Pastorale des Jeunes-Manual|ch.2

Chapitre 2

Le Projet Éducatif et Pastoral Salésien





Le Projet Éducatif Pastoral Salésien (PEPS) est l’instrument opérationnel qui guide la réalisation de la Pastorale Salésienne des Jeunes selon les situations et contextes divers dans lesquels vivent les jeunes. Il oriente chaque initiative et ressource vers l’évangélisation (Cf. R 4).





1. ASPECTS CARACTÉRISTIQUES DU PEPS

1.1.Finalités du PEPS

Le PEPS est, sous toutes les latitudes et dans toutes les cultures,médiation historique et le moyen d’action de la mission; c'est l'élément d'inculturation du charisme (CG24, 5).

Dans ce sens le PEPS est:

  1. la manifestation de la mentalité de projet qui doit guider le développement de la mission dans les provinces et dans les œuvres;

  2. le fruit de la réflexion faite ensemble sur les grands principes doctrinaux qui identifient la mission salésienne (cadre de référence), sur la lecture de la réalité, sur l'élaboration du projet d'action (choix prioritaires éducatifs et pastoraux, objectifs, stratégies et critères, programmation d'interventions...) et sur le processus de vérification;

  3. le guide du processus de croissance vécu par la communauté provinciale et par la Communauté Éducative et Pastorale dans leur effort d'incarner la mission salésienne dans un contexte déterminé.

La première finalité du PEPS est d’aider la Province et les communautés à travailler avec une mentalité partagée et avec des objectifs et des critères clairs pour rendre possible la gestion coresponsable des processus pastoraux. Le fruit de tout ce processus s’exprime dans un texte à connaître et à réaliser.

1.2. Les caractéristiques du PEPS

Le PEPS comme expression opérationnelle de la Pastorale Salésienne des Jeunes, doit répondre aux caractéristiques fondamentales de celle-ci présentées dans le chapitre précédent. Ces caractéristiques doivent qualifier tous les aspects et les éléments du PEPS, et constituer des lignes transversales qui assurent la salésianité du projet.

  1. Le centre du PEPS est la personne du jeune, surtout le plus pauvre

Le centre de tout le dynamisme de la Pastorale Salésienne des Jeunes est le jeune

  1. vu toujours dans la totalité de ses dimensions (corporelle, intellectuelle, affective, volitive), de ses rapports (avec soi-même, avec les autres, avec le monde et avec Dieu), dans la double perspective de la personne et du milieu (promotion collective, engagement pour la transformation de la société);

  2. et vu également dans l’unité de son dynamisme existentiel de croissance humaine jusqu’à la rencontre avec la personne de Jésus Christ, l’homme parfait, en découvrant en Lui le sens suprême de la propre existence.

Pour cela, le PEPS:

  1. oriente et guide un processus éducatif où les nombreuses interventions, ressources et actions s’entremêlent et s’articulent au service du développement graduel et intégral de la personne du jeune;

  2. marque les objectifs opérationnels, les aspects stratégiques et les lignes d’action les plus adéquates pour faire vivre les valeurs et les attitudes de la proposition chrétienne de la Spiritualité Salésienne des Jeunes (SSJ) et les principes méthodologiques de la pédagogie salésienne (Système Préventif).

Tout cela s’élabore avec une attention prioritaire aux jeunes les plus pauvres et en difficulté. Cet engagement est comme une ligne transversale qui qualifie toutes les dimensions et aspects de l’action pastorale et du PEPS.

  1. Sa réalité communautaire

Nous considérons que le PEPS, avant d’être un texte, est un processus mental et communautaire de participation, de clarification et d’identification qui vise à:

  1. former dans la CEP une confluence opérationnelle autour de critères, d’objectifs et de lignes d’action communes, en évitant ainsi la dispersion de notre action et en reconstruisant la synthèse et l’unité de l’action éducative;

  2. créer et approfondir dans la CEP une conscience de la mission et une mentalité partagée,

  3. devenir un point de référence partagée pour la qualité éducative pastorale, à vérifier continuellement.

Le PEPS est donc un élément indicatif et d’élaboration de projet de la CEP et en même temps celle-ci est le sujet de l’action éducative pastorale (Cf. R 5).

  1. L’ouverture au monde de la communication

Aujourd’hui, on ne peut pas penser le PEPS seulement en référence à l’intérieur de l’œuvre salésienne; toutes les institutions, surtout éducatives, entrent dans un système plus vaste de communication avec lequel elles se confrontent et dans lequel elles interagissent. On doit considérer l’image qu’on donne, la répercussion que la propre action produit en dehors de l’œuvre, etc… Selon la communication avec et dans le contexte, ce qu’on accomplit dans l’œuvre éducative peut se répandre ou être négativement conditionné.

Dans ce sens, le PEPS doit être pensé en relation non seulement au territoire dans lequel l’œuvre salésienne est placée comme centre d’agrégation et agent de transformation éducative; mais aussi en relation à un autre territoire non matériel ou géographique, mais non moins réel, qu’est le monde de la communication sociale. Cela exige de:

  1. passer du simple développement soigné des activités élaborées à l’intérieur, à la capacité communicative et d’implication dans le contexte sur les valeurs typiques de la mission et de la spiritualité salésienne;

  2. élargir le dialogue avec les institutions éducatives, sociales et religieuses qui travaillent dans la même zone;

  3. nous ouvrir vers l’espace créé par les techniques modernes capables de construire des rapports, d’offrir une image de soi et d’initier un dialogue effectif avec des interlocuteurs invisibles mais réels.

Il est indispensable de penser la communauté et l’œuvre salésienne communicantes, c’est-à-dire en «éseau». Tout cela défie les éducateurs et leur capacité d’éduquer et d’évangéliser dans un monde et une culture médiatique:

  1. éduquer à l’usage des médias,

  2. appliquer les nouvelles technologies à l’enseignement,

  3. développer les potentialités communicatives des personnes,

  4. aider les nouveaux pauvres – en considérant comme tel les exclus des circuits de l’information –, pour faciliter à ceux-ci l’accès aux nouvelles techniques.

En insérant dans le projet éducatif la compétence dans le domaine des médias (cf. Lettre du Recteur Majeur, La communication dans la mission salésienne, in ACG 370).

La communication et de façon spéciale la communication sociale devient une vraie ligne transversale qui doit caractériser tous les aspects et dimensions du PEPS dans une province.

1.3. Son unité organique

Le PEPS comme expression d’élaboration du projet de la Pastorale Salésienne des Jeunes, doit exprimer son unité organique en intégrant les différents aspects et éléments de la Pastorale Salésienne dans un processus unique qui tend à une unique finalité.

Ce processus s’articule en quatre aspects fondamentaux en mutuelle corrélation et complémentarité que nous appelons les quatre dimensions du PEPS (Cf. C 32-37; R 6-9) :

  1. La dimension éducative et culturelle (R 6)la dimension de l’évangélisation et de lacatéchèse (R 7) développent les deux aspects fondamentaux de la personne, sa réalité d'être humain et sa vocation à être fils de Dieu (citoyen et chrétien; éduquer en évangélisant et évangéliser en éduquant);



  1. La dimension vocationnelle, regarde l'objectif final du processus éducatif et évangélisateur: répondre avec une option responsable de vie au projet de Dieu (R 9);

  2. La dimension de l’expérience associative, caractérise notre style d'éduquer et d'évangéliser, à travers les groupes, l'insertion dans le territoire, la promotion et la transformation du milieu, avec le style de l'animation (R 8).



2. LES DIMENSIONS DU PEPS

Les dimensions constituent le contenu vital et dynamique de la Pastorale Salésienne des Jeunes et indiquent sa finalité. Elles ne peuvent pas manquer dans aucune de nos interventions, œuvres et services; c’est pourquoi elles doivent être présentes de façon corrélative et transversale dans le PEPS.

Maintenant nous voulons présenter la spécificité de chaque dimension, les défis auxquels chacune veut répondre et les choix nécessaires pour sa réalisation.

Même si la description doit se faire de manière successive, il convient de rappeler que les quatre dimensions forment un tout. Chaque dimension apporte à l’ensemble sa spécificité; mais elle reçoit également des autres une orientation et quelques accentuations originales. Cette synthèse organique constitue une caractéristique de la Pastorale Salésienne des jeunes.

2.1. La dimension éducative et culturelle

2.1.1. Sa spécificité

La dimension éducative et culturelle, en étroite relation et intégration avec la dimension d’évangélisation et la catéchèse, est le centre du PEPS. Cette dimension fait attention à la croissance éducative et intégrale de nos destinataires; manifeste le caractère central de la personne du jeune inséré dans une communauté humaine qui agit dans un territoire et est objet et sujet d’un processus socioculturel.

La dimension éducative est un trait caractéristique de notre Pastorale des Jeunes:

  1. en ce qui concerne les destinataires, nous nous adressons à ceux qui ont besoin de soutien dans la croissance humaine;

  2. en ce qui concerne les contenus, nous prenons l’instruction, la culture, la préparation au travail, le temps libre comme une partie du cheminement de foi;

  3. en ce qui concerne la méthode, nous évangélisons en éduquant.

Ensemble et à l’intérieur du domaine éducatif, elle porte une attention spéciale au monde de la culture et de la communication, avec ses nouveaux langages, et aux défis que nous présente le moment historique.



2.1.2. Sa finalité

Notre intervention éducative veut développer une personne capable d'assumer la vie dans son intégrité, de la vivre avec qualité. Une personne qui se place face à elle-même, aux autres et à la société avec un patrimoine idéal de valeurs et de significations, avec des attitudes et des comportements dynamiques et critiques face à la réalité et aux événements, avec des capacités de choix et d'engagement responsable (Cf. C 32).

Ce processus de croissance de la personne a lieu dans un contexte socio-culturel déterminé. Respirant un certain type de patrimoine culturel, se cultivent les facultés physiques, intellectuelles et morales et s'acquièrent les habiletés et les compétences, et se forment aussi chez la personne une vision du monde et une façon d'être. Nous voulons donc agir comme médiateurs de culture en encourageant une insertion critique dans sa propre culture, et en même temps susciter un développement positif de la réalité culturelle du groupe humain vers une synthèse foi-vie.

2.1.3. Défis auxquels nous voulons répondre

La société est de plus en plus complexe et en même temps universelle. Il en résulte une culture planétaire de nature massifiante et de caractère pluraliste. L’action des moyens de communication sociale diffuse avec rapidité des valeurs, des langages, des critères mais en même temps favorise la proposition contradictoire des modèles, des valeurs et des styles de vie.

Dans cette société, les jeunes se retrouvent seuls dans la recherchesens. Souvent ils semblent craintifs face à un futur incertain, repliés sur le présent et préoccupés de survivre. Ils sont incapables de décisions claires et de longue durée. C’est pourquoi ils ne jouent pas le rôle de sujets à cause de la faible identité et d’une basse estime d’eux-mêmes. En prise avec d’énormes difficultés, ils n’affrontent pas de façon positive la dure réalité quotidienne et sont tentés de se conformer avec la recherche du plaisir immédiat.

La priorité absolue donnée au facteur économique provoque différentes formes de pauvreté qui prennent souvent des proportions alarmantes et représentent une menace et un obstacle pour le développement personnel des jeunes, en provocant ainsi des types d’appauvrissement de groupes humains entiers.

Nous assistons à la croissance de certains phénomènes, comme l’acceptation résignée des situations contre lesquelles il semble désormais inutile de réagir, ou l’impact qui en résulte dans la vie privée et dans la vie personnelle, qui se présente comme une manifestation de consumérisme, d’une tendance au désengagement et à la superficialité, les fuites dans la drogue, ou dans les manifestations violentes de rébellions sans but constructif.

Mais apparaît aussi partout de nouveaux et sincères désirs d’engagement dans le social. On perçoit une recherche de sens et de construction de l’identité personnelle, une aspiration à une meilleure qualité de vie, à l’émergence de nouvelles valeurs (la redécouverte de la valeur de l’égalité, de la dignité et de la réciprocité homme-femme, la solidarité, la paix et le développement, etc.) et la demande de relations interpersonnelles stables et fécondes dans le respect et dans la réciprocité.

La famille et les institutions éducatives traditionnelles semblent perdre leur rôle prépondérant d’accompagner la maturation de la personne. Ce malaise tend à s’approfondir à cause du déficit éducatif des institutions (en particulier de la famille, de l’école, de l’Église, etc.) qui n’assurent pas toujours une maturation intégrale de la personne; et par effet de leur difficulté à communiquer avec le langage des jeunes et à combler la superficialité et le vide de valeurs.

2.1.4. Choix spécifiques à développer

Dans cette situation, développer la dimension éducative et culturelle dans l’action pastorale suppose de privilégier quelques contenus opérationnels précis:

  1. Favoriser chez chaque jeune un processus de croissance personnelle et sociale qui le conduit à la pleine maturité humaine, le rend protagoniste de sa vie et capable de saisir le mystère qui l'entoure et d'en rechercher la signification.

Voici quelques aspects de ce processus à soigner dans les différentes interventions éducatives et pastorales:

  1. l’accueil et la reconnaissance de la valeur positive de sa personne et de sa vie, à travers des expériences d’acceptation inconditionnelle et gratuite par les éducateurs et une connaissance positive de ses valeurs et de ses ressources;

  2. le développement de ses qualités et de ses ressources dans les différents aspects de la personne (physique-psychomoteur, intellectuel-cognitif, affectif-sexuel, social, ...);

  3. l’ouverture progressive à la relation et à une véritable communication interpersonnelle, à travers la maturation affective-sexuelle, l'acceptation de la diversité d'autrui, l'expérience de groupe et de relations d'amitié dans un climat de joie et de collaboration;

  4. la formation de la conscience, de la capacité de jugement et de discernement éthique, à travers une formation critique sérieuse sur les modèles culturels et les normes des rapports de vie en commun dans la société, le développement d'une lecture évangélique de la réalité, d'une expérience de liberté responsable, d'engagement et de solidarité;

  5. la recherche du sens de la vie jusqu'à l'ouverture et à l'aspiration au transcendant, en plaçant sa vie dans l'optique du projet de Dieu, à travers des expériences riches de plénitude et des limites acceptées et partagées, et à travers une orientation professionnelle et vocationnelle qui aide chaque jeune à élaborer des projets de façon responsable pour sa vie orientée vers le don et le service.

  6. Soigner l’assimilation critique et créative de la culture à travers :

  7. l’évaluation de la qualité de la culture qui s’offre dans les programmes et dans les institutions éducatives : une culture centrée sur l'être et non sur l'avoir, sur la personne et non sur les choses, sur l'éthique et non sur le pouvoir technique, économique ou politique, sur la valeur de la communauté et non sur l'individualisme, sur la défense de la vie et l'ouverture à la transcendance;

  8. l’habilitation à une lecture critique de la réalité sociale et culturelle selon le critère du caractère central de la personne insérée dans le territoire ;

  9. le développement de la communication dans toutes ses formes et expressions: communication interpersonnelle et de groupe, étude des langues, production de messages, utilisation critique et éducative des moyens de communication sociale;

  10. l’initiation à un discernement éthique selon la vision chrétienne de la dignité de la personne humaine, de ses droits et devoirs, ainsi que du bien commun;

  11. le développement de la capacité de purifier la culture et de participer de manière responsable aux processus collectifs de transformation de la réalité selon les critères évangéliques.

  12. Développer une pédagogie des valeurs qui conduit à sa personnalisation, à traversparcours qui peut être ponctué en quatre étapes:

  13. l’expérience de la valeur qui la fait percevoir comme quelque chose d'important et bon pour la personne,

  14. sa compréhension et sa conscience qui l'incorpore à son existence,

  15. les exercices multiples qui aident à l'intérioriser,

  16. la motivation profonde qui dispose la personne à parier sur la valeur même contre d'autres avantages.

  17. Grandir dans l’engagement pour la justice et la paix (C 33) et assurer une dynamique éducative de prévention du malaise des jeunes, dans un certain sens répandu partout, à travers des interventions systématiques sur les individus, sur la société, sur les institutions, sur les processus, sur les interactions humaines qui provoquent ces phénomènes, en soignant :

  18. un milieu éducatif d’accueil familial où peut se développer l'estime de soi et être surmontées les attitudes de dépendance,

  19. les critères, très souvent implicites, d’évaluation et de sélection réalisés dans les institutions et les milieux éducatifs,

  20. une promotion culturelle et technique adaptée aux capacités des jeunes les plus nécessiteux, qui les rend capables de s'insérer normalement dans la vie sociale et professionnelle,

  21. l’attention à chaque personne et aux diversités à travers un accompagnement et une orientation éducative et professionnelle,

  22. la relation systématique avec les familles, avec le territoire et ses institutions, avec ceux qui travaillent dans le domaine de la précarité,

  23. l’engagement pour la transformation de la société et en particulier pour la justice et pour la paix, en luttant contre tout ce qui favorise ou accepte la misère, l'injustice et la violence.



  1. Soigner une méthodologie qui tend à:

  2. personnaliser les propositions, selon la spécificité personnelle et historique de chaque jeune, en s'appuyant plus sur ses forces intérieures que sur les conditionnements extérieurs;

  3. procéder à travers des expériences éducatives qui favorisent le contact direct et actif avec la réalité, les attitudes et le processus de recherche, la capacité d'affronter la réalité à partir de différents points de vue et avec diverses formes d'approches ;

  4. éduquer en socialisant, en organisant l'éducation comme un processus de relation et de communication, un travail de collaboration et une expérience sociale qui crée des attitudes et des capacités de participationde vie ensemble ;

  5. soigner la convergence de toutes les interventions éducatives vers la formation d'une personnalité unifiée dans laquelle tous les aspects s'incorporent harmonieusement en se fortifiant réciproquement, et par lesquels les dimensions et les aspirations sont hiérarchisées selon leur valeur.

2.2. La dimension d'évangélisation et de catéchèse

2.2.1 Sa spécificité

Évangéliser les jeunes est la finalité première et fondamentale de notre mission. Notre projet est radicalement ouvert et positivement orienté vers la pleine maturité des jeunes dans le Christ (Cf. C 31) et vers leur croissance dans l’Église.

La formation spirituelle est mise au centre du développement de la personne (CG23, 160). Nous accompagnons et faisons grandir la croissance humaine en offrant un itinéraire de conversion et d’éducation à la foi (CG23, 102-111).

Évangéliser, c’est porter la Bonne Nouvelle du Christ dans tous les milieux de l’humanité pour la transformer du dedans (cf. EN 18). L’évangélisation est donc un processus complexe qui comprend divers éléments (renouveau de l’intériorité, témoignage, annonce explicite et catéchèse, adhésion du cœur, entrée dans la communauté, initiative d’apostolat…); mais c’est toujours la proclamation explicite de Jésus Christ comme unique Sauveur qui est l’élément central (cf. EN 24 et Ecclesia in Asia 19).

2.2.2 Sa finalité

Dans la perspective d’une éducation qui évangélise et d’une évangélisation qui éduque, caractéristique de la Pastorale Salésienne des Jeunes, l’objectif final du processus est la synthèse foi-culture dans la vie:

  1. une foi mûrie comme valeur centrale de la personne et de sa vision du monde;

  2. une foi critique, ouverte à la confrontation sur de nouvelles questions éducatives ou des défis culturels;

  3. une foi engagée à traduire dans la pratique son choix de valeurs;

  4. une foi qui stimule et approfondie les processus d’humanisation et de promotion des personnes et des groupes humains selon le modèle de Jésus Christ.

Cela exige une évangélisation:

  1. qui promeut et défend l’ouverture à la dimension religieuse de la personne, de la culture et de la société,

  2. qui prend l’initiative de l’annonce avec une variété de propositions articulées selon la situation des destinataires,

  3. qui aide à faire l’expérience de la foi à travers la rencontre avec la Parole de Dieu et la célébration des Sacrements,

  4. qui éduque les attitudes, les habitudes et la conduite vers un projet de vie inspiré de la foi,

  5. qui est une bonne nouvelle de salut face aux espérances et aux problèmes de la croissance du jeune et des événements de la vie sociale et collective,

  6. qui gradue pédagogiquement les différentes interventions, sans jamais perdre de vue l'objectif final, en articulant l'attention à la masse et au milieu avec le soin des groupes et des leaders.

2.2.3. Défis auxquels nous voulons répondre

Il existe un vaste processus de sécularisation qui investit des aspects fondamentaux de la vie avec une mise en veilleuse progressive de la religion dans la vie privée et individuelle, et une indifférence religieuse diffuse, surtout en ce qui concerne les aspects institutionnels. Cependant, nous assistons à une nouvelle sensibilité pour les valeurs spirituelles et à une recherche de nouvelles formes de rapport avec le Transcendant, spécialement parmi les jeunes, mais souvent caractérisé par le subjectivisme, le syncrétisme et la superstition.

D’autre part, les contextes plurireligieux et pluriculturels augmentent avec la présence très hétérogène de groupes religieux. Ce pluralisme culturel et religieux peut faciliter un dialogue sincère et pratique, une inculturation profonde et attentive de la foi chrétienne et une courageuse évangélisation de la culture; mais il peut aussi provoquer un syncrétisme emprunt de tensions et d’hostilités entravant l’évangélisation.

A côté de tout cela, il faut relever une demande d’intériorité et une soif de spiritualité, une volonté de dialogue et de collaboration entre des groupes appartenant à d’autres religions, à travers des rencontres de prière et l’engagement pour la justice et la paix dans le monde.

Les attentes des jeunes sont diversifiées. Beaucoup d’entre eux se sont éloignés de la foi sans qu’ils l’aient refusée consciemment; leurs critères et leurs valeurs sont étrangers aux valeurs religieuses. D’autres vivent une religiosité faible, avec une pratique religieuse plus ou moins occasionnelle, selon l’habitude sociale et la recherche de satisfaction des désirs et le besoin de sécurité et de paix intérieure, mais sans une vie cohérente avec la foi et une option personnalisée et mûre. Il y a également des groupes de jeunes engagés qui vivent leur foi avec profondeur.

Chez tous ces jeunes, on peut percevoir un besoin implicite de vérité, de libération, de croissance humaine et le désir d’une connaissance plus profonde du mystère de Dieu.

Comment développer et approfondir ce désir de Dieu au point de les préparer à l’Évangile de Jésus et réveiller en eux le désir de Le connaître et de Le rencontrer? Comment les éduquer dans la construction d’une nouvelle identité chrétienne grâce à l’appropriation des valeurs humaines? Comment être une communauté qui rend la foi crédible et la communique avec un langage significatif dans la nouvelle culture?

2.2.4 Choix précis

  1. Permettre que tous les éléments éducatifs du milieu, les processus et les structures soient cohérents et ouverts à l’Évangile; en dépassant la tendance de notre société sécularisée et faire coïncider:

  2. le vrai avec tout ce qui est rationnellement démontré,

  3. ce qui existe avec ce qui peut être contrôlé,

  4. l’éthique avec ce qui est utile,

  5. le sens de la vie avec l’efficacité ou la fonctionnalité des actions et des convictions.

  6. Encourager le développement de la dimension religieuse de la personne, aussi bien chez les chrétiens que chez ceux qui appartiennent à d'autres religions, en l'approfondissant, en la purifiant et en l'ouvrant au désir de la foi à travers:

  7. une éducation des attitudes qui sont à la base de l’ouverture à Dieu (savoir rentrer en soi, rester en silence, écouter les voix intérieures; se connaître davantage dans ses capacités et ses propres limites; savoir s'étonner, s'émerveiller et apprécier tout ce qu'il y a de bien, de grand et de beau en soi et autour de soi; être disponible à la venue de l'autre dans l'originalité de son don, etc. ...);

  8. une formation religieuse critique et systématique qui illumine l'esprit et renforce le cœur;

  9. une attitude d’ouverture, de respect et de dialogue entre les différentes religions (œcuménisme et dialogue interreligieux);

  10. une pratique de «é», en éduquant au partage, à la participation, au service gratuit, à la solidarité, condition indispensable pour garantir une expérience religieuse authentique et libératrice.

  11. Offrir une première évangélisation qui aide à vivre une véritable expérience de foi personnelle à travers:

  12. la présentation significative de la personne de Jésus,

  13. le contact direct avec la Parole de Dieu,

  14. des moments forts de célébration, de prière personnelle et communautaire,

  15. des rencontres et des communications significatives avec des croyants et des communautés chrétiennes d’hier et d’aujourd’hui.

  16. Développer un itinéraire systématique d’éducation à la foi, selon les valeurs de la Spiritualité Salésienne des Jeunes, vers une option de vie dans l'Église selon ces grands aspects de la maturation chrétienne:

  17. la croissance humaine vers une vie à assumer comme expérience religieuse;

  18. la rencontre avec Jésus Christ, spécialement à travers la Parole et les Sacrements, en découvrant en Lui le sens de l'existence humaine individuelle et sociale;

  19. l’insertion progressive dans la communauté des croyants, saisie comme signe et instrument de salut de l'humanité;

  20. l’engagement et la vocation dans la ligne de la transformation du monde (CG23, 116-157).

  21. Initier les jeunes à participer de façon consciente et active à la liturgie et en particulier à la célébration des sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie,

  22. en favorisant leur préparation à travers une ambiance d’accueil et d’amitié qui suscite l’ouverture du cœur;

  23. en soignant une célébration de qualité qui conduit à une vraie relation personnelle avec le Christ;

  24. en promouvant un engagement personnel pour vivre dans le quotidien ce qui est célébré;

  25. en renforçant l’adhésion au Seigneur à travers la rencontre personnelle avec l’éducateur et la direction spirituelle (cf. CG23, 173-175).

  26. Encourager une ouverture missionnaire qui rend les jeunes:

  27. témoins et annonciateurs crédibles de la foi dans leur propre milieu,

  28. protagonistes de la mission surtout parmi les compagnons indifférents ou lointains, à travers le volontariat, les mouvements ou groupes missionnaires, l’animation des initiatives d’évangélisation, etc.,

  29. collaborateurs efficaces de la mission «ad gentes» à travers la communication avec les missionnaires, la collaboration avec des projets missionnaires concrets et une expérience possible de volontariat missionnaire,

  30. capables de mûrir une vocation chrétienne missionnaire dans l’Église.

2.3 La dimension vocationnelle

2.3.1 Sa spécificité

Notre projet d’éducation et d’évangélisation a comme centre la personne dans la singularité de son existence et veut l’aider à réaliser son projet de vie selon l’appel de Dieu (vocation). C’est pourquoi la pastorale vocationnelle est toujours présente, à tout moment, dans toutes les activités et les phases de notre action éducative et pastorale (Cf. C 28.37).

  1. Dans l’engagement vocationnel, nous privilégions les aspects suivants:

  2. le service d’orientation adressé à tous les jeunes à l'intérieur du discours éducatif;

  3. l’attention constante pour découvrir et accompagner par des initiatives variées et appropriées les vocations particulièrement engagées dans la société et dans l’Église;

  4. une responsabilité particulière envers le charisme salésien dans ses formes multiples, à travers le discernement et le soin des germes de vocations salésiennes, aussi bien consacrées que laïques, présents chez les jeunes.

Ces trois préoccupations se soutiennent et se complètent réciproquement et constituent l’espace de la pastorale vocationnelle salésienne (Cf. CG21, 110).

2.3.2 Sa finalité

A travers cette dimension, la Pastorale Salésienne des Jeunes se propose:

  1. d’aider les jeunes à se placer face à leur avenir dans une attitude de disponibilité et de générosité,

  2. de les prédisposer à écouter la voix de Dieu,

  3. et de les accompagner pour formuler leur projet de vie.

Cette contribution est comprise dans deux sens complémentaires:

  1. comme attitude du sujet qui est entrain de prendre la responsabilité de son existence;

  2. et comme aide de la part de l’adulte qui offre des éléments de discernement et d'expérience de vie.

2.3.3 Défis auxquels nous voulons répondre

La situation dans laquelle se trouvent les jeunes en ce qui concerne l’élaboration d’un projet chrétien de leur avenir est caractérisée par quelques phénomènes importants:

  1. Les transformations socioculturelles qui envahissent les manifestations, les valeurs, les symboles et les pratiques religieuses traditionnelles. Parmi ces transformations, nous retrouvons, à titre d’exemple:

  2. une culture pluraliste avec une grande quantité et disparité de messages et de modèles de vie, qui rend difficile l’orientation pour le choix d’un projet de vie;

  3. le sécularisme et le matérialisme dominants dans la culture qui créent une mentalité critique, plus attentive aux valeurs immédiates et utiles qu’aux valeurs de transcendance et de gratuité, qui favorisent un relativisme diminuant le sens moral et fragilisant l’expérience et la vie de foi;

  4. l’engagement dans le domaine social coupé de ses motivations religieuses;

  5. Le prolongement de l'étape de la jeunesse et le retard pour entrer dans les responsabilités sociales.

  6. L’attitude psychologique et religieuse des jeunes face aux choix. Sur ce point, gravitent les éléments suivants:

  7. la valorisation de la personne comme valeur absolue et la recherche de sens dans la vie quotidienne;

  8. la nécessité d’expérimenter personnellement la co-responsabilité et la participation, le besoin de satisfactions immédiates;

  9. le sens communautaire fort qui se manifeste dans la recherche de la vie de groupe et de la communication, avec une sensibilité aiguë pour la justice, la solidarité et le service des plus pauvres;

  10. une nostalgie diffuse pour l’intériorité, le silence, la prière et les formes différentes de religiosité, mais souvent marquées par le subjectivisme et la fragmentation;

  11. une tendance psychologique aux changements d’évaluation de jugement, qui comporte une difficulté à s’engager et à mener à bonne fin des engagements à longue échéance.

  12. La faible signifiance des modèles d’identification des vocations spécifiques dans l’Église, comme la vocation religieuse et sacerdotale:

  13. leur identité ne paraît pas claire, c’est-à-dire la contribution spécifique que ces choix de vie offrent à la communauté humaine;

  14. la façon dont elles sont vécues dans leur contexte concret (leur réalisation humaine, le type de rapport qu’elles construisent et concrétisent, la sérénité et la sécurité dans les moments d’épreuves…) n’apparaît pas trop crédible, c’est-à-dire comme des modèles de vie qui encouragent à faire des choix semblables.

Pour cela les agents de la Pastorale Vocationnelle, oscillent parfois entre deux extrêmes face à un monde de jeunes, contradictoire ou complexe: ils ignorent les dynamiques de la psychologie, en faisant des propositions qui n’interrogent ni n’intéressent, ou bien ils restent craintifs, en laissant perdre des perspectives de cheminements vocationnels sérieux, se contentant de propositions d’expériences sans impacts sur les décisions de la vie.

3.3.4 Choix précis

Cette situation exige une pastorale vocationnelle:

  1. Fondée sur la qualité vocationnelle de la communauté dans son ensemble et des éducateurs. Leur témoignage de vie et la dynamique avec laquelle ils vivent leur propre vocation seront le moyen le plus efficace pour aider les jeunes dans l'élaboration d'un projet généreux et conscient pour leur avenir.

Par conséquent, on tendra à:

  1. mettre les communautés dans une attitude de confiance et d’ouverture au don de Dieu, alimentée par la prière assidue pour les vocations;

  2. renouveler profondément la vie chrétienne des communautés et leur capacité d'accueil, de dialogue, de présence parmi les jeunes, pour rendre visible la proposition vocationnelle à travers des modèles valables d'identification;

  3. sensibiliser en premier lieu tous les confrères et les communautés salésiennes et ensuite la Famille Salésienne et les Communautés Éducatives, pour que l'orientation et la promotion vocationnelle soient un ministère et une responsabilité commune et non seulement d’un «» local ou provincial;

  4. profiter du charisme des confrères et des laïcs particulièrement doués pour «» et accompagner la maturation des vocations.

  5. Insérée dans l’itinéraire d’éducation à la foi, comme convergence de tous les efforts éducatifs et évangélisateurs.

Cet itinéraire suppose:

  1. Une orientation vocationnelle offerte à tous les jeunes à travers:

  2. l’orientation pédagogique et professionnelle, suivant l’âge et les différentes situations, qui aide chaque jeune à découvrir les propres ressources et à faire fructifier les dons reçus;

  3. un milieu éducatif avec des témoins significatifs qui vivent la vie comme vocation;

  4. des informations sur les diverses vocations dans la société et dans l’Église (rencontres, témoins, expériences, etc. …);

  5. l’offre d’expériences de service gratuit envers les plus nécessiteux, comme entraînement à la générosité et à la disponibilité;

  6. le contact formatif personnel offert à tous les jeunes qui le souhaitent.

  7. Une proposition claire et explicite, à travers:

  8. la présence et le contact avec des témoins personnels et communautaires significatifs d’hier et d’aujourd’hui;

  9. une formation spirituelle profonde à travers l’initiation à la prière, à l’écoute de la Parole de Dieu, à la participation aux sacrements, à la liturgie et à la dévotion mariale;

  10. la participation active à la vie de la communauté ecclésiale à travers les groupes et les mouvements apostoliques, considérés comme des lieux privilégiés de maturation chrétienne et vocationnelle;

  11. l’approfondissement, dans les différentes étapes de l’itinéraire d’éducation à la foi, du thème vocationnel, surtout aux étapes de l’adolescence et de la jeunesse;

  12. l’invitation personnelle à suivre la vocation;

  13. la possibilité d’un contact direct avec quelques communautés de référence vocationnelle.

  14. Un discernement attentif et graduel fait en communauté selon des critères partagés par tous, à travers la connaissance directe, le dialogue et la communication fréquente, la prière et la méditation qui ouvrent à la disponibilité à l’appel de Dieu, l’engagement apostolique partagé avec la communauté.

  15. Personnalisée, qui essaie d'atteindre chacun de manière diversifiée en s'appuyant sur son expérience intérieure, sur la situation qu'il vit et sur les justes exigences de la communauté par:

  16. l’offre concrète d’orientation éducative pastorale animée par la CEP à l’intérieur du PEPS;

  17. plusieurs possibilités et moments de rencontre et de dialogue personnel pour chaque personne, les groupes et les familles;

  18. des moments spéciaux d’intériorisation et de personnalisation (retraites, exercices, etc. …);

  19. la direction spirituelle systématique.

  20. Partagée de façon particulière avec la famille, avec l’Église locale et avec les groupes de la Famille Salésienne. Cette insertion s'opère à travers:

  21. l’unité de critères idéaux et opérationnels;

  22. l’attention au bien général de l’Église sans étroitesse ni particularisme;

  23. la proposition de notre expérience et de notre charisme spécifique dans l’œuvre d’orientation et de promotion des vocations;

  24. l’intégration de toutes nos forces et possibilités dans le travail et dans l’engagement concret pour les vocations;

  25. l’animation et la sensibilisation vocationnelle des familles.

2.4. La dimension de l'expérience associative

2.4.1 Sa spécificité

Le chemin d’éducation et d’évangélisation de la Pastorale Salésienne des Jeunes trouve dans l’expérience associative une de ses plus importantes intuitions pédagogiques.

Le Système Préventif exige un fort et lumineux milieu de participation et de relations amicales et fraternelles; un mode communautaire de croissance humaine et chrétienne, vivifié par la présence aimante et solidaire, animatrice et active des éducateurs. Il favorise donc toutes les formes constructives d’activité et de vie associative, même comme initiation concrète à l’engagement communautaire, civil et ecclésial (C 35; R 8).

La dimension associative, expression de la dimension sociale de la personne est une caractéristique fondamentale de l’éducation et de l’évangélisation salésienne. En elle, le groupe de jeunes n’est pas seulement un moyen pour organiser la masse, mais surtout le lieu de rapport éducatif et pastoral où éducateurs et jeunes vivent la familiarité et la confiance qui ouvrent les cœurs ; l’ambiance où se fait l’expérience des valeurs salésiennes et se développent des itinéraires d’éducation et d’évangélisation, l’espace où on promeut le protagonisme des jeunes eux-mêmes dans l’engagement pour leur formation.

2.4.2 Sa finalité

A travers la proposition associative nous entendons:

  1. développer la capacité de percevoir et de vivre en profondeur la valeur de l’autre et de la communauté, comme tissu de relations interpersonnelles;

  2. grandir dans la disponibilité à la participation et à l'intervention active dans son propre milieu;

  3. orienter à l’engagement social, en éduquant à la responsabilité du bien commun;

  4. approfondir l’expérience d’Église comme communion et service;

  5. découvrir et mûrir la décision vocationnelle dans l'ensemble social et ecclésial.

2.4.3 Défis auxquels nous voulons répondre

Les jeunes recherchent le groupe dans lequel ils peuvent satisfaire leur désir personnel de communiquer, leur besoin d’autonomie et de participation. Les analyses sociologiques révèlent l’importance de la variable «associationniste» pour comprendre en profondeur les comportements et les choix des jeunes.

Notre société, complexe dans les rapports et dans les appartenances, pluraliste dans les conceptions et dans les choix de vie, fragmentée dans les messages et dans les propositions de valeurs, rend compte de quelques caractéristiques que le phénomène associatif assume aujourd’hui, comme par exemple la multiplicité des groupements, leur pluralisme également contradictoire, le risque d’une désagrégation et fragmentation fréquentes; mais elle encourage aussi à la création d’espaces accueillis par le jeune, presque des «vitaux», où il peut récupérer le sens de sa croissance, mûrir son identité personnelle, développer une expérience chrétienne et ecclésiale significative.

2.4.4 Choix précis

Développer cette dimension dans la situation décrite ci-dessus implique l’emploi de quelques choix:

  1. L’option pour le groupe

Le groupe est le choix qualifiant de notre proposition associative comme l’ambiance la plus efficace pour la construction de soi, l’espace le plus immédiat pour répondre aux questions de sens et de raison de vie, le lieu de créativité et d’ouverture au monde social et au territoire, la médiation privilégiée d’expérience d’Église.

Ce choix en termes opérationnels demande de:

  1. Considérer le groupe où se déroule la vie du jeune comme l’élément le plus important de l’expérience associative, et l’appartenance à de plus vastes mouvements comme support aux premiers;

  2. donner aux groupes la possibilité de gérer leur propre chemin en s’adaptant à la situation des sujets qui les composent et au contexte social et ecclésial dans lequel ils vivent;

  3. valoriser les qualités et les apports des animateurs qui surgissent en eux;

  4. prêter une attention spéciale aux nouvelles formes d’agrégations juvéniles, surtout le volontariat et l’objection de conscience, comme options positives pour la paix et le service des autres.

  1. Le groupe est ouvert à tous les jeunes qui en sont les vrais protagonistes.

Ce critère demande :

  1. de créer une pluralité de propositions et de milieux de vaste accueil selon les différents intérêts et niveaux des jeunes;

  2. de partir de la situation dans laquelle les jeunes se trouvent et des aspirations qu'ils manifestent, en respectant le rythme de développement qui leur est possible;

  3. d’offrir aux jeunes qui adhèrent et s’engagent véritablement, des propositions adéquates de maturation dans la foi et dans l’engagement apostolique et social.

  1. Avec une finalité éducative

L’éducation n’est pas seulement une des dimensions fondamentales du projet, mais la modalité selon laquelle se déroulent toutes les autres.

Ce choix de l’éducation comporte en termes opérationnels de :

  1. proposer aux jeunes des groupes en fonction des différents âges, répondant aux besoins spécifiques et reliés entre eux à travers des programmes progressifs et continus (enfants, adolescents, jeunes);

  2. soigner de manière particulière les groupes de formation et d’engagement chrétien, considérés comme couronnement de l'expérience associative;

  3. qualifier et de former continuellement les éducateurs et les animateurs;

  4. offrir des moments intenses de vie en commun (retraites, campings, journées...) comme moments qui résument et relancent la charge associative et chrétienne des groupes;

  5. engager des temps de réflexion et de révision dans la communauté éducative, pour améliorer le fonctionnement, l'efficacité éducative et les interventions des groupes de jeunes.

  1. Avec le style de l'animation

A l’intérieur de cette finalité éducative, nous choisissons le style de l’animation qui comporte:

  1. une manière de penser la personne humaine qui de par ses ressources intérieures est en mesure de coopérer en étant responsable des processus qui la concernent;

  2. une méthode qui regarde le positif, les richesses et les ressources que chaque jeune possède en lui, en développant une action de promotion;

  3. un style spécifique de marcher avec les jeunes, de suggérer, de motiver, d'aider à grandir, centré sur la vie quotidienne, à travers une relation épanouissante, promotionnelle et digne de foi;

  4. un objectif final et global qui consiste à rendre à chaque personne la joie de vivre pleinement et le courage d'espérer.

L’animation a le visage concret d’une personne: l’animateur. Il a un rôle précis et indispensable. Bien que ce rôle varie dans les réalisations particulières selon le type de groupe, nous pouvons l'exprimer de la manière suivante:

  1. il encourage la formation de groupes et l'avancement des recherches, des activités et des idéaux;

  2. il aide, par sa compétence et son expérience, à dépasser les crises du groupe et à tisser des relations personnelles parmi les membres;

  3. il cherche avec les jeunes, dans les moments opportuns, l'ouverture à de nouvelles perspectives de réflexion et d'action;

  4. il donne aux jeunes des éléments de critique et d'approfondissement, pour qu'ils jugent leurs propositions, leurs désirs et leurs recherches;

  5. il favorise la communication entre les groupes et par conséquent l'ouverture de chacun d'entre eux aux autres;

  6. il accompagne chaque membre dans un processus de croissance humaine et chrétienne;

  7. il ouvre constamment dans le groupe la perspective du Christ sur les problèmes et sur les propositions que les jeunes présentent.

  1. Liés dans le Mouvement Salésien des Jeunes (MSJ)

Les jeunes particulièrement, les groupes et les associations de jeunes qui, tout en maintenant leur autonomie d’organisation, se reconnaissent dans la spiritualité et dans la pédagogie salésiennes, forment de manière implicite ou explicite le MSJ.

Les groupes opèrent et se relient entre eux dans la communauté éducative locale. Ils agissent entre eux au sein de cette communauté afin de s'enrichir et pour créer un climat culturellement vivant et chrétiennement engagé. Ce premier domaine aura plus d'ampleur et de souffle aux niveaux provincial et interprovincial, où seront favorisés l'échange et la communication entre les groupes, en assurant leur influence dans le territoire et leur insertion dans l'Église locale (CG23, 275-277).

  1. Vers l’insertion dans le social et dans l’Église

Le groupe juvénile est une forme d’ouverture et de construction d’une communauté éducative et/ou chrétienne insérée et active dans son propre milieu de vie. Par conséquent, nous favorisons:

  1. la communication et la liaison entre les groupes et leurs animateurs au sein du Mouvement Salésien des Jeunes;

  2. leur expression et participation au sein des organismes de la communauté éducative;

  3. la participation des adultes, en particulier l’intérêt des parents, pour des contributions et des échanges précieux;

Le groupe de jeunes doit regarder le débouché dans l'insertion sociale et ecclésiale selon son option vocationnelle. L'expérience associative salésienne doit promouvoir:

  1. une préparation et un accompagnement qui rendent le jeune capable de participer à la vie de la société, en assumant ses responsabilités morales, professionnelles et sociales et en coopérant avec tous ceux qui construisent une société plus digne de l’homme;

  2. une insertion active dans la vie civile à travers la promotion de diverses associations au service du bien commun dans la société démocratique;

  3. une insertion dans la communauté ecclésiale, en vivant la vocation que le chemin de formation a aidée à déterminer et à accueillir;

  4. un choix définitif de la spiritualité salésienne avec la maturation d’une vocation possible soit «ïque, consacrée ou sacerdotale, pour le bien de toute l’Église et de la Famille Salésienne» (C 28).



3. CONCLUSION

L’ensemble de ces quatre dimensions constitue la dynamique interne de la Pastorale Salésienne des Jeunes. De la rencontre éducative avec les jeunes au point où ils se trouvent, l’éducateur les stimule et les accompagne à développer toutes les ressources humaines jusqu’à les ouvrir au sens de la vie et à la recherche de Dieu;

  1. il les oriente vers la rencontre avec Jésus-Christ et la transformation de leur vie selon l’Évangile;

  2. il mûrit en eux l’expérience de groupe jusqu’à découvrir l’Église comme communion des croyants en Christ et que grandisse une forte appartenance ecclésiale;

  3. il les accompagne à la découverte de leur propre vocation dans l’engagement de transformation du monde selon le projet de Dieu.

C’est pourquoi:

  1. Ces dimensions sont inséparables et se qualifient réciproquement, de façon qu’on ne puisse développer l’une sans faire référence explicite aux autres;

  2. cette unité et cette corrélation doivent s’expliciter dans les objectifs et stratégies des PEPS de toutes les œuvres de la Province, en assurant que chaque pas et chaque intervention s'insèrent dans un unique processus de croissance humaine et chrétienne;

  3. chaque œuvre suivant son identité et les besoins des destinataires peut articuler les objectifs de son PEPS, autour d’une dimension centrale, par exemple, la dimension éducative pour l'école, ou la dimension évangélisatrice dans la paroisse... Mais il faut toujours tenir compte des contenus essentiels de l'ensemble des dimensions.

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PSJ (Cadre Fondamental de Référence)

1ère Partie: Éléments Fondamentaux