BS 2023-06: LE CŒUR D'OR DE L’ÉDUCATION

LE MESSAGE DU RECTEUR MAJEUR

Père Ángel Fernández Artime


LE CŒUR D'OR DE L’ÉDUCATION


La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus fait partie de l'ADN de la Congrégation Salésienne 


Sur la couverture du Bulletin Salésien de ce mois-ci, il y a la belle statue de Jésus bénissant qui se dresse sur le clocher de la Basilique du Sacré-Cœur à Rome. Cette grande et belle église a coûté « du sang et des larmes » à Don Bosco qui, déjà physiquement usé, a consacré ses dernières énergies et ses dernières années à la construction de ce temple demandé par le Pape.


C'est un lieu cher à tous les Salésiens aussi pour bien d'autres raisons. La statue dorée du clocher, par exemple, est une marque de gratitude : elle a été offerte par les Anciens Élèves argentins pour remercier les Salésiens d’être venus dans leur pays.


Il y a autre chose encore : dans une lettre de 1883, Don Bosco a écrit cette phrase mémorable : « Rappelez-vous que l'éducation est une affaire de cœur, et que Dieu seul en est le maître ; et nous n’arriverons à rien si Dieu ne nous en enseigne pas l'art et ne nous en remet pas les clés entre les mains ». La lettre se terminait ainsi : « Priez pour moi, et croyez-moi toujours vôtre dans le Cœur Sacré de Jésus. »

La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus fait partie de l'ADN salésien. La fête du Sacré-Cœur veut nous encourager à avoir un cœur vulnérable. Seul un cœur qui peut être blessé est capable d'aimer. Ainsi, en cette fête, contemplons le cœur ouvert de Jésus pour ouvrir aussi nos cœurs à l'amour. Le cœur est le symbole ancestral de l'amour et de nombreux artistes ont peint la blessure au cœur de Jésus avec la couleur or. Du cœur ouvert rayonne sur nous l'éclat doré de l'amour, et la dorure nous montre aussi que nos fatigues et nos blessures peuvent se transformer en quelque chose de précieux.


Chaque temple et chaque dévotion au Sacré-Cœur de Jésus parle de l'Amour de ce Divin Cœur, du cœur du Fils de Dieu, pour chacun de ses enfants. Et il parle de souffrance, il parle d'un amour de Dieu qui n'est pas toujours réciproque. Aujourd'hui, je voudrais ajouter un autre aspect. Je pense qu'il parle aussi de la douleur de ce Seigneur Jésus face à la souffrance de beaucoup de gens, au rejet des autres, à l'immigration d'autres personnes sans horizon, à la solitude, à la violence que beaucoup de gens subissent.


Je pense qu'on peut dire qu'il parle de tout cela et, en même temps, qu’il bénit, sans aucun doute, tout ce qui est fait en faveur des plus petits, c'est-à-dire ce que faisait exactement Jésus quand il parcourait les routes de Judée et de Galilée.


Pour cette raison, c'est un beau signe que la Maison du Sacré-Cœur soit maintenant le Siège Central de la Congrégation.


De nombreux cœurs d'argent


L'une de ces réalités joyeuses qui réjouissent sans aucun doute le « Cœur de Dieu lui-même » est celle que j'ai pu constater personnellement à la Fondation Salésienne Don Bosco sur les Îles de Tenerife et de la Grande Canarie. La semaine dernière, j'y étais et, parmi les nombreuses expériences que j'ai vécues, j'ai pu voir les 140 éducateurs qui travaillent dans les différents projets de la Fondation (accueil, hébergement, formation professionnelle et placement ultérieur). Et puis j'ai rencontré une centaine d'autres adolescents et jeunes qui bénéficient de ce service de Don Bosco pour les plus démunis, les derniers de la Société.


À la fin de notre précieuse rencontre, ils m'ont fait un cadeau qui m’a beaucoup ému car, en 1849, deux jeunes garçons, Carlo Gastini et Felice Reviglio, avaient eu la même idée : dans le plus grand secret, économisant sur la nourriture et conservant jalousement leurs petits pourboires, ils avaient réussi à acheter un cadeau pour la fête de Don Bosco. La nuit de la Saint-Jean, ils étaient allés frapper à la porte de la chambre de Don Bosco. Imaginez l’étonnement et l’émotion de celui-ci en voyant que ces jeunes étaient venus lui offrir deux petits cœurs d'argent accompagnés de quelques mots maladroits.


Le cœur des jeunes est toujours le même aujourd'hui aux Canaries : dans une petite boîte en carton en forme de cœur, ils ont mis plus d'une centaine de cœurs avec les noms de Nain, Rocio, Armiche, Mustapha, Youssef, Ai Noha, Désirée, Ab Djalil, Béatrice et Ibrahim, Yonne et Mohamed, et cent autres, exprimant simplement quelque chose qui venait du cœur, des choses sincères de grande valeur comme celles-ci :

  • Merci d'avoir rendu cette réalisation possible.

  • Merci pour la deuxième chance que vous m'avez donnée dans la vie.

  • Merci : je continue à me battre. C'est plus facile avec vous.

  • Merci de me donner de la joie à nouveau.

  • Merci de m'avoir aidé à croire que je peux faire tout ce que j'ai entrepris.

  • Merci pour la nourriture et la maison.

  • Merci du fond du cœur.

  • Merci de m'aider.

  • Merci pour cette opportunité de grandir.

  • Merci de croire en nous les jeunes malgré notre situation...


Et des centaines d'expressions similaires, adressées à Don Bosco et aux éducateurs qui, au nom de Don Bosco, sont avec eux tous les jours.


J'ai écouté ce que ces jeunes ont partagé avec moi ; j'ai entendu certaines de leurs histoires (beaucoup d'entre elles pleines de douleur). J'ai vu leurs regards et leurs sourires. Et je me suis senti très fier d'être Salésien et d'appartenir à une si belle Famille de frères, d'éducateurs, d'éducatrices et de jeunes.


J'ai pensé, une fois de plus, que Don Bosco est plus opportun et nécessaire que jamais. Et j'ai pensé à la finesse éducative avec laquelle nous accompagnons tant de jeunes, respectueux que nous sommes et sensibles à leurs rêves.


Nous avons récité ensemble une prière adressée au Dieu qui nous aime tous, au Dieu qui bénit ses enfants. Une prière qui a mis à l’aise chrétiens, musulmans et hindous. À ce moment-là, sans aucun doute, l'Esprit de Dieu nous a tous étreints sur son cœur.


J'étais heureux parce que, tout comme Don Bosco a accueilli ses premiers garçons au Valdocco, aujourd'hui, dans beaucoup de Valdocco dans le monde, la même chose se produit.


Quand nous parlons de l'amour de Dieu, pour beaucoup, c'est trop abstrait. Dans le Sacré-Cœur de Jésus, l'amour de Dieu pour nous est devenu concret, visible et perceptible. Pour nous, Dieu a pris un cœur humain ; dans le cœur de Jésus, il nous a ouvert son cœur. Ainsi, par Jésus, nous pouvons amener nos destinataires au cœur de Dieu.