant à table, » on apporta au saint Evêque « des lettres
patentes du Pape et du duc de Savoye, par lesquelles il lui estoit enjoint de jeter certaine somme de deniers sur son
clergé, à fin de survenir aux frais de la guerre. Il n'est pas que le mandement de cette levée pecuniaire ne lui serrast le
cœur, comme sçachant tres-bien la pauvreté des prestres de sa jurisdiction ; cependant il obeït sans replique, et voulut
qu'à l'instant on se mist en devoir de travailler à ce fascheux et ennuyeux affaire. » Il y eut plus d'une plainte parmi
les bénéficiers ; alors François de Sales « entra en zèle, tant pour la maison de Dieu que pour celle, de son Prince, »
et imposa silence aux mécontents, non seulement par ses paroles mais par son exemple, payant lui-même une forte
contribution. (Camus, L'Esprit du B. Fr. de Sales, Paris, Alliot, 1640, tome II, Partie V, sect. XII.) Voir ci-après, la
lettre du 31 octobre.
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22.4 Page 214

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MCCXLVIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée1005. Un
fermier qui promet ce qui n'est pas à lui. Supplique des
Religieux de Talloires.
Annecy, 26 octobre 1616.
Monseigneur,
Les Religieux de Talloyres sachans que le fermier de [296] leur Prieur commendataire1006
a promis de fournir trois cens couppes de froment pour l'armee1007, et qu'il prætend a cet effect
employer le bled de sa ferme, ilz supplient tres humblement Vostre Altesse qu'il luy playse de
commander qu'avant toute chose les præbendes destinees a la nourriture des Religieux seront
reservees, affin que le divin service soit continué, attendu que ledit fermier n'a peu promettre ce
qui est aux Religieux. Et moy j'intercede pour eux, estimant que Vostre Altesse l'aura aggreable,
comme,
Monseigneur, de
Son tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
26 octobre 1616, Annessi.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [297]
_____
MCCXLIX. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Requête
en faveur des étudiants savoyards au collège d'Avignon
Annecy, 29 octobre 1616.
Monseigneur,
Le college d'Annessi fondé en Avignon1008 recourt par un sien deputé, natif de
Chamberi1009, a nostre Saint Pere le Pape affin d'obtenir de Sa Sainteté quelque digne remede
contre les desordres qui y sont survenus au prejudice des sujetz de Vostre Altesse, qui est le mesme
1005 Le 28 octobre 1616, le premier syndic d'Annecy, député par la Ville au sujet de l'impôt en coupes de froment (voir
la note (1007) de la page suivante), est de retour du « camp de S. A. pres Ballon, » aux environs de Rumilly. (Reg.
des Délib. municip.) C'est donc non avec le duc de Savoie, mais avec le prince de Piémont que se traitait cette affaire,
et nous corrigeons justement l'adresse donnée à cette lettre par les précédents éditeurs.
1006 En 1615, Charles de la Tour avait résigné la commende de Talloires en faveur de César Perrone, dont le père,
Charles, fut le premier comte de San Martino d'Ivrée. Les moines du prieuré l'élurent prieur claustral en 1624 ; mais,
par un Bref du 4 juillet, Urbain VIII annula l'élection. Un acte gardé aux Archives de Turin nous apprend que vingt
ans plus tard il possédait encore son bénéfice ; c'est sans doute après le décès de son frère Antoine, mort sans enfants
(1655), qu'il le quitta pour épouser Prospère de Bellegarde.
1007 Ces trois cents coupes de froment avaient été demandées par le procureur patrimonial de Son Altesse à la ville
d'Annecy. En vain les syndics tentèrent de « remonstrer le peu de blé que les bourgois... recuillent, n'en ayantz pour
leurs mesnaiges ; » en vain M. Garin, porteur d'une lettre au prince, était-il allé vers le marquis de Lans et lui « auroit
faict sçavoir » que la ville « est composee d'ung grand nombre de clergé et de la noblesse, et le reste fort pauvre ; »
Son Excellence ne voulut rien entendre, et les rançonnés n'eurent plus qu'à s'exécuter. (Reg. des Délib. municip.) On
chercha des fermiers qui pussent fournir la quantité de blé nécessaire, et celui de Talloires se présenta.
1008 Voir ci-dessus, note (1001), p. 294.
1009 Les recherches faites pour découvrir la trace du député d'Avignon sont restées infructueuses.
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sujet pour lequel elle avoit escrit ces jours passés1010 au Vice Legat du comtat d'Avignon1011 ; qui
me fait la supplier tres humblement d'employer pour ce bon œuvre la mesme faveur a Romme
qu'elle avoit accordé pour Avignon.
Et tandis, je prie Dieu qu'il comble Vostre Altesse de toute sainte prosperité, et luy faysant
la deuë reverence, je demeure,
Monseigneur,
Son tres humble, tres obeissant et tres fidele serviteur et orateur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le 29 octobre 1616.
_____
MCCL. A M. Claude-Amédée Vibod. L'affaire du collège de
Savoie à Avignon portée en Cour de Rome. Message pour M.
Boschi
Annecy, 29 octobre1012 1616.
Monsieur,
Vous sçaures par ce porteur que toute l'affaire icy avance ; il nous faut changer de methode
et recourir a Romme, ou il va luy mesme en qualité de deputé du college1013. Or, il y aura besoin
donq, peut estre, de la faveur de Son Altesse, a laquelle aussi je la demande tres humblement par
une lettre1014 ; et croy que, selon sa bonté et la providence par laquelle elle veut et peut, elle
l'accordera tres volontier.
Reste que monsieur Boschiz1015 nous gratifie aussi de son assistance, laquelle je requiers
par vostre entremise, le saluant humblement de tout mon cœur ; car, quant a vous, Monsieur, je ne
veux pas, en cett' occasion, employer mes prieres pour impetrer vostre courtoysie, sçachant que
l'amour du bien de la patrie vous donnera asses d'affection. Mays je vous supplie de continuer
envers moy vostre bienveuillance, qui suis
Vostre humble, tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
.. octobre 1616. [299]
_____
1010 Vide supra, Epist. MCCXLVI.
1011 Mgr Guidi di Bagno (voir ci-dessus, note (1000), p. 294).
1012 Le quantième, 1er octobre, donné par Datta, est certainement faux. Cette lettre fut écrite sans aucun doute en même
temps que la précédente au duc de Savoie.
1013 Voir note (1011) de la page précédente, et cf. Lettre MCCXLVI.
1014 Epist. præced.
1015 Annibal Boschi (cf. ci-dessus, p. 295).
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MCCLI. A un gentilhomme1016. L'Evêque de Genève expose ses
motifs d'accéder aux volontés de Son Altesse au sujet de l'impôt
sur le clergé.
Annecy, 31 octobre 1616,
Monsieur,
Deux motifs m'ont porté, avec tout ce clergé, d'accorder sans scrupule l'ayde et secours de
moyens que Son Altesse a desiré de nous1017. L'un a esté, que il y a environ sept a huit ans, que Sa
Sainteté accorda a sadite Altesse la decime de six ans sur le clergé de ses Estatz1018, de laquelle
comme Son Altesse n'a rien exigé, aussi ne nous l'a elle pas encor quitté ; de sorte qu'a bon compte
nous luy donnons celle ci, bien que nous ne l'ayons pas fait sonner, de peur que cela n'esmeut les
humeurs de messieurs les financiers de vouloir ci apres exiger le reste, car ce sont des gens
grandement esveillés pour telles occasions.
L'autre motif est que les Docteurs limitent le chap. Clericis, in 6. de Immunitate
Ecclesiarum, a ce qu'il n'opere pas es cas de quelque grande necessité publique ; car alhors, les
laicz estantz espuisés et ny ayant pas loysir [300] de recourir au Pape, l'Evesque peut ordonner une
contribution aux clercz de son diocæse, ainsy que remarque Sylvester en sa Somme, verbo
Immunitas, primo [cap.,] § 20, qui incipit : « Quartum. De concernentibus, » suivy par le Pere
Joan. Azor, Jesuite, lib. V Institutionum moralium, c. 13, § « Octavo quæritur, » qu'il faut lire et
peser, car il nous a semblé qu'il parloit en nostre propre cas1019. Joint qu'icy on ne traite pas
d'imposer ni par voye de prest ni autrement, puisque ce n'est qu'un simple secours pour un cas
particulier et qui ne tire nulle consequence.
Voyla donq nos fondemens, sur lesquelz nous avons accordé, contre nos propres
commodités, ce que Son Altesse desiroit, et moy le premier ay payé ma quote en blé, quoy que je
n'abonde pas.
1016 Pour justifier leurs propres réclamations, les exemptés de la noblesse, frappés aussi par l'impôt extraordinaire (voir
ci-dessus, note (1004), p. 296), avaient sans doute reproché à l'Evêque de Genève sa soumission. Le Saint répond à
tous en la personne de ce gentilhomme, qu'on peut croire, avec quelque probabilité, être le collatéral Barthélemy
Flocard (voir ci-après, note (1023), p. 303). En tout cas, le correspondant de François de Sales n'est pas un
ecclésiastique, comme le suppose Migne ; l'absence du titre de « confrere » suffità le prouver.
1017 Voir ci-dessus, Lettre MCCXVII, p. 295.
1018 Le 14 février 1607, le Nonce de Turin, Mgr Costa, avait intimé à tous les bénéficiers de Savoie de payer la double
décime en 1607, 1608 et 1609. Au mois de juillet suivant, Paul V accordait encore au duc Charles-Emmanuel les
décimes pendant trois ans. (Cf. tomes XII, note (621), p. 276, et XIII, Lettre CCCLXXX, p. 251.)
1019 La célèbre Bulle Clericis laicos de Boniface VIII, promulguée le 25 février 1296, à l'occasion des exactions des
princes, et insérée en 1298 dans le Sexte, ou Liber sextus Decretalium (cap. III, lib. III, De immunitate ecclesiarum,
tit. 23), défend, sous peine d'excommunication, aux clercs de servir aux laïques, et aux laïques d'exiger des clercs, «
sans l'assentiment du Saint-Siège, » des impôts et subventions atteignant les biens ecclésiastiques. Les canonistes ont
tempéré la rigueur de ce principe de droit, fidèles en cela à l'esprit du législateur qui a pris soin d'expliquer lui-même,
dans des Bulles postérieures, que la Constitution Clericis laicos n'était pas applicable aux cas où il y aurait nécessité
urgente.
François de Sales se réclame en particulier de deux auteurs : le Dominicain italien Sylvestre Mazolini et le
Jésuite espagnol Jean Azor. Le premier, dans sa Summa Summarum, ou Sylvestrina Summa, publiée en 1516 et souvent
rééditée au cours du XVIe siècle, note la difficulté qui se présente au sujet de l'immunité : § Quartum. De
concernentibus autem pietatem, ut est instructio pontium et viarum, dubitatur. (Pars secunda, éd. de Lyon, 1553, p.
19.) Après avoir signalé les divergences des anciens canonistes et fait ressortir l'opinion commune touchant l'immunité
absolue du clergé en matière d'impôt, il propose quelques « distinctions » et remarque spécialement que l'évêque, en
cas de nécessité, est libre de contribuer aux besoins publics. Le P. Azor rapporte brièvement les autorités et la
solution de Sylvestre. Il suffira, pour préciser la référence donnée par notre saint Docteur, de reproduire l'énoncé de
la question : § Octavo quæritur. An valeant laicorum statuta, ut clerici una cum laicis aliquid contribuant ad
reficiendum fontem, puteum, pontem, viam, portas vel muros urbis communes ? (Institutiones morales, éd. de Cologne,
1602, tom. I, al. V, cap. XIII, pp. 362 seq.)
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22.7 Page 217

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Pour le reste, je ne manqueray pas de rendre aupres de Monseigneur le Prince1020,
tesmoignage de l'estime que j'ay tous-jours faite de la grandeur de vostre vertu, lhors [301] que
nous aurons le bien de l'approcher ; car je suis d'un cœur entier, Monsieur,
Vostre plus humble, tres asseuré serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
31 octobre 1616.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Lyon-Fourvière.
_____
MCCLII. A Madame de la Fléchère. Aimable invitation de
François de Sales à la destinataire
Annecy, [octobre ou novembre 1616 1021.]
Ma tres chere Fille,
Je me suis advisé des hier qu'il sera bon que, venant a Sainte Claire1022, devant et apres
vous venies vous chauffer avec nous, et disner, et tout ; car cela nous fera grand bien a tous, et de
mesme quand vous viendres voir la mayson. Mais je vous advertiray du jour quant a ce second
point, et vous m'advertires quant au premier.
Je prie Nostre Seigneur que, de plus en plus, il nous fortifie en la resolution de ne vivre que
pour son tressaint amour. Bonjour, ma tres chere Fille mienne. [302]
_____
1020 Le prince de Piémont.
1021 Nous ne donnons l'adresse et la date de ce billet que sous toute réserve. Le ton affectueux et familier de ces lignes
semble désigner Mme de la Fléchère, et l'on peut croire que la maison à visiter était celle que la nouvelle veuve devait
occuper à Annecy, où ses amis lui conseillaient de se fixer.
Ou bien, la destinataire serait-elle la baronne de Chantal quand, de fin avril à fin mai 1610, elle séjourna au
château de Thorens ? La maison serait alors celle de la Galerie. Cette supposition n'est pas improbable.
1022 Le couvent de Sainte-Claire d'Annecy.
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MCCLIII. A M. Barthélémy Flocard1023. Préliminaires de la paix.
Prochain départ du Saint pour Grenoble.
Annecy, 7 novembre 1616.
Monsieur,
Je vous remercie tres humblement de la peine que vous aves prise de m'escrire pour un si
bon sujet. Il y a troys jours que l'on nous parle de cet accommodement1024, et chacun l'accommode
a sa guise et selon que la preoccupation des affections suggere. Dieu, par sa bonté, nous [303]
donne une vraye paix, en laquelle il soit servi et honnoré d'un chacun.
J'espere d'aller bien tost faire la reverence a Son Altesse1025, car voyci le tems de l'Advent
qui m'appelle a Grenoble, ou je ne dois m'acheminer qu'apres avoir demandé les commandemens
d'icelle1026 ; et j'auray alhors le contentement de vous voir et d'apprendre plus particulierement les
circonstances de ce traitté, la nouvelle duquel me fait escrire un mot a monsieur de Monthouz1027,
affin quil face expedier l'affaire des Dames de la Visitation tandis que le beau tems dure et qu'on
peut prendre la mesure des bastimens1028.
Dieu vous benisse, Monsieur, et je suis de tout mon cœur et sans fin,
Vostre plus humble, tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
VII novembre 1616.
Si monsieur le collateral de Quoex est encor la1029, je vous supplie quil sache par vostre
courtoysie que je le salue humblement et tres affectionnement.
A Monsieur
Monsieur Flocard,
Collateral au Conseil de Genevoys.
Revu sur l'Autographe conservé au Collège municipal d'Alassio (Nice). [304]
1023 Le 18 août 1648, déposant au Procès de non-culte pour la canonisation de saint François de Sales (ad 2um
interrog.), Barthélemy Flocard se dit âgé de soixante et onze ans, fils de « noble et spectable Guillaume Flocard et de
noble damoiselle Péronne-Amédée de Lonnay, » docteur en droit de l'Académie de Bordeaux. En 1603, et le 15 février,
il signait son contrat de mariage avec Claudine Viallon de la Pesse « femme d'un mérite si rare, qu'on la proposoit...
comme un modèle achevé à celles de son sexe, car n'en aiant aucune des foiblesses, elle en possedoit toutes les bonnes
qualitez. » (Les Vies de plusieurs Superieures... de la Visitation, par la Mère de Chaugy, Anneci, Humbert Fontaine,
1693 ; Vie de la Mère Fr.-Agnès Flocard.) L'un et l'autre eurent pour directeur de leur conscience et pour ami le grand
Evêque de Genève, qui tint sur les fonts du baptême l'une de leurs filles, Françoise, plus tard Religieuse et Supérieure
de la Visitation d'Annecy. Dès le 1er juillet 1609, M. Flocard avait reçu des lettres de noblesse, mais ces premières
patentes furent perdues ; celles de 1628 et 1633 demeurèrent sans effet par suite de diverses circonstances. La régente
Marie-Christine en accorda de nouvelles (après le 4 octobre 1638), dans lesquelles elle déclare que son « feal
conseiller... s'est rendu tousjours bien meritant de telles graces par ses services continus despuis environ quarente cinq
ans, tant en qualité de maistre des Comptes en nostre Chambre de Genevois que de president en icelle, et de collateral
en nostre Conseil dudict Genevois. » (Archives de la Visitation d'Annecy, Collection J. Vuÿ.)
1024 Après la bataille du 26 octobre, on parla aussitôt d'un « accommodement » entre Victor-Amédée et le duc de
Nemours ; il ne fut signé que le 14 novembre (voir ci-dessus, note (973), p. 284). Peut-être aussi le Saint avait-il
quelque connaissance des démarches tentées par le Cardinal Ludovisi, nonce extraordinaire auprès de Charles-
Emmanuel, et M. de Béthune, ambassadeur extraordinaire de France, pour la paix définitive entre la Savoie et
l'Espagne ; mais les propositions faites à don Pedro de Tolède le 27 octobre, n'aboutirent à rien.
1025 A cette date, le prince de Piémont était encore au camp de Ballon (voir ci-dessus, note (1004), p. 296).
1026 Ce fut le 23 ou le 24 novembre que François de Sales partit pour Grenoble. (Cf. ci-après, note (1053), p. 312.)
1027 Probablement Claude de Monthoux (voir ci-dessus, note (967), p. 283).
1028 Voir Lettre MCCXXXIX et la note (964), p. 282. On allait reprendre la construction du monastère, interrompue
par la guerre civile.
1029 Claude de Quoex, collatéral au Conseil de Genevois ; il devait être alors auprès du prince, comme aussi Flocard.
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22.9 Page 219

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_____
MCCLIV. A Madame Guillet de Monthoux1030. Remplir son
devoir de bon cœur, par amour, mais sans empressement. —
Grand prix de la paix dans une famille. Faire ce que l'on peut,
et laisser le reste à Dieu.
Annecy, 10 novembre 1616.
Encor ne vous escris je pas a loysir, ma tres chere Fille, bien que je responde tard a vostre
lettre. Or sus, vous voyla donq dans le mesnage, et il n'y a remede. Il faut que vous soyes ce que
vous estes : mere de famille, puisque vous aves un mary et des enfans, et il le faut estre de bon
cœur et avec l'amour de Dieu, ains pour l'amour de Dieu, ainsy que je le dis asses clairement a
Philothee1031, sans s'inquieter ni empresser que le moins qu'il sera possible.
Mais je voy bien, chere Fille, qu'il est un peu malaysé d'avoir soin du mesnage en une
mayson ou il y a mere et pere ; car je n'ay jamais veu que les peres, et sur tout les meres, layssent
le gouvernement entier aux filles, encor que quelquefois il seroit expedient. Pour moy, je vous
conseille de faire le plus doucement et sagement que vous pourres ce qui vous est recommandé,
sans [305] jamais rompre la paix avec le pere1032 et cette mere1033 ; car il vaut mieux que les affaires
n'aillent pas si bien, et que ceux a qui l'on a tant de devoir soyent contens. Et puis, si je ne me
trompe, vostre humeur n'est pas faite pour la conteste. La paix vaut mieux qu'une chevance. Ce
que vous verres pouvoir estre fait avec amour, il le faut procurer ; ce qui ne se peut faire que par
desbat doit estre laissé, quand on a affaire avec des personnes de si grand respect.
Je ne doute point qu'il ne se passe des aversions et repugnances en vostre esprit ; mays, ma
tres chere Fille, ce sont autant d'occasions d'exercer la vraye vertu de douceur ; car il faut faire
bien, et saintement, et amoureusement ce que nous devons a un chacun, quoy que ce soit a
contrecœur et sans goust.
Voyla, ma tres chere Fille, ce que je vous puis dire pour le present, adjoustant seulement
que je vous conjure de croire fermement que je vous cheris d'une dilection parfaite et vrayement
paternelle, puisqu'il a pleu a Dieu de vous donner envers moy une confiance si entiere et filiale ;
mais continues donq bien, ma tres chere Fille, a m'aymer cordialement.
1030 Jusqu'ici, tous les éditeurs ont donné pour adresse : A une Cousine. Nous croyons pouvoir désigner presque avec
certitude Claire-Marie de Maillard-Tournon, mariée depuis 1609 à Gabriel Guillet de Monthoux. On se souvient qu'en
recevant la bénédiction nuptiale, après les dispenses venues de Rome (1615), elle s'était placée spécialement sous la
direction de l'Evêque de Genève (voir ci-dessus, Lettre MCXVI, et la note (261), p. 64). Les premières années de son
mariage, la jeune femme dut vraisemblablement habiter le plus souvent chez sa mère pendant les fréquentes absences
de son mari, commandant d'une compagnie de chevau-légers. A partir de 1616, Mme de Monthoux paraît s'être établie
dans la maison de ses beaux-parents qui, lors du contrat dotal de 1609, avaient cédé tous leurs biens à Gabriel, leur
fils aîné, sous la seule réserve de leur entretien personnel. (Voir tome XV, note (1070), p. 372.) Cette clause pouvait
créer entre tous une situation délicate.
1031 Partie III, chap. XXXVIII.
1032 Le beau-père de la destinataire, Janus Guillet, fils de Louis, seigneur de Monthoux, et de Claudine de Mouxy.
Vaillant guerrier et vaillant catholique, ce gentilhomme soutint dans son château de Monthoux un siège célèbre, et
préféra la perte de ses biens à la perte de sa foi. Voyant sa demeure brûlée par les hérétiques, il fut contraint, pour
sauver sa famille de leur fureur, « de se retirer dans les bois où il souffrit extrémement pour la cause de la religion.
Dieu, en recompense, luy donna des enfants si accomplis, qu'ils ont acquis, par leur merite, plus d'honneur et de biens
que la disgrace de leur fortune ne leur en avoit enlevé, quoy qu'ils eussent perdu la plus grande partie de leurs titres
dans l'incendie de leur terre. » (Notice de la Mère P.-J. de Monthoux, insérée dans la Circulaire de la Visitation de
Blois, 30 novembre 1672.) Janus de Monthoux avait épousé (contrat dotal du 18 décembre 1568) Jeanne-Aimée de la
Fléchère ; son testament est du 30 septembre 1618.
1033 Jeanne-Aimée de la Fléchère, femme du précédent. Elle était fille de François-Philibert de la Fléchère, seigneur
de Molliens, Vanzy, etc., et de Claudine de Maillard.
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Faites bien la sainte orayson ; jettes souvent vostre cœur entre les mains de Dieu, reposés
vostre ame en sa Bonté et mettes vostre soin sous sa protection, soit pour le voyage du cher
mary1034, soit pour le reste de vos [306] affaires. Faites bien ce que vous pourres, et le reste laisses
le a Dieu, qui le fera ou tost ou tard selon la disposition de sa providence.
Je voudrois bien sçavoir qui sont ces curés desquelz on murmure contre moy et mon
frere1035 ; car, tant qu'il nous sera possible, nous tascherons de remedier aux desordres, s'ilz se
treuvent. Je suis cependant bien ayse que le vostre soit honneste homme et sage1036.
En somme, soyes a jamais toute a Dieu, ma tres chere Fille, et je suis tout en luy,
Vostre plus humble cousin et serviteur tres affectionné,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 10 novembre 1616.
_____
MCCLV. A Madame de la Fléchère. Une lettre écrite à
l'improviste. Comment la Mère de Chantal désignait Mme de
la Fléchère. « Tout pour Dieu : l'amour et le cœur qui ayme.
»
Annecy, [novembre 1616 1037.]
Cette digne porteuse vous dira comme je vous escris a l'improuveüe, ma tres chere Fille, et
si soudainement que je ne sçai que dire, sinon que vous seres la tres bien venue, que c'est un grand
bien a nostre Charles1038 d'avoir un bon maistre, que je suis plus vostre que mien et ne cesse jamais
de vous souhaiter mille et mille faveurs du [307] Ciel, sur tout le saint, puissant, doux et tranquille
amour de nostre Dieu.
Nostre madame de Chantal vous desire. La derniere fois qu'elle me parla, vous voulant
nommer et vostre nom ne luy venant pas en bouche : « La chere seur, » dit elle, « qui vous ayme
si parfaitement. » Je vous demande qui eüt entendu ce langage sinon moy, qui vous nommay
d'abord. Or sus, tout est pour Dieu : l'amour et le cœur qui ayme. A Dieu soit honneur, gloire et
louange eternellement1039.
Voyla une lettre pour la seur1040, qui est vielle, mais ell'a besoin de l'avoir ; je la luy envoyay
par un prestre de Seyserieu qui, l'ayant treuvee partie, me la rapporta, et maintenant je ne puis luy
escrire.
VIVE JESUS !
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.
_____
1034 Il allait sans doute à la guerre.
1035 Jean-François, vicaire général du saint Evêque.
1036 Philibert Sallier, natif de Reignier et tonsuré en 1578, avait reçu le 21 janvier 1616 l'institution pour la cure de
Monthoux, après avoir desservi, de 1588 au 15 janvier 1609, celle d'Etrembières. Il mourut en décembre 1627. (R. E.)
1037 Deux questions auxquelles le Saint fait allusion dans ces lignes nous permettent de proposer une date : la prochaine
arrivée de Mme de la Fléchère à Annecy, et le départ de son fils Charles allant continuer ses études à Lyon. Ce double
déplacement a dû se produire au début de l'hiver 1616.
1038 Charles de la Fléchère (voir tome XV, note (258), p. 86).
1039 I Tim., I, 17 ; Apoc., V, 13.
1040 Jeanne-Bonaventure de la Forest, Religieuse à Bons. (Voir tome XIV, note (600), p. 204.)
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23 Pages 221-230

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23.1 Page 221

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MCCLVI. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée1041. Entremise
de l'Evêque de Genève en faveur d'un ami.
Annecy, 18 novembre 1616.
Monseigneur,
Je supplie tres humblement Vostre Altesse de se resouvenir de la faveur qu'il luy a pleu
d'accorder a monsieur le President de Sautereau1042, sur la recommandation [308] que monsieur le
mareschal Desdiguieres1043 luy en a faite. Et continuant d'invoquer Dieu sur Vostre Altesse, je luy
fay tres humblement la reverence, comme estant,
Monseigneur,
Son tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le XVIII novembre 1616.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Biblioteca Civica.
_____
1041 Une lettre du président Favre au prince de Piémont, en date du 22 janvier 1617, rappelle la grâce qu'il avait
accordée à M. de Sautereau pendant que Son Altesse était « par deça ». La fausse adresse des éditions précédentes :
Au Duc de Savoie, est rectifiée d'après cette indication.
1042 François de Sautereau fut pourvu le 15 décembre 1607 de la charge de président au Parlement de Dauphiné, en
remplacement de Jean de la Croix de Chevrières, nommé évêque de Grenoble. Il était fils de Jeanne de Salvaing et de
Michel de Sautereau, juge d'Avalon et de Bayart, puis juge royal de la ville de Grenoble. Marié depuis le 24 avril 1585
à Marie Gibert, dame de Chasse, il en avait eu plusieurs enfants ; entre autres, Guillaume, que nous retrouverons dans
la suite, Marie, qui épousa Charles de Verdonney, et Anne-Catherine, plus tard Religieuse à la Visitation de Grenoble.
Le président de Sautereau résigna son office (1617) en faveur de Gaspard Béatrix-Robert, et décéda quelques mois
après. (Rivoire de la Batie, Armorial du Dauphiné, Lyon, 1867.) C'était un ami d'Antoine Favre, et, par lui, il avait
gagné aussi l'amitié de l'Evêque de Genève, qui l'honorait d'« une affection toute particuliere... pour sa vertu et pieté.
» (Lettre du 21 juin 1617 à la présidente de Sautereau.)
La lettre du 17 janvier 1617 expliquera quelle est l'affaire dont il s'agit ici, et la faveur promise au
gentilhomme dauphinois.
1043 François de Bonne, duc de Lesdiguières (voir tome XII, note (183), p. 100).
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23.2 Page 222

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MCCLVII. A M. Annibal Boschi1044. Aumônes du prince de
Piémont aux Clarisses et aux Cordeliers d'Annecy. Un galérien
qui doit payer sa grâce par des œuvres pies.
Annecy, 18 novembre 1616.
Monsieur,
Il pleut a Son Altesse1045 de me commettre pour voir l'estat des bastimens de Sainte Claire
de cette ville, et [309] sur le rapport que je luy fis de la ruyne dont ilz estoyent menacés, sa bonté
s'estendit a leur vouloir donner 300 ducatons pour la reparation necessaire1046. Et pour l'assignation
de cette somme-la, monsieur de Monthouz1047 me dit avant hier que Son Altesse avoit accordé le
rappel des galeres en faveur d'un certain notaire ou chatelain, que je pense estre du quartier
d'Aiguebelle1048, a la charge quil donneroit les troys cens ducatons dont il est question pour
cett'œuvre pie, et qu'il serviroit deux ans aux bastimens de la Sainte Mayson de Thonon. C'est
pourquoy, ce bon Pere confesseur des Dames de Sainte Claire va pour voir s'il pourra tirer
l'asseurance de ladite somme1049 ; en quoy je vous supplie tres humblement de l'assister, comme
aussi de luy faire delivrer le mandat des trente vaisseaux que saditte Altesse a ouctroyé pour le
couvent de Saint François1050.
Je sçai que vostre pieté vous portera asses a tous ces bons offices, sans que j'y employe
mon intercession ; mais puisque elle m'est demandee, je ne la puis refuser, mesme sachant que
vous me faites lhonneur de m'aymer, [310] lequel je vous conjure de me continuer, ainsy que je
veux estre a jamais, Monsieur,
Vostre plus humble, tres affectionné serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
XVIII novembre 1616, Annessi.
A Monsieur
Monsieur Boschiz, Conseiller d'Estat
et Secretaire des commandemens de S. A.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le vicomte de la Villarmois, au château de Montgoger
1044 Secrétaire du duc de Savoie dès 1598, conseiller d'Etat et secrétaire des finances en 1608, Annibal Boschi devint
ensuite « premier secretaire d'Estat et des commandements de Monseigneur le Serenissime Prince de Piemont. »
(Lettre du président Favre au destinataire.) C'est à ce titre qu'il avait accompagné Victor-Amédée à Annecy.
1045 Le prince de Piémont.
1046 Déjà au 24 octobre 1615, le Registre des finances (Turin, Archives de l'Etat) mentionne une aumône de 50 ducatons
faite par Victor-Amédée aux pauvres Clarisses d'Annecy. Malheureusement, le Registre du second semestre de 1616
est perdu.
1047 Sans doute le sénateur Guillet de Monthoux (voir tome XV, note (177), p. 55).
1048 Le président Favre écrit au prince de Piémont, à la date du 4 septembre 1616 : « J'envoye a V. A. S. la lettre du
Senat pour la grace du sr du Molard. » Or, les du Molard étaient de la Maurienne, où se trouve aussi « le mandement
d'Aiguebelle. » Ce gracié du Sénat et le rappelé des galères seraient-ils un même personnage ?
1049 Il est possible que le P. Saulnier remplît déjà à cette époque les fonctions de confesseur des Clarisses. (Voir ci-
dessus, note (960), p. 281.) Sans doute il devait se rendre à Chambéry où, d'après le Registre des Délibérations
municipales d'Annecy, le prince se trouvait alors.
1050 Fondé par Pierre de Lambert, évêque de Caserte, ce couvent avait été d'abord une maison de Célestins. Mais ces
Religieux ne l'occupèrent qu'environ douze ans et furent remplacés, le 23 mai 1535, par les Franciscains de
l'Observance, depuis appelés Cordeliers. L'église que ceux-ci construisirent servit d'asile aux Chapitres des Machabés
et de Saint-Pierre (cf. le tome précédent, note (293), p. 85) ; en 1568, elle devint même la cathédrale d'emprunt des
évêques exilés de Genève, et elle est actuellement celle des évêques d'Annecy. Le nombre des Cordeliers fut
ordinairement de vingt au couvent de cette ville ; ils le quittèrent en 1772 et se retirèrent à Chambéry. (D'après Mercier,
Souvenirs hist. d'Annecy, Burdet, 1878, chap. XVI.)
222/355

23.3 Page 223

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(Indre-et-Loire).
_____
MCCLVIII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée1051. La
reconnaissance du Saint s'unit à celle des Pères Barnabites.
Annecy, 19 novembre 1616.
Monseigneur,
Ces Peres vont pour rendre graces a Vostre Altesse du soin qu'elle a de bien establir leur
Congregation en ce pais1052. Et par ce que je voy combien Dieu en sera glorifié et le peuple edifié,
j'en remercie tres humblement de rechef Vostre Altesse avec eux, la suppliant de continuer en ce
tressaint zele, comme je ne cesseray jamais de luy souhaiter la perfection des graces celestes, non
plus que d'estre, Monseigneur,
Tres humble, tres obeissant et tres fidele orateur
et serviteur de Vostre Altesse,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le 19 novembre 1616.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat. [311]
_____
MCCLIX. A Madame de la Fléchère. Une quittance à retrouver.
Visite de Mme de Blonay
Annecy, 19 novembre 1616.
Ma tres chere Fille,
Je feray selon le contenu de vostre lettre, si l'occasion s'en presente par la venue de M. de
Charmoysi, et encor, passant a Chamberi1053, je confereray avec M. le President1054 pour sçavoir
ce qui se pourra faire. J'ay des-ja un peu cherché la quittance de Bonfilz1055 et ne l'ay sceu treuver
; mon frere1056 dit quil ne l'a point aussi. Mays je chercheray tant, que nous la treuverons, puis que
jamais je n'ay perdu aucun papier d'importance.
Vous sçaures tous-jours de nos nouvelles et par mes lettres et par celles de nostre Mere1057.
1051 L'adresse Au Duc de Savoie donnée jusqu'ici à ce billet est erronée ; le vrai destinataire est le prince de Piémont
qui, en cette année 1616 surtout, avait témoigné tant de zèle pour l'établissement des Barnabites dans le diocèse de
Genève. (Cf. ci-dessus, note (634), p. 177.)
1052 Il est difficile de désigner les Religieux députés auprès de Victor-Amédée ; on peut cependant proposer le
Supérieur du collège d'Annecy, D. Simplicien Fregoso, et celui de la Maison de Thonon, D. Fulgence Chioccari.
1053 En se rendant à Grenoble pour y prêcher l'Avent. Le 23, le Saint est encore à Annecy, où il donne des lettres
dimissoriales ; il dut partir ce jour-là, ou le lendemain au plus tard, puisque le premier sermon de sa station se fit le
27.
1054 Antoine Favre.
1055 Horace Bonfils, trésorier du prince de Nemours. (Voir ci-dessus, note (683), p. 194.)
1056 Jean-François de Sales.
1057 La Mère de Chantal.
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23.4 Page 224

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Nous avons eu icy madame de Blonnay1058 qui estoit venue voir sa seur1059, et s'en est
retournee aujourdhuy.
Dieu vous veuille a jamais benir, ma tres chere Fille, des benedictions de son tressaint
amour. Je suis en luy, d'un cœur non pareil,
Vostre tres humble serviteur et pere.
XIX novembre 1616.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat. [312]
_____
MCCLX. A M. Jean Massen1060 (Inédite). Recommandation en
faveur d'un étudiant en théologie.
Annecy, 23 novembre 1616.
Monsieur,
Estant obligé de souhaiter l'advancement aux lettres et a la vertu de Nicolas Grillet, qui
m'appartient en parentage1061, et le voyant maintenant sur les rangs pour entrer au cours de la sainte
theologie, je supplie vostre charité de luy estre propice et l'assister de vostre soin et faveur speciale,
affin quil puisse reuscir tel que nous desirons le voir un jour, propre a servir Dieu et la sainte Eglise
en ce diocese, ou il importe tant, a cause du voysinage.
Et par ce que vostre zele vous donnera asses de mouvement a ce bon œuvre, sans que j'y
employe davantage de prieres, je ne m'estendray pas plus avant, ains vous asseurant de mon
humble affection a vous honnorer, et [313] vous desirant mille et mille benedictions, je
demeureray,
Monsieur,
Vostre plus humble, tres affectionné confrere
et serviteur en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXIII novembre 1616, Annessi.
A Monsieur
President au College de Savoye.
1058 Marie d'Avise, mariée à Jacques de Blonay. (Cf. ci-dessus, note (602), p. 166.)
1059 Sœur Marie-Gasparde d'Avise, novice à la Visitation.
1060 L'ancienne copie gardée à Turin porte comme adresse : A Monsieur Tambay, President au College de Savoye. Or,
en 1616, Louvain ni Avignon n'avaient de personnage de ce nom dans leurs collèges savoyards. Nicolas Grillet ayant
commencé ses études à Louvain, il est presque certain qu'il les poursuivit dans la même ville. Il faut donc conclure
que le nom du destinataire a été ajouté après coup par un copiste distrait, et ignorant la mort de Jacques de Bay, arrivée
en 1614.
Depuis cette époque, Jean Massen ou Massin, licencié en théologie, était président du collège. (Voir le tome
précédent, Appendice II, pp. 416, 417.) Déjà il avait occupé à la Pédagogie de la Fleur de lis les postes de sous-régent
et de régent pendant environ quatorze ans, et celui de recteur de l'Académie, du mois d'août 1613 jusqu'en 1614. Le
14 mai 1627, on le trouve chanoine de la cathédrale de Namur. Il mourut en 1636. (D'après Reusens, Documents
relatifs à l'histoire de l'Université de Louvain, 1425-1797, et les Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de la
Belgique, Louvain, 1886, tome XX.)
1061 Nicolas Grillet était fils de Claudine de Sales, cousine-germaine du saint Evêque. (Voir tome XV, notes (780) et
(781), p. 274.)
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23.5 Page 225

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Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Turin.
_____
MCCLXI. A M. René Gros de Saint-Joyre1062. Remerciements et
félicitations pour la communication d'un ouvrage. La « tare »
que la modestie du Saint y découvre
Annecy, 23 novembre 1616.
Monsieur,
Vous me favorises trop de me communiquer si liberalement vos beaux ouvrages. Celuy cy
que je vous [314] renvoye1063, tesmoigne combien vous estes riche d'inventions et d'affections pour
bien cultiver la pieté. Seulement y voy-je une tare : que vostre desir d'animer un chacun au saint
amour, vous a rendu trop favorable a la bonne volonté que j'ay eue d'y exciter les nations de la
langue françoise, par le Traitté que j'ay nagueres mis en lumiere, lequel je suis pourtant bien ayse
qu'il vous aggree, estimant que vostre jugement luy pourra donner acces et rendre ses documens
plus utiles a plusieurs ames1064.
Vives heureux en ce divin amour, Monsieur, et continues d'aymer
Vostre tres humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXIII novembre 1616, Annessi.
_____
1062 La famille des Gros, seigneurs de Saint-Joyre est-elle la même que celle du Pape Clément IV, appelé dans le siècle
Guy Gros ? Plusieurs historiens l'ont affirmé, et probablement, non sans raison. D'après eux, César Gros, écuyer,
conseiller et maître d'hôtel des rois Charles IX et Henri III et du duc de Savoie, vint le premier s'établir dans le
Lyonnais. Il eut pour fils Jean-Antoine, qui épousa Marie Richie. De ce mariage naquit, vers 1570, René, filleul de
René de Biragne, gouverneur de Lyon. Ayant commencé ses études au collège de la Trinité de cette ville, il les termina
à l'Université de Padoue. C'est là qu'il publia son premier recueil de poésies, en 1590. Il se trouvait donc dans la
savante cité en même temps que François de Sales ; mais les deux jeunes gens ne se connurent pas alors, puisque M.
de Saint-Joyre déclare en 1616 ne « cognoistre que par lettres » le saint Evêque de Genève. (Voir à l'Appendice II.)
Rentré en France après la mort de son père, et possesseur d'une grande fortune, René Gros l'employa d'abord à la
reconstruction du couvent des Cordeliers de l'Observance, à Lyon. Son facile talent poétique lui valut l'amitié et
l'estime d'éminents personnages et de plusieurs hommes de lettres ; d'aucun il ne reçut les éloges avec autant de plaisir
que de notre Saint. Claude Clément, S. J., l'auteur d'une Vie latine de Clément IV (Lyon, 1624), s'adressantà René
Gros : « Quel besoin, » dit-il, « d'ajouter un écrit de ma main aux nombreuses lettres par lesquelles un homme au-
dessus de toutes louanges, François de Sales, l'Evêque de Genève, vous a complimenté et s'est félicité à son tour des
suffrages que vous avez donnés à ses œuvres ? » Que sont devenues, hélas ! ces « nombreuses lettres » ? — René
Gros de Saint- Joyre mourut vers 1660. (D'après Michaud, Biographie universelle, supplément, tome LXVI, Paris,
1839.)
1063 C'était le manuscrit de La Mire de vie a l'amour parfaict, Lyon, Claude Cayne, 1614 1, poème en vers français et
en octaves, dédié à l'Abbesse du royal Monastère de Saint-Pierre de Lyon, Marie de Lévis, dont le nom anagrammatisé
a fourni à l'auteur le titre de son livre. René Gros célèbre dans ce poème les grâces, la beauté et les hautes vertus de
l'illustre Abbesse, et il l'engage à n'avoir toute sa vie d'autre amant que Jésus.
Voir à l'Appendice I, la lettre du seigneur de Saint-Joyre qui accompagnait l'envoi de son ouvrage.
1 Cette date est certainement une erreur de typographie, puisque la dédicace porte : « A Belmont, ce 12 novembre
1616, jour de Sainct René, » et les approbations de Robert Berthelot et de Thomas de Meschatin La Faye sont du 22
décembre 1616.
1064 Voir à l'Appendice II, le texte auquel le saint auteur fait allusion.
225/355

23.6 Page 226

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MCCLXII. A la Mère de Chantal. Comment procéder pour
l'achat de maisons nécessaires à l'agrandissement du monastère
de la Visitation
Annecy, [15-23 novembre 1616 1065.]
Voyla les lettres ; mais j'ay oublié de vous dire, ma tres chere Mere, que quand monsieur
le President1066 vous parlera des maysons et que vous viendres a traitter de l'estimation des
maysons, il seroit bon d'obtenir de luy qu'assemblant les expertz, il leur face prester serment, et
leur fasse prendre les resolutions, parties absentes.
Bon soir, ma tres chere Mere, Dieu vous benisse. Si je puis, demain je vous iray dire une
Messe.
Revu sur l'Autographe qui appartenait aux PP. Missionnaires de Saint-François de Sales, à
Annecy. [316]
_____
MCCLXIII. A la même (Inédite). Débuts de l'Avent à Grenoble.
Messages d'un père pour ses filles
Grenoble, 3 décembre 1616.
Ce ne sont jamais que troys paroles de ce Pere ; certes, ma tres chere Mere, il n'a pas de
loysir pour plus. Il commence seulement a s'apprivoyser parmi ce peuple1067. Dans quelque tems
il vous escrira, sil y a chose qui vous puisse consoler1068, car je vous asseure, ma tres chere Mere,
que ce pauvre Pere la vous porte dans son cœur comme son esprit propre.
Voyla des lettres pour vous. Je salue la tres chere toute bienaymee Marie Aymee1069 ; elle
sçait bien qu'elle est la fille de mon cœur, et l'autre chere fille Françon1070, et toutes nos cheres
Seurs. Dieu soyt a jamais, ma tres chere Mere, nostre tres unique tout. Amen.
Samedi, III decembre 1616.
A ma tres chere Mere,
Nostre Mere.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Cracovie. [317]
1065 Obligées de poursuivre la construction de leur monastère, les Religieuses de la Visitation avaient besoin pour cela
de maisons appartenant au procureur fiscal Barfelly. Il fallut plusieurs mois pour amener le propriétaire à consentir à
des conditions raisonnables ; les pourparlers commencés vers la fin de 1616 aboutirent seulement au mois d'août 1617.
Il semble que ce billet date du début des négociations ; c'est pourquoi nous le plaçons avant le départ du saint Evêque
pour Grenoble, sans néanmoins vouloir absolument exclure janvier, avril, mai de l'année suivante.
1066 Probablement le président de la Chambre des Comptes du Genevois, qui était alors Jacques Pelard, seigneur du
Noyret. (Voir le tome précédent, note (109), p. 23.)
1067 Le Parlement du Dauphiné, heureux d'avoir obtenu le grand Evêque de Genève pour prédicateur de l'Avent dans
son église de Saint-André, avait député M. de Sautereau et un autre conseiller pour aller le prendre à Annecy. L'accueil
que reçut le Saint fut digne de sa réputation, et son talent oratoire comme sa vertu, loin de la démentir, répondirent à
l'attente de la société grenobloise. On écouta ses sermons avec un intérêt croissant ; tous eurent pour thème le cantique
de Zacharie : Benedictus. (Voir tome VIII, pp. 202 seq.)
1068 Vide Epist. seq.
1069 Marie-Aimée de Rabutin-Chantal, baronne de Thorens, belle-sœur du Saint.
1070 Françoise de Rabutin-Chantal.
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23.7 Page 227

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MCCLXIV. A la même (Inédite). Une lettre faite entre deux
sermons. Les fruits spirituels qui se préparent pour le
prochain Carême. Salutations et souhaits affectueux
Grenoble, 8 décembre 1616 1071
C'est tous-jours quand je puis, ma tres chere Mere, que je vous escris, et voyci la
quatriesme1072, aussi courte que les autres, comm'estant escritte entre deux sermons : l'un que je
viens de faire en l'eglise cathedrale, delaquelle Nostre [Dame] est le Patron1073, et l'autre que je
vay faire dans trois heures, en un'eglise, hors ville, ou le tiltre est avec Indulgence pleniere1074. Nos
sermons vont asses bien. Hier nous commençames a confesser quinze ou vingt dames, tres devotes
pour la plus part, et j'entrevoy, ce me semble, un peu de fruit pour le Caresme1075. Ce sont nos
nouvelles, et je benis Dieu pour les vostres.
Je salue vos hostesses du tems de vostre lettre, si vous [318] les revoyes, madame de
Monthouz1076 et les autres. Item, sur tout ma chere Marie Aymee, certes ma toute chere seur, de
laquelle je prie Dieu vouloir estre protecteur et de son petit1077.
Dieu soit a jamais nostre amour, ma tres chere Mere, et vous comble de sa tressainte
consolation. Amen. Je suis en luy vostre, tout entierement et absolument, et, puis quil luy a pleu,
comme vostre ame, vous mesme.
Je suis vostre serviteur.
En haste, VIII decembre, jour de la tressainte Conception.
Je salue nos Seurs et mes freres1078, ausquelz je n'escris point.
A Madame
Madame de Chantal, Supere de la Visitation.
Annessi.
Revu sur un fac-simile de l'Autographe qui appartenait à M. le comte de Villers-Masbourg, au
château de Schâloen (Limbourg Hollandais).
_____
1071 La seule mention de Marie-Aimée, morte en 1617, suffit à fixer le millésime que ne donne pas l'Autographe. Cette
lettre est évidemment de la première station d'Avent à Grenoble.
1072 Des trois précédentes, nous n'avons que la lettre du 3 décembre.
1073 Œuvre architecturale antérieure au XIe siècle, la cathédrale de Grenoble, dédiée à la Sainte Vierge, fut construite
à côté et tout joignant l'église paroissiale de Saint-Hugues, consacrée primitivement à saint Vincent.
1074 C'était l'église des Récollets, où François de Sales revint l'année suivante, à la même date, célébrer l'anniversaire
de sa consécration épiscopale. Introduits à Grenoble en 1605, les Récollets avaient d'abord obtenu la cession d'un
ancien hôpital, sous la condition de servir les pestiférés. En 1608, les consuls reprirent les bâtiments de l'hospice, et
les Religieux, protégés et aidés par Henri IV, construisirent, en dehors de la ville, aux Granges, un couvent qui fut
placé sous le vocable de l'Immaculée-Conception. Par patentes de janvier 1611, Louis XIII autorisa ce transfert, en
confirmant la fondation de son père. (Cf. Prudhomme, Hist. de Grenoble, 1888, chap. XVI.)
1075 Le Saint prêcha en effet le Carême de 1617 devant le Parlement de Grenoble ; la suite de sa correspondance nous
fera connaître la plupart des pieuses dames dont il parle ici.
1076 Il est difficile de dire s'il s'agit de Gabrielle Dyan, femme du sénateur Claude-Louis Guillet de Monthoux, ou de
Claude-Marie de Maillard-Tournon, qui avait épousé Gabriel, cousin du précédent. Toutes deux étaient filles
spirituelles du saint Evêque, mais plus spécialement la seconde. (Cf. ci-dessus, note (1030), p. 305.) La lettre de la
Mère de Chantal à laquelle répondent ces lignes étant perdue, on ne peut désigner les autres « hostesses ».
1077 Voir ci-après, la lettre du 21 janvier 1617 à la Mère Favre, p. 336.
1078 Louis, Jean-François, Bernard et Janus de Sales.
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MCCLXV. A Monseigneur Fenouillet, Évêque de Montpellier
(Inédite). Le duc de Montmorency gagné par Mgr Fenouillet à
l'estime de l'Evêque de Genève. Témoignages qu'il en donne.
Déplaisir du Saint de n'avoir pu, à son gré, le payer de retour.
Lesdiguières en route pour le Piémont
Grenoble, 17 décembre 1616.
Monseigneur,
Je n'ay garde que je n'employe cette si bonne commodité de vous bayser les mains, quand
ce ne seroit que [319] pour vous remercier tres humblement de l'honneur que je receus de monsieur
de Montmorency1079 en son passage par cette ville, puisquil me declara que vous luy avies donné
l'affection de me le faire, par l'honnorable mention que vous luy avies quelquefois fait de moy. Je
suis tous-jours honteux quand je pense a l'exces de la faveur que ce seigneur me fit, et confus
dequoy ayant esté a son logis pour luy faire la reverence et espié toutes les commodités qu'il
pouvoit y avoir, je n'ay peu onques avoir ce bonheur1080. Mais je croy que M. le President [du
Faure1081] [320] luy aura fait sçavoir ma diligence, et neanmoins je vous supplie, Monseigneur, de
luy faire sçavoir le desplaysir que j'ay pour ce sujet, et que j'ay bien conscience du respect que je
doy a sa grandeur et a ses merites, et de l'extreme obligation que j'ay a son excessive bonté. Vous
aves de l'interest en ce point, Monseigneur, puisque c'est sur l'estime que vous luy avies donnee
de moy, quil m'a favorisé. « 1082 Amare et sapere, vix cœlitibus conceditur1083. » Vous luy en avies
trop dit et il en a trop fait, et moy je suis demeuré court et n'en ay pas asses fait, faute certes d'avoir
bien peu le faire.
1079 Aussi célèbre par sa mort tragique qu'illustre par sa naissance, Henri II, duc de Montmorency, descendait de ceux
dont le cri d'armes était : Dieu ayde au premier baron chrestien ! Petit-fils d'Anne, le grand connétable, il était né
en 1595 de Henri, premier du nom, et de Louise de Budos. Amiral à dix-huit ans, il épousait peu après la noble
princesse Marie-Félice des Ursins, et recevait le gouvernement du Languedoc. Par ses qualités physiques et morales,
par sa bravoure et ses succès, le jeune duc conquit des sympathies enthousiastes, et le 11 décembre 1630, le bâton de
maréchal récompensait ses services et doublait son prestige. Toute sa fortune sombra dans la triste bataille de
Castelnaudary. Il avait cru, comme tant d'autres avec lui, qu'on pouvait, sans blesser le patriotisme, distinguer la cause
de Richelieu de celle de la France. Fait prisonnierle 1er septembre 1632, il montait courageusement et chrétiennement,
le 30 octobre suivant, sur l'échafaud dressé devant le Capitole de Toulouse ; les supplications et les larmes des grands
et du peuple avaient échoué devant l'inflexible politique du tout puissant ministre.
L'inconsolable veuve de Henri de Montmorency, libre'après un an de réclusion de choisir sa retraite,
s'enferma au monastère de la Visitation de Moulins, où elle reçut le seul soulagement que voulut sa douleur : celui de
l'épancher dans le grand cœur de la Mère de Chantal. Quand un nouveau règne commença en France, Marie-Félice
des Ursins obtint de faire transporter auprès d'elle les restes mortels de son époux, et lui éleva un mausolée, chef-
d'œuvre de l'art italien, qu'on admire encore aujourd'hui dans l'église de l'ancien monastère devenue la chapelle du
Lycée.
1080 Le duc arriva à Grenoble le 30 novembre, le Registre des Délibérations consulaires en fait foi : « On ne fera pas
de réception solennelle à M. de Montmorency qui doit arriver demain ; on se bornera à aller le saluer dans son logis.
» Ceci est du 39 novembre 1616. Le 3 décembre, le nonce Bentivoglio écrit à Rome qu'il a rencontré à Lyon l'illustre
voyageur en route pour le Languedoc.
1081 Le nom de Favre donné par le texte que nous reproduisons, est sans doute une erreur du copiste ; car rien ne nous
indique que, de Grenoble, le duc de Montmorency se rendit à Chambéry, et d'autre part, le Président du souverain
Sénat de Savoie ne paraît pas s'être absenté à cette époque.
François du Favre appartenait à la branche des Faure de la Rivière ; son père, François, était procureur général
au Parlement du Dauphiné. Lui-même occupa cette charge en 1594 et devint, en 1609, président à mortier. Il mourut
vers 1628, après avoir résigné son office. (Cf. Rivoire de la Batie, Armorial du Dauphiné, etc.)
1082 « Dans l'amour, garder la modération, c'est à peine si les dieux en sont capables. »
1083 Publius Syrus, Sententiæ, litt. A, v. 22.
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23.9 Page 229

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Vous sçaures toutes nos nouvelles et que M. le Mareschal part demain et que la paix est
desesperee en Piemont1084. Reste que je prie Dieu pour vostre prosperité, me disant a jamais,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Ce 17 decembre 1616.
Revu sur une ancienne copie conservée à la Visitation de Montpellier. [321]
_____
1084 Au traité d'Asti, Lesdiguières, sous le bon plaisir de Sa Majesté très chrétienne, avait promis de secourir en
personne le duc de Savoie contre les invasions du gouverneur de Milan. L'heure était venue de tenir cette promesse.
Charles-Emmanuel en réclamait l'exécution, tandis que, à la cour de France, les ministres partisans de l'Espagne étaient
revenus au pouvoir. Le gouverneur du Dauphiné résolut de ne prendre conseil que de lui-même, et, à la défense de
passer les Alpes, il répondit au Roi par une longue lettre qui se terminait par ces paroles : « Que Vostre Majesté me
pardonne donc, s'il luy plaict, de la licence que je prens pour ce voyage, lequel elle doit avoir agreable, puisque je le
fais pour son service. » (Douglas et Roman, Actes et Correspondance du connétable de Lesdiguières, Grenoble 1881,
tome II, p. 115.) Il partit quelques jours après, le 19 décembre.
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23.10 Page 230

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MCCLXVI. A la Mère de Chantal (Inédite). Que doit faire une
âme continuellement attirée par Dieu à se reposer dans le sein de
sa Providence. Le fondement de la joie paisible et dévote
Annecy, [1616 1085.]
Que peut on dire a l'ame que Dieu a tiree il y a si long tems et attire continuellement a se
reposer dans le sein de sa providence, sinon : Demeurés la, ma Fille, et vous tenes a recoy au plus
secret lieu de ce saint tabernacle1086, vous laissant absolument manier au gré de Celuy qui daigne
prendre soin de vous. Ayés seulement celuy de luy plaire, par cette entiere dependance et confiance
en son amour, et par la suave vigilance que vous deves avoir d'avancer ses cheres espouses a la
pureté de son divin service, par une exacte observance, vous rendant extremement attentive a la
douceur et support, sans crainte d'exceder en ces saintes vertus. Soyes genereuse, allegre et suave
en cet exercice, et vous y treuveres abondamment les graces de nostre bon Dieu, ainsy que je l'en
prie de toute mon ame qui cherit la vostre tres parfaitement.
Pries pour celuy qui est vostre sans reserve. Dieu soit beni. Amen.
Soyes tous-jours joyeuse de cette joye paisible et devote qui a pour fondement l'amour de
sa propre abjection, et nourrisses une douce et paisible humilité de cœur, qui vous face aggreer
toutes sortes de souffrances et d'abjections, comme n'estant digne d'autre chose.
Revu sur un ancien Ms. conservé à la Visitation d'Annecy. [322]
_____
MCCLXVII. A la même (Fragment inédit)
Annecy, [1613-1616 1087.]
……………………………………………………………………………………………………...
Ma tres chere Mere, dites moy sil est vray ; et cependant, mille et mille fois le bon soir, et
cent et cent mille benedictions sur le cœur de ma tres chere Mere et le mien. Amen.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Salo (Italie). [323]
1085 Les conseils que saint François de Sales donne ici à sa fille spirituelle semblent suivre le grand travail de
dépouillement intérieur accompli pendant la retraite de mai 1616. (Voir plus haut, pp. 212-220.) Plus tard, l'âme de la
Sainte entra dans des états nouveaux auxquels s'appliqueraient moins directement les paroles de son bienheureux Père.
Toutefois, on ne prétend pas exclure absolument les années 1617 et 1618.
1086 Cf. Ps. XXVI, 5.
1087 En face d'un fragment si obscur et si incomplet, on est dans l'impossibilité de déterminer une date. Nous écartons
les années antérieures à 1613, à cause de l'appellation de « Mere », et, d'après l'examen de l'écriture, les années
postérieures à 1616.
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24 Pages 231-240

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24.1 Page 231

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Année 1617
_____
MCCLXVIII. A la Mère de Chantal. Le premier acte d'une
journée fait selon l'inclination du Saint
Annecy, commencement de janvier [1014-1617 1088.]
Graces soyent a Dieu, ma tres chere Mere ! sinon des que je commence a vous escrire ce
billet, je n'ay rien fait de toute la journee selon mon inclination. Sa divine Majesté me veuille bien
assister, affin que ces petitz, mays frequens exercices me rendent bien mortifié.1089
Je suis consolé d'avoir vostre sainte Paule vefve pour patronne1090 ; Dieu nous face la grace
de bien imiter en nostre unité cette sainte vefve et son cher Pere1091. Demeurés en paix, ma tres
chere Mere, et reposes vostre cœur sur la poitrine du Sauveur.1092
O Dieu, qu'il faut faire de resignations pour la gloire de ce grand amour divin ! mais ce
n'est rien, en comparayson de ces anciens hommes et femmes apostoliques.
Je suis tres uniquement vostre, ma tres chere Mere.
VIVE JESUS !
FRANÇS, E. de Geneve. [324]
_____
1088 Le billet que nous donnons ici est ce qui reste d'un texte publié en 1626, après soustraction de nombreuses
interpolations. Il fut écrit certainement au début de janvier, une année où les deux Saints se trouvaient dans la même
ville ; d'où la date flottante que nous indiquons.
1089 Ici, les premiers éditeurs intercalent trois lignes appartenant à une lettre du 5 janvier 1619.
1090 Le Fondateur de la Visitation avait ordonné à ses Filles de tirer au sort, le 31 décembre, des Protecteurs pour
l'année nouvelle. Elles prirent aussi l'habitude d'en tirer un pour leur Evêque et Père : c'est à cet usage que le Saint fait
allusion.
1091 Saint Jérôme.
1092 Suit, dans le texte primitif, un assez long passage emprunté à une lettre du 9 janvier 1619.
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24.2 Page 232

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MCCLXIX. Au Chanoine Denis de Granier1093 (Inédite). Le
destinataire est prié de vouloir bien résigner sa place de
chanoine en faveur d'un digne ecclésiastique.
Annecy, 5 janvier 1617.
Monsieur,
Sur la vacance d'un canonicat de nostre Eglise, au (sic) voys du Chapitre se sont presentés
deux personnages [325] 1094 , l'un et l'autre desirés de cette compaignie ; et apres l'election faite
en faveur de l'un1095, il est resté audit Chapitre un grand desir de pouvoir encor avoir l'autre, pour
les bonnes qualités qui sont en luy1096. Sur quoy, quelques-uns se sont advisés que vous avies une
place, laquelle vous estes resolu de ne vouloir point remplir de vostre personne, ainsy que vous
l'aves declaré, et que le tems escoulé des l'impetration d'icelle fait asses connoistre. Et pour cela,
ilz se sont addressés a moy, affin que, tant au nom dudit Chapitre qu'au mien, je vous priasse de la
1093 Bien que le nom du destinataire ait disparu à l'ouverture de la lettre, le contenu de celle-ci désigne le chanoine de
Granier. Plus d'une fois déjà, à travers la correspondance du Saint, on a rencontré ce personnage à « l'esprit fort «
gentil et bien estudié » (voir tome XV, Lettre DCLXXIX, p. 44), mais remuant, aventureux, plus brillant que solide.
L'Evêque de Genève l'aimait et le protégeait en souvenir de son prédécesseur dont il était le neveu. Une pièce du 26
avril 1599 (Archives de la Visitation d'Annecy. Collection J. Vuÿ) fixe les hésitations des historiens qui ont en vain
cherché la filiation de Denis de Granier. Il avait pour parents François de Granier, seigneur du Châtelard, et Pernette
Ducrest ; sa famille habitait Yenne, où mourut son frère Pierre-Claude (voir tome XII, p. 201), et cette petite ville fut
peut-être le berceau du futur Auger de Mauléon. Chanoine de Saint-Pierre de Genève dès 1602. il obtint au concours
du 6 avril 1609 la cure de Saint-Jeoire et reçut la prêtrise le 28 mai 1611. (R. E.) Peu soucieux de tenir sa place au
Chapitre, il se fait remarquer par ses absences dans les comptes-rendus des Synodes. En 1611, il est à Paris, où, sur la
recommandation de saint François de Sales, Antoine des Hayes s'occupe de lui trouver une place ; de la capitale, le
jeune ecclésiastique passe en Languedoc, et revient enfin en Savoie. Le saint Evêque n'eut pas de peine à constater
alors les ravages commencés dans cette âme ; il vit sa foi chancelante, sa soumission au Saint-Siège ébranlée, une
vanité désordonnée rendre inutiles tous les avertissements. Il tremblait pour l'avenir, mais le pauvre aveugle répliquait
: Je ne serai jamais qu'un enfant docile de la sainte Eglise. Dans l'automne de 1620, les appréhensions du bon Pasteur
ne furent que trop justifiées ; l'infidèle brebis fuyait le bercail et allait apostasier en Angleterre. On lira plus tard la
lettre que le Saint écrivit à cette occasion, lettre toute baignée de larmes ; l'amour de Dieu et l'amour compatissant des
âmes ont rarement inspiré de pareils accents. Ces larmes du Serviteur de Dieu devaient un jour porter leurs fruits ; le
grand coupable qui, vers 1622, avait repassé la mer, rentra dans l'Eglise catholique, et trouva dans une fille de l'Evêque
de Genève, celle qui s'appelait « la grande Fille, » la charité, la compassion, le secours que lui aurait accordés le Saint
lui-même (1628). La Mère Marie-Agnès Le Roy continua les bontés de la Mère Favre à l'égard de M. de Granier qui,
pendant huit ans, sembla digne de les recevoir.
En rentrant en France, il s'était associé avec deux libraires de Paris, Chapelain et Bouillerot, et il publia
quelques manuscrits fort rares : Mémoires de Villeroy, Lettres du Cardinal d'Ossat, Mémoires de Marguerite de
Valois, etc. Il s'acquit ainsi l'amitié des gens de lettres, devint le précepteur du fils du maréchal de Saint-Luc, et le 3
septembre 1635, il avait l'honneur d'être admis à l'Académie française, de fondation toute récente, sous le nom d'Auger
de Mauléon, sieur de Granier. Depuis quand se faisait-il appeler ainsi ? Nous ne saurions le dire. Cet homme, qui une
première fois avait cédé à son orgueil et à ses passions, fit une nouvelle chute lamentable. Abusant de la bonté et de
la confiance de la Supérieure du second Monastère de la Visitation de Paris, la Mère Le Roy, il lui extorqua une
somme considérable et s'enfuit avec son trésor sans avoir donné la signature qu'on lui demandait. Pendant un mois les
Religieuses eurent à subir toutes sortes de calomnies et de blâmes, personne ne croyant à la culpabilité de M. de
Granier. La Providence obligea pourtant celui-ci à confesser sa faute ; mais il la paya par son exclusion de l'Académie,
le 14 mai 1636, ordonnée par Richelieu lui-même. Après cela, Denis de Granier rentre dans l'ombre, sans qu'on puisse
savoir quel fut le lieu et quelle est la date de sa mort. (D'après Pellisson et d'Olivet, Hist. de l'Acad. française, Paris,
1745, tome I ; Hist. de la fondation du 2d Monastère de la Visitation de Paris.)
1094 A cet endroit, l'Autographe est déchiré ; deux ou trois mots manquent.
1095 Le candidat élu était Charles Roero de Bressieu, l'un des fils d'Ennemonde de la Forest et d'Emmanuel-Philibert
Roero, seigneur de Bressieu. Le II juillet 1616, il avait succédé à Jean d'Eloise dans son canonicat à la cathédrale dont
il devait être archidiacre en 1634. Il fut ordonné prêtre le 21 décembre 1619 et reçut la cure de Frangy en 1622 ; après
l'avoir échangée contre une chapellenie en 1634, il accepte en 1647 celle du Petit-Bornand. Le prieuré de Burdignin
l'eut ensuite pour prieur commendataire jusqu'à sa mort, arrivée en septembre 1655. (R. E.)
1096 Voir ci-après, note (1101), p. 328.
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24.3 Page 233

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remettre a ce digne ecclesiastique, qui estant de bonne vie, docteur es droitz et en theologie, sera
grandement utile a cett'Eglise.
Or, je croy que vous ne douteres pas que sil vous [326] playsoit de la garder et nous faire
jouir du fruit de vostre residence, nous ne le souhaitassions plus que toute autre chose ; mays
puisque elle vous est tout a fait inutile, et a l'Eglise, presupposé la resolution que vous aves faite,
je pense que vous treuveres bon nostre desir et le seconderes, comme juste quil est, selon Dieu et
les loix. Je sçai que vous avies eü intention d'en gratifier le frere de monsieur Greffiez1097, auquel
je ne voudrois en rien præjudicier, ains l'ayder et servir de mon pouvoir. Mays n'y ayant nulle
apparence de faire reuscir sa praetention de ce costé la, je ne pense pas que cela vous doive plus
arrester de nous donner, au lieu de vous que nous desirions (sic) plus que tous, quelqu'un qui, en
quelque sorte, vous puisse dignement representer : dequoy donq je vous prie avec tout ce venerable
Chapitre, ne doutant point que, selon vostre prudence, zele et pieté, vous ne vous disposies a suivre
nos desirs.
Atant, je me recommande a vos prieres, vous asseurant que de tout mon cœur je seray tous-
jours,
Monsieur,
Vostre plus humble, tres affectionné confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
Monsieur, en cas que vous facies ce que nous demandons, il ne sera besoin sinon de faire
la resignation en mes mains, c'est a dire une procure 1098 ad resignandum pure et simpliciter entre
mes mains, ou de mon Vicaire [327] general1099 ; car par apres, le moys qui vient, auquel je suis
en mon alternative1100 je prouvoirois celuy dont il est question, qui s'appelle monsieur Questan,
bourgeois de cette ville1101.
Veille des Roys 1617.
A Monsieur
Monsieur [de Granier, Docteur] en theologie
1102 ville.
Revu sur l'Autographe conservé au 2d Monastère de la Visitation de Marseille.
_____
1097 Les indications fournies par les Registres paroissiaux d'Annecy, par les Registres de l'Evêché et d'autres sources,
nous permettent d'admettre que François Greyfié eut, de sa femme Françoise Espeautaz, trois fils : Jean, François et
Claude. Le premier, conseiller de Son Altesse, procureur fiscal du Genevois, membre du Conseil du collège
Chappuisien, syndic en 1621, doit être celui que le Saint nomme ici. Il épousa d'abord Perrine Sappin, et en secondes
noces (1624), Louise-Michelle Brunet de Doucy. Ses deux frères, destinés à l'état ecclésiastique, avaient été tonsurés
le 22 février 1600, et c'est à l'un d'eux que M. de Granier aurait de bon cœur cédé son canonicat. Selon toute apparence,
ni l'un ni l'autre ne persévérèrent dans leur première voie. Claude serait devenu greffier de la judicature-mage du
Genevois ; François, marié à Jacqueline Garbillon, fut père de Péronne-Rosalie qui devait être célèbre un jour dans
l'Ordre de la Visitation par ses supériorités à Paray-le-Monial et à Annecy.
1098 pour résigner purement et simplement
1099 Jean-François de Sales.
1100 Voir tome XIV, note (780), p. 272.
1101 Né vers 1577 à Naves, diocèse de Genève, Jean-Louis Questan était fils de Georges Questan et de Bernarde
Arpiaud. Il étudia en philosophie pendant cinq ans au collège de Louvain (1595-1600) et prit le grade de docteur en
théologie. En 1614, il dessert la cure de Messery, et en 1619, celle de Douvaine. Ce fut le 18 août 1617 qu'il entra au
Chapitre de Saint-Pierre comme le souhaitait François de Sales, juste appréciateur de son savoir et de sa vertu. Quand
les Ermites des Voirons élurent M. Questan pour supérieur, l'Evêque approuva leur choix. Plusieurs fois ce digne
prêtre fut désigné comme surveillant, examinateur pour les concours, député pour les affaires du clergé. Il mourut le
31 décembre 1642. (D'après les R. E. et sa déposition, Process. remiss. Gebenn. (I), ad 2um interrog. et passim.)
1102 La déchirure de l'adresse (voir ci-dessus, note (1093), p. 325) a enlevé les premières svllabes du nom de lieu, peut-
être même plusieurs mots.
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24.4 Page 234

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MCCLXX. A la Mère de Chantal. Affaires à régler entre les
deux Fondateurs de la Visitation
Annecy, commencement de janvier 1617 1103.
Ma tres chere Mere,
Je n'ay sceu prendre le contentement que je desirois de vous voir moy mesme, occupé par
les visites. Je ne [328] sçai si aures parlé a M. le Collateral1104 de la difficulté des 800 florins. En
voyci un'autre : M. de la Roche1105 desireroit mettre sa seconde fille en la Congregation1106 et
constituer sa dote des a present, avec celle de ma Seur Claude Agnes, sur les biens quil vous
vend1107 a la charge qu'en cas qu'elle ne perseverast, on rendroit tant. Vous y penseres un peu, et
nous en parlerons passé demain ; et ce soir, si je puis en passant, je vous salueray, puisque demain
je vay a Sainte Catherine1108.
Dieu vous benisse, et tout ce que vous estes icy et la.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mlle Hélène de Thiollaz, au château de Monpont, près
d'Annecy. [329]
_____
1103 La date du contrat passé le 22 juin 1617 (voir note (1107) de la page suivante) aide à déterminer approximativement
celle de ce billet. D'après une lettre de la Mère de Chantal (Lettres, vol. I, p. 186), l'achat des vignes eut lieu vers le 3
avril précédent ; le Saint n'était pas encore revenu de Grenoble, et l'affaire avait dû se traiter avant son départ, c'est-à-
dire en janvier. L'allusion aux « visites » autorise à croire que ce fut au commencement de ce mois.
1104 Barthélemy Flocard (voir ci-dessus, note (1023), p. 303).
1105 Jean Joly, seigneur de la Roche et d'Alery (voir tome XIII, note (977), p. 364).
1106 Après le mariage d'Adrienne Joly avec Bernard Lucas, avocat au souverain Sénat de Savoie (10 février 1614),
Agnès et Innocente restaient encore au foyer paternel et comptaient onze et huit ans. Ni l'une ni l'autre n'entrèrent à la
Visitation d'Annecy, mais, plus tard, à celle de Chambéry. Une troisième fille, Jeanne-Denise, était née en 1604 et
aurait eu treize ans en 1617. C'est elle, peut-être, que son père voulait « mettre en la Congregation, » mais nous ne
savons d'elle que la date de sa naissance.
1107 Le 22 juin 1617, le seigneur de la Roche d'Alery vend au Monastère de la Visitation d'Annecy des vignes situées
à Chavoire, pour « le pris et somme de quattorze mil et cinq centz florins,... moyennant ce que, ladicte dame Superieure
avec lesdictes Soeurs l'a entierement acquitté et deschargé d'une pension annuelle... promise et constituee ausdittes
Dames pendant la vie de damoyselle Claudine Joly... lors qu'elle fut receue a ladicte Congregation. « Et comme, sur
les mêmes biens, se constitue aussi partie de la dot d'Adrienne. femme de Bernard Lucas, l'acte porte que les
Religieuses se « reservent tous droictz d'anterieurité qu'elles ont, tant pour la somme de deux mil florins..., a compte
de quattre mil florins promis pour la reception de ladicte Dlle Claudine Joly, fillie dudict seigneur vendeur, que pour
la pension susdicte et esteinte, comme tenant place de partie du prix de la presente vente. » (Archives de la Visitation
d'Annecy.)
1108 L'abbaye de Sainte-Catherine (voir tome XIII, note (334), p. 116).
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24.5 Page 235

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MCCLXXI. Au duc de Nemours, Henri de Savoie (Inédite).
Regrets de l'Evêque de Genève d'avoir quitté Annecy avant
l'arrivée du prince. Le duc de Nemours, futur fondateur de
l'église des Barnabites. Dieu « donne sejour dans son temple
æternel a ceux qui luy en font icy bas des temporelz. »
Reconnaissance des Religieux et du peuple
Annecy, 8 janvier 1617.
Monseigneur,
L'ors que Vostre Grandeur vint en cette ville1109, je me treuvay si pressé de l'assignation
præfigee pour les sermons de l'Advent a Grenoble1110, que je ne peu attendre le bonheur de vostre
arrivee ; dont j'eu un extreme desplaysir, mais addouci neanmoins par l'esperance qui me restoit,
qu'a mon retour je pourrois en quelque sorte regaigner cet honneur. Et maintenant, deceu en mon
attente, je ne puis me contenir que je ne me pleigne de mon malheur et que, pour me soulager au
mieux que je puis, je ne vous supplie tres humblement, Monseigneur, que si les occurrences
m'esloignent de vostre œïl, il vous playse me tenir præsent en vostre grace, que j'estime l'un des
meilleurs et plus desirables honneurs que je puisse posseder en ce monde.
Ce pendant, Monseigneur, les Peres Barnabites m'ayant communiqué l'intention que Vostre
Grandeur a de faire [330] bastir leur eglise, m'ont aussi donné une grande consolation1111 ; car je
sçai que Dieu benit ceux qui luy edifient des maisons, qu'il glorifie ceux qui l'honnorent et qu'il
donne sejour dans son temple æternel a ceux qui luy en font icy bas des temporelz. Tout ce pais,
Monseigneur, et les circonvoysins vous en auront un'obligation immortelle ; et par ce moyen,
Vostre Grandeur adorera et priera Dieu continuellement a jamais, en la personne de ces bons et
devotz Religieux et de tous ceux qui, par leur zele, s'assembleront en ce saint lieu pour y sanctifier
le nom divin. Mays en particulier, Monseigneur, je vous en fay tres humble remerciment au nom
de tous ceux qui, estans vos tres humbles et tres obeissans sujetz et serviteurs, sont mes diocæsains,
ausquelz je ne manqueray pas de representer la singuliere redevance qu'ilz en auront a vostre pieté
; non plus que ces bons Peres ne manqueront pas de rendre memorable a toute leur illustre et devote
Congregation la grandeur des bienfaitz dont vous les aves favorisés, Monseigneur, qui n'aves pas
seulement voulu les recevoir en vostre ville1112, qui est leur premier logement deça les mons, mais
de plus, leur aures basti le lieu sacré qui sera le plus grand moyen de bien rendre le service auquel
leur vie est destinee.
1109 Entre le 21 et le 28 novembre 1616, le sieur Méclard, syndic, fut député vers le marquis de Lans pour lui
transmettre les doléances de la ville d'Annecy, foulée par les gens de guerre. Sans attendre la fin des réclamations,
Son Excellence congédia brusquement les délégués, leur disant « qu'ilz heussent a partir pour recevoir la Grandeur de
Monseigneur » leur « prince, le duc de Genevoys, de Nemours et de Chartres. » Ainsi éconduits, les Annéciens épièrent
« une heure propre apres disné, » pour parler à Victor-Amédée et lui faire « ung petit discours pour le faict de la
confirmation des privileges » de leur ville. Avec quelque espérance de succès, ils reçurent de Son Altesse le
commandement de s'en retourner « pour recevoir joyeusement Monseigneur le duc de Nemours. » Le témoignage des
Registres du Conseil de Ville corrobore donc celui du Saint au sujet de la venue de Henri de Savoie à Annecy ; la
réponse du prince à l'Evêque de Genève (voir Appendice I) est une preuve nouvelle de ce fait ignoré des historiens.
1110 Voir ci-dessus, note (1053), p. 312.
1111 La bonne volonté du duc de Nemours était plus grande que ses moyens de la mettre à exécution. « Les occasions
passees » l'avaient « un peu mis en arriere, » écrit-il à François de Sales, avouant ainsi discrètement le tort fait à ses
finances par la fâcheuse guerre qui venait de se terminer. De fait, les PP. Barnabites ne purent construire leur église
qu'en 1645. Pour cela, ils firent « destruire les deux classes qu'estoient au dessoubs la salle du college, comme aussy
ladicte sale. » (Reg. des Délib. municip., 22 décembre 1644.) La chapelle fut édifiée en l'honneur de la Sainte Vierge,
sur le plan et la même dimension que celle qui se voit dans la nef de l'église de Lorette.
1112 Voir le tome précédent, note (611), p. 189, et Lettre MIII, p. 233.
235/355

24.6 Page 236

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Dieu remplisse a jamais Vostre Grandeur de ses graces ; c'est le souhait perpetuel,
Monseigneur, de
Vostre tres humble et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
8 janvier 1617, Annessi.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme veuve de Marcassus, à Monfort (Gers). [331]
_____
MCCLXXII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée1113.
L'imprudence d'un jeune homme. Avis du Saint sur cette
affaire.
Annecy, 17 janvier 1617.
Monseigneur,
Vostre Altesse me renvoya une requeste par laquelle elle estoit suppliee, de la part de
damoyselle Marceline de Marcilli, ditte Belot1114, de luy prouvoir sur les promesses que le sieur
de Chasse, filz de monsieur le President de Sautereau1115, luy avoit faites pour mariage, affin que
je fisse ce que j'estimerois estre convenable pour ce regard et que je donnasse mon advis a Vostre
Altesse sur le contenu de la supplication.
Et pour obeir, Monseigneur, a son decret, estant a Grenoble, je conferay avec le susdit
seigneur Præsident de Sautereau de ce sujet, pour apprendre de luy son intention, laquelle il
m'expliqua, se louant infiniment de la justice et equité dont Vostre Altesse l'avoit gratifié luy
faysant rendre la promesse faite par son filz, lequel estant en la puissance de son pere, et d'un tel
pere, ne pouvoit nullement s'engager en un mariage si deshonnorable, au præjudice de la reputation
de sa famille. De sorte que. non seulement il ne croyoit pas que cette femme peut rien prætendre
par rayson, mais tenoit pour certain qu'elle pourroit estre recherchee par justice, [332] d'avoir
seduit et attiré un jeune garçon, enfant de telle famille, a des promesses si præjudiciables et
conceües en termes si extravagans1116. Que si ce n'eut esté la crainte de donner de l'importunité a
Vostre Altesse, il l'eut supplié de commander que punition en fut faite.
N'ayant donq rien fait de ce costé, il reste que je die mon advis, puis qu'il a pleu a Vostre
Altesse de me le commander. Et c'est, Monseigneur, qu'il suffit bien que l'on tolere ces femmes
1113 Le 22 janvier 1617, Antoine Favre écrit au prince de Piémont : « J'ay receu n'aguieres le pacquet cy joint de
Monsieur l'Evesque de Geneve pour le faire tenir seurement a V. A. S. ; ce que je fais par ceste premiere commodité,
ne l'ayant voulu confier a la poste, de peur qu'il ne s'esgarast. Je crov, a ce que je puis cognoitre par sa lettre, que c'est
sur le subject de la requeste qui fut presentee a V. A. S. par la Bellod et r'envoyee audict sieur Evesque pour en donner
son advis, » (Mugnier, Correspondance du Président Favre, tome II, publié par la Société savoisienne, etc., 1905.)
Ces lignes ne laissent aucun doute sur le destinataire de la présente lettre, que les éditions antérieures ont dit
être Charles-Emmanuel.
1114 Voir tomes XV, note (951), p. 335, et XVI, pp. 21-23 ; Lettre CMLVIII, p. 155 ; note (906), p. 319.
1115 Voir ci-dessus, notes (1041), (1042), p. 308.
1116 Seigneur de Chasse par sa mère Marie Gibert, Guillaume de Sautereau, conseiller au Parlement de Dauphiné,
épousa, le 28 juin 1621, Méraude de Sarde. Des lettres patentes de Louis XIII, en date du 26 mai 1630, le nommèrent
conseiller au Conseil souverain de Savoie établi à Chambéry. Il fut l'un des commissaires choisis par le Roi pour
l'instruction et le jugement du procès de Cinq-Mars et de Thou (1642). L'année suivante, le 26 septembre, nous le
trouvons à Annecy comme témoin et signataire du procès-verbal de la translation des restes précieux de François de
Sales et de la Mère de Chantal, de l'église extérieure dans l'intérieur du monastère, translation nécessitée par la
reconstruction du sanctuaire. Guillaume de Sautereau testa le 16 mai 1663. (Cf. Rivoire de la Batie, Armorial du
Dauphiné.)
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scandaleuses en la republique, sans qu'on leur permette d'entreprendre sur les maysons
honnorables et dignes de recommandation, par les infames attraitz desquelz elles charment la
foible et legere jeunesse ; et la condition d'espouser ou doter n'est ordonnee que pour les filles
d'honneur qui ont esté deceües, non pour les femmes deshonnestes qui ont deceu. Celle ci, comme
je m'asseure Vostre Altesse aura des-ja sceu, venoit de faire un enfant d'un estranger quand elle
tira promesse de ce jeune gentilhomme ; et bien que la charité ayt quelquefois porté des gens de
qualité a prendre en mariage des femmes perdues pour les sauver, si est ce qu'il n'en faut pas tirer
consequence pour ceux qui, n'estans pas a eux mesme (sic), sous prætexte de charité violeroyent
la justice et l'equité, introduisans en leurs familles des personnes dangereuses contre le gré de ceux
qui sont les peres et maistres de la famille, mays sur tout en un aage qui n'a pas ordinairement en
consideration ni la charité, ni la prudence requise pour exercer une charité en laquelle il faut avoir
egard a plusieurs circonstances.
Je prie Dieu sans cesse, Monseigneur, quil comble [333] Vostre Altesse de ses plus
desirables benedictions, et suis infiniment,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVII janvier 1617, Annessi.
Revu sur l'Autographe appartenant aux Religieuses de l'Adoration réparatrice,
à Paris.
_____
MCCLXXIII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier. Des
sujets fidèles méritent les faveurs de leur Prince
Annecy, 18 janvier 1617.
Monseigneur,
Je joins ma tres humble supplication a celle que cette ville d'Annessi fait a Vostre Altesse,
pour la continuation des privileges dont ell'a ci devant joüi1117, attestant que, si la fidelité et ardente
affection des sujetz doit attirer les faveurs du Prince, cette communauté, Monseigneur, sera donq
en singuliere recommandation aupres [334] de Vostre Altesse, pour la prosperité delaquelle je prie
continuellement la divine Majesté, comme je dois, estant,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XVIII janvier 1617, Annessi.
1117 Voir le tome précédent, note (1048), p. 324. Quand les députés d'Annecy se présentèrent au prince de Piémont
à la fin de novembre 1616 (voir ci-dessus, note (1109), p. 330), Victor-Amédée leur déclara « quil n'estoit ja besoing
de le suivre jusques en Piedmont, ains quilz recommandassent l'affaire au sr Boschi, son secrétaire, qui ne manquera
de l'en resouvenir soudain quil sera aupres de S. A. Serme son pere, envers lequel il poursuivra luy mesme la
confirmation des privileges, accompagné d'ung tesmoignage de fidelité de ladicte ville. » Les prudents Savoyards
crurent plus sûr de travailler eux-mêmes au succès de leur affaire ; en effet, le 3 février suivant, ils déclarent avoir
envoyé à Turin « pour la confirmation des privileges de la Ville,... le sieur scindic Meclard, » et que « pour le faire
acheminer, l'on a esté contrainct d'aller aux emprompt. » (Reg. des Délib. municip.) Méclard fut donc le porteur de la
présente lettre du Saint.
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Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MCCLXXIV. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de
Lyon. Changement de confesseur au monastère de Lyon.
Trois retraitantes en celui d'Annecy. Rapide passage en ce
monde d'une petite nièce du Saint
Annecy, 21 janvier 1617.
Ma tres chere Fille,
Je vous voy, certes, asses occupee parmi tant d'occurrences ; Dieu soit a jamais vostre force.
M. l'Aumosnier m'escrit que Monseigneur l'Archevesque le vous oste1118 ; je croy que ce ne sera
pas sans vous bien pourvoir. Je crains pourtant la varieté des opinions au maniement des ames ;
mays Dieu aura soin de vostre chere trouppe, affin qu'elle aille tous-jours le mesme chemin,
puisque c'est celuy auquel il l'a mise.
Nostre Mere1119 ne sçait pas que j'escrive. Elle n'est pas sans affaires, mays bonnes et
aggreables, ayant [335] madame la Comtesse de Tournon et ses deux filles1120, qui font les
exercices et preparent leur confession generale.
Hé Dieu, quelles nouvelles du Puy d'Orbe1121 ! cela me traverse le cœur. O qu'il faut bien
regarder a qui l'on donne acces en telles maysons, et quelles hantises, quelz devis on admet !
La chere seur de la Valbonne1122 pensoit venir, mais le frere1123 n'a pas voulu. Il y a
obeissance en leur monastere ; ouy, et mortification. Mais celle ci est bien plus grande a Sales, ou
ma seur1124 a fait sa troisiesme couche d'une fille, laquelle, une heure apres son Baptesme, est
morte. Pour moy, je n'en aurois nul sentiment, si ce n'est pour compatir un petit avec la mere.
Vivés tous-jours toute a Dieu, ma tres chere Fille : c'est le continuel souhait de mon cœur
qui cherit le vostre incomparablement.
VIVE JESUS !
FRANCS, E. de Geneve.
21 janvier 1617.
A ma tres chere Fille en N. S.,
Ma Seur Marie Jacqueline Favre,
Superieure de la Congon de la Visitation.
A Lion.
_____
1118 Claude de Sevelinges, aumônier de Belleville et confesseur du monastère de la Visitation de Lyon (voir tome XV,
note (948), p. 333), n'accepta pas alors le poste que lui proposait Mgr de Marquemont, ne voulant pas abandonner les
Filles du saint Evêque de Genève (voir à l'Appendice I, la lettre de la Mère Favre, 26 janvier 1617) ; mais au mois de
mai suivant, contraint d'aller résider à son bénéfice, il fut remplacé à la Visitation par Etienne Brun.
1119 La Mère de Chantal.
1120 Claude-Françoise, veuve de Salomon de Murat de la Croix, et Marguerite, la plus jeune. (Voir le tome précédent,
notes (274), p. 78, et (654), p. 204.)
1121 Sur l'abbaye du Puits-d'Orbe, voir tomes XII, note (607), p. 271, et XIV, note (1042), p. 359. La lettre de la
Mère Favre au Saint, du 26 janvier 1617, donne quelque jour sur l'affaire à laquelle il est fait ici allusion (voir à
l'Appendice I) ; nous en retrouverons la suite dans des lettres postérieures.
1122 Andrée de Nicolle de Crescherel, femme de René Favre, seigneur de la Valbonne. (Voir tome XV, note (631), p.
216.)
1123 René Favre, mari de Mme de la Valbonne.
1124 La baronne de Thorens.
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MCCLXXV. A la Mère de Chantal. Un souhait de Job et celui
de François de Sales, à propos d'un anniversaire
Annecy, 23 janvier 1617 1125.
Ma tres chere Fille,
Vous m'aves fait playsir en me faysant sçavoir que c'est aujourd'huy le jour de vostre
naissance, car je n'y pensois pas. Job desiroit que le jour de sa naissance perist1126, et moy je
souhaitte que le jour qui a veu naistre ma tres chere Mere soit conté entre les jours heureux et benis
es siecles des siecles. Cependant, ces jours de nos naissances doivent nous humilier, en nous
faysant voir le neant d'ou nous venons, et nous encourager, en nous faysant voir la fin pour laquelle
Dieu nous a donné commencement.
Revu sur le texte inséré dans un ancien Ms. de l'Année Sainte, conservé à la Visitation d'Annecy.
_____
MCCLXXVI. A la Mère Claudine de Blonay abbesse de Sainte-
Claire d'Évian (Inédite). Le saint Evêque s'excuse aimablement
de son retard à écrire. Il promet de s'employer auprès du
prince de Piémont pour les Clarisses. Raisons divines des
maladies et des guérisons. Salutations affectueuses
Annecy, 24 janvier 1617.
Vous aves rayson, ma tres chere Seur, d'avoir une parfaitte confiance en moy, qui aussi, de
mon costé, vous honnore et cheris de tout mon cœur avec toute vostre benite compaignie ; mays
j'ay bien tort, certes, [337] d'avoir tant tardé a vous respondre sur la demande que vous me faysies.
Vous estes bonne, et vous m'excuseres bien, je m'en asseure, puisque ma faute ne procede pas de
mon affection, [mais] de ma memoire, laquelle s'estant reservé ce devoir pour m'en faire souvenir
a mon retour en cette ville1127, s'en oublia par la multitude du tracas qui m'accabla a mon arrivee.
Si, en la place du chasteau1128, il y a de l'eau et dequoy vous bien accommoder, je pense
qu'il ne seroit pas difficile d'obtenir de Son Altesse ce que vous aves projetté1129 ; et pour moy, je
vous serviray tres affectueusement en cela, comme en toutes autres occasions, esperant que si nous
1125 Nous laissons à ce billet le millésime que lui donne l'ancien manuscrit de l'Année Sainte ; mais nous devons ajouter
qu'il y aurait quelque probabilité de lui assigner une date antérieure.
1126 Cap. III, 3.
1127 Le Saint revint de Grenoble le 31 décembre 1616.
1128 C'était un château-fort dominant la ville d'Evian, construit au XIIIe siècle par Pierre, comte de Savoie, et ruiné par
les Genevois, en 1591, lorsqu'ils s'emparèrent de la cité et du pays environnant.
1129 Les Clarisses songeaient à édifier un nouveau monastère, le premier ayant été presque entièrement détruit par les
hérétiques (voir note précédente). Pour cela, elles désiraient utiliser les ruines du château. François de Sales se fit, en
1619, leur intermédiaire auprès du duc de Savoie et sa requête fut favorablement reçue. Pourtant les Religieuses ne
purent se prévaloir de la bienveillance du souverain, par suite « de divers empeschements et accidents survenus ; » les
travaux ne commencèrent qu'en 1638, avec une nouvelle autorisation de la régente Marie-Christine. (Cf. Les Clarisses
d'Evian-les-Bains, par le P. Ladislas de Marlioz, Abbeville-Montreuil, 1885.)
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avons la paix1130, vous seres grandement soulagees du Prince, qui me le dit, estant icy1131. Le bon
Dieu, auquel vous serves, disposera par sa providence de tout ce qui sera requis pour vous loger
un peu mieux en terre et tres heureusement au Ciel.
Si j'eusse sceu ce qui arriva despuis, j'eusse fait du Jubilé selon vos souhaitz1132 ; toutefois,
Dieu n'a pas laissé de vous bien consoler par autre voye. Il soit a jamais beni, et encor dequoy il
envoye souvent des maladies a ses servantes pour les rendre participantes de sa croix, et les guerit
aussi souvent pour les rendre en quelque chose participantes de sa resurrection. [338]
Mes cheres Filles, qui sont les vostres, m'obligent beaucoup d'avoir du soin pour moy en
leurs prieres ; je les conjure seulement de continuer. Que si le parentage de quelqu'unes avec moy
les rend un peu plus affectionnees a me faire cette charité, je leur en seray d'autant plus redevable,
et en remercieray Dieu qui a enté l'amitié spirituelle sur le devoir temporel. Je les salüe toutes tres
cordialement, et leurs noms sont escritz dans mon cœur : de ma Seur Beatrix1133, Anne, Marie
Magdeleine, de ma Seur Symon, Pernette, Christine1134, de Blonay1135, Pernette ; en somme, toutes,
laissant a part ma Seur Claire, qui sçait bien que je luy escris, ni je n'oublie pas ma Seur
Estienne1136. En somme, de rechef, toutes nommees et non nommees, je les cheris de tout mon
cœur qui leur souhaitte, et a leur Reverende Mere, ma Seur, la grace, paix1137 et consolation du
Seigneur, et suis sans fin, ma tres chere Seur,
Vostre tres humble frere et serviteur,
FRANCS. E. de Geneve.
XXIIII janvier 1617, Annessi.
A la Rde Mere en N. S.,
La Seur Claudine de Blonay,
Abbesse de Ste Claire d'Evian.
Revu sur une ancienne copie appartenant à M. Levesque, bibliothécaire du Séminaire de Saint-
Sulpice, à Paris. [339]
1130 Elle se fit attendre quelques mois encore, le traité de Pavie n'ayant été signé que le 9 octobre 1617.
1131 Pendant son séjour à Annecy en 1616. (Voir ci-dessus, note (916), p. 268, et Lettre MCCXLIV, p. 290.)
1132 Sans doute l'Abbesse avait désiré, sans pouvoir l'obtenir, un confesseur extraordinaire, à l'occasion des Indulgences
que les PP. Barnabites d'Annecy furent chargés de prêcher en divers lieux. (Cf. ibid., note (977), p. 285.)
1133 Béatrix de Grilly était fille de Jacques du Nant, dit de Russin, seigneur de Saint-Paul, Grilly, etc., capitaine du
château et de la ville d'Evian. Sa mère fut sans doute Françoise-Gasparde de Clavel, seconde femme de Jacques. Entrée
bien jeune au couvent de Sainte-Claire (1593), succéda en 1622 à Claudine de Blonay dans la charge d'abbesse, et
continua avec zèle l'œuvre de sa devancière. C'est sous son gouvernement que le Monastère fut soustrait à la juridiction
des Cordeliers pour passer sous celle des Evêques du diocèse. La Mère Béatrix mourut en 1631. (Cf. Les Clarisses
d'Evian, etc.)
1134 Sœur Anne, déjà mentionnée par le Saint le 18 août 1614 (voir le tome précédent, note (666), p. 208). — Marie-
Madeleine d'Yvoire, abbesse en 1631, l'est encore en 1636. Marguerite Simon parait comme mère-vicaire en 1627.
Péronne Ravière et Christine Fontaine se trouvent dans la liste des Clarisses de 1627. (Voir ouvrage cité.)
1135 Gabrielle de Blonay, fille de Claude de Blonay et de Louise ou Denise de Livron, sœur de Marie-Aimée, Religieuse
de la Visitation.
1136 Claire Plaist et Etienne de Thorens. Quant à cette seconde Sœur Pernette, elle ne figure pas dans la liste de 1627.
1137 Rom., I, 7.
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25.1 Page 241

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MCCLXXVII. A une religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherine.
En échange d'un bouquet. Une prière que le Saint ne ferait
pas. Le choix de sainte Catherine de Sienne. Chant du
rossignol dans son buisson. Envoi du Traitté de l'Amour de
Dieu. Sentir des répugnances à la vertu n'est pas manquer
d'amour
Annecy, [fin janvier 1617 ou février 1618 1138.]
Que nostre cher Jesus crucifié soit a jamais un bouquet entre vos mammelles1139, ma tres
chere Fille. Ouy, çar ses doux sont plus desirables que les œilletz, et ses espines que les roses. Mon
Dieu, ma Fille, que je vous souhaitte sainte, et que vous soyes toute odorante des senteurs de ce
cher Sauveur ! C'est pour vous remercier de vostre bouquet, et vous asseurer que les petites choses
me sont grandes quand elles sortent de vostre cœur, auquel le mien est tout dedié, je vous en
asseure, ma tres chere Fille.
Le Pater que vous dites pour le mal de teste n'est pas defendu ; mays mon Dieu, ma Fille,
non, je n'aurois pas le courage de prier Nostre Seigneur, par le mal qu'il a en la teste, de n'avoir
point de douleurs en la mienne. A il enduré affin que nous n'endurions point ? Sainte Catherine de
Sienne voyant que son Sauveur luy presentoit deux couronnes, une d'or, l'autre d'espines : O je
veux la douleur, ce dit elle, pour ce monde ; l'autre sera pour le Ciel1140. Je voudrois employer le
couronnement de Nostre Seigneur pour obtenir une couronne de patience autour de mon mal de
teste.
Ne manger point chose qui ait eu vie, les vendredis de Caresme, n'est pas mal fait non plus,
mais cela tire un [340] peu a la vanité d'esprit, quand cela se fait par le rapport de ce qui l'a euë ;
mays quand cela se fait par mortification, cela est bon. Vivés toute entre les espines de la couronne
du Sauveur, et comme un rossignol dans son buisson, chantés, ma Fille : VIVE JESUS !
J'ay suivy vostre desir, mais vous verres que ce papier du livre1141 a beu tout ce que j'y ay
escrit ; et je croy, certes, que vostre cœur en fera de mesme, car c'est le vin delicieux de l'ame, qui
l'enivre et ravit saintement, que ce divin et celeste amour. Chemines tous-jours en cette confiance
; et, en observant une amoureuse fidelité et loyauté envers ce cher Sauveur, ne vous mettes point
en crainte de ne pas asses bien faire : non, ma Fille ; mays advoüant vostre bassesse et abjection,
rejettes vostre soin spirituel en la bonté divine1142 qui aggree nos petitz et chetifz effortz, pourveu
qu'ilz soyent faitz avec humilité, confiance et fidelité amoureuse. Or, j'appelle amoureuse, la
fidelité par laquelle, a nostre escient, nous ne voudrions rien oublier de ce que nous estimerions
estre plus aggreable a l'Espoux, parce que nous aymons ses contentemens plus que nous ne
craignons ses chastimens.
Cette chair est admirable a ne vouloir rien de piquant ; mais la repugnance que vous aves
ne tesmoigne pourtant point aucun manquement d'amour ; car, comme je pense, si nous » croyions
qu'estant escorchés il nous aymeroit plus, nous nous escorcherions, non pas sans repugnance, mays
malgré la repugnance. J'appreuverois que, par maniere d'essay, on taschast deux ou troys fois de
se surmonter avec un peu de violence, au moins quelquefois ; car, qui ne gourmande jamais ses
1138 Est-ce un texte unique que nous avons ici, ou bien une réunion de fragments ? Il est difficile de le dire. La mention
du Traitté de l'Amour de Dieu ne permet pas de songer à une année antérieure à 1617 ; les allusions au Carême
indiqueraient la fin de janvier ou le mois de février. Or, cette lettre fut écrite d'Annecy, car la destinataire parait être
une Religieuse de l'abbaye cistercienne de Sainte-Catherine. En 1617, le saint Evêque partit pour Grenoble les
premiers jours de février ; en 1618, le 26 du même mois.
1139 Cant., I, 12.
1140 B. Raym. de Cap., Vita S. Cath. Sen., Pars II. c. IV.
1141 Le Traitté de l'Amour de Dieu, la suite de la phrase ne laisse pas de doute.
1142 Cf. Ps. LIV, 23.
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25.2 Page 242

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repugnances, il devient tous-jours plus douillet.
La pauvre Mere de nostre Visitation1143 est cruellement [341] tourmentee d'un catarrhe
qu'elle a sur la bouche ; mais elle s'en res-joüyt et dit que, pourveu qu'elle applique son cœur a
Dieu, elle treuve de la douceur en cette cuisante douleur. C'est une bonne fille, et bien resignee, et
vous cherit grandement. Si fay-je bien, moy, qui suis tout vostre en Dieu, ma chere Fille. Vivés
toute en luy.
FRANCS, E. de Geneve.
_____
MCCLXXVIII. Aux Chanoines de la Collégiale de Saint-
Jacques de Sallanches1144. L'Evêque promet aux Chanoines de
tenir leur doyen en son devoir.
Annecy, 2 février 1617.
Messieurs,
Je feray tout l'office qui sera requis pour tenir le sieur Doyen en devoir, affin quil ne mange
pas le pain du saint autel, quil ne sert ni n'honnore nullement, ains quil mesprise et deshonnore, en
tant quil le peut, extremement1145. Je vous envoye une lettre d'advis sur un fait [342] auquel je
desire que vous metties ordre, puisque c'est de vostre charge, et m'asseurant qu'aussi feres-vous et
que vous me feres part a vos prieres, je demeureray,
Messieurs,
Vostre plus humble, tres affectionné confrere,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 2 febvrier 1617, Annessi.
A Messieurs
Messieurs du Chapitre de Salanche.
1143 La Mère de Chantal, souffrante au commencement de 1617 (cf. à l'Appendice I. les lettres de la Mère Favre, 26
janvier et 21 février), fut véritablement malade à la fin de l'année ; le 30 janvier 1618, elle n'était pas encore guérie.
Impossible de proposer une autre Supérieure de la Visitation, et pourtant, est-ce de la Sainte que François de Sales
aurait dit : « C'est une bonne fille, et bien resignee ? » Ici l'interpolation se trahit, ou peut-être la main de la Mère de
Chantal elle-même arrangeant une phrase trop louangeuse pour elle.
1144 L'église de Saint-Jacques de Sallanches fut érigée en collégiale, à la demande des habitants, par une Bulle de
Clément VII, de juillet 1388, Bulle qui reçut son exécution en juin 1389. Le Chapitre était composé du doyen, de
douze chanoines et de quatre bénéficiers. Ce corps ecclésiastique fut pendant plus de quatre cents ans un des
principaux ornements du diocèse de Genève, par sa régularité et sa conduite édifiante. (Cf. Besson, Mémoires pour
l'Hist. ecclés. des dioc. de Geneve, etc., Moûtiers, 1871, p. 145 ; Grillet, Dict. hist., etc., tom. III.)
1145 Ce doyen dont la vie contrastait si fort avec celle de ses confrères et avec ses devoirs, était Claude-Nicolas de
Reydet, seigneur de Choisy. Sous-diacre le 20 décembre 1608 et prêtre le 28 mai 1611, il était devenu, à vingt et un
ans, doyen de Sallanches (8 novembre 1607). Quelques années après, il recevait la cure de Bonne qu'il fit desservir
dès 1615 par Jean-François du Martherey (voir ci-dessus, note (448), p. 119), et le 23 mai 1624, il permuta son doyenné
de Sallanches avec le prieuré de Bellevaux. Au mois d'août 1618 le seigneur de Choisy avait obtenu la coadjutorerie
du prieuré de Peillonnex ; aussi, à la mort de Thomas Pobel, devint-il prieur commendataire. Il n'honora pas plus cette
dignité que les autres ; rien de triste comme le spectacle de ce prêtre conduisant des soldats (voir ci-après, p. 355, la
lettre du 5 mars) et recevant l'Evêque dans son prieuré « en bottes et éperons, la houssine en main, suivi de personnes
en même équipage, avec plusieurs chiens. » (Procès-verbal de la Visite pastorale du 30 septembre 1626.) En 1650, il
n'est pas plus respectueux envers Charles-Auguste de Sales ; mais enfin, par acte du 21 mai 1661. Claude de Reydet
réparait en partie sa conduite passée en renonçant à tous ses droits de juridiction sur le prieuré, et déclarait ne vouloir
mettre aucun empêchement aux visites de l'Evêque de Genève. Il mourut l'année suivante. (D'après les R. E., et
Peillonnex, par l'abbé Gavard, tome XXIV des Mém. de l'Acad. Salés., 1901, chap. XII, XIII.)
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25.3 Page 243

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Revu sur l'Autographe conservé à Annecy, Archives départementales de la Hte-Savoie, G,
Collégiale de Sallanches, art. 19.
_____
MCCLXXIX. A la Mère de Chantal. On parle à Grenoble de
l'établissement d'un monastère de la Visitation. François de
Sales a commencé « heureusement » ses prédications. Les
désirs de son cœur. — Messages paternels
Grenoble, 9 février 1617.
Ce billet va dire a ma tres chere Mere que je cheris son cœur comme mon ame propre et
son ame comme la mienne propre. On commence fort a parler d'une Visitation, et le passage de
nostre bon Pere prædicateur1146 en a grandement reveillé l'appetit, et nous verrons que ce sera1147.
J'ay commencé aujourdhuy, aussi heureusement [343] que jamais je fis, les prædications, hormis
que sur le milieu j'ay pensé estre un peu enroué1148.
Mon cœur a mille bons desirs de bien servir le divin amour. Que vous puis-je dire
davantage, ma tres chere Mere, sinon que vous demeuries toute joyeuse en ce celeste exercice
auquel Dieu nous a si souvent et puissamment invités.
Vous aures la bonne Mme du Chatelard, que je cheris fort dequoy elle a si bien conservé
son affection ; ell'aura sans doute besoin de soin et de support1149. J'escriray a nos Seurs de
Moulins, ma tres chere Mere, n'en doutes point1150.
Or sus, qu'a jamais le nom de Nostre Seigneur soit sanctifié1151 en nostre unique cœur.
Amen.
Je salue cherement nos Seurs, et si Mme la Comtesse [344] est la, je la salue tres
1146 Sans doute le P. Louis de la Rivière, Minime, rappelé à Annecy par les syndics pour prêcher le Carême de 1617.
(Voir ci-dessus, note (534), p. 145.)
1147 La ville de Grenoble connaissait déjà de réputation les Filles de l'Evêque de Genève. Mme le Blanc de Mions,
intime amie du Monastère de Lyon, en avait parlé avec enthousiasme en Dauphiné. Quand, au mois de juillet 1616, la
Mère de Bréchard était partie pour Moulins, elle et ses compagnes, conduites parla Mère Favre, s'arrêtèrent deux jours
à Grenoble, et y « donnerent une sy grande ediffication... que c'estoit une procession » continuelle « des dames et
damoiselles qui les visiterent. » Le coadjuteur lui-même, Mgr Alphonse de la Croix de Chevrières, demeura si satisfait
des Religieuses, qu'il partagea le désir général d'un établissement de la Visitation dans la ville. Cette affaire fut traitée
avec saint François de Sales pendant le Carême de 1617, mais, dit l'Histoire de la Fondation, « le temps destiné par
la divine Providence n'etoit pas encore arrivé, et le fidele disciple du Sauveur ne voulut pas le devancer d'un moment.
» L'heure providentielle sonna le 8 avril 1618 pour le couvent de Sainte-Marie de la capitale du Dauphiné.
1148 En paraissant de nouveau dans la chaire de Saint-André, le saint prédicateur parla d'une manière si puissante,
disent les anciens manuscrits, qu'il émut tout son auditoire et attira une grande attention. Il faut relire (tome VIII de
notre Edition, p. 238) l'exorde tout apostolique de ce premier sermon, pour comprendre comment les cœurs furent
gagnés à celui qui, sans leur dissimuler leurs plaies, s'offrait si paternellement à les guérir. Il avait en vue spécialement
les hérétiques, alors fort nombreux à Grenoble ; aussi tomba-t-il bientôt sur les matières de controverse, et « le premier
qui en profita, » raconte une annaliste (Hist. de la Fondation de la Visitation de Grenoble), « fut Boncard de Verdun,
fameux renégat qui avait quitté deux fois le parti de l'Eglise romaine pour les seuls motifs de débauche et de
libertinage. » (Voir tome XIV, note (120), p. 37, et à l'Appendice I, les lettres de Mgr Costa et de Claude Boucard.) De
nombreuses conversions suivirent celle-ci. Catholiques et protestants se pressaient aux pieds de l'orateur ; « plusieurs
écrivirent avec une grande diligence » tous ses discours, entre autres un Religieux de Saint-Dominique, un de Saint-
François et le conseiller du Faure. (Cf. Ch.-Aug., Histoire, etc., liv. IX.)
1149 Les sollicitations du monde furent, on l'a déjà dit, plus puissantes que celles qui attiraient i la vie religieuse
Jacqueline de Chauvirey. (Cf. ci-dessus, note (383), p. 99.)
1150 Voir les deux lettres suivantes.
1151 Matt., VI, 9.
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particulierement, et mes cheres filles, qui sont les siennes1152. Vous sçaves aussi de quelle affection
je salue ma fille de la Flechere1153. Mays ma pauvre chere seur Marie Aymee1154, je n'en dis rien,
cette (sic) ma fille toute aymee ; et madamoyselle de Chantal aussi est ma chere fille.
Je suis, vous le sçaves vous mesme certes, tout vostre.
Le 9 febvrier 1617.
Revu sur l'Autographe conservé au Monastère de la Visitation de Rouen.
_____
MCCLXXX. A Madame des Gouffiers (Inédite). Les vertus qui
doivent accompagner le zèle. Fermeté et délicatesse du saint
Directeur. Raisons de sa persistance à ne pas multiplier les
Maisons de sa Congrégation
1155Ma tres chere Fille,
Grenoble, 10 février 1617.
En ce peu de paroles que je puis vistement vous escrire, je voudrois bien vous faire entendre
beaucoup de bonnes pensees que j'ay sur vostre sujet. Je voy que Dieu se sert de vostre courage
pour l'establissement de cette Mayson de Moulins ; faites cela fidelement, avec le plus de repos
d'esprit que vous pourres. Je voy les petitz ennuys que l'ennemi de ce bon œuvre a suscités ; et que
vous puis-je dire, sinon qu'avec le zele, la patience, douceur, support vous est necessaire, et que,
comme j'ay souvent dit, il est requis a qui entreprend quelqu'action [345] relevee pour le Sauveur,
d'avoir provision de toutes sortes de vertus selon les occasions qui s'en presentent.
Mays j'impose silence a vostre esprit, ma tres chere Fille, et ne veux pas quil die, non pas
mesme, s'il se peut, qu'il pense que ces advis luy soyent donnés avec aucun degoust, comme si je
craignois que vous oubliassies ces choses. Non, ma Fille, je dis ainsy ce que je croys estre a propos,
sans autre prætention que de vous conforter au bien et vous tesmoigner que je suis tout vostre.
La dame de Paris dont vous aves escrit1156 sera bien employee avec ses moyens a Moulins
; quand Dieu voudra avoir une de ces Maysons a Paris, il fera naistre les commodités1157. Pour le
present, vous pouves juger sil est expedient de les multiplier, ayans si peu de filles pour exercer la
superiorité. Icy, on en desire une, je dis en une ville voysine, et tout est presque prest1158 ; mais on
envoyera les filles faire leur noviciat a Nissi, ou estant façonnees, une mediocre Superieure suffira
par apres.
1152 La comtesse de Tournon et ses deux filles qui avaient fait un séjour à la Visitation. (Voir ci-dessus, note (1120),
p. 336.)
1153 Madeleine de la Forest, veuve de Claude-François de la Fléchère, qui habitait sans doute Annecy depuis le
commencement de l'hiver. (Cf. ci-dessus, les notes (1021), (1037) des pp. 302, 307.)
1154 La baronne de Thorens.
1155 Voir le fac-simile placé en tête de ce volume.
1156 On peut suggérer le nom de Mme du Feu, dont les deux filles furent des premières Religieuses de la Visitation de
Moulins. Elle séjournait d'ordinaire à Paris, et il est fort possible qu'elle songeât dès 1617 à s'employer, elle et « ses
moyens », en faveur de la Congrégation nouvelle, d'autant que c'était « une damoiselle si pleine de pieté que l'on »
l'estimait « une seconde Mlle Acarie. » (Notice de Sœur Claire-Geneviève du Feu, par la Mère de Chaugy.)
1157 Le Monastère de Paris fut fondé en 1619, et Mme des Gouffiers eut encore sa large part d'initiative dans cet
établissement.
1158 Quelques prétendantes de Vienne se rencontrent parmi les premières qui se présentèrent à Grenoble ; peut-être
avaient-elles désiré d'abord une fondation dans leur cité natale. Mlle de Gérard, cependant (voir ci-après, note (1162),
p. 348), originaire d'Embrun, put faire des démarches pour cette dernière ville. De fait, la Visitation d'Embrun s'établit
en 1625, et celle de Vienne en 1644 seulement.
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Dieu vous veuille combler de son saint amour, ma tres chere Fille ; je suis en [lui]
parfaitement vostre.
A Grenoble, le 10 febvrier 1617.
A Madame
Madame de Gouffiez.
Moulins, pour Paris.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Moulins. [346]
_____
MCCLXXXI. A la Mère de Bréchard Supérieure de la Visitation
de Moulins. Le vrai chemin du Ciel
Grenoble, [10 ou 11 février 1617 1159.]
J'ay receu tous vos pacquetz, ma tres chere Fille. Haussés vostre teste dans le Ciel ; voyes
que pas un des mortelz qui y sont immortelz n'y est allé que par des troubles et des afflictions
continuelles. Dites souvent entre vos contradictions : C'est icy le chemin du Ciel ; je voy le port et
suis asseuree que les tempestes ne peuvent empescher d'y aller.
Dieu vous console et benisse mille fois. Je suis plus parfaitement qu'il ne se peut dire, ma
tres chere Fille,
Vostre tres humble et tout fidele serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
_____
MCCLXXXII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier.
L'Evêque de Genève demande à son prince l'autorisation de
revenir prêcher le Carême suivant à Grenoble
Grenoble, 18 février 1617.
Monseigneur,
Comme l'annee passee, sur la demande que le Parlement de cette ville me fit de mes
prædications, je pris la resolution et response dans le commandement de Vostre [347] Altesse, de
mesme maintenant, estant de rechef prié par cette mesme cour, de revenir encor prescher le
Caresme suivant, je n'ay voulu rien dire en attendant que Vostre Altesse me face pour cela le
commandement qu'il luy plaira1160, estant, comme je doy,
1159 Bien que le texte soit évidemment tronqué, il est facile de reconnaître que le Fondateur s'adresse à la Mère de
Bréchard. dont le partage à Moulins était vraiment les « troubles » et « afflictions continuelles. » Quant à la date, tout
nous autorise à croire que cette lettre fut envoyée en même temps que la précédente à Mme des Gouffiers.
1160 Le 3 avril 1617, la Mère de Chantal écrit à la Mère Favre : « Si Son Altesse le trouve bon, » Monseigneur «
retournera l'an prochain à Grenoble, car ces messieurs du Parlement l'ont pressé d'une manière si extraordinaire,
qu'encore que ce bon Seigneur était tout résolu, et que ses affaires et son devoir le tirassent ici, il n'a su se défendre
autrement que de remettre la chose à Son Altesse. » (Lettres, vol. I, p. 183.) Charles-Emmanuel donna en effet son
assentiment, et l'Evêque prêcha une nouvelle station en Dauphiné. (Voir ci-après, la lettre du 12 avril à M. Milletot.)
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Monseigneur,
XVIII febvrier 1617, Annessi1161.
Son tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANCS , E. de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MCCLXXXIII. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de
Lyon. Prétendantes grenobloises pour la Visitation. Le saint
Fondateur attend les nouvelles de Rome avant de leur donner
une réponse. Mme Le Blanc et sa famille
Annecy, 28 février 1617.
Et faut il ainsy au moins en courant vous escrire, ma tres chere Fille. Il y a icy quatre ou
cinq filles qui me parlent fort asseurement d'estre de la Visitation, et me semblent propres et dignes
d'y estre receues1162 ; mais je [348] ne sçai presque comme vous les envoyer, tandis que l'on est la
en doute si elles pourront estre establies1163. Je les renvoye a la fin du Caresme, esperant que nous
pourrons avoir, entre ci et la, quelques nouvelles de Rome. Or, en tout evenement, nostre
Congregation est grandement estimee en tiltre de Congregation et sera fort favorisee ; mays
puisque nous sommes en poursuite de la reduire en Religion, il faut avoir encor un peu de patience
jusqu'a ce que nous sçachions ce qu'on en resoudra1164.
Ce pendant, ma tres chere Fille, tenes bien vostre cœur debout et courageux, et Dieu vous
comblera de benedictions, et vous consolera du bonheur qu'il donne aux ames desquelles il veut
se servir pour l'avancement des autres.
Je salue cette chere seur Marie Barbe1165, et je verray monsieur le President au premier
jour, Dieu aydant1166. Elle a ici une seur toute d'or, a mon gré1167.
Dieu soit a jamais vostre force et soustien, ma tres chere Fille, et je suis en luy tres
fidelement vostre.
1161 C'est sans doute par distraction que le Saint a écrit Annessi, car l'Autographe portant la date, il est sûr que ces
lignes ont été tracées à Grenoble.
1162 Les quatre premières postulantes qui sollicitèrent du Saint Fondateur l'honneur d'être admises dans sa
Congrégation furent Mlles de Gérard, de Glézat, de Garcin du Colombier et Brun du Bonnet de la Bastie. Nous les
retrouverons plus tard sous le voile de la Visitation.
1163 En attendant la décision de Rome au sujet de la réduction de la Visitation en Ordre religieux, Mgr de Marquemont
faisait de grandes difficultés à Lyon pour la réception des sujets. On comprend donc que l'Evêque de Genève hésitât
à envoyer ses filles spirituelles à la Mère Favre. (Cf. à l'Appendice I, les lettres de celle-ci, 12 février et 7 mars 1617.)
1164 Voir à l'Appendice I la lettre de Bellarmin. Même avant l'arrivée du courrier du Cardinal, on avait eu des nouvelles
à Annecy : « Nos affaires se remuent fort à Rome, où notre manière de vie est très approuvée et admirée, » écrit la
Mère de Chantal le 1er janvier 1617, « et tous disent que nous ferions mieux de demeurer ainsi pour la grande utilité
qu'elle apporterait. Je ne sais à quoi Monseigneur se résoudra ; ce sera à ce qu'il connaîtra être pour la plus grande
gloire de Dieu, il n'en faut point douter. » (Lettres, vol. I, p. 161.)
1165 La présidente Le Blanc (voir ci-après, note (1210), p. 366).
1166 Le 8 décembre 1600, Pierre Le Blanc acheta la seigneurie de Mions en Viennois et fut anobli deux ans après.
D'abord contrôleur des domaines et receveur des Etats de Dauphiné, il était devenu en 1615 second président de la
Chambre des Comptes. Après la mort de sa première femme, Ennemonde Chausson (mai 1619), il épousa, le 19
septembre de la même année, Victoire Vignon, sœur de la fameuse marquise de Treffort. Le président Le Blanc de
Mions testa le 10 août 1643, laissant à ses héritiers des dettes considérables. (D'après Rivoire de la Batie, Armorial du
Dauphiné, et Rochas, Biographie du Dauphiné.)
1167 Il n'a pas été possible, jusqu'ici, d'identifier cette sœur.
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Le 28 febvrier 1617. [349]
_____
MCCLXXXIV. Au Chanoine Jean-François de Sales, son frère
(Inédite). Affaires ecclésiastiques du diocèse de Genève. Au
sujet d'une excommunication. Les armes du duc de Savoie
victorieuses
Grenoble, 2 mars 1617.
Je m'estonne que vous n'ayes receu que le billet que j'escrivis par M. Charbonnet1168, car je
vous ay certes escrit a toutes occasions, mon tres cher Frere, et fait response a tout ce que vous
m'aves proposé.
De la cure de Sernex, je vous laissoys faire comme vous jugeries plus a propos1169. Pour
M. Vittoz1170, si les meurs et la renommee ne font point d'obstacle, l'habit quil porte ne luy en fait
point, car cet Ordre-la est de Clercz reguliers qui, ayans licence de leurs Superieurs, peuvent servir
de curés, ainsy que j'ay declaré par un escrit que je luy en ay fait1171.
Quant a l'excommunication sur les entrees des femmes es monasteres des hommes, il faut
avant toutes choses voir si il y en a, car jamais je ne l'ay veüe. Et sil y en a une, il faut bien
considerer en quelz termes ell'est conceüe1172, et par apres on pourra la promulger (sic), [350]
n'estant pas besoin d'autre (sic) monitions pour la promulgation des excommunications a jure.
Mays il faut bien voir ce qui se pourra faire. Quant a y mettre l'excommunication par nostre
authorité, la difficulté seroit grande, par ce quil y auroit lieu a l'appel ; et c'est une grande besoigne
d'avoir a faire a des Religieux qui remueront toutes choses par apres pour empescher les effectz de
nostre intention, quoy que juste et sainte. Nous avons l'exemple de Monseigneur de Tarentayse1173,
plus fort, plus habile et plus hardi que nous, et qui n'avoit a faire qu'a un seul convent1174.
Et pour conclure, sil y a quelque Canon ou Bulle papale qui porte cette excommunication,
je suis content qu'avec bon advis on la promulge (sic) ; sil ny en a point de telle, je suis d'advis que
nous facions une simple defence, laquelle nous irons fortifiant, par reservation du cas, ou par
1168 Michel Charbonnel (voir tome XV, note (325), p. 111).
1169 La cure de Cernex était vacante par la mort de Louis de Mandollaz, arrivée en janvier. Le 3 mars eut lieu le
concours à la suite duquel François Delespine ou Despine, docteur in utroque jure et chanoine de Saint-Pierre de
Genève, en fut institué économe. Il ne garda pas longtemps cette charge, car il mourut au mois de juillet ; l'année
suivante, le 30 mai, il eut pour successeur Michel Charbonnel. (R. E.)
1170 Lorsque, le 26 octobre 1607, le saint Evêque visita le prieuré de Poisy, l'une des dépendances de l'abbaye
d'Entremont (voir tome XII, note (553), p. 241), Gaspard Vitoz, chanoine régulier de Saint-Augustin, était au collège
d'Annecy. (R. E.) Serait-il le Religieux mentionné ici ?
1171 Cet écrit ne nous est pas parvenu.
1172 Saint Pie V, par sa Constitution Regularium personarum, du 24 octobre 1566, révoque toutes les permissions
accordées aux femmes pour les entrées dans les monastères ou couvents d'hommes, et leur interdit ces entrées sous
peine d'excommunication latæ sententiæ. Grégoire XIII, successeur immédiat de Pie V, confirma la défense de son
prédécesseur et les peines édictées contre les transgresseurs. (Cf. Piato, Prælectiones Juris Regularis, tom. I, p. 350.)
1173 Anastase Germonio (voir tome XV, note (564), p. 183).
1174 Une seule abbaye existait au diocèse de Tarentaise, celle de Tamié, de l'Ordre de Cîteaux, fondée au XIIe siècle
par le saint archevêque Pierre, premier du nom. Pendant l'épiscopat de Mgr Germonio, elle fut gouvernée par François-
Nicolas de Riddes qui joignait à ses fonctions d'abbé celle de membre du Sénat de Savoie, et siégeait plus souvent
dans l'illustre assemblée que dans sa stalle abbatiale. La discipline religieuse, déjà en décadence, ne pouvait que
souffrir beaucoup de cet état de choses. L'Archevêque voulut-il y remédier ? Est-ce à ses efforts sur Tamié que
François de Sales fait ici allusion ? Les documents font défaut pour résoudre la question. Toujours est-il que ce fut
seulement vers la fin du siècle (1677) que l'abbaye cistercienne se réforma. Première fille de la Trappe, elle n'a cessé
jusqu'à la Révolution, et depuis sa restauration (1861), d'être un foyer de ferveur. (Cf. Burnier, Hist. de l'Abbaye de
Tamie en Savoie, Chambéry, 1865.)
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25.8 Page 248

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excommunication, selon que le tems nous enseignera devoir estre fait.
Voyla tout ; et estant pressé, dautant que je n'ay que ce loysir d'entre le chapelet et l'Office,
je vous salue mille et mille fois, mon tres cher Frere, et prie Dieu quil vous comble de bonheur,
avec tous nos freres et confreres, demeurant tout vostre sans fin.
A Grenoble, le 2 mars 1617. [351]
M. de Crequi arriva hier1175, que j'ay veu ce soir et m'a dit que Albe estoit assiegee quand
il partit, et tenoit qu'elle estoit prise des avanthier ; que l'on traittoit fort la paix en Espagne, et y
avoit diverses opinions si elle se feroit ou non1176.
Je salue de tout mon cœur messieurs les Collateraux1177 et suis leur serviteur fidele, et
mesdames leurs cheres espouses1178, avec la plus que toutes (sic), de madame de Quoex, ma seur.
A Monsieur
Monsieur de Boysi,
Chanoyne et chantre de l'Eglise cathedle,
Vicaire general au diocæse de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à la Bibliothèque de Besançon. [352]
_____
1175 Charles, sire de Créqui, comte de Sault, prince de Poix, pair de France, était fils d'Antoine de Blanchefort, l'héritier
du nom et des biens de la maison de Créqui, et de Chrétienne d'Aguerre. Il fut deux fois le gendre de Lesdiguières :
par sa première femme, Madeleine de Bonne, née du mariage du duc avec Claudine Bérenger, et par la seconde,
Françoise, fille de Marie Vignon. Pendant plus de quarante ans, Créqui suivit la carrière des armes et servit avec
bonheur son roi et sa patrie, se distinguant au milieu des plus célèbres capitaines de son temps. En 1622, le Roi le créa
maréchal de France. La guerre pourtant ne fut pas le seul théâtre de ses succès ; on lui confia, en 1633, l'ambassade
extraordinaire de Rome, et, l'année suivante, celle de Venise. Son éloquence naturelle, ses qualités aimables et sa
magnificence le rendaient apte à la diplomatie. Un coup de canon l'emporta le 17 mars 1638 devant la ville de Brème.
Son fils aîné continua la branche des Lesdiguières, et le second celle des Créqui.
1176 On sait que le gouverneur du Dauphiné avait passé les Alpes contre le gré du Roi et des ministres. (Voir ci-dessus,
note (1084), p. 321.) Ses troupes, unies à celles de Charles-Emmanuel, après s'être emparées de San Damiano,
assiégèrent Albe, d'où les garnisons ennemies étaient sorties la nuit (14 février). Le duc de Savoie, ayant en personne
reconnu la ville, la fit investir, et les habitants, après une sortie inutile, se voyant abandonnés des Espagnols, se
rendirent le 26, et se rachetèrent du pillage pour vingt mille ducatons.
Mais il y avait bien des mécontents de l'appui donné par Lesdiguières à Charles-Emmanuel ; aussi Louis
XIII, sous prétexte de quelques nouveaux mouvements survenus en France, lui avait dépêché Créqui pour le rappeler.
(Voir Guichenon, Hist. génial, de la Maison de Savoie, tome II.)
1177 Claude de Quoex et Barthélemy Flocard.
1178 Bernardine de Chissé (voir tome XII, note (179), p. 100), et Claudine Viallon de la Pesse (voir ci-dessus, note
(1023), p. 303).
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25.9 Page 249

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MCCLXXXV. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée1179.
L'Evêque de Genève sollicite la confirmation de M. de
Charmoisy dans une charge.
Grenoble, 3 mars 1617.
Monseigneur,
Vostre Altesse ayant fait lhonneur a monsieur de Charmoysi de non seulement l'employer,
mays aussi aggreer son service, jusques a luy vouloir asseurer la charge qu'il avoit exercee1180, je
supplie tres humblement vostre bonté, Monseigneur, de luy faire jouir du fruit de cette grace. En
quoy, bien que je sois son parent, je ne me relascherois pas de le recommander si librement, si je
ne voyois que cet honneur ne luy peut meshuy manquer sinon avec beaucoup de perte de sa
reputation aupres de monsieur le Grand de France1181, monsieur d'Alincourt1182 et plusieurs autres
seigneurs du voysinage, qui, ayans sceu et luy ayans tesmoigné de se res-jouïr que Vostre Altesse
l'en vouloit gratifier, attribueroyent le manquement a quelque degoust qu'il eut donné despuis en
l'exercice de cet office, lequel au reste je m'asseure quil fera dignement et au gré de Son Altesse1183
et de la Vostre, Monseigneur, si elle l'y establit1184. [353]
Je prie Dieu qu'il accroisse de plus en plus ses benedictions sur Vostre Altesse, a laquelle
je fay tres humblement la reverence, et suis infiniment,
Monseigneur,
Tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
III mars 1617, a Grenoble.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
1179 La mention de « Son Altesse » à la fin de cette lettre suffit à démontrer l'erreur de Datta, de Vives et de Migne,
qui ont donné pour destinataire le Duc de Savoie. Du reste, c'est Victor-Amédée lui-même qui avait choisi, quelques
mois auparavant, M. de Charmoisy pour « la conduite de l'artillerie. » (Voir plus haut, p. 285.) Nous rectifions
également l'adresse de la lettre suivante : les mêmes éditeurs n'avaient pas remarqué l'allusion au séjour du prince à
Annecy.
1180 Voir ibid., note (974).
1181 Le duc de Bellegarde.
1182 Charles de Neufville, marquis d'Alincourt, gouverneur de Lyon. (Voir le tome précédent, note (831), p. 258.)
1183 Le duc de Savoie.
1184 En effet, le prince de Piémont établit le cousin de François de Sales dans sa charge. (Voir ci-après, la lettre du 12
avril à M. Milletot.)
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25.10 Page 250

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MCCLXXXVI. Au même. Le sieur Gillette en Piémont.
Prière au prince de lui accorder sa protection
Grenoble, 5 mars 1617.
Monseigneur,
Les affaires de la Sainte Mayson de Thonon appellans le sieur Gilette par dela, je supplie
tres humblement Vostre Altesse de proteger et favoriser sa poursuite1185, qui ne peut aussi reuscir
sinon par cet appuy, auquel nous recourons d'autant plus asseurement, que Vostre Altesse nous l'a
ainsy commandé l'hors que nous avions le bonheur de sa presence1186. [354]
Dieu, par sa bonté, veuille combler Vostre Altesse de ses benedictions ; souhait continuel,
Monseigneur, de
Vostre tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
5 mars 1617, a Grenoble.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MCCLXXXVII. Au même. Un ecclésiastique qui porte les
armes et extorque des lettres de faveur au duc de Savoie.
Comment faire cesser un pareil abus
Grenoble, 5 mars 1617.
Monseigneur,
Il y a long tems que le doyen de Choysi, prestre1187, fait profession de conduire des soldatz
et suivre l'armee, voulant neanmoins tirer les fruitz de son decanat sur le Chapitre et eglise de
Salanche1188, comme sil faysoit la residence a laquelle il est obligé. Et par ce qu'il sçait que ledit
Chapitre ne peut en conscience les luy distribuer, ni moy permettre qu'il en jouisse de la sorte, il
obtient de tems en tems des lettres par lesquelles Son Altesse Serenissime commande audit
Chapitre de delivrer lesditz fruitz. Mays je suis asseuré, Monseigneur, que si Son Altesse sçavoit
la qualité de l'homme, elle le renvoyeroit a son devoir, et ne voudroit pas que l'Ordre ecclesiastique
fut violé a son occasion, puisque mesme il n'a rien de si recommandable en la profession militaire
que Son Altesse en puisse attendre aucun notable service.
Et d'autant que j'en parlay a Vostre Altesse l'ors que nous avions le bonheur de sa presence
1185 Pierre Gillette, l'économe général de la Sainte-Maison de Thonon (voir tome XIV, note (119), p. 37), avait sans
doute à traiter au-delà des monts plusieurs questions relatives à sa charge. L'affaire principale, pour laquelle était
requis l'appui du prince, paraît être la suppression plus ou moins prochaine du prieuré de Contamine. Déjà elle se
préparait par la prohibition d'admettre de nouveaux Religieux et par l'attribution des prébendes vacantes aux
Barnabites d'Annecy et de Thonon : pour de graves raisons, l'Evêque de Genève désirait la disparition des moines d'un
couvent d'où avait disparu depuis longtemps la vraie vie monacale. (Cf. Bouchage, Le Prieuré de Contamine-sur-
Arve, Chambéry, 1889, pp. 109-113.)
1186 Voir ci-dessus, note (990), p. 290.
1187 Claude-Nicolas de Reydet de Choisy (voir ci-dessus, note (1145), p. 342, et plus loin, la lettre du 26 avril au même
destinataire).
1188 Voir ibid., note (1144).
250/355

26 Pages 251-260

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26.1 Page 251

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de deça, et qu'elle [355] tesmoigna de treuver mes remonstrances dignes d'estre protegees, je la
supplie tres humblement de me commander ce que j'auray a respondre, avec ce Chapitre-la, aux
lettres reiterees de Son Altesse que ce mauvais prestre obtient, et par lesquelles il presse plus ce
Chapitre qu'il ne sçauroit faire par aucune autre voye, la seule ombre de la volonté de saditte
Altesse nous estant en extreme reverence.
Je prie Dieu quil la conserve, et la Vostre,
Monseigneur, delaquelle je suis
Tres humble et tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
5 mars 1617, a Grenoble.
Revu sur l'Autographe conservé à Turin, Archives de l'Etat.
_____
MCCLXXXVIII. A la Mère de Chantal. Eloge du peuple de
Grenoble. La part que les hommes laissent aux femmes.
Projet d'établissement d'une Maison de la Visitation : sentiment
du Saint à cet égard
Grenoble, 12 mars 1617.
Ce ne sera qu'un billet, ma tres chere Mere, que vous recevres aujourd'huy de moy ; Dieu
me partage a mille choses et ne laisse pas de me tenir dans la sainte unité que sa main a faite en
nous.
Je ne vis jamais un peuple plus docile que celuy ci, ni plus porté a la pieté ; sur tout les
dames y sont tres devotes, car icy, comme par tout ailleurs, les hommes laissent aux femmes le
soin du mesnage et de la devotion. Douze des premieres de la ville se sont rendues mes filles1189,
et travaillent pour establir icy une Mayson de [356] nostre petite Visitation. Monseigneur
l'Evesque1190 et MM. du Parlement n'y tesmoignent aucune repugnance, ni moy aucun
empressement, quoy que, a vous dire le vray, je desire cette Mayson, parce que j'espere que Dieu
en sera glorifié1191. Je voy en sa Providence les moyens propres a l'execution de ce projet, et
neanmoins je n'ay point encor le mouvement interieur d'en faire l'ouverture. Il faut attendre, prier
1189 « Les femmes se distinguèrent par un saint empressement à suivre ce nouveau législateur de la dévotion, » raconte
l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Grenoble ; « grand nombre de dames se mirent sous sa direction, et
devinrent par ses soins de véritables Philothées... Outre les sermons du matin, il leur faisait des conférences l'après-
dîner, quelques jours de la semaine, chez Mme de Granieu, où elles s'assemblaient pour l'entendre plus particulièrement
expliquer les exercices de la vie spirituelle. Là, il donnait la solution à tous leurs doutes, répondait à toutes leurs
questions, et, avec une douceur angélique, donnait à toutes une générale satisfaction. »
1190 Depuis deux ans, Alphonse de la Croix de Chevrières, comme coadjuteur de son père, dirigeait l'administration
diocésaine ; mais François de Sales soigneux de le désigner ailleurs par son titre d'Evêque de Chalcédoine, veut très
probablement parler ici du premier Pasteur du diocèse, qu'on dut consulter pour l'établissement d'une nouvelle Maison
religieuse.
Fils de Félix de la Croix de Chevrières et de Guigonne Portier, dame de Brie en Dauphiné, Jean de la Croix
est l'un des grands hommes de son temps. Magistrat et diplomate distingué, il occupa les premières charges au
Parlement de Grenoble et fut envoyé comme ambassadeur extraordinaire en Piémont. Sa femme, Barbe d'Arzac, qu'il
avait épousée en 1577, l'ayant laissé veuf, Henri IV lui donna l'évêché de Grenoble (1607) ; Marie de Médicis le
choisit pour être de son Conseil. En 1612, la province de Vienne l'envoyait à l'Assemblée générale du clergé, et deux
ans après, il était député aux Etats généraux. Dès lors, Mgr Jean de la Croix résida presque constamment à Paris, où il
mourut le 8 mars 1619. (Voir Gallia Christiana et Auvergne, Chronologie des Evêques de Grenoble.)
1191 La fondation s'effectua l'année suivante, le 8 avril.
251/355

26.2 Page 252

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et esperer, et sur tout nous bien humilier devant la divine Majesté.
…………………………………………………………………………………………………….
Revu sur le texte inséré dans un ancien Ms. de l'Année Sainte,
conservé à la Visitation d'Annecy. [357]
_____
MCCLXXXIX. A Madame de Grandmaison. Remplacer le
jeûne corporel par la mortification du cœur. — Moisson de
belles âmes
Grenoble, fin mars 1617 1192.
Je suis sur mon despart, ma tres chere Fille, et pressé pour cela ; vous mettres, s'il vous
plaist, en consideration ces quatre lignes comme s'il y en avoit beaucoup. Croyes, je vous supplie,
que jamais vostre tres chere ame ne sera plus aymee qu'elle l'est de la mienne.
Mais, que me dit on ? On me dit qu'estant grosse vous jeusnes, et frustres vostre fruit de
l'aliment qui est requis a sa mere pour luy donner celuy qui luy est deu. Ne le faites plus, je vous
supplie, et vous humiliant sous l'advis des docteurs, nourrisses sans scrupule vostre cors en
consideration de celuy que vous portes. Vous ne manqueres pas de mortification pour le cœur, qui
est le seul holocauste que Dieu desire de vous.
O mon Dieu, ma tres chere Fille, que j'ay treuvé icy force grandes ames au service de
Dieu1193 ! Que sa Bonté en soit benite. Et vous estes unie avec elles, puisque vous aves les mesmes
desirs.
Vives toute en Dieu, ma tres chere Fille, et perseveres a prier pour
Vostre tres humble frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve. [358]
_____
1192 Le titre de « frere » que prend le Saint à l'égard de la destinataire, le ton de la lettre, ont suggéré le nom d'Hélène
de Longecombe de Peyzieu, dame de Grandmaison. (Voir tome XV, note (804), p. 283.)
Les nombreuses « grandes ames » rencontrées par l'Evêque de Genève sont certainement celles qui se
rangèrent sous sa direction à Grenoble, pendant le Carême de 1617 ; d'où la date donnée à ces lignes.
1193 Voir note (1189), p. 356.
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26.3 Page 253

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MCCXC. A la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon.
Grande erreur de croire que l'oraison perfectionne sans
l'obéissance. Suivre Notre-Seigneur crucifié, et non son
humeur et sa présomption. Sentence de saint Bernard. Que
faire des gens qui veulent se gouverner à leur guise. La sainte
imprévoyance de la vraie servante de Dieu
Mars ou avril 1617 1194.
Ma tres chere Fille,
Je vous diray, sur la difficulté qu'a cette bonne fille1195, qu'elle se trompe grandement si
elle croit que l'orayson la perfectionne sans l'obeissance, laquelle est la chere vertu de l'Espoux, en
laquelle, par laquelle et pour laquelle il a voulu mourir1196. Nous sçavons par les Histoires et par
experience, que plusieurs Religieux et autres ont esté saintz sans l'orayson mentale, mais sans
l'obeissance, nul.
C'est bien fait, ma tres chere Fille, il ne faut point de reserve ni de condition ; car, qui
recevroit des ames en cette sorte, la Congregation se verroit toute pleine du plus fin, et par
consequent du plus dangereux amour propre qui soit au monde. L'une mettroit en condition de
[359] communier tous les jours ; l'autre, d'ouÿr trois Messes ; l'autre, de faire quatre heures
d'orayson ; l'autre, de servir tous-jours les malades, et par ce moyen, chacune suivroit son humeur
ou sa presomption, en lieu de suivre Nostre Seigneur crucifié. Il faut que celles qui entreront
sçachent que la Congregation n'est faite que pour servir d'escole et de conduitte a la perfection, et
que l'on y acheminera toutes les filles par les moyens plus convenables, et que les plus convenables
seront ceux qu'elles ne choisiront point. « Qui se gouverne soy mesme, » dit saint Bernard1197, « il
a un grand fol pour gouverneur. »
Qu'elle demeure donq en paix entre les bras de sa Mere, qui la portera et menera par le bon
chemin. Il faut aymer l'orayson, mays il la faut aymer pour l'amour de Dieu. Or, qui l'ayme pour
l'amour de Dieu, n'en veut qu'autant que Dieu luy en veut donner, et Dieu n'en veut donner
qu'autant que l'obeissance permet. Si donq cette fille (que j'ayme neanmoins bien fort pour le bien
que vous m'en dites) se veut perfectionner a sa guise, il la faut remettre a elle mesme ; mais je ne
croy pas, si elle est bien devote et qu'elle ayt le vray esprit d'orayson, qu'elle ne se sousmette a la
pure obeissance.
Elle est trop prevoyante de dire que, pour un peu de tems, elle s'accommodera a ne faire
que demi heure d'orayson ; mais pour tous-jours, qu'il luy fascheroit. La vraye servante de Dieu
n'est point soigneuse du lendemain ; elle fait fidelement ce qu'il desire aujourd'huy, demain elle
fera ce qu'il desirera, et passé demain ce qu'il desirera, sans dire ni cecy, ni cela. C'est ainsy qu'il
faut unir sa volonté, non au moyen de servir Dieu, mais a son service et a son bon playsir. Ne soyes
1194 Quelques allusions de cette lettre autorisent à désigner presque avec certitude la Mère Favre pour destinataire, et
l'année 1617 pour la date. Comme il n'est pas question des sujets traités ici dans la correspondance des premiers mois
entre la Supérieure de la Visitation de Lyon et le saint Fondateur, nous proposons mars ou avril, afin de n'éloigner pas
trop ces lignes de la sortie de Sœur Jeanne-Marie Coton, qui mettait « en condition de communier tous les jours. »
(Voir ci-dessus, note (803), p. 232, et à l'Appendice I, la lettre de la Mère Favre, 26 janvier 1617.)
1195 Avec Mlle de Villette (voir plus haut, note (578), p. 159), sa suivante, Jeanne-Françoise Etienne, entra au noviciat,
et reçut l'habit pour le rang des Sœurs domestiques le 15 août 1615. Au moment de sa profession, retardée jusqu'au 9
septembre 1618, elle fut admise, par grâce, comme Sœur choriste. Certains indices font croire qu'il s'agit d'elle dans
cette lettre, et des réclamations qu'elle aurait faites pour avoir une heure d'oraison le matin, au lieu de la demi-heure
prescrite aux Soeurs converses.
1196 Cf. Philip., II, 8.
1197 Epist. LXXXVII, ad Oger., § 7.
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point soigneux du lendemain, et ne dites point : Que mangerons nous, ni dequoy nous vestirons
nous, ni dequoy vivrons nous ? Vostre Pere celeste sçait que vous aves besoin de tout cela.
Cherches seulement le regne de Dieu, et toutes choses vous seront donnees1198. Cela s'entend du
spirituel comme du temporel. Que donq cette fille prenne un cœur d'enfant, une volonté de cire et
un esprit nu et despouillé de toute sorte d'affections, hormis [360] de celle d'aymer Dieu, et quant
aux moyens de l'aymer, ilz luy doivent estre indifferens.
Vivés doucement et saintement entre les peynes que vous aves sous vostre charge, ma tres
chere Fille toute bienaymee, et je prie Dieu qu'il soit la vie de vostre ame. Amen.
_____
MCCXCI. A Madame de Vellepesle de Villeneuve1199. Le Saint
promet de s'entremettre entre le marquis d'Aix et la destinataire.
Chambéry, 1er avril 1617.
Madame,
Passant par cette ville avec beaucoup de presse, j'ay receu vostre lettre et les memoires de
vos prætentions ; dont je suis bien ayse, puisque monsieur le Marquis d'Aix1200 m'a escrit que je
luy fisse sçavoir ce que vous prœtendies, et que, revenant en ce païs1201, il seroit tous-jours bien
content de voir tous les differens quil pourroit avoir avec vous, avec le plus de douceur et d'amitié
que vous pourries desirer1202. Il est vray, disoit-il, [361] qu'apres son arrest de Paris, il pensoit estre
exempt d'affaires pour vostre regard.
Je luy feray donq part du memoire qui m'est laissé et, sur ses responses, je vous tiendray
avertie, desireux que je seray toute ma vie de vous tesmoigner par effet que je suis,
Madame,
Vostre plus humble, tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
1er avril 1617.
A Madame
Madame de Vallespelles
et de Villeneufve.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Daniel de Vauguyon,
château de Monthéard (Sarthe).
_____
1198 Matt., VI, 31-34.
1199 Charles de Seyssel, baron d'Aix, avait épousé, en 1569, Madeleine d'Avaugour ; il fut assassiné quelques mois
après, et sa veuve se remaria avec Nicolas Le Valois. De ce mariage naquit Renée, devenue, le 20 décembre 1609,
Mme de Vellepesle : à cette date, elle avait trente-trois ans. Déjà veuve de Jean de Pollevé, comte de Fiers, de Benjamin
Carbonnel, et de François Le Hérissy, elle perdit en 1614 son quatrième mari, Guillaume Le Gouz, écuyer, seigneur
de Vellepesle, de Gurgy-la-Ville, conseiller du Roi et avocat général au Parlement de Bourgogne ; elle-même décéda
au château de Villeneuve, le 2 janvier 1620. (Archives de M. le vicomte de Saint-Seine ; voir La Maison de Seyssel,
Grenoble, 1900.)
1200 Louis de Seyssel (voir tome XIV, note (270), p. 89).
1201 En qualité de maréchal de camp, Louis de Seyssel prit part aux guerres continuelles de Charles-Emmanuel. Au
mois d'avril 1617, il était donc en Piémont, combattant contre les Espagnols.
1202 La dot de Madeleine d'Avaugour et son douaire avaient été hypothéqués sur les fiefs de Villeneuve et de la
Truchère, propriété de son premier mari, Charles de Seyssel (voir note (1199) ci-dessus). Sa fille, Mme de Vellepesle,
les avait revendiqués contre le neveu et héritier de Charles, Louis de Seyssel, marquis d'Aix ; celui-ci, après un long
procès, dut lui vendre les terres en litige (7 mars 1619). C'est l'affaire à laquelle François de Sales daigna s'intéresser.
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26.5 Page 255

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MCCXCII. A Madame de Blanieu1203. Se préparer à rendre
compte à Notre-Seigneur. Comment guider sa barque au
milieu des vents.
Rumilly1204, 3 avril 1617.
Vous aures, je m'asseure, receu ce que vous desiries de monsieur le premier Præsident de
Savoye1205, car il [362] le despescha soudain ; et maintenant, ma tres chere Fille, vous recevrés, sil
vous plait, en ce billet, un' asseurance nouvelle que je ne cesseray jamais de vous souhaiter mille
et mille benedictions.
Tenes bon, ma chere Fille, et soyes immobile es resolutions que vous aves prises pour le
salut de vostre ame, affin que vous puissies rendre bon compte de vous mesme a Nostre Seigneur
au jour de vostre trespas, lequel, a mesure quil s'approche, nous invite a nous præparer
soigneusement.
Soyes bien douce et gracieuse parmi les affaires que vous avés, car tout le monde attend ce
bon exemple de vous. Il est aysé de conduire la barque quand elle n'est point pressee des vens et
de passer une vie qui est exempte d'affaires ; mais parmi le tracas des proces, comme parmi les
vens, il est difficile de tenir le chemin. C'est pourquoy il faut avoir grand soin de soymesme, de
ses actions et de ses intentions, et faire tous-jours voir que le cœur est bon et juste, doux et humble
et genereux.
Vives toute a Nostre Seigneur, conserves bien vostre ame, et aymes la mienne, la
recommandant souvent a la misericorde divine, puisque je suis,
Madame,
Vostre plus humble serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
III avril 1617.
A Madame
Madame de Blanieu.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. l'abbé Longin, à Lyon. [363]
_____
1203 Marguerite de Sassenage, fille d'Antoine, baron de Sassenage, et de Louise de la Baume-Suze. Malgré l'opinion
de quelques historiens (cf. Chorier, Hist. généal. de la maison de Sassenage, Lyon, Thioly, 1672), il est presque certain
qu'elle épousa, non Horace, mais Guillaume du Rivail, seigneur de Lieudieu, de Blanieu, etc., qui se distingua sur les
champs de bataille parmi les compagnons de Lesdiguières. D'après Giraud (Aymar du Rivail et sa famille, 1849),
Guillaume serait mort le 19 décembre 1594. Veuve et sans enfants, Mme de Blanieu fonda, en 1613, un couvent de
Minimes à Grenoble, devenu dans notre siècle le Grand Séminaire du diocèse. Les procès qu'elle soutint lui furent
peut-être suscités par Horace, fils de son mari, tombé dans un état de fortune qui lui faisait désirer des héritages sur
lesquels cependant il n'avait aucun droit légitime. (Cf. Almanach général et historique du Dauphiné de l'an 1788.)
1204 Le Saint, en revenant du Dauphiné, s'arrêta à Chambéry et à Rumilly.
1205 Antoine Favre.
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26.6 Page 256

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MCCXCIII. Aux Peres Barnabites réunis en chapitre général a
Milan1206. Le Saint présente aux Pères capitulaires un Mémoire
concernant l'extension des Barnabites en Savoie.
Annecy, 6 avril 1617.
Molto Reverendi Padri in Christo
Très Révérends et très honorés Pères
osservandissimi,
dans le Christ,
Habbiamo spesse volte, li RR. Padri
della Congregazione vostra di questi collegii di
Annessi et Thonone, trattato insieme et di
concerto del modo col quale si potrebbe
amplificare detta Congregatione in questi paesi
di qua dei monti ; et in somma, non troviamo
strada megliore di quella che si rappresenta nel
Memoriale qui allegato1207, conforme al quale
trattai col Serenissimo Signor [364] Prencipe
di Piemonte1208, acciò si potessero anche
amplificare l'entrate et havere in Rumigli
alcuni beneficii per il Noviciato1209 : et Sua
Altezza mi promise ogni sorte di assistentia dal
canto suo.
Hora, resta che le Paternità Loro
abbracino le propositioni nostre con
amorevolezza et le faciano riuscir dal canto
loro, come io dal canto mio m'adoprarò con
tutto il cuore dove vederò l'opra mia poter esser
utile. Le Vostre Riverentie giudicaranno
facilmente che la dilatatione de la Religion sua
sia per far buonissimo progresso a gloria
d'Iddio in questi (sic) regioni, et che questa
dilatatione non si può fare se non col tempo et
methodo conveniente, secondo il beneplacito
della Providentia divina ; la quale io supplico
Bien des fois, avec les Révérends Pères
de votre Congrégation des collèges d'Annecy
et de Thonon, nous avons étudié de concert le
moyen d'étendre ladite Congrégation en ces
pays d'en deça les monts. En somme, nous ne
trouvons de meilleure voie que celle indiquée
dans le Mémoire ci-joint, conformément
auquel j'ai [364] traité avec le Sérénissime
Prince de Piémont, afin de pouvoir augmenter
encore les revenus et avoir à Rumilly certains
bénéfices pour le Noviciat. Son Altesse me
promit, pour sa part, toute sorte d'assistance.
Reste maintenant que Vos Paternités
daignent embrasser avec bienveillance nos
propositions et que, de leur côté, elles les
fassent aboutir ; quant à moi, je m'emploierai
de tout cœur là où je verrai que mon concours
pourra être utile. Vos Révérences jugeront
aisément que l'extension de leur Ordre est en
voie de faire d'excellents progrès à la gloire de
Dieu en ces régions, mais que, d'ailleurs, cette
extension ne peut s'obtenir qu'avec le temps et
une méthode convenable, suivant le bon plaisir
de la divine Providence. Je la supplie de
conserver, faire grandir et perfectionner dans
sa grâce Vos Révérences et leur très pieuse
1206 Le Chapitre général des Barnabites se tint en 1617 à Milan, du 11 au 26 avril. Il fut présidé par le P. Jean-Ambroise
Mazenta (voir le tome précédent, note (613), p. 190) que son Assistant, le P. Jérôme Boerio, remplaça dans le Généralat
à la fin de l'assemblée. (Voir ci-après, note (1242), p. 380.) Pour représenter les Maisons d'Annecy et de Thonon, on
avait député D. Jean-Baptiste Gennari, supérieur du collège de San Dalmazzo de Turin, et D. Juste Guérin ; celui-ci,
surpris par la maladie, ne put remplir son mandat. (D'après les Acta Capituli generalis, 1617, conservés aux Archives
de San Carlo a' Catinari, Rome.)
1207 Si les recherches qui se continuent par les RR. PP. Barnabites pour découvrir ce Mémoire ont un heureux succès,
la pièce sera donnée avec les Opuscules.
1208 Voir ci-dessus, note (990), p. 290.
1209 D'après les Acta Capiluli generalis, cette question d'un Noviciat des Clercs réguliers de Saint-Paul à établir en
Savoie fut traitée, mais non résolue, par les Pères capitulaires. Jamais il n'y eut de Maison de Barnabites à Rumilly ;
les désirs du saint Evêque de Genève, désirs qu'il exprime encore dans une lettre écrite vers la fin de 1617, échouèrent
devant des obstacles dont la nature nous est inconnue.
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26.7 Page 257

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che conservi, accresca et perfettioni nella sua
gratia le Riverentie Loro et la loro divotissima
Congregatione, alle orationi [365] et Sacrificii
del (sic) quale humilissimamente mi
raccommando, restando con tutto il cuore,
Delle Paternità Vostre molto
Reverende,
Humile et affettionatissimo, come fratello et
servitore,
Congrégation, aux prières et Sacrifices de
[365] laquelle je me recommande très
humblement, restant de tout cœur,
De Vos très Révérendes Paternités,
Humble et très affectionné, comme frère et
serviteur,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
6 avril 1617, à Annecy.
FRANCO, Vescovo di Geneva.
VI di Aprile 1617, in Annessi.
Alli molto Rdi Padri del Ven. Capitolo
Generale della Congregatione de Chierici
regolari di S. Paolo.
Aux très Révérends Pères du vénérable
Chapitre général de la Congrégation des Clercs
réguliers de Saint-Paul.
Milan.
Milano.
Revu sur l'Autographe conserve à Rome,
Archives des RR. PP. Barnabites.
_____
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26.8 Page 258

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MCCXCIV. A la Présidente le Blanc de Mions1210. Conseils pour
l'oraison. Comment « accommoder cet exercice » avec la
promptitude de l'esprit. Les larmes de dévotion et l'usage
qu'il en faut faire. La douceur et la tranquillité n'empêchent
pas l'action, mais la font réussir. Contre les tentations au sujet
de l'état de vie où l'on est embarqué. L'extérieur d'une fille de
Dieu.
Annecy, vers le 7 avril 1617.
Je proteste, ma tres chere Fille, que voyci mon premier loysir. Je [le] desrobe encor parmi
mille sortes d'affaires, [366] pour vous escrire un peu amplement sur le sujet duquel vous me parles
pour vostre chere ame, a laquelle je vous conjure de dire cordialement ce que mon cœur desire
estre dit au sien.
O que vous estes heureuse, ma chere Fille, de vous estre desprise du monde et de ses vanités
aussi ! Certes, a ce que j'ay peu reconnoistre en ce peu de tems que je vous ay consideree1211, vostre
ame estoit faite tres particulierement pour le divin amour et non pour le terrestre.
[1.] Immolés donq souvent toutes vos affections a Dieu par le renouvellement de la
resolution que vous aves faite, de ne vouloir pas employer un seul moment de vostre vie que pour
le service de la sacree dilection de l'Espoux celeste.
2. Faites soigneusement l'exercice du matin qui est marqué au livre de l'Introduction1212 ;
et bien que la vistesse de vostre esprit comprenne en un seul regard tous les pointz de cet exercice,
ne laissés pas de vous y entretenir autant de tems comme il en faut pour dire deux fois le Pater, et
apres cela, prononcés de bouche [367] cinq ou six paroles d'adoration, et ensuite vous dirés le
Pater avec le Credo.
3. Vous prepareres apres vostre orayson : un mistere de la Vie ou Passion de Nostre
Seigneur, que vous vous proposeres de mediter, si tel est le bon playsir de Dieu. Mays si, estant en
l'orayson, vostre cœur se sent attaché a la simple presence du Bienaymé, vous ne passeres point
1210 L'une des premières conquêtes du Serviteur de Dieu durant son voyage à Lyon en 1615 (voir ci-dessus, note (115),
p. 22), Ennemonde Chausson a sa place bien caractéristique au milieu de la pléiade des Philothées de Grenoble. La
situation de son mari, Pierre Le Blanc de Mions (voir ibid., note (1166), p. 349), la mêlait à toute la haute magistrature,
tandis que sa grâce extérieure, son esprit extrêmement vif et prompt, son ardente piété, lui donnaient sur ses amies
une influence incontestable. C'est elle qui tout d'abord excite dans la capitale du Dauphiné le désir d'une fondation de
la Visitation (voir ci-dessus, note (1147), p. 343) ; et quand, par ses soins et ceux des nobles femmes dont les noms
nous deviendront bientôt familiers, l'œuvre a heureusement abouti, elle provoque une réunion de dames, et lève sur
toutes, sans s'oublier elle-même, l'impôt de la charité en faveur de celles qu'elle appelait « ses chères Religieuses. »
La Présidente reportait sur les filles l'affection respectueuse et profonde vouée au Père. L'Evêque de Genève avait été
pour elle l'envoyé de Dieu ; il aidait dans son chemin souvent semé d'épines l'épouse d'un homme dissipateur et léger
; en même temps il admirait les précieuses qualités de cette âme et de ce cœur « tout aimable en sa cordiale franchise,
» selon l'expression de la Mère de Chantal, (Lettres, vol. I, p. 202.) « C'estoit « une rare femme, » écrira-t-il à la
nouvelle de sa mort (mai 1619). Un tel mot dans une telle bouche n'est-il pas le plus bel éloge ?
Le rapport étroit de cette lettre avec celle du 36 avril, qui détermine la destinataire, sert encore à fixer la date.
Mme Le Blanc ayant répondu à son saint Directeur le 14 (voir ci-après, p. 386), il faut en conclure que ce premier
courrier partit d'Annecy le 7 ou le 8.
1211 La Présidente n'était venue à Grenoble que vers la fin de la station quadragésimale. « Ma pauvre Sœur Barbe-
Marie arriva trop tard, » écrit la Mère de Chantal à la Mère Favre, « mais elle doubla le pas ; Monseigneur l'a toute
gagnée. » (Lettres, vol. I, p. 190 ; cf. à l'Appendice I, les lettres de la Mère Favre, 21 février et 7 mars.)
1212 Partie II, chap. X.
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26.9 Page 259

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plus outre, ains vous vous arresteres a cette presence ; que si, au contraire, vous ne vous sentes pas
attachee a cette presence, bien que toutefois vous y soyes, vous mediteres doucement le point que
vous aures disposé.
4. Or, vous feres tous les jours l'orayson, sinon que quelque violente occupation vous en
empesche ; puisque, comme vous m'aves dit, lhors que vous continues en ce saint exercice, vous
ressentes un grand avancement de recueillement, duquel vous estes privee quand vous
l'abandonnes.
5. Mays affin d'accommoder cet exercice si utile a la vistesse et incomparable promptitude
de vostre esprit, il suffira que vous y employes une petite demi heure chaque jour, ou un quart
d'heure ; car cela, avec les eslans d'esprit, retraittes du cœur en la presence de Dieu et oraysons
jaculatoires qui se feront parmi les heures du jour, suffira tres abondamment pour tenir vostre cœur
serré et joint a vostre divin Object ; et mesme, cette orayson se pourra faire pendant la Messe pour
gaigner tems.
6. Or si, en faysant l'orayson, ou vous arrestant a la sainte presence, le sentiment se faysoit
en la teste et qu'il en arrivast du travail et de la douleur en cette partie-la, il faudroit relascher
l'exercice et n'appliquer pas l'entendement, ains, par des paroles interieures et affectionnees,
appliquer le seul cœur et la volonté. Et c'est pour respondre a ce que vous me dites, qu'au
commencement, le sentiment de la presence de Dieu se faysoit en la teste, qui parfois vous
travailloit fort.
7. S'il vient des larmes, vous les respandres ; mais si elles viennent souvent et avec trop de
tendreté, vous releveres vostre esprit, si vous pouves, a gouster plus [368] paysiblement et
tranquillement les misteres en la partie superieure de l'ame ; non pas contraignant et serrant les
souspirs ou sanglotz, ou les larmes, mays divertissant d'une heureuse diversion vostre cœur, en le
relevant petit a petit a l'amour pur du Bienaymé par des doux eslans : O que vous estes aymable,
mon Bienaymé ! O que vous estes relevé en bonté et que mon cœur vous ayme ! ou autrement,
selon que Dieu vous tirera.
8. Et parce que vous me dites que vous n'aves fait que fort peu d'orayson pendant que vous
aves esté chez vous, vostre esprit estant si actif et mouvant qu'il ne se peut arrester, je vous dis
qu'il faut pourtant l'arrester, et allentir petit a petit ses mouvemens, affin qu'il face ses œuvres
doucement et tranquillement, selon les occurrences. Et ne vous imagines pas que la douceur et
tranquillité empesche la promptitude et l'œuvre, car au contraire, elle la fait plus heureusement
reuscir.
Or, ceci se peut faire en cette sorte. Par exemple : vous aves besoin de manger, selon la
misere de cette vie ; il faut que vous vous assoyes tout bellement, et que vous demeuries assise
jusques a ce que vous ayes honnestement refectionné vostre cors. Vous vous voules coucher ;
despouilles vous tranquillement. Vous vous deves lever ; faites le paysiblement, sans mouvement
desreglé, sans crier et presser celles qui vous servent. Et qu'en cela vous allies trompant vostre
naturel et le reduisant petit a petit a la sainte mediocrité et moderation ; car a celles qui ont le
naturel mol et paresseux, nous dirions : Hastes vous, d'autant que le tems est cher ; mays a vous,
nous vous disons : Ne vous hastes pas tant, d'autant que la paix, la tranquillité, la douceur d'esprit
est pretieuse, et que le tems s'employe plus utilement quand on l'employe paysiblement.
9. Je vous dis, mays, ma chere Fille, je vous le dis fermement, que vous servies fidelement
la volonté de Dieu et sa providence sur le sujet de vostre ancienne tentation, acquiesçant en toute
humilité et sincerité au bon playsir celeste, par lequel vous vous treuves en l'estat auquel vous
estes. Il faut que l'on demeure en la [369] barque en laquelle on est, pour faire le trajet de cette vie
a l'autre, et que l'on y demeure volontier et amiablement ; parce qu'encor que quelquefois nous n'y
ayons pas esté mis de la main de Dieu, ains de la main des hommes, apres neanmoins que nous y
sommes, Dieu veut que nous y soyons, et partant il faut donq y estre doucement et volontier. O
combien d'ecclesiastiques sont embarqués par des mauvaises considerations et par la force que les
parens ont employé pour les faire entrer en cette vocation, qui font de necessité vertu et qui
demeurent par amour ou ilz sont entrés par force ! autrement, que deviendroyent ilz ? Ou il y a
moins de nostre choix, il y a plus de sousmission a la volonté celeste.
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26.10 Page 260

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Que ma chere fille donq, acquiesçant a la volonté divine, die souvent de tout son cœur :
Ouy, Pere eternel, je veux estre ainsy, parce qu'ainsy il vous a esté aggreable que je fusse1213. Et
la dessus, ma tres chere Fille, je vous conjure d'estre bien fidele a la prattique de cet acquiescement
et dependance de l'estat auquel vous estes ; et partant, ma chere Fille, il faut que vous nommies
quelquefois, es occurrences, les personnes que vous sçaves, du nom auquel vous aves aversion ;
et quand vous parleres a la principale d'icelles1214, que quelquefois vous employies parmi vos
remonstrances des paroles de respect. Ce point est de telle importance pour la perfection de vostre
ame, que je l'escrirois volontier de mon sang.
En quoy voulons nous tesmoigner nostre amour envers Celuy qui a tant souffert pour nous,
si ce n'est entre les aversions, repugnances et contradictions ? Il faut fourrer nostre cervelle entre
les espines des difficultés et laisser transpercer nostre cœur de la lance de la contradiction ; boire
le fiel et avaler le vinaigre, et en somme, manger l'absinthe et le chicotin, puisque c'est Dieu qui le
veut. En somme, ma chere Fille, puisqu'autrefois vous aves nourri et favorisé de tout vostre cœur
la tentation, maintenant, de tout vostre cœur, vous deves nourrir et favoriser cet acquiescement.
Que s'il vous arrivoit quelque [370] notable difficulté sur ce sujet par le defaut de cette personne,
ne remues rien neanmoins qu'apres avoir regardé l'eternité, vous estre mise en l'indifference et
avoir pris l'advis de quelque digne serviteur de Dieu, si la chose presse, ou mesme de moy, puisque
je suis vostre Pere, si le tems le permet ; car l'ennemi, nous voyant vainqueur de cette tentation par
nostre acquiescement au bon playsir divin, remuera, je pense, toutes sortes d'inventions pour nous
troubler.
10. Au reste, que la tressainte et divine humilité vive et regne en tout et par tout : les habitz,
simples, mais selon la propre bienseance et convenance de nostre condition, en sorte que nous
n'espouvantions pas, ains allechions les jeunes dames a nostre imitation ; nos paroles, simples,
courtoises, et neanmoins douces ; nos gestes et nostre conversation, ni trop resserree et contrainte,
ni trop relaschee et molle ; nostre face, nette et decrassee ; et en un mot, qu'en toutes choses la
suavité et modestie regne, comme il est convenable a une fille de Dieu.
……………………………………………………………………………………………………...
_____
1213 Matt., XI, 26.
1214 Fort probablement le mari de la destinataire.
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27.1 Page 261

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MCCXCV. A Madame de Veyssilieu1215. La crainte excessive de
la mort empêche l'âme de s'unir à Dieu par amour. Dix remèdes
indiqués pour s'en affranchir.
Annecy, 7 avril 1617.
Madame,
A cette premiere commodité que j'ay de vous escrire, je tiens ma promesse, et vous presente
quelques moyens [371] par lesquelz vous pourres addoucir la crainte de la mort, qui vous donne
de si grans effroys en vos maladies et enfantemens : en quoy, bien qu'il n'y ayt aucun peché, si est
ce qu'il y a du dommage pour vostre cœur, lequel, troublé de cette passion, ne peut pas si bien se
joindre par amour avec son Dieu, comme il feroit s'il n'estoit pas si fort tourmenté.
Premierement donq, je vous asseure que si vous perseverés a l'exercice de devotion, comme
je voy que vous faites, vous vous treuveres petit a petit grandement allegee de ce tourment ;
d'autant que vostre ame, se tenant ainsy exempte des mauvaises affections et s'unissant de plus en
plus a Dieu, elle se treuvera moins attachee a cette vie mortelle et aux vaines complaysances que
l'on y prend. Continués donq en la vie devote selon que vous aves commencé, et alles tous-jours
de bien en mieux au chemin dans lequel vous estes ; et vous verres que, dans quelque tems, ces
terreurs s'affoibliront et ne vous inquieteront plus si fort. [372]
Secondement, exerces vous souvent es pensees de la grande douceur et misericorde avec
laquelle Dieu nostre Sauveur reçoit les ames en leur trespas, quand elles se sont confiees en luy
pendant leur vie et qu'elles se sont essayees de le servir et aymer, chacune en sa vocation. O que
vous estes bon, Seigneur, a ceux qui ont le cœur droit1216 !
Tiercement, relevés souvent vostre cœur par une sainte confiance meslee d'une profonde
humilité envers nostre Redempteur ; comme disant : Je suis miserable, Seigneur, et vous recevres
ma misere dans le sein de vostre misericorde, et vous me tireres de vostre main paternelle a la
jouissance de vostre heritage. Je suis chetifve, et vile, et abjecte ; mays vous m'aymeres en ce jour,
parce que j'ay esperé en vous et ay desiré d'estre vostre.
Quatriesmement, excités en vous, le plus que vous pourres, l'amour du Paradis et de la vie
celeste, et faites plusieurs considerations sur ce sujet, lesquelles vous treuveres suffisamment
marquees au livre de l'Introduction a la Vie devote, en la Meditation de la gloire du Ciel, et au
1215 Les précédentes éditions n'ont pas donné le nom de la destinataire, mais il semble hors de doute que ces conseils
soient écrits à Mme de Veyssilieu, l'une des plus chères filles spirituelles de l'Evêque de Genève à Grenoble. Il lui «
écrivoit souvent, » dit une ancienne annaliste, « et nous reconnoissons dans le livre de ses Epistres beaucoup de lettres
adressées à cette vertueuse dame. » (Circulaire de la Mère Marie-Antoinette de Villiers, supérieure au 2d Monastère
de la Visitation de Grenoble, 21 novembre 1674, Archives de la Visitation d'Annecy.) Le 26 avril (voir ci-après, Lettre
MCCCI, p. 389) le Saint en indique une qu'il lui aurait envoyée récemment ; selon toute probabilité, c'est celle-ci. La
mention du « petit Jean » (p. 375), et ce que les Registres paroissiaux de Saint-Hugues et de Saint-Jean de Grenoble
nous apprennent sur les naissances des enfants de Mme de Veyssilieu, confirment notre proposition.
Marguerite de la Croix de Chevrières, fille de Jean de la Croix de Chevrières et de Barbe d'Arzac, avait
épousé le 24 avril 1608 1, Laurent Rabot d'Aurillac, seigneur de Veyssilieu (voir ci-après, note (1224), p. 374). Elle
fut toujours « un modelle de modestie, de pieté et d'humilité chrêtienne, » assure l'annaliste citée plus haut ; mais ces
vertus parurent avec bien plus d'éclat quand elle eut le bonheur d'être conduite dans la vie spirituelle par saint François
de Sales. La noble dame contribua beaucoup à l'établissement de la Visitation dans la capitale du Dauphiné, et les
peines prises pour cela lui paraissaient bien récompensées « par la conversation toute sainte et devote qu'elle avoit...
frequemment avec » la « Mere de Chastel et sa benite troupe. » Cinquante ans après, Mme de Veyssilieu aimait à
rappeler ces heureux commencements du nouveau Monastère auquel elle donna l'une de ses filles. Celle-ci coopéra,
en 1648, à la fondation de la seconde Maison de l'Ordre à Grenoble, dont sa mère se plut encore à être la bienfaitrice.
1 L'Armorial du Dauphiné et l'Histoire généalogique des familles de la Croix de Chevrières, etc. (1678), donnent la
date de 1618. Morerl lui-même (éd. de 1740) répète cette erreur à l'article Croix (tome III), mais la rectifie à l'article
Rabat (tome VII).
1216 Ps. LXXII, 1.
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27.2 Page 262

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choix du Paradis1217 ; car, a mesure que vous estimeres et aymeres la felicité eternelle, vous aures
moins d'apprehension de quitter la vie mortelle et perissable.
Cinquiesmement, ne lises point les livres ou les endroitz des livres esquelz il est parlé de
la mort, du jugement et de l'enfer ; car, graces a Dieu, vous aves bien resolu de vivre
chrestiennement et n'aves point besoin d'y estre poussee par les motifs de la frayeur et de
l'espouvantement.
Sixiesmement, faites souvent des actes d'amour envers Nostre Dame, les Saintz et Anges
celestes ; apprivoysés vous avec eux, leur addressant souvent des paroles de louange et de dilection
; car ayant beaucoup d'acces avec les citoyens de la divine Hierusalem celeste, il vous faschera
moins de quitter ceux de la terrestre ou basse cité du monde.
Septiesmement, adorés souvent, loués et benissés la tres sainte Mort de Nostre Seigneur
crucifié, et mettés toute vostre confiance en son merite, par lequel vostre mort [373] sera rendue
heureuse ; et dites souvent : O divine mort de mon doux Jesus, vous benires la mienne, et elle sera
benite ; je vous benis, et vous me benires, o mort plus aymable que la vie ! Ainsy saint Charles, en
la maladie de laquelle il mourut, fit mettre a sa veuë l'image de la sepulture de Nostre Seigneur et
celle de l'orayson qu'il fit au mont des Olives, pour se consoler en cet article, sur la Mort et Passion
de son Redempteur1218.
Huitiesmement, faites quelquefois reflexion sur ce que vous estes fille de l'Eglise
catholique, et vous res-jouisses de cela ; car les enfans de cette Mere qui desirent de vivre selon
ses loix, meurent tous-jours bienheureux, et, comme dit la bienheureuse Mere Therese1219, c'est
une grande consolation a l'heure de la mort d'estre « fille de la sainte Eglise. »
Neufviesmement, finisses toutes vos oraysons en confiance, comme disant : Seigneur, vous
estes mon esperance1220 ; en vous j'ay jetté ma fiance1221. O Dieu, qui espera jamais en vous, lequel
ayt esté confondu1222 ? J'espere en vous, o Seigneur, et je ne seray point confondu
eternellement1223. En vos oraysons jaculatoires parmi la journee, et en la reception du tressaint
Sacrement, usés tous-jours de paroles d'amour et d'esperance envers Nostre Seigneur, comme :
Vous estes mon Pere, o Seigneur ! O Dieu, vous estes l'Espoux de mon ame ; vous estes le Roy de
mon amour et le Bienaymé de mon ame ! O doux Jesus, vous estes mon cher Maistre, mon secours,
mon refuge !
Dixiesmement, consideres souvent les personnes que vous aymes le plus et desquelles il
vous fascheroit d'estre separee, comme des personnes avec lesquelles vous seres eternellement au
Ciel : par exemple, vostre mary1224, vostre [374] petit Jean1225, monsieur vostre pere1226. O ce petit
garçon, qui sera, Dieu aydant, un jour bienheureux en cette vie eternelle, en laquelle il jouira de
ma felicité et s'en res-jouira, et je jouiray de la sienne et m'en res-jouyray sans jamais plus nous
separer. Ainsy du mary, ainsy du pere et des autres : en quoy vous aures d'autant plus de facilité,
1217 Part. I, ch. XVI, XVII.
1218 Carolus a Basilica Petri (Bascapè), Vita S. Caroli Borr., l. VI, c. VIII.
1219 Ribera, Vita Matris Teresiæ, l. III, c. XV. (Cf. tom. XII, p. 266.)
1220 Ps. CXLI, 6.
1221 Ps. LVI, 2.
1222 Eccli., II, 11.
1223 Ps. XXX, 1, LXX, 1.
1224 Héritier d'une noble famille qui donna de nombreux officiers au Parlement du Dauphiné et des hommes de grande
érudition, le conseiller Laurent Rabot d'Aurillac, ou d'Avrillac, seigneur de Veyssilieu et de Fontaines, avait pour
parents Falco ou Falques Rabot et Ennemonde de Loras de Montplaisant. Il vivait encore en 1640, époque de l'entrée
de sa fille Marguerite au 1er Monastère de la Visitation de Grenoble. (D'après Moreri, et Rivoire de la Batie, Armorial
du Dauphiné.)
1225 Cet enfant, baptisé le 15 avril 1613 (Reg. par. de Grenoble), avait alors quatre ans. Plus tard, il suivit, comme son
père, la carrière de la magistrature, fut reçu, le 5 mai 1645, avocat général au Parlement et devint, en 1665, conseiller
d'Etat. De sa femme, Anne de Reynard d'Avançon, Jean de Veyssilien eut un fils et quatre filles. (D'après Moreri et
Rivoire de la Bstie, Armorial du Dauphiné.)
1226 Jean de la Crois de Chevrières, alors évêque de Grenoble (voir ci-dessus, note (1190), p. 357). Sa cadette,
Marguerite, semble avoir eu sur lui une influence particulière. C'est elle qui, lors des pourparlers au sujet de la
fondation de la Visitation dans sa ville episcopale, triomphe de ses résistances et obtient son consentement.
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27.3 Page 263

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que tous vos plus chers servent Dieu et le craignent. Et parce que vous estes un peu melancholique,
voyes au livre de l'Introduction a la Vie devote ce que je dis de la tristesse et des remedes contre
icelle1227.
Voyla, ma chere Dame, ce que pour le present je vous puis dire sur ce sujet, que je vous
dis avec un cœur grandement affectionné au vostre, lequel je conjure de m'aymer et recommander
souvent a la misericorde divine, comme reciproquement je ne cesseray jamais de la supplier qu'elle
vous benisse.
Vivés heureuse et joyeuse en la dilection celeste, et je suis
Vostre plus humble et tres affectionné serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Le 7 avril 1617. [375]
_____
MCCXCVI. A Madame Cottin1228 (Inédite). Assurance de
paternelle affection. « Se mortifier et faire toutes choses
selon la volonté de Dieu. »
Annecy, 8 avril 1617.
Par ces quatre lignes je vous asseure, ma chere Fille, que je vous cheris tous-jours sans
varier et vous souhaite toute benediction, et a monsieur le Maistre1229 et a toute [376] vostre
famille. Ne permettes pas a vostre esprit d'entrer en ces defiances qui le rendent amer et triste.
Tenes vostre cœur doux et bon envers le prochain, et ainsy Dieu vous benira de ses grandes
benedictions, comme de tout mon cœur je l'en supplie, et suis sans fin,
Vostre plus humble, tres affectionné, et a M. le Maistre que je salue icy avec vous de tout
mon cœur.
Annessi, le VIII avril 1617.
Je salue encor Mlle Baro1230, et luy recommande de tenir son ame en devotion.
1227 Part. IV, ch. XII.
1228 Mme Cottin, née Isabeau Daspres, fut des premières, à Grenoble, à se placer sous la conduite de François de Sales.
Nature extrême, impérieuse, dès qu'elle eut entrevu la perfection, elle voulut l'embrasser dans sa forme la plus haute,
la vie religieuse. Son saint Directeur contint ses impétueuses aspirations, lui montra la volonté de Dieu dans
l'accomplissement de ses devoirs de famille ; mais après la mort de ce guide prudent et éclairé, les désirs à peine
assoupis de l'ardente femme se réveillèrent. La Mère de Chantal essaya de les calmer et obtint d'elle la promesse « de
patienter et de servir son mari déjà à moitié mort, jusqu'à ce qu'il le fût tout à fait. » (Lettres, vol. II, 1877, p. 411.)
Promesse vaine ! Le 20 mars 1625, la Fondatrice recevait l'annonce du « grand bruit... causé à Grenoble » par « la
sortie de Mme Cotin. » (Ibid.) La fugitive était à la Visitation de Lyon avec sa fille. Quelques mois après, ses affaires
la rappelant dans la capitale du Dauphiné, elle « s'y trouva tout à propos pour la mort de son mari, » qui emporta
devant Dieu le mérite du consentement donné à la retraite de sa femme. De retour à Lyon, la nouvelle veuve y prit
l'habit en janvier 1627, avec le nom de Françoise-Elisabeth ; au mois de mars, l'assassinat d'un de ses fils l'obligea à
rentrer de nouveau dans le monde. Rien cependant ne lassa sa persévérance, et, le 30 mars 1631, elle signait au second
monastère de Lyon, dit de l'Antiquaille, l'acte de sa profession religieuse. Le 24 mars 1646, Sœur Françoise-Elisabeth
mourut en celui de Bellecour, où elle était revenue depuis huit ans. (D'après la Notice de Sœur F.-E. Daspres, Archiv.
de la Visitation d'Annecy ; le Livre du Couvent et le Livre du Chapitre du 1er Monastère de Lyon, transféré à Venise.)
1229 Il y avait alors à Grenoble un conseiller au Parlement nommé Jean-Louis Le Maistre, dont la femme devint une
Philothée de l'Evêque de Genève ; un consul François Lemaître paraît vers le même temps. Mais quels rapports
existaient entre eux et la famille de la destinataire ? Ne s'agirait-il pas plutôt du mari même de Mme Cottin, désigné
ici, non par son nom, mais par son office ? La question reste jusqu'à présent insoluble. Nous savons seulement que M.
Cottin occupait quelque charge au Parlement, et que, outre les présidents à la Chambre des Comptes, il y avait MM.
les Maîtres et MM. les Correcteurs. Les mêmes titres se trouvaient au Bailliage, aux Eaux et Forêts.
1230 Peut-être Lucrèce Berthier, femme de Gaspard Baro, conseiller au Parlement du Dauphiné. Elle était déjà mariée
avant 1603, date de la naissance de son fils François. (Reg. par. de Grenoble.)
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27.4 Page 264

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Pour plusieurs bonnes raysons, je desire que vous ne venies point cett'annee1231, ou du
moins pas si tost, puisqu'aussi bien, quant a Marie, elle ne peut en façon quelcomque estre receue
avant l'aage1232. Il faut se mortifier, et faire toutes choses selon la volonté de Dieu. Il ny a rien qui
presse, ni rien a faire en vostre ame que de la rendre douce et amiable es contradictions.
1233A Madamoyselle
Madamoyselle Cottin.
A Grenoble.
Revu sur l'Autographe conservé à Laval, chez les Dames du Sacré-Cœur. [377]
_____
MCCXCVII. Au Président Antoine Favre1234 (Inédite). Une
aspirante à la Visitation. Mortalité à Chambéry.
Annecy, 10 avril 1617.
Monsieur mon Frere,
Avec mille remercimens de la faveur de vos lettres, je vous donne le bonjour, et vous
asseure que j'ay escrit pour la niece de monsieur Chanal1235, non seulement a nostre fille1236, dont
il n'estoit pas besoin, mays aussi a Monseigneur l'Archevesque duquel tout depend1237.
On me fait peur par le bruit qui court qu'a Chamberi il y a des maladies si dangereuses, et
que monsieur d'Avise s'en va mort1238, qui est le sujet du voyage de ce porteur. Nous sommes icy
sans nouvelles. [378]
Je prie Dieu quil vous conserve, avec madame ma chere seur1239, et suis sans fin, Monsieur
mon Frere,
1231 A Annecy, où la destinataire fit plusieurs voyages pour conférer de sa conscience avec le saint Directeur.
1232 Marie Cottin était alors une enfant de douze ans à qui sa mère souhaitait la vocation religieuse ; mais, entraînée
par des attraits tout différents, elle se maria fort jeune. Bientôt elle perdit son mari qui lui laissa deux filles. Lorsque
Mme Cottin se retira au monastère de Lyon, elle l'accompagna sans songer à la suivre au noviciat. La grâce de Dieu,
cependant, triompha soudainement de cette âme dont tous les désirs étaient pour le monde, et l'on vit se réaliser une
prophétie du saint Evêque de Genève qui lui avait annoncé ce futur changement. Sœur Marie-Aimée prononça ses
vœux le 1er novembre 1626 ; quatre ans après, jour pour jour, elle mourut au monastère de Paray-le-Monial dont elle
fut l'une des fondatrices. (D'après le Livre du Couvent du 1er Monastère de Lyon, transféré à Venise.)
1233 L'adresse est de la main d'un secrétaire.
1234 Voir tome XI, note (68), p. 18.
1235 Le père de M. Chanal, Isaac, avait épousé en premières noces une tante maternelle d'Antoine Favre, Louise de
Chastillon ; de son second mariage avec Aimée de Venet, naquit François, qui devint homme d'épée et se distingua
dans les guerres de Piémont. Il mourut en juin 1617, à Rivarolo (Italie), sans avoir été marié, laissant son nom, ses
armes et ses biens à un fils de sa sœur Catherine, dame de Saint-Loup. (D'après Guichenon, Hist. de Bresse et de
Bugey, 1650, Partie III.) Une demoiselle de Saint-Loup protégea plus tard les débuts de la Visitation de Bourg ; elle
est, peut-être, la prétendante du printemps de 1617. On peut encore penser à une fille d'Anne Chanal, née du premier
mariage d'Isaac, et par conséquent cousine-germaine du président Favre. La Mère de Chantal, au mois de mai suivant,
parle en effet à la Supérieure de Lyon des prétentions à la vie religieuse d'une « damoiselle » sa « parente. » (Lettres,
vol. I, p. 194.)
1236 La Mère Marie-Jacqueline Favre.
1237 Dans la lettre citée plus haut, note (1235), la Mère de Chantal explique la double difficulté que soulevait Mgr de
Marquemont : « Pour le regard de cette bonne damoiselle votre parente, il faut essayer de gagner Mgr l'Archevêque,
et lui dire que puisque nos affaires sont résolues, il ne doit plus avoir tant de crainte... Il faudra doucement persuader
ce bon Prélat de regarder plus aux esprits qui seront propres que non pas aux richesses. »
1238 Prosper d'Avise ne mourut qu'en 1645. (Voir ci-dessus, note (378), p. 98.)
1239 Philiberte Martin de la Pérouse, que le destinataire avait épousée en secondes noces. (Voir tome XIV, note (1079),
p. 372.)
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X avril 1617.
Vostre tres humble et obeissant frere et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
A Monsieur
Monsieur Favre, Baron de Peroges,
Conseiller d'Estat de S. A., premier President de Savoye.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. le chanoine Collonges, aumônier de la Visitation de
Chambéry.
_____
MCCXCVIII. A M. Benigne Milletot1240. Le Saint prie son ami
d'appuyer une requête fondée « sur la pieté et la justice. » M.
de Charmoisy grand maître de l'artillerie. Engagement pour
le prochain Carême à Grenoble.
Annecy, 12 avril 1617.
Monsieur mon Frere,
C'est maintenant pour mon Eglise (et que puis-je dire de plus affectionné ?) que j'implore
vostre fraternelle faveur, et croy qu'elle me sera facilement accordee, sur tout quand vous aures
ouy la remonstrance que ce porteur vous fera, par laquelle vous verres que le brevet dont il s'agit
est non seulement fondé sur la pieté, mais encor, si je ne me trompe, sur la justice1241. Je vous
supplie donq tres humblement, Monsieur mon Frere, de nous estre ardemment propice.
Vous me demandies l'autre jour, par la derniere lettre que j'ay eu le bien de recevoir de
vous, des nouvelles de [379] monsieur de Charmoysi, mon parent ; en quoy vous tesmoignes vostre
bon et beau naturel, et cet honneste chevalier vous en sera grandement obligé quand il le sçaura ;
ce qui sera dans peu de jours, que luy et sa femme viendront en cette ville, puisque Monseigneur
le Prince de Piemont ayant reconneu en cette derniere occasion sa valeur et suffisance es choses
de la guerre, l'a creé grand maistre de l'artillerie de cet Estat1242, et despuis a esté embrassé et
caressé sans mesure par Monsieur le Duc de Nemours, qui l'invitâ de venir en cette ville et le traitta
tres honnorablement. En fin, il n'est que d'estre gens de bien.
Je suis engagé encor pour l'annee suivante a Grenoble, monsieur le Mareschal Desdiguieres
l'ayant demandé a Son Altesse, qui l'a volontier accordé1243. Veuille la Bonté divine m'y rendre
fructueux ! Et il failloit bien rendre ce conte de moy mesme a monsieur mon Frere, que j'honnore
de tout mon cœur et auquel je suis
Tres humble frere et serviteur,
1240 Voir tome XV, note (50), p. 5.
1241 Le brevet en question n'a pu être retrouvé aux Archives de la Côte-d'Or.
1242 Voir ci-dessus, note (975), p. 285, et Lettre MCCLXXXV, p. 353.
1243 Quoique protestant, le maréchal s'était fait, pendant les quelques semaines qu'il demeura à Grenoble, l'auditeur
assidu de l'Evèque de Genève. Non content de cela, il l'entretint un jour en particulier quatre heures de suite, « et
quand ilz se separerent, » raconte Bernard de Passier dans sa déposition (Process. remiss. Gebenn. (I), ad art. 35), « il
dict tout haut audict Bien-heureux : Tout ce que vous dictes est bon. » René Favre assure en outre, qu'aussi souvent
que le discours tombait sur le saint Prélat, Lesdiguières avait coutume de l'appeler « un Evêque très parfait, un homme
vraiment envoyé de Dieu ; » le seul regret qu'il gardât était de n'avoir pu l'entendre chaque fois, lors de ses prédications
à Grenoble. (Process. remiss. Gebenn. (II), ad art. 80.) Rien d'étonnant donc que le duc s'employât pour faire revenir
en Dauphiné un orateur dont il appréciait autant l'aimable vertu que la persuasive éloquence.
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27.6 Page 266

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Annessi, le XII avril 1617.
FRANCS, E. de Geneve.
A Monsieur
[Monsieur] Milletot, seigr de Villy,
Conseiller du Roy au Parlement de Bourgoigne.
Revu sur l'Autographe conservé au 2d Monastère de la Visitation de Rouen. [380]
_____
MCCXCIX. Au Père Général des Barnabites1244. Prière instante
de renvoyer le P. Fulgence Chioccari en Savoie.
Annecy, 12 avril 1617.
Reverendissimo Padre in Christo
Révérendissime et très honoré Pere
osservandissimo,
dans le Christ,
Andando il P. D. Fulgentio1245 costì per
le cose le quali io con l'ultima mia raccomandai
a V. P. Rma 1246, non è necessario che adesso
dica altra cosa, se non che se per sorte
occorresse qualche tentatione ad esso Padre
[381] di restar là, per amor d'Iddio V. P. non
consenta ; perche in questo principio è
necessaria la perseverantia et stabilità de' Padri
li quali han già imparata la lingua et fatta la
santa amicitia necessaria al maneggio delle
Case.
Et con questo, implorando le orationi
sue, resto,
Di V. P. Rma,
Humile et divoto, come fratello et servitore in
Puisque le P. D. Fulgence se rend
auprès de vous pour les affaires que je
recommandai à Votre Paternité
Révérendissime par la mienne dernière, il n'est
pas besoin que j'ajoute autre chose. Si toutefois
ce Père avait par hasard la tentation de rester
là-bas, je [381] supplie Votre Paternité, pour
l'amour de Dieu, de n'y pas consentir ; car, en
ce commencement, la persévérance et la
stabilité des Pères qui ont déjà appris la langue
et contracté la sainte amitié requise au
maniement des Maisons, sont absolument
nécessaires.
Sur ce, implorant vos prières, je
demeure,
1244 A cette date du 12 avril 1617, D. Jean-Ambroise Mazenta (voir le tome précédent, note (613), p. 190) n'était pas
encore remplacé dans sa charge, mais quand le courrier arriva à Milan, pendant les sessions du Chapitre général,
l'élection allait donner pour chef à la Congrégation des Clercs réguliers de Saint-Paul, D. Jérôme Boerio. (Cf. ci-
dessus, note (1206), p. 364.) A lui, désormais, appartenait de décider sur la question dont il s'agit ici.
Le nouveau Général était natif de Tortone. Après avoir étudié en droit et en philosophie à l'Université de
Pavie, il entra, à peine âgé de vingt ans, chez les Barnabites, et fit profession le 22 octobre 1589. Sa rare prudence et
son amour de l'observance régulière engagèrent ses Supérieurs à le mettre à la tête du collège de Saint-Blaise de Rome
en 1599. Depuis lors il ne cessa de porter le poids du gouvernement. D. Boerio garda jusqu'en 1623 la charge suprême
reçue en 1617, et le 12 mai 1626, il retournait à Dieu, riche d'œuvres et de mérites. L'un des premiers actes de son
Généralat avait été d'accorder au saint Evêque de Genève des lettres d'affiliation à la Congrégation des Barnabites, le
7 mai 1617. (D'après une Note du R. P. Riganti, Barnabite milanais.)
1245 D. Fulgence Chioccari, supérieur des Barnabites de Thonon (voir ci-dessus, note (991), p. 290). Suivant les désirs
du Saint, il revint en Savoie.
1246 Vide Ep. MCCXCIII.
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27.7 Page 267

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Christo,
De Votre Paternité Révérendissime,
FRANCO, Vescovo di Geneva. Humble et dévoué, comme frère et serviteur
XII Aprile 1617, in Annessi.
dans le Christ,
FRANÇOIS, Evêque de Genève.
Al Rmo Padre in Christo
osservandissimo,
12 avril 1617, à Annecy.
Il Padre Generale della Congrne de' Chierici
Au Révérendissime et très honoré Père
regolari di S. Paulo.
dans le Christ,
Milano.
Le Père Général de la Congrégation des Clercs
réguliers de Saint-Paul.
Revu sur une copie déclarée authentique,
conservée à Turin, Archives de l'Etat. [382]
Milan. [382]
_____
MCCC. A la Comtesse de San Secondo1247. A quelles âmes
François de Sales dédiait volontiers son service. Envoi des
Règles de la Visitation. Une instance en Cour de Rome.
Assurance de prières pour la Maison de Savoie.
Annecy, 25 avril 1617.
Madame,
Bien que je n'aye pas le bonheur d'estre conneu de vous, si est ce que je ne laisse pas de
reconnoistre en vous les qualités par lesquelles vous merites d'estre honnoree de tous ceux qui font
profession de l'honneur ; dequoy madame la Baronne de Giez, ma cousine, se rendra, je m'asseure
bien, ma caution1248. Mays, laissons cela a part.
Le sujet de vostre lettre, qu'il vous a pleu de m'escrire, me tesmoigne asses que vous aves
dedié vostre amour a Dieu ; et que faut-il davantage pour m'obliger a vous dedier mon service ? Je
le fay donq certes de tout mon cœur, et a madame la signora Donna Genevra1249, benissant la bonté
souveraine de Nostre Seigneur qui, par ses celestes attraitz, vous a donné de si desirables
affections.
Or, voyla les Regles de la Visitation, esquelles neanmoins [383] on n'a pas estendu les
1247 L'Autographe est sans adresse, mais la destinataire est indiquée par la note suivante, d'une écriture du XVIIe siècle,
qui se lit à la quatrième page : Lettera del Beato Franco di Sales, già Vescovo di Geneva, alla fù Sigra Donna Bona di
Chiallant, Contessa di S. Secondo.
Bonne de Challant était fille de Georges de Challant, baron de Chatillon et du Chatelard, et de sa seconde
femme, Adrienne Costa de la Trinité. Elle avait épousé Octave Parpaglia, comte de San Secondo, qui fut investi par
la ville de Chieri des fiefs de Revigliasco et de Celle le 12 février 1602. (D'après Vaccarone, I Challant e loro questioni
per la successione ai feudi dal XIIo al XIXo secolo, Torino, 1893.)
1248 La sœur de la destinataire, Claire-Marguerite de Challant, était devenue cousine de l'Evêque de Genève par son
mariage avec Gaspard de Chevron-Villette, seigneur de Giez. (Voir le tome précédent, note (83), p. 16.)
1249 Donna Ginevra, fille de Philibert-Gérard Scaglia (voir ci-dessus, note (643), p. 181) et de Blanche Ponte di
Scarnafigi, sera plus tard destinataire.
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27.8 Page 268

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derniers articles1250, par ce qu'ilz comprennent des formulaires asses longs et qui ne regardent pas
tant les actions communes des Seurs, comme les particulieres des formes et ceremonies dont on
use en leurs receptions seulement. Mays si vous les desirés encores, je vous les envoyeray au
premier advis que vous m'en feres donner, comm'encor les prattiques des Regles, qui est une
besoigne a part ; bien qu'apres tout cela, il faut que vous sachies que les Regles sont a Rome, ou
l'on sollicite pour reduire cette Congregation en Religion. Et peut estre que Sa Sainteté y fera
adjouster quelque chose ; ce que je ne pense toutefois pas devoir estre chose d'importance, puisque,
comme nous escrit celuy qui a l'affaire en main1251, il ny a point d'autre difficulté sinon pour le
regard de l'Office, que les messieurs qui ont l'intendance de cela veulent estre le grand Office du
Breviaire ; et nous desirerions que cette Congregation ne fut obligee qu'au petit Office, affin qu'elle
continuast a le chanter avec la gravité, distinction, tranquillité et, pour le dire en un mot, avec la
sainteté que ces ames le prononcent maintenant1252. Et pour obtenir cette grace, nous employons
la faveur de monsieur l'Ambassadeur1253 qui, avec le nom de Madame la Serenissime Infante1254,
fera a mon advis reuscir heureusement l'affaire ; en quoy la signora Donna Genevra n'a pas peu de
credit1255.
Cependant, vivés et l'une et l'autre toutes en Dieu, hors lequel la vie est une mort, et auquel
la mort est une heureuse vie. Que si vous me faites la faveur de demander a sa divine Majesté une
pareille grace pour [384] moy, ce sera m'obliger de plus en plus a vouloir estre pour jamais,
Madame,
Vostre plus humble, tres affectionné serviteur
en Nostre Seigneur,
FRANÇS, E. de Geneve.
Annessi, le XXV avril 1617.
Quand il en sera tems, Madame, j'escriray a Monseigneur le Prince1256, pour la prosperité
duquel, et de toute la Mayson1257, nous faysons des speciales et continuelles prieres, tant publiques
que particulieres : en quoy nous obeissons avec anticipation de sousmission aux desirs des
Serenissimes Infantes1258.
Madame de Bressieu, qui est la1259, m'a fait grandement presser d'envoyer ces Regles ; c'est
1250 Despuis j'ay fait suppleer par addition ce qui manquoit.
1251 On voit par les lettres de sainte Jeanne-Françoise de Chantal que le Procureur général des Barnabites, le P. Tobie
Corona (voir ci-dessus, note (710), p. 203), s'occupait beaucoup à Rome des affaires de la Visitation. C'est lui sans
doute que le Saint désigne ici, ou encore, peut-être, le gentilhomme destinataire de la lettre du 27 avril 1616. (Voir
ibid., p. 198.)
1252 Cf. la lettre au Cardinal Bellarmin, pp. 238 seq.
1253 Philibert-Alexandre Scaglia (voir ci-dessus, note (695), p. 197), ambassadeur de la cour de Savoie à Rome.
1254 Marguerite de Savoie, duchesse de Mantoue, protectrice de la Visitation. (Voir le tome précédent, note (344), p.
104, et cf. ci-dessus, pp. 203, 246.)
1255 Elle était sœur de l'ambassadeur.
1256 Victor-Amédée, prince de Piémont.
1257 La Maison de Savoie.
1258 Marie et Françoise-Catherine de Savoie, huitième et neuvième enfants de Charles-Emmanuel Ier et de Catherine-
Michelle d'Autriche, étaient nées, l'une le 8 février 1594, la seconde le 6 octobre 1595. Rapprochées par l'âge, elles le
furent encore par les mêmes attraits surnaturels vers la vie parfaite. Toutes deux entrèrent dans le Tiers-Ordre de saint
François d'Assise, et au milieu des pompes de la cour, en observèrent les Règles et en gardèrent plus soigneusement
l'esprit. Vers 1612, D. Juste Guérin, Barnabite, était devenu leur confesseur et directeur ; sous la conduite de ce maitre
habile, on les vit faire de tels progrès dans la vertu, qu'elles parurent, dit un historien, « comme deux astres brillants
qui ont éclairé tout l'Etat et attiré l'admiration du monde. » (Arpaud, Vie de Mgr D. Juste Guerin, 1837, liv. I, chap.
VIII.) Leur temps était partagé entre la prière et les bonnes œuvres, et l'on raconte de ces saintes princesses les
merveilles de dévotion, d'humilité et de charité admirées dans la vie des plus illustres serviteurs de Dieu. L'infante
Marie séjourna longtemps à Bologne, puis se rendit à Rome où elle mourut en 1656, instituant le Pape Alexandre VII
son exécuteur testamentaire. Sa sœur Catherine était décédée à Biella quinze ans auparavant, le 20 novembre 1641.
(Guichenon, Hist. génial, de la Maison de Savoie, tome II.)
En 1617, les Sérénissimes Infantes, avec plusieurs dames de la cour, songeaient à fonder une Maison de la
Visitation à Turin. Les détails des préliminaires de cet établissement seront donnés dans la suite de la correspondance
de saint François de Sales.
1259 Ennemonde de la Forest, veuve Roero de Bressieu (voir ci-dessus, note (660), p. 189) était alors à Turin.
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27.9 Page 269

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pourquoy je n'ay pas pris le loysir de les faire mieux escrire, dont je vous supplie de m'excuser.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Pignerol. [385]
_____
MCCCI. A la Présidente le Blanc de Mions. Agir et parler sans
regard sur le qu'en dira-t-on. Est-ce hypocrisie « de ne pas
faire si bien que l'on parle ? » Marcher « par le milieu des
belles vertus, » et non « par les extremités » des subtilités.
Différents conseils sur quelques points particuliers et sur
l'oraison. La vocation de Mlle de Gérard. Pourquoi les
livres du Saint « ont treuvé de l'acces » en l'esprit de la
Présidente. Salutations à plusieurs dames de Grenoble.
Une triste affaire. Folie des enfants du monde
Annecy, 26 avril 1617.
Je respons a vostre lettre du 14, ma tres chere Fille. 1. Dites a cette chere Barbe Marie1260,
qui m'ayme tant et que j'ayme encor plus, qu'elle parle librement de Dieu par tout ou elle pensera
que cela soit utile, renonçant de bon cœur a tout ce que ceux qui l'escoutent peuvent penser ou dire
d'elle. En un mot, je luy ay des-ja dit quil ne faut rien faire ni rien dire pour en estre loué, ni laisser
aussi de rien faire ou rien dire crainte d'estre loué. Et ce n'est pas estre hipocrite de ne faire pas si
bien que l'on parle, car, Seigneur Dieu ! a quoy en serions nous ? Il faudroit donq que je me teusse,
de peur d'estre hipocrite, puisque si je parlois de la perfection il s'ensuivroit que je penserois estre
parfait. Non certes, ma tres chere Fille, je ne pense pas estre parfait parlant de la perfection, non
plus que je ne pense pas estre Italien parlant italien ; mais je pense sçavoir le langage de la
perfection, l'ayant appris de ceux avec qui j'ay conversé qui le parloyent.
2. Dites luy qu'elle poudre ses cheveux, puisque son intention est droite ; car les cogitations
qui viennent sur cela ne sont nullement considerables. Il ne faut pas entortiller vostre esprit parmi
ces toiles d'araignee. Les [386] cheveux de l'esprit de cette fille sont encor plus deliés que ceux de
sa teste, et c'est pourquoy elle s'en embarasse. Il ne faut pas estre si pointilleuse, ni s'amuser a tant
de repliques ausquelles Nostre Seigneur n'a point d'egard. Dites luy donq qu'elle marche a la bonne
foy, par le milieu des belles vertus de la simplicité et humilité, et non par les extremités de tant de
subtilités de discours et de considerations. Qu'elle poudre hardiment sa teste, car les faysans gentilz
poudrent bien leurs pennages, de peur que les poux ne s'y engendrent.
3. Qu'elle ne perde pas le sermon ou quelque bonne œuvre faute de dire : Despechés ! mais
qu'elle le die doucement et tranquillement1261. Si ell' est a table et le Saint Sacrement passe, qu'elle
l'accompaigne en esprit, si il y a d'autres gens a table avec elle. Sil ny a personne, qu'elle
l'accompaigne, si, sans s'empresser, elle peut y estre asses tost ; et puis, qu'elle retourne doucement
prendre sa refection, car Nostre Seigneur ne vouloit pas mesme que Marthe le servit avec
empressement1262.
4. Je luy ay dit qu'elle pouvoit parler fortement et rrsolument, es occasions ou il est requis,
1260 La présidente Le Blanc elle-même (voir ci-dessus, note (117), p. 23). C'est sans doute pour condescendre aux
désirs de sa fille spirituelle que le Saint lui parle ici comme s'il s'agissait d'une tierce personne ; Mme Le Blanc craignait
peut-être de voir tomber en d'autres mains des lettres où sont traitées des questions assez intimes.
1261 Cf. supra, Epist. MCCXCIV, p. 369.
1262 Luc., X, 40, 41.
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pour retenir en devoir la personne qu'elle sçait1263 ; mays que la force estoit plus forte quand
ell'estoit tranquille et qu'on la faysoit naistre de la rayson, sans meslange de passion.
5. La Socirté des Douze ne sçauroit estre mauvaise, car l'exercice duquel elle se sert est bon
; mays il faut que cette Barbe Marie, qui ne veut point de peut estre, soufre celuy ci : que, peut
estre, cette Societé est veritable, car n'estant nullement tesmoignee par aucun Prælat, ni aucune
personne digne de foy, nous ne sçaurions estre asseuree (sic) qu'elle ayt esté instituee, le livret qui
le dit n'alleguant ni autheur, ni tesmoin qui en asseure1264. Ce qui ne peut nuire et peut proffiter est
neanmoins bon.
6. Qu'elle marche en l'orayson, ou par pointz, comme nous avions dit, ou selon son
accoustumee, il importe peu ; [387] ains nous nous souvenons bien que nous luy dismes que
seulement elle praeparast les pointz et s'essayat, au commencement de l'orayson, de les savourer ;
et si elle les savoure, c'est signe que Dieu veut qu'elle suive cette methode, au moins alhors. Que
si neanmoins la douce presence accoustumee l'occupoit par apres, elle s'y laissast aller, et aux
colloques aussi qu'elle fait par Dieu mesme, qui sont bons en la sorte qu'elle me les represente en
vostre lettre ; mays pourtant, il faut aussi quelquefois parler a ce grand Tout, comme voulant que
nostre rien face quelque chose. Or, puisque vous lises nos livres, je n'adjousteray rien, sinon que
vous aillies simplement, rondement, franchement, et avec la naifveté des enfans, tantost entre les
bras du Pere celeste, tantost tenue par sa main.
7. Quant a Mlle de Gerard ou Reautier1265, sil y a apparence qu'on puisse eriger une Mayson
par dela1266, il la faut faire venir icy, car il y aura plus de facilité de la renvoyer ; si moins, je
persevere qu'elle suive sa premiere visee1267. Mais au premier cas, je vous laisseray mesnager
l'affaire pour Lyon, non pas envers ma Seur Favre1268, qui sera tous-jours contente de ce que nous
[388] ferons, estant si grandement nostre fille et seur comme ell'est ; mais ailleurs, a Lion, ou vous
sçaves1269. Or, de ceci faites en la responce a Mme de Boqueron1270, sil vous plait, en cas que je ne
puisse pas luy escrire, car je suis fort pressé, certes, et par consequent ne sçaurois escrire a Mme de
Saint André1271 pour ce coup. Si vous luy faites voir la copie de ce que j'escrivoys a Mme de
Vicillieu1272, cela suffiroit pour un tems.
Je suis bien ayse que mes livres1273 ont treuvé de l'acces en vostre esprit, qui estoit si brave
que de croire quil se suffisoit a soymesme ; mays ce sont les livres du Pere, et du cœur duquel vous
estes la chere fille, puisque ainsy a-il pleu a Dieu, auquel soit a jamais honneur et gloire.
1263 Selon toute probabilité, le mari de la destinataire, Pierre Le Blanc de Mions. (Cf. ci-dessus, p. 370.)
1264 Des recherches sur cette Societé des Douze ont été faites à Grenoble et ailleurs, et sont malheureusement
demeurées sans résultat.
1265 Nous avons déjà nommé cette demoiselle parmi les premières aspirantes de Grenoble à la Visitation (voir ci-
dessus, note (1162), p. 348), et nous la retrouverons plus tard comme destinataire. Son père, Honoré de Gérard ou
Girard, seigneur de Réautier et des Orres, était d'Embrun. Il s'établit dans la capitale du Dauphiné par une charge à la
Chambre des Comptes, épousa la sœur du président de Bouqueron, Anne Béatrix-Robert, et mourut au bout de
quelques années. Après avoir vu sa mère passer à de secondes noces, Hélène de Gérard fut rappelée dans sa famille
paternelle. Elle avait dix-huit ans quand, de retour à Grenoble, elle se consacra entièrement à la piété, à la suite de
l'assassinat de son fiancé. Mme de Bouqueron, sa tante, la prit avec elle, lui laissant toute liberté de s'adonner à la vie
dévote. D'abord résolue d'entrer chez les Dames de Sainte-Claire, Mlle de Gérard, dès qu'elle eût connu l'Evêque de
Genève, n'aspira qu'au bonheur d'avoir place dans la Congrégation fondée par lui. (D'après l’Histoire de la Fondation
de la Visitation de Grenoble ; cf. à l'Appendice I, les lettres de la Mère Favre, 12 février et 7 mars 1617.)
1266 A Grenoble.
1267 Le premier désir de Mlle de Gérard avait été d'entrer à la Visitation de Lyon. (Cf. à l'Appendice I, les lettres de la
Mère Favre, 12 février et 7 mars 1617.)
1268 La Mère Marie-Jacqueline Favre, Supérieure de la Visitation de Lyon.
1269 Auprès de l'Archevêque, Denis-Simon de Marquemont, qui avait agréé l'admission de la prétendante.
1270 C'était la femme de Gaspard Béatrix-Robert, seigneur de Bouqueron, président au Parlement de Grenoble. (Cf.
note (1265) de la page précédente.)
1271 Fille du célèbre chancelier Pomponne de Bellièvre et de Marie de Prunier, Marguerite de Bellièvre épousa, le 6
février 1604, à Paris, Laurent de Prunier-Saint-André, qui devint, en 1616, président au Parlement de Grenoble.
(D'Hozier, Armorial général de France.)
1272 Marguerite de la Croix de Chevrières, dame de Veyssilieu (voir ci-dessus, note (1215), p. 371).
1273 L'Introduction a la Vie devote et le Traitté de l'Amour de Dieu.
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28 Pages 271-280

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28.1 Page 271

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Je n'escris donq a personne qu'a vous, mais je desire bien pourtant que, par vostre
entremise, je puisse saluer madame de Saint André et madame de Virieu1274, que vous cherisses si
ardemment. Et puis, madame Odeyer1275, qui m'a bien escrit une lettre fort devote, dont je suis
bien consolé, car je luy souhaite beaucoup de bonheur spirituel ; et madame de Boqueron, et puis
en fin la bonne [389] mere1276, et nostre bon M. d'Urme, que mon ame honnore et ayme
parfaitement1277.
J'envoyeray les Regles de la Visitation au premier jour ; je les avoys fait des-ja transcrire,
mais il les faut envoyer a Thurin, ou l'on pense a l'erection d'une Mayson puissamment1278.
Le President qui a tué sa femme estoit un bon homme, mais cholere1279 ; l'Abbé qui a esté
blessé n'estoit pas prestre, ni ordonné es Ordres sacrés, mais possedoit le benefice de son abaye,
pour estre de grande mayson1280. On dispute qui avoit le tort ; helas ! je les regrette tous, car je
pense quil l'avoit (sic) tous. O que les enfans du monde sont sages ! ce dit on. O quilz sont folz !
ce dit Dieu. Bienheureux sont les enfans de Dieu, car ilz l'ayment et sont aymés de luy.
Annessi, le XXVI avril 1617.
A Madame
Madame la Presidente de Mions.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation de Chambéry. [390]
_____
1274 Née du mariage d'Artus de Prunier, marquis de Saint-André, premier président au Parlement du Dauphiné, et
d'Honorade de Simiane, Gasparde avait épousé en 1608 François de Virieu, seigneur de Pupetières, etc. Elle n'eut que
deux enfants, Charles et Marguerite, et vivait encore en 1644. (Rivoire de la Batie, Armorial du Dauphiné.) Mme de
Saint-André (voir note (1271) ci-dessus) et Mme de Virieu étaient belles-sœurs.
1275 Jean-Claude Audeyer ou Odeyer, conseiller au Parlement de Grenoble en 1616 et président en 1622, fut marié
deux fois. Le 10 août 1606. il épousa Marguerite de Fay, et, à une date qui nous est inconnue, Françoise de Bazemont.
Celle-ci, devenue veuve en 1650, teste le 16 fevrier 1662. (Note de M. le comte de Terrebasse).
1276 Jusqu'ici il n'a pas été possible de découvrir qui était la mère d'Ennemonde Chausson, dame Le Blanc de Mions.
1277 Jean-François d'Ulme, chanoine de Grenoble qui contribua beaucoup à la fondation du Monastère de la Visitation
de cette ville. Il sera destinataire.
1278 Voir ci-dessus, Lettre MCCC, p. 383.
1279 Second président à la Chambre des Comptes de Savoie, Jean-Georges Crespin était originaire du Dauphiné, et
s'était marié avec Lucrèce Belly. On verra dans le tome XVIII la suite de l'affaire malheureuse dont il est ici question
et qui eut lieu dans la première quinzaine d'avril.
1280 Sylvestre de Saluces, fils de Michel-Antoine, comte de la Mente, de Versolier, etc., et de Bernardine d'Aubry,
avait, en 1617, environ quarante-cinq ans. Ancien abbé de Mézières, il régit d'abord l'abbaye d'Hautecombe en qualité
d'économe, et en reçut la commende le 1er février 1605. Remplacé quelque temps par son neveu Adrien, à qui il laissa
plus tard son bénéfice, il obtint de nouvelles Bulles d'abbé le 21 juin 1610. La volonté de Charles-Emmanuel suppléa
aux conditions exigées des abbés d'Hautecombe pour avoir place de droit au Sénat, et Sylvestre de Saluces prit séance
dans cette assemblée le 4 décembre 1606. Il s'occupa davantage des intérêts de son souverain que de ceux de son
abbaye et remplit plusieurs missions diplomatiques, particulièrement en France, où nous le retrouverons dans la suite.
Il mourut à Chambéry le 29 septembre 1636, et fut enseveli sous le cloître d'Hautecombe. (Cf. Blanchard, Histoire de
l'abbaye d'Hautecombe, Chambéry, 1874, Partie III, chap. VII.)
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28.2 Page 272

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MCCCII. Au Prince de Piémont, Victor-Amédée1281. Nouvelles
plaintes au sujet du doyen de Sallanches.
Annecy, 26 avril 1617.
Monseigneur,
Vostre Altesse est protectrice de la discipline ecclesiastique, et la regardant en cette qualité,
je luy remonstre que le Doyen de Salanche, nommé Choysi, vient parmi ce pais faire des levees
de gens de guerre et, tant de deça comme dela les montz, profane furieusement sa profession
ecclesiastique et l'Ordre de prestrise qu'il a, par mille mauvais et scandaleux deportemens, indignes
mesme d'un soldat desbauché1282.
Mays le bon est, qu'avec cela il obtient subrepticement et par surprise des lettres de Son
Altesse1283, par lesquelles elle commande au Chapitre de Salanche de le faire jouir des fruitz de sa
præbende comme s'il estoit resident1284 ; ce que Vostre Altesse sçait trop mieux estre contraire au
droit divin, ecclesiastique et civil. Et neanmoins, il ne laisse pas de presser et molester ledit
Chapitre, abusant ainsy du nom et de l'authorité de Son Altesse, laquelle sans doute n'a point de
telle intention, puisque mesme cet homme ne la sert nullement a ses despens, et n'est pas capable
de luy faire aucun service qui merite aucune consideration speciale, n'estant non plus bon soldat
que bon prestre. Qui me fait recourir a la providence de Vostre Altesse, affin qu'il luy playse de
renvoyer ledit Choysi a sa residence pour y rendre son devoir, et declarer que, sans cela, il ne peut
recevoir ni demander les fruitz [391] de sa præbende, et que ce n'est pas la volonté de Son Altesse
qu'on se departe des loix et constitutions ecclesiastiques. Il importe que cette insolence en cette
sorte de personnes soit reprimee.
Cependant, je ne cesseray jamais de souhaiter toute sorte de parfaite prosperité a Vostre
Altesse, demeurant a jamais,
Monseigneur,
Son tres humble, tres obeissant et tres fidele
orateur et serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve.
XXVI avril 1617, Annessi.
Revu sur l'Autographe appartenant à Mme Morrison, à Londres.
_____
1281 Les éditeurs précédents adressent àfaux cette lettre au Duc de Savoie ; c'est son fils, le prince de Piémont, qui était
plus spécialement le protecteur de la discipline ecclésiastique et secondait l'Evêque de Genève dans le travail de
réforme. Notre texte, d'ailleurs, fait mention de « Son Altesse, » c'est-à-dire du souverain.
1282 Voir ci-dessus, note (1145), p. 342, et la Lettre MCCLXXXVII, p. 355.
1283 Le duc de Savoie.
1284 Voir les Lettres MCCLXXVIII, p. 342 et MCCLXXXVII, p. 355.
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28.3 Page 273

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MCCCIII. Au duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier.
Indifférence de l'Evêque de Genève pour le choix de la ville où
il doit prêcher. Le bon plaisir de son souverain décidera entre
Paris et Grenoble
Annecy, 30 avril 1617.
Monseigneur,
J'ay receu maintenant le commandement que Vostre Altesse me fait de me preparer pour
aller prescher l'Advent et Caresme suivant a Paris ; et neanmoins, par lettres de M. le Baron de
Marcieu1285, j'ay sceu que [392] Vostre Altesse m'avoit accordé pour le mesme Advent et Caresme
a la cour du Parlement de Grenoble1286 : qui me fait supplier tres humblement Vostre Altesse de
me faire sçavoir auquel des deux lieux je m'attendray d'aller, m'estant, pour moy, chose asses
indifferente, pourveu que, ou que je sois, ce soit selon le bon playsir de Vostre Altesse, a laquelle
je suis, et a laquelle je souhaite toute sainte prosperité, comme doit,
Monseigneur,
Vostre tres humble, tres fidele et tres obeissant
orateur et serviteur,
FRANCS, E. de Geneve.
Annessi, 30 avril 1617.
_____
MCCCIV. A Madame de la Fléchère. La grâce d'un trépas.
Difficultés au sujet d'un mariage. Une pénitente du Saint.
Messages et nouvelles
Annecy, 30 avril 1617.
Il faut bien pourtant, ma tres chere Fille, vous respondre un mot. J'ay dit louange en mon
cœur1287 a la Providence celeste sur le trespas de la pauvre Gavent1288 ; ce luy a esté une grace
speciale de partir de ce monde, puisqu'elle y couroit tant de hasard de s'y perdre.
Vous aves fort bien traitté avec madame la Comtesse1289 pour le cousin1290 et pour moy.
1285 L'éditeur de la Correspondance de Lesdiguières et d'autres auteurs se sont mépris au sujet du baron de Marcieu,
chargé d'affaires du gouverneur du Dauphiné. Le titre de baron de Marcieu n'appartint jamais à Octavien Emé de
Saint-Julien, mais au frère de sa femme, Diane de Montaynard. Fils de Guy-Balthazard de Montaynard, seigneur de
Marcieu (mort en 1579), et de Joachime de Guiffrey. Guy-Balthazard, second du nom, épousa Anne Fléard. et en eut
une fille unique, Virginie. Celle-ci porta en dot la baronnie de Marcieu à son cousin-germain Ennemond Emé de Saint-
Julien (1622).
En 1617, Guy-Balthazard, baron de Marcieu, était en Italie, occupé à diverses missions ; l'année suivante on
le trouve à la cour de France, servant d'intermédiaire entre les ministres et le duc de Lesdiguières qui l'aimait beaucoup.
Il fut aussi l'un des négociateurs du mariage de Christine, fille de Henri IV, avec Victor-Amédée de Savoie. (D'après
Moreri, et Rivoire de la Batie, Armorial du Dauphiné, passim.)
1286 Voir ci-dessus, la lettre du 12 avril à Bénigne Milletot, p. 380. Des démarches avaient été faites par les amis de
l'Evêque de Genève pour l'avoir comme prédicateur à Paris en 1618 ; jusqu'à la fin de l'année 1617, la question resta
en suspens ; ce fut le Parlement du Dauphiné qui l'emporta.
1287 Ps. CXVIII, 164.
1288 Voir ci-dessus, note (75), p. 10.
1289 La comtesse de Tour non (voir note (1293) de la page suivante).
1290 M. de Charmoisy.
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28.4 Page 274

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Certes, je ne pense pas [393] que le cousin ne se soit fort bien comporté en cette occasion, ainsy
quil en rendra bon compte si l'on veut. Pour moy, vous le sçavés ; mays il faut avoir un peu de
patience. Le cousin auroit grand'envie de sçavoir si c'est Son Excellence1291 qui a dit quii ne s'estoit
pas voulu engager d'escrire a M. de Saint Damian pour ce mariage1292 ; par ce que si c'estoit elle,
il faudroit en parler plus reservement, quoy qu'il n'en soit rien. Si vous le pouvés sçavoir, vous le
me pourres escrire, et je le mesnageray.
Hier nous fismes une bonne confession, Mme de Tornon1293 et moy, et nous nous sommes
rendus grans cousins, et croy qu'elle fera merveilles en la devotion.
Le P. Commissaire1294 vous dira que je n'ay eu nul loysir de luy parler, sinon presque de
M. le Prieur1295, pour un affaire quil a avec les exacteurs de la decime. Je salue infiniment
madamoyselle de Beaufort, que je cheris parfaitement1296 ; mays je n'ay pas du tems asses pour
luy escrire.
Dieu soit a jamais au milieu de vostre cœur, pour le benir de ses plus cheres benedictions,
ma tres chere Fille. 5
M. de Torens1297 n'est pas icy. Nostre Mere1298 est toute malade de sa defluxion et a pris
medecine.
Dieu vous benisse, ma tres chere Fille. Amen.
XXX avril 1617.
A Madame
Madame de la Flechere.
Revu sur une copie déclarée authentique, conservée à Turin, Archives de l'Etat.
_____
1291 Sigismond d'Est, marquis de Lans.
1292 Le marquis de Saint-Damien était Henri, fils aîné de Prosper-Marc de Maillard, comte de Tournon, et de Philiberte
de Beaufort, né en 1590. Il se signala dans la guerre du Montferrat, particulièrement devant Trino où il fut blessé
(1613), et au combat d'Asti (mai 1615). C'est en récompense de ses services, et pour acquitter une dette de quinze
mille écus envers son père, que Charles-Emmanuel lui inféoda le marquisat de San Damiano et Pagliera (2 juin 1616).
Quel est le projet de mariage auquel M. de Charmoisy était soupçonné de n'être pas favorable ? Tout ce que
nous savons, c'est que Henri de Maillard épousa par contrat dotal du 11 janvier 1621, Charlotte-Emmanuelle d'Urfé,
fille de Christophe d'Urfé et de Marie de la Forest. Dix ans plus tard, Victor-Amédée le créait maréchal de camp
général de ses armées, et le 30 octobre 1632, il décédait « tres chrestiennement » à Rumilly, où il fut « ensepulturé »
le lendemain « dans la chapelle de ses predecesseurs. » (Dufour et Mugnier, Les Maillard, Chambéry, 1889, et Reg.
par. de Rumilly.)
1293 Philiberte de Beaufort, veuve de Prosper-Marc de Maillard, comte de Tournon, ou peut-être encore Jéronyme sa
belle-sœur, ancienne abbesse de Sainte-Catherine. (Voir tome XIV, note (248), p. 79.)
1294 Le P. François de Chambéry, Capucin (voir le tome précédent, note (859), p. 264).
1295 Jean-François de Blonay, prieur commendataire de Saint-Paul en Chablais. (Voir tomes XV, note (1003), p. 354,
et XVI, notes (305), (497), pp. 91, 157.)
1296 Jeanne-Aimée de Beaufort (voir ci-dessus, note (919), p. 268).
1297 Bernard de Sales, baron de Thorens.
1298 La Mère de Chantal.
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28.5 Page 275

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MCCCV. A Madame de Granieu. Ce que François de Sales
aimait « passionnement » dans l'âme de la destinataire. Une
vérité connue des enfants de Dieu avant la dernière heure. Le
repos dans la patrie
Annecy, [avril 1617 1299.]
C'est la verité, Madame ma tres chere Fille, qu'entre les souvenirs que j'ay des ames que
Dieu m'a fait aymer, [395] celuy de la vostre m'est de tres grande consolation ; car j'ay veu un
certain despouillement des creatures et de leurs vanités, qu'il m'est impossible de n'aymer pas
passionnement.
Tenes bien, je vous supplie, vostre cœur haut eslevé comme cela, ma tres chere Fille ; qu'il
ayt tout a fait son soin attaché a la belle eternité qui vous attend. Les enfans du monde confessent
ordinairement en mourant que cette vie n'est pas considerable que pour l'eternelle ; mais les enfans
de Dieu touchent toute leur vie cette verité.
Vivés comme cela parmi toute cette multitude de fascheuses occupations que vostre
condition vous oblige de voir et d'avoir ; et comme ceux qui s'acheminent a leurs patries n'esperent
le repos qu'apres y estre arrivés, ainsy pretendés tous-jours a cette paix perdurable a laquelle vous
alles et ardes, travailles et marches.
Je suis consolé dequoy petit a petit vous faites vostre chemin tres aysé. Dieu soit a jamais
au milieu de nos espritz, qui est le souhait continuel,
Madame, de
Vostre tres humble et plus obeissant serviteur,
FRANÇS, E. de Geneve. [396]
_____
1299 Quand l'Eveque de Genève vint prêcher à Grenoble, il logea chez M. de Granieu, et trouva la femme de son hôte
« dans l'exercice d'une fervente piété... ; il n'eut qu'à modérer les ardeurs de cette dame, et à régler ses exercices avec
ce temperament de douceur et d'égalité d'esprit qui luy estoit si naturelle. » N'avons-nous pas là le signalement de la
destinataire que le Saint déclare dépouillée « des creatures et de leurs vanités ? »
Née en 1579 de François de Ferrus, conseiller du Roi et maître ordinaire de la Chambre des Comptes en
Dauphiné, et d'Emeraude de Portes, Laurence avait à peine sept ans quand elle demeura orpheline. Elle en comptait
seize lorsqu'elle fut accordée en mariage (25 avril 1595) à François de Gratet, conseiller du Roi, trésorier général de
France en Dauphiné, seigneur de Granieu, du Bouchage, de Dolomieu, etc. La vertu de la jeune femme fit l'admiration
de la ville et le charme de sa famille. Se séparant du monde sans le quitter, Mme de Granieu s'appliqua « à l'éducation
de ses enfans et au bon ordre de sa maison. Ces soins, qui semblent si divers, ne partagèrent jamais son esprit ; elle y
eut un recueillement qui l'attacha toujours à Dieu, et son naturel tout de feu n'éclata jamais au dehors que par le zèle
qu'elle eut de faire servir Dieu chez elle. » Amie intime de la Mère de Chantal, grande bienfaitrice des deux Maisons
de la Visitation à Grenoble, Mme de Granieu voulut avoir sa sépulture au second Monastère de Sainte-Marie. Son corps
y fut porté le jour même de sa mort (3 ianvier 1652) et inhumé onze jours après. (Menestrier, Vie de Laurence de
Ferrus, dame de Granieu, Dauphinoise, Lion, Brun, 1898.)
Le ton de cette lettre indique un début de correspondance, surtout si on la compare avec celles qui suivront,
beaucoup plus confiantes. C'est pourquoi nous la plaçons après le premier Carême prêché à Grenoble par saint François
de Sales.
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MCCCVI. Au Cardinal Robert Bellarmin (Minute inédite).
Désirs et démarches du saint Evêque pour l'érection d'un
Séminaire
Annecy, [1615-1617 1300.]
Illustrissimo et Reverendissimo Signor
Illustrissime, Révérendissime et très
Padron colendissimo,
vénéré Seigneur,
Fra le cose che potrebbono aiutar
questa misera et afflitta diocaesi di Genevra,
l'una delle principali sarebbe l'erettione d'un
Seminario, laquale fù già tentata dalla buona
memoria del Signor Vescovo mio
predecessore1301 ; ma coll' incontro di tante
contradittioni, che non fù [397] possibile
tirarla inanzi, perchè egli procedeva per via1302
dell'applicatione de' beneficii, delli quali
gl'huomini sono tanto bramosi, che, quanto
possono, impediscono che a' collegii et simili
opere pie si uniscano, acciò loro in particolare
li possino godere.
Entre les choses qui pourraient aider ce
pauvre et affligé diocèse de Genève, l'une des
principales serait l'érection d'un Séminaire.
Déjà, des tentatives furent faites par Mgr
l'Evêque mon prédécesseur, de pieuse
mémoire ; mais il y rencontra tant de
contradictions, [397] qu'il ne fut pas possible
de les poursuivre, car il procédait par voie
d'application des bénéfices, dont les hommes
sont si avides que, pour en jouir en leur
particulier, ils en empêchent de tout leur
pouvoir l'union aux collèges et à telles autres
œuvres de piété.
Per il che, con altro mezzo desiderarci
ripigliar quel dissegno, se però Sua Santità si
degnarà favorirci in quel modo che dal R. P.
Benedetto Giustiniano1303 sarà proposto a V. S.
Illma et Rma, laquale perciò supplico
humilissimamente che appresso Nostro
C'est pourquoi je désirerais reprendre
ce dessein par un autre biais, si toutefois Sa
Sainteté daigne nous favoriser en la façon qui
sera proposée à Votre Seigneurie Illustrissime
et Révérendissime par le R. P. Benoît
Giustiniani. Je vous supplie donc très
1300 Tout ce qu'on peut dire pour la date de cette lettre, c'est qu'elle précéda presque certainement le voyage de D. Juste
Guérin à Rome vers la fin de 1617, et qu'elle semble postérieure à celui de Philippe de Quoex, fin 1613-1614. (Cf. le
tome précédent, pp. 113, 147 seq., et 239.)
1301 Fidèle observateur des ordonnances du Concile de Trente, Claude de Granier avait en effet voulu établir en son
diocèse un Séminaire. En 1589, il dressa l'acte d'érection, et lui-même prit « cinq jeunes enfans qu'il entretint à ses
despens une année entiere, » raconte l'auteur de sa Vie ; « mais il fut contraint de tout quitter à cause de sa pauvreté...
et par l'impossibilité de pouvoir mettre en execution le Decret du Concile en prenant une partie des revenus des
abbayes, prieurés et autres benefices du diocese pour fournir a l'entretien des jeunes enfans et de ceux qui les devoient
enseigner. » (La Vie du Rme et Illme Evesque Claude de Granier... par le P. Constantin, S. J., Lyon, Rigaud, 1640, liv.
II, chap. VIII.)
François de Sales partageait les désirs de son Evêque. Sa pensée principale dans l'établissement de la Sainte-
Maison de Thonon fut, avec le refuge offert aux nouveaux convertis, le recrutement des vocations sacerdotales. Les
articles XVIII, XIX des Constitutions ordonnèrent la création d'un Séminaire, lui attribuant les revenus réalisables du
prieuré de Saint-Hippolyte. Ce n'était là qu'un embryon ; le Saint voulait un Séminaire véritable, et en 1606, il chargea
son frère Jean-François de poursuivre à Rome ce projet. Le messager crut au succès. « Vous aurez un Seminayre, »
écrit-il le 2 avril, « et je pense qu'il sera de 24... « Belles espérances dont la réalisation ne vint pas. François de Sales
ne se découragea pas cependant. Après les négociations du P. Giustiniani, il enverra à Rome, à la fin de 1617, D. Juste
Guérin pour traiter de l'affaire qui lui tenait si fort au cœur. Dieu donna à d'autres la joie et la gloire de récolter là où
son Serviteur avait si péniblement semé ; mais on doit à la vérité de l'histoire de reconnaître la part qui lui revient dans
l'œuvre continuée et menée à bonne fin par Mgr Guérin et Mgr d'Arenthon d'Alex.
1302 per via [dell' unione]
1303 Le P. Benoît Giustiniani, Jésuite (voir le tome précédent, note (473), p. 151).
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Signore si degni adoprare la charità et zelo suo
et ajutarci in questo negotio1304 ; non dubitando
che il zelo il quale riluce nelli suoi1305 scritti, li
quali di tanto aiuto ci sono contro gli [398]
heretici, non la spinga ancora a favorirci in
questa occasione, laquale alla destruttione dell'
heresia calviniana nel suo capo, che è Genevra,
giovarà molto.
Et così, bascio humilissimamente le
mani a V. S. Illma et Rma et le pregho dal Signor
Iddio ogni vera felicità.
Revu sur l'Autographe conservé à la
Visitation d'Autun. [399]
humblement d'employer votre charité et votre
zèle auprès du Saint-Père et de nous aider en
cette affaire. Ce zèle qui reluit en vos écrits,
lesquels nous sont d'un si grand secours contre
les hérétiques, vous pressera [398] aussi, je
n'en doute point, de nous favoriser en cette
occasion, qui contribuera beaucoup à la
destruction de l'hérésie de Calvin dans son
siège même, la ville de Genève.
Sur ce, je baise très humblement les
mains de Votre Seigneurie Illustrissime et
Révérendissime, en implorant pour elle, de
Dieu notre Seigneur, tout vrai bonheur. [399]
_____
MCCCVII1306. A la Mère de Chantal, a Lyon (Fragments inédits)
Annecy, 21 septembre 1615.
Ce garçon me vient dire q[u'il part demain à]heures. Ma tres chere Mere, quel moyen
de vous escrire… ?
Or bien, me voyci de retour [de Chablais1307, où il n'y a plus de] danger1308, sinon comme
[trois] ou quatre jours. Je re[avec] intention de passer a [La Roche1309] pporte
1310Certes, j'ay esté fabonne fille. Vraye[ment] en sa perte, si ellel'absence de
reparee1311 [Monseigneur l'Ar]chevesque1312. J'ay receu vos [lettres] : et je dis quil sera
bonvous deves venir, quila mi octobre, et je tascheray [400] … a l'avantage. Si vous… en
litiere : c'est unefaçon de faire chemincelle [de] monsieuret de sa1313 possible a
Recteur1314. J'escris apres [souper, et ne puis] escrire a Monseigneur1315 l'Archevesque, ni a vous,
ma tres chere Mere, plus longuement.
Je vous tiendray advertie du succes de la maladie de la pauvre Seur Jeanne Charlotte, bien
1304 negotio [poichè con tanto frutto...]
1305 suoi [utilissimi]
1306 Vers la fin de l'impression de ce XVIIe volume, nous fut remis un Autographe en si triste état, qu'il tombait presque
en poussière : reste d'une grande lettre de trois pages in-4º ; la quatrième portait l'adresse. Nous donnons ce qu'il nous
a été possible de sauver de la destruction complète, laissant aux lignes leur disposition première, afin que le lecteur
puisse se rendre compte de ce qui manque.
Le millésime a disparu ; mais la maladie de la Sœur Jeanne-Charlotte de Bréchard et d'autres allusions ne
laissent aucun doute pour 1615. Ces fragments devraient donc se placer entre les Lettres MCXV et MCXVI, pp. 63,
64.
1307 En août-septembre 1615, le Saint avait fait un séjour en Chablais pour l'établissement des Barnabites dans la
Sainte-Maison de Thonon (cf. Lettre MCX, p. 45) ; il était rentré le 14 à Annecy.
1308 Voir ci-dessus, note (205), p. 47, et pp. 51, 53, 56.
1309 Voir ibid., pp. 55, 56.
1310 Les cinq lignes suivantes occupaient le bas de la première page.
1311 Ici commence la deuxième page.
1312 L'Archevêque de Lyon, Denis-Simon de Marquemont.
1313 Bas de la deuxième page.
1314 Le P. Charles Mallians, recteur des Jésuites de Lyon. (Voir le tome précédent, note (1083), p. 333.)
1315 Commencement de la troisième page.
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28.8 Page 278

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digne de compassion1316. Ma Seur de la Roche1317 la sert et preside de bonne sorte. Ne vous faschés
point, car nous avons encor de l'esperance ; et M. Grandis1318, avec lequel… m'a dit
occurren[ces] … Seur M. … 1319 Amen. Vive Jesus… tout vostre, vous mesme. V… Mere. — Le
XXI septembre] …
A Madame
[Madame de Chantal]
A Ste Marie de la Visitation.
A Lion.
Revu sur l'Autographe appartenant à M. Gonthier, à Lyon. [401]
1316 Voir ci-dessus, note (262), p. 65, et cf. Lettres MCXVI, MCXX et MCXXI.
1317 Sœur Claude-Agnès Joly de La Roche, l'une des premières professes qui restaient alors au monastère d'Annecy,
après la Sœur de Bréchard. (Voir tome XV, note (471), p. 158.)
1318 Médecin d'Annecy (voir ibid., note (90), p. 20).
1319 La lettre se termine tout au bas de la troisième page.
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28.9 Page 279

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Les notes marginales indiquent la corrélation des pièces de l'Appendice avec le texte des Lettres
de saint François de Sales. [402]
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28.10 Page 280

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Appendice
_____
I. Lettres adressées a Saint François de Sales par quelques
correspondants
_____
A. Lettre de Mgr Denis-Simon de Marquemont, Archevêque de Lyon
_____
Monseigneur,
1320Je viens d'apprendre que nous aurons aujourd'huy l'honneur de vous veoir en cete ville,
et ne fauldray point de monter an carosse pour vous aller rendre mes premiers devoirs si tost que
nos Vespres seront dittes. Cependant, avec ce peu de motz, fideles interpretes de mon allegresse,
je commence a vous rendre graces tres humbles du bonheur et des benedictions qu'attirera sur ce
pais vostre arrivee, et vous supplie tres humblement d'honorer de vostre sejour cete maison, qui
desireroit, an cete heureuse conjoncture, avoir encor les plus grands et plus illustres Prelatz qui
l'ont autresfois regie, afin que plus dignement elle peust recevoir vous, Monseigneur, qui estes
l'honneur et la coronne des Prelatz. Elle retiendra, s'il vous plaist, ses anciens merites, bien que
possedee par un successeur indigne qui vous en supplie, avec toutes les affections de son ame, et
est,
Monseigneur,
Vostre tres humble et tres affectionné confrere
et serviteur,
DENYS, Archev. De Lyon.
Ce dimanche, 28e juin [1615].
Revu sur le texte inédit, inséré dans le IId Procès de Canonisation. [403]
_____
B. Lettre de Mgr Pierre-François Costa, Nonce Apostolique a Turin1321
Molto Illustre et Reverendissimo Signor mio osservandissimo,
Diedi conto à Roma, con mandar anco copia del capitolo della lettera di V. S. Rma, della
speranza che si haveva della conversione alla santa fede cattolica del R. Claudio Boucard1322, già
della Compagnia di Giesù, relasso nell'heresie, et delle difficoltà che haveriano potuto impedire
tal buon opera. Sopra di che ne ricevo la risposta che V. S. Rma vedrà per l'annesso foglio,
contentandosi la Santità di Nostro Signore non solo di conceder facoltà à lei di assolverlo et
reconciliarlo alla santa Chiesa Cattolica, mà pensando anco di sovvenirlo nelle necessità
accennate. Dò però parte di tutto à V. S. Rma conforme al commandamento della Sacra
Congregatione, à fine che persistendo il suddetto nel medesimo proposito, lo assolvi, havuto
risguardo à quel che scrive il Signor Cardinal Verallo1323 per accertar il modo. Intorno à che, se mi
1320 Vide pp. 13, 16, not. (94).
1321 Voir tome XIII, note (678), p. 251.
1322 Vide tom. XIV, p. 37, not. (120), supra, p. 344, not. (1148), et infra, p. 415, I.
1323 Fabrice Veralli, créé cardinal-prêtre par Paul V en 1608, mort en 1624 à l'âge de cinquante-huit ans.
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29 Pages 281-290

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29.1 Page 281

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par superfluo di mandar à V. S. Rma altra instruttione, contuttociò, per obedire à superiori, le invio
l'altro alligato foglio per quel più che m'è sovvenuto e par che soglia praticarsi in simili occasioni.
Scrissi anco nell'istesso tempo à Monsignor Vescovo di Padova1324, dal quale mi fumo
rimessi li 50 ducatoni che presento haver poi V. S. Rma havuti per servitio del R. signor D.
Lodovico Desplano1325, che me n'hà inviati venticinque altri, come vedrà per l'alligate, che le
saranno pagati in vigore dell'annessa poliza di cambio. Si come di questi et de primi, mi sarà caro
esser avvisato da V. S. Rma della ricevuta.
Et non occorrendomi di vantaggio che annunciarle per molti [404] anni le buone feste del
santo vicino Natale in abbondanza delle divine gratie, resto, baciandole le mani,
Di V. S. molto Illustre et Rma,
Affezionatissimo servitor,
PIER FRANCO, Vescovo di Savona.
Di Turino, li XXI di Decembre 1615.
Monsr Vescovo di Geneva.
Revu sur l'original inédit, appartenant à M. le comte de Roussy de Sales, Archives de Thorens-
Sales (Annecy).
_____
C. Lettre de Mgr Denis-Simon de Marquemont, Archevêque de Lyon
Monseigneur,
1326Puisque jamais plus il n'y doibt avoir entre nous de ceremonies, je vous direy tout
naifvement que j'ay diferé si longtemps de vous escrire, pour ce que j'avois honte que vous vissies
mes lettres sans veoir par mesme moyen l'advis que je vous avois promis sur les Regles de la
Visitation. Je n'ay jamais eu ou le loisir ou le courage de m'applicquer serieusement a le dresser.
C'est pourquoy, cognoissant quil me seroit malaysé de faire mieulx, et gehenné d'autre part de tout
plein de considerations qui me pressent de me resouldre, j'ay employé deux soirées, hier et avant
hier, a brouillasser ce que je vous envoye presentement1327. Je creins bien fort que vous ayes grand'
peine a le lire, tant il est mal escript, et encor plus a l'entendre, tant il est mal digeré. Il est en sa
pureté naturelle, tel quil s'est presenté a mon esprit et a ma plume. C'est un escholier qui parle a
son maistre, un fils a son pere ; il n'y fault pas plus de mystere.
Vous devineres un peu et les motz et le sens, mais aussy seres vous asseuré que cet escript
n'ha point passé par les mains des copistes et que personne ne l'ha veu sinon celuy qui l'ha escript.
Si quelqu'un l'eust deu veoir, il y a dedans des libertés qui n'y seroyent pas. Si vous trouves bon
que madame de Chantal le voye, je m'an [405] remetz a vostre jugement ; mais bien vous supplie
je que personne autre ne le voye et quil vous plaise, dans quelques jours, me le renvoyer, pour ce
que je fais dessein de m'an servir comme d'un Memoire qui, sur le sujet de cet Institut, me fournira
diverses choses qui ont passé par mon esprit, mais ne s'arrestent point fidelement en ma memoire
; et j'an ay besoing pourtant, tant que cet affaire soit terminé entierement.
Je n'userey point icy de compliment ; j'ay mis au commencement de cet escript, en peu de
parolles, ce que j'ay deub dire, et que de nouveau je confirme et par ces lignes et par toute l'affection
de mon cœur. Je ne touche sinon l'institut : car pour la disposition des exercices de cet Institut, j'y
ay de la complaisance et de la passion, et n'ay point a an faire autre jugement, sinon les estimer et
admirer infiniment. Selon que nous demeurerons d'accord de l'estoffe, sili y a quelques motz ou
1324 Mgr Marc Cornaro qui gouverna le diocèse de Padoue de 1594 à 1625.
1325 Vide pp. 202, not. (707), et 203, not. (708).
1326 Vide Epist. MCLXII et p. 138, not. (500).
1327 Vide p. 138, not. (500).
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29.2 Page 282

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quelques periodes a changer en l'ouvrage, il n'y aura pas a travailler pour plus d'un jour. Il est
necessaire quil vous plaise faire deux reflexions : l'une, aulx incommodités communes a vostre
diocese et au mien ; l'autre, a celles qui sont particulieres au mien. J'ay touché les unes et les autres,
mais a la haste, et pourtant confusement ; qui m'oblige de vous supplier, comme je fais tres
humblement, d'y prendre garde.
Certes, mon premier souhet seroyt que nous peussions l'un et l'autre changer nos
Congregations en Religions formelles. Si cela ne se peult, je desire au moins que nous puissions
convenir de Regles qui soyent uniformes pour les deux Congregations. Enquoy, si vous approuves
l'ouverture que je fais d'allunger le noviciat des veufves et de deffendre les sorties aulx professes,
on peult reserver celles qui ont desja fait profession, lesquelles ayantz encor des affaires, pourront
sortir, et le reglement aura lieu seulement pour celles qui entreront desormais ; et cete reserve
pourra estre expresse, ou mentale, comme vous le jugeres a propos. Il sera malaysé que sans cet
article ou sans un autre de pareille teneur nous puissions convenir ; car jamais je ne pourrey bien
establir icy la Congregation si je n'y metz la closture. C'est l'advis de touts les Religieux et casuistes
qui an entendent parler ; mais c'est ce que me dient ouvertement les plus honorables et qualifiés
(sic) personnes de cete ville. Encor desireroyent ils bien fort que ce fust une Religion formelle, et
ont grand' peine a permettre autrement que leurs filles y entrent.
Que sil m'arrivoyt ce malheur que nous ne peussions convenir de cet article, je vous supplie
de tout mon cœur quil vous plaise en ce cas me donner vos bons et charitables advis, si je debvrey
ou continuer ma Congregation sur le modelle et les Constitutions de la vostre, y changeant ce que
je jugerey necessaire en mon diocese, [406] comme nous voyons qu'ont fait diversement les
Evesques de la province de Milan, ou bien si je changerey tout a fait ma Congregation en une
Religion formelle, en la maniere portée par mon escript. Mais ce dont je vous supplie plus
cordialement que de tout le reste, est quil vous plaise, apres avoir pezé meurement toutes choses,
me mander ce que vous juges selon Dieu que je doibs faire ; car, si apres avoir recommendé l'affaire
a Nostre Seigneur, vous voules que je laisse les sorties et que je me conforme a vous entierement,
et quil vous plaise an respondre a Dieu pour moy, je vous declare qu'avec cete condition, et soubs
la confiance que j'ay en vostre vertu, je mettrey soubs les pieds mon sentiment et tout ce que le
monde pourra dire ou faire, et establirey la Congregation, et an ferey publier et imprimer les
Constitutions de mot a mot, telles que vous ordonneres, sans y changer rien du tout.
Et au bon augure de ces motz je ferey fin, vous baisant en toute humilité les mains et recommendant
a vos prieres et Sacrifices mes infinies miseres. Je salue cordialement Messieurs vos freres et
madame de Chantal et toutes ses filles, et suis,
Monseigneur,
Vostre tres humble fils et tres affectionné serviteur,
DENYS, Archev. de Lyon.
De Lyon, ce 20 janvier 1616.
Monseigneur, je ne vous renvoye point encor les Constitutions, pour ce quil ne semble pas
que vous an ayes besoing pour vous resouldre sur l'Institut, lequel estant arresté, je vous renvoirey
les dittes Constitutions afin que vous y metties la derniere main pour les faire imprimer.
A Monseigneur
Monseigneur le Rme Evesque de Geneve.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy. [407]
_____
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D. Lettres de la Mère de Chantal
______
I
VIVE JESUS
1328Comme vous portez-vous, mon pauvre très unique Père ? Tou jours mieux, moyennant
la grâce de Dieu, non pas ? Hé Dieu ! oui, s'il vous plaît, mon bon Sauveur, et pour longtemps, je
vous prie, que cette chère santé de mon Père soit bien établie. Or bien, nous en parlerons de cela.
Mais cependant, me pourrez-vous dire oui ou non, simplement et courtement, de ce que je
vous vais demander ? Mes quatre jours sont passés, auxquels vous m'aviez marqué ce que je ferais
; et je vous rends compte en ces deux derniers petits feuillets de ce qui s'est passé, car les deux
premiers, c'est ma confession en laquelle vous n'entendrez rien. Pourrai-je encore demeurer
quelques jours en ma chère solitude, y continuant cette dernière affection ? j'y aurais bien de
l'inclination, pour un peu bien accoiser mon esprit en Dieu ; car vraiment, j'ai été un peu distraite
ces jours passés, et si bien votre mal ne m'a pas donné de l'inquiétude, il m'a donné de la douleur
et de la distraction ; à trois diverses fois, l'on en parla assez pour me toucher jusqu'au fond. Quand
l'on me disait enfin qu'il était dangereux, pensez, mon très cher Père, où cela allait. Oh bien ! Notre-
Seigneur m'a assistée ; il soit béni !
Mon tres cher Père, un mot de vos nouvelles, et si je demeurerai ou non en ma petite retraite
; car pour le reste, il se fera à loisir. Je demande ce mot, pourvu qu'il n'incommode rien ; autrement
ma Sœur Marie-Jacqueline1329 me le dirait bien. Bonjour, mon pauvre très cher Père, le doux Jésus
soit notre tout !
[Annecy, 18 mai 1616, matin.]
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy. [408]
_____
II
VIVE Jésus
Hélas ! mon unique Père, que cette chère lettre1330 me fait de bien ! Béni soit Celui qui vous
l'inspira, et que béni soit aussi le cœur de mon Père au siècle des siècles !
Certes, j'ai un extrême désir, et, ce me semble, une ferme résolution de demeurer en ma
nudité, moyennant la grâce de mon Dieu, et j'espère qu'il m'aidera. Je sens mon esprit tout libre, et
avec je ne sais quelle infinie et profonde consolation de se voir ainsi entre les mains de Dieu1331.
Il est vrai que tout le reste demeure fort étonné ; mais faisant bien ce que vous me dites, mon
unique Père, comme je ferai sans doute, Dieu m'aidant, tout ira toujours mieux.
Il faut que je vous die ceci : mon cœur chercherait, si je le voulais laisser faire, de se revêtir
des affections et prétentions qu'il lui semble que Notre-Seigneur lui donnera ; mais je ne le lui
permets nullement, de sorte que ces propositions ne se voient que de loin ; car enfin, il me semble
que je ne dois plus rien penser, désirer ni prétendre que ce que Notre-Seigneur me fera penser,
aimer et vouloir, ainsi que la nourrice qu'il me donnera me l'ordonnera ; car je suis exacte à ne la
point regarder.
1328 Vide Epist. MCXCIX, MCCI, et pp. 210, not. (728), 212, 213, not. (735).
1329 Sœur Anne-Jacqueline Coste (voir tome XIV, note (181), p. 63). C'est sans doute par distraction que la Sainte a
écrit M. J. ; car la Mère Marie-Jacqueline Favre était à Lyon en 1616, et il n'y avait pas alors au monastère d'Annecy
une autre Religieuse de ce nom.
1330 Epist. MCCIII.
1331 Cf. Epist. MCCIV.
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Mon Dieu nous veuille fortifier par sa douce bonté, et nous faire accomplir parfaitement ce
qu'il désire de nous, mon très cher Père. Que Jésus vous fasse un grand saint ; et je le crois ainsi.
Bénite soit sa bonté de votre guérison et bon repos !
Bonjour, mon vrai Père. Ce soir je vous manderai de mes nouvelles.
[Annecy, 18 mai 1616, après-midi.]
_____
III
VIVE † JESUS
Mon unique Père,
1332M. Grandis1333 m'a dit aujourd'hui que nous eussions encore bien soin de vous, que vous
ne deviez plus faire une si grande diète, qu'il fallait vous bien tenir et contregarder, à cause de la
fluxion qu'il faut craindre. Je suis bien aise de toutes ces ordonnances, et que vous gardiez votre
solitude, puisqu'elle sera encore employée au service de votre cher esprit. Je n'ai pu dire nôtre, car
il me semble [409] n'y avoir plus de part, tant je me vois nue et dépouillée de tout ce qui m'était le
plus précieux.
Mon Dieu ! mon vrai Père, que le rasoir a pénétré avant ! pourrai-je demeurer longuement
dans ce sentiment ? Au moins notre bon Dieu me tiendra dans les résolutions, s'il lui plaît, comme
je le désire. Hé ! que vos paroles ont donné une grande force à mon âme ! que celles-ci m'ont
touchée et consolée quand vous me dites1334 : « Que de bénédictions et de consolations » votre
âme a reçues, de me « savoir toute dénuée devant Dieu ! » Oh ! Jésus vous veuille continuer cette
consolation, et à moi ce bonheur.
Je suis pleine de bonne espérance et de courage, bien paisible et bien tranquille. Dieu grâce,
je ne suis pas pressée de regarder ce que j'ai dévêtu ; je demeure assez simple, je le vois comme
une chose éloignée, mais il ne laisse pas de me venir toucher ; soudain je me détourne. Que béni
soit Celui qui m'a dépouillée ! Que sa bonté me confirme et fortifie à l'exécution quand il la voudra.
Quand Notre-Seigneur me donna cette douce pensée que je vous mandai mardi1335, de me laisser
à lui, hélas ! je ne pensais point qu'il commencerait à me dépouiller par moi-même, me faisant
ainsi mettre la main à l'œuvre. Qu'il soit béni de tout et me veuille fortifier !
Je ne vous disais pas que je suis avec peu de lumière et de consolation intérieure ; je suis
seulement paisible partout, et semble même que Notre-Seigneur, tous ces jours passés, avait un
peu retiré cette petite douceur et suavité que donne le sentiment de sa chère présence. Aujourd'hui
encore, plus ou moins, il me reste fort peu pour appuyer et reposer mon esprit ; peut-être que ce
bon Seigneur veut mettre sa sainte main par tous les endroits de mon cœur pour y prendre et le
dépouiller de tout : sa très sainte volonté soit faite !
Hélas ! mon unique Père, il m'est venu aujourd'hui en la mémoire qu'un jour vous me
commandiez de me dépouiller ; je dis : « Je ne sais plus de quoi. » Et vous me dites : « Ne vous
l'avais-je pas bien dit, ma Fille, que je vous dépouillerais de tout ? » O Dieu ! qu'il est aisé de
quitter ce qui est autour de nous ! mais quitter sa peau, sa chair, ses os, et pénétrer dans l'intime de
la moëlle, qui est, ce me semble, ce que nous avons fait, c'est chose grande, difficile et impossible,
sinon à la grâce de Dieu. La seule gloire donc lui est due et lui soit rendue à jamais.
Mon vrai Père, ne me revêts-je point sans votre congé de cette consolation que je prends à
vous entretenir ? Il me semble que je ne dois plus rien faire, ni avoir pensée, ni affection, ni volonté
qu'ainsi qu'elles me seront commandées. Je finis donc en vous donnant [410] mille bonsoirs, et
vous disant ce qui me vient en vue : il me semble que je vois les deux portions de notre esprit n'être
1332 Vide Epist. MCCV, et p. 218, not. (752).
1333 Vide tom. XV, p. 20, not. (90).
1334 Epist. MCCIV.
1335 Le 17 mai.
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qu'une, uniquement abandonnée et remise à Dieu. Ainsi soit-il, mon très cher Père, et que Jésus
vive et règne à jamais ! Amen.
Ne vous avancez point de vous lever trop tôt ; je crains que cette sainte fête1336, ne vous
fasse faire un excès. Dieu vous conduise en tout.
[Annecy, 21 mai 1616.]
_____
E. Lettre du Maréchal de Saint-Géran1337
Monseigneur,
1338Ayant esté adverty que pour la perfection du bon œuvre que nous avons commancé en
ceste ville, capitale de mon gouvernement, qui est le nouvel establissement d'une Maison de Sainte
Marie, il failloit recourir a vous pour avoir vostre permission, afin de faire venir les Dames qui
doivent perfectionner ceste entreprise, j'ay creu que vous m'accorderiez la tres humble requeste
que je vous en fais, comme Monseigneur de Lion m'a liberalement octroyé sa permission pour
l'establissement.
Nous avons desja une maison propre, un fort bel oratoire, ou la benediction pontificale a
esté faicte par procuration expresse de Monseigneur l'Archevesque de Lion, lequel, pour me
favoriser, y fust venu luy mesme planter la croix, s'il n'heust esté retenu pour affaires pressez. Il
ne reste donc plus que vostre permission, afin que ces devotes Dames viennent ; dont je vous
supplie derechef tres humblement, vous asseurant que je fais gloire que, du temps de mon
gouvernement, le Bourbonnois soit des premieres provinces a recepvoir les Religieuses de vostre
Ordre, n'ignorant pas quelle est [411] vostre reputation et le renom de vostre sainte vie et merite
parmi la France ; ce qui me faict desirer de donner une de mes filles a vos Religieuses, quand elles
seront icy. Et outre l'asseurance que madame des Goufier1339 vous pourra donner qu'elles seront
bien et honorablement receues, je vous jure que je veux employer a leur service toute l'authorité
que le Roy m'a donnee en cette province, estant a vous, et a elles a vostre consideration,
Tres humble et passionné serviteur,
SAINT GERAN.
Du chasteau de Moulins, 3 juillet 1616.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Moulins, conservée au
1er Monastère d'Annecy.
1336 La fête de la Pentecôte qui tombait le 22 mai.
1337 Jean-François de la Guiche, seigneur de Saint-Géran, maréchal de France et gouverneur du Bourbonnais. Une note
plus détaillée sera donnée au cours de la correspondance de saint François de Sales.
1338 Vide p. 256, not. (882).
1339 Vide tom. XV, p. 343, not. (972).
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F. Lettre du Père Aignan Moreau, de la Compagnie de Jésus1340
Monseigneur,
1341Vostre Illustrissime Seigneurie sera suppliee par tant d'autres de nous envoyer de voz
cheres Filles, que j'ay douté si je devois adjouster ma priere a celle de sy puissans intercesseurs.
Toutesfois, sçachant que vous recepvez les grands et les petitz, j'envoye ces lignes vous pourter
ma suplication, vous asseurant que je reçois une joye singuliere en l'espoir de son interinement,
car l'odeur de voz fleurs naissantes commence a donner jusques a nous ; de noz plaines, dis je,
nous|commençons a descouvrir l'excellence de vostre ouvrage.
Ce n'est pas merveille, Monseigneur, que ce qui est sur les montagnes soit visible a tous ;
au contraire, je m'esbaÿs de l'admirable voile dont vostre humilité a sy longtemps couvert son
ouvrage. Or, Monseigneur, tirez le rideau, sil vous plaist, et nous communiqués ce que vous aves
faict pour la gloire de nostre commun Maistre. Ce que madame de Chantal a faict a Lyon, et
encores plus [412] ce qu'elle est, la faict extremement desirer icy. Pour mon particulier,
j'ambitionerois puissamment le bonheur qu'elle y vint au moins pour quelques mois ; mais d'autant
que c'est au maistre de famille de sçavoir sy la mere de la famille peut quicter la principale Maison
pour aller travailler ailleurs, je me remetz et soubmetz a vostre jugement et disposition, vous
asseurant que, quelles que ce soient de voz Filles qui viennent, nous les recevrons, cherirons et
servirons avec la mesme sincerité, respect et dilection non feinte que je suis, du Pere de ces
vertueuses Filles,
Tres humble, tres obeissant serviteur,
AIGNAN MOREAU, Jesuite.
De Moulins, 4 juillet 1616.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Moulins, conservée au
1er Monastère d'Annecy.
_____
G. Lettre du Maire et des Échevins de Moulins1342
Monseigneur,
1343Madame des Goufier ayant pris desir, avec bonne compagnie, de quitter l'Egipte du
monde pour se ranger en ceste ville en une Maison de vostre Ordre de la Visitation Saincte Marie,
comme en la terre de promission en laquelle elle espere jouyr des delices de son celeste Espoux ;
apres y avoir aporté les ceremonies necessaires en la benediction du lieu faicte par monsieur le
Doyen de Nostre Dame1344, en la presence de Monseigneur nostre Gouverneur1345, reste a present
la favorable assistance de vos graces, pour envoyer des ouvrieres en sy copieuse moisson que celle
de la vie contemplative, lesquelles, recuillans le pain des Anges en leurs ordinaires exercices [413]
et s'acquerans les faveurs du Ciel, puissent rendre nostre ville participante des benedictions qui se
reçoipvent par le merite de sy sainctes hostesses, lesquelles venant de vostre part nous apporteront
un esprit celeste et nous seront autant cherès comme asseurement, et a Vostre Seigneurie et a leur
pieté, nous demeurons a jamais,
1340 Voir plus haut, note (982), p. 287.
1341 Vide p. 256, not. (882).
1342 Depuis 1614 jusqu'au mois de novembre 1616, Jean de Champfeu remplit la charge de maire à Moulins ; les
échevins étaient : Feydeau de Lespaud, Beaucouzin ou Beaucousin, Louis Héroys et Roussel.
1343 Vide p. 256, not. (882).
1344 Claude Feydeau (voir plus haut, note (881), p. 255).
1345 Le maréchal de Saint-Géran (cf. ci-dessus, p. 411, E).
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De Moulins, ce 4 juillet 1616.
Voz tres humbles et tres obeissans serviteurs,
LES MAIRE et ESCHEVINS DE MOULIN,
FEYDEAU, BEAUCOUSIN, HEROYS, ROUSSEL.
Revu sur le texte inédit, inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Moulins,
conservée au 1er Monastère d'Annecy.
_____
H. Lettre de Mgr Denis-Simon de Marquemont, Archevêque de Lyon
Monseigneur,
1346Passant par cete ville pour m'en aller a Paris, j'ay veu les commencemens que madame
des Goufier a donné a une maison de la Visitation. Il est necessaire d'envoyer icy promptement
madame de Chantal ou, si sa santé ne le peut permettre, quelque autre Dame qui puisse donner
l'habit et l'esprit aulx filles et veufves qui veullent servir a Nostre Seigneur dans ce sainct Institut.
Les commencemens que je veoy icy sont si heureux, qu'il fault, Monseigneur, que je vous
die ce que j'ay apris d'un bon medecin : qu'encor que l'on veuille faire nourrir les enfans par d'autres
que par leur mere, il seroit a souheter, pour le proffit de l'enfant, que la vraye mere luy donnast le
premier laict, par un secret de nature qui, donnant et faisant produire l'enfant, ne manque pas a
fournir ce qui est pour son mieulx. Vous entendes ce que je veulx dire : si madame de Chantal,
vraye Mere de vostre Congregation, pouvoit venir icy donner le premier laict aulx filles
commençantes, je prevoyrey autant de bonheur a cete institution et fondation que de celle de nostre
Lyon, qui donne tousjours plus de contentement et d'esperance que Dieu y sera glorifié (fidelis
sermo est) ; car c'est ce que nous [414] pretandons. Il y aura encor icy, comme je prevoy, quelques
petites difficultés, qui se dissiperont des que l'on verra des Religieuses et que l'Office se fera.
Envoyes en donc au plus tost, Monseigneur, je vous supplie, et me donnes la benediction
de vos sainctes prieres, que je vous demande du bon de mon cœur, qui se proteste
Vostre tres humble et tres affectionné frere,
DENYS, Archev. de Lyon.
A Moulins, 6 juillet 1616.
Revu sur le texte inséré dans l'Histoire de la Fondation de la Visitation de Moulins, conservée au
1er Monastère d'Annecy.
_____
1346 Vide p. 256, not. (882).
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I. Lettre de M. Claude Boucard1347
Mon Seigneur Reverendissime,
1348Il faut en fin que Dieu soit victorieux ; la chair a beau regimber contre l'esguillon, et le
diable à redoubler ses tentations ; quant il plaist au S. Esprit de convertir une ame, il faut en fin
que sa vocation soit efficace. J'en sens les mouvements et l'experience en moi mesmes.
Quant je fus dernierement a Tonon, plusieurs considerations humaines et les troubles
causées (sic) par l'ennemy de mon salut m'empescherent de passer outre, mais non toutefois en
sorte que mon dessein fut aucunement changé, ni ma bonne volonté diminuee en façon
quelconque1349. Au contraire, Dieu par sa bonté infinie, qui avec la tentation faict accroissement
de grace, m'a depuis mon retour eslargy nouvelle force et vertu, voire jusques à surmonter et
vaincre toutes les puissances adverses.
Et afin, Monseigneur, quil soit evident que ce ne sont pas parolles seulement et que vous
en aiez pleine asseurance, outre l'obligation que j'y ay desja, j'ay faict vœu a Dieu, et le faicts encor
maintenant en vostre presence, de quitter et abandonner tout pour me rendre à la sainte Eglise
Catholicque ; et ce, dedans brief temps et sans beaucoup temporiser par negligence. Si j'avois la
cognoissance [415] des temps et des moments que le Pere Celeste retient en sa puissance,
j'apposerois quelque terme prefix a ce mien vœu ; mais au moins, incontinent apres la S. Martin
prochaine, sil plaist a Dieu me prester santé, toutes mes pensees, touts mes efforts et desseins se
banderont à effectuer ma promesse ; et ay ferme esperance en Dieu, qui ne me confondra point,
puis que l'entreprinse est pour son service, honneur et gloire, que par sa grace il me suppeditera
touts moiens a ce necessaires, et ostera touts empeschements invincibles : Erunt prava in directa,
et aspera in vias planas. Ce sera donc au plus tost, Monseigneur, que j'iray vers vous pour recevoir
voz commandements et faire tout ce que vous jugerez expedient pour la gloire de Dieu, à quoy je
me dispose de bon cœur.
Si donc quelqu'un estoit entré en doute de ma constance, je prie (et c'est icy presque la
principale fin pourquoy j'escry la presente) que telle deffiance soit levee, car jamais je ne fus mieux
resolu. Je hay infiniment l'heresie et l'ay en telle abhomination que, par force, il faut que je quitte
le lieu ou elle regne, nonobstant toutes affections naturelles vers les miens. Je suis du tout dedié à
l'Eglise Catholicque. Oblivioni detur dextera mea si non meminero tui Hierusalem. C'est a elle
que je vouë le service de tout le reste de ma vie, et si les forces estoint pareilles au courage, ce ne
seroit pas pour petites choses mais pour grandes ; toutefois, j'attendray la vocation de Dieu. C'est
pourquoy je desire d'estre tousjours recommandé a la benignité et grace de ladicte saincte Eglise,
et de ressentir son indulgence, laquelle j'espere et m'y confie.
Le commun bruit est par deça que l'alliance entre Son Altesse et Messieurs de Berne est si
fort avancee qu'elle s en va comme conclue. Je tiens pour certain de bon lieu que Messieurs de
Berne, entre autres conditions, ont demandé que l'Interim1350 soit remis aux bailliages de Chablais
esquels il a esté autrefois ; quod Deus avertat. Il est vray que je ne sçay pas a quoy penche et
incline cest affaire la, mais selon mon petit advis, c'est chose qu'il ne faut pas negliger.
Je vous prie d'avoir assiduellement memoire de moy en voz saincts Sacrifices et oraisons ;
je suis,
Monseigneur Reverendissime,
Vostre tres humble et dedié serviteur,
C. BOUCART.
De Lausanne, ce 4 octobre 1616.
A Monseigneur
1347 Voir tome XIV, note (120), p. 37.
1348 Vide p. 344, not. (1148).
1349 Cf. supra, p. 404, B.
1350 Vide tom. XI, p. 277, not. (613).
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Monseigneur le Reverendissime Evesque de Geneve.
A Nissy.
Revu sur l'Autographe inédit, conservé à la Visitation d'Annecy. [416]
_____
J. Lettre de M. René Gros de Saint-Joyre
Monsieur,
1351En response de la vostre tres-aggreable du 28 septembre1352, que j'ay receüe le 10 du
present, je vous diray non seulement que je voy vos Œuvres de l'oeil favorable que je dois, et fais
en icelles le profit que je peux ; mais de plus, je vous confesseray de bouche que,
de vostre plenitude
Je me suis tout remply, et qu'estes mon estude.
La Mire de vie a l'amour parfaict, que j'ay faicte au nom et sur le nom de madame Marie
de Levi, tres-digne Abbesse du monastere Royal de S. Pierre de Lyon1353, vous en fera foy, et à
tout le monde, si elle s'imprime1354. ainsi que desirent plusieurs de mes amis, à la volonté desquels
j'acquiesceray, si vostre approbation m'en donne le courage.
J'attends avec avidité d'estudier en ces beaux traictez que vous me faites esperer par la
vostre susdicte, afin, nous les donnant, qu'à moy et à ceux qui mieux que moy y feront leur profit,
vous nous disiez le dire du Poëte :
Vous estes mes ruisseaux, je suis vostre fonteine,
Et plus vous m'espuisez, plus ma fertile veine
Repoussant le sablon, jette une source d'eaux
D'un surgeon eternel pour vous autres ruisseaux.
En cette qualité et toute autre, je me diray toujours, Monsieur,
Vostre tres humble serviteur,
RENÉ GROS DE S. JOYRE.
A Belmont, ce 13 novembre 1616.
A Monsieur le Reverendissime Evesque de Geneve.
Revu sur le texte inséré dans La Mire de vie, etc.
(Bibliothèque de Lyon, 317, 181.) [417]
_____
1351 Vide Epist. MCCLXI.
1352 Cette lettre de saint François de Sales ne nous est pas parvenue.
1353 Marie de Lévis-Ventadour, fille d'Anne de Lévis, duc de Ventadour, et de Marguerite de Montmorency. Elle fut
successivement abbesse des monastères bénédictins d'Avenay (diocèse de Reims) et de Saint-Pierre de Lyon.
1354 Vide p. 315, not. (1063). et Append. II.
289/355

29.10 Page 290

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K. Lettre du Cardinal Robert Bellarmin
Admodum Illustrissime et Reverendissime Domine,
1355Etsi fortasse non multis in Urbe Reverendissima Amplitudo Vestra nota sit, mihi tamen
a multis annis virtutes vestræ, multæ et magnæ, notissima ; sunt ; neque mihi tantum, sed etiam
Sanctissimo Patri Nostro nota est vigilantia pastoralis et charitas in gregem proprium
Reverendissimæ Dominationis Vestræ1356.
Sed quod attinet ad negotium virginum et viduarum quod mihi Amplitudo Vestra
commendat, non scio prorsus quid agam ; tum quia nemo hic est, quod sciam, qui causam sollicitet,
tum quia certum est cum illis tribus conditionibus obtineri non posse ab Apostolica Sede, ut
confirmetur vera monastica professio. Ego quidem paratus sum pro viribus adjuvare propositum
Reverendissimæ Dominationis Vestræ, si quis sit qui ad me veniat et negotium urgeat ; hactenus
enim neminem vidi, nec satis scio cui litteras tradam quas nunc scribo.
Sed tamen, interim consilium dabo, quod mihi ipse acciperem, si res mea ageretur. Ego
igitur retinerem virgines et viduas istas in statu in quo sunt, nec mutarem quod bene se habet ; nam
ante tempora Bonifacii VIII, erant in Ecclesia Sanctimoniales, tum in Oriente, tum in Occidente,
quarum sæpe mentionem faciunt sancti Patres : ex Latinis, Cyprianus, Ambrosius, Hieronymus,
Augustinus ; et ex Græcis, Athanasius, Basilius, Chrysostomus et alii, sed illæ non erant ita clausæ
in monasteriis, ut non exirent quando opus erat. Nec ignorat Amplitudo Vestra, coram Deo vota
simplicia non minus obligare, nec minoris meriti esse quam solemnia ; solemnitas enim, ut etiam
clausura, inchoata est ecclesiastico instituto ab eodem Bonifacio VIII. Et nunc, etiam Romæ, floret
valde Monasterium nobilium fœminarum a Sancta Francisca Romana institutum, in quo tamen,
neque clausura est, nec solemnis illa professio1357.
Proinde si in ista regione, sine clausura et sine professione virgines et viduæ tam sancte
vivunt, ut audio, et simul prodesse possunt sæcularibus, non video cur ista ratio vivendi mutari
debeat1358. Hoc tamen consilium meum meliori judicio libenter submitto. [418]
Accepi, dum hanc epistolam scriberem, alias litteras Reverendissimæ Dominationis
Vestræ1359 pro negotio Avenionensi1360, pro quo laborabo quantum potero.
His bene valeat Reverendissima Dominatio Vestra, mei memor in sanctis precibus suis.
Admodum lllustrissimæ et Reverendissimæ Dominationis Vestræ,
Addictissimus atque ad obsequendum promptissimus,
ROBERTUS, Cardinalis BELLARMINUS.
Romæ, die 29 Decembris 1616.
_____
1355 Vide Epist, MCCXIX.
1356 Cf. p. 199, not. (699).
1357 Vide tom. XIV, p. 330, not. (946), et XV, p. 29, not. (114).
1358 Cf. Epist. MCCLXXXIII, et p. 349, not. (1164).
1359 Ces lettres n'ont pas été recouvrées.
1360 Vide Epist. MCCXLVI, MCCXLIX, MCCL et p. 294, not. (1001).
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30 Pages 291-300

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30.1 Page 291

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L. Lettre de Henri de Savoie, duc de Nemours
Monseigneur,
1361Le desplaisir que je reseus de ne vous avoir encores trouvé a Nissy quant j'y arrivé, ne
fut pas moindre que seluy que vous tesmoignes en avoir eu, car j'avois une estreme envie de vous
voir et entretenir ; mais je me consolle avec l'esperanse que j'ay d'avoir bien tost se contantement,
que je desire passionnement, pour estre un des plus grans que je puisse recevoir. Ce qu'attendant,
je vous prie de vous asseurer tousjours de mon affection et du desir que j'ay de la vous faire
congnoistre aus occasions, lesquelles ne s'offriront jamais aussy souvent que je les souhaite, pour
l'envie que j'ay que vous croies quil ny a personne qui vous soit plus aquis que moy.
Quant a se que vous m'escrivés pour le regard du bastiment de l'eglise des Peres Bernabites,
je contriburay tousjours tout se qui me sera possible pour ung si bon œuvre, estant bien marry que
je ne puis des a present leur faire congnoistre la volonté que j'en ay ; mais parse que les occasions
passees m'ont un peu mis en arriere, cela ne me peult permettre de faire tout se que je voudrois
bien1362. Neantmoins, je satisferay au desir de ses Peres le plus tost que je [419] pourray, voulant
en toute occasion leur tesmoigner l'affection que j'ay a tout se qui leur touche, et a vous combien
je suis, Monsieur,
Vostre plus affectionné a vous faire servisse,
HENRY DE SAVOYE.
Ce 26me janvier, a Lagnieu, 1617.
A Monsieur
Monsieur l'Evesque de Genefve.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.
_____
M. Lettres de la Mère Favre Supérieure de la Visitation de Lyon1363
_____
I
VIVE JESUS
Monseigneur,
Nous avons reçu aujourd'hui votre dernière lettre1364, où vous nous parlez de M.
l'Aumônier. Il a quitté la condition que l'on lui voulait donner, parce qu'il n'a pas eu le courage de
nous quitter. C'est un bon homme tout à fait ; il est nôtre pour longtemps1365.
Pour Mme du Puits-d'Orbe1366, elle est revenue à son abbaye, là où on ne la voulait pas
recevoir, et lui a-t-on fait la correction bien sèchement. Elle était allée voir certaine damoiselle.
Pour leur confesseur, il est de delà Paris, à ce que son frère même a dit ; et à même temps que ces
1361 Vide Epist. MCCLXXI, et p. 330, not. (1109).
1362 Vide p. 331, not. (1111).
1363 Nous avons substitué l'orthographe moderne à celle de la Mère Favre, qui rendrait la lecture de ses lettres trop
difficile.
1364 Epist. MCCLXXIV.
1365 Vide p. 335, not. (1118).
1366 Vide tom. XII, p. 271, not. (607), et cf. supra, p. 336, not. (1121).
291/355

30.2 Page 292

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Dames et lui sortirent, M. l'Evêque Dangre (de Langres)1367 a donné une sentence contre lui, que
s'il retournait en Bourgogne, il n'y irait que de la vie. Nous n'en savons pas la raison. Enfin, il s'en
est parlé fort mal à propos ; Dieu veuille qu'il y ait plus d'innocence que le monde ne pense ! Mon
Dieu, mon très honoré Père, que de malheurs qui sont parmi le monde ! Bienheureux qui vit en
crainte ! Pour moi, je ne puis mal penser de cette Dame1368, je la crois trop vertueuse.
Monseigneur, notre chère Mère s'est trouvée mal1369 ; nous vous supplions très humblement
de mettre bon ordre, avant que partir de [420] Nicy1370, que l'on la fasse conserver ce Carême ;
autrement elle se gâtera et se ruinera de santé tout à fait. O Dieu ! mon très cher et honoré Père,
c'est la douleur la plus sensible au cœur que l'on puisse avoir ; toutes les contradictions ne sont
rien, au prix de savoir du mal à cette chère Mère.
L'affliction de madame de Thorens nous a touchée vivement1371 ; il faudra qu'elle ait
recours à saint François de Paule, sans doute elle y trouvera du bonheur1372. Monseigneur, nous
vous envoyons des lettres de nos chères Sœurs de Moulins ; nous n'écrivons point séparément à
notre chère Mère, faute de temps.
La sortie de ma bonne Sœur Marie-Jeanne s'achemine assez doucement1373 ; nous en avons
écrit amplement au R. Père Coton1374, son confesseur, qui est celui qui nous l'a remise ; il nous a
conseillé de la mettre dehors, et le Père Remont, Jésuite1375, et tous ceux à qui nous en parlons et
qui la connaissent.
Hélas ! Monseigneur, demandez bien cette force pour votre pauvre grande fille ; elle en a
bien besoin, il se présente plusieurs'occasions à la bien employer. Nous vous supplions d'agréer
que nous saluions mille fois en toute humilité notre chère Mère. Toutes nos Sœurs vous saluent
très humblement, Monseigneur ; nous supplions Notre-Seigneur vous continuer ses plus chères
grâces. Après vous avoir salué en toute révérence, je me dis, Monseigneur,
Votre très humble et plus obéissante fille et servante
en Notre-Seigneur,
M. J. FAVRE, de la Visitation.
Dieu soit béni.
De Lyon, ce 26 janvier [1617].
Ma sœur Le Blanc1376 vous salue très humblement ; elle est auprès de nous, elle vous prie
de ne la point nommer dame, mais Sœur Barbe Marie1377.
A Monseigneur
Monseigneur le Rmo Evêque et Prince de Genève.
A Nicy.
Revu sur l'Autographe inédit, conservé à la Visitation d'Annecy. [421]
_____
II
1367 Mgr Sébastien Zamet qui avait pris possession du siège de Langres en 1615.
1368 Rose Bourgeois, abbesse du Puits-d'Orbe.
1369 Cf. p. 341, not. (1143), et infra, p. 424.
1370 Pour se rendre à Grenoble.
1371 Vide p. 336.
1372 Cf. tom. præced. Epist. CMLXIV.
1373 Il s'agit de la sortie de Sœur Jeanne-Marie Coton du monastère de la Visitation de Lyon, où elle était novice. (Voir
note (803), p. 232, et cf. note (1194), p. 359.)
1374 Vide tom. præced. p. 221, not. (715).
1375 Aucun Religieux de ce nom ne se trouvait alors dans la Province lyonnaise de la Compagnie de Jésus. On rencontre
en celle d'Aquitaine un P. François Remond qui, vers 1617, fut envoyé à Rome ; il est fort possible qu'il se soit arrêté
À Lyon en se rendant en Italie.
1376 Vide p. 366, not. (1210).
1377 Cf. pp. 23, 367, not. (1211).
292/355

30.3 Page 293

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VIVE JESUS
Monseigneur,
Nous supplions Notre-Seigneur vous continuer abondamment l'assistance de son Saint-
Esprit et faire réussir votre travail à sa plus grande gloire.
Nous avons reçu les lettres que vous écrivîtes la veille de Noël1378, environ cinq semaines
après. Nous avons donné à Monseigneur de Lyon celle qui s'adressait à lui ; nous ne l'avons pas
vu du depuis.
Nous louons Notre-Seigneur, mon très honoré Père, de ce que vous trouvez des âmes si
fort disposées au bien1379, et de quoi vous trouvez la nièce de M. de Bouqueron propre1380. A la
vérité, Monseigneur, son infirmité nous met un peu en peine, car elle est grande, bien que l'on dise
que ce soit un mal qui n'ira pas en empirant, parce que ce n'est pas une défluxion, ains une
incommodité que la vérole lui a laissée. Je trouve son cœur et son esprit, pour le peu de
connaissance que nous en avons, bien à notre gré. Oh ! Dieu fera bien tout réussir selon sa sainte
volonté, s'il lui plaît.
Nous avons reçu une fille à l'essai, de la main de Mme Le Blanc1381, qu'on espère qui fera
bien ; elle a eu une étrange persévérance à vouloir être toute à Dieu.
Monseigneur l'Archevêque dit qu'il ne veut pas que l'on en reçoive davantage que l'on ne
sache la fin des affaires de Rome1382.1383 Nous vivons avec des incertitudes et des irrésolutions et
humiliations si grandes, que je ne sais quelquefois où nous en sommes. Mon Dieu, Monseigneur,
que nous avons bon besoin de l'assistance de sa divine Majesté et qu'il nous fortifie ! Avec toutes
ces rencontres journalières, qui sont assez pleines de mortification, je n'ai nul sentiment de
confiance, ni quasi de courage, bien que, grâces à Dieu, nous ressentons toujours, à la pointe de
l'esprit, de l'amour à tout ce qui arrive, parce que nous le voyons partir comme des choses que
Dieu permet et qu'il nous donne pour nous humilier. Il faut avouer, Monseigneur, que tout ce qui
se passe ici conduit fort à l'humilité, à qui en voudra faire profit. Il nous semble que le fruit que
Notre-Seigneur nous [422] fait tirer de cela est un dénuement de toutes choses créées et l'affection
de ne tenir qu'à Dieu seul. Nous avons quelquefois ces vues avec quelque sentiment, et quelquefois
non. Eh ! Dieu nous rende telle que sa Bonté nous désire. Nous implorons l'assistance de vos
prières, mon très cher Père, pour ce sujet et pour cette petite Maison tant remplie de traverses.
Monseigneur, nous vous envoyons une Valentine1384. Toutes nos chères Sœurs vous saluent
très humblement : elles sont bonnes filles, Dieu merci. Sa Bonté nous fasse la grâce de les imiter,
et de nous rendre digne de l'heureuse qualité que je possède à me nommer,
Monseigneur,
Votre très humble et plus obéissante fille et servante
en Notre-Seigneur,
M. J. FAVRE, de la Visitation.
Dieu soit béni.
De Lyon, ce 12 février 1617.
1378 Malheureusement, ces lettres et celles que mentionne la lettre suivante n'ont pas été retrouvées.
1379 Cf. Epist. MCCLXXXVIII, et p. 356, not. (1189).
1380 Vide p. 388, not. (1265), (1267) et infra, p. 425.
1381 Cf. Epist. præced.
1382 Vide p. 349, not. (1163), et cf. Epist. MCCLXXXIII.
1383 Tout ce qui précède est inédit. Ce qui suit, jusqu'à ces mots (p. 423, lig. 4) : « Nous implorons l'assistance de vos
prières, » a été inséré, mais avec des modifications notables, dans la Vie de la Mère Favre, par la Mère de Chaugy
(Les Vies de IV des premieres Meres, etc., Annessy, 1659, chap. VIII, p. 34), et reproduitpar Migne, tome V, col.
1001. La fin de la lettre est également inédite.
1384 Sainte protectrice que l'on tirait au sort le 14 février, fête de saint Valentin, selon que l'avait établi François de
Sales, pour remédier à un usage tout profane et dangereux. (Voir Charles-Auguste, Histoire, etc., liv. V, éd. 1634, p.
284 ; éd. Vivès, 1857, tome I, p. 343.)
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30.4 Page 294

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A Monseigneur
Monseigneur le Rme Evêque et Prince de Genève.
A Grenoble.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy.
_____
III
VIVE Jésus
Monseigneur,
Nous supplions Notre-Seigneur vous donner et continuer de plus en plus son saint amour.
Nous avons reçu vos lettres avec toujours une particulière consolation : c'est le remède à
tous les maux qui nous pourraient arriver ; je veux dire que, quelle sorte de peine ou d'abattement
d'esprit que nous ayons, vos nouvelles nous remettent en courage et en vigueur. Le livre de l'Amour
de Dieu nous sert et nous aide grandement à être un peu courageuse aux contradictions dont cette
vie est remplie. Plaise à la divine Majesté conserver longuement et heureusement l'auteur, pour sa
gloire. [423]
Mon Dieu, mon très honoré Père, nous sommes un peu en peine de notre digne Mère qui
reprend si fréquemment ces accidents si fâcheux et dangereux1385 ; elle en a eu un depuis que vous
êtes à Grenoble, à ce que nous écrit monsieur de Boisy1386, force d'avoir trop parlé à nos Sœurs au
Chapitre. Si vous ne lui faites des commandements bien exprès, Monseigneur, de se conserver,
elle demeurera un jour en ces convulsions. Nous vous demandons très humblement pardon si nous
parlons de la sorte ; nous savons bien le soin que votre bonté en a, mais mon affection s'échappe
toujours un peu, et nous espérons que vous ne le trouverez pas mauvais.
……………………………………………………………………………………………………..
Monseigneur l'Archevêque nous a remises tout à fait à M. de Saint-Nizier et l'a fait le Père
spirituel de la Maison1387. Nous vous envoyons les Règles des Ursulines de Paris, avec les Bulles
qu'elles ont obtenues de Sa Sainteté ; Monsieur de Chenevoux1388 nous les a envoyées, nous avons
pensé que vous seriez peut-être bien aise de les voir.
Nous louons Notre-Seigneur de ce que cette chère Sœur de la Valbonne fait tous les jours
mieux1389 ; elle nous fait grande honte, elle avance, et nous croyons que nous allons en arrière.
Nous sommes toujours la moindre de vos filles, mon très honoré Père, mais de celles qui ont plus
de désir de vous obéir et de plaire à Dieu.
Nous ne vous disons rien de ma Sœur Barbe-Marie1390 ; nous croyons qu'elle vous écrira
et qu'elle aura l'honneur de vous voir bientôt. C'est une bonne âme, et à laquelle cette Maison est
fort obligée.
Toutes nos chères Sœurs vous saluent très humblement en toute révérence, mais plus que
toutes, celle qui a l'honneur de se dire,
Monseigneur,
Votre très humble et plus obéissante fille et servante
en Notre-Seigneur,
M. J. FAVRE, de la Visitation.
1385 Cf. supra, p. 341, not. (1141), et p. 421.
1386 Jean-François de Sales (voir plus haut, note (207), p. 48).
1387 Vide p. 103, not. (397).
1388 Jacques Coton, seigneur de Chenevoux, frère aîné de Mme d'Aix ; celle-ci, en entrant à la Visitation de Lyon, lui
avait confié ses deux enfants. (Cf. ibid., note (803), p. 232.)
1389 Cf. supra, p. 336.
1390 La présidente Le Blanc (cf. ibid., note (1211), p. 367, et p. 421).
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De Lyon, ce 21 février 1617.
Dieu soit bèni.
Revu sur l'Autographe conservé à la Visitation d'Annecy. [424]
_____
IV
VIVE JESUS
Monseigneur,
Nous supplions notre Sauveur vous continuer l'abondance de ses grâces.
Nous vous remercions très humblement du soin que vous avez de nous faire savoir de vos
nouvelles, bien qu'à même temps nous vous supplions de n'en point prendre la peine, vous avez
assez d'autres occupations ; il suffira que M. Michel1391 nous fasse savoir quelquefois comme vous
vous portez.
Nous venons de recevoir à l'essai cette damoiselle pour laquelle vous prîtes la peine de
nous écrire. Nous ne la connaissons point ; néanmoins son premier abord nous agrée assez, et nous
espérons qu'elle sera propre pour notre sorte de vie : Dieu lui en fasse la grâce ! Ce sera le plus
grand bonheur qu'elle puisse avoir, que de se rendre digne de la grâce que sa divine Majesté lui a
faite, et à nous aussi.
Monseigneur et mon très digne Père, nous louons notre bon Dieu et vous remercions très
humblement de la bonne nouvelle que vous nous dites de nos affaires de Rome1392 ; nous espérons
qu'à (sic) la seule difficulté qui reste sera bientôt éclaircie, s'il plaît à Notre-Seigneur1393.
Nos Sœurs sont toujours là, en attendant de faire profession1394. Nous aurons bon courage,
s'il plaît à Dieu, Monseigneur, puisque vous nous le commandez. J'ai toujours des grands désirs
d'être telle que vous nous désirez et que Dieu nous veut ; mais il faut que tout vienne de lui, par
l'intercession de vos saintes prières.
Monseigneur, nous serons bien aise que la nièce de M. de Bouqueron vienne1395 ; nous
avons une grande bonne opinion que ce sera une bonne servante de Dieu. Nous espérons que, avant
que vous sortiez de Grenoble, que nous vous écrirons que nous sommes logées1396 ; au moins, l'on
est fort après. [425]
Nous avons eu nouvelles de Nicy. Notre chère et digne Mère se porte bien ; Mme Colin1397
l'est allée voir et y sera quelques jours. Vous avez ma Sœur Le Blanc à Grenoble, nous en sommes
extrêmement aise ; cela la rendra toute brave, d'avoir le bonheur de vous communiquer de son
âme1398.
Nous supplions Notre-Seigneur qu'il vous conserve longuement et heureusement pour la
gloire de son saint Nom. Nous nous disons en toute humilité,
Monseigneur,
Votre très humble et plus obéissante fille et servante
en Notre-Seigneur,
1391 M. Michel Favre, aumônier de saint François de Sales. (Voir plus haut, note (722), p. 208.)
1392 Cf. p. 349, not. (1164), et supra, p. 418, K.
1393 La difficulté concernait l'obligation du petit Office de la Sainte Vierge, qui devait remplacer, pour les Religieuses
de la Visitation, celui du Bréviaire. (Cf. ibid., p. 383.)
1394 Cf. Epist. MCCLXXXIII, et p. 349, not. (1163).
1395 Vide p. 388, not. (1265), (1267) et supra, p. 422.
1396 Le 29 avril 1617, fut passé le contrat d'acquisition de la maison et du jardin de M. Thierry, sis en Bellecour,
paroisse Saint-Michel ; et le 14 juin, la petite Communauté quitta sa première demeure de la rue du Griffon (voir le
tome précédent, note (983), p. 304), pour s'installer dans le nouveau monastère.
1397 Vide tom. præced., p. 241, not. (779).
1398 Cf. p. 367, not. (1211).
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30.6 Page 296

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M. J. FAVRE, de la Visitation.
Dieu soit béni.
Toutes nos chères Sœurs vous saluent très humblement et en toute révérence, et tout à part,
nos Sœurs professes1399, mais plus que toutes, votre chétive grande fille. Ma Sœur Marie-Aimée a
bien reçu la lettre que vous dites avoir pris la peine de lui écrire1400.
A Lyon, ce 7 mars 1617.
A Monseigneur
Monseigneur le Rme Evêque et Prince de Genève.
A Grenoble.
Revu sur l'Autographe inédit, conservé à la Visitation d'Annecy. [426]
_____
N. Lettre du P. Louis de la Rivière, minime1401 (Fragment)
……………………………………………………………………………………………………..
J'ay veu, passant a Lyon, ceste grande et admirable Fille de vostre cœur1402, devuider ses
affaires avec un si profond jugement, accompagné d'un recueillement si religieux et d'une douceur
si atrayante et sans alteration, que si je n'eus pas sceu qui elle estoit, je n'aurois pas laissé de juger,
par une consequence indubitable : Voyla la grande Fille de nostre tres debonnaire Pere,
Monseigneur de Geneve.
……………………………………………………………………………………………………..
[Avril-mai 1616 ou 1617 1403.]
Revu sur le texte inséré dans la Vie manuscrite de la Mère Favre, par la Mère de Chaugy,
conservée à la Visitation d'Annecy. [427]
_____
1399 Les professes se réduisaient alors à deux : les Sœurs Marie-Aimée de Blonay et Anne-Françoise Chardon ; cette
dernière avait remplacé au monastère de Lyon la Sœur de Chastel. (Voir le tome précédent, note (1097), p. 337.) Six
novices attendaient l'autorisation de Mgr de Marquemont pour prononcer leurs vœux ; la permission vint enfin, et la
cérémonie eut lieu le 18 juin 1617.
1400 Cette lettre ne nous est pas parvenue.
1401 Voir plus haut, note (354), p. 145.
1402 La Mère Marie-Jacqueline Favre.
1403 Le P. de la Rivière a dû écrire cette lettre après l'un des deux Carêmes qu'il prêcha dans la ville d'Annecy, en 1616
et 1617 (cf. plus haut, notes (354), p. 145, et (1146), p. 343) ; d'où la date flottante que nous indiquons. Du reste, la
Mère de Chaugy, citant ce fragment dans la Vie de la Mère Favre, le place à la suite du récit des contradictions
suscitées par l'Archevêque à la Supérieure de la Visitation de Lyon, ce qui correspond à la même époque.
296/355

30.7 Page 297

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O. Lettre d'une dame1404
Monsieur,
J'ay leu six fois depuis un an vostre Philothée ; je ne sçay si sa conversation m'a rendue
meilleure, mais au moins je voudrois bien luy ressembler. J'ay leu aussi depuis un mois tout vostre
Theotime, où j'ay appris que l'amour de nostre bon Dieu n'est pas de la nature de ceux du monde
et de la Cour1405. Je m'en vais donc tascher de mouler ma vie sur celle de vostre Philothée, et
n'aimer avec Theotime rien que Dieu, ou pour luy, et selon sa tres aimable volonté.
Je vous prie donc, Monsieur, de m'assister de vos prieres et de me donner quelques conseils
particuliers. Au reste, je ne vous ferois pas cette demande, si je n'estois tres-assurée que Dieu vous
a ouvert le livre des consciences, et qu'en vous declarant mon nom je vous découvre qui je suis et
tout ce qui se passe dedans mon interieur. De plus, je trouve vos pratiques et vostre devotion si
ajustée à mon humeur et à la foiblesse de mon sexe, que je ne croy pas que vous me puissiés rien
commander que je ne puisse tres-facilement accomplir. Je connois aussi plusieurs dames qui ont
le bien de vivre dessous vostre saincte conduite, et qui m'ont assuré que Dieu vous avoit fait naistre
en ce siecle pour nous apprendre la vertu, et qu'il ne tiendra qu'à nous d'estre sainctes, si nous
voulons suivre les douces loix de vostre saincteté. Pour moy, je vous choisis pour mon bon Pere
et mon bon Directeur, et je vous jure que, voulant estre toute à Dieu, je me resous d'estre vostre
tres-chere fille selon Dieu.
Adieu, Monsieur et tres-cher Pere, et continués de faire, comme vous commencés, autant
de sainctes comme il y a de femmes dans le monde. [428]
……………………………………………………………………………………………………..
_____
II. René Gros de Saint-Joyre aux amans de l'amour parfaict
(Extrait des pièces préliminaires de la Mire de vie, etc.)
_____
1406L'oracle de cet Escript est desployé à chascun. Il est loisible à tout le monde de consulter
son trepied, qui est le Traitté de l'Amour de Dieu de Monsieur de Sales, Evesque de Geneve. J'ay
emprunté ses richesses, sans en rien diminuer le fonds, de ce tres-docte Gentilhomme et tres-devot
Prelat, lequel je n'ay l'honneur de cognoistre que par lettres1407, mais que je recognois avec tous,
particulierement en ce parfaict amour,
Estre un parfaict miracle apparu de nos jours.
Car celuy qui, ravy du son de ses discours,
Oit et void tout ensemble une telle merveille,
Douteux de ce que plus il y faut admirer,
Ne sçait lequel des deux il devroit desirer :
De se voir devenir tout oeil ou tout oreille.
Quant a la tissure et l'ordre que j'ay donné à ce petit ouvrage, je croy que Celle au nom de
qui il vient en lumiere1408, m'obtiendra de son Amour parfaict, la grace particuliere de mourir de
1404 Le P. Talon, S. J., en citant cette lettre dans sa Vie du Bien-heureux François de Sales, Evesque et Prince de
Geneve (éd. de 1641), chap. X, la dit écrite par « une Dame tres-noble et tres-vertueuse ; » malheureusement, il ne la
nomme pas. Peut-être nous sera-t-il possible plus tard de la découvrir parmi les disciples de François de Sales à Paris.
Quant à la date, tout ce qu'on peut assurer c'est qu'elle est postérieure à 1616.
1405 Cf. p. 238, not. (829).
1406 Cf. Epist. MCCLIX, et vide p. 315, not. (1064).
1407 Cf. p. 314, not. (1062).
1408 Marie de Lévis-Ventadour, abbesse de Saint-Pierre de Lyon. (Cf. ci-dessus, note (1353), p. 417.)
297/355

30.8 Page 298

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l'amour qu'obtint l'amoureux Chevalier sur le mont des Olives1409 [429] …
1409 Vide Tr. de l'Am. de Dieu, liv. VII, chap. XII (tom. V, p. 45).
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Glossaire des locutions et des mots surannés ou pris dans
une acception inusitee aujourd'hui1410
______
(L'astérisque désigne les mots qui ont paru dans le Glossaire des tomes précédents.)
* A pour dans (p. 372, lig. 9), de (pp. 107, lig. 3 ; 147, lig. 17 ; 343, lig. 3), en (pp. 50, lig. 19 ;
89, lig. 28), entre (p. 356, lig. 23), pendant de (p. 285, lig. 2).
* ACTION pour actes (p. 215), œuvre (p. 279).
* ADMIRABLE pour d'une douilletterie étonnante (p. 341).
* ADVENTURE (a l') peut-être (p. 132).
* AFFECTION pour zèle, désir, volonté (pp. 299, 320, 344).
* AFFECTIONNÉ pour affectueux, cher, qui tient au cœur (pp. 368, 379).
* AFFECTIONNEMENT affectueusement, avec affection (pp. 8, 186, etc.)
* AGGRANDIR pour donner une part plus large (p. 103).
* AINS bien plus, et même, mais, mais au contraire, mais encore, mais plutôt, même.
* AINSY QUE pour lorsque, au moment où (p. 163).
ALANGOURISSEMENT langueur, état de langueur (p. 260).
* ALLENTIR modérer (p. 369).
AMENDER pour s'amender de (p. 161).
* A MESME QUE en même temps que (pp. 6, 66, 129).
* AMIABLE gracieux, aimable (p. 376).
* AMIABLEMENT gracieusement, doucement (pp. 260, 370).
AMPLIFICATION du lat. AMPLIFICATIO, accroissement, extension (p. 47).
* APPREHENDER du lat. APPREHENDERE, saisir (p. 80), action de saisir par l'esprit (p.
193).
* ARDRE du lat. ARDERE, brûler (pp. 134, 396).
ASSEURANCE (d') assurément, d'une manière certaine (p. 89).
* ASSEUREMENT pour sans [431] hésitation (p. 348), avec assurance (p. 354).
* ASSEURER (s') pour se persuader, être sûr, avoir confiance (pp. 39, 55, 338, etc.)
ASSISE (qu'elle s') qu'elle s'asseye (p. 9).
* ATANT la-dessus (pp. 33, 327).
ATTENDRE DE (s') pour s'attendre à (p. 393).
* ATTERRER pour renverser par terre (p. 15).
* AU pour dans (p. 6).
* AUCUN pour un, quelqu'un (pp. 60, 259).
* AUCUNEMENT en quelque façon, quelque feu (p. 21).
AUPARAVANT pour avant (p. 59).
* AUQUEL pour dans lequel (p. 384).
AU SOIR pour hier au soir (pp. 143. 270).
AUTANT QU'EN LUY EST autant qu'il est en lui (p. 15).
* AUX pour par les (p. 60).
AVANT QUE DE avant de (p. 62).
* AVANTAGE (a l') d'avance, par avance (p. 401).
1410 Nous n'avons pas songé à dresser ici, pour ce volume, en toute rigueur scientifique, le Lexique de saint François
de Sales. Un tel travail, à peine est-il besoin de le dire, ne pourra être établi qu'après l'achèvement de cette publication.
Notre but a été surtout de rendre provisoirement service aux lecteurs français ou étrangers qui seraient peu familiarisés
avec les particularités du vieux langage. On voudra bien, en se servant de ce recueil, se souvenir de la pensée d'ordre
tout pratique qui l'a inspiré.
299/355

30.10 Page 300

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AVEC LES pour auprès des (p. 373).
* BELLEMENT (tout) tout doucement (pp. 196, 369).
BENITE pour bénie (pp. 261, 358, 374).
* BONNEMENT pour facilement (pp. 112, 272).
* BRAVE pour bon (p. 145), raisonnable, sage (p. 212), confiant en lui-même, sûr de lui-même
(p. 389).
* BRAVEMENT pour sagement, très bien (p. 164), bien, de la bonne sorte (p. 229).
* CARESSE pour démonstration extraordinaire d'affection (p. 23).
* CARESSER pour traiter avec affection, avec bienveillance, faire bon accueil (pp. 231, 380).
* CARMELINE Carmélite (pp. 36, 141).
* CE pour ceci, cela.
* CEANS ici (pp. 86, 236).
* CE PENDANT, CEPENDANT pour en attendant, à cette heure, présentement, pendant ce
temps (pp. 9, 92, 116, 131, etc.).
CE QUE C'EN ce qu'il en (p. 10.)
CE QUE… M'AVOIT ASSIGNÉ l'assignation que… m'avait donnée pour (p. 234).
CHETIFVETÉ faiblesse, misère (p. 12).
* CHEVANCE fortune (p. 306). De l'ancien verbe CHEVIR.
CI APRES pour dans la suite (p. 300).
CILICE (du Tabernacle) étoffe de poils de chèvre qui couvrait le Tabernacle (p. 262).
* CLAUSURE du lat. CLAUSURA, clôture (pp. 138, 139, 140).
* COGITATION du lat. COGITATIO, pensée (pp. 112, 263, etc.).
COL pour cou (p. 23).
COLLOQUES pour affections de l'âme fendant l'oraison (p. 388).
* COMME pour comment, de quelle manière (pp. 1, 36, 61, etc.), que (p. 367).
COMME RIEN pour presque pas (p. 148).
CONCLURE A pour donner une décision a (p. 2).
* CONFUS pour confondu, abandonné à la confusion (p. 259).
CONSTAMMENT pour définitivement (p. 107).
CONSULTÉ (une affaire) consulté au sujet d'une affaire (p. 164).
* CONTE, CONTER pour compte, compter.
* CONTEMPLATION (en cette) en considération de cela (p. 174).
CONTENTER (se) pour être content (p. 3).
* CONTESTE contestation (p. 306).
CONTRAIRE (au) qui vient à l'encontre, qui s'oppose (p. 60).
* CONTRESCHANGER échanger, rendre (p. 89).
* CONTRIBUER pour ajouter (p. 183), aider de, par (p. 262).
CONVENT du lat. CONVENTUM, couvent (pp. 182, 351).
* CORDIAL pour du cœur (p. 261). [432]
* CREANCE pour croyance, assurance (p. 263).
* CREUSEMENT profondément (p. 271).
* DE pour au sujet de (p. 28, lig. 21), les (p. 61, lig. 36), par (p. 330, lig. 3), pour (p. 13, lig.
13).
DEBIFFÉ défait, en mauvais état (p. 284).
* DEÇA (de) de ce côté-ci, d'ici, ici, en ce pays, de ce pays (pp. 46, 65, 153, 174, etc.)
* DEÇA LES de ce côté-ci des (p. 155).
DECLOS pour ouvert, décacheté (p. 284).
* DEDANS pour dans (pp. 226, 261, 271).
* DEFLUXION fluxion, catarrhe, p. 395).
300/355

31 Pages 301-310

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31.1 Page 301

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* DELA (de) de la-bas, de ce côté-la (p. 133).
* DÉLAISSÉ pour laissé (p. 169).
* DELA LES au-delà des (p. 391).
* DEPORTEMENS conduite, manière de se comporter (p. 2), mœurs dissolues (p. 391).
* DES pour depuis (p. 326).
DES IL Y A depuis (p. 269).
* DES LE pour du (p. 175).
* DESPECHE (un) pour envoi, message (p. 98).
* DESPESCHER pour se dépêcher, se hâter (p. 387).
* DESPITER pour se dépiter (p. 279).
DESPOUILLER (se) pour se dévêtir, se déshabiller (p. 369).
* DEVANT pour avant le (p. 20), avant (p. 302).
* DEVERS vers, du côté de (p. 80).
* DEVIS pour conversation, entretien (p. 336).
DIGNE pour juste, légitime (p. 57).
* DILATION du lat. DILATIO, ajournement, délai (pp. 50, 99).
* DISCOURS pour raisonnements (p. 387).
DISTINCTION pour prononciation distincte (p. 384).
* DONT pour c'est pourquoi (p. 47), de ceux-là (p. 192).
* DORES EN AVANT dorénavant (p. 100).
* DOTE dot (pp. 124, 144).
DU pour au sujet du (p. 10, lig. 9), pour le, pour ce qui concerne le (p. 338, lig. .8).
* DU TOUT absolument, complètement, entièrement, tout à fait.
* EJECTION du lat. EJECTIO, action de rejeter dehors, rejet (p. 21).
* EMBARRASSEMENT embarras (p. 34).
EMINENT pour imminent (p. 173).
* EMMI au milieu de, parmi (pp. 194, 206, 260).
* EMPESCHÉ pour embarrassé (p. 71).
* EN pour à (pp. 129, lig. 20 ; 162, lig. 1 ; 223, lig. 12), pour (p. 359, lig. 14).
* EN LIEU pour au lieu (pp. 14, 71, 192).
* EN TANT QUE pour autant que (p. 342).
* ENTENDRE pour s'y entendre (p. 171).
* ENTRE CI ET LA d'ici là (p. 349).
ENTREJETTER faire vivement de fois à autre (pp. 214, 215).
* ENTREPORTER se porter mutuellement (p. 279).
ENTRESUPPORTER se supporter mutuellement (p. 279).
* ENTRETENEMENT entretien, frais d'entretien (pp. 154, 178, 197).
* ENVIELLY devenu vieux (p. 91, 187).
ESMËU pour soulevé (p. 50).
ESPOUSER pour marier (p. 64).
* ESSAYER (s') pour essayer (pp. 92, 102, 195, 388).
* ESTONNER pour effrayer (p. 72).
* ESTONNER (s') pour s'effrayer (p. 68), se troubler (p. 102), s'alarmer (p. 142).
* ETERNITÉ (a toute) pendant toute l'éternité, éternellement (p. 226).
* ET SI pour aussi, et ainsi, et me, toutefois, aussi bien, et en vérité (pp. 28, 62, 70, 99, 129,
219, etc.) [433]
EXERCICES sous-entendu spirituels (p. 336).
* FAIRE pour dire (p. 1), pratiquer (p. 23), donner (pp. 81, 219).
FAIRE ESTAT pour projeter (p. 69).
FANTASIER imaginer, juger selon sa fantaisie (p. 107).
301/355

31.2 Page 302

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* FERMEMENT pour avec fermeté (p. 175).
* FIANCE confiance (p. 374).
* FICHER fixer, arrêter (pp. 6, 72).
FOL fou (pp. 360, 390).
* FONDAMENT fondement (p. 187).
* FORCLORRE exclure (pp. 49, 276), mettre fin, couper court à (p. 42).
* FORS excepté, sinon (p. 222).
* FORT (de plus) plus fortement (p. 80).
* GARDER pour prendre garde (p. 44).
* GRAND CAS (c'est) c'est une chose surprenante que (p. 163).
* HANTISE fréquentation (pp. 120, 336).
HASTÉ pour pressé (p. 181).
* IMBECILLE du lat. IMBECILLIS, faible, infirme (p. 260).
* IMBECILLITÉ du lat. IMBECILLITAS, infirmité, faiblesse, imperfection (pp. 278, 287).
* IMPERTINENT pour hors de propos (p. 206). Négatif de pertinent (lat. PERTINENS), à
propos.
* IMPETRER pour obtenir par supplications (pp. 21, 299).
* IMPORTANCE (l') pour l'important (p. 139).
* IMPROUVEU, IMPROUVEÜE (a l') à l'improviste (pp. 272, 307).
INDIVISEMENT indivisiblement (p. 29).
* JOURDHUY, JOURD'HUY (ce, du) aujourd'hui, d'aujourd'hui (pp. 34, 68).
LADRE lépreux (p. 58).
* LA OU pour tandis que (pp. 60, 235).
* LAVEMENT pour lavage (p. 59).
LE pour lui (p. 210, lig. 15).
* MADAMOYSELLE appellation usitée jadis a l'égard de toute femme mariée qui n'était pas
noble, ou qui, étant noble, n'était pas titrée (pp. 226, 377).
* MANQUEMENT pour manque, défaut (pp. 272, 341), privation, chose qui échappe (p. 353).
* MARRI fâché, peiné.
* MEDIOCRITÉ pour juste tempérament (p. 369).
* MESHUY à cette heure, désormais, dorénavant, maintenant (pp. 39, 102, 187, 353, etc.)
* MESME pour surtout (pp. 30, 310).
MEUBLE pour objet (p. 59).
MINCE pour étroit (p. 60).
MOL mou (p. 369).
* MOUVANT agissant (p. 369).
* MOYENNER procurer quelque chose en servant d'intermédiaire (p. 183).
MUTANDES caleçons (p. 58).
* NI pour et non plus (pp. 55, lig. 16 ; 60, lig. 11).
* NON PLUS pour pas davantage, pas plus (pp. 386, 391).
NON SEULEMENT pour pas seulement, forte négation (p. 154).
* NOURRIR pour élever (pp. 91, 187), assister (p. 148).
* NOURRITURE pour éducation (pp. 28, 106).
* OFFICE (faire l') pour faire le nécessaire (p. 342).
302/355

31.3 Page 303

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* ONQUES du lat. UNQUAM, jamais (pp. 27, 186, 320).
* ORATEUR titre que prenaient autrefois les gens d'Eglise écrivant à des souverains (pp. 66,
85, 179, etc.)
* OR SUS or donc, eh bien ; parole d'encouragement (pp. 6, 34, 67,80, etc.) Cf. l'ital. ORSÙ.
[434]
OUBLIER (s'en) pour l'oublier (p. 338).
OYS (j') j'entends (p. 216).
* PAR APRES après, ensuite, dans la suite (pp. 2, 27, 350, etc.)
* PAR DEÇA de ce côté-ci, dans ce pays (p. 288).
* PAR DELA là où vous êtes, de votre côté (pp. 78, 388), au-delà des monts (p. 354).
* PARENTAGE pour lien de parenté (pp. 191, 339), parenté (p. 313).
* PARFUMIER parfumeur (p. 126).
* PARMI pour pendant (pp. 141, 374), dans (p. 391).
PASSÉ DEMAIN pour après-demain (pp. 76, 82, 329, 360).
* PASSER (se) pour passer (p. 279).
PASSION pour désir ardent (p. 24).
PATERNISER ressembler à son père (p. 28).
PENITENCE pour Sacrement de Pénitence (p. 102).
* PENNAGE du lat. PENNA, plume, plumage (p. 387).
* PERDURABLE du lat. PERDURABILE, éternel, qui dure toujours (pp. 130, 396).
* PETIT (un) pour un peu (p. 336).
* POINT pour un, quelque (p. 272).
POINTZ (marcher par) en faisant des considérations divisées par points (p. 387).
POPULAIRE (maladie) maladie épidémique, répandue parmi le peuple (p. 44).
* POUR pour pendant (p. 97).
* PRÆFIGÉ fixé d'avance (p. 330). Du lat. PRÆFIGERE.
* PRETENDRE pour espérer (p. 139).
* PRINT (il en) pour il en arriva (p. 9).
PROCEDANTE pour procédant (p. 207).
* PROSPERER pour faire prospérer, rendre prospère (p. 175).
* PROU beaucoup, assez, bien, assez bien (p. 27, 68, 73, 230).
* PROUVOIR pourvoir (pp. 84, 229, 291, etc.)
PROUVOIR A pour s'occuper de (p. 2).
PROUVOIR (luy) lui faire faire justice (p. 332).
* PROVIDENCE pour prévoyance, soin, sagesse (pp. 154, 299, 391).
* QUANT ET QUAND en même temps (p. 269).
* QUE pour quelles (p. 205, lig. 11), dont (p. 236, lig. 3).
QUE CE SERA pour ce qu'il en sera (p. 343).
* QUI pour ce qui (pp. 11, lig. 9 ; 86, lig. 3 ; 67, lig. 2, etc.)
* RAMENTEVOIR faire ressouvenir, rappeler (p. 178).
* RAMENTEVOIR EN (se) se rappeler au souvenir de quelqu'un dans (p. 54), se rappeler à
(p. 87).
* RECHARGE pour nouvelle instance (p. 172).
RECOMMANDATION (faire la) faire une prière pour recommander (p. 143).
* RECOY (a) en tranquillité, en repos (p. 322).
REDEVANCE pour obligation (p. 331).
REENTRER rentrer (p. 31).
REFECTIONNÉ nourri, donné de la nourriture à (p. 369).
* REGARD (pour ce) pour ce sujet, sur ce sujet, à cet effet (pp. 21, 171, 332).
303/355

31.4 Page 304

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* REGARD (pour le) au sujet de, pour ce qui concerne le (p. 384).
REGARD (pour vostre) à votre égard (p. 362).
RELASCHER pour faire avec moins de contention (p. 368).
RELASCHER (se) pour se donner la liberté de (p. 353).
* RELEVÉ pour élevé (p. 129).
* RELIGION pour Ordre religieux (pp. 58, 138, 260, etc.)
* REMONSTRANCE pour exposition, explication (p. 379).
* RENCONTRE (au premier) à la première rencontre (p. 265). [435]
RENVOYES MOY pour renvoyez-moi l'affaire (p. 229).
REPRONONCER prononcer de nouveau (p. 120).
REPUGNANTE pour qui a de la répugnance (p. 59).
REPUTATION du lat. REPUTATIO, imputation d'une somme (p. 124).
* RESALUER pour saluer (pp. 14, 136).
RESERVEMENT avec réserve, discrétement (p. 394).
RESIGNATIONS pour actes de renoncement (p. 324).
* RESOLUTION pour décision (pp. 2, 316).
* RESSENTIMENT pour vive impression (p. 173).
RESSERRÉ pour séquestré (p. 51), réservé, restreint (p. 371).
REVENANTES pour revenant, qui revenaient (p. 58).
* SEMONCE pour invitation, commandement (p. 109).
* SENTIMENT pour ressentiment (p. 132), regret (p. 336).
* SERRER pour étouffer (p. 369).
SE VOULOIR L'UN L'AUTRE pour s'en vouloir l'un à l'autre (p. 137).
* SI pour ainsi (pp. 207, lig. 15 ; 342, lig. 5).
* SI EST CE QUE cependant (p. 51), il n'en est pas moins vrai que (pp. 15, 99, 372, etc.),
toutefois (p. 89).
* SI MOINS pour sinon (pp. 136, 211, etc.)
* SI QUE de sorte que (pp. 27, 138).
SOIGNEUX pour préoccupé, en souci (p. 360).
SOUVIENNE VOUS qu'il vous souvienne (p. 165).
* SPELONQUE du lat. SPELUNCA, caverne, grotte (p. 118).
* SUCCES pour issue (p. 401). De l'ital. SUCCESSO.
* SUFFISANCE du lat. SUFFICENTIA, capacité, mérite (p. 380).
SUPERARBITRE surarbitre (p. 111).
* SUR pour à (p. 81), au-dessus de (p. 60), au sujet de (p. 212), par, avec la pensée de (p. 374).
SURADMIRABLE admirable au plus haut degré (p. 112).
* SUS ci-dessus (p. 139).
* TANT pour si (p. 268).
* TANT MIEUX pour d'autant mieux (p. 175).
* TANT PLUS d'autant plus (p. 150).
* TENDRE pour douillet, faible (p. 161), facile à recevoir (p. 193).
* TENDRETÉ tendresse (p. 24), sensibilité (p. 368), attendrissement (p. 102), sentiments
affectueux (p. 260). Du lat. TENERITAS.
TESMOIGNÉ pour reconnu (p. 387).
* TIERCEMENT troisièmement (p. 373).
* TILTRE (en) pour sous le titre (pp. 138, 349).
* TIRER pour attirer (p. 369).
* TRAVAIL pour souffrance (p. 193).
* TRAVAUX pour difficultés, peines, souffrances (pp. 22, 114).
* TREILLE grille de fer (p. 61, 140).
304/355

31.5 Page 305

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* TROP MIEUX très bien (p. 391).
* VENANT, VENANTES pour prochain (p. 186), qui viennent (p. 210).
* VENIR pour devenir (p. 225).
VENIR PAR pour en venir à un (p. 15).
* VERS pour à (p. 187).
* VEUE pour rencontre, entrevue (pp. 100, 227, 230, etc.)
VEÜE (de ma) pour de me voir (p. 35).
* VIANDE pour aliment (p. 149), nourriture (p. 222).
VIOLENTE pour pressante (p. 368).
VISTESSE pour promptitude (p. 367). [436]
305/355

31.6 Page 306

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Index des correspondants et des principales notes
biographiques et historiques de ce volume1411
_____
ADRIEN DES ECHELLES, Capucin ………………………………… Pages
AIAZZA Vespasien, Abbé commendataire d'Abondance …………… »
AIX Louis de Seyssel (marquis d'). Voir SEYSSEL et VELLEPESLE »
AMBASSADEURS. Voir SCAGLIA, TRESNEL.
AMÉDÉE IX (Bienheureux), duc de Savoie …………………………. »
AMIDOUX Jean-Claude d' …………………………………………… »
ANGEVILLE Claude d' ………………………………………………. »
ANNECY. Voir BARNABITES, CLARISSES, CORDELIERS,
RIVIERE, SYNDICS, VICTOR-AMEDEE, VISITATION.
ANNECY (Impôts et exemptions d'impôts pour) …………………….. »
ANNECY (siège d'). Voir NEMOURS ……………………………….. »
AUDEYER ou ODEYER Marguerite de Fay et Françoise de Bazemont
(dames) ……………………………………………………………….. »
AUXERRE Renée Trunel, dame d' (Marie-Renée, Religieuse de la
Visitation) …………………………………………………………….. »
AVIGNON. Voir COLLEGE DE SAVOIE.
AVIGNON (Vice-légat d'). Voir GUIDI.
AVISE Gasparde d' (Marie-Gasparde, Religieuse de la Visitation) ….. »
AVISE Prosper (d'). Voir MONTMEILLEUR ……………………….. »
38
38
361
174
284
56
297, 334
266
389
81
99 [437]
98
Bailly Françoise-Gabrielle, Religieuse de la Visitation. Voir
VISITATION DE MOULINS ………………………………………... »
Ballon Louise (de), Religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherin ……… »
BARNABITES. Voir BOERIO, CHAPITRE GENERAL,
CHIOCCARI, CORONA, GUERIN …………………………………. »
BARNABITES à Thonon. Voir CONTAMINE, SAINTE-MAISON, »
261, 261
220, 220
74, 365
46, 177
1411 Les pages des Lettres sont indiquées par des chiffres ordinaires ; les caractères et les chiffres gras désignent les
noms des correspondants et leurs notes biographiques. Quant aux autres notes, leurs titres sont donnés en caractères
ordinaires.
Les noms suivis d'un astérisque * indiquent les auteurs ou les destinataires des pièces qui figurent à
l'Appendice.
Dans cet Index, on a donné aux personnages la désignation que leur attribue le texte des Lettres. (Cf. tome
XII, note (1239), p. 491.)
306/355

31.7 Page 307

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SCAGLIA …………………………………………………………….
BARNABITES d'Annecy. Voir COLLEGE CHAPPUISIEN ……….. »
3, 285, 331
BARO Lucrèce Berthier (dame) ……………………………………… »
377
BASSENS (Bassin) …………………………………………………... »
98
BEAUFORT Jeanne-Aimée de ………………………………………. »
268
Beauner. Voir SENS DE SAINTE-CATHERINE …………………… »
39, 113
Bellarmin Robert *, Jésuite (Cardinal) ……………………………….
238, 238, 397,
»
418
Bellegarde Roger de Saint-Lary (duc de) …………………………….. »
129, 271
BILLOM (Congrégation de) ………………………………………….. »
36
Blanieu Marguerite de Sassenage (dame de) …………………………. »
362, 362
Blonay Claude (de). Voir SAINTE-MAISON ……………………….. »
73, 74, 290
Blonay Claudine (de), Abbesse de Sainte-Claire d'Evian ……………. »
56, 337
Blonay Marie d'Avise (dame de) ……………………………………... »
166
Blonay Marie-Aimée (de), Religieuse de la Visitation ……………….
101, 105, 184,
»
184, 205
Boerio Jérôme, Général des Barnabites ……………………………… »
381, 381
Boisy Jean-François de Sales (de). Voir SALES.
BONFILS Horace …………………………………………………….. » 194, 267, 269
BORDE (sieur de la) ………………………………………………….. »
274
Boppomée Frédéric, Cardinal, Archevêque de Milan ……………….. »
156, 156
Boschi Annibal ……………………………………………………….. »
309, 309
BOUCARD Claude *. Voir GRENOBLE ……………………………. »
415
BOUQUERON (Présidente de). Voir GÉRARD DE RÉAUTIER …… »
389
Bréchard Jeanne-Charlotte (de), Religieuse de la Visitation. Voir
41, 42, 65,
VISITATION DE MOULINS ………………………………………...
258, 277, 278,
» 287, 289, 347
BRESSIEU Charles Roero de ………………………………………… »
326
Bressleu Ennemonde de la Forest (dame Roero de) ………………….
»
BRESSIEU (fils de Mme de) ………………………………………….. »
189, 189
[438]
97
BRESSIEU Nicolas Roero de ………………………………………… »
98
307/355

31.8 Page 308

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CAPUCINS de La Roche (couvent des) ……………………… »
CARDON Horace ………………….…………………………. »
CARMEL de Toulouse. Voir TIERCERETTES ……………… »
Cerisier Françoise (de), Clarisse ……………………………... »
Cerisier Jacques de ………………….……………………….. »
CERNEX (cure et curés de) ………………………………….. »
CHANAL François ………………….………………………... »
Chanoines de la Collégiale de Sallanches. Voir
SALLANCHES ………………….…………………………… »
CHANTAL Françoise de Rabutin. Voir RABUTIN …………. »
Chantal Jeanne-Françoise Frémyot * (Sainte), Mère de ……..
»
Chapitre général des Barnabites …………………………… »
Charles-Emmanuel 1er, duc de Savoie. Voir
LESDIGUIÈRES, MONTFERRAT, NEMOURS ……………
»
CHARMOISY Claude Vidomne de Chaumont (seigneur de) … »
CHARMOISY Henri de ………………….…………………… »
CHARMOISY Louise du Chastel (dame de) …………………. »
CHASSE Guillaume de Sautereau (seigneur de) …………….. »
Chastel Péronne-Marie (de), Religieuse de la Visitation ……. »
CHATEAUFORT (filles de Mme de) . ……………………….. »
CHATELARD Jacqueline de Chauvirey (dame de Seyssel,
baronne du) …………………………………………………… »
CHATELARD Pierre-François de Rossillon (seigneur du) ….. »
CHEVRIER Etienne ………………….………………………. »
CHEVRIER Louis ………………….………………………… »
183
236
36
281, 281
149, 149
350
378
342
124
6, 17, 19, 19, 22, 34,
38, 69, 70, 78, 92, 92,
95, 124, 127, 190,
210, 212, 213, 214,
216, 218, 219, 228,
229, 231, 270, 276,
282, 316, 317, 318,
322, 323, 324, 328,
337, 343, 356, 400,
408, 409, 409
364, 364
26, 63, 65, 83, 108,
153, 176, 185, 197,
275, 276, 295, 298,
334, 347, 392
285
1
133
333
125
164
99
83
50
50, 55
308/355

31.9 Page 309

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Chevron-Villette Françoise-Jéronyme (de), Religieuse de la
Visitation ………………….………………………………….. »
CHIOCCARI Fulgence, Barnabite …………………………… »
CHOISY Claude-Nicolas de Reydet (seigneur de), doyen de la
Collégiale de Sallanches ………………….…………………... »
CLARISSES d'Annecy. Voir CERISIER, RAVOIRE ……….. »
CLARISSES d'Evian. Voir BLONAY, GRILLY ……………. »
COCHET Antoine ………………….………………………… »
Colin Isabeau Daniel, dame (Jacqueline-Elisabeth), Religieuse
de la Visitation ………………….…………………………….. »
COLLÈGE CHAPPUISIEN. Voir BARNABITES,
MARQUEMONT ………………….…………………………. »
COLLÈGE DE GENÈVE ………………….…………………. »
COLLÈGE DE SAVOIE A AVIGNON ……………………… »
COLLÈGE DE SAVOIE A LOUVAIN (Président du). Voir
MASSEN.
CONCOURS. Voir CERNEX, CHATELARD,
EXAMINATEURS ………………….……………………….. »
CONTAGION à Genève ………………….………………….. »
CONTAGION en Chablais et en Faucigny …………………… »
CONTAGION en Suisse ………………….………………….. »
CONTAMINE (Procès au sujet de la commende de). Voir
SCAGLIA et SAINTE-MAISON …………………………….. »
CORDELIERS. Voir GARIN, RICHARD, SAULNIER.
CORDELIERS (Provincial des). Voir RICHARD …………… »
CORDELIERS D'ANNECY (couvent des) ………………….. »
CORDELIERS D'ANNECY (Gardien des). Voir SAULNIER. »
Cornillon Melchior de ………………….……………………. »
CORONA Tobie, Procureur général des Barnabites …………. »
CORSIER Jean-Gaspard de Prez (seigneur de) ………………. »
COSTA Pierre-François *, Evêque de Savone, Nonce à Turin.. »
Coton Jeanne-Marie (dame d'Aix), Novice de la Visitation …. »
Cottin Isabeau Daspres, dame (Françoise-Elisabeth,
Religieuse de la Visitation) …………………………………… »
159, 159
290 [439]
342
58
338, 339
227
226
3, 90
155
294
49, 53, 55
56, 204
47
122
181, 354
281
310
281
254, 254
203
63
404
232, 232
376, 376
309/355

31.10 Page 310

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COTTIN Marie (Marie-Aimée, Religieuse de la Visitation) »
CRÉQUI Charles de ………………….………………………. »
CRESPIN Jean-Georges ………………….…………………... »
CROIX Claude-Françoise de Maillard-Tournon (dame de
Murat de la) ………………….……………………………….. »
CROIX D'AUTHERIN Charles-Sébastien de Pradel (seigneur
de la) ………………….………………….…………………… »
Croix d'Autherin Jeanne-Antoine de Chapot (dame de la) …. »
CROIX DE CHEVRIÈRES Claudine de Chissé (comtesse de
la) ………………….………………….………………………. »
CROIX DE CHEVRIÈRES Jean (de la), Evêque de Grenoble.. »
Croix de Fésigny Jeanne-Marie de Vincent (de la), Religieuse
de la Visitation. Voir VISITATION DE MOULINS ………… »
377
352
390
94
14 [440]
12, 14
94
357
264, 264
DESPLANS Louis ……………………………………………………. »
Destinataires Inconnus. Voir SUPERIEUR D'UNE
COMMUNAUTÉ …………………………………………………….. »
Destinataires Inconnues. Voir RELIGIEUSE ………………………. »
Dominique de Chambéry, Capucin …………………………………. »
Dunant Etienne, curé de Gex ………………………………………… »
ECHEVINS DE MOULINS *. Voir MAIRE ………………………… »
EMPIOZ (Enpio) Claude ……………………………………………... »
ETIENNE Jeanne-Françoise, Religieuse de la Visitation ……………. »
Examinateurs pour les Concours …………………………………... »
202
162, 198, 300
166, 428
182, 182
32
413
265
359
53, 53
FARDEL Claude-Simplicienne, Religieuse de la Visitation …. »
FAURE François du …………….…………….………………. »
Favre Antoine …………….…………….……………………. »
Favre Marie-Jacqueline *, Religieuse de la Visitation ……….
»
Favre Michel …………….…………….…………….……….. »
FENOUILLET François (frères) …………….……………….. »
231
320
378
67, 67, 72, 79, 93, 93,
100, 113, 117, 126,
134, 137, 150, 191,
222, 335, 348, 359,
420, 422, 423, 425
208, 208, 234
77
310/355

32 Pages 311-320

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32.1 Page 311

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Fenouillet Pierre, Evêque de Montpellier. Voir UNIVERSITÉ
DE MONTPELLIER …………….…………….……………... »
FEU (Mme du) …………….…………….…………………….. »
FEUILLANTS (Général des). Voir BEAUNER et SENS DE
SAINTE-CATHERINE.
Feydeau Claude. Voir VISITATION DE MOULINS ……….. »
FICHET Alexandre, Jésuite Pages …………….……………… »
FLÉCHÈRE Charles de la …………….……………………… »
FLÉCHÈRE Claude-François de la …………….…………….. »
Fléchère Madeleine de la Forest (dame de la) …………………
»
Flocard Barthélemy …………….…………….……………… »
Foras Guillaume de Bernard (de) …………….………………. »
FOREST Charles (comte de la) …………….…………………. »
25, 31, 66, 76, 85,
131, 136, 283, 319
346
255, 255, 257, 258,
258 [441]
236
1
152
1, 9, 64, 69, 75, 82,
97, 111, 133, 135,
142, 144, 151, 163,
169, 179, 194, 196,
211, 223, 225, 227,
229, 266, 268, 285,
302, 307, 312, 393
303, 303
95, 120
142
GARIN Jacquelin …………….………………….…………….……... »
GARIN (Garinus) Nicolas, Cordelier …………….…………………... »
GAVENS OU GAVANT (famille) …………….…………………….. »
GAVENS OU GAVANT François …………….…………………….. »
Général des Barnabites. Voir BOERIO …………….………………. »
GENÈVE. Voir COLLÈGE et CONTAGION.
GÉRARD DE RÉAUTIER Hélène (de). Voir VISITATION DE
GRENOBLE ……..
»
Goufflers Elisabeth Arnault (des). Voir VISITATION DE MOULINS
»
Grandmaison Hélène de Longecombe de Peyzieu (dame de) ………. »
GRAND-SAINT-BERNARD (Différend avec le Prévôt du). Voir
MONT-JOUX …………….………………….…………….…………. »
GRAND-SAINT-BERNARD (Prévôt du). Voir VIOT. GRANIER
Claude (de), Evêque de Genève. Voir SÉMINAIRE.
Granier Denis (de) …………….…………………………………….. »
132
57
10
4
381
388
278, 280, 286,
287, 345
358
265
325, 325
311/355

32.2 Page 312

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Granieu Laurence de Ferrus (dame de) …………….………………… »
395, 395
GRENOBLE (cathédrale de) …………….…………………………… »
318
GRENOBLE (église des Récollets de) …………….…………………. »
318
GRENOBLE (Saint François de Sales prêche L'Avent et le Carême à).
Voir VISITATION DE GRENOBLE …………….…………………... »
317, 344, 348,
356
GREYFIE Claude, François, Jean …………….……………………… »
327
GRILLY Béatrix du Nant (de), Clarisse …………….………………… »
339
Gros de Saint-Joyre René * …………….……………………………
314, 314, 315,
» 417, 429 [442]
GRUFFY Claudin (de), seigneur de Barraux ……….……….……….. »
86
Guérin Juste, Barnabite ……….……….……….……….……………. » 171, 171, 181
GUIDEBOIS Jean-Jacques ……….……….……….……….………… »
145
GUIDI DI BAGNO Jean-François, vice-légat d'Avignon ……………. »
294
Guillet Claire-Marie de Maillard-Tournon (dame). Voir
MONTHOUX ……….……….……….……….……….……………... »
64, 305, 305
GUILLET Gabriel. Voir MONTHOUX ……….……….…………….. »
64
GUILLET Janus. Voir MONTHOUX ……….……….……….……… »
306
Hayes Antoine des ……….……….…………………………………... »
Humbert Marie-Avoye, Religieuse de la Visitation …………………. »
27
263, 263
IMPÔT SUR LE CLERGE ……….……….……….…………………. »
INFANTES DE SAVOIE. Voir SAVOIE.
ISABEAU (Mère). Voir ROMILLON.
296, 300, 301
JAY Pierre-François ……….……….……….………………………... »
54
JÉSUITES. Voir BELLARMIN, FICHET, MOREAU.
JOLY DE LA ROCHE (filles de M.) ……….……….……….………. »
329
Jost Hildebrand, Evêque de Sion ……….……….……….…………… »
121
JUGE Maurice ……….……….……….……………………………… »
76
Lans Sigismond d'Est (marquis de) ……….……….……….………… »
Le Blanc de Mions Ennemonde Chausson (dame) …………………..
»
88, 107
22, 366, 366,
367, 386
312/355

32.3 Page 313

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LE BLANC DE MIONS Pierre ……….……….……….…………….. »
LE MAISTRE, LEMAITRE (MM.) ……….……….……….……….. »
LESDIGUIÈRES François de Bonne (duc de). Voir GRENOBLE et
MONTFERRAT ……….……….……….……………………………. »
LYON (Voyage de saint François de Sales à). Voir VISITATION DE
LYON ……….……….……….………………………………………. »
349
376
321, 352, 380
13, 18, 22
MAGNIN Claude …………………………………………………….. »
MAIRE DE MOULINS *. Voir ECHEVINS …………………………. »
MARCIEU Guy-Balthazard de Montaynard (baron de) ……………… »
MARIGNIER Etienne (de), curé de Mieussy …………………………. »
Marquemont Denis-Simon * (de), Archevêque de Lyon. Voir
VISITATION DE LYON ……………………………………………..
»
Martherey Jean-François du …………………………………………. »
Massen ou Massin Jean, Président du Collège de Savoie à Louvain »
Maurice de Savoie, Cardinal ………………………………………… »
MÉDIO Jacques de …………………………………………………… »
MÉNARD Nicolas, chanoine de Saint-Nizier. Voir SAINT-NIZIER ... »
MESCHATIN LA FAYE Thomas de ………………………………… »
MIEUDRY (enfants de Mme de) ……………………………………… »
Mieudry Gasparde de Cerisier (dame de) ……………………………. »
MIEUDRY Sébastien Portier (seigneur de) ………………………….. »
MIEUSSY (Miouxi) curé et paroisse (de). Voir MARIGNIER ……… »
Milletot Bénigne ……………………………………………………... »
MONTFALCON Adriane du Breuil (dame de) ………………………. »
MONTFALCON Pierre de …………………………………………… »
MONTFERRAT (Guerre du). Voir CHARLES-EMMANUEL et
LESDIGUIÈRES ……………………………………………………... »
Monthoux Claire-Marie de Maillard-Tournon (dame Guillet de). Voir
GUILLET …………………………………………………………….. »
MONTHOUX Claude de ……………………………………………... »
MONTHOUX Gabriel Guillet (seigneur de). Voir GUILLET ………. »
MONTHOUX Janus Guillet (seigneur de). Voir GUILLET ………… »
74
413
392
50
16, 16, 90,
107, 403, 405,
414 [443]
119, 119
313, 313
174
89
103
209
147
147
147
50, 51
379
42
51
25, 26, 30, 31,
352
64, 305, 305
283
64
306
313/355

32.4 Page 314

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MONTHOUX Jeanne-Aimée de la Fléchère (dame Guillet de) ……… »
MONT-JOUX. Voir GRAND-SAINT-BERNARD et VIOT.
MONTMEILLEUR Prosper d'Avise (seigneur de). Voir AVISE ……. »
MONTMORENCY Henri (duc de) …………………………………... »
MONTPELLIER. Voir UNIVERSITE.
MONTREGARD (Monregard) François Cristan (seigneur de) ……… »
MONTROTTIER Charles et Claude-Amédée de Menthon (seigneurs
de) …………………………………………………………………….. »
MOREAU Aignan *, Jésuite …………………………………………. »
306
98
320
195
124
287, 412
Nemours Henri de Savoie * (duc de Genevois et de). Voir
BARNABITES D'ANNECY …………………………………………. »
NEMOURS Henri de, duc de Genevois et de (Guerre entre Charles-
Emmanuel Ier et). Voir ANNECY, BONFILS, VICTOR-AMEDEE »
180, 188, 330,
330, 419 [444]
266, 284
PERRONE DE SAN MARTINO César, Prieur commendataire de
Talloires ………………………………………………………………. »
PEYSSARD Antoine …………………………………………………. »
PEYZIEU (enfants de Mme de) ……………………………………….. »
Peyzieu Françoise de Dizimieu (dame de) …………………………… »
Prince de Piémont. Voir VICTOR-AMEDEE.
297
28
87
7, 44, 87
QUESTAN Jean-Louis ……………………………………………….. »
328
Quoex Philippe de ……………………………………………………. »
143
RABOT D'AURILLAC Jean. Voir VEYSSILIEU …………………… »
375
RABOT D'AURILLAC Laurent. Voir VEYSSILIEU ……………….. »
374
RABUTIN Françoise (de). Voir CHANTAL ………………………… »
124
RAVOIRE Charlotte (de la), Abbesse de Sainte-Claire d'Annecy …… »
282
RAYMOND Nicolas, aumônier de Mgr Marquemont ………………… »
90
REAUTIER. Voir GERARD.
Religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherine ………………………... »
340
RESSÉGUIER (Ressiguier) Guillaume de …………………………… »
35
RICHARD Didier, Provincial des Cordeliers ………………………… »
281
314/355

32.5 Page 315

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RIVIÈRE Louis * (de la), Minime …………………………………… »
ROCHEFORT Charlotte de Migieu (dame de) ………………………. »
ROMAIN Antoine ……………………………………………………. »
ROMILLON Isabeau ou Elisabeth (de). Voir TIERCERETTES ……. »
ROSSET Guichard …………………………………………………… »
ROSSET Jean-François ………………………………………………. »
Ruans Françoise de Simiane (dame de) ……………………………… »
145, 427
231
3
34
164
2
11, 11
SAINT-ANDRÉ Marguerite de Bellièvre (dame de Prunier) ………… »
SAINT-AUGUSTIN de Thonon (église de) ………………………….. »
SAINT-CLAIR (prieuré de) ………………………………………….. »
SAINT-DALMAZE (San Dalmazzo) de Turin (église de) …………… »
SAINT-DAMIEN (Saint Damian) Henri de Maillard-Tournon
(marquis de) ……………………….………………………………….. »
SAINTE-CATHERINE (Religieuses de l'abbaye de). Voir BALLON,
RELIGIEUSE, VIGNOD. [445]
SAINTE-MAISON DE THONON. Voir BARNABITES à Thonon,
BLONAY, CONTAMINE …………………………………………… »
SAINT-GÉRAN Jean-François de la Guiche * (maréchal de) ………. »
SAINT-JEOIRE Melchior de Mouxy (baron de) …………………….. »
SAINT-NIZIER (M. de). Voir MÉNARD ……………………………. »
SALES FRANÇOIS * de (Saint). Voir BELLARMIN, FAVRE
(Michel), GRANIER (Denis), GRANIEU, GRENOBLE, GROS DE
SAINT-JOYRE, GUÉRIN. LE BLANC, LESDIGUIÈRES, LYON,
ROSSET (Guichard), SÉMINAIRE, TRAVERNAY ………………… »
SALES Françoise-Agathe (de), Religieuse de la Visitation ………….. »
Sales Jean-François (de). Voir BOISY ………………………………..
»
SALES Jeanne-Françoise (de). Religieuse de la Visitation ………….. »
SALLANCHES (Collégiale de). Voir CHANOINES et CHOISY …… »
SALUER Philibert, curé de Monthoux ……………………………….. »
SALUCES DE LA MENTE Sylvestre, Abbé commendataire
d'Hautecombe ……………………….………………………………... »
San Secondo Bonne de Challant (comtesse de) ……………………… »
389
47
154
173
394
46, 291
411
170
103
57, 83, 146,
210, 267, 290,
296, 312
237
48, 48, 52, 54,
350
237
342
307
390
383, 383
315/355

32.6 Page 316

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SAULNIER Claude, Gardien des Cordeliers d'Annecy ……………… »
SAUTEREAU François de …………………………………………… »
SAUTEREAU Guillaume (de). Voir CHASSE. SAVOIE Françoise-
Catherine et Marie (Infantes de) ……………………………………… »
SCAGLIA Alexandre, ambassadeur de Savoie à Rome. Voir
CONTAMINE ……………………….……………………………….. »
SCAGLIA Philibert-Gérard. Voir VERRUA ………………………… »
Scotto Laurent ……………………….……………………………….. »
SÉMINAIRE pour le diocèse de Genève (Projet de fondation d'un) …. »
Sens de Sainte-Catherine, Général des Feuillants. Voir BEAUNER .. »
SEVELINGES Claude (de), aumônier de Belleville et de la Visitation
de Lyon ….……………………….…………………………………… »
SEYSSEL Louis (de), baron du Châtelard …………………………… »
SEYSSEL Louis (de), marquis d'Aix. Voir Aix ……………………… »
SILLINGY (Silingie) prieuré de ……………………………………… »
Supérieur d'une Communauté ……………………………………... »
SYNDICS D'ANNECY. Voir NEMOURS et VISITATION
D'ANNECY ……………………….………………………………….. »
TALLOIRES (Prieur commendataire de). Voir PERRONE DE SAN
MARTINO.
TAMIÉ (abbaye de) ………………………………………………….. »
TERMES Catherine Chabot (baronne de) et ses enfants ……………… »
TERMES César-Auguste de Saint-Lary (baron de) …………………... »
THOMAS DE SAVOIE ……………………………………………… »
THONON. Voir BARNABITES, SAINT-AUGUSTIN, SAINTE-
MAISON.
TIERCERETTES de Toulouse. Voir RESSÉGUIER, ROMILLON »
TOULOUSE. Voir CARMEL, TIERCERETTES, UNIVERSITÉ,
VISITATION.
Tournon Prosper-Marc de Maillard (comte de) ……………………… »
TRAITÉ DE L'AMOUR DE DIEU ………………………………….. »
Travernay Péronne de Montfalcon (dame de) ………………………. »
TRESNEL François-Juvénal des Ursins (marquis de), ambassadeur de
France à Rome ………………………………………………………... »
281
308
385
197
181
292, 292
397
39, 113
335
30
361 [446]
154
20
282
351
273
130
26
34
5, 152, 191
209, 235
23, 29
246
316/355

32.7 Page 317

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UNIVERSITÉ de Montpellier ………………………………………... »
77
UNIVERSITÉ de Toulouse …………………………………………... »
283
VALLON Claude-François de ……………………………………….. »
Vellepesle de Villeneuve Renée Le Valois (dame de). Voir Aix et
SEYSSEL ……………………….……………………………………. »
VERRUA (Verrue) Philibert-Gérard Scaglia (comte de). Voir
SCAGLIA ……………………….…………………………………… »
VEYSSILIEU Jean Rabot d'Aurillac (seigneur de). Voir RABOT ….. »
VEYSSILIEU Laurent Rabot d'Aurillac (seigneur de). Voir RABOT .. »
Veyssilieu (Vicillieu) Marguerite de la Croix de Chevrières (dame
Rabot d'Aurillac de) ……………………….…………………………. »
Vibod Claude-Amédée ……………………….……………………….
»
Victor-Amédée de Savoie, prince de Piémont. Voir NEMOURS ……
»
Vignod Bernarde (de), Religieuse de l'abbaye de Sainte-Catherine ….. »
VILLARS Jérôme (de), Archevêque de Vienne ……………………… »
VILLE Jean-Claude de ……………………………………………….. »
VILLETTE Françoise-Jéronyme (de), Religieuse de la Visitation. Voir
CHEVRON-VILLETTE.
Viot Roland, Prévôt du Grand-Saint-Bernard ………………………… »
VIRIEU Gasparde de Prunier-Saint-André (dame de) ……………….. »
VISITATION (Coutumes et Règles de la) …………………………….
»
Projets de fondations ……………………………………………….
»
VISITATION D'ANNECY (Affaire des jardins) …………………….. »
Affaires diverses …………………………………………………... »
Eglise et monastère de la ………………………………………….. »
RELIGIEUSES DE LA. VOIR AVISE, BAILLY, BLONAY,
BRÉCHARD, CHANTAL, CHASTEL, CROIX DE FÉSIGNY,
1
361, 361
181
375
374
371, 371, 375
110, 110, 186,
294, 299 [447]
26, 45, 45,
178, 268, 273,
274, 290, 296,
308, 311, 332,
353, 354, 355,
391
115
237
90, 209
265, 265
389
43, 104, 107,
138, 324, 349
101, 141, 163,
346, 385
41
74, 328, 329
282, 316
317/355

32.8 Page 318

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FARDEL, FAVRE, HUMBERT, SALES.
VISITATION DE GRENOBLE. Voir LE BLANC DE MIONS et
VEYSSILIEU ………………………………………………………… »
VISITATION DE LYON. Voir SEVELINGES ………………………
»
RELIGIEUSES DE LA. VOIR AUXERRE, CHEVRON-
VILLETTE, COLIN, COTON, COTTIN, ETIENNE ………………... »
VISITATION DE MOULINS (Fondation et fondatrices de la). Voir
BAILLY, BRÉCHARD, CROIX DE FÉSIGNY, FEYDEAU,
GOUFFIERS, HUMBERT …………………………………………… »
VISITATION DE RIOM …………………………………………….. »
VISITATION DE TOULOUSE ……………………………………… »
Vitoz (Vittoz) Gaspard ………………………………………………... »
343, 348
117, 349, 378,
425
4, 426
256, 258, 278
163, 287
162
350 [448]
318/355

32.9 Page 319

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Table de correspondance de cette nouvelle edition avec
les précédentes et indication de la provenance des
manuscrits
_____
NOUVELLE ÉDITION PROVENANCE DES
PREMIÈRE
MSS.
PUBLICATION1412
ÉDITIONS
MODERNES
MLXXXVI
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
……………………
Migne VI, col.
981
MLXXXVII
OXFORD
(Angleterre). M.
Hartwell D. Grissell
……………………
Inédite
MLXXXVIII
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Vivès X, p. 368
Mig. V, col. 1425
MLXXXIX
…………………… Ibid., l. III
Viv. XII, p. 46
Mig. V, col. 1547
MXC
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
…………………… Mig. VI, col. 984
MXCI
VITORIA (Espagne). ……………………
Visitation
Ibid., col. 983
MXCII
ANNECY. Visitation Epistres spirituelles, Viv. X, p. 482
(Copie)
1626, l. II
Mig. V, col. 915
MXCIII
Idem
Ibid., l. III
Viv. XI, p. 271
Mig. V, col. 1306
MXCIV
……………………
Œuvres de Ste J.-F. de
Chantal, t. II1413, p.
186
MXCV
NANCY. Visitation
Hérissant, V, p. 100
Viv. XI, p. 400
Mig. V, col. 1434
MXCVI
ANNECY.
Missionnaires de St-
François de Sales
……………………
Inédite [449]
1412 Les indications qui figurent dans cette colonne sont données sous toutes réserves, et pour des raisons déjà exposées
dans l'Avant-Propos du tome XI.
La numérotation des pièces étant souvent très inexacte dans les éditions du XVIIe siècle, quand nous
remontons à celles-ci, au lieu de citer le numéro d'ordre des Lettres, nous indiquons seulement la série, soit le Livre
dans lequel elles sont insérées.
1413 Sainte Jeanne-Françoise Frêmyot de Chantal, sa Vie et ses Œuvres, Paris, Plon, 1875.
319/355

32.10 Page 320

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MXCVII
MXCVIII
MXCIX
MC
MCI
MCII
MCIII
MCIV
MCV
MCVI
MCVII
MCVIII
MCIX
MCX
MCXI
MCXII
MCXIII
POITIERS. Visitation
……………………
……………………
MONTPELLIER.
Visitation (Copie)
……………………
AMIENS. Visitation
MONTPELLIER.
Visitation (Copie)
REIMS. Visitation
MILAN. Archives
Borromeo
VENISE. Visitation
ANNECY. Visitat.
(Copie)
BEAUFORT (Maine-
et-Loire). Sœurs
hospitalières de St-
Joseph
……………………
……………………
AVIGNON. Noviciat
des RR. PP. Jésuites
(1896)
ANNECY.
Visitatation
TURIN. Bibliothèque
Hérissant, V, p. 102
Œuvres, 1641, t. II,
epist. XXVI
Epistres spirituelles,
1626, l. V
……………………
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 60
……………………
……………………
Blaise, Nouvelles
inédites (1833), p. 54
……………………
……………………
……………………
Hérissant, V, p. 244
Epistres spirituelles,
1626, l. III
Ibid., l. I
……………………
……………………
Hérissant, III, p. 526
Viv. XI, p. 401
Mig. V, col. 1435
Viv. VII, p. 368
Mig. V, col. 1123
Viv. VII, p. 280
Mig. V, col. 975
Inédite
Viv. VII, p. 277
Mig. V, col. 972
Inédite
Inédite
Viv. IX, p. 467
Mig. VI, col. 885
Inédite
Mig. VI, col. 980
Inédite
Viv. XI, p. 435
Mig. V, col. 1477
Viv. XII, p. 45
Mig. V, col. 1547
Viv. VI, p. 343
Mig. V, col. 979
Inédite
(Cf. Mig. VI, col.
1081)
Inédite
Viv. VI, p. 346
320/355

33 Pages 321-330

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33.1 Page 321

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Civica
MCXIV
pp. 56-61
(ll. 1-29)
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. II
suite
TURIN. Visit. (Copie) Ibid.
MCXV
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Datta, II, p. 125
MCXVI
Idem. (Copie)
……………………
MCXVII
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Datta, II, p. 126
MCXVIII
TURIN. Archiv. de
l’Etat et
MONTPELLIER,
Visitation (Copies)
Lettres inédites et
Fleurs choisies de St
Fr. de Sales
(1866)1414, p. 273
MCXIX
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
MCXX
MCXXI
MADRID. Visitation
(2d Monastère)
GUINCAMP (Côtes-
du-Nord). Filles de la
Croix
……………………
Lettres inédites et
Fleurs choisies
(1866), p. 82
MCXXII
MCXXIII
MCXXIV
MCXXV
MCXXVI
pp. 72, 73 MADRID. Visitation Epistres spirituelles,
(ll. 1-5) (1er Monastère)
1626, l. VI
dernier al. Idem
……………………
LYON. Mme Richard- ……………………
Cottin
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
……………………
MONTPELLIER.
Visitation (Copie)
……………………
SAN REMO (Italie). ……………………
Visitation
MCXXVII
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Mig. V, col. 981
Viv. VI, p. 348
Mig. V, col. 982
Ibid.
Viv. IX, p. 468
Mig. VI, col. 705
Mig. VI, col. 986
Viv. IX, p. 469
Mig. VI, col. 705
Viv. VII, p. 283
Mig. V, col. 987
Inédite [450]
Viv. X, p. 522
Mig. V, col. 988
Inédit
Inédite
Mig. IX, col. 85
Inédite
Inédite
Viv. X, p. 524
Mig. V, col. 991
1414 Lettres inédites et Fleurs choisies de saint François de Sales, avec une Préface et des Notes dogmatiques et
historiques par un Directeur de Séminaire. Avignon, Amédée Chaillot, 1866.
321/355

33.2 Page 322

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MCXXVIII
MCXXIX
MCXXX
MCXXXI
MCXXXII
MCXXXIII
MCXXXIV
1er alinéa
MCXXXV
2d alinéa
MCXXXVI
MCXXXVII
MCXXXVIII
MCXXXI
X
mutilée
entière
MCXL
MCXLI
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
TURIN. Archiv. de
l’Etat
MONTPELLIER.
Mme Lamothe-Tenet
CHATEAU DE LA
ROCHE-MAILLY
(Sarthe). Mise de
Mailly
……………………
ANNECY. Visitation
TURIN. Visitation
ANNECY. Visitation
(Vie mste de la Mère
Favre)
Idem
PARIS. Visit. (1er
Mtère)
ROUEN. Visitation
(2d Monastère)
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
……………………
CHAMBERY.
Visitation
……………………
ANNECY. Visitation
(Hist. de la
……………………
Datta, II, p. 127
……………………
……………………
Mig. VI, p. 986
(Voir note (337),
p. 83)
Viv. IX, p. 470
Mig. VI, col. 706
Inédite
Inédite
Vie du Saint, par
Viv. VII, p. 286
Charles-Aug., liv. VIII Mig. V, col. 989
……………………
Inédite
……………………
Inédite
……………………
Inédit
Vie de la Mere M.-J.
Favre (1659)1415, ch.
XXVI
Mig. VI, col. 978
(Voir note (365),
p. 94)
……………………
Inédite
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 12
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Hérissant, III, p. 203
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Viv. X, p. 533
Mig. V, col. 1000
Mig. VI, col.
1031
Viv. VII, p. 289
Mig. V, col. 993
Viv. XI, p. 439
Mig. V, col. 1478
……………………
Inédite [451]
1415 Les Vies de IV des premieres Meres de l'Ordre de la Visitation Sainte Marie... par la Reverende Mere Françoise
Madelene de Chaugy, Superieure du premier Monastere de cet Ordre. A Annessy, par Jacques Clerc, MDCLIX.
322/355

33.3 Page 323

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MCXLII
MCXLIII
MCXLIV
MCXLV (fragment)
MCXLVI
ll. 1-4
MCXLVII
suite
MCXLVIII
MCXLIX
MCL
MCLI
MCLII
MCLIII
MCLIV (fragment)
MCLV
Fondation)
TURIN. Archiv. de
l’Etat
TURIN. Biblioth.
Civica
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
ANNECY. Visitation
(Vie mste de la M.
Favre)
……………………
……………………
……………………
……………………
……………………
ROUEN. Visitation
(2d Monastère)
MILAN. Archives du
prince Trivilzio
CHATEAU DE
SAINT-SEINNE
(Côte-d’Or). Victesse
de Saint-Seine
……………………
ANNECY. Visitation
(Vie mste de la M.
Favre)
……………………
Datta, II, p. 140
Ibid., p. 139
……………………
Viv. VII, p. 293
Mig. VI, col. 715
Viv. VII, p. 293
Mig. VI, col. 713
Mig. VI, col. 987
Vie de la Mere M.-J.
Favre (1659), ch. VII
Ibid., col. 987
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Viv. X, p. 527
Mig. V, col. 996
Datta, II, p. 358
Viv. XII, p. 199
Mig. V, col. 1659,
et VI, col. 838
Epistres spir., 1626, l. Viv. ibid.
VII, et Datta, ibid.
Mig. ibid.
Epistres spirituelles,
1626, l. II
Viv. X, p. 531
Mig. V, col. 999
Hérissant, V, p. 29
Viv. XI, p. 379
Mig. V, col. 1412
Hérissant, Opuscules, Viv. X, p. 534
IV, p. 13
Mig. V, col. 1412
……………………
Mig. VI, col. 988
(traduction)
……………………
Inédite
Datta, II, p. 362
Vie de la Mere M.-J.
Favre (1659), ch.
XXVI
Epistres spirituelles,
Viv. XII, p. 189
Mig. VI, col. 839
Mig. VI, col. 978
Viv. XII, p. 208
323/355

33.4 Page 324

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MCLVI
MCLVII
MCLVIII
MCLIX
SAINT-CERE.
Visitation
MONTPELLIER.
Visitation (Copie)
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
……………………
1626, l. VII
……………………
……………………
……………………
Œuvres, 1641, t. II,
epist. XXV
MCLX
MCLXI
……………………
……………………
Blaise, Nouvelles
inédites (1833), p. 19
Hérissant, III, p. 220
MCLXII
fragments
des pp. ……………………
138, 139
Œuvres, 1641, t. II,
epist. XLVIII
(fragmts). Voir notes
(501), p. 138, et.
(503), (506), p. 139
texte
authentiq
ue
LYON-FOURVIERE.
Visitation
……………………
MCLXIII
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
……………………
MCLXIV (fragment)
ANNECY. Visitation
(Vie manuscrite de la
Sœur de la Forest de
la Fléchère)
Vie de la Sœur
Madeleine de la
Forest de la Flechere
(1659)1416, ch. III
MCLXV
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
……………………
MCLXVI
Idem
……………………
MCLXVII
METZ (Annecy).
Ctesse d’Asnières de
Sales
……………………
MCLXVIII (fragts)
ANNECY. Visitation Œuvres, 1641, t. II,
(Hist. de la
epist. XLVIII
Mig. V, col. 1666
Mig. VI, col.
1353
Inédite
Inédite
Viv. XI, p. 419
Mig. V, col. 1456,
et VI, col. 1031
Viv. VII, p. 300
Mig. VI, col. 864
Viv. VII, p. 301
Mig. V, col. 1002
Viv. VII, p. 344
Mig. V, col. 1072
Mig. VI, col. 992
(Voir not. (508).
p. 141) [452]
Mig. VI, col. 995
Viv. X, p. 210
Mig. V, col. 615,
et VI, col. 995
Mig. VI, col. 996
Ibid., col. 997
Inédite
Viv. VII, p. 343
Mig. V, col. 1072
1416 Les Vies de VIII venerables Veves, Religieuses de l'Ordre de la Visitation Sainte Marie... far la R. Mere Françoise
Madelene de Chaugy, Superieure du premier Monastere de cet Ordre. A Annessy, par Jacques Clerc, MDCLIX.
324/355

33.5 Page 325

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Fondation)
MCLXIX
RIOM. Visitation
……………………
Inédite
MCLXX
BOURG-EN-
……………………
BRESSE. Visitation
Inédite
MCLXXI
TURIN. Visit. (Copie) Datta, II, p. 142
Viv. VI, p. 355
Mig. VI, col. 716
MCLXXII
MILAN. Bibliothèque
Ambrosienne
Ibid., p. 144
Viv. VI, p. 357
Mig. VI, col. 717
et 865 (trad.
latine)
MCLXXIII
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Viv. XI, p. 444
Mig. V, col. 1482
MCLXXIV (fragment)
ANNECY. Visitation
(Ms. original de la
Mère de Chaugy)
Mémoires, par la Mère Viv. X, p. 544
de Chaugy (Paris,
1874, Partie II, ch. X) Mig. V, col. 1002
MCLXXV
pp. 163-
165 (ll. 1-
18)
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
ll. 19-21 Idem
……………………
Mig. VI, col.
1000
Bouchage (1880)1417,
p. 47
fin
Idem
Ibid.
Ibid.
MCLXXVI
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. II
Viv. X, p. 538
Mig. V, col. 1003
MCLXXVII
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
…………………… Mig. VI, col. 998
MCLXXVIII
……………………
Hérissant, III, p. 227
Viv. VI, p. 360
Mig. V, col. 1005
MCLXXIX
CHATEAU DE
MONPONT
(Annecy). Mlle Hélène
de Thiollaz
Epistres spirituelles,
1626, l. I
Viv. VI, p. 361
Mig. V, col. 1006
; cf. VI, col. 1082
MCLXXX
texte
2de leçon
SALUCES. Mme
Boarelli di Verzuolo
……………………
……………………
Epistres spirituelles,
Inédit
Mig. V, col. 1007
1417 Notes historiques sur saint François de Sales, suivies de quelques Lettres inédites du même, présentées au Congrès
des Sociétés savantes Savoisiennes à Annecy en 1879, par l'abbé L. Bouchage, curé de Saint-Cassien prés Chambéry.
Chambéry, Boé. 1880.
325/355

33.6 Page 326

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1626, l. I
[453]
MCLXXXI
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Datta, II, p. 150
Viv. VI, p. 363
Mig. VI, col. 721
MCLXXXII
Idem. (Copie)
……………………
Mig. VI, col.
1001
MCLXXXIII
ORLEANS. Visitation ……………………
Inédite
MCLXXXIV
MALINES. Grand-
Séminaire
……………………
Inédite
MCLXXXV
LA ROCHE (Hte-
Annales Franciscaines
Savoie). Mme Arestan (août 1888)
MCLXXXVI (fragt)
……………………
Charles-Auguste, Vie
de la Mere de Blonay
(1655), chap. VII
Mig. VI, col. 991
MCLXXXVII
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Datta, II, p. 151
Viv. VI, p. 364
Mig. VI, col. 721
MCLXXXVIII
Idem
Ibid., p. 152
Viv. VI, p. 365
Mig. VI, col. 722
MCLXXXIX
PARIS. Archives de
l’Archevêché
Hérissant, III, p. 241
Viv. VII, p. 308
Mig. V, col. 1011
MCXC
PARIS. M. Alexis
Vollon
……………………
Inédite
MCXCI
…………………… Hérissant, V, p. 99
Viv. XI, p. 399
Mig. V, col. 1434
MCXCII
texte
mutilé
……………………
texte
authentiq
ue
ALBENS (Savoie).
Mlle Boissat
Epistres spirituelles,
1626, l. II
Datta, II, p. 156
Mig. V, col. 1011
Viv. X, p. 541
Mig. VI, col. 724
MCXCIII
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
……………………
Mig. VI, col.
1001
MCXCIV
Idem
…………………… Ibid., col. 1002
MCXCV
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Datta, II, p. 155
Viv. VI, p. 367
Mig. VI, col. 723
MCXCVI
Ier Procès de Canonis. ……………………
Inédite
MCXCVII
BOURG-EN-
Epistres spirituelles, Viv. XI, p. 440
326/355

33.7 Page 327

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MCXCVIII
MCXCIX
MCC
MCCI
MCCII
BRESSE. Visitation
(Ancien Ms.)
ANNECY. Visitation
(Ancien Ms. de
l’Année Sainte)
THORENS-SALES
(Annecy). Cte de
Roussy de Sales
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
MONTREAL
(Canada). Grand-
Séminaire
……………………
MCCIII
MCCIV
MCCV
1er alinéa ……………………
2e, 3e, 4e ANNECY. Visitation
alinéas (Ancien Ms.)
dernier al. ……………………
……………………
……………………
MCCVI
ll. 1-6
suite
MCCVII
MCCVIII
ANNECY. Visitation
……………………
……………………
……………………
1626, l. III
Mig. V, col. 1479
Année Sainte de la
Visitation (1868), t. V,
p. 464
Mugnier, S. Fr. de S.
Docteur en droit, etc.
(Chambéry, 1885)
……………………
Mig. VI, col.
1003 (Voir not
(729), p. 211)
……………………
Inédite
Vie du Saint, par le P.
de la Rivière (1625),
liv. IV, chap. VI
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Viv. X, p. 537
Mig. V, col. 1001
Viv. XI, p. 105
Mig. V, col. 1153
Ibid.
Ibid.
Ibid.
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Ibid.
Ibid.
Ibid.
Ibid., l. VII
Ibid., l. VI
Ibid. [454]
Viv. XI, p. 108
Mig. V, col. 1155
Viv. XI, p. 114
Mig. V, col. 1160
(Voir note (754),
p. 218)
Viv. XI, p. 113
Mig. V, col. 1159
(Voir note (759),
p. 219)
Viv. XI, p. 113
Mig. V, col. 1159
Viv. XII, p. 222
Mig. V, col. 1676
Viv. XI, p. 432
327/355

33.8 Page 328

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MCCIX
MCCX
MCCXI
MCCXII
MCCXIII
MCCXIV
ANNECY. Visit.
(Copie)
……………………
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
……………………
CHAMBERY. Chne
Collonges
……………………
TURIN. Visit. (Copie) ……………………
SAINT-VIT (Doubs). ……………………
Abbé Sérioh
ALZANO (Italie).
Visitation
Datta, II, p. 342
MCCXV
ANNECY. Visitation Ibid., p. 107
MCCXVI
NICE. Visitation
……………………
MCCXVII
……………………
Vie du P. Coton
(1688)1418, p. 292
MCCXVIII
VENISE. Visitation
pp. 238-
242 (ll. 1- ……………………
7)
MCCXIX
ll. 8-18
pp. 243-
245
CHAMBERY. Chne
Collonges
suite
……………………
autre
minute
CHAMBERY. Chne
Collonges
……………………
Epistres spirituelles,
1626 (texte français),
1629 (texte latin) l. I
Ibid.
Ibid.
……………………
MCCXX
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. V
MCCXXI
……………………
1er alinéa ORLEANS. Visitation
suite
Idem
……………………
Mig. V, col. 1475
Mig. VI, col.
1005
Ibid., col. 1002
Inédite
Inédite
Inédite
Viv. X, p. 378
Mig. VI, col. 831
Viv. VII, p. 239
Mig. VI, col. 691
Inédite
Viv. XII, p. 141
Mig. V, col. 1698
Inédite
Viv. VI, p. 372
Mig. V, col. 1013
Ibid.
Ibid.
Inédite
Viv. X, p. 545
Mig. V, col. 1021
Viv. XII, p. 244
Mig. V, col. 1692
et VI, col. 1006
Viv. XII, p. 244
1418 La Vie du Pere Pierre Coton, de la Compagnie de Jesus, confesseur des Roys Henri IV et Louis XIII. Par le Pere
Pierre Joseph d'Orleans, de la mesme Compagnie. A Paris, chez Estienne Michallet, premier Imprimeur du Roy, ruë
saint Jacques, à l'Image saint Paul, prés la Fontaine saint Severin. M.DC.LXXXVIII.
328/355

33.9 Page 329

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MCCXXII (fragment)
MCCXXIII
MCCXXIV
MCCXXV
MCCXXVI
MCCXXVII
MCCXXVIII
MCCXXIX
MCCXXX
MCCXXXI
MCCXXXII
MCCXXXIII
MCCXXXIV
MCCXXXV (fragt)
MCCXXXVI
NEVERS. Visit.
(Annales du Mtère de
Moulins)
……………………
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
ROME. Visit. (Copie) ……………………
……………………
NEVERS. Visitation
…………………… Hérissant, III, p. 263
GRAND-SAINT-
BERNARD. Hospice
Mémoires de
l’Académ. Salés., t.
XVII (1894)
TURIN. Ctesse Balbo ……………………
ANNECY. Visitation Datta, II, p. 161
……………………
EVIAN.
Missionnaires de St-
François de Sales
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Epistres spirituelles,
1626, l. VII
Hérissant, III, p. 265
Datta, II, p. 163
Idem
Ibid., p. 164
……………………
Ibid., p. 168
……………………
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VII
Epistres spirituelles,
Mig. V, col. 1692
[455]
Mig. VI, col.
1006
Viv. VII, p. 295,
et XI, p. 425
Mig. V, col. 1470
Inédite
Viv. XI, p. 324
Mig. V, col. 1351
Viv. X, p. 546
Mig. V, col. 1021
Mig. VI, col.
1059
Viv. VII, p. 311
Mig. VI, col. 727
Viv. XI, p. 357
Mig. V, col. 1688
Viv. X, p. 547
Mig. V, col. 1022
Viv. IX, p. 483
Mig. VI, col. 728
Viv. IX, p. 484
Mig. VI, col. 729
Viv. XI, p. 5
Mig. VI, col. 731
Viv. XI, p. 6
Mig. V, col. 1025
Viv. X, p. 495
329/355

33.10 Page 330

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MCCXXXVII
MCCXXXVIII
MCCXXXIX
MCCXL
MCCXLI
MCCXLII
MCCXLIII
MCCXLIV
MCCXLV
MCCXLVI
MCCXLVII
MCCXLVIII
MCCXLIX
MCCL
MCCLI
MCCLII
MCCLIII
……………………
DOLE. Visitation
1626, l. IV
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
……………………
LYON. Abbé Routier, ……………………
curéde Saint-Nizier
MONTPELLIER.
Visitation (Copie)
……………………
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
……………………
REIMS. Visitation
……………………
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
ROME. Archives des
RR. PP. Barnabites
(Copie)
……………………
TURIN. Visit. (Copie) ……………………
…………………… Hérissant, III, p. 273
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Datta, II, p. 170
TURIN. Archiv. de
l’Etat
……………………
Datta, II, p. 171
Ibid., p. 172
……………………
Ibid., p. 169
LYON-FOURVIERE. ……………………
Visitation
…………………… ……………………
ALASSIO (Nice).
……………………
Mig. V, col. 946
Viv. VII, p. 313
Mig. V, col. 1025
Viv. XII, p. 13
Mig. V, col. 1026
Inédite
Inédite
Mig. VI, col.
1007
Viv. VII, p. 314
Mig. V, col. 1026
Viv. XI, p. 7
Mig. V, col. 1028
Inédite
Inédite
Viv. VII, p. 316
Mig. V, col. 1028
Viv. VI, p. 385
Mig. VI, col. 732
[456]
Viv. VI, p. 386
Mig. VI, col. 733
Viv. VI, p. 387
Mig. VI, col. 733
Viv. VI, p. 384
Mig. VI, col. 732
Mig. VI, col.
1007
Ibid., col. 1096
Ibid., col. 1082
330/355

34 Pages 331-340

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34.1 Page 331

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MCCLIV
MCCLV
MCCLVI
MCCLVII
MCCLVIII
MCCLIX
MCCLX
MCCLXI
MCCLXII
MCCLXIII
MCCLXIV
MCCLXV
MCCLXVI
MCCLXVII (fragt)
Collège municipal
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. III
ANNECY. Visitation Datta, II, p. 180
TURIN. Bibliothèque
Civica
Ibid., p. 175
CHATEAU DE
MONTGOGER
(Indre-et-Loire). Vcte
de la Villarmois
Ibid., p. 173
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Ibid., p. 176
Idem. (Copie)
……………………
TURIN. Visit. (Copie) ……………………
LYON. Bibliothèque
(Imprimé)
La Mire de Vie, etc.
(Voir note (1064), p.
315, et Péricaud,
Lyon1419, 1846.)
ANNECY.
Missionaires de St-
François de Sales
Datta, II, p. 351
CRACOVIE.
Visitation
……………………
CHATEAU DE
SCHALOEN
(Limbourg Hollands).
Cte de Villers-
Masbourg
……………………
MONTPELLIER.
Visitation (Copie)
……………………
ANNECY. Visitation ……………………
(Ancien Ms.)
SALO (Italie).
……………………
Viv. XI, p. 8
Mig. V, col. 1029
Viv. XI, p. 11
Mig. VI, col. 737
Viv. VII, p. 317
Mig. VI, col. 734
Viv. VI, p. 388
Mig. VI, col. 734
Viv. VI, p. 390
Mig. VI, col. 735
Mig. VI, col.
1008
Inédite
Viv. XI, p. 414
Mig. VI, col. 836
Inédite
Inédite
Inédite
Inédite
Inédit
1419 Notes et Documents four servir à l'histoire de Lyon sous le règne de Louis XIII, 1610-1643, par Antoine Péricaud,
aîné, Bibliothécaire de la ville de Lyon, des Académies de Lyon, Turin, etc. (Lyon, Mongin-Rusand, 1846), pp. 75,
76.
331/355

34.2 Page 332

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MCCLXVIII
MCCLXIX
MCCLXX
MCCLXXI
MCCLXXII
MCCLXXIII
MCCLXXIV
MCCLXXV
MCCLXXVI
MCCLXXVII
MCCLXXVIII
MCCLXXIX
MCCLXXX
MCCLXXXI
MCCLXXXII
Visitation
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. V
MARSEILLE.
Visitation (2d Mtère)
……………………
CHATEAU DE
MONPONT
(Annecy). Mlle Hélène
de Thiollaz
……………………
MONFORT (Gers).
Mme veuve de
Marcassus
……………………
PARIS. Religieuses de
l’Adoration
Datta, II, p. 181
réparatrice
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Ibid., p. 183
…………………… Hérissant, III, p. 283
ANNECY. Visitation
(Ancien Ms. de
l’Année Sainte)
Année Sainte de la
Visitation (1689), t. I,
p. 87
PARIS. M. Levesque,
bibliothécaire du
……………………
Sénaire de St-Sulpice
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. V
ANNECY. Archives Annales Salésiennes,
de la Haute-Savoie juillet 1908
ROUEN. Visitation
(2d Monastère)
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 16
MOULINS. Visitation ……………………
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. V
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Datta, II, p. 184
Inédite
Mig. VI, col.
1095 [457]
Inédite
Viv. IX, p. 485
Mig. VI, col. 737
Viv. VI, p. 394
Mig. VI, col. 739
Viv. VI, p. 394
Mig. VI, col. 739
Viv. X, p. 475
Mig. VI, col. 695
Inédite
Viv. XI, p. 480
Mig. V, col. 1508
Viv. VII, p. 324
Mig. V, col. 1037
Inédite
Viv. XI, p. 450
Mig. V, col. 1486
Viv. VI, p. 395
Mig. VI, col. 739
332/355

34.3 Page 333

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MCCLXXXIII
MCCLXXXIV
MCCLXXXV
MCCLXXXVI
MCCLXXXVII
MCCLXXXVIII
MCCLXXXIX
MCCXC
MCCXCI
MCCXCII
MCCXCIII
MCCXCIV
MCCXCV
MCCXCVI
MCCXCVII
…………………… …………………… Ibid., col. 1010
BESANÇON.
Bibliothèque
……………………
Inédite
TURIN. Archiv. de
l’Etat
Datta, II, p. 185
Viv. VII, p. 325
Mig. VI, col. 740
Idem
Ibid., p. 188
Viv. VI, p. 398
Mig. VI, col. 741
Idem
Ibid., p. 187
Viv. VI, p. 396
Mig. VI, col. 740
ANNECY. Visitation
(Ancien Ms. de
l’Année Sainte)
Année Sainte de la
Visitation (1689), t. I,
p. 309
Viv. VII, p. 326
Mig. VI, col. 742
……………………
Œuvres, 1641, t. II,
epist. XXXVIII
Viv. XII, p. 109
Mig. V, col. 1597
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. VI
Viv. XI, p. 429
Mig. V, col. 1473
CHATEAU DE
MONTHEARD
(Sarthe). Mme Daniel
de Vauguyon
Hérissant, III, p. 292
Viv. VII, p. 327
Mig. V, col. 1038
LYON. Abbé Longin
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Viv. XI, p. 490
Mig. V, col. 1515
ROME. Archives des
RR. PP. Barnabites
Datta, II, p. 190
Viv. VI, p. 399
Mig. VI, col. 741,
et 1011
(traduction) [458]
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
Viv. XII, p. 73
Mig. V, col. 1563
……………………
Ibid., l. V, p. 605, et
III, p. 223
Viv. XI, p. 13, et
XII, p. 144
Mig. V, col. 1039
et 1624
LAVAL. Dames du
Sacré-Cœur
CHAMBERY. Chne
Collonges
……………………
……………………
Inédite
Inédite
333/355

34.4 Page 334

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MCCXCVIII
ROUEN. Visitation
(2d Monastère)
MCCC
pp. 383-
385 (ll. 1-
6)
PIGNEROL.
Visitation
post-
script
Idem
MCCCI
pp. 386-
389 (ll. 1-
14)
CHAMBERY.
Visitation
suite
Idem
MCCCII
LONDRES. Mme
Morrison
MCCCIII
……………………
MCCCIV
TURIN. Archiv. de
l’Etat (Copie)
MCCCV
……………………
MCCCVI
AUTUN. Visitation
MCCCVII (fragments) LYON. M. Gonthier
Hérissant, Opuscules,
IV, p. 10
Ibid., p. 194
Viv. VII, p. 328
Mig. V, col. 1041
Viv. VII, p. 329
Mig. VI, col. 744
Ibid., p. 366
Epistres spirituelles,
1626, l. II
Viv. XI, p. 78
Mig. VI, col. 842
Viv. XI, p. 17
Mig. V, col. 1042
Datta, II, p. 201
Ibid., p. 196
Ibid., p. 202
……………………
Epistres spirituelles,
1626, l. IV
……………………
……………………
Viv. XI, p. 20
Mig. V, col. 1045
Viv. VII, p. 332
Mig. VI, col. 746
Viv. IX, p. 487
Mig. VI, col. 747
Mig. VI, col.
1012
Viv. XII, p. 128
Mig. V, col. 1610
Inédite
Inédits
A
B
C
D
I
APPENDICE
I
IId Procès de
Canonisation
THORENS-SALES
(Annecy). Cte de
Roussy de Sales
ANNECY. Visitation
Idem
……………………
……………………
Inédite
Inédite
……………………
Mig. IX, col. 86
[459]
Lettres de Ste J.-F. de
Chantal (1877), vol. I,
p. 109
334/355

34.5 Page 335

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…………………… Epistres spirituelles Viv. XI, p. 107
II
de la Mere de
Chantal1420 (1644), l. Mig. V, col. 1155
I, epist. VIII
……………………
Viv. XI, p. 110
III
Ibid., epist. XII
Mig. V, col. 1157
ANNECY. Visitation ……………………
E
(Hist. de la Fondation
de la Visitation de
Mig. IX, col. 90
Moulins)
F
Idem
…………………… Ibid., col. 91
G
Idem
……………………
Inédite
H
Idem
…………………… Mig. IX, col. 92
I
ANNECY. Visitation ……………………
Inédite
J
LYON. Bibliothèque
(Imprimé)
La Mire de Vie, etc.
(Voir ci-dessus, p.
457)
Epistres spirituelles, Viv. VI, p. 391
K
…………………… 1626 (traduction),
1629 (texte latin), l. I Mig. V, col. 1029
L
ANNECY. Visitation ……………………
Mig. VI, col.
1010
I
…………………… ……………………
Inédite
p. 422
(ll. 1-
22)
Idem
……………………
Inédites
M
II ll. 23-33
p. 423 Idem
(ll. 1-4)
Vie de la Mere M.-J. Viv. X, p. 536
Favre (1659), ch. VIII Mig. V, col. 1001
fin
Idem
……………………
Inédite
III
(fragments)
Idem
…………………… Mig. IX, col. 92
IV
Idem
……………………
Inédite
N (fragment)
Idem. (Vie manuscrite Vie de la Mere M.-J.
de la Mère Favre)
Favre (1659), ch. VII
O
…………………… Talon, Vie du B.-H. Mig. V, col. 1563
Fr. de Sales, ch. XI
1420 Les Epistres spirituelles de la Mere Jeanne Françoise Fremiot, Baronne de Chantal, Fondatrice et premiere
Superieure de l'Ordre de la Visitation Saincte Marie, fidellement recueillies par les Religieuses du premier Monastere
d'Annessy. A Lyon, pour Vincent de Cœursillys, ruë Tupin, à la Fleur de Lys. Avec Privilege du Roy. 1644.
335/355

34.6 Page 336

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APPENDICE II
(éd. 1641)
LYON. Bibliothèque
(Imprimé)
La Mire de Vie, etc.
(Voir ci-dessus, p.
457) [460]
336/355

34.7 Page 337

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Table des matières
____
Avant-Propos …………………………………………………………………………...
V
Avis au Lecteur ………………………………………………………………………… XVIII
_____
ANNÉE 1615
(Suite)
LETTRE A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Le Saint n'agrée pas que ses amis se
MLXXXVI déchargent sur lui d'une responsabilité qui leur incombe. Un
précepteur difficile à trouver même chez les rois. Qu'on
s'abstienne d'accabler de devoirs les élèves. Défense d'un
professeur. Que faire quand le corps et l'esprit sont languissants .. 1
MLXXXVII AU COMTE DE TOURNON (Inédite). Une absolution que
l'Evêque de Genève attend de la courtoisie de son destinataire.
Remerciements pour communication de manuscrits ……………….. 5
MLXXXVIII A LA MÈRE DE CHANTAL. L'anniversaire d'une vocation.
Une race spirituelle que le Saint demande à Dieu de multiplier.
Actions de grâces à la divine Trinité ………………………………… 6
MLXXXIX A Mme DE PEYZIEU. Ce qu'il faut éviter et réprimer dans les
curiosités d'outre-tombe, à propos de nos parents défunts.
Pourquoi les chrétiens doivent modérer leurs regrets ……………….. 7
MXC A Mme DE LA FLÉCHÈRE. La lassitude du corps et les passions
de l'âme. Dans quel cas s'asseoir au temps de la prière. Les
distractions et l'oraison. La vie en dehors de Dieu est une mort.
C'est au Saint-Esprit de pousser les âmes comme il lui plaît ……….. 9
MXCI A Mme DE RUANS. Les visites du Saint-Esprit parmi les
tribulations. Exhortation à l'amour de la Croix ………………….. 11
MXCII
A Mme DE LACROIX D'AUTHERIN. Dans la correction des
défauts, ne pas séparer la pratique de l'humilité de la fidélité envers
Dieu. En quel cas le Bienheureux ne juge pas mauvais qu'on soit
un peu privé de la sainte Communion. Utilité des confessions
fréquentes. Annonce d'un voyage à Lyon et en Chablais. La
lecture spirituelle ……………………………………………………
12
[461]
MXCIII A LA MÊME. Vengeances et réparations. Quelle doit être
l'attitude d'une personne honorable en face des diffamations, et le
meilleur moyen de répondre aux chansonneurs. Dieu protège
l'honneur des gens de bien ………………………………………….. 14
337/355

34.8 Page 338

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MXCIV A Mgr DE MARQUEMONT. L'intention de saint François de
Sales en fondant un nouvel Ordre de Religieuses. Quelle doit être
leur unique prétention ………………………………………………. 16
MXCV A LA MÈRE DE CHANTAL. Le gouverneur de Lyon,
commensal et ami du Saint. L'union des âmes les rend présentes
l'une à l'autre. Annonce d'un sermon d'amour …………………… 17
MXCVI A LA MÊME (Billet inédit). Mémoire et visite pour une affaire .. 19
MXCVII A LA MÊME. Annonce d'un départ et d'une visite ……………… 19
MXCVIII AU SUPÉRIEUR D'UNE COMMUNAUTÉ. Charité
compatissante du Saint en faveur d'un Religieux expulsé de son
Ordre ………………………………………………………………... 20
MXCIX A LA MÈRE DE CHANTAL. Le retour de l'Evêque de Genève à
Annecy ; la présidente Le Blanc l'accompagne à Saint-Priest. Mme
de Travernay à l'article de la mort ; une petite histoire villageoise …. 22
MC A Mgr FENOUILLET (Inédite). L'importunité des grandes villes.
La paix après la guerre ; courage militaire des princes de Savoie
et de la noblesse savoyarde ; force veuves et orphelins ……………. 25
MCI A M. DES HAYES. Pourquoi le jeune des Hayes a fini par se
ranger à la discipline. Ce qu'il faudra faire s'il ne persévère pas.
Tendresse et sollicitudes du Saint pour le fils de son ami. Eloge
du prince de Piémont ……………………………………………….. 27
MCII A Mme DE TRAVERNAY (Inédite). Paternel intérêt pour une
jeune veuve malade, nièce de la destinataire ……………………….. 29
MCIII A Mgr FENOUILLET (Inédite). Les suites de la guerre pour les
deux partis. « La terre des tranchees » et « celle des tombeaux. ». 31
MCIV A M. DUNANT. Recommandation en faveur d'un catholique.
Les mariages que l'Evêque de Genève ne voulait pas autoriser ……. 32
MCV A LA MÈRE DE CHANTAL (Inédite). Des Tiercelines de
Toulouse en quête d'une direction ; difficulté pour la Visitation de
l'accepter. Expédient proposé pour contenter les dames de Billom.
Il vaut mieux refuser que d'entreprendre témérairement ………… 34
MCVI A LA MÊME. Affaires variées. Une mortification pour Mme
de Charmoisy. Salutations particulières du Saint à ses [462] chères
Filles. Souvenir de sa première rencontre avec Marie-Aimée de
Blonay ……………………………………………………………… 38
MCVII — A LA SŒUR DE BRÉCHARD (Inédite). Une affaire très
heureusement engagée par le Saint. Dieu fait son bon plaisir
malgré les petitesses et l'amour-propre des hommes. Deux
aspirantes à la Visitation ……………………………………………. 41
MCVIII A LA MÊME. Liberté de conscience laissée aux Religieuses de la 42
338/355

34.9 Page 339

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Visitation. D'où dépend véritablement la ferveur ………………..
MCIX A Mme DE PEYZIEU. Charitable sollicitude pour la santé de la
destinataire. Conseils appropriés aux besoins de son âme ……… 44
MCX AU PRINCE DE PIÉMONT. On peut attendre de grands fruits de
l'établissement des PP. Barnabites à Thonon et de la restauration du
culte qui sera faite par eux dans l'église de Saint-Augustin.
L'Evêque recommande au prince les affaires de la religion catholique 45
MCXI AU CHANOINE DE SALES, SON FRERE (Inédite).
Instructions particulières pour assurer la régularité d'un concours.
La science seule ne suffit pas à l'exercice du ministère pastoral.
Nouvelles de la peste. Le Saint accepte de séjourner aux portes
d'Annecy à son retour du Chablais. Salutations et messages ……. 48
MCXII A MM. LES EXAMINATEURS POUR LES CONCOURS (Inédite).
Rappel d'une décision prise pour assurer un revenu au pénitencier
de la cathédrale. Recommandation en faveur d'un concurrent ….. 53
MCXIII AU CHANOINE DE SALES, SON FRÈRE. Regrets du Saint sur
la mort de son vicaire général, Jean Favre. Jean-François de Sales
désigné pour lui succéder ; motif de ce choix. La contagion à
Genève ……………………………………………………………… 54
MCXIV A L'ABBESSE DE SAINTE-CLAIRE D'EVIAN. Trois moyens
de perfection pour une Communauté religieuse. Le mien et le tien
: deux mots qui ruinent la charité. Danger de la liberté de propriété
et avantage de la liberté des communications spirituelles ………….. 56
MCXV AU DUC DE SAVOIE. Recommandation en faveur d'un converti
qui se destine à l'état ecclésiastique. Eloge de sa piété et de sa
constance dans la foi ………………………………………………... 63
MCXVI A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Nouvelles diverses. Une fille
spirituelle du Saint qui donne espérance de bien servir Dieu.
Maladie de la Sœur de Bréchard ……………………………………. 64
MCXVII AU DUC DE SAVOIE. L'introduction de « l'art de la soye »
avantageuse aux intérêts spirituels et temporels du peuple.
Requête pour obtenir à cette industrie la protection du prince ……… 65
MCXVIII A Mgr FENOUILLET. « Sans guerre, sans nouvelles. » [463]
Fureur de la peste à Genève. Souhait apostolique du saint Evêque 66
MCXIX A LA MÈRE FAVRE. Dieu porte avec nous les charges imposées
par l'obéissance. Assurance paternelle de prières ……………….. 67
MCXX A Mme DE LA FLÉCHÈRE (Inédite). Actions de grâces pour la
guérison de Charles de la Fléchère. Prochain retour de la Mère de
Chantal et quelques nouvelles. Une question théologique ………. 69
MCXXI A LA MÈRE DE CHANTAL. — Convalescence de la Sœur de 70
Bréchard. Le Général des Feuillants en visite chez le Saint.
339/355

34.10 Page 340

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Appréhensions au sujet d'une personne dont les voies semblaient
extraordinaires ………………………………………………………
MCXXII A LA MÈRE FAVRE. Affectueuse sollicitude du Saint pour le
cœur de sa chère Fille. — Les choses vont d'autant mieux qu'elles
sont plus au goût de Dieu et moins à notre gré. Ce qu'il faut faire
parmi les difficultés. Messages paternels ……………………….. 72
MCXXIII A M. DE BLONAY (Inédite). Pourquoi les Pères Barnabites ne
peuvent pas encore s'installer à Thonon. Affaire du prieuré de
Contamine ………………………………………………………….. 73
MCXXIV A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Les dîmes et la volonté de Dieu.
Mort d'un religieux Feuillant. Arrivée très prochaine de la Mère
de Chantal et de Mme de Charmoisy ………………………………… 75
MCXXV A Mgr FENOUILLET (Inédite). Recommandation en faveur d'un
futur étudiant en médecine. Bruits de guerre en France ………… 76
MCXXVI A LA MÈRE DE CHANTAL (Billet inédit). Charité attentive du
Saint pour la Mère de Chantal ……………………………………… 78
MCXXVII A LA MÈRE FAVRE. Béatitude du dépouillement intérieur.
Le courage des filles du monde et celui des filles de Dieu.
Promesse d'union et de prières. Il ne faut point permettre « aux
apprehensions d'apprehender » notre cœur. — Recours aux saints
Anges. — Sœur Marie-Renée ; souvenir consolant de sa confession
générale …………………………………………………………….. 79
MCXXVIII A Mme DE LA FLÉCHÈRE. La comtesse de Tournon malade ;
son mari « un petit fasché » contre le Saint. Gracieuse humilité de
François de Sales qui s'entend peu aux compliments et marche « a la
bonne foy ». Nouvelles et messages ……………………………. 82
MCXXIX AU DUC DE SAVOIE. L'Evêque de Genève s'excuse de n'avoir
pu conférer un bénéfice à un candidat recommandé par Son Altesse. 83
MCXXX A Mgr FENOUILLET (Inédite). Saint François de Sales se porte
garant du repentir d'un coupable. Souvenirs du séjour de Mgr de 85
Marquemont à Annecy, Genève décimée par la peste ………….. [464]
MCXXXI A Mme DE PEYZIEU (Inédite). Protestations de respectueuse
affection pour la destinataire et ses enfants …………………………. 87
MCXXXII AU MARQUIS DE LANS. Justification loyale et ferme du Saint
au sujet des soupçons éveillés par la visite de l'Archevêque de Lyon.
Il proteste de son attachement inviolable à son légitime souverain 88
MCXXXIII A LA MÈRE DE CHANTAL (Billet inédit). Le Saint promet à la
Mère de Chantal d'aller le lendemain recevoir sa confession annuelle 92
MCXXXIV A LA MÊME (Inédite). Question d'argent à traiter avec le cousin
de la Sœur de Monthoux …………………………………………… 92
340/355

35 Pages 341-350

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35.1 Page 341

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MCXXXV A LA MÈRE FAVRE. Tristesse témoignée par la Mère Favre à
une amie ; encouragements paternels. La « grande Fille »
particulièrement chérie des deux Fondateurs ………………………. 93
MCXXXVI A LA MÈRE DE CHANTAL (Billet inédit). Le Saint empêché
d'écrire une lettre par un appointement et un souper ……………….. 95
MCXXXVII A M. DE FORAS. Témoignages de très affectueuse amitié au
destinataire à son retour de Lorette ………………………………….. 95
MCXXXVIII A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Affaires épineuses que François de
Sales voudrait arranger à la consolation de Mme de Bressieu. Une
tempête prévue au sujet de l'entrée de deux postulantes à la
Visitation. Haine mortelle du Saint pour le monde ennemi de
l'esprit de Dieu. Les projets de M. de Rességuier ……………….. 97
MCXXXIX A LA MÈRE FAVRE. Aimable entente pour l'échange des lettres.
La Visitation féconde dès sa naissance. Les lis entre les épines
et les roses auprès des aulx. Conduite à tenir dans une tentation.
Pour agréer à Notre-Seigneur, le soin doit être humble, doux et
tranquille. Dévotion généreuse que le Fondateur désire de ses
Filles. Affectueux messages. — Renouvellement des vœux le jour
de la Présentation …………………………………………………… 100
MCXL — A LA SŒUR DE BLONAY. — Céleste nourriture des enfants de
Dieu. Agir par obéissance, gage du secours d'En-haut. Quel
labeur il ne faut jamais fuir …………………………………………. 105
MCXLI AU MARQUIS DE LANS (Inédite). Discours de capitaines et
discours de Pasteurs de l'Eglise. Quelle « affaire d'Estat » s'est
traitée entre Mgr de Marquemont et l'Evêque de Genève …………… 107
MCXLII AU DUC DE SAVOIE. Sur l'ordre de son prince, François de
Sales explique le sujet du voyage en Savoie de l'Archevêque de
Lyon. Eloge de ce Prélat. Appel respectueux à la justice de
Charles-Emmanuel …………………………………………………. 108
MCXLIII A M. VIBOD. Envoi d'une lettre pour le duc Charles-Emmanuel. 110
[465]
MCXLIV A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Vigilance du saint Evêque pour le
maintien de la justice et de la charité. Encore l'affaire de Mme de
Bressieu, Tapage mondain autour de deux vocations …………… 111
MCXLV AU GÉNÉRAL DES FEUILLANTS. Consolation donnée au
Saint par la sage conduite de la Mère Favre ………………………… 113
MCXLVI A LA MÈRE FAVRE. Couronnes des épouses et soucis des
mères. La Visitation est « une fontaine sacree. » Souhaits du
Fondateur à ses Filles ………………………………………………. 113
MCXLVII A Mme DE VlGNOD. De grandes fêtes qui, d'elles-mêmes, parlent
divinement. Le silence de Jésus et de sa Mère ; qu'il dit au Saint
de grandes choses ! Contemplation. La crèche et l'autel.
115
341/355

35.2 Page 342

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Saint Bernard et la Nativité ………………………………………….
MCXLVIII A LA MÈRE FAVRE. Artifice du démon dans une tentation de
joie. Les Anges venant chercher le Ciel dans « la petite spelonque
de Bethlehem. » S'humilier profondément pour voir de plus près
le Sauveur « abismé dans le fin fond de l'humilité. » ……………….. 117
MCXLIX A M. DU MARTHEREY. Une affaire qui s'achèvera à la
satisfaction du destinataire. Jeunesse et oisiveté : deux mauvaises
compagnes. Puissance de la « hantise ». Réponse au sujet d'un
mariage …………………………………………………………….. 119
MCL A M. DE FORAS. Un pacte d'amitié …………………………… 120
MCLI A Mgr JOST. Un désir de l'Evêque de Sion difficile à satisfaire.
Quel prédicateur il faut aux Valaisans. Persévérance d'un
converti. La peste à Saint-Maurice. Envoi d'un aspersoir et de
lettres testimoniales ………………………………………………… 121
MCLII A LA MÈRE DE CHANTAL (Inédite). Compte-rendu d'un
entretien avec un prétendant de Mlle de Chantal ……………………. 124
MCLIII — A LA SŒUR DE CHASTEL. — Constance des saintes affections.
Parmi les sécheresses, attendre en paix la rosée céleste. « Rien
au monde pour nostre cœur que Dieu, ni pour Dieu que nostre cœur
» …………………………………………………………………….. 125
MCLIV A LA MÈRE FAVRE. Le rang de la Mère Favre dans le cœur du
Saint et dans l'Institut ………………………………………………. 126
ANNÉE 1616
MCLV A LA MÈRE DE CHANTAL. Souhaits de nouvel an pour la
destinataire et la Congrégation. Effusions d'amour à Jésus-Christ 127
Notre-Seigneur. Le chercher uniquement et tout faire pour lui …. [466]
MCLVI AU DUC DE BELLEGARDE. Vicissitude des années et
permanence des affections formées par Dieu. Les enfants pensent
souvent à leurs pères ; les pères pensent toujours à leurs enfants.
L'alcyon sur les ondes ………………………………………………. 129
MCLVII A Mgr FENOUILLET (Inédite), Efforts du Saint pour amener une
réconciliation. La peste, messagère de la miséricorde divine ……. 131
MCLVIII A Mme DE LA FLÉCHÈRE (Inédite). En route pour Samoëns ;
une semaine d'hiver …………………………………………………. 133
MCLIX A LA MÈRE FAVRE. Ce que Dieu fera pour la Visitation, et ce
qu'il fera pour la Mère Favre. Souffrir en Dieu rend la souffrance
heureuse. Manifestations extérieures du zèle ……………………. 134
MCLX A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Un voyage arrêté par les neiges.
Mme de Charmoisy hors de danger. Pourquoi le Saint ne trouvait
135
342/355

35.3 Page 343

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pas facilement un prédicateur pour Rumilly ………………………..
MCLXI A Mgr FENOUILLET. Une amitié toujours heureuse de
s'exprimer. Malades qui refusent les ordonnances du médecin …. 136
MCLXII A LA MÈRE FAVRE. Une réponse à ce que Mgr de Marquemont
allègue contre la Visitation. Pourquoi le Fondateur eût préféré le
titre de simple Congrégation ; raisons de sa condescendance à faire
de l'Institut naissant un Ordre religieux. « Suavité nompareille »
en son acquiescement. Ses réserves. Une fondation est désirée
à Chambéry …………………………………………………………. 137
MCLXIII A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Promesse d'une visite au retour de
Mioncas. François de Sales va dire la sainte Messe à la Visitation
pour M. de la Fléchère malade ……………………………………… 142
MCLXIV A M. DE QUOEX. Veuvage de Mme de la Fléchère. Eloge de
cette « parfaite brebis » d'un bercail affligé …………………………. 143
MCLXV A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Affaires de tutelle. Prudence et
sainte indépendance en face du monde. Les prétentions et les
plaintes de M. Guidebois. Un prédicateur de Carême.
Prochains arrangements à la cure de Rumilly ……………………… 144
MCLXVI A Mme DE MIEUDRY. Etre ce que Dieu veut : faibles de corps,
mais siens de cœur. — Nouvelles difficultés dans le service paroissial
de Rumilly. L'Evêque se justifie humblement, sans blâmer ses
détracteurs. Les « caprices des hommes. » Soyons « vaysseaux
bien profons » pour recevoir les grâce» de Dieu …………………… 147
MCLXVII A M. DE CERISIER (Billet inédit). Dispenses pour le Carême en
faveur d'un malade …………………………………………………. 149
MCLXVIII A LA MÈRE FAVRE. Humbles réponses qu'il faudra faire à
l'Archevêque de Lyon. « L'esprit parfait et apostolique, » [467]
propre esprit de la Visitation. Quel amour peut vivre sans anxiété 150
MCLXIX A Mme DE LA FLÉCHÈRE (Inédite). Où croissent les lis
agréables à l'Epoux céleste. L'ouvrage le plus doux, l'ouvrage le
meilleur. Députer Charles de la Fléchère vers le gouverneur de
Savoie ………………………………………………………………. 151
MCLXX AU COMTE DE TOURNON (Inédite). Un prétendant au
sacerdoce qui a besoin d'étudier davantage ………………………… 152
MCLXXI AU DUC DE SAVOIE. Reconnaissance de la province envers
Son Altesse pour l'établissement des Barnabites à Annecy. Celui
qui a planté un arbre le doit arroser. Deux prieurés en ruine
spirituelle et matérielle. Le collège d'Annecy antagoniste de celui
de Genève …………………………………………………………... 153
MCLXXII AU CARDINAL BORROMÉE. Remerciements pour un envoi de
reliques de saint Charles. Le culte du glorieux Cardinal s'accroît
156
343/355

35.4 Page 344

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en France et en Savoie ………………………………………………
MCLXXIII — A LA SŒUR DE CHEVRON-VILLETTE. Des racines qu'on ne
peut arracher, mais qui ne doivent pas produire de fruits.
Combattre sur terre, se reposer au Ciel. N'être ni « pleureuse ni
plaignante ». Remède à la colère ………………………………… 159
MCLXXIV A UNE PERSONNE INCONNUE. Moissons et moissonneuses.. 162
MCLXXV A Mme DE LA FLÉCHÈRE. La succession de M. de la Fléchère.
Au milieu des ennuis, s'attacher, esclave d'amour, au pied de la
Croix ……………………………………………………………….. 163
MCLXXVI A UNE DAME. La meilleure saison pour la culture du cœur. —
Gardons nos résolutions en cette vie mortelle, et elles nous
conserveront en l'éternelle. Conseils pratiques sur la fréquentation
des Sacrements et les exercices de piété. Faire l'aumône de sa
propre main. Conduite à tenir avec « ceux du logis » …………… 166
MCLXXVII A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Divers conseils pour l'administration
des biens laissés par M. de la Fléchère Paternels avis pour la vente
de ses chevaux ………………………………………………………. 169
MCLXXVIII A DON GUÉRIN. Nouvelles démarches auprès de la cour de
Savoie pour l'établissement des PP. Barnabites à Thonon …………. 171
MCLXXIX
AU PRINCE CARDINAL DE SAVOIE. Souhaits de l'Evêque de
Genève pour la canonisation du bienheureux Amédée. Confiance
des peuples en l'intercession de ce glorieux Prince. Les Barnabites
à Thonon, moyen de donner un nouvel essor à la piété populaire ….
174
[468]
MCLXXX AU DUC DE SAVOIE (Inédite). Double droit de Son Altesse sur
Thonon. Difficultés pour la remise du prieuré de Contamine aux
PP. Barnabites ………………………………………………………. 176
MCLXXXI AU PRINCE DE PIÉMONT. Encore Contamine et les PP.
Barnabites de Thonon ………………………………………………. 178
MCLXXXII A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Solution d'un cas de conscience ….. 179
MCLXXXIII AU DUC DE NEMOURS (Inédite). Hommage d obéissance et
souhaits de prospérité à l'occasion des fêtes pascales ……………….. 180
MCLXXXIV A DON GUÉRIN (Inédite). Des lettres pour les Princes et une
mission auprès du comte de Verrua confiées au destinataire ………. 181
MCLXXXV AU PÈRE DOMINIQUE DE CHAMBÉRY. Démarches pour
l'établissement des PP. Capucins à La Roche ……………………….. 182
MCLXXXVI — A LA SŒUR DE BLONAY. — La Visitation d'Annecy « racine
petite, basse et profonde » ………………………………………….. 184
MCLXXXVII AU DUC DE SAVOIE. Remerciements au souverain, bienfaiteur
de son peuple ……………………………………………………….. 185
344/355

35.5 Page 345

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MCLXXXVIII A M. VIBOD. Le Duc autorise François de Sales à prêcher à
Grenoble. Nouvelles explications au sujet des visites de prélats
français à Annecy …………………………………………………… 186
MCLXXXIX AU DUC DE NEMOURS. Demande d'une faveur pour un
gentilhomme ………………………………………………………... 188
MCXC A Mme DE BRESSIEU (Inédite). Une affaire sur le point de se
terminer. Céder aux conseils des amis …………………………… 189
MCXCI A LA MÈRE DE CHANTAL. Quelles amitiés sont indépendantes
des distances et des séparations …………………………………….. 190
MCXCII A LA MÈRE FAVRE. Retour d'un voyage en Chablais. Mort
du comte de Tournon. Deux sortes de bons désirs : ceux qui
sanctifient l'âme et ceux qui remplissent l'enfer ; comment les
distinguer. Méthode très simple pour la méditation des mystères
de la Vie de Notre-Seigneur. Salutations affectueuses ………….. 191
MCXCIII A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Affaires et nouvelles diverses.
Réclamations de créanciers ; comment les supporter. Quel ordre
suivre dans le paiement des dettes. Projet de séjour à Annecy pour
Mme de la Fléchère ………………………………………………….. 194
MCXCIV A LA MÊME. Etre douce et civile envers les solliciteurs. M.
Guidebois et ses Bulles …………………………………………….. 196
MCXCV AU DUC DE SAVOIE. Requête contre Scaglia, le prétendant de
Contamine ………………………………………………………….. 197
MCXCVI A UN GENTILHOMME (Minute inédite). Un Mémoire dont on
doit ignorer l'auteur. La vie toute sainte et édifiante des
Religieuses de la Visitation. Pourquoi François de Sales [469] n'a
pas publié les Indulgences déjà obtenues en leur faveur ; celles qu'il
désire. La pension de M. Desplans. Réveil de la contagion à
Genève ……………………………………………………………… 198
MCXCVII — A LA SŒUR DE BLONAY. — Parallèle entre la vie selon l'esprit et
la vie selon le sens humain …………………………………………. 205
MCXCVIII A M. FAVRE. L'auteur du Traitté de l'Amour de Dieu réclame
humblement l'examen de son ouvrage ……………………………… 208
MCXCIX A LA MÈRE DE CHANTAL. Un malade qui suivra les
ordonnances de la Mère de Chantal ………………………………… 210
MCC A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Un paiement à obtenir. Comment
aider une âme tentée contre sa vocation …………………………….. 211
MCCI A LA MÈRE DE CHANTAL (Inédite). Le saint Evêque rassure
sa fille spirituelle au sujet de sa santé ………………………………. 212
MCCII A LA MÊME. L'amour vrai, indépendant de toutes circonstances
et manifestations extérieures. Regarder et aimer le prochain dans
213
345/355

35.6 Page 346

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la poitrine du Sauveur ……………………………………………….
MCCIII A LA MÊME. Dépouillement intérieur auquel le Saint exhorte la
Mère de Chantal. Admirables renoncements ……………………. 214
MCCIV A LA MÊME. Bonheur de la possession de Jésus seul par le
dénuement total du créé …………………………………………….. 216
MCCV A LA MEME. Vouloir les vertus selon que Dieu les veut de nous.
Se reposer en Notre-Seigneur ; en lui, oublier toutes choses.
L'intime du cœur du saint Evêque ………………………………….. 218
MCCVI A LA MÊME. Les enfants portés entre les bras de Dieu.
Souverain degré de la pureté de l'amour ……………………………. 219
MCCVII A Mme DE BALLON. Pourquoi Dieu nous fait attendre la
délivrance de nos imperfections. Petit exposé doctrinal sur
l'Eucharistie. Les Anges et le Saint-Sacrement …………………. 220
MCCVIII A LA MÈRE FAVRE. Tendre au même but, sans vouloir « faire
tout ce que les autres font. » Se conduire selon la Règle, la grâce,
l'obéissance …………………………………………………………. 222
MCCIX A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Multiples démarches du Saint pour
les affaires de sa fille spirituelle. Encore Mme du Châtelard et sa
vocation. Paternelles excuses ……………………………………. 223
MCCX A LA MÊME. L'esprit humain en face da la tentation. Danger
de retarder l'exécution des bons désirs. Compassion affectueuse
de François de Sales pour un courage défaillant ; ses espérances ….. 225
MCCXI A Mme COLIN (Inédite). Remerciements pour un beau présent 226
MCCXII A Mme DE LA FLÉCHÈRE (Inédite). Une rencontre qui ne serait 227
pas à propos. Différentes nouvelles ……………………………… [470]
MCCXIII A LA MÈRE DE CHANTAL (Billet inédit). Envoi de la Préface
et de l'Oraison dédicatoire du Traitté de l'Amour de Dieu …………. 228
MCCXIV A LA MÊME. Un aumônier qui sera « bravement » remplacé par
« un pauvre Evesque » ……………………………………………… 229
MCCXV A Mme DE LA FLÉCHÈRE, Affaires et nouvelles. Une
prétendante pour le monde et une prétendante pour le cloître ………. 229
MCCXVI A LA MÈRE DE CHANTAL (Inédite). Le « petit empressement
il de Mme de la Fléchère. Une visiteuse qu'il faudra bien accueillir 231
MCCXVII — A LA SŒUR COTON. — Désirer l'amour infiniment désirable.
La contrition doit toujours être accompagnée de confiance ………… 232
MCCXVIII A M. FAVRE (Inédite). Les retards d'un voiturin. Deux fautes
notables à corriger au Traittè de l'Amour de Dieu. Pourquoi le
Saint redoute les excès de courtoisie de M. Rigaud. Messages et 234
commissions. Envoyer un exemplaire de l'ouvrage à l'Archevêque
346/355

35.7 Page 347

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de Vienne ……………………………………………………………
MCCXIX AU CARDINAL BELLARMIN. Eloge dos deux premières
Communautés de la Visitation. Un mot de saint Grégoire.
Chant doux et grave des Sœurs. — L'avis de l'Archevêque de Lyon ;
condescendance du Fondateur. Trois particularités qu'il faudrait
faire approuver par le Saint-Siège. Raisons de ces demandes …… 238
Autre minute de la Lettre précédente (Fragment inédit) …………… 248
MCCXX A M. DE CORNILLON, SON BEAU-FRÈRE. « La plus
favorable condition » que nous puissions attendre de la mort.
Remercier Dieu quand il nous laisse ceux que nous aimons ;
acquiescer à sa volonté lorsqu'il nous les ôte ………………………. 254
MCCXXI A M. FEYDEAU. Remerciements à un protecteur du futur
monastère de la Visitation de Moulins, auteur de « belles oraysons » 255
MCCXXII AU MÊME. Le Saint recommande ses Filles au délégué de
l'Archevêque de Lyon ………………………………………………. 258
MCCXXIII
A LA MÈRE DE BRÉCHARD. Un service apostolique. Quand
est bonne la défiance de soi ; quand redoutable. Dieu ne laisse
jamais succomber ceux qui se confient en lui. Accord de
l'humilité, de l'obéissance et de la simplicité. Avantages des
infirmités corporelles. Quelle est la plus rare vertu. Sur quoi
doit se fonder la charité envers le prochain. Bénédiction paternelle
258
[471]
MCCXXIV — A LA SŒUR BAILLY (Inédite). Bonheur, qualités et vertus d'une
fondatrice d'une Maison religieuse …………………………………. 261
MCCXXV — A LA SŒUR HUMBERT. — Assurance et remède contre les
tentations. Ne pas s'affliger de ce qui ne peut séparer de Notre-
Seigneur. Souhaits et bénédictions ………………………………. 263
MCCXXVI — A LA SŒUR DE LA CROIX. — Pourquoi la destinataire a été
choisie pour une fondation, malgré sa jeunesse ……………………. 264
MCCXXVIIAU CHANOINE VIOT. Un accommodement dont le Saint espère
bientôt la conclusion ………………………………………………... 265
MCCXXVIII A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Troubles à Annecy. Arrivée de
Bonfils. Nouvelles de la Visitation ……………………………… 266
MCCXXIX A LA MÊME. Le prince héritier de la couronne de Savoie.
Deux visiteuses attendues au monastère d'Annecy. Une heureuse
novice. Arrestation de Bonfils ; souhaits du Saint pour le
prisonnier …………………………………………………………… 268
MCCXXX A LA MÈRE DE CHANTAL. Oraison du Saint la veille de
l'Assomption. Marie, morte d'amour, nous fasse vivre en l'amour
! Glorieuse date de la naissance de François de Sales. Le
rameau de la colombe au milieu du déluge …………………………. 270
347/355

35.8 Page 348

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MCCXXXI AU DUC DE BELLEGARDE. L'amour parfait exclut les
défiances. La « coustume des peres. » Un livre qui suppléera à
la rareté des lettres. Eloge du prince de Piémont ………………… 271
MCCXXXII AU PRINCE DE PIÉMONT. Un dessein sur Genève ………….. 274
MCCXXXIII AU DUC DE SAVOIE. L'avis du Saint sur un projet au sujet de
Genève. Témoignage en faveur de son auteur …………………… 275
MCCXXXIV AU MÊME. François de Sales offre à son prince le Traitté de
l'Amour de Dieu …………………………………………………….. 276
MCCXXXV A LA MÈRE DE CHANTAL. Une des joies du Saint dans le Ciel.
Fleurs à jeter sur le berceau de Marie ……………………………. 276
MCCXXXVI A LA MÈRE DE BRÉCHARD. Les débuts de la fondation du
monastère de Moulins. Quels sont les signes de la bonté d'une
œuvre. — La tentation des « anges terrestres. » Encouragements
à la générosité et à la confiance …………………………………….. 277
MCCXXXVII A Mme DES GOUFFIERS. L'union, condition de la force. Les
renardeaux dans les vignes. Se garder de la prudence humaine 280
MCCXXXVIII A LA SŒUR DE CERISIER. — Charitable intervention du Saint
dans une affaire ……………………………………………………... 281
MCCXXXIX A LA MÈRE DE CHANTAL (Billet inédit). Démarche du
Fondateur auprès des syndics pour garantir les matériaux de l'église
de la Visitation ……………………………………………………… 282
MCCXL A Mgr FENOUILLET (Inédite). La fidélité d'un porteur de lettrés 283
qui ne doit pas être suspectée. Nouvelles de guerre …………….. [472]
MCCXLI A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Départ du prince de Piémont,
Condition pour obtenir un bénéfice. Nouvelles différées ……….. 285
MCCXLII A Mme DES GOUFFIERS. Difficultés et épreuves de la Visitation
de Moulins. La présence de la Mère de Chantal indispensable à
Annecy. Que Mme des Gouffiers supporte courageusement le
fardeau que sa bonne volonté lui a fait désirer. Pourquoi le
Fondateur ne veut pas multiplier les Maisons de sa Congrégation …. 286
MCCXLIII A LA MÈRE DE BRÉCHARD. La « plus excellente leçon de la
doctrine des Saintz. » Souhaits de François de Sales à une fille de
son cœur …………………………………………………………….. 289
MCCXLIV A M. DE BLONAY (Inédite). Résolution prise dans une
assemblée présidée par le prince de Piémont. La communiquer au
Conseil de la Sainte-Maison de Thonon ……………………………. 290
MCCXLV A M. SCOTTO (Inédite). Pouvoirs spirituels donnés au
destinataire …………………………………………………………. 292
MCCXLVI A M. VIBOD. Le Saint réclame une lettre écrite par Charles- 294
Emmanuel au Vice-légat d'Avignon au sujet des étudiants au collège
348/355

35.9 Page 349

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de Savoie …………………………………………………………….
MCCXLVII AU DUC DE SAVOIE. Contribution payée à Son Altesse par le
clergé du diocèse de Genève ……………………………………….. 295
MCCXLVIII AU PRINCE DE PIÉMONT. Un fermier qui promet ce qui n'est
pas à lui. Supplique des Religieux de Talloires …………………. 296
MCCXLIX AU DUC DE SAVOIE. Requête en faveur des étudiants
savoyards au collège d'Avignon ……………………………………. 298
MCCL A M. VIBOD. L'affaire du collège de Savoie à Avignon portée en
Cour de Rome. Message pour M. Boschi ……………………….. 299
MCCLI A UN GENTILHOMME. L'Evêque de Genève expose ses motifs
d'accéder aux volontés de Son Altesse au sujet de l'impôt sur le clergé 300
MCCLII A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Aimable invitation de François de
Sales à la destinataire ………………………………………………. 302
MCCLIII A M. FLOCARD. Préliminaires de la paix. Prochain départ du
Saint pour Grenoble ………………………………………………… 303
MCCLIV A Mme GUILLET DE MONTHOUX. Remplir son devoir de bon
cœur, par amour, mais sans empressement. Grand prix de la paix
dans une famille. Faire ce que l'on peut, et laisser le reste à Dieu.. 305
MCCLV A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Une lettre écrite à l'improviste.
Comment la Mère de Chantal désignait Mme de la Fléchère. « Tout 307
pour Dieu : l'amour et le cœur qui ayme. » ………………………… [473]
MCCLVI AU PRINCE DE PIÉMONT. Entremise de l'Evêque de Genève
en faveur d'un ami ………………………………………………….. 308
MCCLVII A M. BOSCHI. Aumônes du prince de Piémont aux Clarisses et
aux Cordeliers d'Annecy. Un galérien qui doit payer sa grâce par
des œuvres pies ……………………………………………………... 309
MCCLVIII AU PRINCE DE PIÉMONT. La reconnaissance du Saint s'unit à
celle des Pères Barnabites ………………………………………….. 311
MCCLIX A Mme DE LA FLÉCHÈRE. Une quittance à retrouver. Visite
de Mme de Blonay …………………………………………………… 312
MCCLX A M. MASSEN (Inédite). Recommandation en faveur d'un
étudiant en théologie ……………………………………………….. 313
MCCLXI A M. GROS DE SAINT-JOYRE. Remerciements et félicitations
pour la communication d'un ouvrage. La « tare » que la modestie
du Saint y découvre …………………………………………………. 314
MCCLXII A LA MÈRE DE CHANTAL. Comment procéder pour l'achat de
maisons nécessaires à l'agrandissement du monastère de la Visitation 316
MCCLXIII A LA MÊME (Inédite). Débuts de l'Avent à Grenoble.
Messages d'un père pour ses filles ………………………………….. 317
349/355

35.10 Page 350

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MCCLXIV A LA MÊME (Inédite). Une lettre faite entre deux sermons.
Les fruits spirituels qui se préparent pour le prochain Carême.
Salutations et souhaits affectueux …………………………………... 318
MCCLXV A Mgr FENOUILLET (Inédite). Le duc de Montmorency gagné
par Mgr Fenouillet à l'estime de l'Evêque de Genève. Témoignages
qu'il en donne. Déplaisir du Saint de n'avoir pu, à son gré, le payer
de retour. Lesdiguières en route pour le Piémont ……………….. 319
MCCLXVI A LA MÈRE DE CHANTAL (Inédite). Que doit faire une âme
continuellement attirée par Dieu à se reposer dans le sein de sa
Providence. Le fondement de la joie paisible et dévote …………. 322
MCCLXVII A LA MÊME (Fragment inédit) ……………………………………. 323
ANNÉE 1617
MCCLXVIII A LA MÈRE DE CHANTAL. Le premier acte d'une journée fait
selon l'inclination du Saint ………………………………………….
MCCLXIX AU CHANOINE DE GRANIER (Inédite). Le destinataire est prié
de vouloir bien résigner sa place de chanoine en faveur d'un digne
ecclésiastique ………………………………………………………..
MCCLXX A LA MÈRE DE CHANTAL. Affaires à régler entre les deux
Fondateurs de la Visitation ………………………………………….
MCCLXXI
AU DUC DE NEMOURS (Inédite). Regrets de [474] l'Evêque de
Genève d'avoir quitté Annecy avant l'arrivée du prince. Le duc de
Nemours, futur fondateur de l'église des Barnabites. Dieu « donne
sejour dans son temple æternel a ceux qui luy en font icy bas des
temporelz. » Reconnaissance des Religieux et du peuple ……….
MCCLXXII AU PRINCE DE PIÉMONT. L'imprudence d'un jeune homme.
Avis du Saint sur cette affaire ……………………………………
MCCLXXIII AU DUC DE SAVOIE. Des sujets fidèles méritent les faveurs de
leur Prince …………………………………………………………..
MCCLXXIV A LA MÈRE FAVRE. Changement de confesseur au monastère
de Lyon. Trois retraitantes en celui d'Annecy. Rapide passage
en ce monde d'une petite nièce du Saint …………………………….
MCCLXXV A LA MÈRE DE CHANTAL. Un souhait de Job et celui de
François de Sales, à propos d'un anniversaire ………………………
MCCLXXVI
A L'ABBESSE DE SAINTE-CLAIRE D'EVIAN (Inédite). Le
saint Evêque s'excuse aimablement de son retard à écrire. Il
promet de s'employer auprès du prince de Piémont pour les Clarisses.
Raisons divines des maladies et des guérisons. Salutations
affectueuses …………………………………………………………
MCCLXXVII A UNE RELIGIEUSE DE L'ABBAYE DE SAINTE-CATHERINE.
En échange d'un bouquet. Une prière que le Saint ne ferait pas.
324
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36 Pages 351-360

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36.1 Page 351

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— — Le choix de sainte Catherine de Sienne. Chant du rossignol
dans son buisson. Envoi du Traitté de l'Amour de Dieu. Sentir
des répugnances à la vertu n'est pas manquer d'amour ………………
MCCLXXVIII AUX CHANOINES DE LA COLLEGIALE DE SALLANCHES.
L'Evêque promet aux Chanoines de tenir leur doyen en son devoir 342
MCCLXXIX A LA MÈRE DE CHANTAL. On parle à Grenoble de
l'établissement d'un monastère de la Visitation. François de Sales
a commencé « heureusement » ses prédications. Les désirs de son
cœur. — Messages paternels ………………………………………... 343
MCCLXXX A Mme DES GOUFFIERS (Inédite). Les vertus qui doivent
accompagner le zèle. Fermeté et délicatesse du saint Directeur.
Raisons de sa persistance à ne pas multiplier les Maisons de sa
Congrégation ……………………………………………………….. 345
MCCLXXXI A LA MÈRE DE BRÉCHARD. Le vrai chemin du Ciel ……….. 347
MCCLXXXII AU DUC DE SAVOIE. L'Evêque de Genève demande à son
prince l'autorisation de revenir prêcher le Carême suivant à Grenoble 347
MCCLXXXIII A LA MÈRE FAVRE. Prétendantes grenobloises pour la
Visitation. Le saint Fondateur attend les nouvelles de [475] Rome
avant de leur donner une réponse. Mme Le Blanc et sa famille …. 348
MCCLXXXIV AU CHANOINE DE SALES, SON FRÈRE (Inédite). Affaires
ecclésiastiques du diocèse de Genève. Au sujet d'une
excommunication. Les armes du duc de Savoie victorieuses …… 350
MCCLXXXV AU PRINCE DE PIÉMONT. L'Evêque de Genève sollicite la
confirmation de M. de Charmoisy dans une charge ………………… 353
MCCLXXXVI AU MÊME. Le sieur Gillette en Piémont. Prière au prince de
lui accorder sa protection …………………………………………… 354
MCCLXXXVII AU MÊME. Un ecclésiastique qui porte les armes et extorque des
lettres de faveur au duc de Savoie. Comment faire cesser un pareil
abus …………………………………………………………………. 355
MCCLXXXVIII A LA MÈRE DE CHANTAL. Eloge du peuple de Grenoble.
La part que les hommes laissent aux femmes. Projet
d'établissement d'une Maison de la Visitation : sentiment du Saint à
cet égard …………………………………………………………….. 356
MCCLXXXIX A Mme DE GRANDMAISON. Remplacer le jeûne corporel par la
— mortification du cœur. — Moisson de belles âmes ………………… 358
MCCXC A LA MÈRE FAVRE. Grande erreur de croire que l'oraison
perfectionne sans l'obéissance. Suivre Notre-Seigneur crucifié, et
non son humeur et sa présomption. Sentence de saint Bernard.
Que faire des gens qui veulent se gouverner à leur guise. La sainte
imprévoyance de la vraie servante de Dieu ………………………… 359
351/355

36.2 Page 352

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MCCXCI A Mme DE VELLEPESLE DE VILLENEUVE. Le Saint promet
de s'entremettre entre le marquis d'Aix et la destinataire …………… 361
MCCXCII A Mme DE BLANIEU. Se préparer à rendre compte à Notre-
Seigneur. Comment guider sa barque au milieu des vents ……… 362
MCCXCIII AUX PÈRES BARNABITES RÉUNIS EN CHAPITRE GÉNÉRAL
A MILAN. Le Saint présente aux Pères capitulaires un Mémoire
concernant l'extension des Barnabites en Savoie …………………… 364
MCCXCIV A LA PRÉSIDENTE LE BLANC DE MIONS. Conseils pour
l'oraison. Comment « accommoder cet exercice » avec la
promptitude de l'esprit. Les larmes de dévotion et l'usage qu'il en
faut faire. La douceur et la tranquillité n'empêchent pas l'action,
mais la font réussir. Contre les tentations au sujet de l'état de vie
où l'on est embarqué. L'extérieur d'une fille de Dieu …………… 366
MCCXCV A Mme DE VEYSSILIEU. La crainte excessive de la mort
empêche l'âme de s'unir à Dieu par amour. Dix remèdes indiqués 371
pour s'en affranchir …………………………………………………. [476]
MCCXCVI A Mme COTTIN (Inédite). Assurance de paternelle affection.
« Se mortifier et faire toutes choses selon la volonté de Dieu » ……. 376
MCCXCVII AU PRÉSIDENT FAVRE (Inédite). Une aspirante à la Visitation.
Mortalité à Chambéry …………………………………………… 378
MCCXCVIII A M. MILLETOT. Le Saint prie son ami d'appuyer une requête
fondée « sur la pieté et la justice. » M. de Charmoisy grand maître
de l'artillerie. Engagement pour le prochain Carême à Grenoble.. 379
MCCXCIX AU GENERAL DES BARNABITES. Prière instante de renvoyer
le P. Fulgence Chioccari en Savoie ………………………………… 381
MCCC A LA COMTESSE DE SAN SECONDO. A quelles âmes
François de Sales dédiait volontiers son service. Envoi des Règles
de la Visitation. Une instance en Cour de Rome. Assurance de
prières pour la Maison de Savoie …………………………………… 383
MCCCI A LA PRÉSIDENTE LE BLANC DE MIONS. Agir et parler sans
regard sur le qu'en dira-t-on. Est-ce hypocrisie « de ne pas faire si
bien que l'on parle ? » Marcher « par le milieu des belles vertus,
» et non « par les extremités » des subtilités. Différents conseils
sur quelques points particuliers et sur l'oraison. La vocation de
Mlle de Gérard. Pourquoi les livres du Saint « ont treuvé de l'acces
» en l'esprit de la Présidente. Salutations à plusieurs dames de
Grenoble. Une triste affaire. Folie des enfants du monde ……. 386
MCCCII AU PRINCE DE PIÉMONT. Nouvelles plaintes au sujet du
doyen de Sallanches ………………………………………………… 391
MCCCIII AU DUC DE SAVOIE. Indifférence de l'Evêque de Genève pour
le choix de la ville où il doit prêcher. Le bon plaisir de son
392
352/355

36.3 Page 353

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souverain décidera entre Paris et Grenoble …………………………
MCCCIV A Mme DE LA FLÉCHÈRE. La grâce d'un trépas. Difficultés
au sujet d'un mariage. Une pénitente du Saint. Messages et
nouvelles ……………………………………………………………. 393
MCCCV A Mme DE GRANIEU. Ce que François de Sales aimait «
passionnement » dans l'âme de la destinataire. Une vérité connue
des enfants de Dieu avant la dernière heure. Le repos dans la patrie 395
MCCCVI AU CARDINAL BELLARMIN (Minute inédite). Désirs et
démarches du saint Evêque pour l'érection d'un Séminaire ………… 397
MCCCVII A LA MÈRE DE CHANTAL (Fragments inédits) ………………… 400
[477]
APPENDICE
I
LETTRES ADRESSÉES A SAINT FRANÇOIS DE SALES
PAR QUELQUES CORRESPONDANTS
A LETTRE DE MGR DENIS-SIMON DE MARQUEMONT, ARCHEVÊQUE DE
LYON …………………………………………………………………………… 403
B LETTRE DE MGR PIERRE-FRANÇOIS COSTA, NONCE APOSTOLIQUE A
TURIN …………………………………………………………………………... 404
C LETTRE DE MGR DENIS-SIMON DE MARQUEMONT, ARCHEVÊQUE DE
LYON …………………………………………………………………………… 405
D LETTRES DE LA MÈRE DE CHANTAL
I …………………………………………………………………………………… 408
II …………………………………………………………………………………… 409
III …………………………………………………………………………………… 409
E LETTRE DU MARÉCHAL DE SAINT-GÉRAN ……………………………… 411
F LETTRE DU PÈRE AIGNAN MOREAU, DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS 412
G LETTRE DU MAIRE ET DES ÉCHEVINS DE MOULINS …………………… 413
H LETTRE DE Mgr DENIS-SIMON DE MARQUEMONT, ARCHEVÊQUE DE
LYON …………………………………………………………………………… 414
I LETTRE DE M. CLAUDE BOUCARD ………………………………………… 415
J LETTRE DE M. RENÉ GROS DE SAINT-JOYRE ……………………………. 417
353/355

36.4 Page 354

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K LETTRE DU CARDINAL ROBERT BELLARMIN …………………………… 418
L LETTRE DE HENRI DE SAVOIE, DUC DE NEMOURS …………………….. 419
M LETTRES DE LA MÈRE FAVRE
SUPÉRIEURE DE LA VISITATION DE LYON
I …………………………………………………………………………………… 420
II …………………………………………………………………………………… 422
III …………………………………………………………………………………… 423
IV …………………………………………………………………………………… 425
N LETTRE DU P. LOUIS DE LA RIVIÈRE, MINIME ………………………….. 427
O LETTRE D'UNE DAME ………………………………………………………... 428
II
RENÉ GROS DE SAINT-JOYRE AUX AMANS DE L'AMOUR PARFAICT .... 429 [478]
Glossaire des locutions et des mots surannés ………………………………………
431
Index des correspondants et des principales notes biographiques et historiques de
ce volume ………………………………………………………………………….
437
Table de correspondance de cette nouvelle Edition avec les précédentes et
indication de la provenance des Manuscrits ………………………………………. 449 [479]
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Imprimé en France - I.M.E. - 25-Besançon
Dépôt légal 4e trimestre 1978 - N° Imprimeur 6170 [480]
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