Constitutions|Duexième Partie

Deuxième partie

Envoyés aux jeunes

en communautés à la suite du Christ



LES DESTINATAIRES DE NOTRE MISSION


« Jésus vit une grande foule. Il fut pris de pitié pour eux, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses » (Mc 6,34).


Les jeunes auxquels nous sommes envoyés

26. Le Seigneur a indiqué à Don Bosco les jeunes, spécialement les plus pauvres, comme premiers et principaux destinataires de sa mission.

Appelés à cette même mission, nous en saisissons l’extrême importance: les jeunes vivent à l’âge des choix de vie fondamentaux qui préparent l’avenir de la société et de l’Eglise.

Avec Don Bosco nous réaffirmons notre préférence pour la « jeunesse pauvre, abandonnée, en péril » 1, qui a le plus besoin d’être aimée et évangélisée, et nous travaillons spécialement dans les lieux de plus grande pauvreté. (R 1,3,11,15,26)


1. cf. MB XIV, 662.


Les jeunes du monde du travail

27. Les jeunes des milieux populaires qui se préparent au travail et les jeunes travailleurs se heurtent souvent à des difficultés et sont facilement exposés aux injustices.

Avec la même sollicitude que Don Bosco, nous allons à eux pour les rendre capables d’occuper avec dignité leur place dans la société et dans l’Eglise, et pour leur faire prendre conscience de leur rôle dans la transformation chrétienne de la vie sociale. (R 2)


Les jeunes appelés à un service dans l’Eglise

28. En réponse aux besoins de son peuple, le Seigneur ne cesse d’adresser des appels à le suivre et de prodiguer les dons les plus variés pour le service de son Royaume.

Nous sommes persuadés que beaucoup de jeunes sont riches de ressources spirituelles et présentent des germes de vocation apostolique.

Nous les aidons à découvrir, à accueillir et à mûrir le don de la vocation, qu’elle soit laïque, consacrée ou sacerdotale, pour le bien de toute l’Eglise et de la Famille salésienne.

Avec la même attention, nous prenons soin des vocations d’adultes. (R 9,16,17)


Dans les milieux populaires

29. L’engagement prioritaire en faveur de la jeunesse pauvre s’harmonise avec l’action pastorale pour les milieux populaires.

Nous reconnaissons les valeurs évangéliques dont ils sont porteurs et leur besoin d’être soutenus dans leur effort de promotion humaine et de croissance dans la foi. C’est pourquoi nous les aidons par « tous les moyens qu’inspire la charité chrétienne » l

Nous sommes attentifs aux laïcs responsables de l’évangélisation de leur milieu, ainsi qu’à la famille, où les générations2 se rencontrent et construisent l’avenir de l’homme. (R 14, 25, 26)


1. C 1875, 1, 7 - 2. cf. GS 52


Les peuples non encore évangélisés

30. Les peuples non encore évangélisés ont été l’objet particulier de la sollicitude de Don Bosco et de son ardeur apostolique. Ils continuent à provoquer notre zèle et à le maintenir vivant: nous reconnaissons dans le travail missionnaire un trait essentiel de notre Congrégation.

Notre action missionnaire est une œuvre de patiente évangélisation et de fondation de l’Eglise dans les groupes humains1. Cette œuvre mobilise toutes les tâches éducatives et pastorales propres à notre charisme.

A l’exemple du Fils de Dieu, qui s’est fait semblable à ses frères en toutes choses, le missionnaire salésien assume les valeurs des peuples qu’il évangélise et partage leurs angoisses et leurs espérances. (R 18-24)


1. cf. AG 6. - 2. cf. AG 3,12,26.



NOTRE SERVICE ÉDUCATIF ET PASTORAL


« L’esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d’accueil par le Seigneur » (Lc 4,18-19).


La promotion intégrale

3l. Notre mission participe de celle de l’Église qui réalise le dessein de salut de Dieu et l’avènement de son Règne, en apportant aux hommes le message de l’Evangile, étroitement lié au développement de l’ordre temporel.1

Nous éduquons et nous évangélisons selon un projet de promotion intégrale de l’homme, orienté vers le Christ, homme parfait. Fidèles aux intentions de notre Fondateur, nous cherchons à former « d’honnêtes citoyens et de bons chrétiens ».3 (R 4,5,22)


1. cf. EN 31. - 2. cf. GS 41.

3. Piano di Regolamento per l’Oratorio, 1854 (MB Il,46).


Promotion personnelle

32. Educateurs, nous collaborons avec les jeunes au développement de leurs capacités et de leurs aptitudes jusqu’à leur pleine maturité.

Selon les circonstances, nous partageons avec eux le pain, nous développons leur compétence professionnelle et leur formation culturelle.

Toujours et dans tous les cas, nous les aidons à s’ouvrir à la vérité et à se construire une liberté responsable. Nous nous efforçons pour cela de susciter en eux une adhésion profonde aux valeurs authentiques qui les orientent vers le dialogue et le service. (R 4,6)


Promotion sociale et collective

33. Don Bosco a perçu avec clarté la portée sociale de son œuvre.

Nous travaillons dans les milieux populaires et pour les jeunes défavorisés. Nous les éduquons aux responsabilités morales, professionnelles et sociales, en collaborant avec eux; et nous contribuons à la promotion de leurs groupes et de leurs milieux.

Nous participons, en qualité de religieux, au témoignage et à l’engagement de l’Eglise pour la justice et pour la paix. Volontairement indépendants de toute idéologie et de toute politique de parti, nous rejetons tout ce qui favorise la misère, l’injustice et la violence, et coopérons avec tous ceux qui bâtissent une société plus digne de l’homme.

La promotion à laquelle nous travaillons selon l’esprit de l’Evangile, réalise l’amour libérateur du Christ et constitue un signe de la présence du Royaume de Dieu. (R 6,26)


Evangélisation et catéchèse

34. « Cette Société était à ses origines un simple catéchisme1 ». Pour nous aussi, l’évangélisation et la catéchèse sont la dimension fondamentale de notre mission.

Comme Don Bosco, nous sommes appelés, tous et en toute occasion, à être des éducateurs de la foi. Notre science la plus éminente est donc de connaître Jésus-Christ, et notre joie la plus profonde est de révéler à tous les insondables richesses de son mystère.2

Nous cheminons avec les jeunes, pour les conduire à la personne du Seigneur ressuscité afin que, découvrant en Lui et dans son Evangile le sens suprême de leur existence, ils grandissent en hommes nouveaux.

La Vierge Marie est maternellement présente sur ce chemin. Nous la faisons connaître et aimer comme Celle qui a cru3, qui vient en aide et qui infuse l’espérance. (R 7)


1. MB IX, 61 - 2. cf. Ep.3,8-19 - 3. cf. Lc 1,45.


Initiation à la vie ecclésiale

35. Nous amenons les jeunes à faire l’expérience d’une vie d’Eglise, en entrant dans une communauté de foi et en y participant.

Pour cela, nous animons et cherchons à promouvoir des groupes et des mouvements de formation et d’action apostolique et sociale. Les jeunes y prennent progressivement conscience de leurs responsabilités et apprennent à apporter leur irremplaçable contribution à la transformation du monde et à la vie de l’Eglise, devenant ainsi eux-mêmes « les premiers et immédiats apôtres des jeunes ».l (R 8)


1. AA12


Initiation à la vie liturgique

36. Nous initions les jeunes à une participation consciente et active à la liturgie de l’Eglise, sommet et source de toute la vie chrétienne.1

Nous célébrons avec eux la rencontre du Christ dans l’écoute de la Parole, dans la prière et dans les sacrements.

La célébration assidue de l’Eucharistie et de la Réconciliation offre des ressources d’exceptionnelle valeur pour leur éducation à la liberté chrétienne, à la conversion du cœur et à 1’esprit de partage et de service dans la communauté ecclésiale.(R 7)


1. cf, SC 10.


Orientation des choix vocationnels

37. Nous éduquons les jeunes à développer leur vocation humaine et baptismale par une vie quotidienne que l’Evangile inspire et unifie progressivement.

Le climat de famille, d’accueil et de foi, créé par le témoignage d’une communauté qui se donne avec joie, est le milieu le plus propice à la découverte et à l’orientation des vocations.

Ce travail de collaboration au dessein de Dieu, couronnement de toute notre action éducative et pastorale, est soutenu par la prière et le contact personnel, surtout dans la direction spirituelle. (R 9,16,17)


Le Système préventif dans notre mission

38. Pour mener à bien notre service éducatif et pastoral, Don Bosco nous a légué le Système préventif.

« Ce système s’appuie tout entier sur la raison, la religion et l’affection » 1 : il fait appel non pas aux contraintes mais aux ressources de l’intelligence, du cœur et du désir de Dieu que tout homme porte au plus profond de lui-même.

Il associe dans une même expérience de vie éducateurs et jeunes en un climat de famille, de confiance et de dialogue.

Imitant la patience de Dieu, nous rencontrons les jeunes au point où ils en sont de leur liberté. Nous les accompagnons pour qu’ils mûrissent de solides convictions et deviennent progres-sivement responsables du délicat processus de croissance de leur humanité dans la foi. (R 4,5,13,15)

1. MB XIlI, 919


L’assistance comme attitude et méthode

39. La pratique du Système préventif exige de nous une attitude de fond: la sympathie et la volonté de contact avec les jeunes. « Ici, avec vous, je me sens bien. Ma vie, c’est vraiment d’être avec vous »1

Nous sommes fraternellement présents au milieu des jeunes, d’une présence active et amicale qui favorise de leur côté toute initiative pour croître dans le bien et qui les encourage à se libérer de toutes les servitudes, afin que le mal ne domine pas leur fragilité.

Cette présence nous ouvre à la connaissance vitale du monde des jeunes et à la solidarité avec tous les aspects authentiques de son dynamisme.


1. MB IV, 654.


CRITÈRES D’ACTION SALÉSIENNE


« Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous pour en gagner le plus grand nombre... J’ai partagé la faiblesse des faibles pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns » (1 Co 9,19.22).


L’Oratoire de Don Bosco, critère permanent

40. Don Bosco a vécu une expérience pastorale typique dans son premier oratoire qui fut pour les jeunes la maison qui accueille, la paroisse qui évangélise, l’école qui prépare à la vie et la cour de récréation pour se rencontrer en amis et vivre dans la joie.

Dans l’accomplissement de notre mission aujourd’hui, l’expérience du Valdocco demeure pour nous critère permanent de discernement et de renouvellement de toutes nos activités et de toutes nos œuvres.


Critères d’inspiration pour nos activités et nos oeuvres

41. Notre action apostolique se réalise dans une pluralité de formes que déterminent l’abord les besoins de ceux dont nous nous occupons.

Nous rendons effective la charité salvifique du Christ par l’organisation d’activités et d’œuvres à but éducatif et pastoral, attentifs à répondre aux besoins du milieu de vie et de l’Eglise. Sensibles aux signes des temps, nous avons le souci, dans un esprit d’initiative et d’adaptation constante, de les vérifier, de les renouveler et d’en créer de nouvelles.

L’éducation et l’évangélisation de nombreux jeunes, surtout parmi les plus pauvres, nous incitent à les rejoindre là où ils sont et à les rencontrer dans leur manière de vivre, grâce à des types de service adéquats. (R 1)


Activités et œuvres

42. Nous réalisons notre mission principalement par des activités et des œuvres où il nous est possible de promouvoir l’éducation humaine et chrétienne des jeunes, comme l’oratoire et le centre de jeunes, l’école et les centres professionnels, les foyers et les maisons pour jeunes en difficulté.

Dans les paroisses et les résidences missionnaires, nous contribuons à la diffusion de l’Evangile et à la promotion du peuple, en collaborant à la pastorale de l’Eglise particulière avec les richesses d’une vocation spécifique.

Nous offrons notre service pédagogique et catéchétique dans le secteur des jeunes au moyen de centres spécialisés.

Dans les maisons de retraites spirituelles, nous travaillons à la formation chrétienne des groupes, spécialement des groupes de jeunes.

De plus, nous nous adonnons à toute œuvre qui a pour but le salut de la jeunesse.


La communication sociale

43. Nous travaillons dans le secteur de la communication sociale. C’est un champ d’action significatif,1 qui relève des priorités apostoliques de la mission salésienne.

Notre Fondateur a perçu la valeur de cette école de masse qui crée une culture et diffuse des modèles de vie, et il s’est engagé dans des entreprises apostoliques originales pour la défense et le soutien de la foi du peuple.

A son exemple, nous valorisons comme dons de Dieu les grandes possibilités que la communication sociale nous offre pour l’éducation et l’évangélisation. (R 31-34,41)


1. cf. IM 1.


LES CORESPONSABLES DE LA MISSION


« Celui qui plante et celui qui arrose ne font qu’un et chacun recevra son salaire à la mesure de son travail. Car nous sommes les coopérateurs de Dieu et vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu » (1 Co3,8-9).


Mission communautaire

44. Le mandat apostolique que l’Eglise nous confie est assumé et mis en œuvre en premier lieu par les communautés provinciales et locales, dont les membres ont des fonctions complémentaires, avec des tâches qui toutes sont importantes. Ils en prennent conscience: la cohésion et la coresponsabilité fraternelle permettent d’atteindre les objectifs pastoraux.

Le provincial et le directeur, en tant qu’animateurs du dialogue et de la participation, guident le discernement pastoral de la communauté, pour qu’elle avance, unie et fidèle, dans la réalisation du projet apostolique.



Responsabilités communes et complémentaires

45. Chacun de nous est responsable de la mission commune; il y participe avec la richesse de ses dons et les caractéristiques laïque et sacerdotale de l’unique vocation salésienne.

Le salésien coadjuteur porte dans tous les domaines éducatifs et pastoraux la valeur propre de son caractère laïque qui le rend, d’une façon spécifique, témoin du Royaume de Dieu dans le monde, proche des jeunes et des réalités du travail.

Le salésien prêtre ou diacre apporte au travail commun de promotion et d’éducation de la foi la spécificité de son ministère, qui le rend signe du Christ pasteur, particulièrement par la prédication de l’Evangile et l’action sacramentelle.

La présence significative et complémentaire des salésiens clercs et laïcs dans la communauté constitue un élément essentiel de sa physionomie et de sa plénitude apostolique.


Les jeunes salésiens

46. Notre esprit de famille et le dynamisme qui caractérise notre mission rendent particulièrement utile la contribution apostolique des jeunes salésiens.

Ils sont plus proches des générations nouvelles, capables d’animation et d’enthousiasme et disponibles pour des solutions nouvelles.

La communauté, en encourageant et en orientant leur générosité, les aide dans leur maturation religieuse apostolique.


La communauté éducative et les laïcs associés à notre travail

47. Nous réalisons dans nos œuvres la communauté éducative et pastorale. Elle associe, dans un climat de famille, jeunes et adultes, parents et éducateurs, au point de devenir une expérience d’Eglise, révélatrice du dessein de Dieu.

Dans cette communauté, les laïcs, associés à notre travail, apportent la contribution originale de leur expérience et de leur style de vie.

Nous accueillons et suscitons leur collaboration et nous leur offrons la possibilité de connaître et d’approfondir l’esprit salésien et la pratique du Système préventif.

Nous favorisons la croissance spirituelle de chacun d’eux et proposons, à qui y serait appelé, de partager plus étroitement notre mission dans la Famille salésienne. (R 4,5,148)


Solidaires de l’Eglise particulière.

48. L’Eglise particulière est le lieu où la communauté vit et exprime son engagement apostolique. Nous nous insérons dans sa pastorale dont l’évêque est le premier responsable1 et à laquelle les directives des conférences épiscopales donnent des principes d’action à plus vaste échelle.

Nous lui offrons la contribution de l’œuvre et de la pédagogie salésiennes et nous en recevons orientation et soutien.

En vue d’établir des liens plus organiques, nous partageons nos initiatives avec les groupes de la Famille salésienne et avec d’autres instituts religieux.

Nous sommes prêts à coopérer avec les organismes civils d’éducation et de promotion sociale. (R 2, 13,.25, 35)

1. cf. CIC, can. 678,1.



V. EN COMMUNAUTÉS FRATERNELLES ET APOSTOLIQUES


« Que l’amour soit sincère... Que l’amour fraternel vous lie d’une mutuelle affection; rivalisez d’estime réciproque... Soyez solidaires de vos frères dans le besoin, exercez l’hospitalité avec empressement... Soyez bien d’accord entre vous » (Rm 12,9.10.13.16).


Valeur le la vie en communauté

49. Vivre et travailler ensemble est pour nous, salésiens, une exigence fondamentale et une voie sûre pour réaliser notre vocation.

C’est pourquoi nous nous réunissons en communautés1, où nous nous aimons au point de tout partager en esprit de famille, et où nous construisons la communion des personnes.

La communauté reflète en elle le mystère de la Trinité; nous y trouvons une réponse aux aspirations profondes du cœur et devenons pour les jeunes des signes d’amour et d’unité. (R 20)


1 cf. CIC, can. 608


Les liens de l’unité

50. Dieu nous appelle à vivre en communauté, en nous confiant des frères à aimer.

La charité fraternelle, la mission apostolique et la pratique des conseils évangéliques sont les liens qui façonnent notre unité et renforcent sans cesse notre communion.

Nous formons ainsi un seul cœur et une seule âme pour aimer et servir Dieu1 et pour nous aider les uns les autres. (R 42)

1 cf. C 1875, II, 1.


Relations d’amitié fraternelle

51. Saint Paul nous adresse cette exhortation: « Revêtez-vous donc, vous les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés, de sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement ».l

La communauté salésienne se caractérise par l’esprit de famille qui anime tous les moments de sa vie: le travail et la prière, les repas et les heures de détente, les rencontres et les réunions.

Dans un climat d’amitié fraternelle nous mettons en commun les joies et les peines, et nous partageons dans la coresponsabilité les expériences et les projets apostoliques.


1. Col 3, 12-13.


Le confrère dans la communauté

52. La communauté accueille chaque confrère avec un cœur ouvert, l’accepte tel qu’il est et favorise sa maturation. Elle lui offre là possibilité de déployer ses dons de nature et de grâce. Elle pourvoit à ses besoins et le soutient dans ses moments de difficulté, de doute, de fatigue et de maladie.

A qui lui demandait de rester avec lui, Don Bosco avait l’habitude de dire: « Du pain, du travail et le paradis: voilà trois choses que je peux t’offrir au nom du Seigneur ».1

Le confrère s’engage à construire la communauté où il vit, et il l’aime, même si elle est imparfaite: il est sûr de trouver en elle la présence du Christ.

Il accepte la correction fraternelle, combat ce qu’il découvre en lui d’anti-communautaire et participe avec générosité à la vie et au travail communs. Il remercie Dieu d’être parmi des frères qui l’encouragent et qui l’aident. (R 43)


1. MB XVIII, 420.


Les confrères âgés et malades

53. La communauté entoure de soins et d’affection les confrères âgés et malades.

Ceux-ci, en rendant les services dont ils sont capables et en acceptant leur situation, sont une source de bénédiction pour leur communauté; ils enrichissent son esprit de famille et rendent plus profonde son unité.

Leur vie prend une nouvelle signification apostolique: en offrant avec foi, pour leurs frères et pour les jeunes, leurs limites et leurs souffrances, ils s’unissent à la passion rédemptrice du Seigneur et continuent de participer à la mission salésienne.


La mort du confrère

54. La communauté entoure d’un surcroît de charité et de prière le confrère gravement malade. Quand vient pour lui l’heure de donner à sa vie consacrée son achèvement suprême, ses frères l’aident à participer pleinement à la Pâque du Christ.

Pour le salésien, la mort est illuminée par l’espérance d’entrer dans la joie de son Seigneur1. Et, quand il arrive qu’un salésien meurt en travaillant pour les âmes, la Congrégation a remporté une grande victoire.2

Le souvenir des confrères défunts unit, dans « la charité qui ne passe pas »3 , ceux qui cheminent encore et ceux qui reposent dans le Christ. (R 47)

1 cf. Mt 25,21 - 2. cf. MB XVII, 273. - 3 cf. 1 Co 13,8.


Le directeur dans la communauté

55. Le directeur représente le Christ qui unit les siens dans le service du Père. Il est au centre de la communauté, frère parmi des frères qui reconnaissent sa responsabilité et son autorité.

Sa première tâche est d’animer la communauté pour qu’elle vive dans la fidélité aux Constitutions et croisse dans l’unité. Il coordonne les efforts de tous en tenant compte des droits, des devoirs et des capacités de chacun.

Il a aussi une responsabilité directe envers chaque confrère: il l’aide à réaliser sa vocation personnelle et le soutient dans le travail qui lui est confié.

Sa sollicitude s’étend aux jeunes et aux collaborateurs pour qu’ils deviennent progressivement coresponsables de la mission commune.

Par la parole, les contacts fréquents et les décisions opportunes, il est père, maître et guide spirituel. (R 42, 48)


Communauté accueillante

56. Les confrères pratiquent avec simplicité le don de soi et le partage dans l’accueil et l’hospitalité. Par leurs attentions et leur gaîté, ils font participer chacun à l’esprit de famille salésien.

Toutefois, pour favoriser le respect mutuel et l’expression de la communion fraternelle, la communauté réserve aux seuls confrères une partie de la maison religieuse l (R 21,45)


1. cf. CIC, can. 667,1.


Communauté ouverte

57. La communauté salésienne travaille en communion avec l’Eglise particulière.

Elle est ouverte aux valeurs du monde et attentive au contexte culturel dans lequel se déploie son action apostolique. Solidaire du groupe humain où elle vit, elle entretient de bonnes relations avec tous.

Elle est par là un signe qui révèle le Christ et le ferment de nouvelles vocations, sur le modèle de la première communauté du Valdocco.


Communauté provinciale

58. Les communautés locales sont partie vivante de la communauté provinciale. Celle-ci les fait progresser dans la communion fraternelle et les soutient dans la mission.

Elle suit les nouveaux confrères avec affection; elle veille à la formation de tous, se réjouit quand ils réussissent et à l’occasion des dates heureuses de leur vie; elle s’attriste de leur mort et garde vivant leur souvenir.

Attentive aux situations des jeunes, elle coordonne et vérifie le travail apostolique à travers ses services, favorise la collaboration, anime la pastorale des vocations, assure la continuité des œuvres et s’ouvre à de nouvelles activités.

Elle cultive la fraternité et l’exprime dans une solidarité concrète avec les autres provinces, la Congrégation et la Famille salésienne.


Communauté mondiale

59. La profession religieuse incorpore le salésien dans la Société, le faisant participer à la communion d’esprit, de témoignage et de service que celle-ci vit dans l’Eglise universelle.

L’union avec le Recteur majeur et son Conseil, la solidarité dans les initiatives apostoliques, la communication et l’information sur le travail des confrères, approfondissent, en faisant croître la communion, le sens de l’appartenance à la communauté mondiale et prédisposent à se mettre à son service. (R 103).


VI. A LA SUITE DU CHRIST OBÉISSANT, PAUVRE, CHASTE


« J’ai tout perdu... afin de gagner le Christ...parce que j’ai été saisi moi-même par Jésus-Christ » (Ph 3,8.12).


A la suite du Christ

60. Par la profession religieuse nous entendons vivre avec une plénitude et une radicalité plus grandes la grâce de notre baptême.

Nous suivons Jésus-Christ qui, « chaste et pauvre, racheta et sanctifia les hommes par son obéissance »1, et nous participons plus étroitement au mystère de sa Pâque, à son anéantissement et à sa vie dans l’Esprit.

Nous attachant totalement à Dieu aimé par-dessus tout, nous nous engageons dans une forme de vie entièrement fondée sur les valeurs de l’Evangile.

1. PC 1.


Amour fraternel et apostolique

61. Don Bosco fait souvent remarquer combien la pratique loyale des vœux raffermit les liens de l’amour fraternel et la cohésion dans l’action apostolique.

La profession des conseils nous aide à vivre la communion avec nos frères de la communauté religieuse, comme à l’intérieur d’une famille qui jouit de la présence du Seigneur. 1

Les conseils évangéliques en favorisant la purification du cœur et la liberté spirituelle2, rendent active et féconde notre charité pastorale; le salésien obéissant, pauvre et chaste est prêt à aimer et à servir tous ceux à qui le Seigneur l’envoie, surtout les jeunes pauvres.

1 cf. PC 15. - 2. cf. LG 46.


Signe particulier de la présence de Dieu

62. La pratique des conseils, vécue dans l’esprit des béatitudes, rend plus convaincante notre annonce de l’Evangile.

Dans un monde tenté par l’athéisme et l’idolâtrie du plaisir, de l’avoir et du pouvoir, notre mode de vie témoigne, spécialement devant les jeunes, que Dieu existe et que son amour peut combler une vie; que le besoin d’aimer, la soif de posséder et la liberté de décider de sa propre existence reçoivent leur sens suprême dans le Christ Sauveur.

Notre mode de vie tient compte aussi de l’habit: celui que portent les clercs, en conformité avec les dispositions des Eglises particulières des pays où ils demeurent, et le vêtement simple que Don Bosco conseillait aux confrères laïcs l, veulent être un signe extérieur de ce témoignage et de ce service.2


1. cf. C 1875, XV, 1-3. - 2. cf. CIC, can.669.


Témoignage du monde futur

63. L’offrande de sa liberté dans l’obéissance, l’esprit de pauvreté évangélique et l’amour devenu don dans la chasteté, font du salésien un signe de la force de la résurrection.

Les conseils évangéliques, en façonnant totalement son cœur pour le Royaume, l’aident à discerner et à accueillir l’action de Dieu dans l’histoire. Dans la simplicité et le travail de la vie quotidienne, ils le transforment en un éducateur qui annonce aux jeunes « des cieux nouveaux et une terre nouvelle »1; ils stimulent en eux les engagements et la joie de l’espérance2

1. Cf. Ap 21,1. - 2. Cf.Rm12,12.


NOTRE OBÉISSANCE


« Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance, et, rendu parfait, il devint, pour tous ceux qui lui obéissent, cause de salut éternel » (He 5,8-9).


Sens évangélique de notre obéissance

64. Notre Sauveur nous a affirmé être venu sur terre, non pour faire sa propre volonté, mais celle de son Père qui est dans les cieux. l

Par notre profession d’obéissance nous offrons à Dieu notre volonté et nous revivons, dans l’Eglise et dans la Congrégation, l’obéissance du Christ en accomplissant la mission qui nous est confiée.

Dociles à l’Esprit et attentifs aux signes qu’Il nous donne par les événements, nous adoptons l’Evangile comme règle suprême2 de vie, les Constitutions comme voie sûre, nos supérieurs et notre communauté comme interprètes quotidiens de la volonté de Dieu.


1. cf. C 1875, III,1. - 2. cf. PC 2.


Style salésien de l’obéissance et de l’autorité

65. Dans la tradition salésienne, l’obéissance et l’autorité s’exercent dans un esprit de famille et de charité qui imprègne les relations d’une estime et d’une confiance réciproques.

Le supérieur oriente, guide et encourage, faisant de son autorité un usage discret. Tous les confrères collaborent avec lui par une obéissance franche, prompte et pratiquée « d’un cœur joyeux et humble ».l

Le service de l’autorité et la disponibilité dans l’obéissance sont pour la Congrégation un principe de cohésion et une garantie de continuité; pour le salésien, un chemin de sainteté, une source d’énergie au travail, de joie et de paix. (R 50).


1. C 1875, III, 2.


Coresponsabilité dans l’obéissance

66. Dans la communauté et en vue de la mission, nous obéissons tous, même si nos tâches sont différentes.

Dans l’écoute de la Parole de Dieu et la célébration de l’Eucharistie, nous exprimons et renouvelons en commun l’offrande de nous-mêmes au vouloir divin.

Dans les questions d’importance, nous cherchons ensemble la volonté du Seigneur en un dialogue fraternel et patient, et avec un vif sentiment de coresponsabilité.

Le supérieur exerce son autorité en écoutant ses confrères, en stimulant la participation de tous et en favorisant l’union des volontés dans la foi et la charité. Il met un point final à la recherche commune en prenant les décisions opportunes qui découleront normalement de la convergence des points de vue.

Ensuite, au moment de l’exécution, nous nous engageons tous dans une collaboration loyale, même quand nos vues personnelles n’ont pas été retenues.


Obéissance personnelle et liberté

67. Le salésien est appelé à obéir en homme libre et responsable, en engageant « les forces de son intelligence et de sa volonté, ses dons de nature et de grâce »1

Il obéit dans la foi et reconnaît dans son supérieur un soutien et un signe que Dieu lui offre pour manifester sa volonté.

Une telle obéissance « conduit à la maturité en faisant grandir la liberté des fils de Dieu ».2


1. PC 14. - 2. PC 14.


Exigences du vœu d’obéissance

68. Par le vœu d’obéissance, le salésien s’engage à obéir à ses supérieurs légitimes pour ce qui regarde l’observance des Constitutions.1

Quand un ordre est donné expressément en vertu du vœu d’obéissance, l’obligation d’obéir est grave. Seuls les supérieurs majeurs et les directeurs peuvent donner de tels ordres; mais qu’ils le fassent rarement, par écrit ou devant deux témoins, et uniquement quand une raison grave le requiert.2


1. cf. CIC, can. 601. - 2. cf CIC, can. 49 ss


Dons personnels et obéissance

69. Chacun met au service de la mission commune ses capacités et ses dons. Le supérieur, aidé par la communauté, a une responsabilité spéciale dans le discernement de ces dons; il en favorise le développement et le bon usage..

Si les nécessités concrètes de la charité et de l’apostolat exigent d’un confrère le sacrifice de désirs ou de projets, en soi légitimes, celui-ci acceptera dans la foi ce que l’obéissance lui demande, tout en gardant toujours la possibilité de recourir à l’autorité supérieure.

Pour accepter des charges ou des emplois en dehors de ceux qui lui sont assignés dans la communauté, tout confrère demandera l’autorisation à son supérieur légitime.1


1. cf. CIC, can. 671


L’entretien avec le supérieur

70. Fidèle à la recommandation de Don Bosco, chaque confrère rencontre fréquemment son supérieur dans un entretien fraternel.

C’est un moment privilégié de dialogue pour son bien propre et la bonne marche de sa communauté.

En toute confiance, il lui parle de sa vie et de ses activités et, s’il le désire, de la situation de sa conscience. (R 49)


Obéissance et mystère de la croix

71. « Plutôt que de faire des œuvres de pénitence, nous dit Don Bosco, faites celles de l’obéissance ».l

L’obéissance va parfois à l’encontre de notre penchant à l’indépendance et à l’égoïsme ou peut exiger de nous des preuves d’amour difficiles. C’est le moment de regarder le Christ obéissant jusqu’à la mort2 : « Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite »3 .

Le mystère de sa mort et de sa résurrection nous apprend combien il est fécond pour nous d’obéir: le grain qui meurt dans l’obscurité de la terre porte du fruit en abondance.4


1. MB XIII, 89. - 2. cf. Ph 2,8; cf. MB IV, 233. - 3. cf. Mt 26,42. - 4. cf. Jn 12,24.




NOTRE PAUVRETÉ

« Jésus lui dit: Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi » (Mt19,21).


Sens évangélique de notre pauvreté

72. Nous connaissons la générosité de notre Seigneur Jésus-Christ: de riche qu’il était, il s’est fait pauvre, afin de nous enrichir par sa pauvreté.1

Appelés à une vie intensément évangélique, nous choisissons de suivre « le Sauveur qui naquit dans la pauvreté, vécut dans la privation de toutes choses et mourut dépouillé sur la croix ».2

Comme les apôtres, à l’appel du Seigneur, nous nous libérons de la préoccupation et de la recherche anxieuse des biens terrestres3 et, confiants dans la Providence du Père, nous nous vouons au service de l’Evangile.


1. cf.2 Co 8,9. - 2. C 1875 (Introduction) p. XXIV - 3. cf. Mt 6,25 ss


Pauvreté et mission salésienne

73. Don Bosco a vécu la pauvreté comme un détachement du cœur et un service généreux de ses frères, dans un style de vie austère, ingénieux et riche d’initiatives.

A son exemple, nous vivons nous aussi dans le détachement de tout bien terrestre1 et, avec un esprit entreprenant, nous participons à la mission de l’Eglise et à son effort pour la justice et la paix, en particulier par l’éducation de ceux qui sont dans le besoin.

Le témoignage de notre pauvreté, vécue dans la communion des biens, aide les jeunes à surmonter l’instinct de possession égoïste et les ouvre au sens chrétien du partage.


1. cf, C 1875, IV, 7.


Exigences du vœu pauvreté

74. Par le vœu de pauvreté, nous nous engageons à ne pas user des biens matériels et à n’en pas disposer sans le consentement de notre supérieur légitime.

Chaque confrère conserve la propriété de son patrimoine et la capacité d’acquérir d’autres biens; mais avant sa profession, il dispose librement de l’usage et de l’usufruit de ses biens et en cède à d’autres l’administration.

Avant sa profession perpétuelle, il rédige son testament selon les prescriptions du code civil. Pour exprimer son abandon total à la divine Providence, après une sérieuse réflexion, il peut aussi renoncer définitivement aux biens dont il a conservé la propriété, selon les normes du droit universel et du droit propre. (R 51, 53)


Engagement personnel de pauvreté

75. Chacun de nous est le premier responsable de sa pauvreté. Il réalise pour cela chaque jour, par un mode de vie réellement pauvre, le détachement qu’il a promis.

Il accepte de dépendre de son supérieur et de sa communauté dans l’usage des biens temporels, mais il sait que la permission reçue ne le dispense pas d’être pauvre effectivement et en esprit. l

Il veille à ne pas céder peu à peu au désir du bien-être et aux commodités, qui constituent une menace directe pour sa fidélité et sa générosité apostolique.

Et, quand son état de pauvreté lui apporte gêne et souffrance2, il se réjouit de pouvoir participer à la béatitude promise par le Seigneur aux pauvres en esprit. (R 55)

1. cf. PC 13 - 2. Cf 1875 (Introduction) p. XXVI. - 3. cf Mt 5,3.


La communion des biens

76. A l’exemple des premiers chrétiens, nous mettons en commun nos biens matériels: le fruit de notre travail, les dons que nous recevons et ce que nous percevons comme pension, subsides et assurances. Nous offrons aussi nos talents, nos énergies et nos expériences.

Dans la communauté, le bien de chacun devient le bien de tous.

Nous partageons fraternellement ce que nous avons avec les communautés de la province et nous sommes solidaires des besoins de toute la Congrégation, de l’Eglise et du monde. (R 56-58, 63, 197, 201).

1. cf. Ac 4,32.


Témoignage de pauvreté dans la communauté et dans les oeuvres

77. Chaque communauté est attentive aux conditions du milieu où elle vit et témoigne de sa pauvreté par une vie simple et frugale dans un habitat modeste.

A l’exemple et dans l’esprit de notre Fondateur, nous acceptons de posséder les biens nécessaires à notre travail et nous les gérons de telle manière que leur finalité de service apparaisse évidente à tous.

Le choix des activités et l’implantation de nos oeuvres doivent répondre aux besoins des pauvres; les structures matérielles seront simples et fonctionnelles. (R 1, 58-65).


Le travail

78. Le travail assidu et mortifiant est l’une les caractéristiques que nous a laissées Don Bosco; il est aussi une expression concrète de notre pauvreté.

Par notre labeur quotidien, nous nous associons aux pauvres qui vivent du fruit de leur peine, et nous témoignons de la valeur humaine et chrétienne du travail. (R 64).


1. cf. ET 20.


Solidaires des pauvres

79. L’esprit de pauvreté nous porte à être solidaires des pauvres et à les aimer en Jésus-Christ.l

C’est pourquoi nous nous efforçons de leur être proches, d’alléger leur misère, en faisant nôtres leurs légitimes aspirations à une société plus humaine.

Quand nous demandons et acceptons de l’aide pour le service des pauvres, nous imitons Don Bosco dans son zèle et sa gratitude, et, comme lui, nous nous maintenons évangéliquement libres. « Rappelez-vous bien, nous dit-il, que ce que nous avons n’est pas a nous, mais aux pauvres; malheur à nous si nous n’en faisons pas un bon usage ».2


1. PC 13. - 2. cf MB V, 682.


NOTRE CHASTETÉ


« Oui, j’en ai l’assurance: ni la mort ni la vie... ni le présent, ni l’avenir... ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 8,38-39).


Sens évangélique de notre chasteté

80. La chasteté consacrée en vue du Royaume est un « don précieux de la grâce divine accordé par le Père à quelques-uns »1. Dans une réponse de foi, nous accueillons ce don avec reconnaissance et nous nous engageons par vœu à vivre la continence parfaite dans le célibat.2

Nous suivons de près Jésus-Christ en choisissant une façon intensément évangélique d’aimer Dieu et nos frères d’un cœur non partagé.3

Nous nous insérons ainsi, par une vocation spécifique, dans le mystère de l’Eglise totalement unie au Christ4: et, participant de sa fécondité, nous nous donnons à notre mission.

1. LG 42. - 2. CIC, can. 599 - 3. cf. LG 42 - 4. cf. ET 13-14, RD 11.


Chasteté et mission salésienne

81. Don Bosco a vécu la chasteté comme un amour sans limites pour Dieu et pour les jeunes. Il a voulu qu’elle fût un signe distinctif de la Société salésienne: « Celui qui dépense sa vie pour les jeunes abandonnés doit certainement s’efforcer d’acquérir toutes les vertus. Mais celle qu’il doit souverainement cultiver...c’est la vertu de chasteté ».1

Notre tradition a toujours considéré la chasteté comme une vertu rayonnante, porteuse d’un message spécial pour l’éducation de la jeunesse. Elle fait de nous des témoins de l’amour privilégié du Christ pour les jeunes; elle nous permet de les aimer en toute clarté de telle façon « qu’ils se sachent aimés »2 ; et elle nous rend capables de les éduquer à l’amour et à la pureté.

1. cf. C 1875, V, 1. - 2. DB Lettre de Rome 1884 ; MB XVII, 110.


Chasteté et maturité humaine

82. Les exigences éducatives et pastorales de notre mission et le fait que l’observance de la continence parfaite intéresse des inclinations particulièrement profondes de la nature humaine1, requièrent du salésien équilibre psychologique et maturité affective.

Don Bosco donnait cet avertissement: « Celui qui n’a pas l’espoir fondé de pouvoir conserver, avec l’aide de Dieu, la vertu de chasteté, dans les paroles, les actes et les pensées, ne doit pas faire profession dans cette Société, parce que souvent il se trouverait en danger »2 (R 68)


1. cf. PC 12. - 2. cf. C 1875, V, 2.


Chasteté et vie de communauté

83. La chasteté consacrée, « signe et stimulant de la charité »1, libère et accroît notre capacité de nous faire tout à tous. Elle développe en nous le sens chrétien des relations personnelles, favorise de vraies amitiés et contribue à faire de la communauté une famille.

A son tour, le climat fraternel de la communauté nous aide à vivre dans la joie le célibat pour le Royaume et, soutenus par la compréhension et l’affection de nos confrères, à surmonter les moments difficiles.


1. cf. LG 42


Attitudes et moyens pour progresser dans la chasteté

84. La chasteté n’est pas une conquête réalisée une fois pour toutes. Elle a ses moments de paix et ses moments d’épreuve. C’est un don qui, en raison de la faiblesse humaine, exige un effort quotidien de fidélité.

C’est pourquoi, le salésien fidèle à ses Constitutions vit dans le travail et la tempérance, pratique la mortification et la garde des sens, fait un usage discret et prudent des moyens de communication sociale et ne néglige pas les moyens naturels qui favorisent la santé physique et mentale.

Surtout, il implore l’aide de Dieu et vit en sa Présence; il nourrit son amour du Christ aux tables de la Parole et de l’Eucharistie et le purifie avec humilité au sacrement de la Réconciliation ; il se confie avec simplicité à un guide spirituel.

Il recourt avec une confiance filiale à Marie Immaculée et Auxiliatrice, qui l’aide à aimer comme aimait Don Bosco. (R 44, 66-68).



VII. EN DIALOGUE AVEC LE SEIGNEUR


« Que la Parole du Christ habite parmi vous dans toute sa richesse; instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres avec pleine sagesse; chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés. Tout ce que pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus » (Col 3,16-17).


Le don de la prière

85. La communauté exprime sous forme visible le mystère de l’Eglise qui ne naît pas de la volonté de l’homme, mais est le fruit de la Pâque du Seigneur. De la même manière, Dieu rassemble notre communauté et la tient unie par son appel, sa Parole et son amour.

Quand elle prie, la communauté salésienne répond à cet appel et ravive la conscience de sa relation intime et vitale avec Dieu et de sa mission de salut, en faisant sienne l’invocation de Don Bosco: « Da mihi animas, caetera tolle ». (R 69).


La prière salésienne

86. Docile à l’Esprit Saint, Don Bosco a vécu l’expérience d’une prière humble, confiante et apostolique, qui unissait spontanément l’oraison et la vie.

Nous apprenons de lui à reconnaître l’action de la grâce dans la vie des jeunes: nous prions pour eux afin que le dessein du Père s’accomplisse en chacun d’eux, et nous prions avec eux pour témoigner de notre foi et partager la même espérance de salut.

La prière salésienne est joyeuse et créative, simpIe et profonde; elle s’ouvre à la participation communautaire, adhère à la vie et se prolonge en elle. (R 77).


Communauté à l’écoute de la Parole

87. Le peuple de Dieu est rassemblé d’abord par la Parole du Dieu vivant.1

La Parole, écoutée avec foi, est pour nous source de vie spirituelle, aliment pour la prière, lumière pour connaître la volonté de Dieu dans les événements et force pour vivre notre vocation dans la fidélité.

Ayant en mains chaque jour la Sainte Ecriture2, comme Marie nous accueillons la Parole et la méditons dans notre cœur3 pour la faire fructifier et l’annoncer avec zèle.


1. cf PO 4 - 2. cf. PC 6. - 3. cf. Lc 2,19.51.


Communauté unifiée par l’Eucharistie

88. L’écoute de la Parole trouve son lieu privilégié dans la célébration de l’Eucharistie. Celle-ci est l’acte central et quotidien de chaque communauté salésienne, vécu comme une fête en une liturgie vivante.

La communauté y célèbre le mystère pascal et, communiant au Corps immolé du Christ, elle le reçoit pour se construire en Lui comme communion fraternelle et pour renouveler son engagement apostolique.

La concélébration met en relief les richesses de ce mystère; elle exprime la triple unité du sacrifice, du sacerdoce et de la communauté, dont les membres sont tous au service de la même mission.

La présence de l’Eucharistie dans nos maisons est pour nous, fils de Don Bosco, motif de rencontres fréquentes avec le Christ. En Lui, nous puisons dynamisme et constance dans notre action pour les jeunes. (R 70)


Le mystère du Christ dans le temps

89. La liturgie des heures étend aux différents moments de la journée la grâce du mystère eucharistique. l

La communauté, unie au Christ et à l’Eglise, adresse au Père louange et supplication, nourrit son union avec Lui2 et reste attentive à sa divine volonté. Les obligations assumées par les clercs du fait de l’ordination3 restant sauves, la communauté célèbre les laudes comme prière du matin et les vêpres comme prière du soir, avec la dignité et la ferveur que Don Bosco recommandait.

Le dimanche est le jour de la joie pascale. Vécu dans le travail apostolique, la piété et la joie, il raffermit la confiance et l’optimisme du salésien.

Au long de l’année liturgique, la commémoration des mystères du Seigneur fait de notre vie un temps de salut dans l’espérance.4 (R 70)


1. cf. IGLH 10,12. - 2. cf .L G3 - 3. cf. CIC, can. 1174,1 - 4. cf. SC 102.


Communauté en état de conversion permanente

90. La Parole de Dieu nous appelle à une conversion permanente.

Conscients de notre faiblesse, nous y répondons par la vigilance et le repentir sincère, la correction fraternelle, le pardon réciproque et l’acceptation sereine de la croix de chaque pur.

Le sacrement de la Réconciliation porte à son achèvement l’effort pénitentiel de chacun et de toute la communauté.

Préparé par l’examen de conscience quotidien et reçu fréquemment selon les indications de l’Eglise, ce sacrement nous donne la joie du pardon du Père, reconstruit notre communion fraternelle et purifie nos intentions apostoliques.


Moments de renouvellement

91. Notre volonté de conversion se renouvelle dans la récollection mensuelle et la retraite annuelle. Ce sont des temps de reprise spirituelle que Don Bosco considérait comme la partie fondamentale et la synthèse de toutes les pratiques de piété. l

Pour la communauté et pour chaque salésien, ce sont des occasions particulières d’écoute de la Parole de Dieu, de discernement de sa volonté et de purification du cœur. Ces moments de grâce redonnent à notre vie spirituelle sa profonde unité dans le Seigneur Jésus et maintiennent vivante en nous l’attente de son retour. (R 72).


1 cf. C 1875 (Introduction), p. XXXIV.


Marie dans la vie et la prière du salésien

92. Marie, Mère de Dieu, occupe une place unique dans l’histoire du salut.

Elle est modèle de prière et de charité pastorale, maîtresse de sagesse et guide de notre Famille.

Nous contemplons et imitons sa foi, sa sollicitude pour les démunis, sa fidélité à l’heure de la croix et sa joie devant les merveilles accomplies par le Père.

Marie Immaculée et Auxiliatrice nous éduque à la plénitude de la donation au Seigneur et nous remplit de courage au service de nos frères.

Nous avons pour elle une dévotion filiale et forte. Nous récitons chaque jour le chapelet et nous célébrons ses fêtes pour nous inciter à l’imiter avec plus de conviction personnelle. (R 74).


La prière personnelle

93. Nous ne pourrons former des communautés priantes que si nous devenons personnellement des hommes de prière.

Chacun de nous a besoin d’exprimer dans l’intimité sa façon personnelle d’être fils de Dieu, de lui manifester sa reconnaissance, de lui confier ses désirs et ses préoccupations apostoliques.

L’oraison mentale est pour nous une forme indispensable de prière. Elle renforce notre intimité avec Dieu, nous préserve de la routine, sauvegarde la liberté de notre cœur et nourrit notre dévouement au prochain. Pour Don Bosco, elle est une garantie de persévérance joyeuse dans la vocation. (R 71)


Le souvenir des confrères défunts

94. La foi au Christ ressuscité soutient notre espérance et maintient vivante la communion avec nos frères qui reposent dans la paix du Christ. Ils ont dépensé leur vie dans la Congrégation et plusieurs ont même souffert jusqu’au martyre, par amour du Seigneur.

Unis dans un échange de biens spirituels, nous offrons pour eux avec reconnaissance les suffrages prescrits.

Leur souvenir nous stimule à poursuivre notre mission avec fidélité. (R 47, 76)


La vie comme prière

95. Plongé dans le monde et les soucis de la vie pastorale, le salésien apprend à rencontrer Dieu à travers ceux auxquels il est envoyé.

S’il découvre les fruits de l’Esprit 1 dans la vie des hommes, spécialement des jeunes, il rend grâce en toute chose2; quand il partage leurs problèmes et leurs souffrances, il invoque pour eux la lumière et la force de Sa présence.

Il puise à la charité du Bon Pasteur dont il veut être le témoin, et participe aux richesses spirituelles que sa communauté lui offre.

Le besoin de Dieu perçu dans 1’engagement apostolique le porte à célébrer la liturgie de la vie jusque dans l’« activité infatigable sanctifiée par la prière et l’union à Dieu, qui doit être la caractéristique des fils de saint Jean Bosco ».3


1. cf. Ga 5,22. - 2. cf. Ep 5,20. - 3. R 1924, art.291.








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