Don Bosco et la vie spirituelle Chapitre II La route de la vie

Francis DESRAMAUT.Don Bosco et la vie spirituelle. Ed Beauchesne.Paris 1967

Chapitre II. La route de la vie


Une anthropologie très simple


Don Jean Bosco ne craignait pas de prendre les problèmes de haut en matière de vie spirituelle. Aux premières lignes de son manuel de prières pour les jeunes, qui était aussi un livre de spiritualité, il parlait de Dieu, de l'homme et de sa destinée1. Le premier jour de son mois de Marie, ses consi­dérations portaient sur « Dieu notre créateur », le deuxième sur « l'âme »2.

I1 avait sur la nature humaine quelques idées très simples, qu'il ne chercha jamais à beaucoup approfondir, son cha­risme n'étant pas d'un théologien. Il les avait reçues au catéchisme paroissial de Castelnuovo et au séminaire de Chieri. Dans la suite, ses lectures et, plus encore, ses audi­toires - des enfants, un public populaire - ne l'ont pas encouragé à les nuancer au risque de les compliquer. Elles ont pourtant commandé plus ou moins obscurément ses choix spirituels et pédagogiques. Tenter de les dégager semble donc indispensable dans une étude de sa pensée. Son vocabulaire imprécis et peu technique rend d'ailleurs la tâche malaisée.

Il convient de noter que ses formules exprimaient ses positions réelles. Un contact assidu avec sa correspondance, ses discours, ses conversations et, de manière générale, avec sa vie, ne révèle pas d'apposition entre ses vues un peu abstraites et ses options quotidiennes. Hormis quelques cas très rares, l'homogénéité entre les unes et les autres ne paraît pas devoir être sérieusement mise en question.


Le corps et l'âme


L'homme est composé d'une âme et d'un corps. Si Don Bosco n'ignorait pas que le corps est la « matière » dont l'âme est la « forme », au risque de verser dans un certain dualisme il voyait et disait les choses de manière plus concrète. Le corps sert d'enveloppe à l'âme. I1 « nous a été donné pour la couvrir »3 , et lui est joint4. Mais, pour elle, c'est un poids, dont la perspective d'être libéré enchantait aussi bien saint Martin que Dominique Savio5.

L'âme « est cet être invisible que nous sentons en nous ». Comme l'esprit de Dieu qui, aux premiers jours du monde, l'a infusé dans le corps de l'homme, ce « souffle » intérieur est « simple », « spirituel » et « immortel ». Il a la « faculté de former des idées, de les combiner entre elles, de produire certains chefs-d'oeuvre ... »6 Quand, dans l'Exercice de dévotion à la miséricorde de Dieu, Don Bosco voulut dé­tailler ses facultés spirituelles, il aligna : « l'intellect par quoi l'homme connaît la vérité, la raison par quoi il distingue le bien du mal, la volonté avec quoi il peut se conformer à la vertu et mériter aux yeux du Seigneur, la mémoire, la faculté de parler, raisonner et connaître ... »7. Sur la hiérarchie de ces facultés, il suivait probablement une opinion peu thomiste. Dans la Vie de Louis Colle, il signa une phrase contre les éducateurs, qui « ignorent la nature et la dépen­dance mutuelle de nos facultés, ou les perdent trop aisément de vue. Tous leurs efforts tendent â développer la faculté de connaître et celle de sentir que, par une erreur déplo­rable, mais malheureusement trop commune, ils prennent pour la faculté d'aimer. Par contre, ils négligent complète­ment la faculté maîtresse, l'unique source du véritable et pur amour, dont la sensibilité n'est qu'une trompeuse image, la volonté »8. Ces positions « scotistes », qu'une étude de sa doctrine sur la charité éclairerait sans doute, le rappro­chaient des spiritualités franciscaine et « salésienne » (de saint François de Sales).


L'admirable nature humaine


Don Bosco, dont on sait la formation liguorienne et réso­lument antijanséniste, admirait la nature humaine. Il était séduit par la perfection des sens, « autant de chefs-d'oeuvre qui attestent la main d'un ouvrier d'une habileté infinie »9,ainsi que par les merveilles de la pensée, du courage et de l'amour, dont l'étude de l'histoire de l'humanité lui avait offert de multiples exemples. Le judéo-christianisme n'avait pas le monopole de ces merveilles. Il les retrouvait hors du contexte chrétien, chez les hommes vertueux de l'Italie ancienne : Caton d'Utique, que « sa science, sa diligence, sa vie simple et son affabilité rendaient cher à tous et fai­saient proclamer un modèle de vertu »10; Scipion, « grand capitaine » d'une « rare honnêteté »11 ; Hadrien évidem­ment, qui « aimait la paix, la justice et la sobriété »12; et César lui-même, qui sut se faire « aimer de son peuple par sa douceur et sa bienfaisance »13. Comme il interprétait de façon stricte le principe : Hors de l'Église, pas de salut, et n'imaginait donc pas d'influence surnaturelle dans les com­portements de ces Latins, de telles vertus étaient pour lui bien naturelles14. I1 en admirait d'autres, de même origine, chez les enfants, dont l'âge est « simple, humble et inno­cent »15 ... Nous aurons l'occasion de montrer qu'il désirait l'épanouissement de ces qualités. Que de fois n'a-t-il pas souhaité â ses correspondants une vie heureuse ici-bas !

Sous cet angle, Don Bosco, on le voit, était un humaniste.

I1 ne s'installait cependant nullement dans la vie pas­sagère. Elle était pour lui une route qui, á condition d'avoir été bien choisie, aboutissait au ciel. « La vie est un voyage vers l'éternité », lui avait dit saint Alphonse 16.

Son humanisme très réel, qui l'incitait à rendre l'univers plus habitable aux adolescents et â travailler utilement au bien de l'ensemble de la société humaine, ne l'empêchait pas d'être très sensible au caractère transitoire de cet univers et aux épreuves qu'il impose. Car il n'est de repos et de joie assurés qu'en Dieu après la mort, et la vie même est un voyage pénible, une route où « nous allons pèlerinant »17. Par bonheur, une lampe l'illumine. Selon Don Bosco, Dominique Savio avait fait remarquer â un camarade souffrant : «Cette carcasse ne vivra pas toujours, n'est-ce pas? I1 faut bien la laisser s'user petit â petit, jusqu'à ce qu'elle aille au cimetiére. Mais alors, mon cher, notre âme, débarrassée du poids de son corps, s'envolera glorieuse au ciel et jouira d'une santé et d'un bonheur interminables »18. S'il a réellement prononcé ces paroles19, le disciple reprenait la pensée de son maître, d'après qui, en mourant, « la joie dans les yeux, la paix dans le coeur, nous irons à la rencontre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui nous accueillera avec bonté, pour nous juger selon sa grande miséricorde et nous mener (...) des épreuves de cette vie â la bienheureuse éternité, afin de le louer et de le bénir dans tous les siècles »20.

Le drame est que, si plusieurs routes sont possibles, une seule est « sûre » et permet de se sauver.

Le salut était l'une des préoccupations majeures de saint Jean Bosco. D'autres époques, peut-être présomptueuses, s'en sont affranchies et l'ont considérée comme un reliquat du jansénisme. Peu importe ici. L'éventualité de manquer ce salut l'angoissa toujours, pour lui et pour les autres. « Rappelez-vous, chrétiens, que nous n'avons qu'une âme: si nous la perdons, tout est pour nous eternellement per­du »21 « La première, la plus importante et même l'unique question est celle de ton salut. Oh ! crie le Seigneur, que sert à l'homme de gagner même l'univers, s'il vient à perdre son âme »22 . Deux des trois cartons, qu'il avait apposés sur la porte et les murs de sa chambrette, lui rappelaient le salut personnel. On y lisait : « Une seule chose est nécessaire, sauver son âme », et, â proximité : « Donnez-moi des âmes et prenez le reste », devise qui, dans son esprit, le tournait vers le salut d'autrui23. Lui-même craignait-il vraiment d'être damné? Toutes ses phrases sur son salut n'avaient pas la même portée, et certaines n'étaient peut-être que des formules devenues habituelles. Il reste qu'il a souvent sup­plié ses lecteurs ou ses correspondants de lui éviter ce malheur24.

Il convient donc de ne pas s'engager sur le « chemin de la perdition » et de suivre la « route du salut ». Quand, dans l'introduction à la Vie de saint Pierre, Don Bosco souhaitait àses lecteurs et à lui-même : « Que le Dieu des miséricordes (...) nous aide à nous maintenir constants dans la foi de Pierre, qui est celle de Jésus-Christ, et ainsi à cheminer sur la route sûre, qui nous conduit au ciel »25, il n'émettait pas, qu un voeu pieux.


Le repos en Dieu


L'homme vient de Dieu. S'il est fidèle à son destin, il retourne à lui. Le salut est donné à celui qui, à la fin de ses jours, se repose en lui.

L'Histoire sainte et le Mois de mai expliquaient que l'à me fut créée « à l'image et à la ressemblance » de Dieu26 et le règlement des maisons de 1877 que l'homme fut créé « pour aimer et servir Dieu [son] créateur »27. L'Exercice de dévotion à la miséricorde de Dieu était allé plus loin en affirmant que Dieu nous créa « capables de profiter de sa grâce»28. Enfin, le Mois de mai disait aussi qu'il nous donna cette âme qui, « au milieu des plaisirs de la terre, est toujours inquiète, tant qu'elle ne se repose pas en Dieu, le seul objet qui puisse la rendre heureuse »29. Tout cela paraîtra bien classique. Mais, pour comprendre son sens de l'homme et de la vie, il faut imaginer Don Bosco axé sur le Dieu apaisant du dernier jour.


Le thème important des fins dernières


Notre auteur était logique. L'homme étant engagé sur une route dont le terme est si grave, les fins dernières ne pou­vaient que prendre une grande importance dans sa catéchèse et sa pédagogie spirituelle. L'enseignement qu'il avait reçu et ses propres idées sur le destin se conjuguaient avec ses expériences de directeur d'à mes pour l'encourager à beau­coup parler de la fin de l'homme. Vers 1840, il y avait longtemps qu'une série de maîtres conseillaient aux débu­tants de méditer chaque jour sur elle et de manière très concrète. Saint Alphonse avait dit : « [Le confesseur] doit d'abord disposer [l'âme] à faire oraison mentale, c'est-à-dire à méditer sur les vérités éternelles et la bonté de Dieu »30 .

Don Bosco était éducateur. En mauvaises conditions, la mort de l'un de ses fils spirituels était un échec irréparable. Or, il connaissait ses garçons, leurs faiblesses morales, leurs illusions et leurs idées fausses sur la vie et le bonheur. Et il n'ignorait pas que les hommes faits leur ressemblent beau­coup. La considération de la mort devait corriger les dévia­tions des uns et des autres.

Il parlait donc souvent des fins dernières. Dans la pre­mière partie du manuel de prières à l'usage des garçons, l'avertissement et six des sept méditations (que nous savons, pour la plupart, inspirées de saint Alphonse) concernaient la mort, le jugement, l'enfer, le paradis ...31. Ses biographies didactiques d'adolescents racontaient leurs dernières heures dans les plus minimes détails32. Au vrai, la mort préoccupait étrangement ce directeur et cet ami des jeunes.

La mort est un problème personnel. L'oeuvre de Don Bosco ne contient apparemment rien d'un peu notable sur les fins dernières de la société et de l'univers, problèmes qui passionneront les théologiens catholiques un siècle après lui. Le « jugement général » devait se ramener à la solution des cas personnels additionnés33. Ses réflexions sur les fins dernières de l'individu étaient conformes à la tradition établie au dix-neuvième siècle. L'inéluctabilité de la mort, l'inconnue du dernier instant, sa gravité suprême, l'éternité de bonheur ou de malheur qui le suit, tels étaient ses thèmes. Son enseignement était pratique et moralisateur, comme l'avait été celui de saint Alphonse dans la Préparation à la mort, ouvrage qu'il conseillait aux jeunes34. Dans ses allo­cutions et, en particulier, ses mots du soir, il rappelait inlassablement à ses garçons et à ses collaborateurs la néces­sité d'être prêt. Les morts nombreuses qu'il déplorait dans sa maison du Valdocco lui donnaient l'occasion de revenir sur les « grandes vérités ». Rien n'est moins déterminé que l'instant de la mort. Elle ne fait pas antichambre ... « Ce peut être d'ici un mois, une semaine, un jour, une heure et, peut-être, sitôt la fin de cette méditation. Chrétien, si la mort nous frappait en ce moment, qu'en serait-il de ton à me, qu'en serait-il de mon à me ? »35 Ces avertissements lui suffisaient : peu ou point de descriptions réalistes qui eussent choqué ses auditeurs. Don Bosco diffusait la paix, même quand il parlait de la mort. Les images de ses « songes » étaient parfois violentes ; elles n'étaient pas cruelles. Dans le genre, on ne trouve rien de plus accusé que l'insertion dans son manuel de piété pour les jeunes de la Prière pour la bonne mort, attribuée à une convertie et qui, prés d'autres morceaux de la littérature dévote du dix-huitième siècle, paraît, somme toute, bien anodine36.

I1 parlait aussi du ciel, avec éloquence. Une conversation sur « la grande récompense que Dieu prépare au ciel à ceux qui gardent leur innocence baptismale » a fait tomber Dominique Savio en extase37. Pour Don Bosco, nous savons par un témoin attentif qu'il en discourait « comme un fils de la maison de son père »38.

Tout naturellement, il estimait que la vie doit être menée en fonction de cette fin. Le chrétien sensé accomplit toutes ses actions comme il voudrait les avoir faites à l'heure de son trépas. Au début de l'un de ses premiers sermons, Don Bosco écrivit : « Fin de l'homme. Rappelle-toi tes fins dernières et tu ne pécheras jamais »39. I1 expliquera plus tard que saint Martin avait eu cette sagesse. Quand Dieu lui révéla la proximité de sa mort, lisons-nous dans sa bio­graphie, « il fut rempli de contentement, parce que toutes ses actions et toutes ses paroles avaient été orientées vers le dernier jour de sa vie ... »40 « On récolte ce qu'on a semé »41, notre saint aimait à le répéter42. Il faut acquérir beaucoup de mérites pour l'au-delà. Qui pense à sa fin n'y manque pas.

I1 rejoignait donc la pensée d'auteurs, tels que saint Robert Bellarmin et d'autres humanistes, sans sacrifier aux amateurs d'émotions, tels que le Père Giovanni Battista Manni, qui avaient peint la mort sous les couleurs les plus contrastées. Il ne suivait même pas en tous points saint Alphonse, déjà plus réservé43.


L'exercice de la bonne mort


Don Bosco avait choisi d'autant plus facilement cette orientation qu'un exercice mensuel, auquel il attachait une extrême importance, lui avait appris à tourner toute sa vie vers son terme.

Giuseppe Cafasso, qui le lui avait conseillé44, n'en était pas l'auteur. En 1840, l' « exercice de la mort » existait depuis plusieurs siècles45. On nous apprend qu'après une certaine éclipse, il refleurit dans la deuxième partie da dix­septième. Son schéma existe par exemple chez le Père Claude Judde (+ 1735), qui écrivait : « S'exercer à mourir, c'est, ou tous les mois, ou au moins quelquefois durant l'année, prendre un jour où nous fassions ce qu'il faudra faire dans les derniers jours de la vie : une bonne revue, une commu­nion fervente avec les actes qui conviennent à la réception du saint viatique ; lire, dans un rituel, les prières de l'Ex­trême-Onction, celles que l'Église fait pour les morts, qui conviennent si bien aux mourants, se regarder ensuite comme étant présents au tribunal de Dieu ...» 46.

Don Bosco a recommandé avec insistance cette pratique, où l'on se confesse et communie dans les sentiments souhaités de celui qui doit paraître d'un instant à l'autre devant Dieu. Il disait même : « Je crois qu'on peut regarder comme assuré le salut d'un religieux qui, chaque mois, s'approche des sacrements et règle sa conscience comme s'il allait réellement quitter cette vie pour l'éternité »47. Rien de plus libérateur pour des jeunes ou des adultes à la conscience troublée ou en quête de perfection. La vie est par régularisée et l'énergie mise au service de Dieu. « N'omets pas l'exercice de la bonne mort une fois par mois, écrivait notre saint à un jeune clerc, et tu examines quid sit addendum, quid corrigendum, quidve tollendum, ut sis bonus miles Christi » 48.

En deux mots, cet exercice lui paraissait être « la clef de tout »49.


La confiance mesurée dans l‘homme


Il se défiait d'un homme faible et pécheur et, pourtant, dans le même mouvement, lui faisait confiance. Rien ne lui semblait jamais acquis ici-bas. Les principes sévères de sa jeunesse n'avaient été qu'estompés par le liguorisme, qui n'est pas une école de béat laisser-faire. L'expérience des âmes ne lui permettait pas de voir le monde sous des couleurs très rases.

Il connaissait la faiblesse de la créature. La bonne volonté du jeune n'est souvent, comme celle de Michèle Magone, qu'un « nuage », qui se dissipe au gré des influences50. « C'est le propre de l'inconstante jeunesse de changer sou­vent d'idée »51. Même dans le monde adulte, les gens de la trempe de Dominique Savio sont rares, point n'est besoin d'être grand clerc pour s'en persuader.

Il croyait aussi au prince des ténèbres et à son action sur les hommes. Dans son Histoire sainte, il avait raconté de la manière la plus traditionnelle comment le péché était entré dans le monde après la tentation d'Adam52. Il a ensuite fortement insisté, dans ses récits de « songes » en particulier, sur le rôle pernicieux de l'esprit du mal dans la vie des hommes. Au cours des rêves de Don Bosco, cet esprit surgit sous d'étranges formes, dignes de la Vie de saint Antoine et de la Divine Comédie. Il est serpent, éléphant, gros chat ou taureau furieux à sept cornes mobiles,53. Ses méfaits sont campés en des scènes colorées: il ferme les bouches en confession54, tend aux malheureux des lacets où ils s'em­pêtrent pour de bon: la superbe, la désobéissance, l'envie, la luxure, le vol, la gourmandise, la colère et la paresse55, se réjouit sans vergogne des confessions déficientes56 et des conversations malsaines57 de ses victimes. Aux salésiens, Don Bosco le voyait préparant aussi ses pièges58. Vers 1860, il fut même hanté par Satan comme le curé d'Ars, son contemporain59. Oublier que, pour lui, le démon était toujours là, rôdant jour et nuit, sicut leo rugiens, serait négliger un trait majeur de son esprit et de sa doctrine véritable.

Réaliste, il n'ignorait pas non plus le mal dans l'homme même. Dés sa jeunesse, il a trouvé dangereuse la proximité de «mauvais camarades» au collège et jusqu'au séminaire de Chieri60. Puis il a appris à connaître dans les prisons de Turin « combien grandes sont la malice et la misère des hommes »61. La compagnie des pervers est dénoncée aux premières pages de son principal manuel de prières, qui a répété cette leçon à des centaines de milliers d'usagers tout au long de sa vie62. Dans sa biographie didactique de Dominique Savio, il a loué la prudence de ce jeune saint apparemment invulnérable, qui pourtant s'en était méfié.63 On surprend d'aventure un propos un brin désabusé sous la plume de cet optimiste. I1 faut se résigner : « Mundus in maligno posittts est totus. Et nous ne pouvons le chan­ger ... »64. Le « monde », pour cet ami des hommes, était un « ennemi », « rempli de péchés »65. Le mal existe et il est contagieux.

Ceci dit, sa spiritualité comme sa pédagogie tournaient sur deux pivots : la confiance en Dieu qui n'abandonne pas sa créature et la confiance dans la sagesse et le coeur de l'homme.

Nous aurons le loisir de montrer combien il se souciait de laisser à Dieu la première place dans l'oeuvre de sainteté. D'autre part, à ne considérer que sa seule pédagogie, qui est significative de son sens du progrès humain, en tous les domaines, sanctification comprise, le dressage des jeunes ne le satisfaisait pas plus que l'abandon à leurs caprices. Sa méthode faisait appel à leur « raison » et à leur « coeur », termes que nous aurons bientôt à définir. Il voulait gagner la tête de l'enfant et développer en lui des sentiments et des jugements droits. Il s'appuyait délibérément sur « la raison, la religion et l'affection »66. Doux et bon lui-même, il s'est ingénié à susciter des énergies pour le royaume de Dieu. Dans le climat qu'il créait, il rencontrait des intel­ligences qui aspiraient à comprendre et des volontés dési­reuses d'aimer et de bien faire. Nous sommes là au coeur de ses principes les plus certains en spiritualité, comme en pédagogie et en pastorale. Il vivait en effet ses propositions générales sur la bonté de la nature. Logique avec son admiration de l'homme et de l'enfant, il les respectait et leur faisait - prudemment - confiance.

Don Bosco ne fut donc, ni un naïf nageant dans l'illusion, ni un pessimiste dédaigneux des plus évidents chefs-d'ceuvre de Dieu sur terre. Conscient des limites de sa créature, il croyait à sa bonté. Une réelle confiance en l'homme corres­pondait à son optimisme verbal.


L'appel universel à la perfection


Il prêchait même l'appel universel à la perfection, plus exactement à la sainteté.

Le saint est tout entier « du Seigneur », faisait justement remarquer Dominique Savio67. I1 le manifeste par sa « vertu », estimait Don Bosco: le saint est un homme de Dieu dont la vertu est héroïque. « A cause de la vie ver­tueuse et mortifiée qu'ils menaient, les chrétiens des pre­miers temps étaient appelés saints »68. Le plan des biogra­phies écrites par Don Bosco pour raconter des vies tendant à la perfection le disait avec clarté. Ainsi, il louait succes­sivement en Michele Magone « sa sollicitude exemplaire pour ses pratiques de piété», sa «ponctualité dans ses devoirs», sa «dévotion envers la bienheureuse Vierge Marie », sa vigilance dans « la conservation de la vertu de pureté » et sa charité envers son prochain69. En somme, une route simple et droite vers la perfection, « sans rien d'extra­ordinaire ni de bruyant, toute commune, ordinaire et pour ainsi dire banale », celle que Giuseppe Cafasso lui avait assurément décrite70. Le même maitre lui avait appris que d'accomplir les actions requises par la vie « avec ordre, avec prudence, selon les circonstances et les nécessités du temps, du lieu et des personnes, à condition de le bien faire, suffit à faire un saint, que ce soit un séculier, un père ou une mère, que ce soit aussi un prêtre »71. On ne voit donc pas que ni l'un ni l'autre ait cru à la nécessité d'une contem­plation infuse extraordinaire pour accéder à la sainteté72. Rien non plus, dans les propos recueillis de Don Bosco, sur les trois voies ou les trois degrés de perfection ...

Il pensait que cette sainteté, loin d'être réservée à quel­ques-uns, était proposée et même imposée par Dieu à tous les hommes. Partager l'humanité entre une masse de mé­diocres réduits à pratiquer les commandements et quelques choisis seuls aptes à suivre les conseils ne lui semblait pas admissible. Il interprétait dans le sens de l'obligation à la perfection le verset de saint Paul tel qu'il le lisait au missel : Haec est enim voluntas Dei sanctificatio vestra73. La sain­teté est pour tous et, de plus, elle est facile, lui avait encore enseigné Giuseppe Cafasso74. A sa suite, un jour de prin­temps de l'année 1854., le prédicateur du Valdocco « dé­veloppa surtout trois idées qui impressionnèrent profondé­ment Dominique [Savio] : « C'est la volonté de Dieu que « nous nous fassions tous saints ; il est très facile d'y arriver ; une grande récompense attend au ciel celui qui parvient à « se faire saint »75. Ou bien ce prédicateur s'appelait Don Bosco, hypothèse de loin la plus probable, ou bien il parta­geait ses idées. On lit par exemple dans le Porta teco de 1858, à l'adresse de tous les chrétiens : « Dieu nous veut tous saints, c'est même sa volonté que nous nous fassions tous saints »76. I1 a été entendu : une ardeur, quelquefois inquiète, dans la recherche de la perfection est perceptible dans la vie de plusieurs membres de la première génération de ses disciples. Dominique Savio est le plus connu, Michèle Rua est un autre cas77. La fidélité de toutes ces bonnes à mes à la recherche de la sainteté n'était d'ailleurs pas irrépro­chable, car l'une ou l'autre penchait, qui le croirait ? vers un certain pessimisme et prenait à son insu, le contre-pied de son maître...78. L'histoire de la postérité spirituelle de Don Bosco réserverait quelques surprises.


Les facteurs du progrès dans la recherche de Dieu


Lui suivait son chemin d'un pas plus léger. Ses formules pouvaient même diffuser un innocent pélagianisme. L'am­biguïté du « se faire saint » - formule au reste tradition­nelle dans leur langue - échappait aussi bien à Dominique Savio qu'à son directeur79. La doctrine de celui-ci tenait pourtant compte de tout. La place qu'il offrait aux sacre­ments dans sa pédagogie suffirait à nous rassurer sur son sens de la primauté de Dieu dans l'affaire de la sainteté. Avec raison, il pensait que la grà ce de Notre-Seigneur Jésus-Christ est nécessaire au progressant « pendant la vie et dans la mort et nous tient fermes sur le chemin qui conduit au ciel »80 .Mais il croyait aussi nettement que « non pas une petite violence » devait y correspondre du côté de la créature81. Si aucune sainteté n'est pensable hors de Dieu, « sans qui tous les efforts de l'homme sont sté­riles »82, il faudra d'autre part entendre et prendre au sérieux son « appel amoureux » : les « effets de la grà ce de Dieu » sont « admirables » chez ceux-là seuls « qui s'em­ploient à y correspondre »83. Disons que tout s'équilibrait pour lui dans la formule paulinienne : « Je puis tout en celui qui me fortifie », qui lui était favorite 84. 11 ne versait ni dans un naturalisme plat ni dans un angélisme utopique et inefficace.


La « raison » dans la recherche de Dieu


La nature étant ainsi invitée, non sans véhémence, à parti­ciper à l'oeuvre de la perfection, nous pouvons nous deman­der si Don Bosco ne privilégiait pas, consciemment ou non, telle ou telle de ses facultés. Certaines spiritualités sont réputées volontaristes, d'autres intellectualistes ou affec­tives ...

La « raison » jouait un rôle de premier plan dans sa pédagogie religieuse et, de ce fait, dans l'ensemble de sa spiritualité. Par ce mot, il désignait, dans une langue comme souvent imprécise, la capacité humaine de juger et de réfléchir. L'éducateur, dont parlaient le traité de la méthode préventive et diverses de ses lettres, fait appel à la « raison » de l'élève, parce qu'il lui explique le règlement de son institution, lui prodigue ses conseils et justifie ses répriman­des85. Quand, séparant des garçons qui se battaient, l'impé­tueux Michèle Magone s'exclamait : « Nous sommes raison­nables, la raison doit donc commander en nous et non pas la force »86, il reprenait le langage de Don Bosco. En matière religieuse, celui-ci n'envoûtait pas systématiquement ses gar­çons et - la formation de Dominique Savio est typique - préférait leur dévoiler ce que Dieu, à travers lui, attendait d'eux.

Son esprit le conduisait parfois à disserter sur des points de morale ou d'ascétique, à présenter des « exemples » édi­fiants, non à s'attarder aux spéculations dogmatiques. I1 a observé toute sa vie la leçon qu'il avait entendue, nous le savons, la nuit du songe de neuf ans : « Commence donc immédiatement à les instruire de la laideur du péché et de l'excellence de la vertu »87. Un apôtre du dix-neuvième siècle n'avait d'ailleurs qu'à se laisser porter pour agir de la sorte. Ses instructions se sont ressenties de l'esprit moraliste de l'époque, que le convitto avait encore développé en lui.

I1 était pourtant tout à fait capable de raisonner sur ses convictions. Malgré certaines phrases que l'on se gardera de presser - par exemple : « Foi et prières, voilà nos armes et nos appuis »88 - il n'avait absolument rien d'un fidéiste. Quelques-uns de ses opuscules contiennent même de petits tournois dialectiques sur les problèmes litigieux entre catho­liques et réformés : l'Église visible, les sacrements, le purga­toire, les reliques ou le culte de la Vierge Marie. Les « rai­sons » y sont épluchées l'une après l'autre. Le catholique attaque, concède des avantages mineurs, discute l'essentiel et, enfin, conclut avec assurance, fort d'un raisonnement qui démonte ou convainc son adversaire89. En 1870, notre apologiste n'eut certainement aucune peine à admettre les leçons du premier concile du Vatican sur le rôle actif de la raison dans l'ordre des vérités surnaturelles.

Par-delà la foi commune, les développements de la sain­teté lui paraissaient devoir s'articuler sur une connaissance toujours plus poussée de la doctrine chrétienne. Quelques phrases de sa biographie de Dominique Savio, demeurées intactes dans les éditions successives, sont claires à souhait : « Quand quelque chose lui échappait [dans un sermon ou un catéchisme], il avait soin d'en demander l'explication sans tarder. Ce fut le point de départ de cette vie exem­plaire, de ce progrès continuel de vertu en vertu et de cette exactitude à remplir ses devoirs, telle qu'il eût été difficile de faire mieux »90. Sans un enseignement convenable, il n'y aurait donc pas eu de saint Dominique Savio. L'exploi­tation religieuse de sa « raison » fut à la racine de ses mer­veilleux progrès dans la connaissance et l'amour de Dieu. Don Bosco constatait le fait et, par cet esempio, demandait à ses lecteurs de tirer pour leur compte la conséquence de la leçon. On n'oubliera pas en effet que toutes ses biographies étaient didactiques.


Le «coeur » dans la recherche de Dieu


Le naturel et les expériences pédagogiques de saint jean Bosco suffisaient à l'empêcher de ne considérer dans ses dirigés que leur seule faculté noble. Au fond de l'homme, décidant de ses orientations les plus « raisonnables » elles-­mêmes, il découvrait ce qu'il appelait son « coeur ». Par quoi nous devons comprendre selon les contextes : ses senti­ments, sa volonté, son amour, et même l'expression de toute son à me ou encore, pour parler un langage actuel, de sa personne91. I1 est peu question de« volonté » dans les paroles et les écrits de saint Jean Bosco et il faut parfois chercher cette faculté - majeure, d'après la Vie de Louis Colle92- dans ses formules désignant le « cœur », bon ou mauvais. Au total, avoir bon coeur, c'était pour lui être sensible, compréhensif, disposé à bien faire et à aimer.


L'ouverture du « cœur » et sa conquête par Dieu


Don Bosco voulait trouver dans ses aspirants à la sainteté des intelligences éclairées, mais aussi et surtout des « coeurs » ouverts. Il pensait à l'ouverture sur Dieu et, plus encore peut-être, à l'ouverture sur les relais vers Dieu, ministres officiels ou simples chrétiens. Quand nous lisons dans la biographie de Michèle Magone que l'un de ses camarades, « fort étourdi », lui « fut spécialement recommandé pour qu'il cherchàt le moyen de l'amener à de bons sentiments », que Michèle « commença par s'en faire un ami », « passa ses récréations avec lui, lui fit des cadeaux, lui écrivit des conseils et de petits billets, et put ainsi entrer en relation intime » avec un élément difficile93, nous apprenons par quels humbles procédés l'un des disciples de saint jean Bosco, tout à fait fidèle à ses directives, « ouvrait un cœur » à Dieu.-

Il va sans dire que cette tà che revenait d'abord aux édu­cateurs. En 1884, Don Bosco rappelait, non sans mélancolie, l'heureux temps (vers 186o) où ses collaborateurs s'en étaient bien acquitté : « Jours d'affection et de confiance chré­tienne entre garçons et supérieurs ; jours de compréhension et de support mutuel par amour de Jésus-Christ, jours des coeurs ouverts en pleine candeur et simplicité ; jours de charité et de joie véritable pour tous »94. I1 craignait, en éducation religieuse, les atmosphères froides, qui nuisent à la charité et au progrès spirituel.

Dans son esprit, le « cœur » ouvert finit par se donner effectivement à Dieu, si l'on a pris le soin de l'orienter vers lui. « Nous devons chercher à imprimer autant que faire se peut la religion au cœur de tous et à l'imprimer aussi pro­fondément que possible », faisait-il remarquer, en 1877, à ses directeurs de maisons, lors du premier chapitre général de sa société95. I1 est toutefois entendu que le cœur du dirigé n'appartient pas à son éducateur, même si le disciple, ré­pondant à ses voeux, le lui a offert, mais bien à Dieu, à qui il faut toujours revenir : « Je veux que vous me don­niez tous votre cceur, écrivait Don Bosco aux élèves de l'école de Mirabello avant de leur rendre visite, afin que je puisse l'offrir chaque jour à Jésus-Eucharistie pendant que je cé­lèbre la sainte messe »96. Ce langage était celui de sa vie. Son extrême souci des confessions fréquentes et sincères des garçons s'explique partiellement par là : elles lui laissaient la maîtrise provisoire de leurs « cœurs », pour les débrous­sailler et les remettre en paix avec Dieu97.

S'il fallait enfin décider du rôle primordial soit de la raison soit de l'amour dans la recherche de Dieu, telle que saint jean Bosco l'envisageait, il conviendrait sans doute de choisir l'amour. La famigliarità et l'amorevolezza, entendez un esprit fait de cordialité et d'affection, lui importaient plus, tout compte fait, que l'indispensable ragione. Toutes les démarches spirituelles de ses disciples auraient dû être pénétrées d'amour affectif ou, pour reprendre son langage, dictées par le « cceur ». L'amorevolezza enroba ses propres conseils et sa doctrine. Ce composé de sagesse aimable et d'affection clairvoyante lui valut « des résultats merveilleux et des transformations qui semblaient impossibles à obte­nir »98, Bien que l'on trahisse l'une et l'autre en les ima­ginant sentimentales, la nuance affective était au moins aussi prononcée dans sa spiritualité que dans celle de saint Fran­çois de Sales.


Conclusion


Nous avons demandé à Don Bosco ce qu'est l'homme et ce qu'est la vie. I1 s'est servi pour nous répondre de quelques phrases ou scènes bibliques et de la tradition optimiste qui les commentait depuis la Réforme. I1 n'était pourtant pas l'homme d'une seule tendance. Les descriptions du texte sacerdotal de la Genèse doivent être nuancées par les sen­tences amères de l'Ecclésiaste. L'homme est créé bon, certes, mais il est marqué par la faiblesse et par le mal. Le corps est merveilleux, mais il opprime l'à me. L'existence est un don généreux du Seigneur, mais il n'est de repos qu'en celui­ci après la mort. Dieu veut la sainteté de tous, mais combien se fourvoient en enfer ? L'optimisme de Don Bosco était par là bien tempéré. A son sens, la vie était une course vers la mort, dont le point d'arrivée pouvait toujours être manqué. Mais bienheureux qui progresse vers Dieu avec sa tête, et surtout avec son « ceeur N, car il sera sauvé ! S'il cultive la « vertu », peut-être me'me «se fera-t-il saint » ! Le monde spirituel où l'esprit de notre saint évoluait : un Dieu juste et bon, un Christ amical, modèle et source de vie, une Vierge Marie, radieuse de saintt2té et d'inépuisable bienfaisance, toute une théorie de bienheureux, l'Église visible enfin, ne pouvait que l'encourager à une sainteté, entendue comme l'héroïsme de la vertu chrétienne99.

1 {G. BOSCO}, Il giovane provveduto. . , 2e éd., Turin, 1851, p. 9-10.

2 G. BOSCO, Il mese di maggio. . . 8e éd., Turin, 1874, p. 26-35.

3 G. BOSCO, Il mese di maggio . . , éd. cit., troisième jour, p. 38.

4 « A ce corps {Dieu} a uni une âme» (G. BOSCO, Il mese di maggio . . , éd. cit., deuxième jour, p. 31).

5 G. BOSCO, Vita di San Martino . . , 2e éd., Turin, 1886, chap. 10, p. 76. G. Bosco, Vita del giovanetto Savio Domenico . . , 6e éd., Turin, 1880, chap. 22, p. 102; chap. 25, p.123.

6 G. Bosco, Il mese di maggio . . , éd. cit., deuxième jour, p. 31, 32

7 [G. BOSCO], Erercizio di divozione. . , Turin, s.d. (vers 1847), premier jour, p. 31.

8 J. BOSCO, Biographie du jeune Louis Fleury Antoine Colle, Turin, 1882, chap. 2, p. 23-24. Bien que signée par Don Bosco, cette biographie a été composée par le salésien Camille de Barruel, qui était professeur de philosophie.


9 G. BOSCO, Il cattolico nel secolo . . , 2e éd., Turin, 1883, deuxième entretien, p. 22.

10 G. BOSCO, Storia d'Italia. ., 8e éd., Turin, 1873, première époque, chap. 28, dans A. CAVGLIA. Opere e escritti . . , vol. III, p. 79. Selon le commentateur, ce passage a été ajouté pour cette édition.

11 G. BOSCO, Storia d'Italia . . , 5e éd., Turin, 1866, première époque, chap. 21, p. 57.

12 G. BOSCO, Storia d'Italia.., éd. cit., 1866, deuxième époque, chap. 9, p. 101.

13 G. Bosco, Storia d'Italia.., éd. cit., 1866, première époque, chap. 28, p. 74.

14 14. « Quand je vous dis qu'il y eut de bons empereurs, il faut que vous entendiez seulement par là la bonté naturelle, que peut avoir un païen » (G. BOSCO, Storia d'Italia. . , éd. cit., 1866, deuxième époque, chap. 9, p. 100).

15 [G. BOSCO], Il giovane provveduto . . ,2e éd., Turine 1851, pre­mière partie, art. 2, p.11.

16 S. AtFONSO M. de LIGUORI, Apparecchio alla morte, quatorzième considération, titre.

17 G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico . . , 6e éd., Turin, 188o, chap. 6, p. 24.

18 G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico . . , éd. cit., chap. 22, p. 102

19 Nous avons en effet pu montrer ailleurs que saint jean Bosco introduisait des leçons dans les discours de ses héros (F. DESRAMAUT, Les MemorieI.., p. 111, n. 66, 67).

20 G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico . . , éd. cit., chap. 27, p. 129

21 [G. BOSCO], Porta teco, cristiano . . , Turin, 1858, p.5.



22 G. BOSCO, Nove giorni.., 3e éd., Turin, 1885, quatrième jour.

23 Voir E. CERIA, Don Bosco con Dio, nouv. éd., Colle Don Bosco, 1947, P. 85.

24 G. BOSCO, Il pastorello delle Alpi...,Turin, 1864, chap. 24, p. 181 (ci-dessous, document 19) ; G. Bosco à la comtesse Luigia Barbô, 30 mai 1866, dans Epistolario, t. I, p. 396 ; G. Bosco au Père Alessandro Checucci, 9 février 1867, op. cit., t. I, p. 446; G. Bosco aux salésiens et aux élèves du collège de Lanzo, 26 décembre 1872, op. cit., t. II, p. 246 ; G. Bosco aux mêmes, 5 janvier 1875, op. cit., t. II, p. 438 ; G. Bosco au théologien Giacomo Margotti, 13 septembre 1876, op. cit., t. III, p. 96 ; etc.

25 G. BOSCO, Vita di S. Pietro . . , Turin, 1856, p. 10.

26 G. BOSCO, Storia sacra. ., 3e éd., Turin, 1863, Ancien Testa­ment, première époque, chap. I (dans Opere e scritti... , vol. I, première partie, p. 131) ; G. BOSCO, Il mese di maggio . . , 8e éd., Turin, 1874, deuxième jour, p. 31.

27 Regolanaento per le case . . , Turin, 1877, deuxième partie, chap. 3, P. 63.

28 [G. BOSCO], Etercizio di divozione . . , sixième jour, p. 103.

29? G. BOSCO, Il mese di maggio . . , éd. cit., deuxième jour, p. 31.

30? S. ALPHONSUS DE LIGUORIO, Praxis confessarü, éd. Gaudé, Rome, 19 1 2, chap. 9, § I, p. 210.


31 {G. BOSCO], Il giovane provveduto.., Turin, 1847, p. 31-50 : Sette considerazioni per ciascun giorno della settimana. Ces méditations ont été conservées pendant toute la vie de Don Bosco dans les éditions successives de son ouvrage.

32 Voir les biographies de Comollo, Savio, Magone, Besucco, et y joindre la lettre à Margherita Saccardi, de juillet 1866, sur la mort de son fils Ernesto (Epistolario, t. I, p. 408-410). Ci-dessous, document t b.

33 Voir G. BOSCO, Il mese di maggio . . , éd. cit., 1874, dix-septième jour : II giudizio universale, p. 110-116.

34 L'Apparecchio alla morte est l'un des quatre livres proposés dans {G. Bosco), Il giovane provveduto.., 2e éd., Turin, 1851, p. 18.

35 G. BOSCO, Il mese di maggio . . , éd. cit., 1874, quinzième jour, p. 100-101.

Le cardinal G. Cagliero, cité par E. CERIA, Don Bosco con Dio, éd. cit., p. 112.

36 (G. BOSCO), Il giovane provveduto . . , Turin, 1847, p. 140-142 ; reprise dans toutes les rééditions de l'ouvrage.

37 Selon G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico . . , éd. cit., 1880, chap. 20, p. 96-97.

38 Le cardinal G. Cagliero, cité par E. CERIA, Don Bosco con Dio, éd. cit., p. 112.

39 Manuscrit autographe, signé : « Bosco, 3 dicembre 18.41 », en ACS, S.132.

40 G. BOSCO, Vita di San Martino . . , 2e éd., Turin, 1886, p. 75­- 76.

41 Galates, 6, 7.

42 G. BOSCO, Vita del giovanetto Suvio Domenico . . , Turin, 1859, chap. 24, p. 115 ; propos conservé dans toutes les éditions : voir l'édition de 1880, chap. 25, p. 112. G. Bosco à M. Rua, 1879, dans Epistolario, t. III, p. 71. «Chacun sera rétribué selon la manière dont il aura conduit sa vie» (II Corinthiens 5, 10), sentence d'un signet du bréviaire de Don Bosco (voir E. CERIA, Memorie biografiche. . , t. XVI1I, document 93, p. 806-808 ; ci-dessous. document 5).


43 G. CACCIATORE, dans l'ouvrage collectif S. ALFONSO M. DE LIGUORI, Opere ascetiche. Introduzione generale, Rome, 1960, p. 212-216, observait que saint Alphonse était, pour sa part, demeuré, dans l'Appa­recchio alla morte, à mi-chemin entre ces deux tendances.

44 Voir la description de l'exercice de Don Cafasso dans G. BOSCO, Biografia del Sacerdote Giuseppe Caffasso.... Turin, 1860, p. 111.

45 Sur cet exercice, quelques notes dans H. BREMOND, Histoire litté­raire du sentiment religieux. . , t. IX, Paris, 1932, p. 350-368 ; P. TIHON, art. Fins dernières, dans le Dictionnaire de spiritualité, t. V, col. 372-374.

46 C. JUDDE, Œuvres spirituelles, t. I, p. 181 et sv., dans H. BREMOND, op. cit., p. 365.

47 G. BOSCO, Introduction aux Regole o Costituzioni della Società di San Francesco di Sales.., Turin, 1885, p. 37.

48 « ... ce qu'il te faut ajouter, corriger ou retrancher pour être un bon soldat du Christ » (G. Bosco à Tommaso Pentore, 15 août 1878, dans Epistolario, t. III, p. 381).

49 G. Bosco à G. Cagliero, 1er août 1876, dans Epistolario . . , t. III, p. 81.

50 G. BOSCO, Cenno biografico sul giovanetto Magone Michele. . , Turin. 1861, chap. II, p. 58.

51 G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico . . , 6ª éd., Turin, 1880, chap. 8, p. 30.

52 52. G. BOSCO, Storia sacra. ., 3ª éd., Turin, 1863, première époque, chap. 2 (dans Opere e scritti. . , vol. I, première partie, p. 132-133).


53 Voir G. B. LEMOYNE, Memorie biograficbe, t. VII, p. 238-242, 356 ; t. VIII, p. 34 ; E. CERIA, Memorie biografiche, t. XII, p. 469.

54 Songe de la roue, 1861, dans G. B. LEMOYNE, Memorie biografiche, t. VI, p. 903, 926. Disons ici que, même si l'édition des documents de cette série est imparfaite, leur authenticité substantielle ne nous semble pas contestable.

55 Songe de l'enfer, 1868, dans G. B. LEMOYNE, Memorie biografiche, t. IX, p. 169.

56 Songe de la vallée, 1875, dans E. CERIA, Memorie biografiche, t. XI, p. 259.

57 Songe sur une visite à Lanzo, lettre de G. Bosco aux garçons de Lanzo, 11 février 1871, dans A. AMADEI, Mlemorie biografiche, t. X, p. 43.

58 E. CERIA, Memorie biografiche, t. XVII, p. 384.

59 Voir G. B. LEMOYNE, Memorie biografiche, t. III, p. 28-3o ; t V, p. 694 ; t. VII, p. 68-77. Les détails des faits et leur interprétation par des biographes avides de merveilleux devraient être soigneusement critiqués, mais Don Bosco croyait certainement à l'action du Malin dans sa vie et, pour nous, c'est ici l'essentiel.

60 Memorie dell'Oratorio . . , p. 50-52, 91-92.

61 Memorie dell'Oratorio . . , p, 123.

62 (G. BOSCO), Il giovane provveduto. . , Turin, 1847, Cose da fuggirsi massimamente dalla gioventù, art. 2 : Fuga dei cattivi compa­gni, p. 21-23. Thème inchangé dans G. BOSCO, Il giovane provveduto . . , 101e éd., 1885, p. 20-22.

63 G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico. . , 6e éd., Turin, 1880, chap. 5, P. 21.

64 « Le monde est installé tout entier dans le mal ... » (G. BOSCO à G. Bonetti, 17 avril 1870, dans Epistolario, t. II, p. 85). Don Bosco citait I Jean, 5, 19.

65 G. BOSCO, Notes autographes de conférences, éditées dans G. B. LEMOYNE, Memorie biografiche, t. IX, appendice A, p. 986. (Ci-dessous, document 26.)

66 G. BOSCO, Il sistema preventivo . . , I, dans le Regolamento per le case . . , Turin, 1877, p. 4.


67 G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico. ., éd. cit., 1880, chap. 10, p. 42.

68 G. BOSCO, Vita di san Pietro.. , Turin, 1856, chap. 19, p. 101. Voir, pour la dernière partie de la vie du saint, ce fragment du son'ge du 10 septembre 1881, selon la version écrite par lui : « Argumentum praedicationis. Mane, meridie et vespere. Colligite fragmenta virtutuan et magnum sanctitatis aedificium vobis constituetis. Vae vobis qui modica spernitis, paulatim decidetis. »(ACS, S. 111, Sogni ; E.CERIA, Memorie biografiche, t. XV, p. 184.)

69 G. BOSCO, Cenno biografico sul giovanetto Magone Michele. . , Turin, 1861, chap. 6-10, titres.

70 G. CAFASSO, Manoscritti vari, VI, 2590 A; cités dans F. ACCOR­NERO, La dottrina spirituale di San Giusseppe Cafasso, Turin, 1958, p. 44.

71 G. CAFASSO, cité ibidem. Le texte suivant, dont l'auteur nous est encore inconnu, appartient à un livret présenté par Don Bosco dans ses dernières années : « Il n'est pas vrai que la sainteté, dirons-nous avec saint Philippe Néti et saint François de Sales, consiste en des choses tellement difficiles et extraordinaires, en sorte qu'un petit nombre seulement puisse se trouver dans les circonstances qui permettent d'ar­river à ce degré; non, elle consiste à bien faire toutes les choses que l'on a à faire. Mais, à qui croirait pouvoir parvenir à cette fin par de petits efforts et une résolution éphémère, nous répondrions qu'il se trompe tout à fait... » ([Anonyme], Biografie dei Salesiani defunti negli anni 1883 e 1884, Turin, 1885, p. 29).

72 Sur cette question, voir Ch. BAUMGARTNER, art. Contemplation, dans le Dictionnaire de Spiritualité, t. II, col. 2180-2183

73 « La volonté de Dicu est votre sainteté» (I Thessaloniciens, 4, 3. On interprétera dans ce sens la réflexion de Dominique Savio : - Celui qui désire faite la volonté de Dieu désire se sanctifier. Tu veux donc te faire saint ? » (G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico . . , Turin, 1859, chap. 17, p. 86), qui pourrait passer inaperçue.

74 Citations de manuscrits inédits, dans F. ACCORNERO, op. cit., a 53-55.

75 G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico . ., éd., Turin, 1880, chap. 10, p. 40-41

76 Porta teco. . , Turin, 1858, p. 7. (Ci-dessous, document 11.) Voir aussi G. Bosco à G. Bongioanni, 29 juillet 1857, dans Epistolario, t. I, p. 150 (ci-dessous, document 9). Le thème de l'appel universel à la perfection était également sous-jacent au Giovane provveduto. Don Bosco proposait par exemple à tous ses garçons la prière suivante à réciter . « dans le cours de la journée» : «Vierge Marie, mère de Jésus, saint Joseph, saint Louis de Gonzague, obtenez-moi la gràce de me faire saint> G. BOSCO, Il giovane provveduto ... 101ª éd., Turin, 1885, p. 83.)

77 Voir A. AMADEI, Il servo di Dio Michele Rua, Turin, 1931-1934

78 « L'oeuvre de notre sanctification, qui nous obli.ge à reproduire en nous le prototype et l'exemplaire par excellence, Jésus-Christ, est pour sûr une entreprise ardue, scabreuse et pire encore, si nous plaçons en regard nos faibles forces et tout ce qu'il faut faire pour y parvenir. Porter avec Jésus la croix du mépris, de l'humilité, de l'obéissance, de l'abnégation de nous-mêmes et de tout ce qui respire la chair et le monde, combien cela ne coûte-t-il pas à notre nature corrompue et attachée aux choses caduques d'ici-bas ! Il n'y a pas de doute : difficile est le chemin qui conduit au paradis ... » (Biografie dei Salesiani defunti negli anni 1883 e 1884, op. cit., p. 65-66 : début de la notice anonyme du clerc Giovanni Battista Fauda).

79 G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico . . , éd., Turin, 1880, chap., 10, p. 40. Passage non modifié depuis la première édition de 1859.

80 G. BOSCO, Cenno biografico sul giovanetto Magone Micbele . . , Turin, 1861, Introduction, p. G.

81 Formule de G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico . . , éd. cit., chap. 16, p. 66, à propos de Dominique Savio.

82 Memorie dell'Oratorio . . , p. 123.

83 G. Bosco, Cenno biografico sul giovanetto Magone Michele.., id. cit., Introduction, p. 5.

84 «Il est vrai que je repense bien souvent à ce que vous m'avez dit tant de fois que Omnia possum in eo qui me confortat. » (Extrait d’une lettre de Carlo Cays à G. Bosco, dans Biografie dei Salesiamt defunti nel 1882, S. Pier d'Arena, 1883, p. 28-29 : notice anonyme de C. Cays.) La lecture de la correspondance de Don Bosco confirme ce propos du comte Cays.


85 G. BOSCO, Il sistema preventivo ... I, dans le Regolamento per le case . . , Turin, 1871, p. 4-6 ; G. Bosco au prince Gabrielli, de Rome, 1879, dans Epistolario. t. III, p. 481-482.

86 G. BOSCO, Cenno biografico sul giovanetto Magone Michele . . , éd. cit., chap. 10, p. 49.

87 Memorie dell'Oratorio . . , p. 23.

88 G. Bosco à Mme Quisard, 14 avril 1882, dans Epistolario, t. IV, P. 436.

89 Voir G. BOSCO, Il Cattolico istruito nella sua Religione. . , Turin, 1853 ; Una disputa tra un avvocato ed un ininistro protestante, Turin, 1853 ; Due conferenze tra due minsrtri protestanti ed un prete cattolico intorno al purgatorio e intorno ai suffragi dei defunti...Turin, 1857; Severino, ossia Avventure di un giovane alpigiano .. , Turin, 1868 (chap. 24) ; Massimino, ossia Incontro di un giovanetto con un mini.rtro protestante sul Campidoglio, Turin, 1874.

90 G. BOSCO, Vita del giovanetto Savio Domenico. . , Turin, 1859, chap. 8, p. 39; 6ª éd., Turin, 1880, chap. 8, p. 31.

91 Le « cœur » de Dominique Savio était inondé de « sante joie » à la nouvelle de la proximité de sa première communion (G. Bosco, Vita del giovanetto Savio Domenico . . , Turin, 1880, chap. 3, p. 14). Les critiques des mauvais garçons du Valdocco « glacent les cceurs » faits pour aimer (G. Bosco à l'ensemble de l'oratoire du Valdocco, 10 mai 1884, dans Epistolario, t. IV, p. 267). Le coeur de Jésus symbolise son amour (allocution de Don Bosco, le 3 juin 1875, selon E. CERIA, Memorie biograficbe, t. XI, p. 249). Le « cceur » de Michele Magone était plongé dans « de profondes réflexions » (G. Bosco, Cenno biografico sul giovanetto Magone Michele.., éd. cit., chap. 7, p. 35). 92.


92 Voir ci-dessus, p. 59.

93 G. BOSCO, Cenno biografico sul giovanetto Magone Michele . . , éd. cit., chap. 10, p. 50-51.

94 G. Bosco à l'ensemble de l'orato:re du Valdocco, 10 mai 1884, dans Epistolario, t. IV, p. 268.

95 Dans E. CERIA, Memorie biografiche, t. XIII, p. 284.

96 G. Bosco aux élèves de Mirabello, 30 décembre 1864, dans Episto­lario, t. I, p. 332. Souhait analogue dans la lettre latine à Giovanni Garino, 29 juillet 1860, ibid., t. I, p. 196.

97 Voir, par exemple, la conversation de Don Bosco et de Michele Magone avant la première confession de celui-ci, dans G. Bosco, Cenno biografico sul giovanetto Magone Michele. . , éd. cit., chap. 3, p. 16-20, en particulier : « J'aurais besoin que tu me laisses un instant maître de ton caeur... » (p. 18).

98 G. BOSCO, Ricordi confidenziali ai direttori, Turin, 1886; dans A. AMADEI, Memorie biografiche, t. X, p. 1044, note.


99 Nous ne pensons pas devoir prendre ici parti sur l'essence de la sainteté, question qui a pu évoluer depuis un siècle.